1/L’Italie rejoint la Chine sur les Nouvelles Routes de la soie !
2/Coopération Italie-Chine : un gros caillou dans la chaussure de l’empire anglo-américain
Chinese President Xi Jinping (R) holds a welcome ceremony for his Italian counterpart Sergio Mattarella before their talks in Beijing, capital of China, Feb. 22, 2017.(Xinhua/Li Xueren)
L’Italie rejoint la Chine sur les Nouvelles Routes de la soie !


À quelques jours de la visite du président chinois Xi Jinping à Rome, les 22 et 23 mars, les élites transatlantiques découvrent avec stupeur que l’Italie s’apprête, sans doute à cette occasion, à signer avec la Chine un protocole d’entente formalisant son adhésion à l’Initiative de la Ceinture et la Route (ICR) – autrement dit les Nouvelles Routes de la soie.
Alors que treize pays de l’Union européenne ont déjà signé un tel accord avec la Chine (Pologne, République Tchèque, Slovénie, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie, Croatie, Grèce, Portugal, Malte et pays Baltes), c’est désormais un membre fondateur de l’UE qui sort des clous de la géopolitique anglo-américaine.
Michele Geraci,
« Les négociations ne sont pas encore terminées, explique Michele Geraci, le sous-secrétaire d’État auprès du ministère italien du Développement économique, mais il est possible qu’elles le soient lors de la visite de Xi Jinping. Nous voulons assurer aux produits ‘made in Italy’ davantage de succès en terme de volume d’exportation vers la Chine, dont le marché connaît la croissance la plus rapide au monde ».
Les bénéfices seront grands pour chacune des parties. Les ports de Trieste, Gêne et Palerme ont tous vocation à jouer un rôle important dans la Route de la soie maritime et, comme le souligne Geraci, les ports italiens sont tous à portée de l’Afrique, ce qui implique d’immenses perspectives de développement pour ce continent, pour lequel une intégration dans la dynamique des Nouvelles Routes de la soie ne peut qu’être bénéfique.
Le vieux monde sans dessus dessous
Doit-on s’étonner de voir que l’annonce de l’adhésion de l’Italie à l’ICR n’inspire pas franchement l’enthousiasme en Occident ?
Le Financial Times, par exemple, ne cache pas son irritation. Dans un article publié le 6 mars [1], le porte-voix de l’oligarchie financière logée à la City de Londres constate amèrement que l’Italie va devenir
« le premier pays du G7 à adhérer formellement à l’initiative chinoise controversée d’investissements globaux de la Ceinture et la Route, ce qui a suscité une vive réponse de la part de la Maison-Blanche et risque de déclencher l’alarme à Bruxelles ».
En effet, un porte-parole de la Commission européenne a publié le jour-même une déclaration enjoignant le gouvernement italien à ne pas rejoindre l’ICR :
« Tous les États membres, individuellement ou dans le cadre des organismes de coopération régionale tel que le ‘16+1’, ont la responsabilité d’assurer le respect des règles et des lois de l’UE et de respecter l’unité de l’Union européenne en mettant en œuvre la politique de l’UE ».
La panique est à fleur de peau.
Le Financial Times cite par ailleurs Garrett Marquis, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, qui profère des menaces à peine voilées :
« Nous considérons l’ICR comme une initiative ‘faite par et pour la Chine’. Nous sommes sceptiques à l’idée que l’adhésion du gouvernement italien apporte de quelconques bénéfices au peuple italien ; cela pourrait bien finir par porter atteinte à l’image de l’Italie dans le monde ».
Mike Pompeo
Il n’y a qu’à voir les récentes déclarations des néocons anglo-américains, comme le secrétaire d’État Mike Pompeo, pour prendre la mesure du terrible embarras dans lequel l’action de l’Italie plonge tous ceux qui mettent un point d’honneur à maintenir le monde dans un état de division et de conflit. Pompeo, lors d’un discours devant les agriculteurs de l’Iowa, s’est emporté contre
« la politique économique dictatoriale »
du gouvernement chinois qui viole la sacro-sainte loi du libre-marché, et a usé de la méthode Couet en affirmant que
« personne ne se laisse plus duper par la Ceinture et la Route ».
Un peu gênant, quand on sait que 156 pays et organisations internationales participent désormais à l’ICR…
Communauté de destin partagé de l’humanité
Selon plusieurs sources médiatiques italiennes, l’ambassade américaine à Rome serait très inquiète d’un passage en particulier du texte du protocole s’apprêtant à être signé entre l’Italie et la Chine, et qui exprime l’idée que l’ICR pose les bases d’une
« communauté de destin partagé de l’humanité ». Une source anonyme rapporte : « si un tel contenu est en effet mentionné dans l’accord entre Rome et Beijing, alors les États-Unis seront prêts à faire barrage à l’Italie ».
Dans sa conférence internet hebdomadaire, notre amie Helga Zepp-LaRouche, présidente internationale de l’Institut Schiller, rappelle qu’elle a toujours insisté sur la nécessité de nous battre pour établir un nouveau paradigme de coopération, dans lequel
« les intérêts de l’humanité comme un tout doivent passer avant tout, avant les intérêts nationaux ».
Nous avons atteint un stade de l’histoire de l’humanité où
« nous devons penser dans les termes d’un futur commun pour l’ensemble de la civilisation humaine, unie dans l’exploration et la recherche spatiale, ainsi que dans les percées scientifiques fondamentales, et libérée de la géopolitique ».
Les prochaines semaines, d’ici au second forum international de l’ICR qui se tiendra en avril à Beijing, pourraient bien s’avérer décisives. Xi Jinping, après sa visite en Italie, est attendu à Paris, où nos institutions se trouvent tiraillées entre la soumission à l’ordre transatlantique et l’ouverture vers la Chine. Une rumeur insistante affirme par ailleurs que le président chinois pourrait s’envoler ensuite pour les États-Unis, afin de rencontrer Donald Trump à Mar-a-Lago.
LIEN


Comme nous l’avons rapporté, l’Italie s’apprête à signer un accord préliminaire d’adhésion à l’Initiative de la Ceinture et la Route (ICR) portée par la Chine. La signature devrait survenir le 22 mars, lors de la visite du président Xi Jinping.
Ce développement a résonné comme un tremblement de terre dans l’ensemble du monde néolibéral/néoconservateur. Un membre du G7, qui plus est pays fondateur de l’UE, ose sortir des clous jalousement gardés du « monde libéral transatlantique » !
C’est tout le storytelling anti-chinois et anti-Routes de la soie qui menace de s’effondrer !
Un affront au laisser-faire, laisser passer
La Maison-Blanche, au travers d’une conversation avec deux hauts responsables de l’administration publiée dans le quotidien italien La Stampa, propriété du groupe De Benedetti, a fait part de sa grande inquiétude à l’idée que le gouvernement italien donne ainsi du crédit au projet chinois, et lui a adressé des menaces à peine voilées. En adhérant à l’ICR, l’Italie risque selon elle d’endommager la coopération entre les entreprises américaines et italiennes, ainsi que les capacités opérationnelles de l’OTAN.
« L’Italie se désolidarise ainsi du reste du G7 et permet à l’ICR de pénétrer l’Europe », estiment les deux responsables, qui ajoutent que « cela pourrait légitimer une approche du développement économique qui est antinomique avec le marché et le secteur privé ».
À l’heure des privatisations et de l’austérité budgétaire, indispensables pour maintenir à flot le casino financier, l’Italie donne un bien mauvais exemple ! Manifestement à court d’arguments, les deux responsables de la Maison-Blanche lancent :
« Par cette action, l’Italie s’apprête à rejoindre le club pas si noble du Sri Lanka, du Pakistan, du Kenya, etc., et de leurs économies en difficulté. Ce qui pourrait faire beaucoup de tort à sa réputation mondiale ».
Dans le même registre, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a dénoncé le 12 mars le fait que la Chine « ne respecte pas les règles du jeu », reprenant ainsi la rhétorique de Barack Obama en son temps. Le grand crime de la Chine serait de
« ne pas promouvoir la prospérité de la manière dont nous le faisons ici en Occident »,
c’est-à-dire selon les principes du néolibéralisme…
L’ICR : une chance pour l’Europe de rejouer un rôle dans le monde
Notre parti frère italien, le Movisol, a tenu le mercredi 13 mars une conférence à Milan, coorganisée avec la région de Lombardie, sur le thème « L’Italie et la Nouvelle Route de la soie »[1] ; parmi les orateurs se trouvaient Helga-Zepp-LaRouche, la présidente internationale de l’Institut Schiller, et Michele Geraci, le sous-secrétaire italien au ministère de l’Économie.
Geraci, qui dirige actuellement le groupe de travail du gouvernement avec la Chine, a souligné l’importance de la coopération de l’Italie avec la Chine, y compris dans la perspective du développement du Mezzogiorno.
- Conférence coorganisée par Movisol et la région de Lombardie sur le thème « L’Italie et la Nouvelle Route de la soie » [1], le mercredi 13 mars à Milan.
L’adhésion de l’Italie à l’ICR représente un développement essentiel pour le monde, comme l’a expliqué Helga Zepp-LaRouche. Elle ouvre une brèche béante dans la psychose paranoïaque anti-chinoise entretenue en Occident, et met à mal la rhétorique présentant l’ICR comme un projet exclusivement chinois. Il s’agit d’un pas fondamental dans la réalisation du nouveau paradigme pour lequel l’économiste américain Lyndon LaRouche[2] et l’Institut Schiller ont œuvré au cours des 30 dernières années.
LaRouche est considéré en Italie comme le visionnaire des Nouvelles Routes de la soie, comme l’a récemment évoqué l’ancien Premier ministre italien Giulio Tremonti, mais aussi du Glass Steagall (séparation banques de dépôts-banques d’affaires) et des quatre principes économiques cardinaux. Liliana Gorini, la présidente de Movisol, a rappelé que LaRouche avait été reçu en 1988 par le Comité des Finances du Parlement italien, et que les députés avaient admis, quelques années après, qu’il avait eu entièrement raison sur l’ensemble de son analyse.
Pour les néocons anglo-américains, qui pensaient enfin être débarrassés de Lyndon LaRouche, après son décès le 12 février dernier, voir aujourd’hui sa femme en première ligne, au côté du gouvernement italien, dans ce changement stratégique majeur, représente un véritable cauchemar éveillé…
Helga Zepp-LaRouche
La décision de l’Italie offre une grande occasion pour unifier enfin l’Europe, a affirmé Helga Zepp-LaRouche, non pas derrière la bureaucratie de l’UE, mais dans la conception gaulliste et des pères fondateurs faisant de notre continent un pont de l’Atlantique à la mer de Chine, via la Russie, à travers les Nouvelles Routes de la soie ainsi que des organisations telles que l’Union Économique Eurasiatique (UEEA).
Ainsi, l’Europe pourra de nouveau jouer un rôle essentiel dans la situation stratégique :
« Car une Europe des pères fondateurs, unie, coopérant avec l’Initiative de la Ceinture et la Route, y compris l’Allemagne et la France, serait le meilleur moyen de forcer les États-Unis à abandonner leur opposition – qui n’est pas le fait de Trump lui-même mais des forces à l’intérieur de l’administration – et à rejoindre le nouveau paradigme », a-t-elle déclaré.
Les Chinois sont bien conscients de l’importance stratégique de l’adhésion de l’Italie à l’ICR :
« Un tel développement va avoir un effet démonstratif pour persuader d’autres pays de l’UE comme la France et l’Allemagne à adopter une attitude plus ouverte vis-à-vis de l’ICR »,
écrit Hu Weijia dans une tribune[3] parue le 7 mars dans le Global Times, quotidien chinois proche du pouvoir, et intitulée
« L’ICR peut apporter une prospérité mutuelle à la Chine et l’Europe ». Hu souligne que « la France a exprimé sa volonté de coopérer avec la Chine dans des projets concrets de l’ICR. De même en Allemagne, où de nombreuses entreprises espèrent pouvoir bénéficier des nouvelles opportunités de l’initiative, en dépit des l’attitude ambivalente du gouvernement ».
Le second Forum international de la Ceinture et de la Route se tiendra fin avril à Beijing. Il réunira plus de 150 pays. A nous de pousser le gouvernement français à s’affranchir de la matrice désuète de la géopolitique anglo-américaine et à mettre les deux pieds dans les Nouvelles Routes de la soie.
Published on Mar 14, 2019
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