159- Etude sur le peuplement Européen-ADN depuis 5000 ans

Origine, répartition, âge et relation ethnique des haplogroupes européens

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Index
Introduction
Haplogroupes Y-ADN

Haplogroupes ADNmt

Références
Liens utiles
Suivi

Dernière mise à jour de la version française en septembre 2013 (A, C, G2a, I2, J2, L, Q, R1a, R1b, T + toutes les cartes) pour la section ADN-Y et février 2010 pour la section ADNmt.
Ce site utilise la désignation neutre d’Ère commune (EC ou AEC) pour les dates.


 

Source de cette étude : http://www.eupedia.com/europe/origines_haplogroupes_europe.shtml


 

Introduction

Des études sur l’ADN ont permis de catégoriser tous les êtres humains sur Terre en une série de groupes généalogiques descendants d’un ancêtre commun à un moment de la préhistoire. On appelle ces catégories des haplogroupes. Il y a deux sortes d’haplogroupes :

  1. les haplogroupes définissant le chromosome Y (Y-ADN) hérité de père en fils,
  2. et ceux de l’ADN mitochondrial (ADN mt), toujours hérité par la mère.

Le premier renseigne donc sur les ancêtres de la lignée agnatique (ou patrilinéaire), et la seconde sur la lignée cognatique (or matrilinéaire).

Les haplogroupes Y-ADN sont également utiles pour déterminer si deux individus apparemment non apparentés mais portant le même nom de famille descendent bel et bien d’un même ancêtre dans un passé pas trop lointain (3 à 20 générations). Pour le savoir, on compare les haplotypes des marqueurs STR. Les tests de SNP quand à eux permettent de retracer ses origines ancestrales beaucoup plus lointaines, et d’identifier le groupe ethnique antique auquel nos ancêtres appartenaient (par exemple celtique, germanique, slave, gréco-romain, basque, ibérien, phénicien, juif, etc.).

En Europe, les haplogroupes ADN mt sont répartis de manière relativement homogène sur le continent, et par conséquent ne peuvent pas être associés avec un groupe ethnique de l’Antiquité. Cependant, ils peuvent parfois révéler certains problèmes de santé potentielles (voir maladies associées avec des mutations de l’ADN mitonchondrial). Certains sous-groupes ADN mt sont associés avec une ascendance d’origine juive. C’est notamment le cas des sous-groupes K1a1b1a, K1a9,d K2a2a et N1b.

Le saviez-vous ?
  • Les nucléotides sont l’alphabet de l’ADN. Il y en a quatre : l’adénine (A), la thymine (T), la guanine (G) et la cytosine (C). Elles vont toujours par paires, A avec T, et G avec C. Ces paires sont appelées « paires de base ».
  • Les 46 chromosomes de l’ADN humain sont composés de 3 milliards de paires de base au total.
  • Le chromosome Y possède 60 millions de paires de base, contre 153 millions pour le chromosome X.
  • L’ADN mitochondrial se trouve en dehors du noyau de la cellule, et par conséquent hors des chromosomes. Elle est constituée de seulement 16,569 paires de base.
  • Un SNP (single nucléotide polymorphisme) est une mutation d’une seule paire de base. A l’heure actuelle, seuls quelques centaines de SNP’s définissent tous les haplogroupes humains pour l’ADN mt ou l’Y-ADN.

Haplogroupes du chomosome Y

Développement chronologique des haplogroupes Y-ADN

Développement chronologique des haplogroupes Y-ADN européen

  • K => il y a 40.000 ans (est probablement apparu en Iran du nord)
  • T => il y a 30.000 ans (autour de la Mer Rouge)
  • J => 30.000 ans (au Moyen Orient)
  • R => 28.000 ans (en Asie centrale)
  • E1b1b => 26.000 ans (en Afrique du Sud)
  • I => 25.000 ans (dans les Balkans)
  • E-M78 => 18.000 ans (dans le nord-est de l’Afrique)
  • R1b => 18.000 ans (dans le nord-ouest de l’Asie)
  • R1a => 17.000 ans (dans le sud de l’Asie centrale)
  • G => 17.000 ans (entre le Caucase et l’Inde)
  • I2 => 17.000 ans (dans les Balkans)
  • J2 => 15.000 ans (dans le nord de la Mesopotamie)
  • I2b => 13.000 ans (en Europe centrale)
  • R1a1 => 12.000 ans (au nord de la Mer noire)
  • N1c1 => 12.000 ans (en Siberie)
  • I2a => 11.000 ans (dans les Balkans)
  • R1b1b2 => 10.000 ans (dans les steppes eurasiennes)
  • J1 => 10.000 ans (dans la peninsule arabe)
  • E-V13 => 10.000 ans (dans les Balkans)
  • I2b1 => 9.000 ans (en Allemagne)
  • I2a1 => 8.000 ans (in Sardaigne)
  • I2a2 => 7.500 ans (dans les Alpes dinariques)
  • E-M81 => 5.500 ans (au Maghreb)
  • I1 => 5.000 ans (en Scandinavie)
  • R1b-L21 => 4.000 ans (dans le sud de l’Allemagne)
  • R1b-S28 => 3.500 ans (dans le sud de l’Allemagne)
  • R1b-S21 => 3.000 ans (en Frise)
  • I2b1a => il y a moins de 3.000 ans (en Grande-Bretagne)

Carte des cultures néolithiques d’Europe il y a environ 4.500 à 5.000 ans

http://www.eupedia.com/images/content/Europe_2500BCE.swf => Plus de cartes des expansions du Néolithique et de l’Âge du bronze

Haplogroupes européens

Haplogroupe R1b

Article principal : Haplogroupe R1b

Répartition de l’haplogroupe R1b en Europe

Répartition de l'haplogroupe R1b en Europe

R1b est l’haplogroupe le plus courant en Europe occidentale, atteignant plus de 80 % des lignées paternelles en Irlande, dans les Highlands d’Écosse, au Pays de Galles, la frange atlantique de la France, au Pays Basque et en Catalogne. R1b est également fréquent en Anatolie et dans le Caucase, dans certains régions de Russie, ainsi qu’en Asie centrale et du sud. En dehors des côtes atlantique et de la mer du nord en Europe, points culminants comprennent la vallée du Pô dans le du centre-nord de l’Italie (jusqu’à 70 %), l’Arménie (35 %), les Bachkirs de l’Oural en Russie (50 %), le Turkménistan (plus de 35 %), la population Hazara d’Afghanistan (35 %), les Ouïghours du nord-ouest de la Chine (20 %) et les Newars du Népal (11 %). R1b-V88, une sous-clade spécifique au Proche Orient et à l’Afrique subsaharienne, se retrouve chez 60 à 95 % des hommes au nord du Cameroun.

Des origines anatoliennes ou caucasienne ?

Les origines paléolithique de R1b ne sont pas tout à fait claires à ce jour. Certaines des plus anciennes formes de R1b se retrouvent autour du Caucase, en Iran et en Asie centrale du sud, une vaste région qui aurait pu faire partie du territoire des chasseurs-cueilleurs nomades R1b au cours de la période glaciaire. Les haplogroupes R1* et R2* pourraient avoir vu le jour en Asie centrale du sud (entre la dépression de la mer Caspienne et de l’Hindou Kouch). Une branche de R1 aurait évoluée en R1b puis R1b1 et R1b1a dans la partie nord du Moyen Orient au moment du Dernier Maximum Glaciaire (il y a environ 20.000 ans), tandis que R1a aurait migré vers le nord jusqu’en Russie et en Sibérie. R1b1a se serait probablement installé à l’est et au nord de l’Anatolie et à travers le Caucase durant le néolithique, où il se serait divisé en deux lignées principales: R1b1a1 (M73) et R1b1a2 (M269). Les lignées du Proche-Orient devirent R1b1c (V88) et se trouve de nos jours à faible fréquence chez les Libanais, les Druzes et les Juifs. Les Phéniciens (qui provenaient du Liban actuel) disséminèrent cet R1b1c dans leurs colonies, notamment en Sardaigne et au Maghreb.

R1b1a2 (la forme la plus courante en Europe) et R1b1a1 sont étroitement liés à la prolifération des langues indo-européennes, comme l’atteste leur présence dans toutes les régions du monde où les langues indo-européennes ont été parlées dans l’antiquité, de la côte Atlantique de l’Europe jusqu’au sous-continent indien, incluant presque toute l’Europe (sauf la Finlande et de la Bosnie-Herzégovine), l’Anatolie, l’Arménie, la Russie, la Sibérie méridionale, ainsi que de nombreuses enclaves autour de l’Asie centrale (notamment le Xinjiang, le Turkménistan, le Tadjikistan et l’Afghanistan), sans oublier l’Iran, le Pakistan, l’Inde et le Népal. L’histoire de R1a et de R1b sont intimement liées l’une avec l’autre.

La steppe pontique & les Indo-Européens

Les linguistes modernes ont placé la région d’origine des Proto-Indo-Européens dans la steppe pontique, une région géographique et archéologique distincte qui s’étend de l’estuaire du Danube jusqu’à l’Oural vers l’est, et au Caucase du nord vers le sud. Les cultures néolithique (nouvel âge de pierre), énéolithique (âge du cuivre) et de l’âge du Bronze de la steppe pontique ont été appelé culture kourgane (7000-2200 AEC) par Marija Gimbutas, en raison de la pratique durable d’enterrer les morts sous des tumulus (« kourgane ») durant la succession de cultures dans cette région. On sait maintenant que les sépultures de type kourganne datent seulement du 4ème millénaire avant notre ère et tirent presque certainement leur origine du sud du Caucase, peut-être dans la partie septentrionale du Croissant fertile.

Les chevaux furent domestiqués pour la première fois par l’homme vers 4600 avant notre ère dans la steppe de la mer Caspienne, peut-être quelque part autour du Don ou de la Volga inférieure. Ils devirent rapidement un élément caractéristique de la culture de la steppe. Néanmoins, il est peu probable que les hommes R1b vivaient déjà dans les steppes orientales à cette époque, et le cas échéant la domestication du cheval devrait être attribuée à la population R1a autochtone.

Il n’est pas encore tout à fait clair quand R1b est arrivé de l’est de l’Anatolie à la steppe pontique. Cela aurait pu se produire pendant ou juste après le néolithique, ou les deux. La diversité génétique de R1b étant plus forte autour du Caucase, il est difficile de nier que R1b a évolué dans cette région avant d’entrer dans le monde de la steppe. Il est possible qu’une première migration de R1b d’Anatolie au cours du 5ème ou même du 6ème millénaire avant notre ère ait introduit des moutons dans la steppe, un animal dont la laine allait jouer un rôle important dans les traditions vestimentaires celtes et germaniques (les branches R1b des Indo-Européens) jusqu’à ce jour. Une autre migration transcaucasienne a dû se passer peu avant 3700 AEC, lorsque la culture de Maykop, la première société au monde entrant dans l’âge du Bronze, est apparue soudainement dans le nord-ouest du Caucase. Les origines de Maykop sont encore incertaines, mais les archéologues l’ont liée aux cultures chalcolithiques contemporaines en Assyrie et en Iran occidental. Les vestiges archéologiques montrent également une diffusion claire d’objects en bronze et de sépultures de type kourganne à partit de la culture de Maykop vers la steppe pontique, où la culture Yamna s’est développé peu de temps après (à partir de 3500 AEC). Les sépultures kourganne (alias tumulus) deviendront une composante dominante des sociétés indo-européennes antiques et furent largement utilisés par les Celtes, les Romains, les Germains et les Scythes, parmi d’autres.

La période de Yamna (3500-2500 avant notre ère) a joué le rôle le plus important dans la création de la culture et de la société indo-européenne. A l’aube de l’ère Yamna, les hommes R1b du Moyen-Orient avaient vécu côte-à-côte et s’étaient mélangés dans une certaine mesure avec les chasseurs et les éleveurs locaux R1a pendant plus d’un millénaire, peut-être même deux ou trois. Les contacts culturels étroits et les interactions entre populations R1a et R1b dans la steppe pontique ont abouti à la création d’une langue vernaculaire commune, une nouvelle lingua franca, que les linguistes ont appelé le proto-indo-européen (PIE). Il est inutile d’essayer d’attribuer une autre région d’origine à la langue PIE. Des similitudes linguistiques existent entre le proto-indo-européen et les langues caucasienne et hourrite du Moyen Orient d’une part, et les langues ouraliennes de la région Volga-Oural d’autre part, ce qui fait de la steppe pontique la région intermédiaire parfaite.

Pendant la période de Yamna, les éleveurs de bovins et d’ovins ont adopté des wagons pour le transport de leur nourriture et leurs tentes, ce qui leur a permis d’avancer plus profondément dans la steppe, donnant naissance à un nouveau style de vie mobile qui conduirait à terme à la grande migration indo-européenne. Ce type de migration de masse où des tribus entières se déplaçaient à l’aide de wagons était encore courant en Gaule à l’époque de Jules César, et parmi les peuples germaniques à la fin de l’Antiquité.

L’horizon archéologique de Yamna n’était pas une culture unique et unifiée. Dans le sud, le long de la rive nord de la mer Noire jusqu’au Caucase du nord-ouest, une région de steppe ouverte s’étendait vers l’est jusqu’à la mer Caspienne, la Sibérie et la Mongolie (la grande steppe eurasienne). La partie occidentale, entre les fleuves Don et Dniestr (et plus tard jusqu’au Danube), fut la plus densément peuplée par les peuplades R1b, et ne possédait qu’une minorité de lignages R1a (5-10 %). La section orientale, dans le bassin de la Volga jusqu’à l’Oural, était habitée par un majorité de R1a avec une minorité substantielle de R1b (dont les descendants se trouvent de nos jours entre autres parmi les Bachkirs, Turkmens, Ouïghours et Hazaras). La partie nord de l’horizon Yamna était constituée de steppe boisée occupée par des tribus essentiellement R1a, mais également accompagnés d’une petite minorité de R1b (sur base des Russes et Belarusses modernes, R1b était de sept à neuf fois inférieur à R1a). La branche occidentale allait envahir les Balkans et les Grèce, puis l’Europe centrale et occidentale, et à nouveau leur Anatolie ancestrale en plusieurs vagues successives (Hittites, Phyrgiens, Arméniens, etc.). La branche orientale migra vers l’Asie centrale, la Sibérie, le Xinjiang, et en Asie du sud (Iran, Pakistan, Inde). La branche nord devint la culture de la céramique cordée et se propagea jusqu’aux pays baltes, en Pologne, en Allemagne et en Scandinavie.

La culture de Maïkop, le lien entre R1b et la steppe ?

La culture de MaÏkop (ou Maykop, 3700-2500 avant notre ère) dans le nord-ouest du Caucase a été culturellement parlant une sorte de prolongement méridional de la culture Yamna. Bien que n’étant généralement pas considérée comme faisant partie de la culture de la steppe pontique en raison de sa position géographique, le Caucase du Nord avait des liens étroits avec les steppes, comme l’attestent de nombreuses céramiques, des objets en or, des armes en cuivre et en bronze, ou encore des bijoux des cultures contemporaines de Mikhaïlovka, Sredny Stog et Kemi Oba. Le lien entre la côte nord de la mer Noire et le Caucase du nord est plus ancien que la période de Maykop. Son prédécesseur, la culture de Svobodnoe (4400-3700 AEC), avait déjà des liens avec la culture de Suvorovo-Novodanilovka et les premières phases de Sredny Stog. L’encore plus ancienne colonie de Naltchik (5000-4500 AEC) dans le Nord Caucase possèdait une culture similaire à celle de Khvalynsk sur la Volga. Il s’agit sans doute la période pendant laquelle R1b commença à interragir et à se mélanger avec les peuplades R1a des steppes.

Les peuples de Yamna et de Maïkop utilisaient tous deux des sépultures kourgannes, plaçant leurs morts dans une position couchée en positionnant les genoux de manière surélevée et orientés dans un axe nord-est/sud-ouest. Les tombes étaient saupoudrées d’ocre rouge sur le sol et des animaux domestiques sacrifiés étaient enterrés à côté des humains. Ces deux cultures avaient également en commun l’équitation, les wagons, une économie axée sur les bovins et les ovins, l’utilisation de haches en cuivre/bronze (haches-marteaux et haches à manches) et poignards avec soie. En fait, les wagons et les objets de bronze les plus anciens ont été retrouvés dans le Caucase du Nord et semblent s’être propagés de là aux steppes.

Maïkop était une culture avancée de l’âge du Bronze, en fait l’une des toutes premières à développer le travail des métaux et donc les armes en métal. L’épée la plus ancienne jamais trouvée dans le monde provient d’une tombe tardive de Maïkop dite du « kourgane Klady 31 ». Son style est réminiscent des longues épées celtiques, bien que moins élaboré. Des ossements de chevaux et des représentations équestres apparaissent déjà dans des tombes les plus anciennes de Maïkop, ce qui suggère que la culture de Maïkop pourrait avoir été fondée par des gens de la steppe ou par des gens qui avaient des liens étroits avec eux. Toutefois, la présence d’éléments culturels radicalement différents de la culture des steppes sur certains sites pourrait signifier que Maïkop avait une population hybride. Sans test ADN il est impossible de dire si ces deux populations appartenaient à un groupe R1b anatolienne et un groupe G2a caucasien ou si des lignées R1a s’y installèrent également. Les deux ou trois groupes ethniques pourrait même avoir cohabité côte à côte dans différents villages. La seule lignée paternelle typiquement caucasienne qui ait une répartition géographique similaire à celle des migrations indo-européennes est G2a3b1, qui se retrouve dans toute l’Europe, l’Asie centrale et l’Asie du sud. Dans les Balkans, le bassin du Danube et en Europe centrale sa fréquence est relativement proportionnelle au pourcentage de R1b.

La population de Maïkop est responsable de l’introduction dans le steppe de véhicules à roues primitifs (wagons) en provenance de Mésopotamie. Cela allait révolutionner le mode de vie dans la steppe et allait plus tard mené à l’élaboration de chars (à chevaux) de guerre, vers l’an 2000 avant notre ère. La cavalerie et les chars ont joué un rôle vital dans les migrations indo-européennes subséquentes, ce qui leur permit de se déplacer rapidement et vaincre facilement presque n’importe qui ils rencontraient. Combinés avec les armes de bronze et leur culture axée sur la mer, la branche occidentale (R1b) des Indo-Européens, basée sur les rivages de la mer noire, sont d’excellents candidats pour être le mystérieux Peuples de la mer, qui attaquèrent la rive orientale de la Méditerranée au cours du deuxième millénaire avant notre ère.

La montée en puissance des Hittites (locuteurs d’une langue indo-européenne) en Anatolie centrale s’est passé quelques siècles seulement après la disparition des cultures de Maïkop et de Yamna. En prenant en considération le fait que la plupart des formes de R1b indo-européennes qui se trouvent en Anatolie aujourd’hui appartiennent à la sous-clade R1b-Z2103, il fait peu de doute que les Hittites sont arrivés en Anatolie via les Balkans, après que les peuplades de Yamna et Maïkop aient envahi le sud-est de l’Europe. Les cultures de Maïkop et Yamna ont été remplacés par la culture de Srubna (1600-1200 avant notre ère), représentant possiblement une avancée des tribus R1a depuis le nord des steppes vers les rives de la mer Noire, comblant ainsi le vide laissé par les tribus R1b ayant migrées vers les Balkans et l’Anatolie.

Carte de la propagation de R1b du Paléolithic jusqu’à la fin de l’Âge du Bronze (vers 1000 AEC)

Carte de la propagation de R1b du Paléolithic jusqu'à la fin de l'Âge du Bronze - Eupedia

La branche sibérienne & centre-asiatique (M73)

Quand R1b franchi le Caucase lors du néolithique tardif, il s’est scindé en deux groupes principaux. La branche occidentale (M269) s’installa le long des côtes nord et est de la mer Noire. La branche orientale (M73) migra vers la région du Don et de la Volga, où les chevaux furent domestiqués vers 4600 avant notre ère. R1b-M73 s’est probablement mélangés avec les populations autochtones R1a et aurait fondé la culture de Répine (3300-3700 AEC) un peu avant que le culture de Yamna ait vu le jour dans la steppe pontique occidentale. Certains hommes R1b-M73 auraient ensuite migré à cheval le long de la grande steppe eurasienne jusqu’aux montagnes de l’Altaï en Asie centrale, où ils ont établi la culture d’Afanasevo (vers 3600-2400 AEC). Les gens d’Afanasevo pourraient être les précurseurs de la branche de tokharienne des langues indo-européennes aux côtés de l’haplogroupe R1a (=> voir momies du Tarim).

Les R1b-M73 qui sont restés dans la région Volga-Oural ont probablement été les initiateurs de la culture Poltavka (2700-2100 AEC), puis ils s’intégrèrent à la culture Sintashta-Petrovka (2100-1750 AEC) dominée par les lignages R1a et liée à la conquête indo-aryenne de l’Asie centrale et du méridionale (=> voir R1a pour plus de détails).

De nos jours R1b-M73 se trouve presque exclusivement autour du Caucase, en Russie et dans des populations centre-asiatiques très spécifiques. Les pourcentages les plus élevés ont été observés parmi les Ouïghours (20 %) du Xinjiang dans le nord-ouest de la Chine, les Yaghnobis du Tajikistan (32%), et les Bachkirs (47 %, ou 55 % dans le raïon d’Abzelilovsky) de la République de Bachkirie en Russie (frontière du Kazakhstan).

La branche européenne (M269)

Les armes de bronze et les chevaux des des Indo-Européens leur aurait donné un énorme avantage sur les populations autochtones d’Europe, à savoir l’haplogroupe I (descendant de Cro-Magnon), et les premiers éleveurs et fermiers néolithiques (G2a, J, E1b1b et T). Cela a permis à R1a et R1b de remplacer la plupart des lignées mâles autochtones (=> voir Comment R1b est arrivé à remplacer la plupart des anciennes lignées d’Europe occidentale ?), bien que les lignées maternelles semblent avoir été moins affectées.

Une comparaison avec l’invasion des Indo-Iranien en Asie du sud montre que 40 % des lignées paternelles dans le nord de l’Inde appartiennent à l’haplogroupe R1a, bien que moins de 10 % des lignées maternelles pourrait être d’origine indo-européenne. L’impact des Indo-Européens a été plus sévère en Europe parce que la société européenne d’il y a 4.000 ans était moins développée en matière d’agriculture, de technologie (aucune arme de bronze) et de densité de population que celle de la civilisation de vallée d’Indus. C’est particulièrement vrai pour les cultures indigènes d’européennes occidentales où l’agriculture est arrivé beaucoup plus tard que dans les Balkans ou l’Europe centrale. la Grèce, les Balkans et les Carpates étaient les sociétés européennes les plus avancées à l’époque et ont été les moins touchés en terme de remplacement d’haplogroupes. Les haplogroupes paterneles européens indigènes (I1, I2) ont mieux survécu dans les régions les plus difficiles à atteindre ou les moins vivables, tels que la Scandinavie, le sud de la Suisse, la Sardaigne ou les Alpes dinariques.

La conquête de la « Vieille Europe » et de l’Europe du Nord

Le premières incursions des peuples de la steppe dans les Balkans ont eu lieu entre 4200 et 3900 avant notre ère, quand des cavaliers ont traversé le Dniestr et Danube et ont apparemment détruit les villes des cultures de Gumelnita, Varna et VI Karanovo dans l’est de la Roumanie et en Bulgarie. Un changement climatique, entraînant des hivers plus rudes au cours de cette exacte période, a sans doute poussé les éleveurs de la steppe à chercher des pâturages plus fertiles pour leur bétail, tandis que les mauvaises récoltes auraient conduit à des famines et des troubles intérieurs dans les communautés du Danube et des Balkans. Les cultures de Cernavoda (âge du cuivre, 4000-3200 avant notre ère), Coțofeni (cuivre à l’âge du Bronze, 2500-3500 avant notre ère) et Ezero (âge du Bronze, 3300-2700 avant notre ère) qui leur succédèrent en Roumanie moderne, semble avoir eu une population mixte de nouveaux arrivants des steppes et d’anciennes populations des tells. Ces immigrés des steppes étaient probablement un mélange des deux lignées R1a et R1b, avec un pourcentage de R1a probablement plus élevé que lors des invasions subséquentes de l’ère Yamna.

Les envahisseurs de la steppe auraient forcé de nombreux agriculteurs danubiens à migrer vers les villes de la culture de Cucuteni-Trypillia dans les Carpates orientales, causant une explosion de population et une expansion de cette culture vers le nord-est jusqu’à la vallée du Dniepr, apportant des haplogroupes G2a, I2a1 (probablement le lignage dominant de la culture de Cucuteni-Trypillia), E1b1b, J et T jusqu’au centre de l’Ukraine et au sud de la Biélorussie. Cette avancée indo-européenne précoce vers l’ouest fut assez limitée, en raison de l’absence d’armes de bronze et d’armées organisées à l’époque, et ne fut seulement possible qu’à cause de catastrophes climatiques réduisant les défences des villes de la Veille Europe. Les cultures des Carphates, de Danube, et des Balkans étaient trop densément peuplées et trop technologiquement avancées pour permettre une migration massive des steppes.

En comparaison les tribus R1a de la steppe boisée réussirent à pénétrer dans le coeur de l’Europe en recontrant peu d’obstacle, en raison de l’absence de sociétés agraires développées autour de la Pologne et de la Baltique. La culture de la céramique cordée (aussi connue sous le nom de culture de la hache de guerre, 3200-1800 AEC) se développa comme une extension occidentale naturelle de la culture Yamna, et s’étendit à l’ouest jusqu’en Allemagne et au nord jusqu’en Suède et en Norvège. L’analyse d’ADN ancien provenant d’un site de culture de la céramique cordée à Eulau confirme la présence de R1a (mais pas de R1b) en Allemagne centrale vers 2600 avant notre ère. Les peuplades de la céramique cordée se sont disséminées à partir du nord de la culture Yamna, là où les lignées R1a étaient très clairement dominantes par rapport aux lignées R1b.

L’expansion des tribus R1b au sein de la Vieille Europe a été plus lente, mais s’est avérée inévitable. En 2800 avant notre ère, au moment où la céramique cordée avait déjà atteint la Scandinavie, les cultures de l’âge du Bronze R1b avaient à peine pénétré dans la steppe de Pannonie. Ils établirent des colonies importantes dans la grande plaine hongroise, l’habitat le plus semblable à la steppe pontique de leurs ancêtres. Vers 2500 avant notre ère, la branche occidentale de R1b indo-européens s’apprêtait à sa prochaine expansion majeure en Allemagne actuelle, puis en Europe occidentale. Entre temps, les immigrants R1b s’étaient mélangé dans une grande mesure avec les populations autochtones mésolithiques et néolithiques du bassin du Danube, où ils avaient vécu depuis maintenant 1.700 ans.

L’élite indo-européenne fortement patriarcal est restée presque exclusivement R1b du côté paternel (avec une minorité de G2a3b1a and de J2b2), mais a absorbé une forte proportion de lignées maternelles non indo-européenne. Hybridés, les nouveaux R1b proto-indo-européens perdirent la plupart de leurs apparence physique proto-europoid ou mongolid hérité de leurs origines caspiennes (qui étaient encore visibles dans de nombreux individus de l’ère Yamna). Leur pigmentation claire de cheveux, d’yeux et de peau, une fois entrecroisée avec les habitants plus sombres de la Vieille Europe, sont devenu plus proche de celle des Européens du sud moderne. Les tribus R1a la céramique cordée rencontrèrent des sociétés beaucoup moins peuplées en Europe du nord, principalement issues de la population mésolithique à la pigmentation plus claire (haplogroupe I1 et I2), ce qui leur permit de mieux conserver leur pigmentation originale (bien que les traits du visage aient considérablement évolué en Scandinavie, où les tribus indigènes I1 étaient fortement dolicocephalic et au visage allongé, par opposition à la brachycéphalie et aux visages large, quasi-asiatique, des peuples de la steppe).

La conquête de l’Europe occidentale

La conquête de l’Europe par les hommes R1b s’est déroulée en deux phases. Pendant presque deux millénaires, à partir de 4200 avant notre ère, les peuples de la steppe ont limité leurs conquêtes aux riches civilisations chalcolithique des Carpates et des Balkans. Ces sociétés possèdent les plus grandes villes du monde à l’époque, notamment les énormes « villages » monticulaires (tells) de la culture de Cucuteni-Tripolye, dont certains avaient plus de 15.000 habitants répartis sur des centaines d’hectares. Rien n’a incité les conquérants R1b à s’avancer plus loin vers l’Europe occidentale à un stade aussi précoce, parce que la plupart des terres au nord et à l’ouest des Alpes était encore pour l’essentiel des forêts faiblement peuplées. Le néolithique n’a pas atteint les îles britanniques et la Scandinavie avant 4000 avant notre ère. Même le nord de la France et la plupart des régions alpines avait adopté l’agriculture et l’élevage depuis moins d’un millénaire et était très primitives par rapport au sud-est de l’Europe et au Moyen Orient.

Le nord-ouest de l’Europe est restée une société tribale de chasseurs-cueilleurs pratiquant seulement une agriculture limitée pendant des siècles après la conquête des Balkans par les Indo-Européens. Pourquoi nos « conquistadores » R1b abandonneraient-ils le confort des riches civilisations danubiennes en échange des conditions de vie difficiles qui se trouvent au-delà ? Les gens de l’âge du Bronze convoitaient l’étain, le cuivre, et l’or, dont les Balkans regorgeaient, mais que personne n’avait encore découvert en Europe occidentale.

Il est probable que la branche R1b-L51 soit arrivé en Europe centrale (Hongrie, Autriche, Bohême) vers 2500 avant notre ère, environ deux mille ans après le passage au néolithique de ces régions. Des villes agraires avaient commencé à se développer. L’or et le cuivre avait commencé à être exploité. Les perspectives de conquête devenait maintenant beaucoup plus attrayantes.

Des indices archéologiques et génétiques (tels que la répartition des sous-clades de R1b) laissent entendre que plusieurs vagues de migrations consécutives se sont succédées vers l’Allemagne centrale et de l’est entre 2800 et 2300 avant notre ère. La culture d’Unétice a probablement été la première culture où les lignées R1b-L11 ont joué une rôle important. Il est intéressant de noter que la période d’Unétice correspond à la fin des cultures de Maïkop (2500 AEC) et de Kemi Oba (2200 AEC) sur la rive nord de la mer Noire, et leur remplacement par des cultures issues des steppes du nord. Il est par conséquent envisageable que les populations (majoritairement) R1b de la moitié nord de la mer Noire ont migré vers l’ouest en raison de pressions démographiques ou militaires subies par d’autres tribus indo-européennes (R1a) venant du nord, par exemple celles de la branche proto-indo-iranienne en plein essor, associée aux cultures contemporaines de Poltavka et Abashevo.

Il est douteux que la culture campaniforme (2800-1900 BCE) en Europe occidentale fut déjà indo-européenne, parce que cette culture s’inscrit en parfaite continuité avec les cultures mégalithiques locales. Le phénomène campaniforme a commencé lors du néolithique tardif et du chalcolithique précoce au Portugal et s’est propagé vers le nord-est jusqu’à l’Allemagne. Durant la même période, les cultures de la steppe de l’âge du Bronze se disséminèrent dans la direction opposée de l’Allemagne vers la France, la péninsule ibérique et la Grande-Bretagne. Il est plus probable que la céramique campaniforme et les chevaux retrouvés dans l’ensemble de l’Europe occidentale au cours de cette période était le résultat d’échanges avec les cultures indo-européennes voisines, dont la première vague de R1b en Europe centrale. Il est également possible que la population liée au campaniforme eut été des marchands ou des explorateurs R1b ayant voyagé à travers l’Europe occidentale et ramené des contes de richesses mal défendues par des peuples de l’âge de pierre et attendent d’être conquise par les Indo-Européens plus technologiquement avancés, équipés d’armes de bronze et de chevaux. => Voir le forum de discussion sur Le phénomène campaniforme.

Ce qui est indéniable c’est que les cultures d’Europe centrale qui succédèrent au campaniforme, notamment la culture d’Unétice (2300-1600 AEC), la culture des Tumulus (1600-1200 AEC), la civilisation des Champs d’urnes (1300-1200 AEC) et la culture de Hallstatt (1200-750 AEC) étaient liés à l’expansion de R1b en Europe, étant donné que celles-ci ont brusquement introduit de nouvelles technologies et un style de vie radicalement différent en Europe centrale.

Lisez plus sur le branche européenne de R1b

La branche balkanique, grecque, anatolienne & assyrienne (L23)

Les Hittites (c. 2000-1178 AEC) furent les premiers Indo-Européens à défier (et vaincre) les puissants empires mésopotamien et égyptien. Il existe deux hypothèses concernant l’origine des Hittites. La première est qu’ils sont venus de l’est des Balkans et envahirent l’Anatolie en traversant le Bosphore. Cela signifierait qu’ils appartenaient à la sous-clade L23 ou Z2103. Un autre scénario plausible est qu’ils descendaient de la culture de Maykop tardive, et qu’ils auraient franchi le Caucase pour conquérir le Royaume du Hatti (peut-être après avoir été supplanté dans le Caucase du Nord par les peuplades R1a de la culture des catacombes). Dans ce cas les Hittites pourrait avoir appartenu à la sous-clade R1b-M269. La première hypothèse a l’avantage d’avoir un seul centre névralgique, les Balkans, comme point de départ de l’expansion post-Yamna de toutes les langues indo-européennes associées à R1b. L’hypothèse de Maykop, quant à elle, pourrait expliquer pourquoi la branche anatolienne des langues indo-européennes (hittite, louvite, lydien, palaïte) parrait tellement archaïque par rapport aux autres langues indo-européennes, qui elles seraient originaires de Yamna plutôt que de Maïkop.

Il y a des preuves archéologiques et linguistiques considérables que Troie était une cité indo-européenne associée à la culture des steppes et à l’haplogroupe R1b. Les Troyens parlaient le louvite, une langue étroitement apparentée au hittite (et donc indo-européenne), et disposaient de liens culturels attestés avec la culture de la steppe pontique. La première ville de Troie remonte à 3000 avant notre ère, au beau milieu de la période de Maïkop. Troie pourrait avoir été une une colonie fondée par les habitants de Maïkop pour sécuriser les routes commerciales entre la mer Noire et la mer Égée. La fondation de Troie coïncide exactement avec l’époque où les premières galères ont été construites. Compte tenu de l’âge de la fondation de Troie, les deux haplogroupes paternels indo-européens les plus probables seraient R1b-M269 ou R1b-L23.

Les Phrygiens et les Proto-Arméniens sont deux autres tribus indo-européennes tirant leurs origines dans les Balkans. Les deux semblent avoir migré vers l’Anatolie aux alentours de 1200 AEC, durant les « grands bouleversements » de la Méditerranée orientale (voir ci-dessous). Les Phrygiens (ou Briges) fondèrent un royaume (1200-700 AEC) dans l’ouest de l’Anatolie centrale, s’emparant de la majeure partie de l’empire hittite croulant. Les Arméniens ont traversé toute l’Anatolie jusqu’au lac de Van et se sont installés dans les montagnes d’Arménie. Aujourd’hui, 30% des Arméniens appartiennent à haplogroupe R1b, et la grande majorité à la sous-clade L23 (=> voir les migrations indo-européennes en Arménie).

La plupart des lignées R1b que l’on retrouve en Grèce aujourd’hui appartiennent à la variété balkanique L23. Il y a aussi une minorité de proto-celtique S116/P312 et italo-celtique S28/U152. L23 pourrait être descendu d’Albanie ou de Macédoine lors de l’invasion dorienne (voir ci-dessous), qui s’est probablement passée au XIIe siècle avant notre ère. Leur langue semblent avoir été suffisament proche de mycénien pour être mutuellement intelligible, ce qui facilita grandement son adoption par la population grecque. Les Mycéniens, quand à eux, pourraient avoir apporté certains lignages R1b (M269 ou L23) en Grèce, mais leurs origines peuvent être retracée par le biais de l’archéologie à la culture des catacombes et au phénomène Seima-Turbino de la steppe boisée du nord, ce qui ferait d’eux une tribu principalement R1a.

Les lignées S116 et S28 en Grèce et en Anatolie peuvent être attribuées aux invasions celtique de La Tène du IIIe siècle avant notre ère. Les Romains ont eux aussi certainement apporté des lignages S28 (=> voir Histoire génétique des Italiens), mais sans aucun doute aussi les Vénitiens, notamment dans les îles. Les plus vieilles sous-clades de R1b, tels que P25 et V88, ne représente qu’une petite minorité et serait venu avec E1b1b, G2a et J2 du Moyen Orient.

Redistribution romaine

Arrivé à l’âge du Fer, les populations G2a dans la plupart de l’Europe avaient été décimée par les invasions indo-européennes, suivies des guerres tribales celtiques. Les hommes G2a ont cherché à se protéger des envahisseurs dans les montagnes et, comme aujourd’hui, se sont retrouvés en grande densité en Italie (Apennins, Sardaigne) et dans les Alpes.

Les Latins et les Romains descendent des tribus italiques qui ont envahi la péninsule italienne à partir de 1200 avant notre ère. Ils semblent avoir appartenu principalement à l’haplogroupe R1b-U152 (=> voir Histoire génétique des Italiens), mais avoir comporté une minorité non négligeable de lignées G2a3b (L141.1), en particulier les sous-clades U1 et L497. La terre ancestrale des Latins dans le centre de l’Italie (Latium) est l’une des régions avec le pourcentage le plus élevé d’haplogroupe G2a en Europe aujourd’hui. Le niveau élevé de G2a dans le Latium est peut-être dû à la double présence du G2a3b indo-européen et des lignées néolithiques antérieures qui sont descendus des Apennins pour aller vivre à Rome après avoir été absorbés par la civilisation romaine.

Si les Romains de l’Antiquité et les autres peuples romanisés de la péninsule italienne ont eu un impact génétique sur les autres régions de l’Empire romain (comme c’est sûrement le cas), ils ont certainement contribué à une augmentation modérée des lignées G2a (en plus de R1b-U152 et J2) à l’intérieur des frontières de l’empire. En effet, la fréquence de l’haplogroupe G diminue avec la distance entre les limites de l’empire. Haplogroupe G est extrêmement rares de nos jours dans les pays nordiques et baltiques, malgré le fait que l’agriculture ait atteint ces régions à la même époque qu’en Grande-Bretagne ou en Irlande. Une autre raison pourrait être que les plaines boisées du nord de l’Allemagne, de la Pologne et de la Baltique étaient trop pauvres en métaux et n’ont pas attiré autant de travailleurs l’âge du Bronze du Caucase (=> voir L’extraction de métal et de l’élevage expliquent la dominance de R1b dans la frange Atlantique). Le nord-est de l’Europe a également un pourcentage relativement faible d’haplogroupe R1b, ce qui renforce l’hypothèse que les deux haplogroupes ont envahi l’Europe ensemble au cours de l’âge du Bronze.

Haplogroupe R1a

R1a est l’haplogroupe le plus repandu en Europe centrale et de l’est, surtout en Pologne (56%), en Ukraine (50%), Biélorussie (45%), en Russie (40%), en Slovaquie (40%), en Lettonie (40%), en Lithuanie (38%), et en République tchèque (34%), ce qui en fait un haplogroupe clairement balto-slavique.

Comme R1b, R1a est associé avec l’expansion des langues indo-européennes. Les deux haplogroupes sont originaires des steppes pontiques au nord du Caucase et de la Mer Noire. L’origine des Proto-Indo-Européens réside dans la culture kourgane (7000-3000 AEC) et son heritiere, la culture Yamna (3500-2200 AEC). On pense que R1a représente les branches indo-iranienne, greco-macédonienne, thracienne et balto-slavique de la famille indo-européenne.

La branche germanique appartenait vraisemblablement à R1b, bien que R1a soit sûrement arrivé en premier en Scandinavie, pendant la période de la céramique cordée (ou de la hache de guerre) (3200-1800 AEC). Les R1a se mélangèrent aux indigènes pré-germaniques (cro-magnoides) de l’haplogroupe I1, créant ainsi l’Âge du Bronze nordique (1800-500 AEC). R1b aurait atteint la Scandinavie pendant cette période en provenance de la culture de Hallstatt (1200-500 AEC) de la même époque. La Scandinavie moderne est composée d’environ 40% de I1, 20% de R1a, et 40% de R1b, donnant à l’ethnie et aux langues germaniques un charactère triplement hybride.

La culture de la céramique cordée fut suivie par la cultureTrzciniec (1700-1200 AEC) et la culture Lusacienne (1300-500 AEC) dans les pays balto-slaviques modernes.

Les migrations des Indo-Iraniens vers l’est auront pour resultat la forte concentration de R1a en Asie centrale, en Iran et dans le sous-continent indien. Le pourcentage le plus élevé de R1a (environ 65%) est observée autour du Kyrgyzstan, du Tajikistan e du nord de l’Afghanistan. En Inde, de 15 à 45% de la population est R1a, suivant la région et la caste. Plus de 70% des brahmanes (plus haute caste de l’Hindousime) appartiennent à R1a1, dû à l’absence de brassage entres les castes.

Répartition de l’haplogroupe R1a en Europe

Répartition de l'haplogroupe R1a en Europe

Haplogroupe I1

Article principal : Haplogroupe I1

Origines

L’haplogroupe I est le lignage paternel majeur le plus ancien d’Europe et probablement le seul qui y nacquit (mis à part le très rare haplogroupe C6 et les sous-clades profondes d’autres haplogroupes). On pense que l’haplogroup I serait arrivé du Moyen Orient sous la forme de IJ il y a entre 40.000 et 30.000 ans et devenint l’haplogroupe I il y a environ 25.000 ans. En d’autres termes, Cro-Magnons appartenait probablement à IJ et I (aux côtés des plus vieux haplogroupes comme F et C6).

La branche I1 se serait séparée de I2 il y a 20.000 ans et évolua indépendamment en Scandinavie au cours de la fin du paléolithique et du mésolithique. I1 est défini par au moins 25 mutations uniques, ce qui indique que cette lignée a connu un goulot d’étranglement de sa population. Les hommes appartenant à cet haplogroupe descendent tous d’un seul ancêtre qui a vécu il y a entre 10.000 et 7.000 ans.

Pendant le mésolithique, les lignées pré-I1 et I1 faisaient partie des cultures successives d’Ertebølle (5300-3950 avant notre ère), des vases à entonnoir (4000-2700 AEC) et de la céramique perforée (3200-2300 AEC). Ces deux derniers sont parfois considérés comme des cultures néolithiques due l’introduction de l’agriculture. Cependant, les agriculteurs néolithiques d’Allemagne ont pénétré tard en Scandinavie et en petit nombre, et le mode de vie est resté principalement un de chasseurs-cueilleurs. C’est probablement la raison pour laquelle la Scandinavie a gardé une part d’ancêtres paléolithiques parmi les plus importantes d’Europe.

Comment I1 est-il devenu germanique ?

Vers 2800 avant notre ère, un grand bouleversement culturel et génétique frappa la Scandinavie avec la venue des Indo-Européens d’Europe de l’est, qui ont apporté l’âge du Cuivre et du Bronze précoce pratiquement sans transition néolithique. Les premiers Indo-Européens à atteindre la Scandinavie étaient le peuple de la céramique cordée venant de Russie, de Biélorussie et de Pologne actuelles, qui sont censés avoir appartenu principalement à l’haplogroupe R1a. Ces personnes possédaient des lignées maternelles similaires à celles des habitants scandinaves I1 – en grande majorité les haplogroups mitochondriaux U4 et U5.

La seconde migration indo-européenne importante en Scandinavie fut celle de l’haplogroupe R1b, la branche qui aurait très probablement introduit les langues proto-germaniques, une branche des peuples proto-celto-germaniques d’Europe centrale. R1b est probablement entré en Scandinavie via l’Allemagne actuelle avec l’expansion vers le nord de la culture d’Unétice (2300-1600 AEC) tardive.

Selon l’hypothèse du substrat germanique, originellement proposée par Sigmund Feist en 1932, le proto-germanique était une langue hybride mélangeant les langues indo-européennes (R1b et dans une moindre mesure R1a) avec des éléments pré-indo-européens (indigène aux peuples I1 nordiques). Cette hybridation aurait eu lieu au cours de l’âge du Bronze et donné naissance à la première civilisation véritablement germanique, l’âge du Bronze danois (1700-500 avant notre ère).

Répartition géographique

L’haplogroupe I1 est la plus courante sous-clade de I en Europe du nord. On le trouve principalement en Scandinavie et en Finlande, où il généralement représentent plus de 35 % des lignages du chromosome Y. Associé à l’appartenance ethnique nordique, I1 se trouve dans tous les endroits envahis par les anciennes tribus germaniques et les Vikings. LAprès le coeur historique de la civilisation germanique viennent les autres régions d’Europe parlant des langues germaniques, tels que le sud de l’Allemagne, l’Autriche, le Benelux, l’Angleterre et les Lowlands écossaises, qui ont tous entre 10 % et 20 % des lignées I1.

Répartition de l’haplogroupe I1 en Europe

Répartition de l'haplogroupe I1 en Europe

Haplogroupe I2

Répartition géographique

L’haplogroupe I2 est le lignage paternel le plus courant dans l’ancienne Yougoslavie, la Roumanie, la Bulgarie et la Sardaigne et une lignée majeure dans la plupart des pays slaves. Les plus hauts pourcentages d’haplogroupe I2 sont observées en Bosnie (55 %, dont 71 % chez les Croates de Bosnie), en Sardaigne (39,5 %), en Croatie (38 %), en Serbie (33 %), au Monténégro (31 %), en Roumanie (28 %), en Moldavie (24 %), en Macédoine (24 %), en Slovénie (22 %), en Bulgarie (22 %), en Biélorussie (18,5 %), en Hongrie (18 %), en Slovaquie (17,5 %), en Ukraine (13,5 %) et en Albanie (13,5 %). On le retrouve à une fréquence de 5 à 10 % dans les pays germaniques.

Origines & Histoire

I2 (S31/P215/M438) tirerait ses origines du Paléolithique tardif, à l’époque du Dernier Maximum Glaciaire, il y a environ 22.000 ans. Sa région d’origine n’est pas déterminée à l’heure actuelle. Cela aurait pu être un des refuges du Dernier Maximum Glaciaire ou quelque part en Anatolie ou autour du Caucase. Trois hypothèses sont donc possibles.

  1. Le premier scénario est que I2 est originaire d’Europe. Quand la calotte glaciaire a commencé à reculer vers le nord d’il y a 20.000 à 12.000 ans, les chasseurs-cueilleurs I2 se auraient alors re-coloniser la plupart de l’Europe occidentale, centrale et orientale à partir de leurs refuges. Dans cette hypothèse, I2 seraient associés, entre autres, aux haplogroupes mitochondriaux H1, H3, U5 et V.
  2. Dans le second scénario I2 serait originaire d’Asie occidentale (Anatolie), mais aurait également colonisé l’Europe lorsque les glaciers se retirèrent. Dans cette hypothèse I2 seraient pour la plupart associés aux haplogroupes mitochondriaux J et T.
  3. Dans le troisième et probablement moins vraissemblable scénario, I2 serait originaire du Proche-Orient, mais ne serait venu en Europe qu’au néolithique. Il semblerait y avoir eu plusieurs migrations indépendantes d’agriculteurs et d’éleveurs néolithiques venus du Proche-Orient vers l’Europe, qui apportèrent des lignées tels que G2a, E1b1b, J et T. Il n’est pas encore clair à l’heure actuelle si chaque groupe n’était composé que d’un ou peut-être deux haplogroupes, ou si la plupart des migrations comportait déjà un mélange de plusieurs haplogroupes. Dans cette hypothèse, I2 pourrait être associé avec les haplogroupes mitochondriaux N1a, R, HV, H (sous-clades diverses), J, K, T et X.

Dans les deux premiers cas I2 aurait été absorbés par les agriculteurs néolithiques dans le sud-est de l’Europe (M423), en Europe centrale (P214, L596) et en Méditerranée occidentale (M26). Le succès relatif des branches spécifiques de I2 semblent être liées à la diffusion de l’agriculture. La branche I2a1a (M26) du sud-ouest aurait été absorbée par les agriculteurs néolithiques de la culture de la céramique cardiale (5000-1500 avant notre ère), dont les descendants se trouvent surtout parmi les Sardes et les Basques modernes. La branche orientale I2a1b (M423) est probablement liée à la culture de Cucuteni-Trypillia (4800-3000 avant notre ère), qui était la culture néolithique la plus avancée en Europe avant les invasions indo-européennes de l’âge du Bronze. En revanche, les lignées I2 d’Europe centrale, du nord et de l’ouest (par exemple, L38, M223, L1286, L1294 et L880) ont seulement survécu dans un petit pourcentage de la population. La raison pourrait être que les chasseurs-cueilleurs I2 ont adopté l’agriculture trop tard et n’étaient pas assez nombreux quand la vague d’Indo-Européens déferla sur l’Europe centrale, occidentale et du nord (=> voir l’histoire de R1b).

Haplogroupe I2a1a1 (M26)

I2a1a (M26, L158, L159.1/S169.1) était connu sous le nom de I1b2 jusqu’en 2005, I1b1b en 2006-7 et I2a1 de 2008 à 2010. On le trouve dans toute l’Europe occidentale. Les pourcentages les plus élevés de I2a-M26 sont observés parmi les Sardes (37,5 %) et les Basques (5 %), deux isolats de population. M26 est géographiquement limité aux îles Britanniques, au Benelux, en France, en Allemagne occidentale, en Suisse, en Sardaigne, en Sicile, sur la côte ouest de l’Italie, en Ibérie et sur la côte méditerranéenne du Maghreb. Les M26 négatif pour la mutation L160 sont géographiquement limités à l’Irlande.

I2a1a-M26 fut probablement l’une des principales lignées paternelles des cultures mégalithiques d’Europe de l’ouest au cours du néolithique et chalcolithique périodes.

Haplogroupe I2a1b (M423)

I2a1b (M423, L178) était connu sous le nom de I1b jusqu’en 2007 et I2a2 de 2008 à 2010. Sa sous-clade principal, qui représente plus de 90 % de toutes les lignées de M423, est L621 et sa propre sous-clade L147.2. Les autres sous-clades sont L41.2 (très rare) et L161.1 (trouvés principalement en Allemagne et en Grande-Bretagne).

Haplogroupe I2a1b-L621

Cette branche est présente à une écrasante majorité dans les pays slaves. Les pourcentages les plus élevés sont observées chez les Slaves dinariques (Slovènes, Croates, Bosniaques, Serbes, Monténégrins et Macédoniens), ainsi qu’en Bulgarie, en Roumanie, en Moldavie, en Ukraine occidentale et au Bélarus. Il est également courant dans une plus faible mesure en Albanie, en Grèce, en Hongrie, en Slovaquie, en Pologne et dans le sud-ouest de la Russie. I2-L621 (L147.2+) est également connu sous le nom de I2a-Din (« Din » signifiant dinarique).

La forte concentration de L621-I2a1b dans le centre de l’Ukraine, en Moldavie et dans le nord-est de la Roumanie rappelle l’étendue maximale de la culture de Cucuteni-Trypillia (4800-3000 avant notre ère) qui fut entièrement absorbée par les Indo-Européens de la culture de la céramique cordée. Cela pourrait signifier que la culture de Cucuteni-Trypillia était à la base un groupe de chasseurs-cueilleurs européens indigène à la région qui a adopté l’agriculture après être entré en contact (avec sans doute quelques mariages mixtes) avec les agriculteurs du Proche-Orient qui se sont installés dans les Balkans (haplogroupes E1b1b, G2a, J2b et T). Après s’être indo-europeanisé, L621-I2a serait devenu la lignée paternelle dominante chez les Slaves du Sud, tandis que R1a est restée la lignée dominante des Slaves du Nord.

La présence d’I2a-L621 en Roumanie et en Bulgarie pourrait être attribuée à la migration des anciens Daces et Thraces, qui étaient issus d’un mélange entre des peuples autochtones et des Indo-Européens (dans ce cas, essentiellement des R1a-Z280) quelque part entre 3300 et 1500 avant notre ère. Les Illyriens, qui ont conquis le territoire de l’ex-Yougoslavie vers 1200-1000 avant notre ère, aurait pu être des descendants des Daces ou des Thraces, ou d’une tribu apparentée du bassin des Carpates.

La deuxième grande expansion de I2a-Din a eu lieu avec les migrations slaves dans l’Antiquité tardive et le haut moyen-âge. I2a-Din avait commencé à côtoyer des tribus R1a proto-indo-européennes autour de Moldavie, de l’Ukraine, du Bélarus et de la Pologne pendant la période de la céramique cordée (2900-2400 AEC), puis s’est dispersé plus uniformément à travers les tribus proto-slaves durant l’âge du Bronze et l’âge du Fer. Après que les tribus germaniques vivant en Allemagne de l’est et en Pologne, tels que les Goths, les Vandales et les Bourguignons, aient envahit l’Empire romain, les Slaves établis plus à l’est vinrent remplir le vide et prendre leur place. Après l’effondrement de l’Empire romain d’Occident en 476, les Slaves s’installèrent dans les Alpes dinariques et les Balkans. Au 9ème siècle, les Slaves occupaient tous les territoires modernes de langue slave, mis à part les Balkans de l’est sous le contrôle des bulgares turcophones.

Aujourd’hui les pays slaves du nord ont entre 9 % (Pologne, Tchèquie) et 21 % (Ukraine) de L621-I2a, tandis que les Slaves du Sud ont entre 20 % (Bulgarie) et 50 % (Bosnie). Le pourcentage plus élevé de I2a-Din dans le Sud est dû à l’effet cumulatif des migrations de l’âge du Bronze et l’âge du Fer (Daces, Thraces, Illyriens) et les migrations slaves médiévales. Le pourcentage relativement élevé de d’I2a-L621 chez les peuples non-slaves tels que le Hongrois (15 %), les Albanais (12 %) et les Grecs (9 %) date de l’âge du Bronze et des mouvements de population à l’intérieur de l’Empire romain qui a redistribué I2a au-delà des territoires originels des Daco-Thraces et des Illyriens. Basé sur ces fréquences et la répartition des sous-clades de R1a, on peut estimé que les Daco-Thraces et les Illyriens possédaient environ deux à trois fois plus de lignages I2a-Din que de R1a, tandis que les premiers Slaves devaient avoir à peu près deux fois plus de R1a que de I2a-Din. La proportion plus élevée de R1a dans de nombreux pays slaves du nord de nos jours est le résultat de migrations antérieures de R1a durant l’âge du Bronze (comme L260 chez les Slaves occidentaux et Z92 et Z93 chez les Russes et les Biélorusses).

Haplogroupe I2a2 (P214)

I2a2 (S33/M436/P214, P216/S30, P217/S23, P218/S32, L35/S150, L37/S153, L181) était connu sous le nom de I1c jusqu’en 2005 puis de I2b jusqu’en 2010. Cette sous-clade est associée avec les peuples de pré-celto-germaniques du nord-ouest de l’Europe, dont, par exemple, les bâtisseurs de mégalithes (5000-1200 AEC). La grande variété de marqueurs STR au sein de I2a2 pourrait faire remonter son origine à il y a 13.000 ans.

I2a2 se trouve dans toute l’Europe occidentale, mais a apparemment mieux survécu les invasions indo-européennes (=> voir R1b) dans le nord de l’Allemagne et a été réintroduit en Europe occidentale par l’expansion celtique de la culture de La Tène (5ème au 1er siècle avant notre ère) et les invasions germaniques (3e au 6e siècle de notre ère). De nos jours, I2a2 atteint sa fréquence maximale en Allemagne centrale et septentrionale (5-12 %), dans le Benelux (4-7 %), ainsi que dans le nord de la Suède. On le trouve également dans 3 à 10 % des habitants du Danemark, d’Angleterre et du nord de la France. I2a2 est plus rare en Norvège, sauf dans le sudoù l’influence danoise a été la plus forte historiquement.

Répartition géographique de l’haplogroupe I2a2 (anciennement I2b) en Europe

Répartition géographique de l'haplogroupe I2a2 (anciennement I2b) en EuropeIl est deux sous-clades principales de I2a2 : I2a2a et I2a2b, la première elle-même subdivisée en quatre autres sous-clades :

Haplogroupe I2a2a (M223)

I2a2a (anciennement I2b1) s’élève à plus de 90 % de I2a2.

  • I2a2a1 (M284+) n’est présente presque exclusivement en Grande-Bretagne, où elle s’est apparemment développée il y a environ 3.000 ans.
  • I2a2a2 (L701+) a une distribution très large. On la trouve dans toute l’Europe centrale de l’Allemagne et de l’ancien Empire austro-hongrois à la Pologne, la Roumanie et l’Ukraine, mais aussi dans de moindre mesures en Grèce, en Italie, en France, en Espagne, en Angleterre, en Irlande et en Arménie. L701 pourrait avoir été diffusée en partie par les Goths. Elle est étonnament absent de Scandinavie et d’Ecosse. L701 correspond à la sous-clade I2 Continental-3 de Family Tree DNA.
  • I2a2a3 (Z161+) est communément appelé I2 Continental (sauf Continental-3). C’est la plus importante des quatre sous-clades de I2a2a et on la trouve essentiellement dans les pays germaniques, avec une concentration particulièrement élevée au Danemark, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre et dans le nord-ouest de la Sicile (d’origine normande). On la trouve aussi à des densités plus faibles dans le reste de l’Europe, du Portugal à la Russie. I2-Z161 pourrait sûrement avoir été propagée dans toute l’Europe par les Vikings danois (Bretagne, Normandie, Sicile), les Vikings suédois (Baltique, Russie, Ukraine), les Goths (Moldavie, sud-ouest des Balkans, Italie, France, Espagne), les Suèves (Portugal et Galice), les Lombards (comme l’atteste le pourcentage élevé à Campobasso, Molise) et les Francs (Rhénanie, Belgique).
  • I2a2a4 (L1229+) est typique de l’Angleterre, la Normandie (et autres parties de la France) ainsi que centre et nord de l’Allemagne. On le trouve aussi parmi les noms de famille anglais d’Irlande, bien que pas les noms d’origine normande (mais plutôt anglo-saxonne). Sa densité beaucoup plus élevée en Allemagne et en Angleterre qu’au Danemark ou en France et son absence de Sicile, indiquent que c’est probablement une lignée anglo-saxonne plutôt que normande ou viking.

Haplogroupe I2a2b (L38/S154)

I2a2b (anciennement I2b2) a une distribution limitée principalement à l’Italie alpine (surtout le Piémont), la Suisse, la Rhénanie, les montagnes du Harz, le Benelux, la Lorraine et les îles Britanniques (à l’exception de Cornwall, du Pays de Galles, de Cumbrie et des Highlands écossais).

Quatre des six échantillons vieux de 3000 ans de la grotte de Lichtenstein en Allemagne centrale appartenait à L38+. La grotte faisait partie de la culture des champs d’urnes de l’âge du Bronze. Basé sur la datation STR, on croit que cette lignée s’est étendue de l’Allemagne vers l’Angleterre par l’intermédiaire de Belgique lors de l’âge de Fer tardif avec les invasions celtes de la culture de La Tène. I2a2b est donc essentiellement un haplogroupe celtique alpin.

La distribution de I2-L38 correspond assez bien à celle de l’haplogroupe R1b-U152 au nord des Alpes. Les deux haplogroupes sont également trouvés à basse fréquence en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie et en Anatolie centrale, ce qui reflète probablement la migration des Celtes de La Tène au troisième siècle avant notre ère (voir carte). R1b-U152 est associée aux Celtes d’Europe centrale (cultures d’Unétice, des champs d’urnes, de Hallstatt et de La Tène) et au peuple italique. I2-L38 étant limités à la région alpine d’Italie, surtout dans le nord-ouest où les tribus gauloises s’installèrent, il est probable que I2-L38 fut amenée par les migrations celtiques plusieurs siècles après l’arrivée des tribus italiques en Italie en provenance de la région alpine du Danube. Les hommes I2-L38 aurait donc été autochtone à la région située entre les Alpes, le centre de l’Allemagne et le Benelux et auraient été assimilés par les sociétés celtiques pendant la période de Hallstatt ou de La Tène.

Haplogroupes du Proche et Moyen Orient

Haplogroupe G2a

Article principal : Haplogroupe G2a

Origines

L’haplogroupe G provindrait originellement du Moyen-Orient où il apparu lors du Paléolithique tardif, peut-être déjà il y a 30.000 ans. A cette époque, les humains étaient tous des chasseurs-cueilleurs et dans la plupart cas vivaient en petites tribus nomades ou semi-nomades. Les membres de cet haplogroupe semblent avoir été étroitement liés au premiers développement de l’agriculture dans le Croissant Fertile à dater d’il y a 11.500 ans. Des analyses d’ADN-Y fossile n’ont été jusqu’à présent conduites que pour quatre cultures néolithiques (la culture rubanée en Allemagne, celle de Remedello en Italie et celle de la céramique cardiale dans le sud-ouest de la France et en Espagne), et dans tous les sites l’haplogroupe G2a était présent, ce qui constitue la preuve la plus concrète à l’heure actuelle que l’agriculture a été inventée et disséminée par des membres de l’haplogroupe G (bien que sûrement en collaboration avec d’autres haplogroups tels que E1b1b, J, R1b et T).

Jusqu’à présent, les seules personnes appartenant à l’haplogroupe G2a qui étaient négatifs pour sous-clades en aval de P15 ou L149.1 provenaient tous de la région du Caucase du Sud. La plus grande diversité génétique au sein de l’haplogroupe G se trouve entre le Levant et le Caucase, dans la région du Croissant Fertile, ce qui constitue un autre bon indicateur de sa région d’origine. On pense que les premiers agriculteurs néolithiques se sont propagés du Levant et de la Mésopotamie vers l’Anatolie et l’Europe à l’ouest, vers l’Iran et le Pakistan à l’est, et vers la péninsule arabique, le nord et l’est de l’Afrique au sud. Pour commencer, la domestication des chèvres et des vaches ont eu lieu dans les régions montagneuses d’Anatolie orientale, y compris le Caucase et Zagros. C’est probablement se trouvent les racines de l’haplogroupe G2a (et peut-être tout simplement de l’haplogroupe G).

Répartition géographique

De nos jours, l’haplogroupe G se retrouve partout de l’Europe occidentale et du nord-ouest de l’Afrique jusqu’à l’Asie centrale, l’Inde et Afrique de l’est, bien que partout à de faibles fréquences (généralement entre 1 et 10 % de la population). Les seules exceptions sont la région du Caucase, le centre et le sud de l’Italie et la Sardaigne, où le pourcentage oscille entre 15 % à 30 % des lignages paternels.

Plus européens appartiennent à la sous-clade G2a et plus des européens du Nord et l’Ouest plus précisément à G2a-L141.1 (ou dans une plus faible mesure G2a-M406). À propos de tous les européens G2b (L72 +, anciennement G2c) sont les Juifs ashkénazes. G2B a également été trouvé autour de l’Afghanistan, probablement comme une émanation des agriculteurs néolithiques du Levant.

Haplogroupe G1 se retrouve essentiellement en Iran, mais aussi au Levant, chez les Juifs ashkénazes et en Asie centrale (notamment au Kazakhstan).

G2a représente de 5 à 10 % de la population de l’Europe méditerranéenne, mais il est relativement rare en Europe du nord. Les seuls endroits où l’haplogroupe G2a dépasse 10 % de la population en Europe sont la Cantabrie, le centre et le sud de l’Italie (surtout dans les Apennins), la Sardaigne, le nord de la Grèce (Thessalie) et la Crète – toutes des régions montagneuses et relativement isolées.

Répartition géographique de l’haplogroupe G en Europe, en Afrique du nord et au Moyen-Orient

Répartition géographique de l'haplogroupe G en Europe, en Afrique du nord et au Moyen-OrientPropagation de l’agriculture du Moyen-Orient vers l’Europe (9500-3800 AEC)

Propagation de l'agriculture du Moyen-Orient vers l'Europe (9500-3800 AEC)

Histoire de G2a

Plusieurs migrations historiques ont apporté des sous-clades différentes de l’haplogroupe G en Europe ou les ont redistribuées sur le plan géographique.

Eleveurs néolithiques des montagnes

Il a été prouvé par des tests ADN de squelettes datant du néolithiques dans diverses parties d’Europe que l’haplogroupe G2a faisait partie des lignées d’agriculteurs et d’éleveurs néolithiques qui ont émigré d’Anatolie vers l’Europe entre 7.000 et 4.000 ans avant notre ère. Dans ce scénario, les migrants de l’est de la Méditerranée auraient apporté avec eux des moutons et des chèvres, qui avaient été domestiqués dans le sud du Caucase il y a environ 12.000 ans. Ceci expliquerait pourquoi l’haplogroupe G est plus courant dans les régions montagneuses, que ce soit en Europe ou en Asia.

La continuité géographique de G2a d’Anatolie vers la Thessalie à la péninsule italienne, la Sardaigne, Centre-Sud France et Iberia déjà suggéré que G2a pourrait être relié à la culture de la céramique cardiale (5000-1500 avant notre ère). Anciens tests d’ADN menés sur squelettes provenant d’un site LBK en Allemagne (qui étaient L30 +) ainsi que les sites de poterie imprimée-Cardium de Languedoc-Roussilon dans le sud de la France et de Catalogne en Espagne, tous confirmés que les agriculteurs néolithiques d’Europe appartenaient principalement à l’haplogroupe G2a. Autres haplogroupes trouvés jusqu’ici dans l’Europe néolithique incluent E-V13, F et I2a1 (P37.2).

Ötzi l’Homme de Similaun (voir individus célèbres ci-dessous), qui vivait dans les Alpes italiennes durant le Chalcolithique, appartenait à l’haplogroupe G2a2a2 (L91), une sous-clade relativement rare que l’on trouve aujourd’hui au Moyen-Orient, dans le sud de l’Europe (principallement en Sicile, en Sardaigne et en Corse) et en Afrique du Nord. G2a2 (PF3146) se retrouve autrement à de faibles fréquences partout entre le Levant et l’Europe occidentale. En conclusion, les agriculteurs néolithiques en Europe auraient appartenu à G2a, G2a2 (+ sous-clades) et G2a3 (et au moins la sous-clade M406).

De nos jours G2a est surtout présent dans les régions montagneuses de l’Europe, par exemple, dans les montagnes des Apennins (15 à 25 %) et en Sardaigne (12 %) en Italie, en Cantabrie (10 %) et dans les Asturies (8 %) dans le nord de l’Espagne, en Autriche (8 %), en Auvergne (8 %) et Provence (7 %), en Suisse (7,5 %), dans les zones montagneuses de la Bohême (5 à 10 %), en Roumanie (6,5 %) et en Grèce (6,5 %). Peut-être est-ce parce que les agriculteurs caucasiens recherchaient des terrains accidentés semblable à leur région d’origine, qui aurait été bien adaptée à l’élevage des chèvres. Mais il est plus probable que les agriculteurs G2a ont fui les envahisseurs de l’âge du Bronze, tels que les Indo-Européens, et ont cherché refuge dans les montagnes. Par exemple, G2a3a (M406) se trouve à relativement hautes fréquences dans le sud des Balkans, dans les Apennins et dans les Alpes, ce qui contraste remarquablement avec G2a3b (L141.1), que l’on trouve partout en Europe.

G2a-L141.1, la branche indo-européenne de G2a

Contrairement à d’autres branches de G2a, qui sont plus fréquents dans les régions montagneuses, G2a3b (L141.1) et en particulier sa sous-clade G2a3b1 (P303), est présente uniformément dans toute l’Europe, même en Scandinavie et en Russie. Plus important encore, G2a3b et ses sous-clades se trouvent aussi en Anatolie orientale, dans le Caucase, en Asie centrale et dans toute l’Inde, en particulier parmi les castes supérieures, qui représentent les descendants des envahisseurs indo-européens de l’âge du Bronze. La présence combinée de G2a3b1 à travers l’Europe et l’Inde est un argument très fort en faveur d’une origine indo-européenne. L’âge de la coalescence de G2a3b1 correspond également à l’époque de l’expansion indo-européenne durant l’âge du Bronze.

La terre d’origine de l’haplogroupe R1b1a (P297) et des locuteurs de la langue pré-proto-indo-européenne est présumé avoir été située dans l’est de l’Anatolie et le Caucase du Nord. Le Caucase en lui-même est une région particulièrement riche en haplogroupe G. Par conséquent, il est tout à fait concevable qu’une minorité d’hommes caucasiens appartenant à l’haplogroupe G (et peut-être aussi à J2b) aient intégré la communauté R1b qui a traversé le Caucase et s’est établie sur les rives nord et est de la mer Noire entre 7.000 et 4.500 avant notre ère.

Une autre théorie est que G2a3 (L30) soit arrivé en Europe centrale et orientale d’Anatolie pendant le néolithique (un fait prouvé par les tests d’ADN fossile). Une fois dans le sud-est de l’Europe, la lignée s’est divisée en deux ramifications : G2a3a, qui a suivi le Danube jusque l’Europe centrale (culture rubanée), et G2a3b, qui a migré vers l’est jusqu’à la steppe pontique, amenant l’agriculture dans la région. G2a3b se serait mélangé avec les peuplades autochtones R1a, puis avec les nouveaux arrivants R1b durant le chalcolithique et l’âge du Bronze. Au moment où que les Proto-Indo-Européens ont commencé leur expansion massive, les hommes G2a3b (qui apparemment, appartenait à une écrasante majorité à G2a3b1 et ses sous-clades) auraient rejoint R1b-M269/L23 lors de l’invasion de la Vieille Europe à partir de 4200 avant notre ère (=> voir histoire de R1b). G2a3a, en revanche, aurait été parmi les populations conquises de Vieille Europe, cherchant refuge dans les zones montagneuses.

Haplogroupe J2

Article principal : Haplogroupe J2

Origines

On croit que l’haplogroupe J2 est apparu quelque part au Moyen-Orient vers la fin de la dernière glaciation, il y a entre 15.000 et 22.000 ans. Sa distribution géographique actuelle plaident en faveur d’une expansion néolithique à partir du Croissant Fertile. Cette expansion est probablement corrélée avec la diffusion des bovins et des caprins domestiqués (qui a eu lieu d’environ 9000 à 8000 avant notre ère, dans les monts Zagros et le nord de la Mésopotamie), plutôt qu’avec le développement de l’agriculture céréalière dans le Levant (qui semble ont été plutôt associé aux haplogroupes G2 et E1b1b). Une deuxième expansion de J2 a pu se produire avec l’avènement de la métallurgie, notamment le travail du cuivre (à partir de la vallée du Danube inférieur, de l’Anatolie centrale et du nord de la Mésopotamie) et l’émergence de plusieurs des plus anciennes civilisations.

De nombreuses anciennes civilisations méditerranéennes et moyen-orientales se sont épanouies dans des régions où les lignées J2 sont prépondérantes de nos jours. C’est le cas des Hattis, des Hourrites, des Etrusques, des Minoens, des grecs, des Phéniciens (et leurs desce,dants les Carthaginois), des Israélites et dans une plus faible mesure aussi les Romains, les Assyriens et les Perses. Toutes les grandes civilisations de navigateurs de l’âge du Bronze moyen à l’âge du Fer ont été dominées par les hommes J2.

Il est une association distincte entre les anciennes civilisations J2 et le culte du taureau. La plus ancienne preuve d’un culte du taureau remonte en Anatolie centrale au néolithique, notamment sur les sites de Çatalhöyük et de Alaca Höyük. Les représentations de taureaux sont omniprésentes dans les fresques minoennes et les céramiques de Crète. Des figurines de terre cuite portant des masques de taureaux et des autels de pierre à cornes de taureau ont retrouvé à Chypre (remontant jusqu’au néolithique, la première extension présumée de J2 au Moyen-Orient). Les Hattis, Sumériens, Babyloniens, Canaaites et les Carthaginois avaient tous des divinités bovines (contrairement aux religions indo-européennes ou d’Extrême-Orient). Le taureau sacré de l’hindouisme, Nandi, présent dans tous les temples dédiés à Shiva ou Parvati, n’a pas une origine indo-européenne, mais remonte à la civilisation de vallée d’Indus. La Crète minoenne, l’Anatolie Hittite, le Levant, la Bactriane et la vallée de l’Indus aussi partagent une tradition de sauté de taureau, le rituel d’esquiver la charge d’un taureau. Elle survit aujourd’hui dans la corrida traditionnelle d’Andalousie et de Castille, ainsi que de Provence, des régions ayant un pourcentage élevé de lignées J2 par rapport à la moyenne de leur pays respectif.

Histoire

J2a en Europe et au Moyen-Orient

La forte présence de J2a en Italie est due en grande partie à la migration des Etrusques d’Anatolie occidentale au centre et au nord de l’Italie, et à la colonisation grecque du sud de l’Italie. Les immigrants venus s’installer à Rome de Méditerranée orientale sous l’Empire romain, puis aussi d’Anatolie, de Thrace et de Grèce au cours de la période Byzantine (en particulier dans le nord-est de l’Italie) a encore augmenté l’incidence de J2 dans la péninsule.

Les Phéniciens, Juifs, Grecs et Romains ont tous contribués à la présence de J2a dans la péninsule ibérique. La fréquence particulièrement forte de J2a et d’autres haplogroupes du Proche-Orient (J1, E1b1b, T) dans le sud de la péninsule ibérique, suggère que les Phéniciens et les Carthaginois ont joué un rôle plus décisif que les autres peuples. C’est logique compte tenu qu’ils étaient les premiers à arriver, qu’ils ont fondé le plus grand nombre de villes (y compris Gadir/Cadix, la plus ancienne ville d’Espagne) et que leur colonies coïncident presque exactement avec la zone où le pourcentage de J2 est plus élevée dans le sud de l’Andalousie.

Les Romains ont sans doute contribué à répandre l’haplogroupe J2 au sein de leurs frontières, à en juger par la distribution du J2 au sein de l’Europe (fréquence supérieure à 5 %), qui porte une étrange ressemblance avec les frontières de l’Empire romain (une fois que des concessions ont été faites pour les invasions germaniques qui semblent avoir abaissé la fréquence de J2 dans toute la région s’étendant de la Belgique à la Suisse).

Les plus fortes concentrations de J2a en Europe se trouvent en Crète (32 % de la population) et en Calabre (26 %). J2a-M319, une des principales sous-clades J2 en Grèce, en Italie et Europe de l’Ouest, atteint sa fréquence maximale en Crète (6-9 %).

J2a en Inde

En Inde, J2a est plus fréquent parmi les castes supérieures et diminue en fréquence avec le niveau de caste. Cela peut s’expliquer par l’assimilation de la population locale de J2a (et R2) de Bactriane et du Pakistan par les guerriers indo-européens R1a qui sont descendus de la région Volga-Oural de Russie (culture Sintachta) et se sont établis pendant quelques siècles en Asie centrale du sud, immédiatement au nord de l’Hindou Kouch (y compris la civilisation de l’Oxus) avant de conquérir le sous-continent indien. J2a aurait atteint la Bactriane avec l’expansion des éleveurs néolithiques du Moyen-Orient, qui se seraient mélangées avec les chasseurs-cueilleurs indigènes appartenant principalement à l’haplogroupe R2.

J2b: Neolithic Balkans and Indo-Europeans

J2b a une distribution très différente de J2a. J2b semble avoir un lien plus forte avec les cultures néolithiques et chalcolithiques du sud-est de l’Europe. J2b est particulièrement courant dans les Balkans, en Europe centrale et en Italie, ce qui représente à peu près l’étendue de la culture de l’âge du cuivre en Europe. J2b atteint sa fréquence maximal autour de l’Albanie, du Kosovo, du Monténégro et nord-ouest de la Grèce, la partie des Balkans qui a le mieux résistée aux invasions slaves du haut Moyen Âge.

La grande majorité des lignées de J2b appartiennent à J2b2 et ses sous-clades. Tandis que les lignées J2b* et J2b1 sont pour la plupart limitées géographiquement au Caucase, à l’Anatolie et aux Balkans, J2b2 se retrouve aussi dans la Steppe pontique, en Asie centrale et en Asie du Sud, particulièrement en Inde. Sa très basse fréquence dans le Moyen-Orient suggère cependant que, contrairement à d’autres lignées de J2, J2b2 ne s’est pas disséminé par une diffusion démique avec le mode de vie néolithique.

A bien des égards, la répartition des J2b2 et ses sous-clades évoque fortement celle de G2a3b1 et ses sous-clades. L’hypothèse la plus probable est que les deux haplogroupes colonisèrent la Steppe pontique durant le néolithique, soit traversant le Caucase d’Anatolie orientale, soit, plus probablement, par une expansion vers l’est des cultures florissantes de la « Vieille Europe » (issues du néolithique thessalien). Les hommes J2b2b et G2a3b1 intégrèrent alors la population indigène R1a1a des steppes, et furent à leur tour rejoints par un plus gros contingent de lignées R1b en provenance du Caucase du Nord (voir histoire de R1b).

De nos jours les J2b2 se trouve principalement dans le sud-est et le centre de l’Europe, mais aussi en Russie et parmi les castes supérieures de l’Inde. Tous ces éléments renforcent l’hypothèse que J2b2 et G2a3b1 étaient deux lignées mineures qui se sont répandues au sein d’une population principalement R1a pendant les invasions indo-aryenne de l’Asie du Sud il y a environ 3.500 ans.

Une autre hypothèse concevable est qu’une minorité de J2b2, de G2a3b1 et de R1b-M269 de la région du Caucase ont migré dans la région Volga-Oural au tout début de l’âge du Bronze, propageant avec eux la langue indo-européenne et les techniques du bronze dans la steppe Caspienne avant l’expansion de cette nouvelle culture en Asie centrale et du sud.

Répartition de l’haplogroupe J2 en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Répartition de l'haplogroupe J2 en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Haplogroupe J1

J1 est un haplogroupe typiquement sémitique, constituant la plus grosse partie de la population de la péninsule arabe. Sa plus forte densité a été constaté au Yemen (72%), qui doit être sa terre d’origine. La conquète musulmanne du Moyen Orient, de l’Afrique du nord, et dans une moindre mesure de l’Espagne et de la Sicile, propagèrent J1 bien au delà de l’Arabie, créant un nouveau monde arabe.

Une grande partie des Juifs appartiennent à J1 et J2, bien que J2 soit plus courant. J1 est le Haplotype modal Cohanim, ce qui veut dire que la plupart (environ les trois quart) des gens s’appelant Cohen, Kohen, ou une variante du nom appartiennent à un haplotype specifique de J1 . Dans la Bible hebraique, l’ancêtre commun de tous les Cohens est identifié comme étant Aaron, le frère de Moïse.

Répartition de l’haplogroupe J1 en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Répartition de l'haplogroupe J1 en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Haplogroupe E1b1b

Article principal : Haplogroupe E1b1b

Origines & Histoire

L’haplogroupe E1b1b (anciennement E3b) représente la dernière migration majeure directe d’Afrique vers l’Europe. On pense qu’il serait apparu dans la corne de l’Afrique il y a environ 26.000 ans, et se serait dispersé en Afrique du Nord et au Proche-Orient au cours du paléolithique tardif et du mésolithique. Les lignages paternels E1b1b sont étroitement liées à la diffusion des langues chamito-sémitiques.

La plus grande diversité génétique de l’haplogroupe E1b1b se trouve dans le nord-est de l’Afrique, surtout en Éthiopie et en Somalie, qui ont également le monopole des branches les plus anciennes comme M281, V6 ou V92. Les Éthiopiens et les Somaliens appartiennent pour la plupart aux sous-clades V22 et V32 (en aval du V12), mais possèdent également une minorité de sous-clades M81, M123 et V42. Parmi les sous-clades principales de E1b1b, V13 est la seule qui n’a pas été trouvée dans la corne de l’Afrique et tire probablement ses origines du nord de l’Afrique ou du sud du Levant.

L’haplogroupe E1b1b pourrait bien être associé avec le premier développement du mode de vie néolithique et l’avènement de l’agriculture, que l’on pense à l’heure actuelle s’être développée dans le Croissant Fertile, mais qui aurait pu apparaître plus tôt dans des régions du nord-est de l’Afrique désormais recouvertes par le désert du Sahara. L’agriculture s’est ensuite propagé du Proche-Orient vers l’Europe, dans un premier temps principalement par des éleveurs d’ovicapridés. Les hommes E1b1b (accompagnés d’hommes G2a, J et T) semblent avoir été associés au moins avec la diffusion de la céramique peinte néolithique du Levant vers les Balkans (néolithique thessalien) et avec la culture de la céramique cardiale (5000-1500 avant notre ère), en Méditerranée occidentale. La seule preuve concrète à ce jour est la présence de la sous-clade E-V13, que l’on retrouve surtout dans le sud des Balkans de nos jours, sur un site néolithique vieux de 7000 ans dans le nord-est de l’Espagne, qui a été testée par Lacan et coll. (2011).

Répartition de l’haplogroupe E1b1b en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Répartition de l'haplogroupe E1b1b en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Sous-clades

Cinq sous-clades majeurs d’E1b1b (V12, V13, V22, M81, M123) tirent leurs origines du nord-est de l’Afrique avant le néolithique. La plupart des sous-clades principales sont par conséquent présentes pratiquement dans toutes les régions où l’on trouve E1b1b. La seule exception est la Norvège, la Suède et la Finlande, où seul E-V13 semble être présent.

La fréquence des sous-clades de E a varié géographiquement au fil du temps en raison d’effets fondateurs dans les populations néolithiques, c’est-à-dire la migration d’un petit groupe de colons parmi lesquels une lignée paternelle était nettement plus courantes que les autres. Parmi les effets fondateurs les plus notables citons E-V12 dans le sud de l’Egypte, E-V13 dans les Balkans, E-V32 en Somalie, E-V65 sur la côté méditerranée de l’Afrique, et E-M81 dans le nord-ouest de l’Afrique.

E1b1b1a1 (ou E-M78, anciennement E3b1a) est la variété la plus commune de l’haplogroupe E entre européens et proche-orientaux. E-M78 est divisé en 4 branches principales : E1b1b1a1 (E-V12), E1b1b1a2 (E-V13), E1b1b1a3 (E-V22) et E1b1b1a4 (E-V65), chacune subdivisée en d’autres sous-clades.

  • E-V13 est l’un des principaux marqueurs de la diffusion néolithique de l’agriculture à partir du Levant. Comme toutes les autres sous-clades de E-M78, E-V13 est provenu du nord-est de l’Afrique vers la fin de la dernière période glaciaire. Sa fréquence est maintenant beaucoup plus élevée en Grèce, dans le sud de l’Italie et dans les Balkans que partout ailleurs en raison d’un effet fondateur parmi les colons néolithiques du sud du Levant. Des preuves archéologiques montrent que la région de Thessalie, en Grèce du Nord, a été le point de départ (vers 6.000 avant notre ère) de la diffusion de l’agriculture à travers les Balkans et le bassin du Danube, qui s’est ensuite répandue vers l’ouest jusqu’au nord de la France, et vers l’est jusqu’en Russie. La distribution moderne de E-V13 laisse entrevoir une forte corrélation avec les cultures néolithiques et chalcolithiques de la Vieille Europe, comme la culture de Vinča, la culture de Boian (ou de Giuleşti-Marişa) et la culture de Karanovo. Les analyses génétiques de trois échantillons masculins de la culture rubanée (LBK) a seulement révélé la présence des haplogroupes F et G2a. La taille de l’échantillon était néanmoins insuffisant pour écarter la possibilité que E1b1b faisait partie de cette culture. E-V13 fut plus tard associé à l’expansion de la Grèce antique et ses colonies. En dehors de l’Europe centrale et des Balkans, V13 est particulièrement fréquent dans le sud de l’Italie, à Chypre et dans le sud de la France, qui faisaient toutes partie du monde grec antique.
  • E-V22 est principalement présente dans l’ouest de l’Ethiopie, le nord de l’Égypte et le du du Levant. En Europe, il est donc associé avec les Phéniciens et les Juifs, en plus de la propagation de l’agriculture. Les Phéniciens pourraient avoir diffusé E-V22 en Sicile, en Sardaigne, dans le sud de l’Espagne et au Maghreb, tandis que les Juifs l’auraient apporté en Grèce, en Italie continentale et en Espagne. Cependant, la diffusion de l’agriculture en Méditerranée (voir carte ci-dessus) a suivi le même parcours et traversé les mêmes régions. Il est donc impossible de savoir à l’heure actuelle laquelle des deux périodes (néolithique ou Antiquité classique) a joué le rôle plus important dans la propagation du V22 autour de la Méditerranée.
  • E-V12 est la sous-clade de M78 la plus courante dans le sud de l’Egypte (plus de 40 % de la population), tandis que sa sous-clade V32 est la lignée paternelle dominante en Somalie, dans le sud de l’Ethiopie et le nord du Kenya. La présence modérée des V12* au Proche-Orient et en Europe (à l’exception des pays nordiques) indique qu’il s’agissait d’une lignée de néolithique mineure qui a accompagné E-V13. V32 n’a pas été trouvé en dehors du nord-est de l’Afrique.
  • E-V65 se trouve principalement en Afrique du Nord, avec une fréquence maximale (20 à 30 %) observée en Lybie, en Tunisie et dans le nord du Maroc. L’absence de V65 dans la corne de l’Afrique indique qu’il aurait provenu d’Afrique du Nord. V65 a également été trouvé dans un faible pourcentage de la population (de 0,5 à 5 %) en Egypte, en Grèce, dans la péninsule italienne, en Sicile et, plus intéressant encore, parmi les Sardes et les Basques, deux isolats de population possédant de fortes affinités avec la population de l’Europe néolithique et mésolithique. Cependant, V65 n’a pas été trouvé dans le Levant, les Balkans ou hors d’Europe méditerranéenne, ce qui réfute une dispersion néolithique. Sa forte distribution en Afrique du Nord et sa très faible présence dans les régions du sud de l’Europe qui ont eu des liens historiques avec l’Afrique du Nord suggèrerait plutôt que cette lignée a été apportée dans le sud de l’Europe par des immigrants d’Afrique du Nord. Dans le cas de l’Italie, cela aurait pu se passer n’importe quand entre la période phénicienne/carthaginoise (d’environ 1000 à 146 AEC) et le Royaume vandale. En Grèce, V65 pourrait provenir des anciennes colonies de la Cyrénaïque. Dans la péninsule ibérique, V65 aurait pu traversé le détroit de Gibraltar à n’importe quel période de l’histoire depuis la fin du paléolithique.

E-M81 est probablement originaire de la corne de l’Afrique, bien que sa présence soit très limitée de nos jours (1,5 % en Somalie, 5 % au Soudan). M81 a colonisé l’Afrique du Nord et le Levant et est devenu la lignée dominante des Berbères d’Afrique du Nord-Ouest, presque certainement à cause d’un effet fondateur. Dans le centre et le sud du Maroc E-M81 peut culminer à plus de 80 % de la population. M81 se retrouve également dans la péninsule ibérique et, dans une moindre mesure, dans le sud de l’Italie (1-2 %) et le sud de la France (0,5 %). M81 est particulièrement fréquent en Ibérie occidentale, notamment en Extremadure (15,5 %), en Andalousie (13,5 %), dans le sud du Portugal (11 %), dans le nord-ouest de la Castille (10 %) et en Galice (10 %). Le pourcentage le plus élevé de E-M81 en Europe se trouve parmi les Pasiegos (30 %, n=101), une communauté isolée vivant dans les montagnes de la Cantabrie.

E-M123 est présent en Ethiopie (5-10 %), où il semble provenir. Sa principale sous-clade E-M34 a probablement émergé dans le sud du Levant, où elle atteint sa fréquence maximale (10-12 % parmi les Palestiniens et les Juifs, 8 % parmi les Bédouins, 5 % au Liban), puis se serait éparpillée dans toutes les directions à travers l’Afrique du Nord (3-5 %), le Moyen-Orient et l’Asie du Sud, l’Anatolie (3-5 %) et l’Europe du Sud, en particulier l’Italie (1 à 8 %). La distribution des E-M123 correspond presque exactement à l’expansion précoce de l’agriculture (voir carte ci-dessus) au cours de la période néolithique. Les fréquences de E-M123 semblent aller de pair avec ceux de l’haplogroupe G2a, à la différence près que G2a atteint sa fréquence maximale dans le Caucase et en Anatolie, peut-être à cause d’un effet fondateur. En Europe, E-M123 suit plus ou moins la répartition de E-V13, avec sa plus haute fréquence (1 à 5 %) observée en Grèce, dans le sud de l’Italie, dans les Balkans et le bassin du Danube, puis allant en diminuant vers l’Allemagne, la Pologne, l’Ukraine et la Russie, où sa fréquence est inférieur à 1 %. En Europe occidentale, E-M123 se trouve dans à peu près 1 % de la population en Belgique, en France et en Espagne et 2,5 % au Portugal. Quelques pics locaux sont observés en Extremadure espagnole (4 %) et dans les îles Baléares de Ibiza et de Minorque (moyenne de 10 %).

Haplogroupe T

Article principal : Haplogroupe T

Répartition géographique

L’haplogroupe T est un lignage assez rare en Europe. Il représente seulement 1 % de la population sur la majeure partie du continent, sauf en Italie, en Grèce et en Macédoine, où il dépasse 4 %, et dans la péninsule ibérique où il atteint 2,5 %, avec des enclaves allant jusqu’à 10 % à Cadix et plus de 15 % à Ibiza. La fréquence maximale de l’haplogroupe T dans le monde est observée en Afrique de l’est (Erythrée, Ethiopie, Somalie, Kenya, Tanzanie) et au Moyen Orient (surtout le Caucase du Sud, le sud de l’Iraq, le sud-ouest de l’Iran, l’Oman et le sude de l’Egypte), où il représente environ 5 à 15 % des lignées paternelles. Outre ces régions et l’Europe, on trouve des poches isolées d’haplogroup T en Asie centrale, en Inde, en Afrique du Sud, au Cameroun et au Zambie. Sa densité la plus élevée se trouve en fait chez le peuple Fulani du Cameroun (18 % de la population).

Répartition de l’haplogroupe T en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Répartition de l'haplogroupe T en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

Origines & Histoire

L’haplogroupe T apparu il y a au moins de 30.000 ans, ce qui en fait l’un des plus vieux haplogroupes trouvés en Eurasie, ce qui peut expliquer sa vaste dispersion autour de l’Afrique et l’Asie du Sud. Cela rend également son lieu d’origine incertain. T est un descendant de l’haplogroupe K, qui est lui-même l’ancêtre de la plupart des haplogroupes eurasiatiques (L, N, O, P, Q, R et T), et dont l’origine probable est au Moyen Orient ou en Asie centrale.

Bien que l’haplogroupe T soit plus fréquent aujourd’hui en Afrique de l’est que partout ailleurs, il y a de fortes chances que T se soit propagé à partir du Croissant Fertile avec l’essor de l’agriculture. Son incidence plus élevée en Afrique de l’est aurait été causé par un effet fondateur parmi les agriculteurs néolitiques du Moyen-Orient.

La répartition moderne de T en Europe est fortement corrélée avec une la colonisation néolithique de l’Europe méditerranéenne par les agriculteurs du Moyen-Orient, notamment avec la culture de la céramique cardiale (5000-1500 avant notre ère).

Lors de l’âge du Cuivre et de l’âge du Bronze, l’haplogroupe T aurrait été un lignage important (bien que probablement pas dominant) parmi des peuples antiques tels que les Sumériens et les Élamites.

Les fréquences d’haplogroupe T plus élevées que la moyenne dans des endroits comme Chypre, la Sicile, la Tunisie, Ibiza, l’Andalousie et la pointe nord du Maroc suggèrent que l’haplogroupe T pourrait s’être propagé via la colonisation des Phéniciens (1200-800 avant notre ère), et que l’ancienne Phénicie aurait apparemment eu une incidence plus élevée de T que le Liban actuel (5 %).

Tandis que presque toutes les sous-clades de T sont présentes au Moyen-Orient, la plupart des Européens en dehors de la Méditerranée appartiennent aux sous-clades T1a2 (L131) et T1a1a1a (P77), qui se retrouvent également en Anatolie. Ces sous-clades représentent probablement une migration néolithique du Croissant Fertile vers l’Europe du sud-est. Elles se seraient ensuite répandues dans toute l’Europe centrale et orientale, allant jusqu’à la Baltique orientale au nord. T1a2 a été trouvé aussi loin que la région Volga-Oural de Russie et le Xinjiang dans le nord-ouest de la Chine. Cette branche a probablement pénétré dans la Steppe pontique pendant le néolithique (peut-être aux côtés de G2a3b1 et J2b2) et s’intégra aux peuples autochtones R1a avant leur expansion vers l’Asie centrale au cours de l’âge du Bronze (=> voir R1a-Z93).

L’haplogroupe T a été trouvé à une fréquence relativement élevée parmi les Tatars (5 %) et les Maris (2 %) de la région Volga-Oural, ainsi que dans le nord-ouest de la Russie (3 %) et en Estonie (3,5 %), ce qui suggère qu’il pourrait avoir été un des principales lignages qui a apporté le néolithique aux populations de langue ouralienne. Les tests ADN autosomique ont également identifié des pourcentages anormalement élevés de sang sud-ouest asiatique parmi les Finlandais (1 à 2,5 %) et les Lituaniens (1,5 %), qui n’ont autrement pas d’ADN moyen-oriental ou caucasien et ne possèdent presque pas d’ADN-Y du Moyen Orient. Cet ADN « sud-ouest asiatique » pourrait être la trace des lignées T absorbées pendant le néolithique.

Le test de l’ADN présumé du 3e président américain, Thomas Jefferson, a conclu qu’il appartenait à l’haplogroupe T.

Autres haplogroupes rencontrés en Europe

Haplogroupe N

N est l’haplogroupe typiquement associés aux peuples ouraliens, de la Finlande à la Siberie, avec de faibles pourcentages observés jusqu’en Corée et au Japon. En Europe, l’haplogroup N n’est présent en nombre significatif que parmis les Finnois (58%), Lithuaniens (42%), Lettons (38%), Estoniens (34%) et Russes du nord.

On pense que l’haplogroupe N serait apparu en Asie du sud-est il y a approximativement 15.000 à 20.000 ans d’ici, mais le sous-groupe N1c1 que l’on retrouve en Europe est probablement né en Siberie du sud il y a 12.000 ans, et serait arrivé au nord-est de l’Europe il y a 10.000 ans.

L’haplogroupe N est associé à la culture Kunda (8000-5000 AEC) et la culture de la Céramique à peigne et fossette (4200-2000 AEC), desquels descendent les peuples finiques et pré-baltiques.Les Indo-Européen culture de la céramique cordée (3200-1800 AEC) se sont progressivement emparés de la region de la Baltique et du sud de la Finlande il y a 4.500 ans. La fusion des deux donna naissance à la culture hybride de Kiukainen (2300-1500 AEC). Les Baltes actuels ont a peu près la même proportion d’haplogroupe N1c1 et R1a, résulat de cette fusion entre cultures slaves et ouraliennes.

Répartition de l’haplogroupe N1c1 en Europe

Répartition de l'haplogroupe N1c1 en Europe

Haplogroupe Q

Article principal : Haplogroupe Q

Origines

L’haplogroupe Q est présent essentiellement en Sibérie centrale, en Asie centrale et chez les Amérindiens. Environ 90 % des Amérindiens précolombiens appartenait à l’Haplogroupe Q et tous descendent de la branche Q1a2a1 (L54), dont plusieurs sous-clades des Q1a2a1a1 (M3) et Q1a2a1a2 (Z780).

En Europe, l’haplogroupe Q1a est censé avoir été introduit par les Huns, les Mongols et les Turcs, qui sont tous originaires de la région de l’Altaï, autour de la Mongolie actuelle. L’haplogroupe Q a été identifié dans des ossements de l’âge du fer provenant de sites huns en Mongolie par Petkovski et coll. (2006) et au Xinjiang par Kang et al. (2013). Les Mongols modernes appartiennent à différentes sous-clades de Q1a, y compris par ordre de fréquence Q1a2a1c (L330), Q1a1a1 (M120), Q1a1b (M25) et Q1a2a* (L53).

Répartition de l’haplogroupe Q en Europe

Répartition de l'haplogroupe Q en Europe

Histoire

Les Huns en Suède ?
Le Götaland et le Gotland, deux régions du sud de la Suède, possèdent de nos jours les pourcentages les plus élevés (5 %) de lignages paternels appartenant à l’haplogroup Q en Europe. Presque tous appartiennent à la sous-clade Q1a2b1 (L527). Les Romains ont écrit que les Huns ne représentaient qu’une petite élite et que leurs armées comprenaiennt principallement des guerriers germaniques. Le Gotland et le Götaland sont la patrie présumée des anciens Goths. Au 1er siècle de notre ère, certains Goths émigrèrent de Suède jusqu’en Pologne, puis au 2e siècle s’installèrent sur les rives nord de la mer Noire, autour de Moldavie actuelle. Les Huns conquirent les Goths dans la Steppe pontique au 4e siècle, forçant certains d’entre eux à fuir la région du Dniepr et à s’installer dans l’Empire romain d’Orient (Balkans). Il ne serait pas improbable que certains Goths et Huns aient migré jusqu’au sud de la Suède, soit avant l’invasion de l’Empire romain, soit après la chute de l’Empire romain d’Occident, sous la pression des les migrations slaves vers l’Europe centrale. Après tout, même les peuples antiques gardaient une certaine nostalgie de leur terre ancestrale et savait exactement d’où leurs ancêtres provenaient plusieurs siècles auparavant.

Tandis que Q1a est plutôt mongol, sibérien et amérindien, Q1b semble tirer ses origines en Asie centrale et aurait migré relativement tôt vers l’Asie du Sud et le Moyen-Orient. Le pourcentage le plus élevé de Q1b en Europe se trouve parmi les Juifs ashkénazes (5 %) et les Juifs séfarades (2 %), suggérant que Q1b était présent au Levant avant la diaspora juive il y a 2 000 ans. Q1b se trouve également au Liban (2 %) et à différents endroits colonisés par les Phéniciens en Europe méridionale (Crète, Sicile, au sud-ouest de l’Ibérie). Cela signifie que Q1b doit avoir été présent au Levant il y a au moins 1200 avant notre ère, bien longtemps avant les migrations des Huns. Une hypothèse est que Q1b a atteint le Moyen-Orient aux côtés de l’haplogroupe R1a-Z93 avec les migrations d’indo-iranienne d’Asie centrale au cours de l’âge du Bronze tardif.

Haplogroupe C

L’haplogroupe C est un lignage paternel très ancien qui serait apparu avant ou juste après la première migration d’Homo Sapiens hors d’Afrique, il y a 70.000 ans. Des hommes appartenant à l’haplogroupe C auraient quitté l’Afrique de l’est au cours de la période glaciaire et suivi les côtes de l’océan Indien, colonisant la péninsule arabique, le sous-continent indien, l’Asie du sud-est, l’Asie du nord-est et l’Océanie.

Le premier groupe à se scinder du reste fut C-Z1426, qui a colonisé le Moyen-Orient et l’Asie du Sud. Une branche (CTS11043) pourrait avoir migré vers le nord jusqu’en Asie centrale, puis s’être diviser en deux : une tribu allant vers l’ouest jusqu’en Europe (haplogroupe C-V20) tandis que l’autre migra vers l’Extême-Orient et ne survit qu’au Japon de nos jours (haplogroupe C-M8). L’haplogroupe C-V20 représente sans doute la toute première migration d’Homo Sapiens en Europe il y a 45.000 ans, et aurait donc été le premier à entrer en contact avec les Néanderthals.

La deuxième branche de C-Z1426 se répartit autour de l’Asie du sud, de l’Asie du sud-ouest et l’Asie centrale, où on la trouve à de faibles fréquences de nos jours (haplogroupe C-M356).

Pendant ce temps, d’autres tribus C poursuivirent leur migration vers l’est jusque l’Asie du sud-est, où elles se divisèrent en quatre grands groupes. La première branche colonisa l’Indonésie, la Mélanésie, la Micronésie et la Polynésie (haplogroupe C2-M38). Une deuxième branche migra au sud vers l’Australie, où ils devinrent les Aborigènes australiens (haplogroupe C4-M347). Une autre s’installa dans la cordillère centrale de Nouvelle-Guinée (haplogroupe C-P55). La quatrième branche remonta jusqu’en Asie du nord-est (haplogroupe C3-M217) et se trouve aujourd’hui principalement parmi les Mongols, les tribus sont issues des Mongols (Kalmouks, Hazaras) y compris les peuples turcs (Kazakhs, Kirghizes, Uyghurs, Ouzbeks, Touvains, Iakoutes), les tribus de Sibérie orientale (Bouriates, Tchouktches, Itelmènes, Nivkh, peuples Toungouses), les Chinois (Han, Hui, Mandchous, Oroqens, Tujia), les Coréens et les Japonais (en particulier les Ainus), mais aussi parmi plusieurs peuples autochtones d’Amérique du Nord, y compris certains les populations de langue na-dené, algonquienne et sioux.

L’haplogroupe C est une lignée très rare en Europe. Les quelques européens qui appartiennent à C appartiennent soit à la branche européenne C-V20, soit à la branche C-M358 du Moyen Orient, ou à la branche mongole C3. L’haplogroupe C3 a aussi été identifié dans un squelette de Huns de l’âge du fer en Mongolie actuelle. Sa présence en Europe peut donc être liée aux invasions des Huns et des Mongols, comme l’haplogroupe Q1a.

L du chromosome y (Y-ADN)

Répartition géographique

L’haplogroupe L est présent principalement au Moyen Orient et dans le sous-continent indien. Sa fréquence oscille entre 5 et 15 % au Pakistan et en Inde occidentale, avec un pic à 23 % parmi les Kalashs du nord-est du Pakistan, et de 1 à 10 % en Asie centrale (principalement en Ouzbékistan, au Tadjikistan et en Afghanistan). On le trouve également dans le Moyen Orient (5 % au Liban, 4,5 % au Kurdistan turc, 4 % en Iran, 3 % en Syrie), dans certaines parties de la Caucase (7 % en Azerbaïdjan et en Tchétchénie, 3 % en Arménie et en Ingouchie) et dans des régions isolées d’Europe (3,5 % dans le nord-est de l’Italie, de 0,2 % à 1 % dans les Balkans et la Grèce, 0,5 % en Flandre).

Sous-clades

L’haplogroupe L est divisé en quatre sous-clades principales :

  • L1a (M27) est la plus souvent trouvée en Inde et au Sri Lanka, avec des fréquences allant en diminuant vers le Pakistan, le sud de l’Iran, la péninsule arabique. Elle a également été trouvée dans le Piémont (Italie), en Rhénanie (Allemagne) et en Flandre (Belgique).
  • L1b (317) se trouve principalement dans le Caucase du Sud, l’est de l’Anatolie et le Liban. Cette sous-clade a également été observé dans le Tyrol du Sud, en Russie et en Asie centrale. Sa principale sous-clade L1b1 (M349) a été trouvé en Italie, en Suisse, en Autriche, en Allemagne, en Belgique, en Angleterre, en Irlande du Nord, dans la plupart de l’Europe centrale et de l’est, et en Méditerranée orientale. La présence de L1b et L1b1 en Europe remonte probablement à la période néolithique.
  • L1c (M357) est un essentiellement un sous-clade gédrosienne (Balochistan), trouvée parmi les Burushos, les Kalashs (sous-clade L1c1-PK3) et les Pachtounes du Pakistan et d’Afghanistan, mais aussi parmi les Tchétchènes dans le Caucase du nord-est. On la trouve aussi à de faible fréquences dans d’autres populations du Pakistan, d’Inde, du nord de l’Iran, de Géorgie et d’Ingouchie. En Europe, L1c n’a été observé qu’en Sicile.
  • A l’heure actuelle L2 (L595) a été trouvé exclusivement en Europe (Grèce, Italie, sud de l’Allemagne, Russie) et dans le Caucase du Sud.

Haplogroupe H

L’haplogroupe H se trouve généralement parmi les populations dravidiennes du sous-continent indien, particulièrement dans le sud de l’Inde et du Sri Lanka. En Europe on le trouve presque exclusivement parmi les Tsiganes (Roms), qui appartiennent principalement (entre 15 % et 50 %) à la sous-clade H1a (M82) d’origine indienne. Les fréquences les plus élevées de l’haplogroupe H chez les européens non-gitans se trouvent dans les régions à forte population gitanne, tels que la Roumanie, la Slovaquie, le sud des Balkans et l’Andalousie, ce qui suggère que ces lignées sont également d’origine tsigane. Aucune autre sous-clade que H1a n’a été trouvé à ce jour en Europe.

Haplogroupe A

A est le plus ancien de tous les haplogroupes du chromosome Y. Il apparu en Afrique subsaharienne il y plus de 140.000 ans et peut-être autant que 340.000 ans si on inclut l’haplogroupe A00. Les populations modernes avec les pourcentages les plus élevés d’haplogroupe A sont les Khoisan (tels que les Bushmen) et les Soudanais du sud.

Il n’y a que quelques rares cas isolés d’hommes européens appartenant à l’haplogroupe A. Les tests commerciaux ont identifié quelques familles écossaises et irlandaises appartenant tous à la même sous-clade A1b1b2 (M13). Cette sous-clade se trouve normalement en Afrique de l’est (Ethiopie, Soudan), mais a également été trouvée en Egypte, dans la péninsule arabique, en Palestine, en Jordanie, en Turquie, en Sicile, en Sardaigne et en Algérie. Elle est certainement arrivée en Europe avec des hommes d’origine levantine, que ce soit pendant le néolithique ou plus tard (Phéniciens, Juifs, immigration au sein de l’Empire romain).

L’haplogroupe A1a* (M31) a été trouvé dans l’est de l’Angleterre, en Norvège et en Finlande. Cette sous-clade se trouve normalement le long de la côte ouest de l’Afrique (Guinée-Bissau, Cap-Vert, Mali, Maroc) et pourrait être arrivée en Europe pendant le Paléolithique. En effet un faible pourcentage de mélange subsaharien a été trouvé parmi des échantillons d’ADN antique de Scandinavie mésolithique testés par Skoglund et coll. (2012).

Haplogroupes de l’ADN mitochondrial

Développement chronologique des haplogroupes ADN mt

Les haplogroupes mitochondriaux rencontrés en Europe descendent tous de l’haplogroupe N, qui representerait une des deux vagues initiales de migrations d’Homo Sapiens hors d’Afrique, il y a 60.000 à 80.000 ans. De nos jours, l’haplogroupe N n’est présent qu’à de très faible pourcentage à travers l’Eurasie.

Malheureusement, la taille très réduite de l’ADN mitochondrial (approximativement 16.500 paires de base, comparé à 60 million pour l’ ADN-Y) ne permet pas de retracer ses origines de manière aussi précise que pour la lignée paternelle. Les haplogroupes mitochondriaux de base (sans sous-groupe) sont tous apparus lors de l’époque glaciaire, une période durant laquelle les êtres humains étaient des chasseurs-cueilleurs nomades, bien avant la création des premières villes et civilisations. Par conséquent, les haplogroupes mitochondriaux sont seulement liés à des groupes ethniques au niveau continental. Ceux associés aux Européens sont H, I, J, K, T, U, V, W and X (à l’exception de la branche X2a qui se retrouvent chez les amérindiens). L’analyse plus profonde des sous-groupes permet d’associer des haplogroupes à des régions plus spécifiques, mais ne correspondant pas nécessairement avec les groupes ethniques historiques ou linguistiques. Une des raisons principales pour ceci est que dans l’histoire de l’humanité les femmes, par qui l’ADN mitochonrial est transmis, ont très souvent eu tendance à se marrier plus en dehors de leur groupe ethnique que les hommes (par exemple lors d’alliances entre clans, tribus ou royaumes). Une autre raison est que dans les temps anciens, lors de guerres de conquète, les hommes du parti vaincu étaient tués et les femmes assimilées à la tribu des vainqueurs.

Chronological development of mtDNA haplogroups

Veuillez prendre en compte que l’âge des haplogroupes mitochondriaux est beaucoup plus difficile à estimer que les haplogroupes Y, en raison de la courte séquence de l’ADN mitochondrial et du faible nombre de mutations disponibles. La marge d’erreur pour les dates ci-dessous est généralement de +- 5000 ans, mais pourrait même être plus important pour les haplogroupes très vieux.

  • N => 75.000 ans (apparu au nord-est de l’Afrique)
  • R => 70.000 ans (au sud-ouest de l’Asie)
  • U => 50.000 à 60.000 ans (nord-est de l’Afrique ou Moyen Orient)
  • pre-JT => 55.000 ans (au Moyen Orient)
  • JT => 50.000 ans (au Moyen Orient)
  • U5 => 50.000 ans (en Asie occidentale)
  • U6 => 50.000 ans (en Afrique du Nord)
  • U8 => 50.000 ans (en Asie occidentale)
  • pre-HV => 50.000 ans (au Proche Orient)
  • J => 45.000 ans (au Proche Orient ou au Caucase)
  • HV => 40.000 ans (au Proche Orient)
  • H => 35.000 ans (au Proche Orient ou au sud de l’Europe)
  • X => plus de 30.000 ans (dans le nord-est de l’Europe)
  • U5a1 => 30.000 ans (en Europe)
  • I => 30.000 ans (près du Caucase ou nord-est de l’Europe)
  • J1a => 27.000 ans (au Proche Orient)
  • W => 25.000 ans (au nord-est de l’Europe ou au nord-ouest de l’Asie)
  • U4 => 25.000 ans (en Asie centrale)
  • J1b => 23.000 ans (au Proche Orient)
  • T => 17.000 ans (en Mésopotamie)
  • K => 16.000 ans (au Proche Orient)
  • V => 15.000 ans (apparu en Iberie et a migré dans le nord de la Scandinavie)
  • H1b => 13.000 ans (en Europe)
  • K1 => 12.000 ans (au Proche Orient)
  • H3 => 10.000 ans (en Europe occidentale)

European mtDNA haplogroup chart

L’ADN mitochondrial préhistorique des Européens

Les tests d’ADN préhistorique ont permis de déterminer depuis combien de temps chaque haplogroupe est présent en Europe. Seuls quelques tests de ce type ont été effectués jusqu’à présent. L’ADN mitochondrial a été extrait d’un squelette d’un homme de Cro-Magnon d’il y a 28.000 ans trouvé dans le sud de l’Italie, et son haplogroupe a été déterminé être HV ou pré-HV. Toujours précédant l’expansion du Néolithique au Moyen-Orient, l’homme de Cheddar, âgé de 9.000 ans, a été identifié comme appartenant à l’haplogroupe U5a. (=> Autres exemples d’haplogroupes mitochondriaux préhistoriques).

Les autochtones européens (Cro-Magnoides) doivent donc avoir appartenu au moins à haplogroupes HV (et sa progéniture H et V) ainsi que U5a, qui se trouvent aussi d’être les haplogroupes mitochndriaux les plus courants partout en Europe. Il a été supposé que plus de la moitié des lignées matrilinéaires d’Europe descendent directement des Européens paléolithiques. Leurs homologues masculins correspondent à l’haplogroupe I du chromosome Y.

European mtDNA haplogroups and their subclades

Haplogroupes H & V (mtDNA)

L’haplogroupe H est de loin le plus répandu dans toute l’Europe, s’élèvant à environ 40% de la population européenne. On le trouve également (mais à des plus faibles pourcentages) en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, Asie centrale, Asie du Nord, ainsi que le long de la côte Est de l’Afrique jusqu’à Madagascar.

Les sous-groupes H1, H3 et V sont les descendants de HV le plus couramment rencontrés en Europe occidentale. H1 atteint sa fréquence maximale en Norvège (30% de la population) et en Iberie (18 à 25%), et son pourcentage est aussi élevé chez les Sardes, les Finlandais et les Estoniens (16%), ainsi qu’en Europe occidentale et centrale en général (10 à 12%) et chez les Maghrébins (10 à 20%). H3 se retrouve principalement au Portugal (12%), en Sardaigne (11%), en Galice (10%), au pays Basque (10%), en Irlande (6%), en Norvège (6%), en Hongrie (6%) et dans le sud-ouest de la France (5%). L’haplogroupe V atteint sa plus haute incidence dans le nord de la Scandinavie (40% des Samis/Lappons), le nord de l’Espagne, les Pays-Bas (8%), la Sardaigne, les îles de la Croatie et le Maghreb. Il est probable que H1, H3 et V, ainsi que l’haplogroupe U5, furent les haplogroupes principaux des chasseurs-cueilleurs d’Europe occidentale vivant dans le refuge franco-cantabrique au cours de la dernière glaciation, et aient repeuplé l’Europe centrale et Europe du nord à partir d’il y a 15.000 ans d’ici.

L’haplogroupe H13 est le plus courant en Sardaigne et dans le Caucase. Sa distribution géographique n’est pas sans rappeler celle de l’haplogroupe G2a (ADN-Y). Il en est de même pour H2 dans une moindre mesure. Cela laisse supposer une origine caucasienne ou anatolienne.

H5 et H7 sont également fréquents dans le Caucase, mais leur incidence plus faible autour de la Méditerranée, et une fréquence plus élevée de l’Anatolie jusqu’aux Alpes via le Danube laissent entrevoir un lien possible avec la propagation de l’agriculture (E1b1b, J2 et T) ou des Indo-Européens (R1b1b2).

Haplogroupes U & K (mtDNA)

L’haplogroupe U est extrêmement ancien. Il est apparu il y a 60.000 ans à la limite du Nord-Est de l’Afrique et du Moyen-Orient, peu après que les premiers Homo Sapiens se soient aventurés hors de l’Afrique. C’est pourquoi chacun de ses sous-groupes principaux (U1, U2, U3, …) peut être considéré comme un haplogroupe de plein droit. Les principaux haplogroupes européens sont U3, U4, U5 et U8 / K. U1 est surtout présent au Moyen-Orient, U6 en Afrique du Nord, U7 du Proche-Orient à l’Inde, et les rares U9 se retrouvent entre l’Éthiopie, la péninsule arabe et le Pakistan.

De nos jours, le plus grand nombre de personnes appartennat à l’haplogroupe U2 habitent dans le sous-continent indien. Cependant son origine est très probablement indo-européenne. U2 est aussi présent à a de faible fréquences dans toute la Steppe pontique et a été identifié comme l’haplogroupe d’un homme de Cro-Magnon d’il y a 30.000 ans originaire de la vallée du Don en Russie. U2 pourrait donc avoir été l’haplogroupe dominant des fourrageurs de la steppe boisée du nord, qui devint plus tard la patrie des Proto-Indo-Iraniens (voir R1a ci-dessus) qui se déplacèrent massivement vers l’Asie centrale et du sud. La présence considérable de U2 en Scandinavie confirme cette hypothèse. En effet, le R1a scandinave serait arrivée au temps de la culture de la céramique cordée, dont l’origine étaient la même steppe boisée du nord de la Russie. Ceci explique également le peu de différences entre les types de R1a en Scandinavie, Russie, Asie centrale et en Inde.

L’haplogroupe U3 est centré autour de la mer Noire, avec une concentration particulièrement forte dans la partie nord-orientale. Elle pourrait être liée à la population originelle des premières personne parlant le proto-indo-européen, donc probablement plus à R1b que R1a.

L’haplogroupe U4 se rencontre le plus fréquemment en Europe de l’Est, en Asie centrale, au nord de l’Asie du Sud (autour du Tadjikistan pour U4), qui suggère également une affiliation avec les Indo-Européens (corrélée à l’haplogroupe R1a). La même chose est vraie des haplogroupes I, W, T2 et U2 dans une moindre mesure.

L’haplogroupe U5 est la variante de U la plus courante en Europe occidentale et Europe du Nord. Les tests ADN sur des squelettes anciens ont montré que U5 était l’haplogroupe mitochondrial principal des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique et du Mésolithique dans le Nord de l’Europe. D’autres tests d’ossements préhistoriques et antiques effectués en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Scandinavie montrent que la fréquence des U5 a progressivement diminué au fil du temps par à l’époque néolithique, puis à l’âge du bronze, l’âge du fer et enfin au Moyen Age. Aujourd’hui, il demeure très fréquent dans l’extrême nord de l’Europe, où la population mésolithique a été moins touchée par les migrations ultérieures. Par exemple, 30 à 50% de la population saami du nord de la Scandinavie appartiennent à haplogroupe U5b (et environ 40% à haplogroupe V, qui est également d’origine européenne pré-néolithique).

L’haplogroupe K est le principal sous-groupe de U8. On le trouve dans toute l’Europe et l’Asie occidentale, aussi loin que l’Inde. Sa concentration est plus élevée dans le Nord-Ouest de l’Europe, l’Europe centrale, l’Anatolie et au sude de la péninsule arabe. On croit qu’il est apparu quelque part entre l’Egypte et l’Anatolie, il y a environ 16.000 ans (les estimations varient de 22.000 ans jusqu’à 10.000 ans avant notre époque). L’haplogroup K possède le plus grand nombre de sous-groupes de tous les haplogroupes en dépit de son âge assez récent. K1a est la branche la plus expansive. Sa présence relativement importante au Proche-Orient donnent à penser qu’il est antérieur à la migration du Néolithique à l’Europe. La plupart des K1a4, K1a10, K1b, K1c et K2 sont typiquement d’origine européenne. K1a4 est également courant en Anatolie et en Grèce, et aurait effectivement pu se propager en Europe au cours de la période néolithique, en même temps que les haplogroupes J et T (et l’Y-ADN E1b1b, J2 et T). Les Indo-Européens d’Anatolie pourraient aussi avoir contribué à la diffusion de K. K1a1b1a et K1a9 se trouvent principalement parmi les juifs ashkénazes.

Haplogroupes J & T (mtDNA)

L’haplogroupe J tire ses origines du Moyen-Orient il y 45.000 ans, ce qui en fait l’un des plus vieux haplogroupes mitochondriaux en Europe et au Moyen-Orient. Il est généralement associé à la propagation de l’agriculture. L’haplogroupe J étant si fréquents en Asie centrale et autour de la Caspienne et la mer Noire, il est susceptible d’avoir aussi une connexion avec les Indo-Européens, en particulier la migration de Y-DNA haplogroupe R1b (voir histoire R1b ci-dessus). J1 est commun dans tout le Moyen-Orient, jusqu’en Asie centrale et autour de l’Ukraine. Dans le reste de l’Europe, il est principalement concentrée dans les pays germaniques (copiant la distribution de l’haplogroupe paternel I1). J2 est beaucoup plus rare que J1. J2a se trouve de façon homogène dans la plupart de l’Europe. J2b est plus fréquente autour de l’Anatolie et dans le Sud-Est de l’Europe.

L’haplogroupe T pourrait avoir son origine au Moyen-Orient ou du Nord-Est de l’Afrique il ya au moins 12.000 ans. On le trouve dans toute l’Europe, et de la moitié nord de l’Afrique à l’Asie centrale et la Sibérie, avec des enclaves en Inde et au Nord-Ouest de la Chine (Xinjiang). La plus forte concentration de T1 a été observée dans le Nord-Afrique de l’Est, l’Anatolie et de la Bulgarie, ce qui suggère une diffusion du Néolithique de l’Egypte aux Balkans. T2, le sous-groupe le plus courant en Europe, est particulièrement fréquent dans le Nord-Est de l’Europe et autour de la mer Egée. La répartition globale laisse penser que l’haplogroupe se serrait propager lors des migrations néolithiques, du Nord-Est de l’Afrique vers l’Europe de l’Est, puis se serait dispersé suivant le chemin de migration des Indo-Européens (en particulier de l’haplogroupe R1a) en Europe et en Asie du Sud.

Haplogroupe W (mtDNA)

Présent à faible desnité dans la plupart de l’Europe, en Anatolie, autour de la mer Caspienne et de la frontière indo-pakistanaise au Xinjiang, haplogroupe W est l’un des meilleurs marqueurs de descendance indo-européenne (équivalent maternel de R1a et R1b). Sa fréquence est plus élevée en Ukraine, en Russie européenne, dans les pays baltes et en Finlande (3 à 5% au total), ainsi que dans le nord du Pakistan (15%), au Pendjab (9%) et au Gujarat (12%). En Inde, il est nettement plus courant parmi les castes supérieures et dans les régions où sont parlées les langues indo-européennes (sources).

Haplogroupe I (mtDNA)

L’haplogroupe I a une répartition similaire à celle de l’haplogroupe W, de l’Europe vers le Pakistan et le nord-ouest de l’Inde, avec une présence caractéristique dans la steppe pontique, autour du Caucase et de la mer Caspienne. Son origine se trouve très probablement chez les Proto-Indo-Européens (miroir de R1a et R1b). L’haplogroupe I est presque absent dans les régions d’Europe les plus éloignés des steppes ponto-caspiennes (par exemple en Iberie, dans le Sud-Ouest de la France, et en l’Irlande) et le plus fréquent en Norvège, au sud de la Finlande, en Ukraine, en Grèce et en Anatolie occidentale.

Haplogroupe X (mtDNA)

L’haplogroupe X est un très ancien et sa répartition fort dispersée au travers de l’Eurasie, l’Afrique du Nord ainsi que chez les Amérindiens du Nord. Sa fréquence dépasse rarement 5% de la population dans n’importe quel groupe ethnique, et est plus souvent limitée à 1 ou 2%. X1 se trouve presque exclusivement en Afrique du Nord, tandis que X2b est la seule lignée chez les Amérindiens. X2a x2c, X2d et X2e sont présents en Europe, en Sibérie et en Asie centrale. Il est donc fort possible que ces derniers soient d’origine indo-européenne (R1b1b).

La forte présence de X2 autour du Caucase, et son effacement progressif vers le Proche-Orient et la Méditerranée, laisse présumer qu’il pourrait être lié à la propagation de l’haplogroupe paternel G2a. R1b1b et G2a ayant tout deux des origines autour du Caucase, il est normal que X2 se retrouvent aux côtés de ces deux haplogroupes paternels.

ADNmt finno-ouralienne

Les Finno-ouraliens possède un mélange d’ADNmt généralement semblable à celle des autres Européens, mais avec un pourcentage plus élevé de W et U5b, ainsi qu’un faible pourcentage d’haplogroupes sibériens tels que N ou A. Une caractéritique des Samis est leur pourcentage élevé d’haplogroupes U5b1 et V.

ADNmt berbère

Les Berbères sont les autochtones du nord-ouest de l’Afrique. Bien que leur ADN-Y est presque parfaitement homogène, appartenant à l’haplogroupe E-M81, les lignées maternelles berbères montrent une diversité beaucoup plus grande, ainsi que de fortes disparités régionales. Au moins la moitié (et jusqu’à 90% dans certaines régions) des Berbères appartiennent à des lignées eurasiennes, telles que H, HV, R0, J, T, U, K, N1, N2, et X2, principalement originaires d’Iberie (H1 et H3) et pour le reste du Moyen-Orient ou du Proche-Orient. 5 à 45% des Berbères sont de lignées maternelles subsahariennes (L0, L1, L2, L3, L4, L5). Il y a seulement trois lignées indigènes nord-africainnes, U6, X1 et M1, qui représente de 0 à 35% de la population selon la région.

L’haplogroupe U6 est également présent sur la péninsule ibérique, sur la côte atlantique de la France, aux îles Canaries et jusqu’au Sénégal à l’Ouest, et de la Syrie au Kenya via l’Éthiopie à l’Est. On le trouve aussi à faible densité en Europe, mais généralement limitée au Sud-Ouest. Environ 10% de tous les Nord-Africains appartiennent à cette lignée.

ADNmt tsigane

Les Tsiganes (aussi connus sous le nom de Roms, Romanichels ou Gitans) sont originaires du sous-continent indien et se sont mélangés avec la population locale au Moyen-Orient et en Europe de l’Est au cours des siècles. Environ la moitié de la population tsigane appartiennent à haplogroupe M, et plus particulièrement M5 (reflétée par la lignée paternelle H1a-M82), qui est autrement exclusif à l’Asie du Sud. Les autres haplogroupes parmi la communauté tsigane sont pour la plupart semblables à ceux d’Europe de l’Est, du Caucase, du Moyen-Orient et d’Asie centrale. On retrouve notamment H (H1, H2, H5, H9, H11, H20, among others), J (J1b, J1d, J2b), T, U3, U5b, I, W et X (X1b1, X2a1, X2f) (sources). Les haplogroupes paternels reflètent la même diversité (45% de H1a, suivit de I1, I2a, J2a4b, E1b1b, R1b1b, R1a1a).