1927 – Présidence Macron – En marche vers la dévaluation interne

1- Présidence Macron : En marche vers la dévaluation interne ( partie 1)

2-Présidence Macron : En marche vers la dévaluation interne : note complémentaire à la partie 1

3 – Présidence Macron: En marche vers la dévaluation interne (partie 2)

 

19 mai 2017 – Jean Claude Werrebrouck
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Présidence Macron : En marche vers la dévaluation interne ( partie 1)

En simplifiant les choses, on sait que la richesse produite annuellement par la France est inférieure à ce qu’elle dépense. Cela se manifeste par de la dette publique auprès de souscripteurs étrangers, et cela se manifeste par un déficit des échanges extérieurs. On retrouve là l’idée de « cigale » tant vilipendée : les Français disposent de revenus qui excédent ce qu’ils produisent et qu’ils dépensent sans se soucier des conséquences possibles. En refusant obstinément d’aller plus loin dans l’analyse, donc en se contentant de faits aussi bruts, comment ne pas faire rire le bon peuple au regard de ceux qui, taxés de keynésiens, évoquent la relance par l’accroissement de la demande sous l’égide de l’État ?

Concrètement, il faudrait par conséquent diminuer ces revenus excessifs afin qu’ils correspondent à la production. Et c’est bien ce que l’on véhicule à l’unisson : « nous n’avons plus les moyens de vivre comme l’on vit depuis si longtemps ».

On sait que ces revenus dits « excessifs » sont grossièrement des revenus du travail auxquels il faudrait ajouter les revenus du capital. Le capital étant plus mobile que le travail, il faut diminuer les revenus du travail, et surtout ne pas toucher à ceux d’un capital qui pourrait fuir et s’investir à l’étranger. De quoi produire encore moins et élargir le fossé qui fait de ces français de vraies cigales. On comprendra par conséquent que, jamais dans le « langage main Stream », on ne pourra dire que les revenus du capital sont excessifs.

Jadis, les cigales étaient sanctionnées par une baisse du taux de change : la dévaluation facilitait les productions nationales et amputait les revenus réels distribués par la hausse des prix des marchandises importées. Et, bien sûr, cette dévaluation intervenait lorsque les caisses étaient vides : il n’y a plus de devises acquises sur des exportations trop réduites pour payer des importations trop abondantes.

Aujourd’hui, ce mécanisme d’ajustement a largement disparu avec la complexification des échanges et surtout la disparition de l’outil « taux de change » résultant de l’implantation d’une monnaie unique au sein de l’Europe : on échange un euro allemand contre un euro français. Et tant que l’euro existe, il en sera toujours ainsi.

Le lecteur, même averti, pourrait se dire qu’au fond cette monnaie unique est un immense avantage puisque nous pouvons payer nos comportements de cigales en demandant aux banques et à la banque centrale d’émettre suffisamment de monnaie pour continuer la fête et remplir nos magasins de marchandises importées. Les allemands qui nous livrent certaines de ces marchandises veulent être payés en euros et cela tombe bien puisque nous les fabriquons. Hélas, il n’en est pas ainsi et les règles de la monnaie unique imposent une grande rigueur en matière de création monétaire. Il en résulte que faire la fête et inonder le pays d’importations passe par de la dette publique. Propos qui méritent une explication.

On comprend aisément que, globalement, les entreprises produisant sur le territoire n’aiment pas les cigales et menacent de délocaliser si les salariés exigent des rémunérations plus élevées que celles ayant cours dans d’autres pays.

  • Comment faire la fête sous la contrainte de salaires plus ou moins bloqués ?

Cela passe largement par de la dette publique et correspond concrètement aux parties du coût global du travail non payé par les entreprises.

Mais pour saisir cela il faut passer par Marx. Ce dernier, grand économiste, ne parlait pas de salaire et évoquait l’idée de «coût de la reproduction de la force de travail» laquelle est constituée, outre le salaire direct, de la totalité des dépenses annexes : formation des salariés, soins médicaux, entretien lors des phases inactives de la vie des salariés ( chômage, maladie, retraite), entretien des inaptes au travail (handicapés, accidentés) , etc.

Globalement, nous avons derrière ces éléments les immenses dépenses sociales de la France… qu’on ne peut financer en détruisant les capacités productives des entreprises par le biais de la prédation fiscale ( sinon fuite et encore moins de richesses produites).

Les entreprises n’acceptent que fort mal de supporter le coût de la reproduction de la force de travail ni par les charges sur les salaires ni par l’impôt. Elles demandent donc à l’État de s’en charger pour partie sans lui en donner les moyens…un État qui va s’acheminer vers des dépenses sociales en partie financées par de la dette.

Et donc, le chiffre d’affaires des magasins et des entreprises est ainsi partiellement la contrepartie d’une dette publique figurant dans des revenus qui ne correspondent à aucune production.

Ce comportement de cigale pourrait sans doute se pérenniser, mais il débouche sur de possibles crises financières d’une grande violence à l’instar de celle de 2008. Quant à nos amis allemands, ils n’acceptent pas d’être payés avec la planche à billets , mais ils ne peuvent non plus accepter d’être payés avec une dette continuellement croissante et vis-à-vis de laquelle la méfiance s’impose. Curieusement, les allemands se nourrissent des cigales sans lesquelles leur production resterait partiellement stockée dans les usines du pays… mais ils s’en méfient puisque de fait cela mène à des crises financières potentiellement de plus en plus dangereuses…

Ce petit raisonnement bien simple que l’on vient de mener, explique pourquoi nos amis allemands ne se soucient pas du déficit abyssal de nos échanges extérieurs, et qu’ils s’intéressent bien davantage à l’équilibre des finances publiques françaises pour lesquelles la solution des réformes structurelles touchant toutes le coût du travail apparaissent comme les véritables solutions…. à notre compétitivité…

Les allemands n’ont aucun intérêt à nous voir plus productifs et ainsi gêner un comportement de fourmi. Il n’existe aucun intérêt à multiplier le nombre de fourmis qui vont se faire concurrence. Ce qui intéresse les allemands c’est le dangereux déficit budgétaire français. Pour eux, l’équilibre budgétaire est une fin en soi. Pour nous, il est le moyen permettant une autre fin qui est la compétitivité.

Il serait temps de mettre en évidence l’ambiguïté des propos des dirigeants allemands repris par les médias. Lorsqu’ils parlent de réformes structurelles pour la France, il s’agit bien toujours de procéder à une dévaluation interne portant sur le seul coût du travail.

Mais cette dévaluation n’est que le moyen d’une fin qui est l’équilibre des comptes publics, un équilibre qui sécurise un système financier et donc une monnaie qui est elle-même le moyen le plus sûr de pérenniser l’énorme excédent des échanges extérieurs allemands, et donc un mercantilisme assurant un relatif plein emploi….en Allemagne…

Dans le cadre d’une double propagande massive de soutien au candidat Macron et de décrédibilisation des candidatures souverainistes, les dirigeants allemands ont procédé et continueront de procéder à un calcul coût/avantage au terme duquel il leur faut accepter le risque, à moyen terme, d’une meilleure compétitivité de la France pour sécuriser, au moins à court terme, le dispositif monétaire et financier propre à la zone euro.

L’Europe ne se construit avec l’Allemagne que sur la seule base des intérêts allemands. De ce point de vue, le nouveau président français, en procédant aux futures réformes structurelles qualifiées d’indispensables à la France, sera amené à devenir président comprador.

Il est  pourtant des réformes structurelles plus avantageuses : celle de la dévaluation externe que nous examinerons dans un prochain billet en la comparant à la dévaluation interne.


http://www.lacrisedesannees2010.com/2017/05/en-simplifiant-les-choses-on-sait-que-la-richesse-produite-annuellement-par-la-france-est-inferieure-a-ce-qu-elle-depense-cela-se-ma


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22 mai 2017

Présidence Macron : En marche vers la dévaluation interne : note complémentaire à la partie 1

Depuis la publication du billet, de nombreux lecteurs sont intervenus pour le critiquer et en améliorer son contenu.

Une première série de critiques concerne les prélèvements fiscaux auxquels les entreprises françaises sont assujetties dans des proportions bien plus grandes que dans la moyenne de la zone euro (18% du PIB contre 11% dans le reste de la zone). Un tel écart entraine aussi des taux de marge en France beaucoup plus faibles (32% contre 43% dans le reste de la zone) avec bien évidemment des conséquences sur l’investissement. Ces différences sont à examiner de près.

En premier lieu, les prélèvements en pourcentages sont d’autant plus élevés que la production est plus faible.

Si le PIB français était plus élevé, à besoins de prélèvements fiscaux identiques en masse, le taux de prélèvement serait plus faible.

Inversement, comme la croissance allemande est devenue structurellement plus élevée, on comprend que, cette année, la pression fiscale allemande va continuer de baisser ce qui va aggraver l’écart entre les deux pays.

Ce qui compte, dans cette affaire de pourcentage de prélèvement, est autant le numérateur (masse prélevée) que le dénominateur (PIB). Ajoutons par ailleurs que la masse prélevée doit logiquement diminuer si le PIB est plus élevé en raison de besoins sociaux moindres ( moins de chômage, moins d’exclus, etc.) De fait la continuelle montée des prélèvements obligatoires en France est largement due à l’insuffisance de la croissance. Et si les prélèvements allemands commencent à diminuer c’est en raison d’une conjoncture de croissance plus élevée.

En second lieu, le poids des prélèvements résulte aussi du mode de gestion du coût de la reproduction de la force de travail.

En France, le salarié reçoit le prix de sa reproduction immédiate : de quoi se nourrir, se loger, etc, en achetant directement sur le marché les biens et services nécessaires à la reproduction de la vie. Par contre, les coûts indirects de la reproduction de la vie : allocations familiales, chômage, maladie , vieillesse, etc. sont quasi entièrement socialisés et passent très majoritairement par la machinerie de la puissance publique.

Depuis très longtemps mais surtout depuis la crise, ce coût est payé par les entreprises (prélèvements fiscaux et sociaux) et par de la dette émise par l’Agence France Trésor et par la CADES.

Dans beaucoup d’autres pays de la zone, les salariés reçoivent davantage que le prix de la reproduction immédiate de la vie. A ce titre, au-delà de l’achat classique de biens et de services, ils doivent se livrer à l’achat moins classique de la reproduction de la vie lorsque les dits salariés sont malades, sont âgés, etc.

Si donc, il existe une grande différence dans le niveau de prélèvements publics obligatoires cela résulte de ces 2 causes : production davantage bloquée en France et mode spécifique des modalités concrètes de gestion du coût de la reproduction de la force de travail.

Parce que dans l’idéologie macronienne ce sont les prélèvements publics obligatoires qui expliquent la faiblesse de la production, il faut les diminuer en affaissant globalement les charges indirectes liées à la reproduction de la force de travail.

Comme il est difficile de s’attaquer au salaire direct en raison des rigidités du marché du travail, ( difficile de supprimer les conventions collectives, les contrats à durée indéterminées, etc) , on s’attaque aux retraites, à la sécurité sociale, la valeur des logements etc.

La seconde série de critiques concerne la dette elle-même. C’est bien la dette publique de la France -et bien sûr toutes les autres dettes publiques- qui, nourrissant les soi-disant cigales…,nourrissent en retour des entreprises allemandes produisant beaucoup plus que les débouchés nationaux du pays.

Sans ces dettes, les salariés français ne pourraient pas acheter les marchandises allemandes.

La dette publique est donc bien ce qui permet d’équilibrer un monde fort mal organisé[JCW1] où les excédents et déficits commerciaux ne sont en aucune façon pris en considération.

Mais cette fort mauvaise organisation nourrit magnifiquement la finance puisque plus de dettes c’est aussi plus de rente, avec par exemple 41 milliards d’intérêts pour le budget français de 2017 pour un déficit global de 67 milliards.

Un monde mieux organisé est ce que nous tenterons d’examiner dans la seconde partie du billet. Toutefois il est clair que la rente sur la dette publique n’est en aucune façon justifiée par des lois générales universelles et intemporelles.

L’histoire nous apprend qu’il n’en fut pas toujours ainsi, ce qui nous permet de renvoyer le lecteur vers un livre très éclairant et trop méconnu[1]. Maintenant la théorie « Néochartalienne » de la monnaie confirme l’histoire, ce qui nous renvoie à d’autres publications[2]. Enfin le simple bon sens débouche sur l’étonnement : comment se fait-il que les Etats acceptent de payer un loyer sur leur propre monnaie ?

Pour comprendre ce qui est une évidence masquée, prenons une image :

le lecteur connait-il un univers où il serait juridiquement interdit au propriétaire d’un verger d’en récolter les fruits et où , dans le même temps, il lui serait assignée l’obligation d’acheter les fruits d’un propriétaire voisin ?
Il est bien clair que dans un monde remis sur ses pieds ce serait sur injonction du Trésor, et bien sûr sous contrôle démocratique, à la banque centrale d’émettre de la monnaie , une monnaie non artificiellement appuyée sur une dette.

[1] « L’ordre de la dette- enquête sur les infortunes de l’Etat et la prospérité des marchés » ; Benjamin Lemoine ; La découverte ; 2016.

[2] Nous renvoyons ici à l’excellent blog du trop vite disparu jean-baptiste Bersac et à ses nombreux billet et ouvrage. https://frappermonnaie.wordpress.com/


http://www.lacrisedesannees2010.com/2017/05/presidence-macron-en-marche-vers-la-devaluation-interne-note-complementaire-a-la-partie-1.html


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8 juin 2017

Présidence Macron: En marche vers la dévaluation interne (partie 2)

Dans la première partie de notre billet concernant la politique macroéconomique du nouveau Président, nous avons montré que l’Allemagne se souciait davantage de l’équilibre des finances publiques françaises que d’une compétitivité qui viendrait contrecarrer l’énorme excédent extérieur allemand.

Le Gouvernement allemand peut d’ailleurs se féliciter d’un président français qui ne conçoit aucun rapprochement avec un président américain qui est, lui, bien déterminé –s’il reste au pouvoir- à mettre fin au mercantilisme allemand.
  • Nous avons aussi montré que cet équilibre des finances publiques passait par une forte réduction des dépenses correspondant aux modalités très françaises du coût de la reproduction de la force de travail.

 

  • Nous avons enfin montrer que la dévaluation interne supposée porteuse d’une amélioration de la compétitivité passe par cette baisse des salaires, laquelle n’est pas à financer, et non par une baisse de la pression fiscale sur les entreprises qui elle devrait être financée. Un argument qui rejoint bien le discours traditionnels des dirigeants allemands sur la France.
Dans ce billet, nous irons plus loin en évoquant les conséquences de la nouvelle politique macronienne en prenant pour point de départ, la baisse organisée de ce coût qu’on appelle plus volontiers « dévaluation interne » et dans le langage bruxellois ou berlinois « réformes structurelles ».
  • Supposons une demande interne composée de consommation (50) et d’investissements (10).
  • Supposons une demande externe qui n’est autre que les exportations (10).
  • Supposons enfin des importations (20).
  • On en déduit une demande interne (50+ 10 ) qui, additionnée à la demande externe nette (-10), sera égale au PIB (50).

L’économie considérée n’est pas compétitive puisque sa balance extérieure est déficitaire.

  • Le prix à payer est évidemment un fort chômage et dans le cas français -le pays des cigales selon l’idéologie dominante- des agents qui ne produisent pas et qui néanmoins consomment, le tout étant financé par de la dette.
  • Une façon de la rendre compétitive serait de procéder à une dévaluation, proposition impossible en régime de monnaie unique.

Dans quelle mesure la dévaluation interne peut se substituer à une opération monétaire que l’euro rend impossible ?

La baisse des dépenses correspondant au coût de la reproduction de la force de travail (augmentation de la durée du travail, réduction des aides au chômage, réduction du coût de licenciement, baisse directe ou indirecte des retraites, etc.) entraîne mécaniquement une baisse du pouvoir d’achat et donc de la consommation. Cette baisse est néanmoins contrariée par une baisse probable des prix correspondant aux effets complexes de la baisse de la demande globale et de la diminution des coûts pour les entreprises dont les charges salariales sont allégées. Il est aussi à observer que cet allégement correspond aussi à une amélioration des marges des entreprises et donc un taux de profit en hausse.

Quels sont les effets de ces phénomènes sur les demandes interne et externe et finalement sur la compétitivité ?

La situation du pays connaissant ce processus de dévaluation interne sera améliorée si la diminution attendue de la demande interne est surcompensée par une hausse importante de la demande externe.

Sans cette surcompensation, il y aurait recul ou simple maintien du PIB.

  1. Dans la première hypothèse, le niveau de chômage augmenterait.
  2. Dans la seconde, il ne pourrait se réduire que sur la base d’emplois dégradés.

Le succès de la dévaluation interne serait d’autant plus grand que la surcompensation serait forte matérialisant ainsi une croissance élevée du PIB.

Examinons le jeu de la dévaluation interne.

Supposons une baisse de 20% de la rémunération globale qui nous ramène globalement à une consommation de 40 et toutes choses égales par ailleurs à une demande interne de 50.

  • Ce n’est que si la demande externe nette devient positive qu’il y a croissance et équilibre extérieur.

Supposons une baisse des importations à un rythme supérieur à celui de la consommation (leurs prix relatifs augmentent dans un contexte de pouvoir d’achat déclinant), par exemple une baisse de 30%, soit 6 unités.

  • Comme les prix baissent moins rapidement que les rémunérations, le retour à l’équilibre extérieur suppose une augmentation des exportations de 4 unités (6+4=10), soit 40% de hausse.

Cela correspond à une élasticité/prix des exportations anormalement élevée. Par exemple, si les prix ne diminuent que de 10% nous aboutissons à une élasticité supérieure à 4 pour rétablir l’équilibre, ce qui est concrètement très irréaliste puisque l’élasticité empiriquement constatée tourne autour de l’unité.

Plus brutalement, cela signifierait dans notre exemple, avec l’élasticité empiriquement vérifiée, des exportations en hausse de 10%, soit un montant de 11 unités, ce qui se traduit par une baisse du PIB lequel passe de 50 à 47 unités ( 40 de consommation+ 10 d’investissement supposé inchangé+ 11 d’exportations – 14 d’importations).

Le bilan est donc désastreux :

  • baisse du PIB et hausse très probable du chômage,
  • chute très importante du revenu et du bien-être et maintien d’un relatif déséquilibre extérieur (-3).

Certes, notre raisonnement pourrait être critiqué en ce qu’il suppose un simple maintien de l’investissement alors même que les marges augmentent.

Simplement, l’investissement repose sur une anticipation de la demande qui est ici déclinante. Il n’y a donc pas lieu d’imaginer -en dévaluation interne – une relance des investissements, ce qui est concrètement vérifié à l’échelle de l’ensemble de la zone euro.

Bien évidemment, on pourrait se dire que les « réformes structurelles » adoptées ne sont pas suffisantes et qu’il faut aller plus loin. C’est évidemment ce que prévoit le prochain gouvernement au travers de toute une série de mesures :

 

  • Ainsi celle d’une baisse de pouvoir d’achatse matérialisant par un basculement de plus en plus important du financement de la protection sociale qui est, rappelons-le, partie du coût de la reproduction de la force de travail, par l’impôt. De quoi augmenter les marges des entreprises tout en réduisant la demande globale de ceux qui paieront une CSG plus lourde.
  • Ainsi celle d’une baisse de prix des services en attaquant plus brutalement les professions réglementées et en les soumettant à davantage de concurrence.
  • Ainsi celle d’une baisse de coût du logement dont on sait qu’il fait partie de ces dépenses incompressibles qui maintiennent à un niveau plus élevé le coût de la reproduction de la force de travail française par rapport à d’autres pays, dont l’Allemagne, qui bénéficient d’un coût du logement plus modéré.

 

On pourrait multiplier les exemples et le prochain gouvernement sera probablement très inventif. Pour autant, les baisses de prix qui s’en suivront, correspondront aussi à des diminutions de revenus et donc des diminutions de la demande globale.

  • Clairement les professions de santé, du droit, de l’immobilier, des services en général, etc. attaquées dans leurs revenus se mettront aussi à moins dépenser très exactement comme les salariés traditionnels du monde manufacturier.
  • On pourra même assister à de véritables contradictions avec un coût du logement que l’on veut réduire, mais un bâti que l’on voudra taxer davantage en raison de son impossible délocalisation…les briques sont un vecteur de médiocre qualité dans la tourbillonnante libre circulation du capital en quête de paradis fiscaux.

    Bien sûr on pourrait imaginer une politique industrielle toute entière tournée vers la conquête d’une grande élasticité des exportations.

    • On pourrait, par exemple, mobiliser les marges nouvelles des entreprises pour investir, innover, se lancer dans une montée en gamme de la production, etc.
    • Outre le fait que l’investissement suppose une demande préalable que la dévaluation interne fait disparaitre, il faut aussi savoir qu’une telle politique ne fait pas augmenter mais au contraire, fait baisser les élasticités et de fait, bloque une forte hausse de la demande externe.
    • Partout dans le monde on constate que la montée en gamme correspond plutôt à une baisse des élasticités. C’est évidemment le cas de l’Allemagne dont les exportations sont insensibles aux prix.

    La stratégie de dévaluation interne est hélas une voie sans issue, celle qui mène à une ruine collective. Et, ruine collective il y a pour tous les agents in-susceptibles de surfer sur la mondialisation donc pour tous les agents intérieurs :

    • disparition de la croissance avec une demande externe incapable de compenser la chute de la demande interne,
    • augmentation du chômage,
    • investissement bloqué et disparition des gains de productivité,
    • baisse des revenus directs et/ou indirects,
    • forte érosion des états-providences,
    • très difficile limitation des déficits publics et extérieurs,
    • contestation croissante du vivre ensemble

    et, au final, impuissance publique débouchant sur de possibles aventures…

    Faut-il donc envisager le retour de l’arme du taux de change ?

    La réponse n’est pas évidente dans ce contexte général d’élasticités faibles. Pour autant nous verrons prochainement que cette faiblesse n’a pas toujours été le cas et qu’elle est le triste héritage que l’euro nous laissera après sa disparition.

    L’euro, pièce majeure de l’ensemble des autoroutes du marché unique et de la mondialisation, continuera de faire mal longtemps après sa mort.

    L’euro vivant nous a entrainés dans une impasse grandissante dans laquelle le gouvernement Macron voudra nous enfermer davantage dès la fin de cet été.

    • Mais si son inévitable échec aboutit à une explosion et à une réelle prise de conscience, l’efficacité du retour à l’arme politique du taux de change et donc la construction d’un nouvel ordre monétaire, sera un dossier très difficile à gérer.

A suivre….


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