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Tchéquie – Miloš Zeman … « L’Union européenne a échoué face au coronavirus » 7 avril 2020
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Tchéquie – Babiš … « le jugement de la cour de Luxembourg n’a pas d’importance » 6 avril 2020
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Pologne – Coronavirus et élection présidentielle … tensions au sein du gouvernement polonais 6 avril 2020
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Europe Centrale – Systèmes de santé en Europe centrale … un moment charnière 6 avril 2020
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Épidémie de Covid-19 : situation au 6 avril dans le V4 et en Autriche

1/Miloš Zeman : « L’Union européenne a échoué face au coronavirus »
Le président tchèque Miloš Zeman
Tchéquie – Le président tchèque Miloš Zeman a accordé un entretien au magazine Blesk paru ce dimanche dans lequel il a évoqué la gestion de la crise du coronavirus du point de vue de son pays, mais également au niveau de l’Union européenne.
« L’Union européenne a prouvé son incapacité… »
« Comparez les chiffres, en particulier ceux sur les décès, avec le nombre de décès dans chaque pays européen. Vous constaterez que nous sommes dans les meilleurs, » a commenté Miloš Zeman à propos des résultats de la Tchéquie. La crise du coronavirus « affaiblira certainement [l’Union européenne] car elle a prouvé son incapacité à coordonner l’action, ce qui conduira à en rechercher les causes. Je suis d’avis que le facteur décisif du succès ou de l’échec en politique, ce sont les politiciens eux-mêmes, » a-t-il ensuite déclaré.
Ainsi, tandis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, continue de déplorer la fermeture des frontières car « c’est le marché intérieur qui a rendu l’UE aussi forte et riche qu’elle l’est », Miloš Zeman lui répond que « si les frontières étaient restées ouvertes, l’épidémie serait incomparablement plus importante ».
« J’apprécie beaucoup le travail du gouvernement »
Le président tchèque apporte son plein soutien au gouvernement d’Andrej Babiš dans cette gestion de crise : « J’apprécie beaucoup et je soutiens le travail du gouvernement, car je pense qu’il le mérite » dit-il ainsi d’emblée. « Quand il y a une guerre, quelqu’un doit commander. S’il s’agit d’une lutte contre une épidémie, il est logique que la lutte soit menée par un épidémiologiste compétent [Roman Prymula, ndlr.], et c’est ce qui s’est produit. […] Je suis critique là où je le trouve utile, mais rappelez-vous qu’il s’agit d’une situation sans précédent. Personne ne s’y attendait, les prévisionnistes pas plus que nous. Ce qui est important, c’est que le gouvernement y ait répondu rapidement, principalement grâce au ministre [de l’Intérieur] Hamáček. »
source/https://visegradpost.com/fr/2020/04/07/milos-zeman-lunion-europeenne-a-echoue-face-au-coronavirus/
2/Babiš « le jugement de la cour de Luxembourg n’a pas d’importance »
Tchéquie – Suite au récent arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne condamnant la Tchéquie, la Pologne et la Hongrie pour n’avoir pas accueilli de migrants relocalisés depuis la Grèce et l’Italie en 2015, les principaux dirigeants politiques tchèques ont réagi en minimisant l’importance de ce jugement.
«… nous n’accepterons aucun migrant… »
Le Premier ministre Andrej Babiš a ainsi déclaré à ce sujet : « Nous avons perdu le procès, mais ce n’est pas important. Ce qui est important, c’est que nous n’avons rien à payer, car généralement, la cour réclame une certaine compensation pour la procédure. […] Le fait est que nous n’accepterons aucun migrant et que les quotas ont disparu depuis, en partie grâce à nous. »
Le ministre tchèque de l’Intérieur, Jan Hamáček, a abondé dans le même sens, en soulignant que « la décision de la cour se réfère à des événements qui ont eu lieu il y a quelques années. Je prends acte du verdict mais sans plus de conséquences. »
Même son de cloche du côté de l’opposition, où Marian Jurečka (Union chrétienne-démocratie) a déclaré que « la République tchèque a sans aucun doute essayé d’être solidaire et d’aider à régler la situation tout en ne mettant pas en péril sa [propre] sécurité ».
« L’Union européenne y a renoncé »
Enfin, le vice-président des eurosceptiques de l’ODS, Alexandr Vondra, a rappelé que son parti avait « toujours dit que le système de quota de redistribution des migrants n’était pas une bonne chose. L’Union européenne y a aussi renoncé, ce que l’arrêt de la CJUE ne peut pas modifier. Avec ce verdict, l’UE veut juste sauver la face mais je ne vois aucun moyen de mettre cet arrêt en application dans la pratique ».
3/Coronavirus et élection présidentielle : tensions au sein du gouvernement polonais
Jarosław Gowin
Pologne – C’est une mini-crise gouvernementale que vivait la Pologne lundi sur fond de décision à prendre pour l’élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 10 mai.
Avec 235 députés sur 460 à la Diète, le groupe parlementaire du PiS dispose d’une courte majorité dont font partie deux petits partis alliés, qui s’étaient présentés sur ses listes électorales :
- le parti Pologne solidaire (Solidarna Polska) du ministre de la Justice Zbigniew Ziobro
- et le parti Entente (Porozuminie) du ministre de la Science et de l’Enseignement supérieur Jarosław Gowin, qui avait aussi le statut de vice-Premier ministre et a présenté sa démission lundi.
- Les voix de ces deux partis sont nécessaires pour assurer la majorité du PiS à la Diète.
Or Jarosław Gowin s’oppose à la volonté du PiS d’organiser les élections présidentielles entièrement par correspondance sans en changer la date, qui est fixée au 10 mai. Il accepterait le principe du vote par correspondance, mais avec un report des élections au mois d’août, une solution sur laquelle le PiS refuse de s’engager.
Mais si Jarosław Gowin a démissionné face au refus du PiS de céder, son parti, dont il conserve la direction, reste dans la coalition Droite unie formée par le PiS. C’est le ministre du Développement Jadwiga Emilewicz, également du parti Entente de Gowin, qui devrait récupérer son titre de vice-Premier ministre. Les membres de la coalition gouvernementale actuelle ne semblent pas prêts à ajouter une crise politique à la crise sanitaire.
4/Systèmes de santé en Europe centrale : un moment charnière
Europe centrale – Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a récemment annoncé l’octroi d’une prime exceptionnelle d’un demi-million de forints (1 360€ au cours actuel) à tous les fonctionnaires du système de santé, mis à rude épreuve par la gestion de la crise sanitaire actuelle. Son grand discours annoncé pour le mardi 7, et finalement avancé à ce lundi 6 avril à midi, ne semble néanmoins pas contenir le très attendu « New Deal » de la santé hongroise. Il est vrai que les cordons de la bourse sont très serrés, et que la faiblesse du forint n’incite pas la Banque Nationale de Hongrie à se lancer dans des aventures « quantitatives »…
Dans un article récent, mon collègue Yann Caspar avait d’ailleurs présenté des coordonnées générales du problème politico-social de la santé hongroise. Portons maintenant nos regards au-delà du coronavirus, de la Hongrie et de l’actualité immédiate.
À moyen terme, la question des salaires de la santé publique (et de la fonction publique en général) en Europe post-communiste dépasse de loin ces enjeux momentanés que sont la qualité de la réponse à une situation de crise et la perception publique des divers gouvernements en rapport avec leur gestion de crise.
Le fond du problème, c’est qu’après avoir, ces dernières années, touché une rente démographique (moins d’enfants à scolariser, etc.) qui est l’un des facteurs explicatifs de son essor économique récent, l’Europe centre-orientale s’apprête maintenant à passer, de ce point de vue, « du mauvais côté de la force » : tandis que son vieillissement devient comparable à celui de l’Europe occidentale, elle ne peut pas, comme cette dernière, s’appuyer sur un bilan migratoire positif pour compenser les lacunes du renouvellement générationnel, aggravées par une forte émigration vers les pays à meilleurs niveaux de salaire. La crise sanitaire actuelle ne fait qu’accélérer l’affleurement de ces faiblesses structurelles, de même que l’intelligence (au demeurant indéniable) de la gouvernance économique des pays du V4 n’avait fait que renforcer les effets (positifs) de la tendance précédente.
En Roumanie, pays à la pointe de l’hémorragie migratoire, les politiques salariales ambitieuses de l’ère Dragnea (2017-19) correspondaient donc déjà moins à un projet de politique partisane qu’à une nécessité vitale : rattraper les salaires occidentaux (au moins en termes de niveau de vie), ou fermer les hôpitaux, mais aussi certaines universités, écoles etc.. L’hécatombe roumaine actuellement en cours donne rétrospectivement raison à Liviu Dragnea : au moment où j’écris, la mortalité spécifique du Covid-19 en Roumanie est, par rapport aux chiffres hongrois, au moins double – alors même que la population hongroise n’a pas la réputation d’être exceptionnellement jeune et saine. Et gageons que, sans cette action de Liviu Dragnea, si âprement critiquée par le camp occidentaliste qu’elle a fini par le faire jeter au cachot, le bilan serait encore pire – étant donné que les meilleurs respirateurs du monde ne servent à rien sans médecins sachant s’en servir.
Or au moment où j’écris, Liviu Dragnea est toujours en prison, où il expie des faits « de corruption » qui, en France, lui auraient peut-être valu un avertissement. Le projet d’élections anticipées que caressaient encore ses geôliers à la veille de la pandémie semble certes abandonné pour de bon, et la Roumanie, même en surface, n’a actuellement plus rien d’un État démocratique. Sur ordre du gouvernement qui voit s’approcher la faillite d’État, les forces de police infligent à tours de bras aux contrevenants réels ou supposés aux règles de confinement des amendes d’un montant record en Europe. Pourtant, aucune réaction populaire de masse ne semble pour l’instant prendre forme.
Autant il est facile, en Hongrie, d’imaginer qu’au moins une partie de l’électorat d’opposition réagirait favorablement à l’adoption, même « en dernière minute » de politiques salariales plus ambitieuses par le FIDESZ au pouvoir, toutes les populations de la région ne semblent pas animées du même bon sens. En Roumanie, on a remarqué que l’incarcération abusive de Liviu Dragnea lors du putsch qui a suivi sa défaite électorale des européennes de 2019 a été saluée fort bruyamment par beaucoup de ces même enseignants et médecins dont il venait de doubler le salaire. Pour cette bizarrerie, deux explications sont possibles (et d’ailleurs non mutuellement exclusives) :
- Les populations se rendent bien compte que ces mesures sont adoptées le dos au mur, et n’en tiennent donc pas grief au gouvernants qui – dans leur perception – les ont adoptées du simple fait qu’ils se trouvaient être au pouvoir à un moment donné. Autre formulation du même constant : chez une partie des estiens, les divisions idéologiques internes (entre « communistes » et « anticommunistes », etc.), savamment entretenues depuis plus de trente ans par l’Occident, l’emportent souvent sur le sens de l’intérêt national.
- Pour beaucoup d’électeurs (notamment urbains, désocialisés de facto) l’image que donne d’un politicien/parti la presse locale pro-occidentale est plus importante que les conséquences de sa gestion sur leur vie quotidienne effective. La « liberté » (signifiant en l’occurrence : l’ouverture des frontières vers l’Ouest, et le droit de devenir un migrant économique) passe pour eux devant la souveraineté, la prospérité etc. de pays en lesquels leur propre population ne croit plus depuis longtemps.
En d’autres termes : à supposer même qu’ils en aient encore les moyens, il n’est pas certain que tous les peuples d’Europe post-communiste aient encore la volonté de survivre. De ce point de vue, l’éventuelle adoption de mesures salariales en Hongrie – et, plus encore, la réaction populaire et électorale à de telles mesures – aurait valeur de test en ce qui concerne les Magyars.
Après ce constat inquiétant, mentionnons, tout de même, un côté positif de la crise en cours : en voyant leurs systèmes hospitaliers (pourtant généralement vétustes et sous-financés depuis des lustres) encaisser pour l’instant assez bien le choc du coronavirus, et en comparant cette situation à la gestion calamiteuse observée dans divers pays occidentaux (et notamment en Italie et Espagne, où roumains et moldaves sont très présents), beaucoup « d’estiens » commencent à sortir de l’hypnose reaganienne dans laquelle ils sont plongés depuis la fin des années 1980.
Face à la « situation d’exception » dont parlait Carl Schmitt, on se rend soudain compte que l’État a des capacités de préservation qu’aucune structure publique-privée ou « de marché » ne sera jamais capable d’émuler. Et peu à peu, la narration truquée des trente dernières années se craquelle…
SOURCE/https://visegradpost.com/fr/2020/04/06/systemes-de-sante-en-europe-centrale-un-moment-charniere/
5/Épidémie de Covid-19 : situation au 6 avril dans le V4 et en Autriche
Temps de lecture : 2 minutes

Hongrie
- Au 6 avril 2020, il y a 744 personnes contaminées (+1,5% par rapport à hier et 7,6 cas pour 100 000 hab.), 38 morts et 67 guérisons.
- Lors d’un déplacement en Macédoine du Nord pour parler notamment de la situation migratoire – la Hongrie a une présence policière durable en Macédoine du Nord pour contrer l’immigration –, le ministre hongrois des Affaires étrangères Péter Szijjártó a apporté 100 000 masques et 5 000 combinaisons de protection.
- Les Hongrois approuvent à 78% les mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus.
- La compagnie MOL a déjà produit et livré 110 000 litres de désinfectant.
- Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a présenté aujourd’hui les grandes lignes de son plan de relance économique pour l’après-crise.
Pologne
- 4 201 infections confirmées (+2% par rapport à hier et 10,9 cas pour 100 000 hab.), 98 morts et 162 guérisons au 6 avril 2020.
- Le gouvernement polonais semble ne pas vouloir repousser les élections présidentielles dont le premier tour doit avoir lieu le 10 mai. En conséquence, le vice-Premier ministre Jarosław Gowin, président du parti Porozumienie (Entente) – dont le PiS a besoin pour former une majorité au Sejm – a démissionné du gouvernement.
Slovaquie
- Au 6 avril 2020, 534 cas de personnes contaminées sont recensés (+10% par rapport à hier et 9,81 cas pour 100 000 hab.) un mort et 10 guérisons.
Tchéquie
- La Tchéquie est toujours le pays le plus touché au sein du V4. Au 6 avril 2020, il y a 4 735 cas recensés (+3,2% par rapport à hier et 44,5 cas pour 100 000 hab.), 79 morts et 121 guérisons.
- Les six patients en provenance de Moselle qui devaient être transférés via Luxembourg à l’hôpital universitaire de Brno (Sud de la Moravie) ne viendront finalement pas. La France a changé d’avis. Le motif de l’annulation n’a pas été rendu public.
- Le vice-ministre de la Santé, Roman Prymula a proposé de changer de stratégie dans la lutte contre le coronavirus et d’opter pour ladite « immunité de groupe ». Le premier ministre Andrej Babiš et le ministre de la Santé Jan Hamáček s’y opposent.
- 75% des Tchèques jugent appropriées les mesures gouvernementales prises contre la propagation du coronavirus.
Autriche
- Au 6 avril 2020, il y a 12 267 cas recensés (+2,6% par rapport à hier et 138 cas pour 100 000 hab.), 220 morts et 3 463 guérisons.
- Les provinces les plus touchées sont le Tyrol (368 cas pour 100 000 hab.), la province de Salzbourg (195) et le Vorarlberg (190) – en comparaison, la France est aujourd’hui en moyenne à 139 cas pour 100 000 hab.
- Le chancelier Kurz a présenté ce matin sa feuille de route pour avril-mai : réouverture des petits commerces le 14 avril, des autres commerces, des centres commerciaux et des coiffeurs le 1er mai et des autres services progressivement après la mi-mai si la tendance positive actuelle se poursuit.
SOURCE/https://visegradpost.com/fr/2020/04/06/epidemie-de-covid-19-situation-au-6-avril-dans-le-v4-et-en-autriche/
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