Conclusion
Aujourd’hui, l’Occident n’est plus en mesure de rallier d’autres pays à ses vues, ni même de les forcer à les adopter. Le bloc ne peut actuellement maintenir sa cohésion qu’en jouant sur la peur qu’inspire la Russie. Par ailleurs, un certain consensus prévaut en Russie pour éviter toute nouvelle subordination à l’Occident, qui ne jouit de toute façon pas d’un grand prestige. Aucun revirement de la politique russe ne se profile à l’horizon. Il n’est pas encore certain que l’UE puisse financer la reconstruction de l’Ukraine, le développement de l’Europe de l’Est et une vague de réarmement. Ce qui est douteux au vu de l’actuel contexte économique.
Au cours des années, voire des décennies à venir, la géopolitique occidentale va contraindre la Russie à chercher à déstabiliser ses voisins d’Europe de l’Est afin d’éviter qu’ils ne constituent une base solide pour une attaque dirigée contre elle. L’Europe de l’Est, en proie à une corruption rampante, offre un terrain favorable à ce type de projet et, disposant d’un armement conséquent, également les moyens. La Russie est suffisamment intégrée dans la communauté internationale pour pouvoir se permettre de mener une politique agressive à l’égard de l’Europe et les sanctions ne pourront guère l’en dissuader. Parallèlement, la politique étrangère occidentale devient plus agressive, voire presque militariste.
L’Ukraine ainsi que les tenants d’une ligne dure en Occident freineront toute tentative d’établir un modus vivendi avec la Russie. L’Occident ne sera pas en mesure d’imposer les modalités de ce dialogue. •… Lire la suite 5362 – L’Ukraine et la crise de la politique étrangère de l’Occident par Ralph Bosshard – N° 5 du14 mars 2023 Horizons & Débats