1/ La Russie contre l’Occident – ou l’inverse?
2/ Les États-Unis exigent… «Les Allemands au front»* – désormais en Syrie
3/ La Suisse est-elle menacée par la Russie?
1/ La Russie contre l’Occident – ou l’inverse? |
par Erwin Mächler* N° 16, 22 juillet 2019 – Horizons et débats
Dans les cercles de débats «occidentaux», lors de discussions consacrées à la géopolitique, «Poutine» a bien mauvaise presse. Soit il est présenté comme le «méchant» dès le début de l’entretien, soit il est désigné, en conclusion, comme «coupable de tous les maux». Les interlocuteurs ayant des vues divergentes se font cataloguer comme «Pro-Poutine» [en allemand: «Putin-Versteher»]. |
Depuis 30 ans, deux domaines déterminants définissent les relations Est-Ouest:
-
1) le rôle de police mondiale que se sont arrogé les Etats-Unis, renforcé après le 11-Septembre par une campagne de vengeance contre le terrorisme islamiste, et
-
2) l’expansion de l’OTAN vers l’Est.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à récemment, il était perçu comme positif que la puissance mondiale des États-Unis soit prête à intervenir partout où quelque chose de prétendument politiquement incorrect se tramait dans le monde.
La plupart de ces interventions étaient militaires, pratiquement jamais sanctionnées par le Conseil de sécurité de l’ONU et représentaient donc des violations du droit international.
Parmi les pays victimes de ces interventions, on compte par exemple
- les Philippines,
- la Yougoslavie,
- l’Iran,
- l’Irak,
- la Libye,
- la Syrie,
- la Somalie
- ou encore l’Ukraine.
Le but de ces interventions était et est toujours un prétendu «changement de régime».
Comme ces interventions se sont soldées d’actes de guerre catastrophiques, souvent associés à des guerres civiles antérieures ou postérieures, les perceptions positives se sont transformées en critiques, voire récemment en critiques sévères.
Il est vite devenu évident que la plupart de ces interventions servaient principalement à imposer un contrôle américain, notamment sur l’accès aux réserves de pétrole, de gaz et de matières premières dans le monde entier, ainsi que sur leur sécurisation.
L’énorme chaos actuel prévalant au Moyen-Orient et au Maghreb est le résultat de cet interventionnisme américain – soutenu par l’OTAN (dominée par les États-Unis) et donc par des membres de l’OTAN comme la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, le Danemark et d’autres.
L’énorme flux de réfugiés des pays ravagés par la guerre arrivant en Europe est une conséquence indirecte de cet interventionnisme américain.
Cette politique, imputable aux États-Unis et donc à ses organes dirigeants responsables, est dès lors également la cause de millions de morts d’innocents.
Il est évident que cette politique s’approche de la «ligne rouge» ou l’a déjà franchie. La Russie, la Chine et d’autres pays refusent de continuer à accepter à l’avenir cette politique d’agression américaine.
Suite à l’unification des deux États allemands, l’ancienne RFA et la RDA, et la fin de la guerre froide, la raison d’être du Pacte de Varsovie et de l’OTAN a disparu.
Alors que le Pacte de Varsovie fut aboli après la dissolution de l’Union soviétique, l’OTAN ne continua pas seulement à exister, mais commença à s’étendre progressivement vers l’Est (expansion de l’OTAN vers l’Est).
Cela se fit en flagrante contradiction avec les garanties données à la Russie, à savoir de s’abstenir de toute expansion vers l’Est.
Récemment, de grandes unités de combat de l’OTAN ont été déployées à la frontière occidentale de la Russie, et de vastes manœuvres de l’OTAN ont eu lieu à proximité immédiate de cette même frontière dans le but d’intimider la Russie.
Il y a 75 ans, dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, des unités de combat de la Wehrmacht se trouvaient à 200 km de Leningrad.
-
A l’heure actuelle, dans le cadre de l’OTAN, des unités de combat allemandes se trouvent à 150 km de Saint-Pétersbourg – avec quelle justification?
En Pologne et en Roumanie, l’OTAN installe des dispositifs de défense antimissile, prétendument dirigés contre l’Iran. Pour toute personne pourvue de bon sens, il est cependant clair que ces dispositifs sont dirigés contre la Russie.
Les responsables de l’élargissement de l’OTAN à l’Est sont les gouvernements américains sous les présidences de George W. Bush, de Bill Clinton et de Barack Obama. L’élargissement de l’OTAN à l’Est constitue la cause principale de la déstabilisation de l’Europe orientale.
Il est évident que la «ligne rouge» a été franchie, par exemple en Ukraine (avec le coup d’État de 2014, financé par les Etats-Unis, contre le gouvernement ukrainien légitimement élu mais tombé en disgrâce auprès de l’hégémon). Voilà à quoi ressemble un changement de régime à la mode américaine.
Le résultat de cette provocation est le retour de la Crimée dans la Fédération de Russie, de même que la proclamation de deux «républiques autonomes» dans le Donbass.
Il faut noter que les médias occidentaux parlent continuellement de «l’annexion» de la Crimée par la Russie, en omettant régulièrement de parler de la provocation qui l’a précédée.
Si d’autres provocations des États-Unis et de l’OTAN à l’encontre de la Fédération de Russie suivent, il faudra s’attendre à une Troisième Guerre mondiale.
Tout historiographe objectif devra alors, s’il est honnête, désigner les États-Unis comme l’auteur et le déclencheur, et non la Russie qui, depuis la fin de la guerre froide, est restée sur la défensive.
Malgré l’obstination avec laquelle on impute toutes sortes de provocations à la personne de Poutine, il est évident, en prenant en compte les faits décrits, que c’est l’exact contraire qui correspond à la réalité. Les provocations proviennent de l’Occident, plus précisément des États-Unis, soutenus par l’OTAN, et, dans de nombreux cas, également par l’Union européenne (cf. sanctions).
Au début de sa présidence, Barack Obama a obtenu le prix Nobel de la Paix. Au cours de ses huit ans de mandat, il a mené sept guerres directes et indirectes contre des régimes indésirables du point de vue américain; deux hérités de son prédécesseur et les cinq autres de son propre fait.
Ainsi, Obama et son entourage sont devenus des criminels de guerre.
Cela est réel, même si le monde occidental refuse de le reconnaître. Bill Clinton et George W. Bush – les prédécesseurs d’Obama –, y compris les membres de leurs gouvernements responsables de la guerre, sont logiquement eux aussi des criminels de guerre.
Il en va de même pour les dirigeants des gouvernements anglais (Tony Blair) et français (Nicolas Sarkozy), dans la mesure où ils ont participé à ces guerres d’agression illégales.
Mais Poutine reste «méchant», bien que pendant toute la durée de son mandat, y compris la phase de changement de postes avec Medvedev, il n’ait déclenché aucune guerre illégale. Il est temps que les esprits «occidentaux» les plus simples réalisent et acceptent ces faits.
La description ci-dessus correspond à des faits prouvés et non pas, comme il est souvent affirmé, à du conspirationnisme. Ces faits historiques n’apparaissent que rarement dans les médias «occidentaux» ou sont présentés de manière erronée.
Les grands médias occidentaux ne nous offrent guère plus qu’une «bouillie uniforme».
La «Neue Zürcher Zeitung», par exemple, se caractérise par le fait que l’ensemble de ses informations, y compris les lettres de lecteurs publiées et les tribunes, est clairement déséquilibré dans son hostilité envers la Russie et son approbation des puissances occidentales… On est certes en droit de se demander pourquoi.
En Allemagne, l’«Atlantik-Brücke», une organisation de lobbying promouvant les relations entre la République fédérale d’Allemagne et les États-Unis (présidée par Friedrich Merz jusqu’au printemps 2019), joue un rôle majeur. Les rédacteurs en chef des plus importants médias publics allemands, journaux et chaînes de télévisions (ARD et ZDF), sont membres de cette organisation.
-
Comment cela va-t-il évoluer?
En 2016, lors de la campagne électorale pour la présidence américaine, Donald Trump a fait de nombreuses promesses. Il a notamment mentionné deux objectifs importants de sa présidence (espérée): d’une part, l’amélioration des relations entre les États-Unis et la Russie et d’autre part, le retrait des États-Unis de leur rôle de gendarme mondial.
Malheureusement, il s’est entre-temps avéré qu’un contre-pouvoir massif s’opposait à ces objectifs.
Pour tout observateur externe, il apparaît clairement que ce contre-pouvoir se compose des dits néo-conservateurs et de «l’État profond», complétés par d’autres opposants politiques à Trump.
Cependant, la nomination de Mike Pompeo (ancien chef de la CIA) au poste de secrétaire d’État [ministre des Affaires étrangères, ndt.] et de John Bolton au poste de conseiller à la sécurité nationale reste assez incompréhensible, car tous les deux sapent les plans du président Trump par tous les moyens au vu et au su du public. •
* Ancien colonel d’État-major, docteur en science administrative, ancien membre de la direction du groupe Holcim, 9445 Rebstein SG
Source: Première parution dans l’Allgemeine Schweizerische Militärzeitschrift (ASMZ) 6/2019.
(Traduction Horizons et débats)
Sept guerres directes et indirectes menées au cours des huit ans de la présidence ObamaHéritées: Libye I et Afghanistan. |
2/ Les États-Unis exigent: «Les Allemands au front»* – désormais en Syrie |
par Willy Wimmer – N° 16, 22 juillet 2019 – Horizons et débats
hd. James Jeffrey, le représentant spécial des États-Unis pour la Syrie et la coalition anti-IS, «a prié» l’Allemagne de mettre à disposition des USA des troupes terrestres pour la guerre en Syrie. Le fait que le gouvernement allemand ait pour l’instant rejeté la «demande» du gouvernement américain le 8 juillet n’est pas une raison pour se réjouir. Willy Wimmer, ancien secrétaire d’Etat au ministère allemand de la Défense, a émis le commentaire suivant. |
L’empire demande des soldats allemands. Cette fois-ci, ils seront déployés en tant que troupes terrestres en Syrie.
Peu importe que la Syrie soit un pays souverain. Personne ne peut prétendre avoir reçu une invitation du légitime gouvernement syrien à déployer la Bundeswehr allemande.
La Charte des Nations Unies ne joue aucun rôle, bien qu’elle soit la seule légitimation à part l’exigence d’aide à la légitime défense. Ce n’est pas rien.
Signature charte ONU 24 octobre 1945
Depuis la Seconde Guerre mondiale, la Charte des Nations Unies est la seule légitimation possible pour un recours à la force militaire.
Les dévastations causées par cette guerre furent trop grandes pour reprendre l’ordre du jour et poursuivre les vieilles habitudes et pratiques de guerre après cette terrible période. A cet égard, la Charte des Nations Unies représente une importante contribution civilisatrice dans l’intérêt de l’humanité tout entière.
Avec et depuis la guerre contre la Yougoslavie en 1999, les États-Unis ont systématiquement détruit l’épine dorsale de la Charte des Nations Unies.
L’endiguement de la guerre n’est plus l’objectif. Le but est la guerre au profit des États-Unis, et comme leur propres forces doivent être protégées ou ne sont plus suffisantes, c’est à la Bundeswehr d’aller au front.
Dans ce contexte, il est absolument essentiel de prendre connaissance des lignes directrices de la politique de sécurité du président américain: selon ces règles, la guerre est liée au fait d’être menée dans l’intérêt des Américains.
La Charte des Nations Unies ne joue aucun rôle dans ce document, elle n’apparaît nulle part comme élément-clé. En mettant en pratique les intérêts américains et en renonçant à l’apport civilisationnel de la Charte des Nations Unies, nous sommes revenus au point où la guerre allemande contre la Pologne a commencé le 1er septembre 1939.
Les prochains jours de commémoration seront l’occasion d’échanger sur toutes les considérations faites dans ce contexte.
En outre, les actions américaines ont conduit à renoncer aux restrictions demandées par la Charte des Nations Unies. Mais toute la dimension du souvenir sera déterminée à l’avenir – contrairement aux décennies passées – par le fait que, pour des raisons assez transparentes, la «mémoire-clé de Versailles» a été lâchement abandonnée en Occident par les coupables.
Il s’agissait et il s’agit toujours de deux ou trois considérations chez nos «amis»:
-
soit l’utilisation du potentiel allemand dans leur propre intérêt,
-
soit la destruction de l’Allemagne si cela ne devait pas réussir.
Déjà lors de la Première Guerre mondiale, l’Allemagne devait retrouver son destin dans l’anéantissement de la Russie. Il n’en va pas autrement aujourd’hui – il s’agit de la Russie … ou de l’Iran ou de la lutte contre la Chine.
Mme Annegret Kramp-Karrenbauer
Selon la presse française, la présidente actuelle de la CDU, Mme Annegret Kramp-Karrenbauer, a déjà promis, avant son voyage en Israël, de lever la réserve parlementaire sur l’engagement de la Bundeswehr pour leurs «guerres coloniales» à l’aide de l’UE.
C’est le signal donné à Washington de le régler en même temps pour l’OTAN et donc pour les intérêts américains.
Alors, nous serons enfin là, où on veut nous avoir depuis des décennies.
Par la suite, nous lirons dans la presse, où nos soldats sont déployés. Cela est également évident depuis que la présidente de la CDU est partie en voyage.
Une fois de plus, elle a mentionné la raison d’État allemande, bien que nous ayons une Loi fondamentale. En même temps, lors d’une conférence internationale, un ancien dirigeant du Mossad s’est exprimé dans la presse en précisant que son pays n’avait aucun intérêt à la paix pour des raisons de politique intérieure. •
(Traduction Horizons et débats)
* Le dicton «The Germans to the front» ou «Les Allemands au front» est attribué à l’admiral britannique Sir Edward Hobart Seymour (1840–1929) pendant l’été 1900. Seymour avait essayé en juin 1900 d’avancer de Tianjin en direction de Pékin pour libérer les légations assiégées. Il a toutefois dû interrompre cette avance et retourner à Tianjin. Il aurait alors envoyé des soldats allemands – avec l’appel: «The Germans to the front/Les Allemands au front!» (note de la rédaction)
3/ La Suisse est-elle menacée par la Russie? |
par Albert A. Stahel, – N° 16, 22 juillet 2019 – Horizons et débats
En Europe, il est peu connu que la Suisse a entretenu de bonnes relations avec la Russie pendant plusieurs siècles. Cela à travers divers contacts personnels.
-
Le premier amiral de Pierre Ier, le Grand (1672–1725), était le Genevois François Jacques Le Fort (1656-1699);
-
le Généralissime Alexandre Vassilievitch Souvorov (1730–1800) tenta en 1799 de libérer la Confédération suisse du joug français avec sa traversée des Alpes suisses;
-
le Vaudois Frédéric-César de La Harpe (1754–1838) était l’éducateur d’Alexandrovitch Tzarévich et de son frère à la cour du Tsar;
-
Tsar Alexandre Ier (1777–1825) s’opposa aux intentions du chancelier autrichien Prince Klemens von Metternich (1773–1859) de diviser la Suisse;
-
le général Antoine-Henri Jomini (1779–1869) était conseiller militaire de divers tsars;
-
Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine (1870–1924), se trouva en exil en Suisse avant 1917.
Aujourd’hui, les relations économiques entre la Russie et la Suisse sont intactes.
-
Seul le dictateur soviétique Iossif Vissarionovich Djougachvili dit Staline (1878–1953) exigea en 1945 des puissances occidentales qu’elles dirigent l’une de leurs attaques contre le IIIe Reich via la Suisse. Cette tentative fut rejetée par le général Eisenhower. Staline en tant Géorgien, n’était pas Russe.
La Suisse n’a jamais été menacée par la Russie et les Russes. Au contraire, la Suisse doit son existence notamment au tsar Alexandre Ier. •
Source: Institut für Strategische Studien, 28/5/19
NOTES Sans a priori …Lorsqu’on se penche sur la liste des pays agressés, l’on peut éprouver un certain vertige: voici la liste de pays bombardés par les USA (depuis la seconde guerre mondiale),sous prétexte d’exporter la liberté et la démocratie !
* Chine 1945 -1946
* Corée 1950 – 1953
* Chine 1950 -1953
* Guatemala 1954
* Indonésie 1958
* Cuba 1959 – 1960
* Guatemala 1960
* Congo 1964
* Guatemala 1964
* République Dominicaine 1965 – 1966
* Pérou 1965
* Laos 1964 – 1973
* Vietnam 1961 – 1973
* Cambodge 1969 – 1970
* Guatemala 1967 – 1969
* Liban 1982 – 1984
* Grenade 1983 – 1984
* Libye 1986
* El Salvador 1981 – 1992
* Nicaragua 1981 – 1990
* Iran 1987 – 1988
* Libye 1989
* Panama 1989 – 1990
* Irak 1991
* Somalie 1992 – 1994
* Bosnie 1995
* Iran 1998
* Soudan 1998
* Afghanistan 1998
* Serbie 1999
* Afghanistan 2001
* Irak 2003
* Libye 2011
* Syrie 2013
Ils n »ont exporté que « malheurs » et détestation de cette « démocratie américaine » qui USURPE le mot « démocratie »
[…] 30 JUILLET 2019 SANSAPRIORIAFRIQUE & MOYEN ORIENT, AMÉRIQUES, EUROPE & FRANCE, GEOPOLITIQUE, GUERRE, POLITIQUE INTERNATIONALE, RUSSIE – B.R.I.C.S & ASIE, SOCIÉTÉ, USAALBERT A. STAHEL,, ALLEMAGNE;, «GUERRES COLONIALES», BARACK OBAMA, BILL CLINTON, CHANGEMENT DE RÉGIME, CRIMÉE, DIMITRI MEDVEDEV, DONBASS, ERWIN MÄCHLER, GEORGE W BUSH, HORIZONS ET DÉBATS, ISRAËL, LA CHARTE DES NATIONS UNIES, LOI FONDAMENTALE, MAGHREB, MIKE POMPEO, MME ANNEGRET KRAMP-KARRENBAUER, MOYEN ORIENT, ONU, OTAN, PACTE DE VARSOVIE, RUSSIE, SOLDATS ALLEMANDS EN SYRIE …, SUISSE;, TONY BLAIR, UE, VLADIMIR POUTINE, WILLY WIMMER, YOUGOSLAVIE […]
J’aimeJ’aime