- 1°/« Enfin ! Le MEDEF veut changer le mécanisme européen des prix de l’énergie ! ».
- 2°/Ils ont tout perdu dans les cryptos. Le bal des « couineurs » commence.
- 3°/Immobilier. Le monde entier pétrifié par la hausse des taux
- 4°/La FED va ralentir le rythme de la hausse des taux
1°/« Enfin ! Le MEDEF veut changer le mécanisme européen des prix de l’énergie ! ». L’édito de Charles SANNAT
par Charles Sannat | 18 Nov 2022 | A la une, Affaires européennes
Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Enfin !
Enfin le Medef râle un peu.
Le Medef devient-il subitement anti-européen ? Que dis-je europhobe même ? Euro-sceptique disons-le ?
Pas du tout !
Le Medef se réveille enfin et sort de sa torpeur parce qu’il n’y a plus le choix et que l’économie française et nos entreprises vont mourir dans d’horribles souffrances liées au prix de l’énergie avant même que le réchauffement climatique puisse nous tuer.
Alors oui, enfin, le patronat français veut changer le mécanisme européen de fixation des prix
Voici ce que nous dit le Figaro dans cet article (source ici)
« Le Medef sonne l’olifant. Face à la flambée des prix de l’énergie – + 360 % des prix du gaz en Europe entre septembre 2021 et 2022 et + 391 % pour l’électricité –, le patronat réclame des mesures urgentes. « Ce phénomène est profondément récessif », a insisté ce mercredi lors d’une conférence de presse Geoffroy Roux de Bézieux, le président de l’organisation, évoquant des cas d’entreprises obligées de réduire la voilure.
Le Medef évoque alors un risque de désindustrialisation et de délocalisation. Nous avons quelques signaux d’entreprises qui reportent des projets d’ouverture de nouveaux sites, a précisé Geoffroy Roux de Bézieux. Certaines peuvent aussi être tentées de diminuer la charge de leurs usines européennes pour augmenter celles des sites américains ou asiatiques. »
Le président du Medef se rend enfin compte, ou plus précisément ose enfin le dire tant la situation est grave.
Il ose enfin dire que nous avons un problème énorme de compétitivité pour nos entreprises, vis-à-vis de la Chine, de l’Asie et des États-Unis où les prix du gaz sont cinq à sept fois inférieurs à ceux pratiqués en Europe.
Il ose enfin dire que l’annonce de
- l’Allemagne d’un plafonnement du prix de l’électricité à 130 euros/mégawattheure,
-
pour la Pologne à 180 euros
-
ou encore que pour l’Espagne et le Portugal, ce sera 200 euros
alors que les entreprises françaises achètent à des prix supérieurs à 500 euros pose un véritable problème de distorsion de concurrence entre les pays européens.
D’ailleurs Roux de Bézieux ose enfin dire aussi qu’il « ne peux pas imaginer que la Commission européenne laisse perdurer ce chacun pour soit ».
Le président du Medef a donc enfin, et encore enfin que « l’on attend rapidement que la Commission refasse ce qu’on appelle le market design – la fixation du prix de l’électricité -, qui aujourd’hui est un système qui ne fonctionne plus ».
Le problème c’est que l’Allemagne qui ne veut pas de nucléaire ne veut pas que la France puisse avoir une électricité vendue à prix bas. Le problème c’est le couple franco-allemand au bord du divorce et l’Europe d’une crise qui lui sera peut-être fatale, car l’Allemagne ne veut plus, en réalité d’Europe et des compromis qu’elle implique.
Alors si j’étais taquin, je dirais que les amortisseurs, les boucliers et autre guichets uniques ne serviront à rien. Il est temps que le gouvernement fasse ce qu’il sait si bien faire.
Prendre une vraie, une véritable, une authentique mesure.
Je plaide pour la création d’un numéro auquel chaque chef d’entreprise pourra appeler et expliquer de quoi il a besoin en termes d’énergie. Un fonctionnaire lui expliquera alors comment s’en passer.
Mais comme vous le savez, je ne suis jamais taquin.
Nous sommes gérés par des ânes. Mes poules et mon chat feraient mieux.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
2°/Ils ont tout perdu dans les cryptos. Le bal des « couineurs » commence.
par Charles Sannat | 18 Nov 2022 | Grille article, Investir son argent
« Dans quelle merde je me suis foutu ? » : ils ont tout perdu (ou presque) avec la faillite de FTX. C’est le titre de cet article du Parisien qui relate l’histoire de ces cryptophiles comme j’appelle les croyants invétérés dans les cryptomonnaies et qui ont tout perdu.
Comme le dit le quotidien francilien, des investisseurs, plus ou moins gros, racontent l’enfer dans lequel les a poussés la faillite éclair de FTX, la deuxième plateforme d’échanges de cryptomonnaies. Entre « leçon de vie » et « idées noires », le ressenti diffère, tout comme les conséquences. Pour tous, une certitude : ils ne reverront pas de sitôt leur argent, voire jamais…
C’est plutôt « plus jamais » qu’ »un jour » d’ailleurs, parce qu’avant qu’un petit épargnant français puisse aller réaliser un recours contentieux au Bahamas, il vaut mieux ne pas être pressé.
Le journal commence d’ailleurs par raconter l’histoire de Jacques.
« Mes gosses m’ont dit : Papa, il y a Saint-Nicolas bientôt ! Et j’ai fondu en larmes, car je ne pourrai pas leur offrir de cadeaux… » Voilà quatre jours que Jacques pleure, avec des « idées noires » en tête. Il a tenu à ce que l’on modifie son prénom, parce qu’il a déjà assez « honte » comme ça. Jacques, presque 40 ans, a six enfants. Il y a un mois, il avait placé toutes ses économies et celles de ses enfants – 35 000 euros – sur FTX, afin de les faire fructifier, « en bon père de famille ». Mais la faillite éclair de cette gigantesque plateforme d’échanges de cryptomonnaies lui a tout fait perdre.
Ici Jacques et tous les Jacques qui ont été, ou seront ruinés dans l’explosion en cours de la bulle des cryptomonnaies ont fait la même erreur que tous les anciens qui les ont précédé dans la carrière de la perte financière.
Ils ont enchaîné toutes les erreurs.
Ils ont tout d’abord été attiré que par l’appât du gain. La soupe est bonne allons-y ! Le goût de la soupe n’ayant aucune importance.
Ils ne comprenaient pas grand chose à ce qu’ils faisaient, mais tout le monde le fait, la soupe est bonne, j’en veux aussi et tout cela semble tellement sérieux, tellement complexe, tellement évolutionnaire.
Ils ont commencé par mettre un peu de sous, et comme la soupe était vraiment bonne ils ont terminé en mettant tout dessus ! Aucune diversification, aucune prudence, aucune approche patrimoniale. De la spéculation pure.
Le problème de la spéculation pure ce n’est pas qu’elle soit moralement condamnable ou pas. Le problème de la spéculation pure, c’est d’avoir la naïveté de croire qu’un Jacques peut rivaliser avec les spéculateurs de Wall-Street et les initiés des grandes plateformes d’échange de crypto.
Le problème c’est de croire que l’on peut filer son argent à des société basées à Malte, aux Bahamas ou aux Iles Caïmans, qui ne publient pas leur compte ni d’états financiers et croire que cela va bien se passer.
Ces petits investisseurs qui ont tout perdu (je ne parle pas de ceux qui ont joué des sommes minimes pour le beauté de la mécanique cryptos) ont été arrogants et prétentieux, donnant des leçons à tous ceux (dont je fait partie) qui mettent en garde inlassablement depuis des années, quand ils ne nous insultent pas.
Je ne me réjouis jamais des pertes financières de quelqu’un, et je leur souhaite à tous de retrouver leur argent, même si il n’y a guère d’espoir que ce soit le cas.
Comme le dit le Parisien c’est une « leçon de vie », autrefois on parlait d’une leçon de choses.
Les principes d’un bon placement sont toujours les mêmes.
- 1/ Investissez dans ce que vous comprenez. Quand c’est flou, il y a un loup.
- 2/ Ne soyez pas aveuglé par l’appât du gain et des promesses de rendement supérieures aux taux de rendement moyens de l’époque ! Quand les taux sont négatifs, un placement à 15 % n’est pas douteux, il est à fuir, sauf quand vous en comprenez parfaitement la mécanique et les risques associés à la mécanique concernée.
- 3/ Diversifiez, les… classes d’actifs ! Avoir des Bitcoins et du Dogecoin chez FTX ce n’est pas une diversification. La preuve. Diversifier c’est avoir des actions, de l’immobilier, du cash, de l’or, des SCPI etc…
Enfin pensez toujours à garder de l’épargne disponible pour faire face aux imprévus inévitables de la vie et ne mélanger pas vos épargnes. Je m’explique. Si vous souhaitez acheter une maison, l’épargne qui va vous servir à l’apport doit être sécurisée… pas placée en bourse, encore moins sur des cryptomachins stockés sur une cryptoplateforme d’échange situées aux Caïmans.
Si vous respectez ces principes simples, vous ne serez peut-être jamais riche, mais vous ne serez jamais ruiné.
Vous n’aurez jamais à regarder vos enfants en leur disant, « tu vois, ton cadeau de Noël, il est au Bahamas, parce que papa a un eu un comportement d’abruti ».
Relisez bien cette phrase. Je n’ai pas dit que papa était un abruti, mais qu’il avait eu un comportement d’abruti.
L’argent, l’investissement, la richesse ou la pauvreté, sont des mécanismes qui sont beaucoup plus psychologiques que ce que l’on peut imaginer, et dans bien des cas, notre cerveau et nos biais sont nos meilleurs ennemis.
Pour tout le reste, ce n’est que de l’argent, alors pas d’idées noires. L’argent est une ressource renouvelable.
Charles SANNAT
Source Le Parisien.fr ici
https://insolentiae.com/ils-ont-tout-perdu-dans-les-cryptos-le-bal-des-couineurs-commence/
3°/Immobilier. Le monde entier pétrifié par la hausse des taux
par Charles Sannat | 18 Nov 2022 | Grille article, Immobilier
La hausse des taux fait monter l’inquiétude partout dans le monde selon le quotidien Les Echos qui s’inquiète de taux d’emprunts immobiliers qui dépassent désormais les 7 % aux Etats-Unis ce qui effectivement commence à faire beaucoup et dépasse le seuil de douleur qui déclenche… une baisse des prix.
Aux Etats-Unis la baisse des prix est déjà très rapide pour un marché immobilier d’habitude plus sujet à l’inertie. Mais il n’y a pas que le marché immobilier qui craque outre Atlantique.
Les taux d’impayés et d’incidents de crédits sont également orientés à la hausse ce qui va créer des tensions au niveau du système bancaire et donc financier.
En zone euro les taux restent bien plus bas qu’aux Etats-Unis, et en France en particulier, nous avons les taux les plus bas… quand on arrive à se faire financer, car si les taux sont bas en France, le taux d’usure fixé par la Banque de France ne permet plus de donner de crédits… notamment immobiliers.
En effet, la banque de France ne voit aucun soucis à des taux de découvert en compte à 15.83 % qui est le taux d’usure des découverts bancaires, mais trouve particulièrement problématique des taux d’intérêt pour acheter votre maison à plus de 3.03 % à…. 20 ans !
Il faut aussi noter que nous avons vécu pendant des décennies avec des taux d’intérêt largement supérieur à 5 % et c’était le cas par exemple, il n’y a pas si longtemps, en 2009 lors du dernier resserrage monétaire réel de la BCE.
Le marché immobilier peut supporter autour de 4 à 5 % sans que ce ne soit la catastrophe totale, les prix baisseront et corrigeront entre 10 et 30 % mais ce ne sera pas un crash d’anthologie surtout dans un pays comme la France où presque tout le monde emprunte à taux fixe.
Ce n’est pas le cas par exemple en Espagne où le taux variable est plus la norme.
Nous avons donc un risque de crise économique liée aux taux qui remontent là où les taux sont des taux variables ce qui fragilise considérablement tous les emprunteurs.
La crise immobilière et financière viendra des pays à taux variables.
Charles SANNAT
Source Les Echos.fr ici
https://insolentiae.com/immobilier-le-monde-entier-petrifie-par-la-hausse-des-taux/
4°/La FED va ralentir le rythme de la hausse des taux
par Charles Sannat | 18 Nov 2022 | Grille article, Monnaie et Inflation
Christopher Waller est membre du conseil des gouverneurs de la FED, il est l’ancien vice-président de la FED de Saint-Louis et il s’est montré mercredi dernier favorable à une hausse des taux moins rapide lors de la prochaine réunion, mi-décembre, envisageant ouvertement un relèvement d’un demi-point de pourcentage seulement, contre 0.75 point lors des dernières réunions de la FED.
Pour lui les chiffres du chômage et de l’inflation publiés ces dernières jours sont « bons », comprenez par là que l’inflation semble enfin marquer le pas et que les créations d’emplois ralentissent également.
Bref, l’économie devient moins dynamique.
Les déclarations de Christopher Waller, qui ne doivent rien au hasard vont dans le même sens que ceux de la vice-présidente de la Fed, Lael Brainard, qui elle aussi évoque le prochain ralentissement des hausses de taux tout en insistant sur le fait qu’il ne faut pas confondre ralentissement de la hausse (on passerait de hausses ultra-rapides de 0.75 points à des relèvements par saut de 0.50 point de pourcentage). Nous n’en sommes pas du tout à évoquer la fin d’un cycle de resserrement monétaire, ou même le renversement de tendance avec des taux directeurs qui repartiraient à la baisse.
L’inflation n’est pas jugulée.
Elle reste élevée, et surtout, devrait le rester durablement car elle n’est pas uniquement liée aux prix de l’énergie.
Charles SANNAT
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Source Le Figaro.fr ici
https://insolentiae.com/la-fed-va-ralentir-le-rythme-de-la-hausse-des-taux/