3644 – Trois Allocutions de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, Munich, 15 février 2020

Allocution de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors d’une table ronde du forum « Lectures Primakov » organisé en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, Munich, 15 février 2020 18:54

Allocution d’ouverture de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors de son entretien avec Wang Yi, Ministre des Affaires étrangères de la Chine, en marge de la 56e Conférence de Munich sur la sécurité, Munich, 15 février 2020  21:10

Allocution et réponses à la presse de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors de la 56e Conférence de Munich sur la sécurité « Désordre global: un nouvel ordre du jour est-il possible? », Munich, 15 février 2020  21:34

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1/3 Allocution de Sergueï Lavrov, Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, lors d’une table ronde du forum « Lectures Primakov » organisé en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité, Munich, 15 février 2020  –18:54

15 février 202018:54

RUSSIE LAVROV Лавров

Chers amis, chers collègues,

Merci pour cette invitation. En effet, il est très important de préserver la tradition des « Lectures Primakov ».

Evgueni Primakov, figure politique sous Boris Eltsine, est décédé Le 12h30 le 26 juin 2015 6897200.image  Evgueni Primakov, figure politique sous Boris Eltsine, est décédé le 26 juin 2015

Evgueni Primakov était un grand homme, penseur et praticien. De nos jours, c’est particulièrement important. Je peux difficilement ajouter quelque chose à l’analyse de la situation mondiale faite par Alexandre Dynkine, Président de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales (IMEMO) affilié à l’Académie des sciences de Russie.

La multipolarité prédite par Evgueni Primakov devient réalité: dans le secteur économique, financier, technologique. Bien évidemment, en parallèle arrive également l’influence politique – les États accomplissant des exploits dans ces domaines voudraient être plus influents sur la scène mondiale. Nous constatons des tentatives de stopper ou de ralentir le processus de mise en place de la multipolarité, mais elles ne font que retarder le résultat et « l’entente » (si nous parlons d' »entente » dans ce monde).

Ainsi, selon les statistiques du Fonds monétaire international, le PIB total des pays des Brics dépasse déjà celui du G7. Et cette tendance devrait se maintenir.

De cette manière, nous pouvons profiter des discussions dans le cadre des « Lectures Primakov », de la Conférence de Munich, des réunions du Royal Institute of International Affairs et d’autres plateformes politico-scientifiques pour simplement donner un avis sur la situation. Il existe une autre option, et cela nous refait penser à Evgueni Primakov en tant que praticien: que pouvons-nous faire avec tout cela?

Si vous suivez les débats de la Conférence, vous pouvez tirer certaines conclusions. Comme l’a noté Alexandre Dynkine, le Secrétaire à la Défense américain Mark Esper a déclaré une nouvelle guerre froide contre la Chine. Certains disaient que dans le cadre de la Conférence actuelle il était primordial d’élaborer une approche pour contenir la Chine, pour réagir aux défis de la Chine et de la Russie – pour contenir les deux pays à la fois ou séparément.

La structure même de cette discussion, notamment le rapport de la Conférence qui a été publié, témoignent qu’elle ne vise pas à réunir des gens sages et expérimentés pour mettre au point des recommandations sur la « première piste ». Je pense que l’un des défauts de cette Conférence est qu’elle est seulement destinée à faire des déclarations résonnantes qui feront la une des journaux, mais n’influenceront aucunement les relations réelles entre les États.

Cette sorte de bipolarité polycentrique, comme l’a décrite Alexandre, est peut-être en train de naître, mais soit nous resterons simplement spectateurs de ce processus, soit nous devons essayer de le rendre plus constructif.

Je ne fais pas allusion à une initiative concrète, mais je voudrais rappeler qu’il y a deux semaines, à Jérusalem, le Président russe Vladimir Poutine  a suggéré de réunir un sommet des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, non pas parce que c’est un « club fermé » pour des pays élus, mais parce que, conformément à la Charte de l’Onu, qui, Dieu merci, est encore en vie, une responsabilité particulière leur incombe pour tout ce qui se passe en matière de paix et de sécurité mondiales. Cette proposition reste sur la table. Il serait intéressant de connaître votre avis sur le sujet.