3400 – Allocution et réponses à la presse du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse conjointe à l’issue de son entretien avec Heiko Maas, Ministre allemand des Affaires étrangères, Bonn, 18 juillet 2019

Mesdames et Messieurs,

Cher Heiko,

Merci à toi personnellement et à ton équipe pour l’hospitalité dont vous avez fait preuve à notre égard, et bien sûr à Armin Laschet, Premier ministre du Land fédéral de Rhénanie du Nord-Westphalie avec lequel nous avons eu un entretien très utile aujourd’hui.

RUSSIE ALLEMAGNE vice-président-CDU-Armin-Laschet-propositions-Macron-Europe-intégrée-e1512674562227 Armin Laschet

Nous avons bien parlé. Comme tu l’as dit, nous sommes loin d’être toujours d’accord. J’ai rappelé qu’il n’existait certainement pas deux pays s’accordant sur tout, même s’ils sont des alliés étroits. L’important est que pour nous deux et pour nos pays, il soit évident que malgré la situation très compliquée dans le monde, un tel dialogue substantiel entre la Russie et l’Allemagne a une signification très importante.

Son maintien ne profite pas seulement aux relations bilatérales entre nos pays, mais exerce également un effet très bénéfique sur la situation politique générale en Europe et en dehors. Nous souhaitons renforcer la coopération aussi loin que nos partenaires seront prêts à le faire.

A titre d’exemple de réussite, nous avons parlé aujourd’hui du futur forum social Dialogue de Saint-Pétersbourg, qui travaille sous le patronat du Président russe Vladimir Poutine et de la Chancelière allemande Angela Merkel.

Avec Heiko, nous participerons aujourd’hui à la cérémonie d’ouverture de la 18e réunion plénière de ce forum qui se déroulera sous la devise « La Coopération comme leitmotiv pour une Europe en paix: la contribution des sociétés civiles de la Russie et de l’Allemagne ». Nous sommes d’accord sur le fait que le forum joue un rôle primordial dans le dialogue entre les représentants des sociétés de nos pays.

Nous avons réaffirmé notre disposition mutuelle à approfondir la coopération dans les domaines économique, scientifique, éducatif et socioculturel.

https://www.letelegramme.fr/ar/imgproxy.php/images/2019/01/30/heiko-maas-ministre-allemand-des-affaires-etrangeres_4395073.jpg?article=20190130-1012196491&aaaammjj=20190130  Heiko Maas

Nous sommes satisfaits par la mise en œuvre du programme de l’Année russo-allemande des partenariats scientifiques et éducatifs pour 2018-2020 lancé en décembre 2018 sous notre patronat conjoint avec le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

Nous avons attribué une note élevée à l’activité du Groupe de travail interministériel bilatéral de haut niveau sur la politique de sécurité. Ce mécanisme de dialogue permet d’évoquer professionnellement l’éventail de questions le plus large possible. Nous avons noté la reprise de l’activité d’un autre groupe de travail, sur la coopération stratégique dans l’économie et les finances, dont la réunion a eu lieu le mois dernier à Moscou.

Nous apprécions le soutien intransigeant de Berlin dans le règlement des problèmes de sécurité énergétique de l’Europe, y compris son soutien à la construction du gazoduc Nord Stream 2.

Il s’agit d’une initiative purement commerciale appelée à renforcer la sécurité énergétique de l’Europe grâce à la diversification des itinéraires et la minimisation des risques de transit. Nous avons réaffirmé aujourd’hui que la Russie était prête à s’entendre sur le maintien des fournitures via l’Ukraine, ouverte à de nouveaux accords à ce sujet sur des conditions économiquement fondées et réalisables en pratique.

Nous avons eu une discussion sérieuse sur la stabilité stratégique.

La Russie est de plus en plus préoccupée par la ligne des États-Unis visant à briser toute la base juridique du contrôle des armes nucléaires.

Vous vous souvenez: tout a commencé par le retrait unilatéral des États-Unis du Traité ABM.

Cela se poursuit aujourd’hui avec le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, qui cessera d’exister le 2 août à cause de la décision prise par Washington.

La Russie a tout fait pour préserver ce Traité. Sachant que ces dernières années, nous avons essayé d’établir une discussion professionnelle et concrète sur les préoccupations réciproques.

Les États-Unis n’ont pas seulement évité ce dialogue mais ils ont interdit, au fond, à leurs alliés de l’Otan d’y participer.

Nous sommes inquiets de voir que l’effondrement de tout le système de contrôle des armes nucléaires pourrait avoir des conséquences négatives graves pour la sécurité internationale.

A cet égard, à l’heure actuelle, c’est évidemment le sort du Traité de réduction des armes stratégiques qui est en jeu.

Nous avons réaffirmé la position exprimée plusieurs fois par le Président russe Vladimir Poutine, notamment durant son entretien avec le Président américain Donald Trump à Osaka en marge du G20 concernant notre disposition et volonté de prolonger ce Traité, tel qu’il le prévoit, de cinq ans après l’expiration de son délai principal en février 2021.

 

Nous apprécions l’intérêt de l’Allemagne à empêcher l’effondrement du dialogue sur la stabilité stratégique. Berlin a suggéré des initiatives à ce sujet dans le cadre de l’OSCE et très récemment avec la Suède et les Pays-Bas à l’Onu.

Nous ferons tout pour, notamment compte tenu de ces initiatives, établir une discussion professionnelle dans le respect mutuel afin de sauver la situation dans le domaine de la stabilité stratégique, de l’empêcher de déraper.

UKRAINE KIEW tour_img-1253109-146  Ukraine KIEV

Comme l’a déclaré le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, nous avons abordé le thème ukrainien en mettant l’accent sur la nécessité de mettre en œuvre les Accords de Minsk.

Nous avons rappelé que la crise actuelle en Ukraine avait été engendrée par le coup d’État anticonstitutionnel de février 2014, quand l’opposition radicale avait piétiné l’accord conclu entre le président de l’époque et les opposants avec le soutien des pays de l’UE, y compris notamment l’Allemagne, la France et la Pologne.

Néanmoins, nous voulons que tous les termes des Accords de Minsk soient rigoureusement mis en œuvre.

Nous avons noté que les nouvelles autorités de Kiev, après un nombre suffisant de déclarations contradictoires, avaient réaffirmé leur attachement aux Accords de Minsk et étaient prêtes à les accomplir.

A cet égard je voudrais noter que pendant la dernière réunion des experts du Format Normandie à Paris, ainsi que lors de la réunion du Groupe de contact le 17 juillet à Minsk, ont été réalisés des progrès qui permettent de supposer qu’il est possible de commencer à avancer.

De notre côté, nous soutiendrons par tous les moyens cette disposition et utiliserons nos capacités pour contribuer aux démarches pratiques dans ce sens, notamment dans nos contacts avec Donetsk et Lougansk.

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Nous avons comparé nos approches du règlement des situations de crise au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

En ce qui concerne la Syrie, nous avons expliqué quels efforts étaient entrepris dans le cadre du format d’Astana avec l’Iran et la Turquie pour avancer dans la mise en œuvre de la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies dans tous les domaines, y compris la lutte sans compromis contre le terrorisme, le règlement des problèmes humanitaires et l’établissement d’un processus de paix inclusif.

A cet égard, la formation du Comité constitutionnel aura une importance décisive, et nous travaillons activement dans ce sens avec nos partenaires du format d’Astana, avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’Onu pour la Syrie Geir Pedersen, pour déboucher sur des décisions qui satisferont à la fois le gouvernement et l’opposition. Il y a des raisons de croire que nous pourrons prochainement parler des résultats positifs obtenus.

https://global.unitednations.entermediadb.net/assets/mediadb/services/module/asset/downloads/preset/assets/2019/04/30-04-2019-Sudan-SC-NICA806519.jpg/image1024x768.jpg Geir Pedersen

iran ob_9de507_atw IRAN

Nous avons évoqué la situation autour de l’Iran. Nous sommes d’accord sur la nécessité d’activer les efforts de tous les autres acteurs du Plan d’action global commun après le retrait des États-Unis, y compris de la « troïka européenne », pour préserver les accords et assurer, je le souligne de nouveau, leur mise en œuvre à part entière.

Le principe de réciprocité, qui constitue la base du Plan d’action, doit être central dans ce processus.

Les actions des États-Unis, qui se sont retirés du Plan d’action en transgressant les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et en interdisant aux autres participants de remplir leurs engagements, sont directement contraires aux normes de la communication civilisée, sans parler du droit international.

Nous pensons que nos partenaires européens pourraient adopter à ce sujet une position plus claire et déterminée.

Nous avons parlé de la situation dans le Golfe. Nous souhaitons que soit promu un agenda unificateur dans cette région importante, et que soient levés les différends grâce au dialogue inclusif. Dans ce contexte, nous avons rappelé l’initiative russe visant à garantir la sécurité collective dans cette région avec la participation des États arabes du Golfe et de l’Iran avec le soutien de la communauté internationale.

Dans l’ensemble, je trouve que les pourparlers ont réaffirmé le caractère stratégique de nos relations, l’aspiration à régler toutes les questions sur lesquelles nous pouvons trouver des positions communes, en comprenant évidemment qu’il reste des thèmes sur lesquels nos positions divergent, mais quoi qu’il en soit nous poursuivrons un dialogue intéressé sur ces sujets, notamment dans le cadre des mécanismes qui ont été créés dans les domaines de la coopération économique, de la sécurité et des questions sociales. Je pense que continuer de fonctionner à tous les niveaux est très utile. Nos dirigeants se rencontrent régulièrement.

La dernière rencontre du Président russe Vladimir Poutine et de la Chancelière allemande Angela Merkel a eu lieu à Osaka en marge du sommet du G20.

Avec Heiko nous nous rencontrons plusieurs fois par an. Nos adjoints et experts communiquent régulièrement. Cela contribue à l’entente, permet de mieux comprendre nos positions respectives, et surtout de comprendre et de chercher des solutions aux multiples problèmes, notamment de l’agenda régional et international.

 

Question 1 (traduite de l’anglais): Aujourd’hui, la Cour européenne des droits de l’homme de Strasbourg a formulé sa décision sur l’affaire de la chaîne géorgienne Roustavi 2 concernant son transfert à son ancien propriétaire. Dans votre interview au journal Argoumenty i fakty vous avez parlé de la Géorgie en mentionnant Roustavi 2.

  • Êtes-vous satisfait de la décision de la Cour de Strasbourg concernant notre chaîne?

Géorgie: grosse frayeur pour la chaîne de télévision d’opposition «Roustavi 2» Logo de la chaine de Télévision privée georgienne Roustavi 2. wikimedia.org

 

Sergueï Lavrov (traduit de l’anglais):

  • Qu’est-ce que cela a à voir avec moi? Si j’ai mentionné Roustavi 2 cela ne signifie pas que j’ai quelque chose à voir avec ce qui se passe en Géorgie.

Et en interrogeant mon homologue sur ce qu’il pense des « chaînes prooccidentales indépendantes »,

  • vous pensez réellement que seuls les médias prooccidentaux peuvent être indépendants?

Je pensais que vous étiez tout de même une chaîne pro-géorgienne… J’ignore quelle décision a été prise par la Cour de Strasbourg concernant le changement de propriétaire de votre chaîne. Je ne suis pas sûr que cela relève de ses compétences. Je n’ai rien entendu à ce sujet mais quoi qu’il en soit je pense que c’est une affaire intérieure de la Géorgie.

Votre pays possède sa propre législation, sur la base de laquelle doivent être réglées toutes les questions relatives aux affaires intérieures en Géorgie.

En ce qui concerne notre position par rapport aux récents événements en Géorgie en ce qui concerne leur projection sur les relations russo-géorgiennes, elle a été exprimée à plusieurs reprises par le Président russe Vladimir Poutine et le Ministère russe des Affaires étrangères. Je n’ai rien à ajouter.

Nous voulons avoir des relations amicales avec le peuple géorgien. Nous n’apprécions pas les tentatives d’utiliser différents médias, y compris « pro-occidentaux indépendants », pour détruire le potentiel de la coopération russo-géorgienne.

Question 2 :

  • Avez-vous évoqué aujourd’hui une date concrète pour la reprise du travail du Format Normandie?
  • Une nouvelle rencontre pourrait-elle être organisée en août, après les législatives en Ukraine?
  • Que pensez-vous de la proposition de l’Ukraine d’impliquer dans ce format les États-Unis et le Royaume-Uni?

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Sergueï Lavrov: En ce qui concerne les éventuelles rencontres au Format Normandie, je crois que nous avons la même position: elles doivent être rigoureusement préparées si nous parlons de rencontres au sommet.

Pour ne pas dévaluer ce niveau, avant chaque nouvelle réunion il faut assurer la mise en œuvre des décisions prises lors des sommets précédents. Le dernier sommet du Format Normandie s’est tenu à Berlin en octobre 2016.

Des décisions concrètes y ont été prises:

  • premièrement, la séparation des forces et des armements dans trois zones sur la ligne de contact, y compris à Stanitsa Louganskaïa,
  • et, deuxièmement, le règlement du problème du statut particulier du Donbass via la « formule de Frank-Walter Steinmeier ».
    • Cette formule implique l’entrée en vigueur de la loi sur le statut particulier à titre temporaire le premier jour des élections sur ces territoires dans le Donbass, et à titre permanent le jour où les observateurs de l’OSCE publieront leur rapport définitif confirmant que les élections ont été libres et justes.

C’était un accord clair au niveau des chefs d’État.

Ces trois dernières années, pendant les réunions du Groupe de contact et au niveau des experts du Format Normandie, nous avons essayé avec Donetsk et Lougansk d’obtenir des démarches pratiques réelles sur les deux thèmes.

UKRAINE DONBASS 57039819_10218907827069036_7117966522756104192_o Stanitsa Louganskaïa est un des « Block Post » situés sur la ligne de front du Donbass où est organisé le passage des populations traversant cettte ligne de démarcation pour visiter leurs familles ou aller toucher leur maigre retraite que le blocus ukrainien ne fait plus parvenir sur les territoires des républiques populaires de Donetsk et Lugansk.

La séparation des forces et des armements à Stanitsa Louganskaïa était catégoriquement bloquée par Kiev.

La mission de l’OSCE l’a confirmé, et a désigné clairement qui, sous le régime de Piotr Porochenko, était responsable de l’absence de progrès dans la mise en œuvre de ces accords.

  According to the official, this law should include the so-called « Steinmeier formula », proposed at the end of 2015 by the then foreign minister of Germany, and now German President Frank-Walter Steinmeier.

Nos collègues ukrainiens du Groupe de contact et du Format Normandie s’opposaient fermement à ce que la « formule de Frank-Walter Steinmeier » prenne une forme juridique.

ukraine Volodymyr Zelensky zelenszkij-1024x683  Président ukrainien Vladimir Zelenski,

Aujourd’hui, après l’élection du Président ukrainien Vladimir Zelenski, le Groupe de contact a intensifié son travail et s’est réuni plusieurs fois. La dernière réunion a eu lieu à Minsk le 17 juillet, et, selon nos représentants au sein du Groupe de contact, elle a été la plus productive depuis la création de cette structure.

Il existe des accords sur la séparation des forces et des armements, y compris à Stanitsa Louganskaïa où la séparation a déjà commencé. Les représentants du nouveau gouvernement ukrainien se sont prononcés pour que la séparation des forces et des armements se déroule sur l’ensemble de la ligne de démarcation – c’est également un signal positif.

Nous sommes concrètement convenus de préparer les listes pour pour les échanges de prisonniers. Ce sont de bonnes démarches positives. Nous chercherons à faire en sorte qu’elles se matérialisent.

Dès qu’il sera devenu clair que la décision du dernier sommet de Berlin en octobre 2016 sera mise en œuvre, je pense qu’il y aura toutes les raisons de planifier un nouveau sommet du Format Normandie, tout en comprenant qu’il sera préparé par les experts et les ministres.

Des experts se sont réunis le 12 juillet à Paris. Un représentant du nouveau gouvernement ukrainien y a participé pour la première fois. Selon nous, il n’y a pas eu de progrès mais l’atmosphère était constructive et il existe des raisons de croire que contrairement au régime de Piotr Porochenko, la nouvelle équipe cherchera à remplir honnêtement les Accords de Minsk.

Nous saluons activement les déclarations de Kiev affirmant que son intention est de remplir tout ce qui a été convenu à Minsk en février 2015. Nous verrons comment ces déclarations seront mises en pratique. Nous ferons tout pour y contribuer.

Question 3 : Le Président russe Vladimir Poutine a signé un décret sur l’octroi simplifié de la citoyenneté russe pour les habitants de tous les districts et communes des régions de Donetsk et de Lougansk.

  • Pensez-vous que cela pourrait ralentir les efforts pour la reprise du processus de paix?
  • Si le cessez-le-feu en Ukraine devenait stable et était respecté pendant plusieurs mois, le gouvernement allemand étudierait-il la possibilité de lancer la levée des sanctions antirusses?
RUSSIE Le président russe Vladimir Poutine, le 24 avril 2019 à Saint-Pétersbourg - © Alexei Druzhinin 57d4b50258697fbdbbd7ac9d116a8e6c84a7f41a Le président russe Vladimir Poutine, le 24 avril 2019 à Saint-Pétersbourg – © Alexei Druzhinin

Sergueï Lavrov: Honnêtement, je suis surpris par une approche aussi unilatérale et préconçue de la situation des personnes subissant le blocus commercial et économique décrété par Piotr Porochenko.

Ils ne peuvent recevoir ni l’aide médicale nécessaire ni d’autres services élémentaires mis à disposition pour ses citoyens par un État normal. Mais hormis les problèmes purement « terre à terre », des gens qui y vivent. Je rappelle le droit international, dont nous parlons depuis longtemps et sur le respect duquel nous insistons.

Il existe la Convention européenne sur la nationalité. Il y est écrit noir sur blanc que tout État détermine lui-même qui peut devenir son citoyen. Cette seule chose serait suffisante pour que les questions comme celle que vous venez de poser ne suscitent pas autant d’agitation et de polémique.

Hormis la Convention, il existe la Déclaration universelle des droits de l’homme qui stipule que nul ne peut être privé du droit de changer sa citoyenneté pour adopter la citoyenneté d’un autre pays.

La dernière remarque ne relève pas du domaine du droit international mais du domaine social, pratique: depuis des années les pays de l’UE – la Hongrie, la Roumanie, la Pologne – accordent leur citoyenneté aux habitants de l’Ukraine. Vous le savez parfaitement.

  • Je suis curieux: est-ce que vous vous intéressez aux causes des positions de ces pays, et pourquoi jusqu’à ce jour vous n’attiriez aucune attention sur le problème de délivrance de passeports étrangers aux habitants ukrainiens par des pays étrangers?

En ce qui concerne l’initiative mentionnée qui, si je comprends bien, était une improvisation du Président ukrainien Vladimir Zelenski concernant la participation des États-Unis et du Royaume-Uni au Format Normandie, les représentants de l’administration américaine se sont déjà exprimés et ont dit qu’ils n’y voyaient pas de nécessité. A ce que je sache, l’Allemagne et la France ont la même position. Nous partons du principe que le format a été convenu et a toutes les chances d’avancer dans les nouvelles conditions; et il est important de ne pas disperser l’attention.

Question 4 : Ursula von der Leyen, connue pour sa position intransigeante envers la Russie, est devenue la première femme-présidente de la Commission européenne.

  • Ne craignez-vous pas que les relations entre la Russie et l’UE se détériorent, deviennent plus complexes?
https://img.lemde.fr/2019/07/18/0/0/4928/3285/688/0/60/0/4d67be6_Jj8ypi0a01djmOtxMgE4zcCC.jpgUrsula von der Leyen après son élection à la tête de la Commission par les eurodéputés, à Strasbourg, le 16 juillet. FREDERICK FLORIN / AFP

Sergueï Lavrov: Je ne sais même pas comment réagir à cette question. C’est l’affaire souveraine de l’UE. Les procédures utilisées pour nommer ou élire les institutions de l’UE sont élaborées au sein de l’UE et nous les prenons comme telles.

Quant à ceux qui sont connus pour leurs déclarations peu bienveillantes envers la Russie, dites-moi qui est connu pour ses déclarations bienveillantes envers la Russie ces derniers temps.

Nous sommes pragmatiques et ne voulons pas nous orienter sur des déclarations publiques, mais sur des actions pratiques. En parlant des relations russo-allemandes (ce que nous faisons ici aujourd’hui), nous avons l’impression que malgré de sérieuses divergences sur de nombreuses questions, on comprend que cela ne doit pas être un obstacle pour le développement d’un dialogue normal au profit de nos pays et de nos peuples.

Cela fait cinq ou six ans que nous n’avons pas eu de rencontres avec l’UE dans les formats convenus dans le cadre de l’Accord de partenariat et de coopération.

Il n’y a pas eu de sommets ou de rencontres au niveau du Ministre russe des Affaires étrangères et du Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Comme il n’y a pas eu de dialogue sectoriel sur plus de vingt thématiques au total, y compris l’énergie, la libéralisation des visas, les thèmes sociaux et les droits de l’homme.

Tout cela a été gelé à l’initiative de Bruxelles.

J’espère que la nouvelle composition de la Commission européenne fera l’inventaire des relations avec la Fédération de Russie. Quand ils exprimeront leur position sur l’évolution des relations avec nous, nous y réagirons, évidemment. Comme je l’ai souligné en introduction, nous serons prêts à aller aussi loin que nos partenaires seront prêts à le faire.

Question 5  (adressée aux deux ministres): Vous vous tenez ensemble aujourd’hui, ce qui est un signe de rapprochement.

  • Quand pourraient reprendre les consultations intergouvernementales?
  • Quelles en sont les prémisses?

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Sergueï Lavrov (ajoute après Heiko Maas): Les consultations intergouvernementales étaient un mécanisme assez efficace. J’espère qu’un jour il sera relancé. Les consultations permettaient, en présence du Président et de la Chancelière fédérale, avec la participation des ministres sectoriels, d’analyser l’ensemble des relations entre la Russie et l’Allemagne dans leur interrelation. Nous relançons progressivement l’activité des structures qui existaient auparavant.

J’ai déjà mentionné

  • le Groupe de travail sur la sécurité,
  • le Groupe de travail sur les questions économiques stratégiques.

La Commission conjointe sur la coopération scientifique, technique et d’innovation travaille efficacement.

Les formats de dialogue se développent entre les sociétés:

  • le Dialogue de Saint-Pétersbourg,
  • le Forum germano-russe,
  • les Rencontres de Potsdam.

Je trouve que les conditions sont réunies pour le rétablissement de l’ensemble du tissu de notre interaction. Quand – et si – nos collègues allemands seront prêts à rétablir les consultations interétatiques, nous ferons le nécessaire.

Question6 :

  • Que peut concrètement proposer la Russie pour sauver le Plan d’action global commun?
  • Y a-t-il une initiative russo-européenne conjointe?
  • Étudie-t-on la possibilité d’un voyage conjoint pour sauver l’accord nucléaire?

 

Sergueï Lavrov: Nous en avons beaucoup parlé aujourd’hui. Je serai bref. Il y avait un accord, dont l’élaboration avait duré plus de quinze ans. Il a été salué par tous comme une percée non seulement dans le règlement d’un problème concret dans cette région du monde, mais également comme un pas important dans le renforcement du régime de non-prolifération de l’arme nucléaire.

L’accord a été approuvé à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies et s’appuyait sur un « paquet », sur des engagements réciproques et le respect des droits réciproques, qui étaient détaillés dans le Plan d’action global commun tel qu’il a été approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Quand, en détruisant de nombreux instruments du droit international dans le domaine de la sécurité, du climat et d’autres secteurs, les États-Unis se sont retirés du Plan d’action, ils ont enfreint la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui est obligatoire.

De plus, par leurs actions, qui sont bien connues, je ne vais pas les énumérer, les États-Unis ont interdit à tous les autres membres de l’Onu de remplir la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Dans cette situation, les actions entreprises par l’Iran correspondent à ce qui a été prévu par le Plan d’action en cas de violation par l’un de ses acteurs, en l’occurrence les États-Unis.

IRAN le Ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, tumblr_inline_pnkp7pwTdj1vz8gnp_1280  Mohammad Javad Zarif

Sachant que, comme l’a déclaré hier le Ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif, l’Iran ne veut pas se retirer du Plan d’action et profitera des possibilités prévues par le Plan pour réagir aux grossières violations de la résolution par les États-Unis dans le cas présent.

Nous travaillons avec l’Iran comme le font l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et le Service européen pour l’action extérieure, en les appelant à faire preuve de retenue et à préserver cet accord grâce aux efforts communs.

Aujourd’hui, nous avons particulièrement mis l’accent sur l’importance de garantir l’unité des actions et des positions de tous les autres acteurs du Plan d’action:

la « troïka » européenne, la Russie et la Chine.

Nous n’obtiendrons certainement aucun résultat en disant que le sauvetage de cet accord dépend uniquement de l’Iran. C’est pourquoi hormis les démarches que vous avez mentionnées – le voyage commun à Téhéran, la proposition de persuader les Iraniens – il faut appeler tout le monde à la retenue.

Mais il est inadmissible de camoufler la cause fondamentale: un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies a tiré un trait sur la résolution de l’organe suprême de l’Onu et a interdit à tous les autres de remplir cette résolution.

Cela exige également une position intransigeante. Nous espérons que nos partenaires européennes se tiendront à de telles positions.


SOURCE/ http://www.mid.ru/fr/foreign_policy/news/-/asset_publisher/cKNonkJE02Bw/content/id/3729346

AJOUT de Sans a priori … comme cela ce sera plus clair … la décision de D.Trump de quitter les Accords de Vienne  sur le Nucléaire …

Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire iranien  09 mai 2018