3087 – Comment les USA créent des « pays de merde »

par Admin · Publié · Mis à jour

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Le journaliste Robert Fantina l’a lu pour nous.

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Entre interventions dites « humanitaires », coups d’État, révolutions colorées, manipulations et ingérences diverses, les USA contribuent en très grande partie aux malheurs de pays qu’on pourrait croire dus à leurs cultures « rétrogrades » ou à l’incurie et à la corruption de leurs dirigeants. Avec un nouveau recueil d’essais, une ancienne députée du Congrès des USA remet les pendules à l’heure.

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Un nouveau recueil d’essais choisis par l’ancienne députée américaine Cynthia McKinney démontre clairement que les États-Unis qui sont en grande partie responsables de la pauvreté et de la souffrance dans les pays dits « de merde » par Trump.

En deux ans, le monde s’est habitué à être choqué par les paroles et les actes du président américain Donald Trump.

En janvier de cette année, il a encore une fois démontré son manque de diplomatie, de tact et de décence commune quand il a qualifié des pays pauvres de « pays de merde » en demandant : « Pourquoi voudrions-nous que tous ces gens de pays de merde viennent ici ?”

L’ancienne membre de la Chambre des représentants Cynthia McKinney [Parti démocrate, NdT], dans le nouveau livre qu’elle a publié, How the US Creates Sh*thole’ Countries (Comment les USA créent des pays de merde, Clarity Press) a rassemblé une collection d’essais, dont un de sa main, qui démontre clairement que les États-Unis eux-mêmes sont largement responsables de la pauvreté et de la souffrance dans ces pays.

La première série d’essais décrit la politique étrangère des États-Unis et ses véritables buts.

Dans son essai intitulé The End of Washington’s ‘Wars on the Cheap’ (La fin des ‘guerres au rabais’ de Washington), le Saker résume comme suit la politique étrangère des États-Unis :

Voici le modèle d’action typique de l’Empire :

trouver un pays faible, le subvertir, l’accuser de violations des droits de l’homme, lui imposer des sanctions économiques, déclencher des émeutes et intervenir militairement pour « défendre » la « démocratie », la « liberté » et « l’autodétermination » (ou un autre ensemble de concepts tout aussi empreints de fausse piété et dénués de sens).

L’hypocrisie de cette politique est évidente.

Une nation faible et vulnérable est victime d’une nation beaucoup plus puissante.

Les États-Unis l’ont fait d’innombrables fois dans leur histoire, et le gouvernement actuel ne semble pas avoir envie de changer.

Cette introduction et cette explication de la politique étrangère des États-Unis sont suivies d’essais sur certains des pays – mais certainement pas tous – qui ont été victimes des États-Unis sur ce modèle. Comme McKinney le dit dans son essai, Somalie : La Somalie est-elle le modèle américain pour toute l’Afrique ?

« tout en vantant la liberté, la démocratie et la liberté, les États-Unis ont nié ces mêmes aspirations à d’autres, surtout lorsqu’elles dérangent les États-Unis ou leurs alliés.
Au Mozambique et en Angola, les États-Unis ont soutenu le Portugal jusqu’à ce que le peuple portugais, lui-même ait renversé son gouvernement et élu un gouvernement socialiste qui avait promis de libérer les colonies du Portugal. »

 

Dessin du Philadelphia Press en 1898, « 10 mille miles de pointe à pointe ».

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Dans son essai intitulé How the U.S. Perpetuates the Palestinian Tragedy (Comment les USA perpétuent la tragédie palestinienne), Sami Al-Arian écrit :

Il serait compréhensible, bien que détestable, qu’Israël et ses défenseurs sionistes fassent circuler de fausses interprétations de l’histoire et des racontars pour défendre leur programme politique.
 Mais il est incompréhensible, de fait répréhensible, que ceux qui prétendent défendre l’État de droit, croire au principe de l’autodétermination et en appeler à la liberté et à la justice, tombent dans le piège de cette propagande ou deviennent ses complices.
En suivant la rhétorique des dirigeants politiques américains ou la couverture médiatique du conflit, on est frappé par l’absence de contexte historique, la méconnaissance délibérée des faits et le mépris du droit. »

Les États-Unis conduisent ces distorsions, ses responsables proclamant, chaque fois qu’Israël bombarde Gaza, « qu’Israël a le droit de se défendre ».

  • Il n’est guère fait mention de l’occupation brutale et illégale et du blocus ;
  • il n’est jamais question du fait que la Palestine n’a ni armée, ni marine, ni force aérienne, et que l’armée israélienne est l’une des plus puissantes du monde grâce aux États-Unis.
  • Les innombrables résolutions des Nations-Unies condamnant les actions israéliennes en Palestine sont ignorées par les responsables américains.

Là aussi, l’hypocrisie américaine est très publique.

usa Christopher Black 9af6fa80-c450-4174-abb1-8fbdfcbb53ad_1509343413  Christopher Black

La troisième partie de cet ouvrage d’information décrit les efforts les plus réussis des États-Unis pour camoufler leurs intentions et leurs crimes internationaux. Christopher Black, dans son essai Western Imperialism and the Use of Propaganda (L’impérialisme occidental et l’usage de la propagande), explique clairement le processus :

« Le principal souci qu’ils [les représentants du gouvernement américain] ont, afin de préserver leur contrôle, est de préserver la nouvelle mythologie qu’ils ont créée : que le monde est un endroit dangereux, qu’ils en sont les protecteurs, que le danger est omniprésent, pérenne et omnidirectionnel, qu’il vient de l’extérieur ainsi que de l’intérieur.
Cette mythologie est construite et présentée par tous les médias : journaux, films, télévision, radio, musique, publicité, livres, Internet dans toute sa variété.
Tous les systèmes d’information disponibles sont mis à contribution pour créer et maintenir des scénarios destinés à convaincre les gens qu’eux, les protecteurs, sont les bons et tous les autres des méchants.

Nous sommes sans cesse bombardés par ce message. »

 

Illustration des propos de Christopher Black : un sondage américain parmi des centaines de ce type présente diverses problématiques, dont certaines dangereuses et d’autres pas, comme autant de « menaces » envers les USA. C’est-à-dire que tout, absolument tout, peut y être présenté comme « menaçant ». Une paranoïa omniprésente domine le discours public du pays, NdT.

Notre mémoire est défaillante, en effet, si nous avons oublié le président George W. Bush et son secrétaire d’État, Colin Powell, qui ont déclaré au monde, depuis les Nations-Unies, un mensonge flagrant selon lequel l’Irak possédait des armes de destruction massive qui menaçaient la civilisation. Et nous ne sommes pas assez attentifs si nous ignorons les nombreuses insinuations sur les « dangers » censément posés par tous les musulmans. Oui, le gouvernement joue sur les peurs en disant subtilement, ou pas si subtilement qu’il y a des dangers partout, et que c’est le rôle des puissants États-Unis de protéger le monde, que cette protection soit demandée ou non.
USA Cynthia-McKinney Cynthia McKinney a détenu six mandats sucessifs au Congrès des USA. Elle a été la première femme afro-américaine à représenter la Géorgie à la Chambre. Aujourd’hui, elle enseigne à l’université North South, au Bengladesh.

Enfin, les États-Unis eux-mêmes peuvent être décrits comme un pays « de merde ».

Richard-Falk-UN-rtr-img  Richard Falk 

Ses nombreuses violations du droit international et ses crimes contre l’humanité sont résumés par Richard Falk dans son essai The Sh*thole Phenomenon at Home and Abroad (Le phénomène du trou à rats à l’étranger et à la maison) :

Ce genre d’arrogance nationaliste a couvert et étouffe les crimes les plus graves commis dès les premiers peuplements :

génocide contre les Amérindiens, recours à la barbarie de l’esclavage pour instaurer une production rentable de coton et un mode de vie prétendument distingué dans les plantations du Sud.

Ce tableau national peu flatteur devrait être étendu pour y inclure

l’exploitation des ressources et de la bonne volonté des peuples d’Amérique latine qui, une fois libérés de la domination coloniale espagnole, se sont rapidement retrouvés victimes de la diplomatie de la canonnière américaine, qui a ouvert la voie à des investisseurs américains ou participé à écraser ceux qui ont eu le courage et la force de résister aux abus de leur terre natale ».

ONU Philip Alston. 181105103408-philip-alson-un-special-rapporteur-file-exlarge-169  Philip Alston.

Le dernier essai est le rapport officiel[1] du Rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme sur sa mission aux États-Unis d’Amérique, rédigé par Philip Alston. Alors que Trump dénonce les pays « de merde », les conditions misérables imposées par les États-Unis à ces pays ne sont pas inconnues aux États-Unis eux-mêmes. Quelques faits cités dans le rapport d’Alston suffiront :

  • L’immense richesse et l’expertise des États-Unis offrent un contraste choquant avec les conditions de vie d’un grand nombre de leurs citoyens.
    • Environ 40 millions de personnes vivent dans la pauvreté,
    • 18,5 millions dans l’extrême pauvreté
    • 5,3 millions dans les conditions de misère d’un pays du Tiers monde.
    • Ils ont le taux de pauvreté des jeunes le plus élevé de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les taux de mortalité infantile les plus élevés de tous les États à niveaux comparables de développement de l’OCDE.
    • Ses citoyens vivent moins longtemps et sont plus malades que ceux qui vivent dans toutes les autres démocraties riches, les maladies tropicales curables sont de plus en plus répandues,
    • ils ont le taux d’incarcération le plus élevé du monde,
    • l’un des taux d’inscription des électeurs les plus bas des pays de l’OCDE
    • les taux d’obésité les plus élevés du monde développé ».
  • « Les États-Unis ont le taux d’inégalités de revenu le plus élevé parmi les pays occidentaux. Les réductions d’impôts de 1,5 billions de dollars en décembre 2017 ont profité massivement aux riches et aggravé les inégalités. »
  • « Pendant près de cinq décennies, la réponse politique globale était au mieux négligente, mais les politiques menées au cours de l’année écoulée semblent délibérément conçues pour supprimer les protections de base des plus pauvres, punir ceux qui ne travaillent pas et faire des soins de santé de base un privilège à gagner plutôt qu’un droit des citoyens.

L’information contenue dans ces essais est rigoureusement documentée et accompagnée de notes de bas de page détaillées. La rédaction est claire et les faits sont présentés de façon concise, ce qui est bénéfique au lecteur moyen autant qu’à l’universitaire.

Pour tous ceux qui remettent en question les politiques américaines à l’intérieur ou à l’étranger, et qui sont peut-être devenus plus conscients de ces questions depuis l’élection de Trump, Comment les USA ont créé des pays de merde [2] est une lecture indispensable. [Nous en attendrons la traduction en français, NdT].

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Traduction et note d’introduction Entelekheia
Photo : Marché aux esclaves, Libye

[1] https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=22533

[2] https://www.claritypress.com/McKinneyIII.html


source/ http://www.entelekheia.fr/2018/11/25/comment-les-usa-creent-des-pays-de-merde/

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