-
Où en est l’enquête de la Cour Pénale Internationale sur les crimes de guerre en Palestine occupée ?18/05/2020
-
Face à Israël, les Palestiniens jouent leur va-tout 22/05/2020
-
Le monde va-t-il enfin s’opposer à Israël au sujet de l’annexion de la Cisjordanie ? 21/05/2020
SENTIER D’ABRAHAM PALESTINE
1/Où en est l’enquête de la Cour Pénale Internationale sur les crimes de guerre en Palestine occupée ?18/05/2020
Par Romana Rubeo et Romana Rubeo − Le 18 mai 2020 − Source Mint Press News
Fatou Bensouda procureure en chef de la Cour pénale internationale (CPI), a, une fois pour toutes, levé les doutes sur la compétence de la Cour pour enquêter sur les crimes de guerre commis en Palestine occupée.
Le 30 avril, Bensouda a publié un document de 60 pages établissant les bases juridiques de cette décision, concluant que « l’accusation a soigneusement examiné les observations des participants et reste d’avis que la Cour a compétence sur le territoire palestinien occupé ».
Fatou Bensouda
L’explication juridique de Bensouda est, en elle-même, une décision préventive, datant de décembre 2019, car la Procureure de la CPI a dû anticiper une résistance orchestrée par Israël contre l’enquête sur les crimes de guerre commis dans les Territoires occupés.
Après des années de marchandage, la CPI avait décidé, en décembre 2019,
qu’« il y a une base raisonnable pour ouvrir une enquête sur la situation en Palestine, conformément à l’article 53(1) du Statut ».
L’article 53, paragraphe 1, décrit simplement les étapes de la procédure qui conduisent souvent, des fois non, à une enquête de la Cour.
Cet article est mis en œuvre lorsque la quantité de preuves fournies à la Cour est si convaincante qu’elle ne laisse à la CPI d’autre choix que de mener une enquête.
En effet, Bensouda avait déjà déclaré à la fin de l’année dernière qu’elle était,
« convaincue que (i) des crimes de guerre ont été ou sont en train d’être commis en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et dans la bande de Gaza… (ii) les cas potentiels découlant de la situation seraient recevables ; et (iii) il n’y a pas de raisons substantielles de croire qu’une enquête ne servirait pas les intérêts de la justice ».
Naturellement, Israël et son principal allié occidental, les États-Unis, sont en colère. Israël n’a jamais été tenu responsable par la communauté internationale pour les crimes de guerre et autres violations des droits de l’homme en Palestine. La décision de la CPI, surtout si l’enquête progresse, constituerait un précédent historique.
Mais, que peuvent faire Israël et les États-Unis quand aucun des deux États n’est membre de la CPI, n’ayant ainsi aucune influence réelle sur les procédures internes de la cour ? Il fallait trouver une solution.
Par une ironie historique, l’Allemagne, qui a dû répondre de nombreux crimes de guerre commis par le régime nazi pendant la Seconde Guerre mondiale, est intervenue pour être le principal défenseur d’Israël à la CPI et pour protéger les criminels de guerre israéliens juridiquement et moralement responsables.
Le 14 février, l’Allemagne a déposé une requête auprès de la CPI pour demander le statut d’« amicus curiae », c’est-à-dire d’« ami de la cour ». En obtenant ce statut spécial, l’Allemagne a pu présenter des objections, en s’opposant à la décision antérieure de la CPI au nom d’Israël.
L’Allemagne, entre autres, a alors fait valoir que la CPI n’avait pas l’autorité légale pour discuter des crimes de guerre israéliens dans les territoires occupés. Mais ces efforts se sont finalement avérés vains.
La balle est maintenant dans le camp de la chambre préliminaire de la CPI.
La chambre préliminaire est composée de juges qui autorisent l’ouverture d’enquêtes. Habituellement, une fois que le procureur décide d’ouvrir une enquête, il doit informer la chambre préliminaire de sa décision.
Selon l’article 56(b) du Statut de Rome, « … la Chambre préliminaire peut, à la demande du Procureur, prendre les mesures nécessaires pour assurer l’efficacité et l’intégrité de la procédure et, en particulier, pour protéger les droits de la défense ».
Le fait que l’affaire palestinienne ait pu avancer à un tel point peut, et doit être considéré, comme une victoire pour les victimes palestiniennes de l’occupation israélienne. Cependant, si l’enquête de la CPI avance conformément au mandat initial demandé par Bensouda, il restera néanmoins des lacunes juridiques et morales majeures qui frustrent ceux qui défendent la justice au nom de la Palestine.
Par exemple, les représentants légaux des « victimes palestiniennes résidant dans la bande de Gaza » ont exprimé leur inquiétude, au nom des victimes, concernant « la portée ostensiblement étroite de l’enquête sur les crimes subis par les victimes palestiniennes de cette situation ».
La « portée étroite de l’enquête » a jusqu’à présent exclu des crimes aussi graves que des crimes contre l’humanité. Selon l’équipe juridique de Gaza, le meurtre de centaines et les blessures de milliers de manifestants non armés participant à la « Grande Marche du Retour » est un crime contre l’humanité qui doit également faire l’objet d’une enquête.
La compétence de la CPI va bien sûr au-delà de la décision de Bensouda d’enquêter uniquement sur les « crimes de guerre ».
L’article 5 du Statut de Rome – le document fondateur de la CPI – étend la compétence de la Cour pour enquêter sur les « crimes graves » suivants :
a) Le crime de génocide
b) Les crimes contre l’humanité
c) Les crimes de guerre
d) Le crime d’agression
Il n’est pas surprenant qu’Israël soit qualifié pour faire l’objet d’une enquête sur ces quatre points et que la nature des crimes israéliens contre les Palestiniens ait souvent tendance à constituer un mélange de deux ou plusieurs de ces points.
L’ancien rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Palestine (2008-2014), le professeur Richard Falk, écrivait en 2009, peu après une guerre israélienne meurtrière dans la bande de Gaza assiégée, que :
« Israël a lancé la campagne de Gaza sans fondement juridique adéquat ni cause juste, et a été responsable de l’écrasante proportion de dévastation et de l’ensemble des souffrances des civils. Le recours par Israël à une approche militaire pour vaincre ou punir Gaza était intrinsèquement « criminel » et, en tant que tel, démontrait à la fois des violations du droit de la guerre et la perpétration de crimes contre l’humanité ».
Falk a étendu son argumentation juridique au-delà des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité à une troisième catégorie.
« Il y a un autre élément qui renforce l’allégation d’agression. La population de Gaza était soumise à un blocus punitif depuis 18 mois quand Israël a lancé ses attaques ».
Qu’en est-il du crime d’apartheid ?
Entre-t-il dans le cadre des définitions et de la juridiction de la CPI ?
La Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid de novembre 1973 définit l’apartheid comme :
« un crime contre l’humanité et des actes inhumains résultant de politiques et pratiques d’apartheid et de politiques et pratiques similaires de ségrégation et de discrimination raciales, telles que définies à l’article II de la Convention. Ce sont des crimes violant les principes du droit international, en particulier les buts et principes de la Charte des Nations Unies, et constituant une menace grave pour la paix et la sécurité internationales ».
La Convention est entrée en vigueur en juillet 1976, lorsque vingt pays l’ont ratifiée. La plupart des puissances occidentales, dont les États-Unis et Israël, s’y étaient opposées.
La définition de l’apartheid, telle qu’elle est énoncée dans la Convention, est particulièrement importante : le crime d’apartheid a été libéré du contexte limité de l’Afrique du Sud et rendu applicable aux politiques de discrimination raciale dans tout État.
En juin 1977, le Protocole additionnel 1 aux Conventions de Genève a désigné l’apartheid comme « une violation grave du Protocole et un crime de guerre ».
Il s’ensuit qu’il existe des bases juridiques pour soutenir que le crime d’apartheid peut être considéré à la fois comme un crime contre l’humanité et un crime de guerre.
le professeur John Dugard
L’ancien rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Palestine (2000-2006), le professeur John Dugard, a déclaré cela peu après que la Palestine a rejoint la CPI en 2015 :
« Pendant sept ans, je me suis rendu dans le territoire palestinien deux fois par an. J’ai également mené une mission d’enquête après l’opération « Plomb durci » à Gaza en 2008, 2009. Je connais donc bien la situation, et je connais bien la situation de l’apartheid. J’étais avocat des droits de l’homme en Afrique du Sud au temps de l’apartheid. Et comme pratiquement tous les Sud-Africains qui se rendent dans les territoires occupés, j’ai une terrible impression de déjà-vu. Nous avons déjà vu tout cela avant, sauf que c’est infiniment pire. Et ce qui s’est passé en Cisjordanie, c’est que cette entreprise de colonisation a abouti à une situation qui ressemble beaucoup à celle de l’apartheid, dans laquelle les colons sont l’équivalent des Sud-Africains blancs. Ils jouissent de droits supérieurs à ceux des Palestiniens, et ils oppriment effectivement les Palestiniens. On a donc bien un système d’apartheid dans le territoire palestinien occupé. Et je pourrais mentionner que l’apartheid est également un crime relevant de la compétence de la Cour pénale internationale ».
Compte tenu du nombre de résolutions de l’ONU qu’Israël a violées au fil des ans – l’occupation perpétuelle de la Palestine, le siège de Gaza et le système élaboré d’apartheid imposé aux Palestiniens par un vaste conglomérat de lois racistes – dont le point culminant est la loi dite de l’État-nation de juillet 2018 – déclarer Israël coupable de crimes de guerre, entre autres « crimes graves », devrait être une affaire simple.
Mais la CPI n’est pas qu’une institution juridique. C’est aussi une institution politique qui est soumise aux intérêts et aux caprices de ses membres.
L’intervention de l’Allemagne, au nom d’Israël, pour dissuader la CPI d’enquêter sur les crimes de guerre de Tel-Aviv en est un exemple.
Le temps dira jusqu’où la CPI est prête à aller avec sa tentative sans précédent et historique visant à enquêter enfin sur les nombreux crimes qui ont été commis en Palestine, sans limites, sans recours et sans obligation de rendre des comptes.
Pour le peuple palestinien, il était temps que cette justice longtemps refusée arrive.
Romana Rubeo et Ramzy Barou
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone
TOMBEAU DE MOISE PALESTINE
2/Face à Israël, les Palestiniens jouent leur va-tout
L’Autorité palestinienne a annoncé rompre sa coopération sécuritaire avec l’État hébreu pour qu’il renonce à son projet d’annexion de la Cisjordanie.
Par Armin Arefi

Le président palestinien Mahmoud Abbas annonce la rupture de la coopération sécuritaire avec Israël depuis son palais présidentiel de la Mouqata’a, le 19 mai 2020 à Ramallah. © ALAA BADARNEH / POOL / AFP
Cette fois, il a mis ses menaces à exécution. Après avoir maintes fois menacé de rompre la coopération sécuritaire avec Israël avant de faire marche arrière, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne (AP), a joint le geste à la parole.
« Suite à la décision du leadership palestinien prise le 19 mai, nos organisations de sécurité ont cessé ce jeudi toutes leurs relations avec Israël, dont l’échange d’informations et de communications »,
annonce au Point une source palestinienne après une rencontre organisée ce vendredi entre le Premier ministre palestinien, Mohammad Shtayyeh, et l’appareil sécuritaire palestinien.
« Notre appareil de sécurité continuera à accomplir pleinement sa mission de maintien de la sécurité dans nos territoires pour le peuple palestinien et pour protéger nos institutions. »
D’après le quotidien israélien Haaretz, certaines forces de sécurité israéliennes ont d’ores et déjà commencé à se retirer des zones A (sous contrôle administratif et sécuritaire palestinien) et B (sous contrôle administratif palestinien mais sécuritaire israélien), où elles avaient été placées dans le cadre de la lutte commune contre l’épidémie de coronavirus. En outre, Saeb Erekat, le principal négociateur palestinien, a annoncé jeudi que l’AP avait notifié la CIA de la fin de la coordination sécuritaire avec Israël, mais également avec les États-Unis.
« Menace existentielle » pour les Palestiniens
La décision palestinienne apparaît comme une réponse à la volonté du nouveau gouvernement israélien, qui a prêté serment dimanche, d’annexer les colonies de Cisjordanie, ainsi que la vallée du Jourdain, à compter du 1er juillet prochain
Jared Kushner, le gendre et conseiller du président américain
Promise à son électorat par Benyamin Netanyahou, réélu à son poste à la faveur d’un accord de coalition avec l’ancien chef d’état-major des armées Benny Gantz, l’annexion israélienne d’environ 30 % de la Cisjordanie s’inscrit dans la continuité du « plan de paix » de Donald Trump sur le Proche-Orient. Annoncé fin janvier, ce document concocté par Jared Kushner, le gendre et conseiller du président américain, a ouvert la voie à cette décision unilatérale, se contentant de promettre à moyen terme un vague État palestinien « démilitarisé », dont la sécurité et l’espace aérien seraient assurés par Israël.
Premier ministre palestinien Mohammad Shtayyeh
« L’annexion par Israël de toute une partie de la Cisjordanie constitue une menace existentielle au projet national palestinien et la fin de la solution à deux États »,
« Israël a violé le droit international, ainsi que tous les accords signés avec nous », a-t-il ajouté, jugeant par conséquent que les Palestiniens n’étaient « plus liés par ces accords ».
Coopération très efficace
Signés en 1993 entre Israéliens et Palestiniens, les accords d’Oslo ont désigné un gouvernement palestinien provisoire – l’Autorité palestinienne – renonçant à la lutte armée contre Israël, et qui était censé devenir cinq ans plus tard un véritable exécutif à la tête d’un État palestinien. Dans ce cadre, il existait une coopération particulièrement efficace entre armée israélienne et forces de sécurité palestiniennes, concernant les mouvements de personnes et de biens, et permettant également des échanges de renseignements.
Xavier Guignard
« Au départ, sous Yasser Arafat, il s’agissait davantage d’un système pyramidal avec un accès direct d’Israël à une dizaine de chefs sécuritaires palestiniens »,
explique Xavier Guignard chercheur spécialisé sur la Palestine à l’Institut Noria.
« Aujourd’hui, il s’agit d’une collaboration permanente avec des milliers d’officiers et de sous-officiers palestiniens qui forment un réseau d’autant plus difficile à rompre. »
Cette collaboration sécuritaire s’est avérée relativement efficace. Elle a permis de maintenir, au lendemain de la seconde intifada en 2005, un calme relatif en Cisjordanie et de diminuer significativement le nombre d’attentats en Israël, même si les attaques au couteau se sont multipliées au cours des dernières années.
Abdel Razek directrice de plaidoyer à l’Institut palestinien de diplomatie publique
« La coopération sécuritaire a permis d’arrêter des activistes palestiniens qui voulaient s’organiser politiquement ou s’armer, et de contrôler les factions, notamment le Hamas en Cisjordanie, explique au Point Inès Abdel Razek, directrice de plaidoyer à l’Institut palestinien de diplomatie publique. Mais elle permettait également de se coordonner en cas d’urgence, de désastre naturel, ou encore si un colon israélien se retrouvait en zone A. »
Occupation permanente
Cette coopération a régulièrement été pointée du doigt par les militants palestiniens, qui accusent les services de sécurité de l’Autorité palestinienne d’effectuer le travail de la puissance occupante, contrairement à ses obligations internationales.
« D’une certaine manière, l’Autorité palestinienne est la garantie de la pérennité des accords d’Oslo, juge Ines Abdel Razek. C’est la garantie de l’occupation permanente. »
Si cette collaboration a été un succès, le fossé s’est creusé sur le plan politique. Principal écueil, la poursuite effrénée de la colonisation israélienne en territoire palestinien. Le nombre de colons en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, qui s’élevait à 100 000 en 1992, atteint aujourd’hui 600 000, rendant déjà illusoire sur le terrain tout État palestinien viable. Or, en rattachant à l’État d’Israël ces quelque 130 colonies, tout comme la vallée du Jourdain (déjà sous contrôle sécuritaire israélien, NDLR), le Premier ministre israélien enclaverait les territoires palestiniens, écartant définitivement toute possibilité d’État.
Colonisation israélienne
Nickolay Mladenov
« L’annexion de zones en Cisjordanie […] représenterait une très grave violation du droit international et porterait un coup dévastateur à la solution des deux États,
a souligné mercredi Nickolay Mladenov l’émissaire des Nations unies pour le processus de paix.
Elle fermerait la porte à une reprise des négociations et menacerait les efforts visant à faire avancer la paix régionale. »
Face à l’urgence de la situation, plusieurs capitales européennes – Paris, Berlin, Rome, Luxembourg et Dublin – ont fait savoir qu’elles préparaient une « action commune » dans le but de relancer les négociations entre Israéliens et Palestiniens, rompues depuis 2016 et l’échec du plan de l’ancien secrétaire d’État américain John Kerry.
« Nous attendons des pays européens, dont la France, qui croient en la solution à deux États, de reconnaître immédiatement l’État de Palestine », demande la source palestinienne précitée. « Si cela n’arrive pas, alors Israël pourra mettre en place son annexion. »
À Paris, on rappelle que cette possibilité est un « fusil à un seul coup » qui ne doit être utilisé qu’en dernier ressort pour favoriser un processus. Par ailleurs, les divisions au sein même de l’Europe – entre la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne d’un côté, et la Hongrie, la Pologne et la République tchèque de l’autre – ainsi que le rejet par Israël de toute internationalisation de la crise ne laissent guère de place à l’optimisme.
Scepticisme
Le président de l’Autorité palestinienne, qui avait misé toute sa stratégie sur le recours devant les instances internationales, se retrouve d’autant plus fragilisé. Déjà discrédité auprès d’une part importante de sa population, qui dénonce autant son impuissance face à l’occupation israélienne que son autoritarisme grandissant et la corruption de son entourage, le vieux raïs de 85 ans, au pouvoir sans discontinuité depuis seize ans (il n’y a eu aucune élection générale 2006, NDLR), ne disposait plus que de deux leviers pour faire pression sur Israël :
-
l’arrêt de la coopération sécuritaire
-
la fin de la reconnaissance de l’État hébreu. Il vient d’utiliser le premier.
Mais ce va-tout palestinien laisse de nombreux experts sceptiques, tant la survie de l’Autorité palestinienne – et de ses dirigeants – dépend en réalité du bon vouloir de l’État d’Israël.
« Si elle est vraiment exécutée, la fin de la collaboration sécuritaire serait considérée comme un casus belli pour l’État hébreu, qui dispose en face d’une armée de réponses potentielles : de la fermeture des frontières à l’arrestation des dirigeants palestiniens, souligne le chercheur Xavier Guignard. Le problème est que l’Autorité palestinienne a tellement crié au loup sur l’arrêt de la coordination sécuritaire qu’elle n’est plus prise au sérieux. »
Interrogée par Le Point, une source diplomatique palestinienne assure que la coopération sécuritaire a cette fois bel et bien cessé, « pour le moment et de façon provisoire ». Et de préciser : « L’AP a besoin d’une carte pour faire pression sur Israël, quitte à changer par la suite [d’avis] en cas d’évolution positive. »
source/https://www.lepoint.fr/monde/face-a-israel-les-palestiniens-jouent-leur-va-tout-22-05-2020-2376534_24.php
PALESTINE
Palestine occupée – 21 mai 2020
3/Le monde va-t-il enfin s’opposer à Israël au sujet de l’annexion de la Cisjordanie ?
Par Ghada Karmi
18.05.2020 – Le 15 mai, 72 ans se sont écoulés depuis la création d’Israël et de la Nakba palestinienne qui en a résulté. Les conséquences de cet événement majeur pour les Palestiniens nous accompagnent encore aujourd’hui : six à huit millions de réfugiés dispersés dans des camps ou en exil à l’intérieur et à l’extérieur de la patrie d’origine ; un pays autrefois entier maintenant fragmenté en une série de territoires gouvernés par Israël mais de statut inégal ; et ce qui semble être un avenir sombre.
Rien de tout cela n’était inévitable. N’eut été du statut protégé accordé à Israël par les États occidentaux, qui l’a protégé de toute sanction, quoi qu’il ait fait, le cours de l’histoire moderne de la Palestine aurait été totalement différent.
Un État exceptionnel
Cet exceptionnalisme existe depuis l’époque de la déclaration Balfour en 1917 qui a conduit à la création de l’État israélien en 1948. Le projet sioniste à l’origine de la création d’Israël et de ses politiques ultérieures a été constamment encouragé et soutenu par les puissances occidentales.
![]() |
Le 2 novembre 1917, Arthur Balfour, secrétaire au Foreign Office britannique, écrit au financier Lionel Rothschild : « J’ai le grand plaisir de vous adresser, au nom du gouvernement de Sa Majesté, la déclaration de sympathie avec les aspirations sionistes juives qui a été soumise au Parlement et approuvée par lui. Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif et fera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera accompli qui puisse porter atteinte aux droits civils et religieux des communautés non juives existant en Palestine ou aux droits et au statut politique dont les juifs jouissent dans tout autre pays. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste. » |
Si Israël avait été un État normal, responsable de sa conduite et soumis à la punition et à la sanction, il n’aurait pas été autorisé à expulser les natifs de Palestine, à refuser leur retour, à acquérir leur territoire par la force, à les soumettre et à les assiéger, ou à commettre la myriade d’autres crimes contre eux.
Il n’y aurait pas eu de Nakba à commémorer le 15 mai et pas de réfugiés, et Gaza serait libre.
Cependant, grâce à l’indulgence de l’Occident, Israël est aujourd’hui une superpuissance régionale, invincible sur la scène mondiale, et dont la puissance et l’influence dépassent largement sa taille et ses capacités.
Il ne fait guère de doute qu’Israël n’a atteint cette position dominante que grâce à l’impunité garantie dont il bénéficie.
Comme l’expérience des 72 années d’existence d’Israël l’a montré, aucune violation du droit international, aucun crime flagrant contre des Palestiniens sans défense, ni même aucune déloyauté envers son patron américain n’a réussi à éroder cette impunité.
LES SENTIERS D’ABRAHAM
La réponse appropriée
Il y a eu des moments dans l’histoire du « conflit »(*) où l’indignation internationale face au comportement d’Israël aurait pu déclencher une réponse appropriée.
La situation dramatique de Gaza en est un bon exemple : un siège draconien, sans but, vieux de 13 ans, qui viole tous les aspects des droits de l’homme ; les assauts militaires répétés d’Israël contre la population sans défense de Gaza, les pires en 2014 ; et les tirs de snipers israéliens contre des manifestants non armés de Gaza, qui ont suscité des questions sur les crimes de guerre israéliens.
Une communauté internationale déterminée à mettre Israël au pas aurait pu contrer ces abus de nombreuses manières. Les marchés mondiaux auraient pu être fermés aux produits des colonies israéliennes, les relations avec Israël suspendues, les accords passés avec ce pays revus ou non renouvelés et, en dernier recours, des sanctions économiques ou diplomatiques imposées.
Pourtant, à part la critique verbale et les exhortations à modifier son comportement, Israël n’a souffert d’aucun effet néfaste. En revanche, l’« annexion » de la Crimée par la Russie en 2014, qui n’a pas été considérée comme une annexion par tous, a été rejetée et condamnée sans équivoque.
Les États-Unis et l’Union européenne ont puni la Russie pour son « invasion et son annexion illégales » en lui imposant des sanctions restrictives et de grande envergure, toujours en vigueur.
-
La fin d’une impunité particulière ?
-
Ces sanctions pourraient-elles devenir un précédent pour une action similaire contre le projet d’annexion de la Cisjordanie par Israël ?
-
Et cela pourrait-il marquer le début de la fin de l’impunité spéciale d’Israël ?
LES SENTIERS D’ABRAHAM
Le plan récemment annoncé par le gouvernement d’union d’Israël vise à lancer le processus d’annexion de la vallée du Jourdain et des 128 colonies juives le 1er juillet.
Cela représente 30 à 40 % de la Cisjordanie , qui, après l’annexion, seront soumis à la souveraineté israélienne. Cela a suscité une opposition internationale, mais en réalité, cela ne fera guère de différence.
Le statut réel de ces zones, qui sont sous administration civile israélienne et considérées comme faisant partie de facto d’Israël depuis 1967, ne changera guère.
Malgré cela, le président palestinien a menacé de rompre tous les accords avec Israël et les Etats-Unis si l’annexion se poursuivait. Une annonce dans les journaux israéliens du mois dernier, signée par 220 généraux de l’armée israélienne à la retraite et des responsables de la sécurité, a appelé au blocage du plan.
L’Union européenne, la Ligue arabe, ainsi que l’Égypte et la Jordanie, les deux États arabes qui ont conclu des traités de paix avec Israël, l’ont tous condamné.
Onze membres du Congrès américain ont demandé à Israël de mettre fin à l’annexion. Dans un geste sans précédent, la Chambre des représentants des Etats-Unis a adopté une résolution s’opposant à l’annexion de la Cisjordanie par Israël.
Un pas de trop
La communauté internationale a toléré les 53 ans d’occupation des territoires de 1967 par Israël, mais par contre, cette dernière initiative semble aller trop loin.
Il est vrai que l’annexion a été interdite par la Charte des Nations unies en 1945, et que « l’inadmissibilité de l’acquisition de territoire par la force » a été à la base de la résolution 242 du Conseil de sécurité, qui est toujours en vigueur.
L’annexion exposera également de façon frappante le système d’apartheid qu’Israël applique dans les territoires palestiniens. Dans le passé, Israël a toujours réussi à camoufler ses crimes les plus flagrants par des manœuvres de relations publiques intelligentes, mais des violations aussi flagrantes du droit international ne peuvent être déguisées.
Elles exigent une réponse. Sans elle, l’Occident, les États arabes et les dirigeants palestiniens apparaîtront comme des mauviettes impuissantes. Dans une longue histoire de capitulation aux souhaits d’Israël, même eux redoutent de ne pas autoriser cette annexion, ne serait-ce que pour sauver la face.
Cela signifie-t-il qu’ils vont sanctionner Israël, comme cela s’est produit avec la Russie ? Sur la base des preuves passées, c’est peu probable, et Israël parviendra quand même à trouver une formule pour apaiser son opposition.
D’un autre côté, si Israël va de l’avant avec le plan d’annexion, cela pourrait ne pas être une mauvaise chose pour les Palestiniens. Cela signifiera la fin définitive de la solution à deux États, et laissera l’État unique actuel comme seule réalité.
Daniel Pipes
Les Israéliens juifs et les Palestiniens qui vivent en Israël sont aujourd’hui inégaux. Mais avec l’augmentation du nombre de Palestiniens qui réclament une citoyenneté égale dans les zones annexées, comme le craint Daniel Pipes, ardent défenseur américain d’Israël, cela va changer.
Et la commémoration de la Nakba de ce mois-ci pourrait bien être la dernière.
(*) guillemets ajoutés par la traductrice.
Source : Palestine Responds/https://palresponds.com/will-the-world-finally-stand-up-to-israel-over-west-bank-annexation/
Traduction : MR pour ISM
SOURCE/http://www.ism-france.org/analyses/Le-monde-va-t-il-enfin-s-opposer-a-Israel-au-sujet-de-l-annexion-de-la-Cisjordanie–article-21143
TOMBEAU DE MOISE PALESTINE
[…] 3800 –1/Où en est l’enquête de la Cour Pénale Internationale sur les crimes de guerre en Pale… 23 mai 2020 […]
J’aimeJ’aime