le 27 juin 2022
L’eau que la France reçoit du ciel et des cours d’eau de ses voisins a baissé de 14 % sur les deux décennies passées, révèle une étude du ministère de la Transition écologique
Photo -La Loire à sec à Montjean-sur-Loire le 16 juin dernier. Un phénomène qui devient récurrent, corroboré par la baisse de 14 % des volumes d’eau renouvelable que reçoit la France depuis deux décennies, selon une étude du ministère de la Transition écologique. (Loic VENANCE/AFP)
Par Joël Cossardeaux – Publié le 27 juin 2022 à 12:00
C’est une nouvelle démonstration concrète des conséquences du dérèglement climatique. A force d’accumuler les canicules et les sécheresses, la France voit se tarir son capital d’eau naturelle. La baisse sur le territoire métropolitain a atteint 14 % sur la période 2002-2018 par rapport à 1990-2001, signale une étude que vient de publier le ministère de la Transition écologique sur l’évolution des ressources en eau renouvelable. |
situation de Montjean sur Loire sur la carte
Montjean sur Loire avec la Loire
L’Hexagone a ainsi perdu en moyenne annuelle 32 milliards de m3, faisant reculer son « stock » d’eau à 197 milliards de m3. Ce chiffre englobe presque totalement (94 %) les eaux de pluie, déduction faite de la part qui s’évapore dans l’atmosphère. Ce stock est également constitué, à la marge (6 %), des eaux issues des fleuves et rivières qui entrent sur le territoire métropolitain.
Il pleut de moins en moins
Le phénomène de décrue observé tient au fait qu’il pleut de moins en moins en France. Les précipitations ont baissé de 6 % en moyenne à partir de 2002, révèle l’étude. Une évolution amplifiée par une hausse de l’évapotranspiration de 3 % à partir de 1999. En revanche, le volume des eaux qui entrent en France par les fleuves et les rivières a peu varié.
La situation est très contrastée selon les territoires. Pour 60 % des 34 sous-bassins – des territoires où toutes les eaux convergent – qui maillent le réseau hydrographique de l’Hexagone, la situation n’a pas significativement évolué. En revanche, elle s’est dégradée dans près d’un quart d’entre eux. Les sous-bassins situés dans le Sud-Ouest, dans leur majorité, recueillent moins d’eau. La baisse de la ressource y atteint entre 9 % et 28 % selon les secteurs. A ce titre, l’étude considère qu’une « rupture » est intervenue entre 2002 et 2005.
Les sous-bassins de la Garonne connaissent nettement moins de précipitations avec une baisse estimée entre 7 % et 14 % par rapport à la normale. A quoi s’ajoute une diminution (-17 %) des flux entrants de ce fleuve qui prend sa source dans les Pyrénées espagnoles. Plus à l’est, dans le Haut Rhône, c’est la tendance à la hausse de l’évapotranspiration qui fait surtout reculer les volumes d’eau renouvelable. Sur la côte du Languedoc-Roussillon, ces trois facteurs à la fois font pression sur la ressource.
Évapotranspiration
Mais il arrive aussi que celle-ci augmente. Dans le quart nord ouest, les stocks ont crû entre 56 % et 62 % dans certains sous-bassins. Dans le sud également, le niveau d’eau renouvelable progresse : de 26 % à 32 % dans certaines parties de la Corse et sur la Côte d’Azur. Cette hausse tient à la hausse moyenne des précipitations et à la recrudescence des eaux entrant sur leur territoire.
Les variations saisonnières auxquelles sont soumis les approvisionnements naturels en eau évoluent également. Entre 1990 et 2018, il a moins plu que la normale en automne sur les sous-bassins de la moitié sud de la France. Pendant cette même saison, l’évapotranspiration est devenue plus forte dans près de la moitié des sous-bassins entre 2000 et 2006, notamment dans la plupart de ceux du nord de l’Hexagone.
Joël Cossardeaux
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