Lundi 31 Juillet 2017 – Tom Luongo/Traduction Petrus Lombard – .alterinfo.net
La Russie contrôle plus de 45% des capacités mondiales dans l’enrichissement de l’uranium. Les USA importent 90% de leur combustible nucléaire. Faites le calcul.
Perdue au milieu de toute la parlote autour du rajout de sanctions contre la Russie par le Congrès US, il y a la place unique dans le monde du secteur de l’uranium russe. Se focaliser tant sur la place du secteur des hydrocarbures russes (et plus précisément sur la part des exportations russes), égare l’analyse sur la force de la position de la Russie dans le secteur mondial de l’énergie nucléaire.
Et, ainsi, John McCain peut faire le mariole et raconter que la Russie n’est rien de plus qu’une « station-service essayant de se faire passer pour un pays. » Ce qu’il ne veut pas accepter en lui-même ou pour le monde, c’est que la Russie est plus capitale dans le marché mondial du combustible nucléaire que l’Arabie saoudite ne l’a jamais été dans le marché du pétrole brut.
La maîtrise de la Russie dans ce secteur ne vient pas de sa production d’oxyde d’uranium (U3O8 ou yellowcake), elle vient du fait qu’elle détient 45% des capacités mondiales d’enrichissement de ce minerai en combustible nucléaire utilisable.La Russie ne produit par an qu’environ 3000 tonnes d’U3O8. |
Production en tonnes des mines d’uranium du monde
World Nuclear Association
http://www.world-nuclear.org/information-library/nuclear-fuel-cycle/mining-of-uranium/world-uranium-mining-production.aspx
Possédant les plus grandes réserves du monde, le Kazakhstan est le plus grand producteur mondial de yellowcake.Pensez-vous sérieusement que le Kazakhstan, l’un des plus forts alliés de la Russie, fera cavalier seul dans l’une de ses industries majeures, si la nouvelle guerre froide entre USA et Russie s’intensifie encore ?J’ai deux mots pour vous : Diantre non ! |
Ces dernières années, le bassin canadien Athcabasca, dans la province du Saskatchewan, a joué un rôle déterminant dans l’expansion de l’offre mondiale de yellowcake. Mais cela n’a pas modifié la dynamique du secteur, les prix de l’uranium restant bas.
Le problème n’est pas la production de minerai, mais la transformation de ce minerai en combustible utilisable, appelé Separative Work Units (SWU). Or, du fait de leur politique environnementale, USA et Canada ne sont pas intéressés par l’enrichissement de l’uranium. N’ayant rien entendu à ce sujet de la part de l’administration Trump, rien ne changera de manière à affecter les circonstances actuelles ou celles à craindre dans le futur. |
Rosatom, l’organisme fédéral de l’énergie atomique de l’État russe, dispose d’un effet levier considérable. La fausse indignation à propos de Hillary Clinton, au sujet de la vente de 20% des réserves d’uranium US aux Russes, est hors de propos.
Je la paraphraserai pour une fois dans ma vie, « Quelle différence cela fait-il » de développer la production de minerai quand les Russes ont le contrôle effectif de son enrichissement ?
Du fait des changements de politique au cours des vingt dernières années, les USA n’ont pas la compétence de produire leur propre combustible nucléaire. Ainsi, la plus grande production de minerai canadien doit toujours être expédiée en Russie ou en Europe pour y être traitée.
Oui, en Russie et en Europe.
En outre, voyez d’où viendront les capacités d’enrichissement dans le futur… de Chine. Et tout cela ne fera qu’aider la Chine à alimenter elle-même les centrales électriques construites actuellement pour elle par Rosatom, ainsi que celles de l’Inde, de Turquie, d’Iran et d’à peu près tout le reste du monde qui veut l’énergie nucléaire.
19,5% de notre électricité vient de l’énergie nucléaire. Oui les gars, la puissance du réseau électrique US est fournie par les SWU russes.Sans relations avec la Russie, il n’y a pas d’air conditionné. |
Utilisant plus de 32% du total mondial, nous sommes les plus grands consommateurs de SWU du monde.
Cela tourne autour de 15,1 millions de SWU. La France est seconde avec 14%. Plus de 90% de notre consommation d’uranium est importée. Voici la répartition des importations :
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Canada – 25%
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Kazakhstan – 24%
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Australie – 20%
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Russie – 14%
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Ouzbékistan – 4%
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Malawi, Namibie, Niger et Afrique du Sud – 10%
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Brésil, Bulgarie, Chine, République tchèque, Allemagne et Ukraine – 2%
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C’est là que le minerai est acheté, pas là où il est enrichi. Les puits de pétrole brut ne sont pas l’infrastructure énergétique. Le raffinage et la distribution le sont. Nous pouvons acheter le minerai au Kazakhstan, mais il doit encore être enrichi par l’un des pays cités ci-dessus. Je simplifie les explications, mais vous devriez saisir le tableau.
Toute discussion sur la sécurité énergétique des USA n’a aucun sens tant que l’on ne parle pas de l’uranium. Tant qu’il n’en parle pas, le Congrès US peut faire autant de bruit qu’il veut, jusqu’à ce que Poutine en ait assez. |
Vous remarquerez que Poutine n’en parle jamais.
Personne ne le fait. Tous les jeux de mots étant intentionnels, il s’agit vraiment de l’option nucléaire de la géopolitique. C’est la masse qui pourra s’abattre dès que le monde sera en déficit de SWU, moment qui se rapproche rapidement.
La réponse aux sanctions
Les annonces d’expulsion de quelques diplomates US et de saisie de biens servant officiellement à ces diplomates, sont en réalité le signe de l’avantage des Russes. C’est Poutine qui fait le spectacle avant que les choses ne deviennent sérieuses.
Le nouveau projet de loi de sanctions ne dit rien à propos du secteur nucléaire russe. Il ne parle pas de sanctionner les entreprises allemandes ou françaises qui font des affaires avec les exportations nucléaires russes ou transforment le yellowcake russe en combustible nucléaire.
Il ne peut rien dire à ce sujet, et John McCain le sait bien. Autrement, la réponse russe sera de se tourner vers le Kazakhstan et de suspendre les exportations de SWU vers les USA.
Et cela mettra fin au discours vantant la polyvalence de l’industrie des USA. Notre réseau électrique est déjà surchargé. Du point de vue économique, la production électrique de nos centrales nucléaires est un avantage relatif.
Elle s’érodera au cours de la prochaine décennie, au moment où la Chine et même la Russie intensifieront le recours aux centrales nucléaires. Encore une fois, l’adoption par la Chine de l’énergie solaire est tout un travail keynésien d’aide financière visant à lancer la création d’emploi. Ce n’est pas une solution à ses problèmes énergétiques. Le pétrole, le gaz et l’uranium russes le sont.
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Les USA sont en train de s’aliéner ces mêmes peuples qui leur fournissent l’énergie dont dépend leur industrie lourde.
Leurs centrales nucléaires étant arrêtées, les Allemands n’utilisent plus les SWU qu’ils produisent, et je suis sûr qu’ils les vendent en ce moment aux USA. Or, ces SWU sont un atout de réserve assez fort pour l’avenir de la politique énergétique mondiale.
L’Allemagne étant territoire occupé, ses réactions sont contenues.
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi l’Union européenne veut avoir sa propre armée permanente ?
Merkel, avec Poutine, tiennent un frein puissant à la capacité des USA à pousser les choses beaucoup plus loin.
SOURCE/http://www.alterinfo.net/Les-Russes-disposent-de-sanctions-qui-tuent_a132219.html
original / https://tomluongo.me/2017/07/28/the-russians-have-the-sanctions-hammer/
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[…] 22 SEPTEMBRE 2018 SANSAPRIORIEUROPE & FRANCE, GEOPOLITIQUE, GUERRE, POLITIQUE INTERNATIONALE, RUSSIE – B.R.I.C.S & ASIE, SCIENCES TECHNOLOGIES RECHERCHES, SOCIÉTÉ, USAALTER-INFO.NET, ATOME, CANADA, CHINE, COMBUSTIBLE NUCLÉAIRE, KAZAKHSTAN, LE YELLOCAKE = U3O8, NUCLÉAIRE, PETRUS LOMBARD, ROSATOM, RUSSIE, SANCTIONS, SEPARATIVE WORK UNITS (SWU), TOM LUONGO, TRANSFORMATION DU MINERAI EN COMBUSTIBLE, URANIUM RUSSE, USA […]
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