1/6 La Syrie, tout ça pour ça ? 27/10/2019
2/6 Syrie… pour Assad, la Turquie ne doit pas être un «ennemi» 31/10/2019
3/6 Bachar el-Assad … « Français ou étrangers, les terroristes seront soumis à la loi syrienne »
4/6 Visite surprise de Poutine à Damas 07/01/2020
5/6 Syrie… Ankara «pas satisfait» des discussions avec Moscou sur Idleb 18/02/2020
6/6 Syrie … vive réaction de Moscou à une menace d’offensive militaire d’Erdogan 19/02/2020
1/6 La Syrie, tout ça pour ça ? 27/10/2019 |
De tous les conflits, il y a des leçons à tirer. Dans le meilleur des cas, on lance des « Plus jamais ! » sentis. Quel exemple la guerre syrienne risque de servir !
Les États-Unis, en abandonnant les Kurdes, ont bafoué les valeurs de solidarité et de fiabilité qui raffermissent les meilleures alliances et assurent un minimum de stabilité dans le monde.
C’est aussi le triomphe du « Au plus fort la poche », puisqu’au moment où la patience du président turc Recep Tayyip Erdogan a pris fin, il a tout simplement annoncé qu’il envahissait son voisin, la Syrie, et il l’a fait.
Il en avait les moyens militaires — notamment grâce à 67 ans de participation à l’OTAN — et l’effronterie.
Surtout, quel exemple pour les autocrates, tyrans et autres bourreaux du Moyen-Orient et d’ailleurs ! Bachar al-Assad a torturé, tué, démoli, détruit son peuple et ses avoirs depuis 2011, non-stop ! Résultat, il pourra bientôt crier victoire.
RIEN DE BON EN VUE
Le président Trump, en annonçant en décembre dernier qu’il allait retirer les soldats américains de Syrie — au risque d’en perdre James Mattis, son secrétaire à la Défense — puis en passant à l’acte au cours des derniers jours, s’est assuré que les États-Unis n’allaient pas avoir leur mot à dire sur la suite et fin de cette tragédie syrienne.
Se retrouvant à Sotchi, en Russie, mardi dernier, les présidents russe et turc ont scellé un pacte en dix points qui garantit, entre autres, à la Turquie le contrôle d’une bande de territoire de trente kilomètres de profondeur le long de la frontière syrienne.
Les combattants kurdes qui ont aidé les forces internationales à anéantir les extrémistes de l’État islamique vont devoir en partir avec leur équipement sous le bras. Out, les Kurdes ! In, les réfugiés arabes que la Turquie avait accueillis ! Déplacement massif de population et épuration ethnique en perspective… rien de rassurant !
Le président américain — dans sa soi-disant « grande et incomparable sagesse » — a offert aux Kurdes de se déplacer dans l’extrême nord-est de la Syrie, là où les États-Unis comptent finalement garder des troupes pour sécuriser les installations et champs pétroliers.
Parallèlement au fait que le secteur est peuplé d’Arabes peu sympathiques à l’idée d’une telle migration kurde, Trump gardera, tout compte fait, des soldats américains dans le coin… pas pour sauver des vies, mais préserver des barils de pétrole. Méchante morale !
CARNAGE ET PATIENCE, LA RECETTE !
L’aspect le plus déconcertant — et répugnant — de ce grand portrait, c’est que Bachar al-Assad et son régime non seulement sont parvenus à survivre à huit années de massacres, mais peuvent prétendre avoir remporté leur morbide pari.
Assad, son armée et ses partisans ne se sont pas contentés de livrer bataille contre leurs ennemis. Lundi dernier, le Syrian Network for Human Rights a publié un rapport affligeant sur les méthodes de torture employées dans les centres de détention et les hôpitaux militaires contrôlés par Damas.
Sous des titres tels « Torturer en écrasant, taillant, arrachant et poignardant » ou encore « Torturer par le feu, l’huile et les objets brûlants », l’ONG décrit comment près de 14 000 personnes ont péri aux mains de leurs bourreaux et des centaines de milliers d’autres ont été marqués dans leur chair et traumatisés à jamais par ce que d’autres compatriotes leur ont fait subir.
La leçon syrienne n’échappera pas aux despotes en manque d’idées partout dans le monde : la cruauté, avec le temps, finit par payer.
72 méthodes de torture
En voici quelques-unes :
Torture physique
♦ 39 méthodes
- Aspersion d’eau bouillante ou d’eau glacée
- Simulation de noyade
- Électrocution
- Brûlures à la flamme, à l’huile et à l’acide
- Suspension dans le vide et pendaison
Torture sexuelle
♦ 6 méthodes
- Harcèlement
- Coups et coupures aux organes génitaux
- Viols
Torture psychologique
♦ 8 méthodes
- Menace et intimidation
- Insultes et humiliation
- Écoute des cris et observation des tortures d’autres victimes
► 8 années de guerre civile en Syrie
- 1,2 million arrêtés et détenus à un moment ou un autre
- 130 000 personnes toujours détenues ou disparues
- 14 298 morts sous la torture, dont plus de 98 % par le régime syrien
Décès causés par la torture
♦ Forces du régime syrien
- 14 131 dont 45 femmes et 173 enfants
♦ Groupes islamistes
- 57 dont 14 femmes et 2 enfants
♦ Forces démocratiques syriennes
- 47 dont 2 femmes et un enfant
♦ Autres opposants au régime
- 43 dont une femme et un enfant
♦ Autres groupes
- 20 dont une femme et un enfant
(Source : Syrian Network for Human Rights)
SOURCE/ https://www.journaldemontreal.com/2019/10/27/la-syrie-tout-ca-pour-ca
2/6 Syrie… pour Assad, la Turquie ne doit pas être un «ennemi» 31/10/2019 |
Le président syrien Bachar al-Assad a déclaré jeudi qu’il ne voulait pas faire de la Turquie voisine un « ennemi », malgré le déploiement turc dans le nord du pays qui a provoqué un affrontement entre leurs deux armées.
«Nous devons nous assurer de ne pas transformer la Turquie en ennemi», a affirmé M. Assad, lors d’une interview préenregistrée à la télévision d’État.
«C’est là qu’intervient le rôle des (pays) amis», à l’instar de la Russie et de l’Iran, a-t-il indiqué.
Tout au long du conflit syrien, ayant fait plus de 370 000 morts depuis son déclenchement en 2011, la Turquie a soutenu des groupes rebelles contre le régime de Bachar al-Assad.
L’armée turque et des supplétifs syriens ont, par ailleurs, mené des opérations militaires dans le nord du pays contre le groupe djihadiste État islamique (EI) et contre les forces kurdes qu’Ankara qualifie de «terroristes».
La dernière offensive, lancée le 9 octobre, a permis à la Turquie et ses alliés de s’emparer d’une bande frontalière de 120 km au détriment de la principale milice kurde syrienne des Unités de protection du peuple (YPG).
L’opération a été suspendue par deux accords séparés conclus par Washington et Moscou avec les autorités turques.
Ankara veut créer une «zone de sécurité» d’une trentaine de km de profondeur à l’intérieur du territoire syrien, afin d’empêcher l’émergence d’un noyau d’État kurde à sa frontière, susceptible de galvaniser les revendications indépendantistes de cette minorité ethnique également présente sur son sol.
L’objectif est aussi de rapatrier une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens accueillis par la Turquie depuis 2011.
De son côté, le régime syrien voit également d’un mauvais œil l’autonomie autoproclamée par les Kurdes dans le nord du pays à la faveur du conflit et aspire à terme à reconquérir l’ensemble du territoire, y compris les zones contrôlées par l’armée turque.
L’offensive lancée par Ankara a conféré à Damas l’opportunité de se déployer, pour la première fois depuis 2012, dans plusieurs secteurs du nord syrien à la faveur de l’appel à la rescousse lancé par les Kurdes après leur lâchage par Washington.
Le 7 octobre, le président américain Donald Trump avait ordonné le retrait de ses troupes, qui a été perçu comme une trahison par les Kurdes.
«L’entrée de l’armée syrienne (dans le nord) signifie l’entrée de l’État», a affirmé M. Assad, ajoutant toutefois que le recouvrement de la souveraineté nationale dans ces zones et un éventuel désarmement des forces kurdes se feront «progressivement».
Quant à l’accord entre Ankara et Moscou qui prévoit des patrouilles conjointes turco-russes le long de la frontière syro-turque, le président syrien l’a qualifié de «temporaire».
«Nous devons faire la distinction entre les objectifs stratégiques […] et les approches tactiques», a-t-il affirmé.
M. Assad a également évoqué la situation dans la région d’Idleb, dans le nord-ouest du pays, ayant fait l’objet d’un accord entre la Russie et la Turquie en septembre 2018, resté lettre morte.
«Les Turcs n’ont pas respecté cet accord, mais nous libérerons Idleb […] progressivement par le biais d’opérations militaires», a-t-il affirmé.
La région d’Idleb est le dernier grand bastion hostile à Assad qui échappe à son pouvoir.
SOURCE/http://www.45enord.ca/2019/10/syrie-pour-assad-la-turquie-ne-doit-pas-etre-un-ennemi/
3/6 Bachar el-Assad … « Français ou étrangers, les terroristes seront soumis à la loi syrienne » |

Après l’interview dans les jardins de l’ancien palais présidentiel, avec Régis Le Sommier, directeur adjoint de la rédaction de Paris Match. DR
Après neuf ans de guerre civile, le président syrien Bachar el-Assad, soutenu par la Russie et l’Iran, est le seul maître à bord. Voici l’intégralité de l’interview accordée à Paris Match.
Paris Match. Notre dernière interview remonte à cinq ans, presque jour pour jour. C’était en novembre 2014, votre gouvernement ne contrôlait plus qu’un tiers du pays. Aujourd’hui vos armées sont de retour à la frontière turque. Avez-vous le sentiment d’avoir gagné la guerre ?
Bachar el-Assad. Je voudrais être très précis sur ce point. Qu’elle soit gagnée ou perdue, ce n’est pas « ma » guerre, la guerre d’un président cherchant à conserver son poste, selon la version occidentale. C’est une guerre nationale, celle des Syriens contre les terroristes. Il est vrai que depuis, comme vous l’avez dit, nous avons beaucoup avancé ; mais ça ne veut pas dire que nous avons gagné. Nous vaincrons lorsqu’il n’y aura plus de terrorisme. Or, le terrorisme est toujours là dans des régions du Nord.
Ce qui est plus regrettable encore, c’est qu’il bénéficie toujours de soutiens de la part de la Turquie et des pays occidentaux, les États-Unis, la Grande Bretagne, et notamment la France. Il est donc encore tôt pour parler de victoire.
Vous pensez honnêtement que la France soutient les terroristes ?
Évidemment. Ils ont envoyé des armes par le passé. Je ne sais pas s’il y a eu un vrai changement à ce sujet au cours des derniers mois ou de la dernière année.Nous ne disposons pas de données actuellement. Mais regardons les choses dans leur contexte général. Lorsque les forces françaises viennent en Syrie sans y être invitées par le gouvernement légitime, c’est de l’occupation. Il n’y a pas une grande différence entre le soutien au terrorisme et le déploiement de forces militaire dans le but d’occuper un pays.
« Il ne suffit pas de vouloir combattre le terrorisme, il faut observer les règles internationales »
Les Français sont venus en appui des Kurdes qui combattaient Daech, c’était le sens de leur mission…
Vous pensez franchement que nous pouvons envoyer des forces syriennes en France combattre le terrorisme en France sans y être invités par le gouvernement français ?
Le droit international régit le comportement des États dans le monde, pas les intentions. Il ne suffit pas de vouloir combattre le terrorisme, il faut observer les règles internationales. Bien sûr, je suppose que, dans ce cas précis, les intentions sont bonnes, mais nous n’y croyons pas vraiment. Le gouvernement syrien aussi combattait Daech. Pourquoi ne pas l’avoir soutenu ? Pourquoi les gouvernements français combattent-ils Daech, alors qu’ils soutiennent Al Nosra ? Les deux sont des terroristes !
Vous faites référence à l’époque du gouvernement Hollande et aux livraisons d’armes aux rebelles syriens. Ce gouvernement souhaitait votre élimination. Son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait dit à l’époque que vous ne « mériter[iez] pas d’être sur terre ». Qu’en est-il avec Emmanuel Macron ? Avez-vous constaté un changement dans les positions de la France ?
Dans la forme, oui. Mais tant que l’occupation se poursuit, c’est une forme de terrorisme. Reconnaissez cette vérité. Il faut qu’il y ait un changement dans le contenu, pas seulement dans la forme. Les déclarations ne nous intéressent pas, c’est sur le terrain que les choses doivent changer.
Comment espérez-vous qu’elles changent ?
Il faut tout simplement revenir au droit international, rien qu’à cela. Nous ne demandons rien au gouvernement français. Nous ne lui demandons même pas un soutien de quelque ordre que ce soit politique, économique ou sécuritaire. Nous n’en avons pas besoin. Nous pouvons gérer nos propres affaires. Mais nous voulons qu’il revienne à un ordre mondial qui n’est plus respecté, car c’est le chaos qui règne. Qu’ils soutiennent ou non le président ne m’intéresse pas. Dire qu’il est bon ou mauvais ne m’intéresse pas non plus. C’est une question purement syrienne. Mais qu’ils cessent de soutenir tout ce qui est susceptible de répandre davantage le sang, de multiplier les tueries et d’accroître la souffrance en Syrie.
« Tout terroriste qui se trouve dans les régions contrôlées par les forces syriennes sera soumise à la loi syrienne »
La France fait face à un délicat problème avec ses djihadistes partis combattre en Syrie. En détenez-vous dans vos prisons ?
La nationalité importe peu. Il faut solliciter les services compétents qui disposent des statistiques. Mais de toute manière, s’il y en a, ils seront soumis à la loi syrienne.
Vous savez forcément s’il y a des Français dans vos prisons !
Je n’ai pas de chiffres. Pour ce qui nous concerne, un terroriste c’est un terroriste. Qu’il soit français ou syrien, le résultat est le même.
Vous avez, pour le moment, un accord militaire avec les Kurdes des YPG. Si vous concluez un accord politique, le gouvernement syrien reprendra le territoire du Nord et notamment ses prisons. Que ferez-vous, dès lors, des quelque 400 djihadistes français que les kurdes détiennent ?
Tout terroriste qui se trouve dans les régions contrôlées par les forces syriennes sera soumise à la loi syrienne. Celle-ci est très claire. Ils seront donc traduits en justice devant des tribunaux spécialisés en matière de terrorisme.
Vous n’envisagerez pas, par exemple, de les renvoyer en Europe, comme le fait le président turc Recep Tayyip Erdogan ?
Erdogan tente de faire chanter l’Europe. Quelqu’un qui se respecte ne parle pas de cette manière. Il y a des institutions et des lois. Renvoyer vers un autre pays les terroristes, ou toute personne qui a été jugée et condamnée, est soumis à des accords bilatéraux entre les États. Quant au fait de faire sortir de prison quelqu’un que vous savez être un terroriste, et de le renvoyer chez lui pour qu’il tue des civils, c’est immoral.
« Pour la majorité du peuple, la question de mon exil ne se posait pas »
Après huit ans de guerre, vous allez vers une victoire… mais sur des décombres. La moitié des Syriens sont déplacés ou en exil, 400 000 personnes ont perdu la vie. Reconnaissez-vous que sans l’aide des Russes et des Iraniens, vous auriez perdu ?
Cette guerre est dure. Nous ne sommes pas une grande puissance, mais nous faisions face aux pays les plus riches du monde. Il est tout à fait certain que le soutien de nos amis a limité les dégâts et nous a aidés à récupérer des territoires. Quant à savoir si sans ce soutien, la Syrie serait allée vers la partition, ou vers une défaite totale… Il est parfois difficile de prévoir le résultat d’un match de tennis avec uniquement deux joueurs. Là vous parlez de dizaines de joueurs et de centaines de milliers de combattants.
Est-ce qu’au cours de cette guerre, à un moment, vous avez envisagé de perdre et de vous exiler ?
A vrai dire, je n’y ai pas pensé, pour la simple raison que ce choix ne se posait même pas. Seuls les responsables occidentaux l’ont proposé. Cela ne me concernait pas. Pour moi, il n’en était pas question. Je ne peux envisager à cette option que si elle émane du peuple syrien. Et quand je dis « le peuple syrien », j’entends par là la majorité, et non une minorité terroriste, ou une minorité fabriquée politiquement dans les services de renseignement étrangers, ou encore une minorité de personnes qui ont manifesté parce que le Qatar les a payées pour le faire. Pour la majorité du peuple, la question ne se posait pas. C’est pourquoi j’ai résisté et je suis resté.
Mais en 2013, Al Nosra est arrivé jusqu’à la place des Abbasides à Damas, à quelques kilomètres de votre résidence.
C’est tout à fait vrai. La ville de Damas est restée encerclée pendant des années, parfois quasi totalement, parfois partiellement. Les obus nous tombaient dessus quotidiennement. C’était une raison de plus pour moi pour rester, défendre mon pays, et ne pas fuir. J’assume mes responsabilités constitutionnelles. Je défends mon peuple et mon pays.
« Ces six derniers mois, des entreprises ont commencé à venir de l’étranger »
La reconstruction doit commencer. On estime son coût à 300 milliards de dollars, certains disent 400… Quel est votre plan pour sortir vos compatriotes du marasme, en tenant compte des sanctions terribles qui visent à vous affaiblir, mais qui en réalité touchent les plus pauvres ?
Absolument ! Mais malgré ces sanctions, plutôt que de s’affaiblir, l’industrie s’est développée, par exemple dans le domaine pharmaceutique.
Quant à la reconstruction, vous pouvez aller par exemple à Alep qui a été largement détruite par les terroristes. Vous constaterez une grande différence. Car l’État procède à la reconstruction, ainsi que les citoyens.
La livre syrienne est au plus bas. Il va falloir des investissements, des partenaires étrangers. Est-ce que la Chine, l’Inde et la Russie répondent présents ?
Durant les six derniers mois, des entreprises ont commencé à venir de l’étranger pour investir en Syrie. Cet investissement restera lent dans les conditions actuelles, à cause des sanctions, bien entendu. Mais on peut les contourner, et nous avons commencé, en coordination avec ces entreprises, à trouver les moyens pour nous en sortir. Elles vont prochainement investir en Syrie. Je suis réaliste cependant, ça ne veut pas dire que le processus de reconstruction sera rapide.
Vous l’estimez à combien d’années ?
Cela dépendra du temps que les sanctions dureront, et aussi du retour de nos citoyens. Ils sont en train de revenir en ce moment, mais progressivement. Il m’est donc difficile de donner une réponse précise à ce sujet. Mais c’est un processus qui prendra évidemment des années.
« La plupart de ces réfugiés soutenaient l’État »
Combien de Syriens sont rentrés ?
Plus d’un million en moins de deux ans. Et les choses s’accélèrent à présent, notamment après la libération de Damas, de la région sud et de sa périphérie. Bien sûr, le retour des Syriens dépend aussi de la réhabilitation de l’infrastructure, comme de l’électricité, des écoles et des hôpitaux. Malheureusement, les sanctions et le blocus pèsent lourdement sur ces secteurs. Dans le même temps, les occidentaux exercent une forte pression sur les réfugiés pour qu’ils ne rentrent pas dans leur pays. C’est un enjeu « humanitaire » qu’ils brandissent comme une carte pour atteindre leurs objectifs politiques.
Certains de ces réfugiés sont partis parce qu’ils vous étaient opposés, qu’ils ont subi des horreurs pendant la guerre, parfois de la part de votre armée. Allez- vous décréter une amnistie ? La réconciliation est-elle encore possible ?
D’abord la plupart de ces réfugiés soutenaient l’État et non le contraire. Preuve en est l’élection présidentielle de 2014, auxquelles ils ont participé, et dans laquelle ils ont voté pour le président. La majorité a émigré à cause de la guerre et de ses séquelles économiques. Donc pour ce qui est du retour, il n’y a aucun problème. Certains reviennent tout naturellement, sans qu’une amnistie ne soit nécessaire. D’autres sont des opposants, mais, il n’y a aucun problème, et nous dialoguons constamment avec eux. Quant à l’amnistie, nous l’avons décrétée à plusieurs reprises, la dernière il y a moins d’un an, car certains craignaient de revenir de peur d’être arrêtés. Seuls ceux qui ont porté des armes seront arrêtés. Et malgré cela, ils seront graciés.
« Les Kurdes sont des Syriens et non un peuple à part »
L’année dernière au moment de la chute de la Ghouta, j’ai pu assister au départ des rebelles pour Idlib. Les officiers syriens leur disaient : « Baissez les armes. N’allez pas à Idlib. Vous allez vous faire tuer. » Eux répondaient : « Vous allez nous incorporer dans l’armée, donc on ne veut pas aller avec vous. » Ils avaient peur de votre armée. Que leur dites-vous ? Pourquoi cette peur ?
Parlons des faits. Certains de ceux qui sont allés à Idlib nous ont laissés leurs familles. Et nous, en tant qu’État, nous prenons soin de ces familles. Ça veut dire qu’ils n’ont pas peur de nous, sinon, comment auraient-ils laisser leurs familles derrière eux ? Par ailleurs, certaines de ces personnes armées sont allés à Idlib. Puis ils ont demandé à revenir, et nous leur en avons donné la permission. Ils ont été amnistiés. Pendant sept ans, lorsqu’ils étaient isolés de L’État, on a raconté à la plupart d’entre eux que l’armée allait les tuer. Mais depuis qu’elle est entrée dans la Ghouta, la vie a repris son cours. Les gens mènent une existence normale. Il faut aussi savoir que certains ont pris les armes non pas parce qu’ils étaient extrémistes, mais parce qu’ils n’avaient pas d’autres choix que de combattre du côté des terroristes, ou d’être tués par eux. Maintenant ils reviennent progressivement à nous, parce qu’ils ont été rassurés.
L’Iran, votre allié, est aujourd’hui en proie à un soulèvement de grande ampleur. Le Liban et l’Irak également. Les manifestants réclament la dignité et l’arrêt de l’accaparement des richesses par un petit nombre. N’était-ce pas finalement ce que réclamaient aussi les manifestants syriens en 2011 ?
Arrêtons-nous un instant sur les slogans de dignité, de liberté qu’ils ont scandés. Ils peuvent être de beaux masques qui cachent cependant la laideur. Je vous donne des exemples :
- Bush a tué un million et demi d’Irakiens derrière le grand slogan de la démocratie.
- Sarkozy a contribué au meurtre des centaines de milliers de libyens, en se cachant derrière celui de la liberté pour le peuple libyen.
- Aujourd’hui la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis violent le droit international sous prétexte de vouloir soutenir les Kurdes, or les Kurdes sont des Syriens et non un peuple à part.
- En 2011, en Syrie, on entendait ces mêmes slogans sur la dignité, la liberté. Ces mêmes slogans ont été utilisés pour tuer des policiers et des civils, saboter les propriétés publiques.
Il ne faut donc pas nous fier aux slogans, mais à la réalité des faits sur le terrain.
« Ni moi, ni le gouvernement, n’aurions pu rester en place pendant neuf ans face à un soulèvement populaire »
Au début en 2011, il y avait un soulèvement populaire authentique, avec de réelles revendications. Ça n’était pas Al Qaïda. Pourquoi avoir utilisé la force ?
Parlons des chiffres d’abord. La plus grande manifestation qui a eu lieu en Syrie réunissait 170 000 personnes. Supposons que ce chiffre ne soit pas exact. Multiplions-le jusqu’à atteindre un million de manifestants. Le peuple syrien compte plus de 23 millions d’habitants. Ces chiffres ne sont donc pas significatifs. Ils ne révèlent rien. Du point de vue quantitatif, il ne s’agissait pas d’un soulèvement populaire. De toute manière, on ne saurait parler d’un soulèvement populaire lorsque les fonds pour pousser les gens à manifester proviennent du Qatar. Enfin, ni moi, ni le gouvernement, n’aurions pu rester en place pendant neuf ans face à un soulèvement populaire. Preuve en est que, malgré tout le soutien qu’il lui a apporté, l’Occident n’a pu maintenir au pouvoir le Shah d’Iran. Donc le terme « soulèvement populaire » est faux, ou disons irréaliste.
Au début de la guerre, en juin 2011, vous avez fait libérer un certain nombre de détenus de la prison de Sednaya. On vous accuse d’avoir voulu introduire le poison djihadiste dans l’opposition. Pourquoi avez-vous fait ça ?
En Syrie, l’amnistie des prisonniers est une règle générale appliquée depuis avant la guerre. Lorsqu’une amnistie est décrétée, on précise les catégories de personnes qu’elle ne concerne pas, les espions, les trafiquants de drogue, et autres. Dans notre loi, il n’y a pas de catégorie qui s’intitule « les radicaux ». L’amnistie doit donc couvrir tout le monde. Il y a aussi d’autres cas de détenus qui sont sortis de prison, précisément en 2011, parce qu’ils avaient purgé leurs peines, et non parce qu’ils étaient amnistiés. Pourquoi faire libérer les intégristes et les terroristes ? Pour qu’ils tuent nos soldats et les civils ? Selon la version occidentale, je l’ai fait pour diaboliser les manifestations pacifiques. En réalité, ils se sont diabolisés eux-mêmes lorsqu’ils ont diffusé sur internet des vidéos les montrant en train d’exécuter des civils en les égorgeant, en les fusillant, et en fusillant des policiers dès les premiers jours. Voilà la vérité sur cette libération de prisonniers.
« Le viol et le harcèlement sexuel ne sont pas fréquent dans notre société »
Il existe en Syrie des centres carcéraux comme la prison de Sednaya. Des documentaires, notamment celui de ma confrère Manon Loizeau, « Le cri étouffé », montrent que des viols systématiques y ont été pratiqués. Reconnaissez-vous l’existence de ces traitements ?
Il y a une différence entre une politique revendiquée et des fautes individuelles. S’il y en a eu, nous n’en sommes pas au courant. Ce genre de pratiques, comme le viol et le harcèlement sexuel, n’est pas fréquent dans notre société. De tels actes, s’ils existent, sont condamnés et punis par la loi. Ce sont des cas isolés et individuels. Mais si une telle politique existe n’importe où dans le monde nous la condamnons, parce qu’elle est immorale, et parce qu’elle va à l’encontre de la stabilité. On ne peut pas espérer de rapports sereins entre les citoyens s’il y a torture, meurtre, ou toutes sortes d’agression.
Précisément, ces documentaires sont basés sur des témoignages de victimes syriennes qui disent que dans la société, elles ont honte. Donc elles n’en parlent pas. Mais elles attestent que ça leur est arrivé.
Le récit est une chose, les documents en sont une autre. Tout ce qui est proposé, ce sont des récits, des images non vérifiés. Ces témoins étaient cachés. Dans la plupart des cas, c’est le Qatar qui a financé ces rapports. Pour les reconnaître comme valables, on a besoin de vérifications et d’enquêtes professionnelles. En toute logique, nous n’avons aucun intérêt à ce que ce genre de crime soit commis. Mettons l’éthique de côté, moi je parle de l’intérêt pur et simple. Quel résultat peut-on obtenir de la torture ? La vengeance ? Si vous allez dans les régions qui étaient contrôlées par l’opposition, vous verrez exactement le contraire. Nous ne sommes pas assez schizophrènes pour torturer les gens ici, tout en étant indulgents là-bas. Ce ne sont que des allégations politiques.
J’insiste. Ce ne sont pas des témoins produits par le Qatar. Ce sont des gens rencontrés dans des camps de réfugiés, souvent en Turquie ou en Jordanie, qui ont témoigné devant une journaliste digne de confiance, qui n’est pas téléguidée et n’a pas un agenda politique.
Qu’est-ce que la « confiance » vient faire là-dedans ? Il y a des mécanismes. Il y a des informations bien vérifiées. Qui a vérifié l’exactitude de ces récits ? Qui a vérifié l’identité de ces témoins et s’ils ont bien subi ce genre de choses ? Je serai disposé à en discuter avec vous le jour où je disposerais de faits. Si cela s’avère exact, ceux qui ont commis de tels actes seront jugés par la loi syrienne.
« Daech a été fabriqué par les Américains »
Donald Trump a cité la Syrie dans ses remerciements au moment de la mort d’Abou Bakr al-Baghdadi. Avez-vous donné une information aux Américains ? Saviez-vous où il était ?
Cela me fait toujours rire quand on me pose cette question. Le plus important, c’est de savoir si Abou Bakr al-Baghdadi a vraiment été tué, et si cette belle comédie présentée par les Américains a vraiment eu lieu.
Mais Daech a reconnu sa mort !
Oui bien sûr, mais Daech a été fabriqué par les Américains. Il fait partie de cette comédie. Baghdadi a appris à jouer son rôle lorsqu’il était dans les prisons américaines en Irak. C’est pourquoi je dis que c’est une vaste comédie. Est-ce que ça a vraiment eu lieu ? Je ne sais pas. Ça ne veut pas dire qu’il n’a pas été tué mais, s’il l’a été, ce n’est pas parce qu’il était terroriste. Ils étaient capables de frapper Daech lorsque Daech volait le pétrole syrien et l’envoyait vers l’Irak, mais ils ne l’ont pas fait. Et lorsque Daech a attaqué l’armée syrienne à Deir Ez-Zor, les Américains ont frappé l’armée syrienne. Pas Daech. Par conséquent, nous n’avons pas collaboré avec les Américains en quoi que ce soit. Nous ne pouvons pas collaborer dans la lutte contre le terrorisme avec ceux qui soutiennent le terrorisme.
Pourquoi vous a-t-il remercié alors ?
C’est une de ses blagues…
Lors de notre dernier entretien[1], vous m’aviez certifié n’avoir jamais utilisé d’armes chimiques, notamment dans la Ghouta en 2013. Depuis, il y a eu Khan Cheikhoun, il y a eu Douma. Que répondez-vous face à l’accumulation de preuves sur l’usage par vos armées d’armes chimiques ?
Non, non, il n’y a pas une seule preuve jusqu’à présent. Utiliser une telle arme aurait fait des centaines, voire des milliers de victimes. Quant à l’accumulation, elle est due au fait que l’armée syrienne avançait, et réalisait des victoires contre les terroristes. Il fallait absolument trouver un prétexte pour la frapper, et c’est bien ce qui s’est passé. Ce récit était utilisé dans deux cas :
- quand nous avions beaucoup progressé et qu’il fallait qu’on nous arrête. On s’en servait alors comme une menace contre nous.
- Il était aussi utilisé lorsque nous préparions une grande opération. Il menaçait avant que l’opération ne soit lancée.
D’autre part, nous avançons, pourquoi aurions-nous besoin d’armes chimiques ? Telle est la question ? Le point le plus important est que là où nous entrons, il y a des civils, et leur vie reprend son cours normal. Comment ont-ils pu y rester si nous avions fait usage d’armes chimiques ? Sur ce sujet, les mensonges dans les médias occidentaux et la politique occidentale sont sans limites.
LIENS
source/https://www.parismatch.com/Actu/International/Bachar-el-Assad-Un-terroriste-est-un-terroriste-Francais-ou-etrangers-ils-seront-soumis-a-la-loi-syrienne-1661517
Le président russe Vladimir Poutine a rencontré mardi son homologue Bachar al-Assad à l’occasion de sa première visite à Damas depuis le début il y a neuf ans de la guerre en Syrie, où Moscou intervient au côté du pouvoir soutenu aussi par l’Iran.
M. Poutine s’était déjà rendu en Syrie, mais pour se rendre sur la base militaire de Hmeimim (nord-ouest), la plus grande dont dispose la Russie dans ce pays. Il y avait ainsi effectué un déplacement en décembre 2017.
La visite non annoncée du président russe intervient dans un contexte de tensions régionales accrues, après le raid américain qui a tué vendredi le général iranien Qassem Soleimani, artisan de la stratégie militaire iranienne dans la région et grand allié du pouvoir syrien.
M. Poutine a rencontré le président Assad dans un centre de commandement de l’armée russe.
« Au cours de sa conversation avec Assad, Poutine a signalé qu’aujourd’hui, on peut constater avec certitude qu’un chemin immense a été parcouru vers la restauration de l’Etat syrien et de son intégrité territoriale », selon un communiqué du Kremlin.
« Vladimir Poutine a aussi souligné qu’il était visible à l’œil nu que la vie en paix revenait dans les rues de Damas », d’après la même source, saluant les progrès « immenses » réalisés en Syrie.
Les deux présidents se sont rendus à la Mosquée des Omeyyades, selon des photos de la présidence syrienne.
En ce jour de Noël orthodoxe, ils ont visité l’antique cathédrale grecque-orthodoxe mariamite de Damas, où les deux dirigeants ont allumé un cierge, d’après la même source.
Dans un pays où la guerre a fait 380 000 morts depuis 2011, l’intervention militaire russe aux côtés du régime, à l’automne 2015, a changé le cours du conflit et permis aux troupes gouvernementales de multiplier les victoires face aux rebelles et aux jihadistes.
Contexte régional explosif
Le président russe a effectué le 7 janvier 2020 sa première visite à Damas depuis le début de la guerre en Syrie il y a neuf ans. Vladimir Poutine a rencontré Bachar el-Assad dans un centre de commandement russe. SANA/Handout via REUTERS
Selon la présidence syrienne, les deux hommes ont discuté des « derniers développements » régionaux, mais aussi des « plans pour éliminer le terrorisme » à Idleb, province du nord-ouest dominée par des jihadistes et accueillant des rebelles, bombardée depuis plusieurs semaines par le pouvoir et l’aviation russe.
Ils ont aussi évoqué, selon la même source, les « procédures » engagées par la Turquie voisine dans le nord syrien, où Ankara a conquis une bande de territoire frontalière après en avoir chassé des forces kurdes.
Après sa visite à Damas, Vladimir Poutine se rend en Turquie pour l’inauguration d’un gazoduc. Une rencontre avec le président turc Recep Tayyip Erdogan est prévue et devrait porter sur la Syrie.
La visite de M. Poutine en Syrie intervient dans un contexte régional explosif, après l’assassinat du général Soleimani, qui était à la tête de l’unité Qods, force spéciale des Gardiens de la Révolution iraniens, chargée des opérations extérieures.
Avec des combattants déployés en Syrie, son unité a joué un rôle incontournable pour soutenir et consolider le pouvoir de Bachar al-Assad.
Le régime a repris désormais le contrôle des deux-tiers du pays, dont les environs de la capitale, ou encore des grandes villes à l’instar d’Alep, ancien poumon économique de la Syrie.
Le conflit en Syrie, déclenché en mars 2011 avec la répression de manifestations prodémocratie, s’est transformé en une guerre complexe impliquant des groupes djihadistes et des puissances étrangères.
Avec l’Iran, mais aussi la Turquie, un appui traditionnel des rebelles, la Russie a mis sur pied le processus dit d’Astana, pour négocier les évolutions du conflit en Syrie, qui a éclipsé peu à peu les pourparlers sous l’égide de l’ONU.
SOURCE/https://www.lepoint.fr/monde/visite-surprise-de-poutine-a-damas-07-01-2020-2356530_24.php
5/6 Syrie … vive réaction de Moscou à une menace d’offensive militaire d’Erdogan 19/02/2020 |
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est attiré une mise en garde immédiate de Moscou après avoir menacé de lancer rapidement une offensive militaire contre les forces syriennes dans la région d’Idleb (nord-ouest).
Cet échange musclé intervient alors que la situation humanitaire a atteint un point critique dans cette région, dernier bastion rebelle et jihadiste en Syrie, où près d’un million de personnes ont fui une offensive du régime appuyée par l’aviation russe.
Publié le | AFP Le président turc Recep Tayyip Erdogan
Signe de la tension extrême dans la zone, M. Erdogan a réitéré son ultimatum au régime pour qu’il se retire d’ici fin février à l’est d’une autoroute clé et des abords de postes d’observation turcs à Idleb.
« Il s’agit de nos dernières mises en garde (…) Nous pourrons surgir une nuit sans crier gare. Pour le dire d’une manière plus explicite, une opération à Idleb est imminente », a menacé le chef de l’Etat turc.
La Russie, parrain du régime, a immédiatement réagi. Une telle opération serait « la pire des options », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Cette passe d’armes intervient alors que des discussions entre Ankara et Moscou ont échoué jusqu’à présent à réduire les tensions à Idleb.
L’offensive de Damas a provoqué une crise ouverte avec Ankara, qui appuie certains groupes rebelles, lorsque plusieurs soldats turcs déployés à Idleb ont été tués par des bombardements syriens, début février.

Exode massif de civils
Ces tensions ont aussi suscité des frictions entre Ankara et Moscou, qui coopèrent étroitement en Syrie depuis 2016, en dépit de leurs intérêts divergents.
Les deux pays ont notamment parrainé en 2018 un accord dans la station balnéaire russe de Sotchi visant à faire taire les armes.
Ankara voit d’un mauvais oeil l’avancée du régime à Idleb, région frontalière de la Turquie, redoutant un nouvel afflux de déplacés sur son sol. Quelque 3,7 millions de Syriens y ont déjà trouvé refuge depuis 2011.
Après plusieurs semaines d’offensive des forces du régime syrien déterminées à reprendre la région d’Idleb, la situation humanitaire est catastrophique.
Selon l’ONU, environ 900.000 personnes, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont fui depuis début décembre l’offensive menée par le régime d’Assad et Moscou dans la région d’Idleb et ses environs.
Jamais le pays, en guerre depuis 2011, n’a connu un tel exode sur une période de temps aussi courte. Au total, le conflit syrien a poussé à l’exil des millions de civils et tué plus de 380.000 personnes.
Lors d’une conférence de presse à Istanbul mercredi, une coalition d’ONG syriennes a exhorté « le monde à se réveiller et à stopper le carnage » à Idleb, dressant un état des lieux alarmiste de la situation humanitaire dans cette province.
Selon la Coalition des ONG syriennes (SNA), « les camps de réfugiés déjà construits sont surpeuplés (…) et les civils n’ont d’autre choix que de dormir à l’air libre », malgré les températures hivernales.
Hôpitaux touchés par des frappes
Ces ONG estiment qu’une aide d’urgence de 310 millions d’euros est nécessaire pour faire face aux besoins essentiels de ces déplacés qui ont trouvé refuge à proximité de la frontière turque, s’entassant par dizaines de milliers dans des camps de fortune.
Selon l’OSDH, plus de 400 civils, dont 112 enfants, ont péri depuis que le régime, appuyé par l’aviation russe, a lancé une nouvelle offensive dans le nord-ouest mi-décembre.
De nombreuses ONG accusent le régime syrien et la Russie de cibler des populations et infrastructures civiles.
Sur les 550 structures sanitaires de la région, seule la moitié est encore opérationnelle, a décrié mardi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Selon l’agence de l’ONU pour l’enfance (Unicef), les deux derniers hôpitaux opérationnels dans l’ouest de la province d’Alep, voisine d’Idleb, dont une maternité, ont été touchés par des frappes.
En dépit des mises en garde répétées d’Ankara, les forces gouvernementales poursuivent leur offensive et concentrent actuellement leurs opérations dans l’ouest de la province d’Alep, a indiqué l’OSDH.
Les pro-régime tentent de progresser « en direction de la montagne Cheikh Barakat », qui surplombe de vastes régions dans l’ouest d’Alep et le nord d’Idleb, près de la frontière turque, d’après l’OSDH.
SOURCE/https://www.lepoint.fr/monde/syrie-vive-reaction-de-moscou-a-une-menace-d-offensive-militaire-d-erdogan-19-02-2020-2363444_24.php
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