5426 – Ch.Sannat « Inquiétude sur les banques… le retour… du retour… du retour… » 26.04.2023 – Insolentiae

  • 1°/« Inquiétude sur les banques… le retour… du retour… du retour… »
  • 2°/Livret A – bataille entre banques et gouvernement… les épargnants ne seront pas épargnés !
  • 3°/Pour la BCE – « il faut de nouveau augmenter les taux d’intérêt ».
  • 4°/La FED devrait annoncer la fin de la hausse des taux
  • 5°/Pénurie de locations. Ceux qui ne peuvent plus acheter sont obligés de louer.

1°/« Inquiétude sur les banques… le retour, du retour, du retour… ». L’édito de Charles SANNAT
par Charles Sannat | 26 Avr 2023 | A la une, Banques Centrales


Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Avant de vous parler du retour du retour du retour (répétition volontaire) des inquiétudes bancaires tant c’est un serpent de mer, je voulais évoquer avec vous les dynamiques des crises économiques.
Basiquement vous avez deux types de crise.
La crise imprévue et brutale de type « Cygne noir », cela va des attentats du 11 septembre à la pandémie du Covid. Ces évènements sont des évènements exogènes, extérieurs à nos décisions économiques.
La crise prévue et créée de toute pièce en raison de la hausse des taux décidée par les banques centrales. Ces crises sont totalement endogènes et nos décisions monétaires sont la cause interne des conséquences problématiques qui suivent.
Vous comprenez facilement la différence entre ces deux typologies de crise.
Concernant les crises liées aux hausses de taux, et c’est ce qui nous préoccupe à l’heure actuelle, les conséquences et les « timing » sont relativement bien connus et maîtrisés.
Pour le temps, c’est assez simple, il faut entre 18 et 24 mois pour que les hausses des taux viennent casser les investissements, la croissance économique, que les banques n’arrivent plus à financer l’économie, et que le crédit se resserre. Dès lors, en termes de conséquences, là aussi c’est assez simple. Dans les phases d’expansion économique vous avez une création de valeur et une hausse des actifs au sens large. Dans une phase de hausse de taux, vous créez les conditions d’une contraction économique et vous avez une destruction de valeur et une baisse des actifs au sens large.
Simple.
La hausse des taux actuelle est très significative aussi bien par les niveaux atteints (plus de 5% aux Etats-Unis) que par la rapidité du mouvement.
Il est tentant de croire que la hausse des taux, touchant à sa fin, tout va bien se passer, car nous n’avons rien vu.
Nous n’avons rien vu, ou pas grand-chose.
Nous avons vu les effets de l’inflation.
Nous n’avons pas encore vu les effets de la récession, de la contraction, de la destruction de valeur et de la baisse des actifs.
Cela viendra. Forcément. Inévitablement.
Si les banques centrales baissent les taux très rapidement, cela pourrait « passer » et « limiter » considérablement la casse, mais la réalité, c’est que hélas, il est fort probable que les banques centrales maintiennent les taux à ce niveau pendant au moins un an.
Et le ralentissement économique aura bien lieu.
La seule chose que je ne connais pas à ce stade, c’est son ampleur.
Encore une fois, une crise prend du temps, et les effets d’un resserrement monétaire entre 18 et 24 mois. Les crises du type Cygnes noirs ont des conséquences et des effets immédiats. Pas les hausses de taux. J’insiste. Nous n’avons encore pas vu grand-chose, si ce n’est l’écume des choses.

Et ces derniers temps, l’écume des choses est une écume bancaire.

Le retour des inquiétudes pour les banques
La Bourse de Paris a terminé en baisse de 0,56% mardi, ce qui n’est pas dramatique en soi, l’important c’est la raison et les explications de l’arrêt de la hausse des marchés.
« Les opérateurs ont à nouveau fait preuve d’inquiétude, initialement, après des commentaires peu encourageants du patron de la banque britannique Standard Chartered, avant que les publications décevantes de plusieurs banques viennent enfoncer le clou.
Les marchés calent. En cause : la résurgence des craintes relatives au secteur, après que le directeur général de l’établissement britannique Standard Chartered, Bill Winters, a déclaré à CNBC que le secteur pourrait être confronté à des difficultés alors que tous les risques ne se sont pas matérialisés.
First Republic a, de son côté, fait état lundi soir d’une baisse de 41% de ses dépôts au premier trimestre. Son action chute de 28% à Wall Street.
La banque américaine a entraîné dans son sillage la plupart de ses homologues de premier plan. JPMorgan, Morgan Stanley, Bank of America et Citigroup cèdent ainsi environ 1%, à New York.
A Paris, Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole ont respectivement reculé de 3,23%, 2,15% et 1,51%. Toutes trois membres du Cac 40, elles ont elles-mêmes alimenté le recul de l’indice parisien ce mardi.
A noter qu’UBS, qui a vu ses profits baisser de moitié ces trois derniers mois, a perdu 2,17% à Zurich, la montée en puissance de l’aversion au risque de ses clients fortunés s’ajoutant au défi de l’intégration de Credit Suisse.
Les résultats, pourtant meilleurs qu’attendu, de Banco Santander (-5,63% à Madrid) n’ont pas été bien accueillis non plus. La banque espagnole a subi une baisse de 6% de ses dépôts en Espagne au premier trimestre par rapport à la période précédente, une tendance qui se serait inversée depuis. »
Les banques sont fragiles, encore plus dans un cycle de contraction économique.
Ce n’est pas un hasard si le secteur bancaire souffre.
Il y a moins de crédits donnés, donc moins de bénéfices (moins de frais de dossier, et de marge sur taux). Il y a également, forcément plus de faillites, plus d’impayés des clients particuliers comme professionnels. Du coup, d’un côté il y a moins de recettes et de l’autre plus de dépenses… et de pertes. Pas bon donc d’être une banque lors d’une crise économique, lors d’un cycle de contraction.
Les banques sont les premières touchées par les effets de la hausse des taux et des cycles de contraction.
Pour le reste, l’économie dans son ensemble suivra.
Entre 18 et 24 mois.
Aux Etats-Unis les taux ont commencé à augmenter il y a un an seulement !
D’ailleurs, regardez ce qu’il s’est passé hier soir sur la bourse américaine. First Republic Bank dévisse de presque 50%. Une chute considérable et très inquiétante.


Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT

https://insolentiae.com/inquietude-sur-les-banques-le-retour-du-retour-du-retour-ledito-de-charles-sannat/

2°/Livret A, bataille entre banques et gouvernement, les épargnants ne seront pas épargnés !
par Charles Sannat | 26 Avr 2023 | Investir son argent


C’est un article de la Tribune qui nous raconte les dessous de la bagarre entre le gouvernement et les banques autour du livret A !
« Les banques ne veulent pas d’une augmentation du taux de rémunération du livret A : cela veut dire des milliards d’euros à sortir en plus pour rémunérer l’épargne des Français.
Aujourd’hui, le taux du livret A est à 3%.
Mais compte tenu de l’inflation qui va continuer à progresser, ce taux devrait augmenter en août prochain. Il pourrait atteindre jusqu’à 4 %. Or, un point d’écart, ce sont des intérêts en plus que les banques devront verser aux détenteurs du livret A.
On rappelle que c’est le gouvernement qui fixe le taux, sur recommandation de la Banque de France. Depuis plusieurs semaines, les banques font du lobbying auprès de Bercy pour que rien ne change, histoire de limiter la facture.
Si les Français remplissent leurs comptes d’épargne, c’est parce qu’ils n’ont pas confiance en l’avenir. Ils ont du mal à investir dans la pierre, car l’accès au crédit immobilier s’est durci. Alors, ils gardent leur argent sur leurs comptes.
Il y a un an à peine, en janvier 2022, le livret A était à 0,5 %. On est à 3 % aujourd’hui. C’est incitatif même si ça reste très en dessous de l’inflation qui est à 6 %.
Résultat : le livret A vient d’engranger une nouvelle collecte record, avec plus de quatre milliards d’euros sur le seul mois de mars. Et il y a aussi le livret de développement durable et solidaire sur lequel les Français placent aussi beaucoup leur argent. À eux deux, il y a plus de 530 milliards d’euros ».
D’un côté les banques ne veulent pas payer plus la ressource du Livret A, de l’autre côté pour le gouvernement, l’annonce d’une hausse des taux du livret A est toujours populaire, et il est toujours tentant de faire plaisir avec l’argent des autres, c’est toujours plus facile.
Reste que les banques sont déjà relativement fragilisées par la crise.
Logiquement, dans tous les cas, le taux du livret A finira par monter car les taux vont poursuivre également leur hausse.
Charles SANNAT
Source France Telévision ici

https://insolentiae.com/livret-a-bataille-entre-banques-et-gouvernement-les-epargnants-ne-seront-pas-epargnes/

3°/Pour la BCE, « il faut de nouveau augmenter les taux d’intérêt ».
par Charles Sannat | 26 Avr 2023 | Banques Centrales


C’est un article du Monde qui analyse les propos de l’économiste en chef de la BCE, Philip Lane, qui estime qu’une nouvelle hausse des taux nécessaire pour poursuivre la lutte contre l’inflation.
« Philip Lane est économiste en chef de la Banque centrale européenne (BCE) et l’un des six membres de son directoire. Il appelle ouvertement à une nouvelle hausse des taux d’intérêt en mai, estimant que la lutte contre l’inflation est loin d’être finie. Il demande aussi aux gouvernements de réduire leurs aides aux factures de gaz et d’électricité, qui alimentent la hausse des prix. »
Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce que vous venez de lire !
Pour lutter contre l’inflation, et la hausse des prix de l’énergie, il faut arrêter de subventionner les prix de l’énergie.
Il faut pour Philip Lane, qui rassurez-vous pour lui, n’est pas smicard que les ménages payent plein pot leur gaz ou électricité.
Logique du point de vue d’un économiste sans cœur et sans aucun sentiment.
Si le gaz coûte trop cher, personne n’achète plus de gaz, et donc les prix baissent.
Ce raisonnement est parfaitement juste.
Parfaitement juste dans un marché normal, ce que n’est en aucun cas celui de l’énergie en Europe qui répond à un mécanisme de technocrate fou furieux, et surtout sur des produits qui ne sont pas de première nécessité.
Tout le monde aujourd’hui a besoin d’énergie et en particulier de la fée électricité, pour cuisiner ou se chauffer, mais aussi pour faire sa déclaration d’impôts par Internet !
On peut toujours baisser les aides sur l’énergie, la demande ne baissera pas tant que cela. Ce qui baissera c’est le budget disponible pour d’autres biens et d’autres achats. A un moment les gens devront choisir entre se nourrir convenablement, se chauffer presque convenablement et acheter un i-phone à 2.500 euros. Je ne vais pas pleurer sur les bénéfices d’Apple, mais à un moment les ménages devront arbitrer sur leurs différentes dépenses.
Vous remarquerez également, que hier, le gouvernement annonçait la fin du bouclier tarifaire pour les entreprises, ceci expliquant cela.
Charles SANNAT
Source Le Monde.fr ici

https://insolentiae.com/pour-la-bce-il-faut-de-nouveau-augmenter-les-taux-dinteret/

4°/La FED devrait annoncer la fin de la hausse des taux
par Charles Sannat | 26 Avr 2023 | Banques Centrales


La Fed devrait signaler que la hausse de mai pourrait être la dernière selon la Wells Fargo.
« La semaine prochaine, la Réserve fédérale révèlera sa décision concernant sa politique monétaire et sa prochaine hausse de taux. Conformément au consensus du marché, les analystes de Wells Fargo prévoient que le FOMC augmentera les taux de 25 points de base, ce qui, selon eux, sera très probablement la dernière hausse de taux dans ce cycle de resserrement. Ils soulignent que les données entrantes indiquent que les pressions inflationnistes restent fortes.
« Nous pensons également que la déclaration et la conférence de presse signaleront probablement que la hausse de mai pourrait bien être la dernière de ce cycle de resserrement.
L’indication vers un changement de cap pour la politique monétaire pourrait être subtile.
« Si la plupart des responsables considèrent que la réunion de mai sera probablement la dernière hausse de ce cycle, nous nous attendons à ce que le communiqué ne contienne plus la phrase selon laquelle « un raffermissement supplémentaire de la politique monétaire pourrait être approprié ».
« Nous ne pensons pas que la déclaration fermera complètement la porte à de nouvelles hausses de taux, étant donné que l’inflation reste bien au-dessus de l’objectif. Les perspectives seront basées sur l’évaluation par le Comité du resserrement cumulatif de la politique monétaire, des retards de la politique sur l’activité économique et l’inflation, et des développements économiques et financiers ».
En clair une pause dans la hausse !
Voilà ce qu’il devrait se passer aux Etats-Unis et prochainement en Europe, puisque la BCE est en retard sur ses hausses de taux les ayant commencées plus tardivement que la FED américaine.
Mais, pour les deux plus grandes banques centrales du monde, ce sera la même chose.
Une pause dans la hausse des taux.
Une pause pour attendre de voir les effets de ces hausses dans l’économie et que ces derniers se matérialisent pleinement.
A partir de ce moment-là les banques centrales pourront voir ce qu’il se passe, entre la persistance de l’inflation éventuelle ou une récession terrible qu’il faudrait combattre avec des baisses éventuelles de taux, ou, et ce serait le pire des scénarios, la persistance d’une inflation relativement élevée (entre 4 et 5 %) et une récession déclenchée par les hausses des taux, sans que ces dernières ne parviennent à un endiguement de l’inflation.
Charles SANNAT
Source Investing.com ici

https://insolentiae.com/la-fed-devrait-annoncer-la-fin-de-la-hausse-des-taux/

5°/Pénurie de locations. Ceux qui ne peuvent plus acheter sont obligés de louer.
par Charles Sannat | 26 Avr 2023 | Grille article, Immobilier


Tout se mettait en place pour une terrible crise du logement. Désormais, cela se matérialise et c’était prévisible.
« Alors que l’immobilier connaît des difficultés avec l’augmentation des taux d’intérêt à l’achat, la location est aussi touchée. Il y aurait aujourd’hui trop de demandes de locations et un manque de biens sur le marché.
Depuis quelques mois, les biens à louer se font de plus en plus rares.
Il y en aurait eu moins 14% en un an alors que la demande de location grimpe de 32 %.
Alors, dès qu’une annonce est publiée, une agente immobilière de Paris croule sous les dossiers. Par exemple, un appartement de région parisienne loué 1.090 euros par mois. « L’appartement fait 42 mètres carrés, c’est un deux pièces. On a une très très belle vue sur Paris et sur les monuments. On a eu cinquante demandes de locataires, une trentaine de dossiers et on a fait 15 visites », détaille-t-elle. « Par rapport à l’année dernière, on a à peu près deux fois plus de contacts ». Un marché qui augmente puisque l’accès à la propriété se complique.
Plus de locataires car moins d’acheteurs.
Beaucoup de locataires se retrouvent aujourd’hui bloqués dans leur projet. « Les ménages sont fragilisés par l’inflation donc ils ont moins d’argent à la fin du mois », déclare le président de l’Institut du management des services immobiliers. Reste aussi la problématique liée à la loi Climat et résilience pénalisant les passoires thermiques. »
Et non seulement, les gens ne peuvent plus acheter, notamment dans du neuf qui serait aux normes énergétique du moment, mais en plus nous retirons chaque jour des biens du marché.
Conclusion ?
Au delà même des niveaux de loyers, il n’y aura tout simplement plus de disponibilités suffisantes de biens à louer.
Le mieux est toujours l’ennemi du bien, et mieux vaut un toit sur la tête, même s’il est peu chauffé que pas de toit du tout.
Je suis effaré que personne ne se demande comment l’on se chauffait il y a 70 ans alors que le « chauffage central » et les chaudières à fioul n’existaient pas !
Vous savez comment ?
Et bien on ne se chauffait pas ! Et cela gelait sur les carreaux intérieurs des maisons ! Seuls les très riches se chauffaient. Les autres se caillaient ou se couvraient, et souvent les deux.
Il faut donc d’abord un toit sur la tête. Ensuite il faut une gamelle pleine et pas des ventres vides. Et pour terminer, il faut construire 10 réacteurs nucléaires et le problème sera (presque) réglé.
La rénovation énergétique doit aussi être un « mix » entre des travaux raisonnables, des objectifs réalistes, et une augmentation de nos capacités de production d’énergies électriques.
Charles SANNAT
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