Un vent de panique gagne l’Europe face à la perspective d’une pénurie de gaz pour chauffer et éclairer les ménages cet hiver. Mais la crise énergétique pourrait perdurer au printemps et toucher de plein fouet les industries.
Invité : Laurent Horvath- géo-économiste des énergies
Présentation : Jean-Philippe Schaller
Le débit du gazoduc Nord Stream 1, qui relie la Russie à l’Europe, est réduit à 20% seulement de ses capacités, depuis cet été. Le prix du mégawattheure de gaz naturel est passé de 40 euros en juillet 2021 à plus de 200 euros aujourd’hui.
En réponse aux sanctions adoptées par les pays européens depuis le début de l’offensive russe en Ukraine, Moscou use de l’arme du gaz pour faire pression sur un continent très dépendant.
Les Européens se préparent à devoir se passer du gaz russe – qui représentait encore 40% de leurs importations avant la guerre – bien plus vite que ce qu’ils avaient prévu. Les dirigeants de l’Union tentent à tout prix de remplir leurs réservoirs de gaz en prévision de l’hiver et misent aussi sur une baisse de la consommation.
Les pays membres se sont mis d’accord, en juillet, pour réduire volontairement de 15% leur consommation de gaz.
En Suisse, le Conseil fédéral vient de s’aligner sur cet objectif. – Risque de pénurie durable – « Est-ce qu’on aura cet hiver des coupures de gaz? Est -ce qu’entre aujourd’hui et l’hiver nous allons recevoir assez de gaz des différents pays?
C’est la grande question qu’on se pose actuellement », relève Laurent Horvath, géo-économiste des énergies, invité dans l’émission Géopolitis.
« On sait que l’hiver sera compliqué. (…) L’approvisionnement en gaz, c’est comme un bidon : vous avez un grand trou au fond et vous devez remplir sans arrêt votre bidon pour qu’il soit plein. Si on n’arrive plus à le remplir, il va se vider.
Et le risque qu’ont pourrait avoir, c’est qu’aux mois d’avril, mai, juin de l’année prochaine, il n’y ait plus de gaz. » Si au printemps, les besoins en chauffage sont moins importants, le gaz restera un élément-clé pour le fonctionnement de nombreuses industries, comme la métallurgie ou le secteur automobile.
Laurent Horvath s’inquiète d’une possible vague de fermetures d’usines et de licenciements causée par le manque de gaz ou son prix trop élevé.
Au sommaire:
- 00:00 Les enjeux de la dépendance énergétique européenne
- 02:11 L’Europe face à la menace d’une coupure du gaz russe
- 05:50 Laurent Horvath: « On sait que l’hiver sera compliqué »
- 11:39 Très dépendante du gaz russe, l’Allemagne craint une crise énergétique majeure
- 13:47 Laurent Horvath: « La crise va permettre de prendre conscience de la valeur de l’énergie »
- 20:02 L’Europe à la recherche de nouveaux fournisseurs de gaz, grâce au GNL
- 22:34 En 1973, le pétrole comme arme énergétique lors du premier choc pétrolier
Le site de Géopolitis : http://geopolitis.ch