3616 — Deux Allocutions de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie par intérim, à la 34e réunion du Conseil des chefs des sujets de la Fédération de Russie auprès du Ministère russe des Affaires étrangères, et lors de l’assemblée générale du Conseil russe pour les affaires internationales, Moscou, 21 janvier 2020

21 janvier 202013:36

1 — Allocutions de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie par intérim, à la 34e réunion du Conseil des chefs des sujets de la Fédération de Russie auprès du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 21 janvier 2020

34e réunion du Conseil des chefs des sujets de la Fédération de Russie auprès du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 21 janvier 2020 Главы субъектов

Chers collègues,
Nous participons à une nouvelle réunion du Conseil des chefs des sujets de la Fédération de Russie auprès du Ministère russe des Affaires étrangères.
Au dernier trimestre, nous avons passé en revue toutes les questions liées au développement de la coopération interrégionale, à l’organisation de conférences et de forums interrégionaux. Le travail dans ce sens se déroule de manière dynamique, en tenant compte notamment des recommandations adoptées pendant notre réunion et approuvées par le Président russe Vladimir Poutine.
A l’heure actuelle, le format des réunions interrégionales prévoit, dans différents cas, une participation personnelle des chefs d’État. Cela témoigne de l’attention accordée au sommet de l’État à cet axe de notre travail. La couverture thématique s’élargit: outre les thèmes commerciaux et économiques, par lesquels tout a commencé, à l’ordre du jour s’inscrivent des activités socioculturelles, éducatives et sportives, ainsi que des activités consacrées au développement de larges contacts humains. A noter également la hausse du financement de telles activités, notamment par le budget fédéral.
Des efforts sont entrepris au niveau de notre coopération avec vous pour poursuivre la diversification de la couverture géographique de la coopération. Les propositions sur la création de forums interrégionaux sont actuellement étudiées par nos collègues en Iran, en Grèce et en Inde. Au printemps est prévue l’organisation d’une grande réunion entre les régions de la Russie et de la Moldavie. Il a été convenu d’organiser cette année l’Année franco-russe de la coopération interrégionale. Des activités similaires se sont déroulées récemment avec la participation de nos collègues allemands.
Il y a du progrès au niveau des associations internationales.
Dans le cadre de l’Union économique eurasiatique (UEE), il est prévu d’organiser des activités économiques avec la participation des régions des pays membres de cette association.
A l’initiative de la Russie, un Forum des chefs de régions est en cours de création au sein de l’OCS, comme prévu par le Plan d’activités de la présidence russe de cette association approuvé par le Président russe Vladimir Poutine. La première réunion du Forum des chefs de régions de l’OCS est prévue pour mai 2020.
Il est évident que la participation énergique de régions russes à l’activité de formats interrégionaux correspond non seulement aux objectifs de garantir le développement des régions russes concernées, mais contribue également à la promotion d’un ordre du jour interétatique positif. Nous continuerons de coopérer avec les régions de la Fédération de Russie, de leur apporter tout notre soutien.
En ce qui concerne la réunion d’aujourd’hui, nous étudierons la coopération municipale internationale, qui fait écho à la coopération interrégionale.
Le développement de la coopération au niveau municipal se reflète déjà de manière positive sur le commerce et le tourisme, contribue à approfondir les liens scientifiques, éducatifs et culturels, les contacts entre les gens.
De bons résultats ont également été obtenus ces derniers temps sur cet axe. L’an dernier à Riazan s’est tenu le premier forum municipal russo-chinois avec la participation de 70 représentants côté chinois et plus de 80 côté russe.
Les relations de jumelage ont été établies entre 44 entités municipales et administratives de la Russie et de la République de Corée. 26 entités municipales russes et 32 japonaises participent à la coopération inter-municipale russo-japonaise.
En octobre 2019 à Moscou s’est tenu le premier forum municipal russo-américain. Je voudrais noter également que depuis plusieurs années est organisé le Dialogue annuel de Fort Ross auquel participent également les autorités municipales. A noter aussi le Sommet des maires des villes des États-Unis et de la Fédération de Russie qui s’est tenu il y a deux ans.
Les contacts entre les municipalités sont activement promus avec les partenaires européens, notamment au niveau des villes jumelées.
Par exemple, il existe entre la Russie et la Finlande près de 150 paires d’entités municipales en coopération. Les préparatifs ont commencé pour le prochain congrès des municipalités et des villes jumelées russo-finlandaises prévu en juin dans la région de Tver.
Les liens inter-municipaux se développent activement entre la Russie et l’Allemagne. J’ai déjà mentionné le développement des liens interrégionaux. L’an dernier s’est tenue une conférence des villes partenaires russo-allemandes à Düren.
En 2019 a également été signé le Mémorandum de coopération entre l’Association internationale russe Villes jumelées et l’Association des villes et des villages de Slovaquie.

Dans le cadre de la mise en œuvre de programmes conjoints de coopération frontalière avec l’UE sont réalisés des projets diversifiés avec les autorités municipales de l’Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie et de la Pologne.

Il existe de bonnes opportunités pour consolider les contacts avec les partenaires étrangers grâce au travail des représentants de nos entités municipales au Congrès des autorités locales et régionales du Conseil de l’Europe.

Bien évidemment, nous accordons également une attention particulière à l’espace de la Communauté des États indépendants (CEI).

Nous voudrions contribuer plus énergiquement au développement des liens actuels et à l’établissement de nouveaux liens entre les municipalités de la République de Crimée et les partenaires étrangers. Nous exploiterons à ces fins le potentiel du Forum humanitaire international de Livadia, et du Forum économique international de Yalta.

Dans l’ensemble, nous trouvons que la coopération municipale multilatérale a de bonnes perspectives. Je fais notamment allusion au forum des villes jumelées et des entités municipales des Brics, ainsi qu’à l’initiative de création d’une structure internationale non gouvernementale – le Secrétariat des villes jumelées et des entités municipales des pays de la région Caspienne.

Nous avons donc des thèmes à aborder. Nous partirons du principe qu’aujourd’hui nous allons déterminer le progrès de la coopération en ce sens.
Bien évidemment, nous trouvons important de procéder à la révision des fondements juridiques de l’activité internationale des entités municipales russes, notamment dans le cadre des propositions actuelles de perfectionner les organes du pouvoir public. J’espère qu’au final nous parviendrons à améliorer le profil des municipalités, notamment dans leur activité internationale.
C’est évidemment impossible sans appuyer ce travail sur des ressources, une expertise et un soutien administratif. Nous avancerons des initiatives pour organiser également des séminaires éducatifs, pour élaborer des recommandations méthodiques à destination des représentants des autorités locales. Au vu des discussions actuelles sur le perfectionnement des organes du pouvoir public, il faut probablement songer à « l’intégration » de la coopération municipale internationale dans un programme fédéral ciblé afin d’assurer la stabilité de son financement.

Dans l’ensemble, je pense que la coordination nette des efforts du ministère russe des Affaires étrangères, de Rossotroudnitchestvo, du Ministère russe de la Justice, d’autres organes fédéraux du pouvoir exécutif, bien évidemment des régions et des ONG nationales, revêt une importance particulière à l’étape actuelle.


https://www.mid.ru/fr/foreign_policy/news/-/asset_publisher/cKNonkJE02Bw/content/id/4003039

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Ajouté par Sans a priori  >> Les districts fédéraux

Tous les «sujets» sont regroupés dans sept districts fédéraux (créés le 30 mai 2002), chacun étant administré par un gouverneur nommé par le président de la fédération de Russie. Le rôle principal du représentant du pouvoir fédéral est de veiller au respect du droit fédéral à l’intérieur du district qu’il contrôle; le gouverneur dispose aussi d’un contrôle sur les militaires et la police. Les sept districts fédéraux sont les suivants (les villes entre parenthèses correspondent aux centres administratifs) :

(1) Le district fédéral central (capitale: Moscou):
(2) Le district fédéral du Sud (capitale: Rostov-sur-le-Don);
(3) Le district fédéral du Nord-Ouest (capitale: Saint-Pétersbourg);
(4) Le district fédéral de Privoljsk ou de la Volga (capitale: Nijni-Novgorod).
(5) Le district fédéral de l’Oural (capitale: Iekaterinbourg);
(6) Le district fédéral sibérien (capitale: Novosibirsk);
(7) Le district fédéral extrême-oriental (capitale: Khabarovsk);

 VOIR pour plus de  précisions l’excellent site   http://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/russie-1general.htm


21 janvier 202018:58

2 — Allocution de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie par intérim, lors de l’assemblée générale du Conseil russe pour les affaires internationales, Moscou, 21 janvier 2020

RUSSIE LAVROV DU 21 01 2020 21H58 Выступление_С.Лаврова_РСМД

Monsieur Ivanov,

Chers collègues et amis,

Cette nouvelle réunion des membres du Conseil russe pour les affaires internationales n’est pas tout à fait ordinaire parce que dans deux semaines, le 2 février 2020, cela fera dix ans qu’a été signé le décret présidentiel sur la création du partenariat à but non lucratif « Conseil russe pour les affaires internationales ». Je voudrais profiter de l’occasion pour vous féliciter, de nous féliciter, à l’occasion de cette date-anniversaire.
Au cours de ces années, le Conseil a créé ses propres traditions, très durables et intéressantes. Au Ministère des Affaires étrangères, nous tenons en grande estime les relations de camaraderie avec le Conseil, qui est devenu un véritable think tank en matière de relations internationales aussi bien à l’échelle nationale que sur la scène mondiale. Nous apprécions les efforts du Conseil pour alimenter intellectuellement l’activité de la diplomatie populaire, ainsi que son accompagnement d’analyse et d’expertise de la ligne du pays en politique étrangère.

Cela a une importance particulière aujourd’hui, dans un contexte où la situation dans le monde n’est pas seulement complexe, mais également explosive et imprévisible.

Le contenu de l’étape actuelle des relations internationales a été exposé en détail par le Président russe Vladimir Poutine  lors de ses dernières allocutions, et il en a été question également pendant les activités organisées au Ministère des Affaires étrangères.

Pour résumer, nous nous trouvons au cœur d’une longue époque historique qui se caractérise par un processus objectif de formation d’un système multipolaire d’ordre mondial plus démocratique et juste. La formation de ce système s’accompagne d’une sérieuse lutte entre ceux qui contrôlaient depuis des siècles toutes les affaires sur notre planète et les centres mondiaux de puissance économique et d’influence politiques nouveaux ou renaissants.

Bien évidemment, l’humanité est perdante du fait que certains de nos collègues occidentaux continuent de penser dans la logique non pas d’hier mais d’avant-hier dans l’espoir de rétablir leur domination globale passée. Sachant que parfois, ils agissent de plus en plus impulsivement et agressivement.

Je voudrais mentionner la situation relative à l’architecture de stabilité stratégique mondiale, qui est de facto détruite à l’heure actuelle.

Deux des trois traités angulaires, l’ABM et le FNI, ont déjà été détruits par les Américains.

Le traité START, dernier instrument de stabilité stratégique, est en suspens.

Les propositions russes pour sa prolongation ont été préalablement envoyées à nos partenaires américains et réaffirmées plusieurs fois publiquement, notamment par le Président russe Vladimir Poutine. Nous n’avons toujours pas reçu de réponse, et constatons un mouvement dans le sens opposé: la hausse de la tension dans le secteur de la stabilité stratégique et des armes nucléaires.

De plus, l’Otan s’engage dans un jeu très dangereux pour étendre son activité opérationnelle à de nouveaux secteurs – l’espace et le cyberespace.

Nous avons déclaré à plusieurs reprises que cette ligne s’expliquait en grande partie par la tentative d’introduire dans le quotidien le concept d’un « ordre mondial basé sur des règles », dans une tentative de substituer l’infrastructure juridique internationale créée après la Seconde Guerre mondiale au centre de laquelle se trouve l’Organisation des Nations unies.
La réticence à s’y tenir et à élaborer de nouvelles règles du jeu universelles qui seraient codifiées dans les normes du droit international aggrave le déficit de confiance. Ce qui engendre de nouveaux foyers d’instabilité et des conflits. Le risque que toute confrontation locale puisse dégénérer en menace pour toute la communauté internationale est décuplé.
Vous le savez, la Russie ne se limite pas à la critique. Nous essayons de promouvoir un agenda interétatique constructif mutuellement acceptable en s’appuyant sur le rôle de coordination central de l’Onu, comme cela est fixé dans sa Charte, en s’appuyant sur les valeurs de la Charte, notamment l’égalité souveraine des États, la non-ingérence dans les affaires intérieures, et le règlement pacifique des litiges.
Nous restons ouverts au dialogue le plus sérieux sur les principes fondamentaux d’un ordre mondial stable. Nous n’y sommes pas simplement ouverts: nous avançons des propositions en la matière.

Comme l’a souligné le Président russe Vladimir Poutine devant l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie, un rôle particulier doit être joué par les pays du « quintet » nucléaire les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous poursuivrons le travail pour impliquer la responsabilité de ces principaux pays.

Malheureusement, nos partenaires occidentaux, qui mènent une ligne visant à contenir la Russie, ont intentionnellement gelé ou fermé de nombreux formats de dialogue et les canaux de communication bilatéraux entre la Fédération de Russie et l’Union européenne, ainsi que dans le cadre du Conseil Otan-Russie. Dans ces conditions grandit objectivement le rôle des « pistes secondaires » et des canaux de communication informels, dont fait partie à juste titre le Conseil russe pour les affaires internationales.

Igor Ivanov igor_ivanov_pays_reuters  Igor Ivanov 

Le Conseil a un statut indépendant. Cela permet de faire appel à des avis et à des points de vue diversifiés, y compris opposés. Les statistiques de l’activité du Conseil parlent d’elles-mêmes. Igor Ivanov en parlera plus en détail.
Si je comprends bien, plus de 100 activités ont été organisées en un an avec la participation d’experts russes et étrangers. Notamment de grandes conférences consacrées aux relations entre la Russie et la Chine, le Moyen-Orient, l’Occident, l’Inde et d’autres grands pays et organisations.
Nous apprécions particulièrement le travail analytique du Conseil. L’an dernier ont été réalisées plusieurs publications de qualité, notamment des prévisions qui aident réellement à élaborer des propositions concrètes pour les autorités du pays afin de promouvoir la politique étrangère de la Fédération de Russie.

Je voudrais également noter l’activité éducative traditionnelle très utile du Conseil russe pour les affaires internationales.

Conjointement avec ses partenaires, le Conseil a mis en place l’an dernier deux écoles pour les jeunes experts. Plus de 80 étudiants d’universités russes et étrangères ont suivi un stage au Conseil, notamment américains, britanniques, coréens et asiatiques. Les déjeuners avec les experts, le concours de jeunes journalistes internationalistes et les webinaires sont de nouveaux formats qui ont fait leurs preuves.

Le site du Conseil est l’une des sources les plus reconnues et faisant autorité sur les questions de politique étrangère. J’ai appris avec satisfaction – et une agréable surprise – que le nombre d’experts qui y contribuent approche des mille personnes. C’est un collectif très solide d’auteurs qui permet de tenir compte de tout l’éventail d’avis faisant autorité dans le domaine de la politique internationale. Il est réjouissant que parmi les auteurs du site figurent de nombreux jeunes spécialistes.

Collègues,

Cette année nous célébrons deux grandes dates:

  1. le 75e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique,

  2. ainsi que le 75e anniversaire de la création de l’Organisation des Nations unies.

Vous connaissez le fond médiatique qui accompagne la préparation de ces anniversaires.

Je suis certain qu’en l’occurrence nous devons nous appuyer fermement sur les faits historiques et les matériaux d’archives. La Russie est ouverte comme jamais à leur publication, à informer le grand public de ces documents d’archives. Je pense que dans le travail scientifique et pratique du Conseil, ce thème occupera une grande place cette année et dans les mois à venir, et que tout le potentiel d’expertise et d’analyse du Conseil sera exploité pour que le dialogue à ce sujet ne soit pas politisé et laisse l’histoire aux historiens, empêche les tentatives de réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, ses résultats, ainsi que de jeter le discrédit sur les héros de la Grande Guerre patriotique, sur les libérateurs de l’Europe.

Sur ce, je voudrais terminer mon allocution et souhaiter de nouvelles réussites à ce collectif très bon et amical.


https://www.mid.ru/fr/foreign_policy/news/-/asset_publisher/cKNonkJE02Bw/content/id/4003236