- 1°/« Inflation. Pas de profiteurs selon Bercy ! Est-ce vrai ? »
- 2°/Même l’homme le plus riche du monde est pénalisé par le resserrement du crédit aux États-Unis !
- 3°/Bruno le Maire et Thierry Breton fâchés contre les Américains et le risque de désindustrialisation de l’Europe
- 4°/HLM… loyers trop chers, ils sont obligés de quitter leurs logements
- 5°/Bouclier tarifaire pour les billets de train. C’est un gouvernement de capitaines américa.
1°/« Inflation. Pas de profiteurs selon Bercy ! Est-ce vrai ? ». L’édito de Charles SANNAT
par Charles Sannat | 8 Nov 2022 | A la une, Pouvoir d’achat
Mes chères impertinentes, chers impertinents,
Malgré les 12 % d’inflation sur un an des produits alimentaires, selon Bruno le Maire, il n’y a pas de « profiteurs d’inflation » dans le secteur. Faut-il le croire ?
C’était notre sujet d’échange lors de l’émission Ecorama d’hier avec David Jacquot.
Cela peut sembler surprenant, mais pour une fois, je suis de l’avis de Bercy et… de l’Inspection Générale des Finances !
Il peut sembler difficile au consommateur d’admettre que l’inflation soit forte sans que certains « se gavent » comme on pourrait dire dans les rayons de mon supermarché préféré où au rayon moutarde et huile de tournesol le langage est assez direct. Les « c’est pas perdu pour tout le monde » et autre « la guerre en Ukraine a le dos large » s’enchaînent au fil des conversations.
Le vrai sujet d’incompréhension, c’est qu’à un bout de la chaîne, on a des pêcheurs ou des éleveurs qui gagnent mal leur vie et à l’autre bout des consommateurs qui ne peuvent plus se payer de la viande ou du poisson.
Alors si aucun intermédiaire n’exagère que se passe-t-il ?
Une chaîne complexe, des normes de plus en plus coûteuses.
D’abord les intermédiaires sont très nombreux. Après le producteur, il y a un grossiste, et puis avant d’arriver au détaillant, il y a un négociant, mais il y a aussi des transporteurs, ou encore des transformateurs du produit.
A cette chaîne de plus en plus complexe car de plus en plus spécialisée à chaque étape, nous avons également une inflation de normes de plus en plus strictes et coûteuses. Vous allez me dire que les normes ne sont pas arrivées brutalement il y a 6 mois. C’est vrai, mais c’est aussi des effets de seuil, car depuis des années, pour de bonnes raisons à chaque fois les normes augmentent sans que les coûts soient répercutés. Ils l’ont été brutalement en quelques mois, parce que la grande distribution qui savait faire pression sur les prix des producteurs a du céder. Pour une raison simple. Pour la première fois, les fabricants ne livraient plus. D’où les pénuries. Il n’y a pas de pénuries réelles. Il y a des manques de produits quand la grande distribution ne veut pas payer le prix demandé par les fournisseurs.
Selon le rapport de l’IGS…
Plusieurs facteurs expliquent la hausse des prix.
Ensuite selon le rapport de l’Inspection générale des finances, la hausse des prix résulte de la combinaison de plusieurs facteurs :
1/ guerre en Ukraine,
2/ reprise post-Covid,
3/ réchauffement climatique,
4/ flambée de l’énergie,
5/ crise sanitaire animale ou
6/ pénurie de main-d’œuvre…
On pourrait mettre en cause le rapport des inspecteurs, mais…
Il y a eu déjà plusieurs rapports sur ce sujet
Un rapport sénatorial publié le 19 juillet avait toutefois conclu qu’à l’exception de quelques « cas particuliers » il n’était pas observé de « phénomène généralisé de hausses abusives ».
Quelques jours plus tard, un rapport des députés Aurélie Trouvé (La France insoumise) et Xavier Albertini (Horizons) n’avait pas davantage permis de déceler « des comportements abusifs systémiques de la part des industriels ou des distributeurs ». On ne peut pas a priori accuser la France Insoumise de collusion avec les forces du grand capital…
En attendant, c’est +60 % pour les huiles, +22 % pour la farine, +20 % pour les pâtes et +16 % pour la volaille en moyenne selon Bercy, et selon mes poules de cristal et du haut de mon grenier normand, cette inflation va s’installer durablement parce que les facteurs de hausse des prix sont eux-mêmes devenus structurels.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles SANNAT
2°/Même l’homme le plus riche du monde est pénalisé par le resserrement du crédit aux États-Unis !
par Charles Sannat | 8 Nov 2022 | Grille article, Monnaie et Inflation
Jusqu’où vont monter les taux d’intérêt et le chômage pour casser l’inflation ? se demande le Figaro qui commence par relater l’histoire de l’homme le plus riche du monde, alias Elon Musk qui souffre lui aussi de la remontée des taux à cause de son dernier prêt personnel !
« Même l’homme le plus riche du monde est pénalisé par le resserrement du crédit aux États-Unis. Pour acquérir le réseau social Twitter d’un montant de 44 milliards de dollars, Elon Musk avait envisagé de souscrire un prêt personnel de 12,5 milliards de dollars gagé sur ses actions dans Tesla, l’entreprise d’automobiles électriques dont il est propriétaire. Il a dû revoir son plan de financement compte tenu de la remontée des taux d’intérêt qui rend la vie plus difficile aux emprunteurs, quels qu’ils soient.
Personne ne versera une larme sur le fantasque Musk : fort de son répondant de première fortune mondiale, il a pu boucler sans encombre son opération sur Twitter. En revanche, des centaines de milliers d’Américains sont contraints de renoncer au logement de leur rêve en raison de l’envolée des taux des prêts hypothécaires. Ces derniers ont fait la culbute atteignant aujourd’hui 7,16 % (sur une durée de trente ans) au lieu des 3,14 % en vigueur à l’automne 2021. Du coup, les ventes de maisons individuelles se sont effondrées de 17,6 % en un an ».
Jusqu’où ? à 5 % en mars 2023 !
Les économistes de marché s’interrogent moins sur les relèvements à venir que sur « le taux terminal » du processus de resserrement qu’ils fixent autour de 5 % au printemps 2023. Voilà aujourd’hui ce qui est anticipé, et cela pourrait bien s’avérer faux, pour la simple et bonne raison que l’inflation ne semble pas vouloir décélérer et il n’y a pas de raison qu’elle le fasse tant que les facteurs « inflationnistes » l’emportent sur les facteurs déflationnistes.
Un tel durcissement sera-t-il fatal pour l’économie ?
« Personne ne sait s’il va y avoir une récession ou non et si c’est le cas, à quel point ce serait grave », a admis sans ambages le 2 novembre Jay Powell, le président de la Fed.
Christine Lagarde tient le même langage en Europe, rappelant à l’envi la mission de la BCE de garantir un taux d’inflation de 2 % en rythme de croisière. « Il y a encore du chemin à parcourir », déclarait – elle le 27 octobre, lors de la réunion du comité des gouverneurs qui avait décidé pour la deuxième fois consécutive une hausse de 0,75 % de son principal taux directeur, le portant à 2 %. Avec ce commentaire brut de décoffrage, « la probabilité d’une récession se profile àl’horizon ». Le cap d’un taux de 2,5 %, voire 3 % est dans le collimateur des analystes privés. La stratégie de la BCE qui paraît sans ambiguïté, estime que « la stabilité des prix est d’une importance capitale pour la prospérité et la reprise de l’économie » selon les termes de sa présidente. Dût-on au préalable en passer par un repli de la vie économique. L’arbitrage est cruel, mais il faut se rappeler le mot de Raymond Aron : « Le choix en politique n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable. »
En fait à ce jour, personne ne sait et certainement pas plus les banques centrales jusqu’où il faudra savoir aller trop loin.
Mon analyse est que les taux vont monter bien plus haut que ce que les marchés pour le moment anticipent.
Charles SANNAT
3°/Bruno le Maire et Thierry Breton fâchés contre les Américains et le risque de désindustrialisation de l’Europe
par Charles Sannat | 8 Nov 2022 | Chronique de l’effondrement
« Il y a 15 jours on a créé une « Task Force » à haut niveau entre la Maison Blanche et la Commission européenne ». Thierry Breton, Commissaire européen au marché intérieur invité de BFM Business nous expliquait que Bruno le Maire avait raison d’être fâché tout rouge contre les Américains qui « ne jouent pas le jeu du libre-échange ».
Mais que de naïveté confondante au niveau de nos lumières éteintes dirigeantes !
Les Américains n’ont aucun ami, ils ont des intérêts et une ambition de puissance et de leadership sans partage du monde.
- Personne ne peut reprocher cela aux Etats-Unis.
- Ils sont juste trop forts parce que nous sommes trop faibles.
- Nous sommes trop faibles parce que nous sommes lâches et que nous avons simplement peur d’être ce que nous pouvons être.
- Nous sommes trop faibles car abandonnés par des élites qui ne croient plus au destin de leur propre pays qu’ils saccagent année après année pour le plus grand malheur de l’ensemble de la population.
Alors les Etats-Unis votent des aides massives à leurs entreprises pendant que nous laissons les nôtres couler.
- Le problème ce ne sont, en fait, même pas les Américains .
- Le problème ce sont les politiques menées et incarnées par l’Europe.
- Le problème ce sont les actes politiques et économiques d’un Thierry Breton incapable de réformer par idéologie le mode de fixation des prix de l’électricité en Europe.
Mon cher Thierry, vous savez quoi ?
Vous avez peur de la désindustrialisation en Europe ?
Demandez au commissaire européen de changer d’un trait de plume le calcul de prix de vente de l’électricité et les usines s’implanteront à nouveau.
Ha… on me dit mon cher Thierry que vous seriez le camarade commissaire politique, pardon, européen.
Alors… Faites votre office.
Charles SANNAT
4°/HLM… loyers trop chers, ils sont obligés de quitter leurs logements
par Charles Sannat | 8 Nov 2022 | Grille article, Pouvoir d’achat
« Je vais devoir déménager » : la détresse d’un locataire de HLM face à la hausse de ses frais de chauffage
Fabrice, 55 ans, agent de sécurité et pompier volontaire, ne peut plus affronter l’augmentation des prix de l’énergie dans ses charges de copropriété. Il craint de ne pas avoir d’autre choix que de quitter son HLM pour un studio, dans lequel il se passera de chauffage.
Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), le 26 octobre. Comme beaucoup de Français aux revenus modestes logés en habitations collectives, Fabrice subit la hausse du prix de l’énergie, notamment le chauffage.
« On ne nous laisse pas le choix. » Sur ses 1500 euros net de salaire (dont 260 euros de primes), Fabrice Bailly, 55 ans, paye aujourd’hui 618 euros par mois pour son F4 de 65 mètres carrés avec garage. Dans le détail : 343 euros de loyer, et le reste en charges de copropriété. « Je suis séparé de ma compagne depuis dix ans, et j’avais pris trois chambres pour accueillir mes deux filles, explique cet agent de sécurité dans un Ehpad de sa commune, à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir). Sauf qu’avec l’augmentation des charges, je n’aurai d’autre choix que de déménager dans un studio où je pourrai alors laisser le chauffage éteint. »
Aujourd’hui un salarié à plein temps n’y arrive plus !
Fabrice gagne 1 500 euros par mois. Ce n’est pas rien du tout.
Il travaille à plein temps. C’est un vrai travail, pas un temps partiel.
Il « bénéficie » d’un HLM, une habitation à loyer modéré qui lui coûte tout de même 618 euros par mois.
Notre vedette du ministère du logement qui veut être le ministre « du parcours résidentiel » oublie juste que le logement c’est très simple.
Il faut loger des gens.
Il faut que ce ne soit pas cher.
Parfois, il vaut mieux faire du un peu moins beau et moins cher que tout mettre aux normes PMR (mobilité réduite) ce qui coûte une fortune mais ce n’est qu’un exemple.
Aujourd’hui même les HLM voient leurs charges de copro exploser, cela n’est pas propre au secteur dit privé !
Les locataires ne pourront tout simplement pas payer.
Il faudra que l’Etat taxe encore et toujours plus des poches de plus en plus vides pour tenter de payer les charges des plus pauvres qui n’ont plus de poche du tout.
Tout ceci est absurde.
Enfin, il faudra aussi un jour expliquer, qu’il faut toujours mettre en adéquation ses dépenses avec ses revenus, et c’est dans cet exemple-ci le cas.
Que cela n’amuse pas Fabrice de se retrouver dans un studio à 55 ans alors qu’il travaille, je le conçois parfaitement.
Mais est-ce à la société d’assurer un 4 pièces à tous les Fabrice, chauffé à 25° et loué à un prix dérisoire (ici le loyer est de 343 euros, autant dire rien).
A court terme, pour les sociétés HLM il va y avoir un énorme problème sur les hausses de charges.
Charles SANNAT
Source Le Parisien ici
https://insolentiae.com/hlm-loyers-trop-chers-ils-sont-obliges-de-quitter-leurs-logements/
5°/Bouclier tarifaire pour les billets de train. C’est un gouvernement de capitaines américa.
par Charles Sannat | 8 Nov 2022 | Grille article, Monnaie et Inflation
Cela devient ridicule.
Nous empilons les « boucliers tarifaires » et à ce rythme là nous n’aurons plus un gouvernement mais une bande de super-blaireaux comme captain américa et son bouclier tricolore, car nos mamamouchis gouvernementaux n’ont tout de même strictement rien des super-héros.
Les tarifs des billets de train vont augmenter « début 2023 », confirme Clément Beaune. Afin de limiter cette hausse pour les voyageurs, le ministre des Transports a toutefois évoqué, dimanche 6 novembre, son souhait de créer un « bouclier tarifaire ». Interrogé dans l’émission « Le Grand Jury » diffusée sur RTL, LCI et Le Figaro, Clément Beaune a annoncé avoir demandé à la SNCF de « travailler » sur ce chantier, essentiellement sur les trains TGV, afin que « la hausse des billets soit inférieure à l’inflation ». Le ministre des Transports souhaite ainsi que « ceux qui ont besoin du train au quotidien, les plus modestes, les jeunes qui utilisent les OuiGo, soient protégés »…
Alors moi j’ai bien une autre idée.
Faire en sorte que la SNCF achète son électricité directement à Electricité de France au prix de production d’Electricité de France. Tant que nous y sommes, la Société Nationale des Chemins de Fer, devrait massivement rouvrir des lignes et des gares afin de rendre possible le transport en commun.
Ce n’était pas toujours mieux avant.
Par exemple, à l’époque où nous avions des gares dans toutes les petites villes de France, ils fonctionnaient au charbon et la mortalité infantile était très élevée parce que nous n’avions pas les antibiotiques.
Alors au lieu de sortir des poncifs du type « ha, vous êtes du style c’était mieux avant », peut-être pourrions nous réfléchir et penser ce qui était mieux et ce qui était moins bien, ce que nous souhaitons garder et ce que nous souhaitons changer.
Nous pourrions au hasard, avoir plus de gares, plus de trains et garder les antibiotiques !
Nous pourrions peut-être dire et reconnaître que la SNCF comme EDF cela marchait mieux avant et que la libéralisation débile forcée par l’Union Européenne est un échec majeur.
Nous pourrions peut-être reconnaître que le problème n’est pas d’empiler les « boucliers » tarifaires, mais de régler le problème qui se pose qui est celui du prix de vente de l’électricité qui n’a rien à voir avec le prix de production.
Là encore, la représentation nationale doit se réveiller.
Pour écrire à vos députés c’est ici.
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Charles SANNAT
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Source France Info ici