Shanghai
19 juillet 2018 – François Danjou – Chine – monde – Question Chine
Il est des dialogues dont l’objet est perturbé par un événement extérieur ou un troisième larron, de sorte qu’ils manquent une partie de leurs cibles ou jettent de grands voiles sur d’insondables non-dits. Ce fut le cas du 20e sommet Chine – UE, les 16 et 17 juillet derniers à Pékin.
Li Keqiang
Venant immédiatement après le voyage de Li Keqiang à Bruxelles et à Sofia, au cours duquel le premier ministre chinois s’était appliqué à désamorcer les craintes de Bruxelles d’une manœuvre chinoise de contournement géopolitique de l’Union par l’Europe de l’Est [1]
Tenu aussi une année après les crispations du 19e sommet à Bruxelles à propos des réticences européennes à reconnaître la conformité au marché de l’économie chinoise [2], le sommet de Pékin s’est déroulé en même temps que la rencontre Trump – Poutine à Helsinki et immédiatement après qu’à Bruxelles, lors du sommet de l’OTAN, le président américain, dénonçant leurs duplicités commerciales à l’origine des déficits américains, ait classé la Chine et l’Europe dans la catégorie des « ennemis » de l’Amérique.
Du coup, les échanges se sont presque entièrement focalisés sur les questions commerciales, et la manière de préserver le multilatéralisme « pour éviter la chaos ». Pour autant au-delà des reproches adressés à Washington, accusé de brutalité unilatérale, les préoccupations des États-Unis ont été prises en compte.
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Reconnaissant implicitement que le pilier des échanges internationaux fonctionnait mal, Pékin et Bruxelles ont appelé Poutine et Trump à appuyer une réforme de l’OMC et ont convenu de mettre sur pied un groupe de travail pour en améliorer l’efficacité.
Dans une adresse prononcée à Pékin donnant implicitement raison aux critiques du Président américain, Donald Tusk, ciblant la Chine sans la nommer, a reconnu l’urgence de d’instaurer de « nouvelles règles pour sanctionner les subsides publics aux entreprises, les infractions aux règles de la propriété intellectuelle, les transferts forcés de technologies et les limitations à l’accès aux marchés ».
En réponse, Li Keqiang a, sans précisions, promis des progrès pour favoriser l’implantation des entreprises étrangères en Chine et réclamé une conclusion « rapide » aux négociations aujourd’hui en panne, sur un traité bilatéral Chine – Europe sur les investissements. Le reste des échanges a exprimé une très nette amélioration de l’ambiance par rapport à 2017.
Connivence douce Chine – Europe contre Trump.
Même les questions controversées comme les surplus d’acier chinois ou les freins européens à la signature d’un accord sur les investissements n’ont été évoqués que sur le ton d’une sérénité discrète par Pékin et Bruxelles, comme si l’agressivité indiscriminée de Trump à leur égard avait créé une connivence dépassant leurs querelles bilatérales.
Li Keqiang et ses interlocuteurs européens ont aussi, par principe, exprimé une proximité de vues sur l’accord nucléaire iranien, la Corée du nord, la « coexistence » de deux États au Proche Orient, une solution politique au problème syrien, la stabilisation de la Libye et la paix en Afghanistan.
Il reste que le parti pris d’apaisement en dépit des anciennes controverses abordées par Bruxelles a mis sous le boisseau quelques sérieux non-dits dont les premiers sont les inquiétudes européennes soupçonnant des arrières pensées géopolitiques aux entreprises de Pékin en Europe de l’Est.
Les non-dits d’un sommet marginal.
Documentée par un rapport de l’European Council for foreign relations signé par François Godement et Abigaël Vasselier « China at the gate » , déjà cité par QC, la manœuvre de contournement de l’UE par l’Est, démentie par Li Keqiang à Sofia, exprime un atavisme par lequel un projet économique quel qu’il soit s’inscrit dans l’intention à long terme de la Chine d’augmenter sa capacité d’influence politique dans un pays ou un ensemble de pays.
Les cibles correspondent à une situation où Pékin a identifié une opportunité marquée par la faiblesse des finances locales, l’existence de projets d’infrastructure jugés indispensables, mais que les institutions financières locales, régionales ou mondiales sont réticentes à financer, en raison des incertitudes pesant sur la rentabilité des projets et les capacités du donneur d’ordres d’honorer ses créances.
Parfois une proximité géopolitique facilite la manœuvre. La note de contexte détaille l’exemple du viaduc de Moraca au Montenegro reliant le port de Bar sur l’Adriatique à la Serbie. [3]
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L’autre non-dit, mis à jour par la tenue simultanée à Helsinki de la rencontre Trump – Poutine ayant focalisé toute l’attention des médias, tandis que le sommet Pékin – Bruxelles est presque passé inaperçu, est le recul de l’influence de l’ UE en Chine.
Finie l’époque où, en 2003, le projet de traité constitutionnel avait incité la Direction politique à rédiger un livre blanc sur ses relations avec l’Europe ; et où l’espoir de la naissance d’une structure politique européenne efficace pouvait laisser croire que l’Union deviendrait un contrepoids stratégique à Washington.
Après les cafouillages de Maastricht ayant donné l’image de la désunion récemment confirmée par le désarroi de la crise migratoire, Pékin est revenu au choix stratégique ayant sa préférence, d’une relation privilégiée d’Etat à Etat, avec Berlin [4] ; A l’époque un premier rapport du Council of foreign relations mettait en garde contre le volontarisme d’une relation bilatérale Chine – Allemagne pouvant créer une fracture au sein de l’UE.
A Pékin en tous cas, on a intégré l’atrophie stratégique de l’Europe.
Le recul stratégique de l’Europe.
Dans un article paru dans « The Diplomat », le 9 juin dernier, le professeur Shi Zhiqin, Directeur du Centre des « nouvelles routes de la soie » à Qinghua écrivait que si l’Europe était un « géant économique », elle n’était qu’un « nain stratégique », tandis que ses capacités militaires resteraient encore longtemps « embryonnaires ».
Citant un des points durs à l’origine des craintes que la montée en puissance de la Chine inspire en Asie, il ajoutait que, contrairement à Washington qui cultivait une série de contentieux stratégiques et commerciaux avec Pékin, les efforts de Londres et Paris pour défendre la liberté de navigation en Mer de Chine restaient velléitaires. On ne peut mieux dire.
Le professeur Shi n’est certes pas allé jusqu’à écrire que l’UE n’était plus qu’un « ventre mou », attendant la « déferlante » des influences commerciales et financières chinoises, puisque son analyse identifiait clairement que la Chine et l’Europe n’étant pas rivaux sur les questions de « sécurité », Bruxelles ne cherchant pas dit-il comme Washington à freiner la montée en puissance de la Chine, les deux pouvaient coopérer pour réguler le commerce mondial, tout en cherchant le moyen de combattre les déséquilibre commerciaux.
Ecrivant cela, Shi Zhiqin oubliait cependant qu’une partie importante de ces déséquilibres prennent précisément racine dans le respect à géométrie variable des lois du marché par la Chine. Au-delà des points soulevés par Donald Tusk, rajoutons la non convertibilité du Yuan, les subsides publics aux entreprises d’Etat, le contrôle strict du compte de capital et, à l’occasion, les réticences des entreprises chinoises à se conformer aux règles des appels d’offres, préférant un accord direct avec le donneur d’ordre sans concurrence de tiers.
L’économie en appui de l’influence géopolitique.
Agissant non pas librement au gré des règles du marché, les groupes publics chinois expriment en réalité la puissance d’un capitalisme d’État dont, depuis Pékin, les commandes obéissent non pas aux seules logiques économiques et commerciales, mais à la somme des intérêts chinois.
Leur alchimie complexe renvoie à la fois aux exigences internes très prosaïques de la stabilité de l’emploi – le Parti affirme avoir créé, au cours des 5 dernières années, 13 millions d’emplois chaque année, tenant ainsi strictement, le chômage sous contrôle – ; elle fait aussi écho au vaste écheveau des priorités chinoises se nourrissant aussi du nationalisme, aujourd’hui attisé comme un adjuvant du pouvoir sans partage du Parti, corollaire du grand projet de « renaissance de la Nation chinoise – 国家复兴 – guojia fuxing – ».
Ses limites ne s’inscrivent plus dans le Droit international tel qu’il fut défini en 1945, mais à la fois dans la culture et l’histoire, éventuellement appuyées par la force ou la coercition dont la menace d’emploi est précisément légitimée par l’idée que l’actuelle direction chinoise se fait du mouvement de balancier de l’histoire.
Note de Contexte.
Le projet du viaduc de Moraca.

Turquoise River, The Moraca Valley, Montenegro
Avec son gros œuvre de puissants piliers déjà terminés dominant un vallée encaissée à 13 kilomètres au nord de Podgorica, la capitale du Monténégro et à 55 km à vol d’oiseau du port de Bar situé à l’entrée de l’Adriatique, le viaduc de Moraca sur l’autoroute vers la Serbie en cours de construction par la Chine, est au cœur d’une controverse dont les termes sont connus.
Alors que les experts de l’UE du FMI et les investisseurs traditionnels, banques privées et publiques, doutent de la rentabilité du projet et de la solvabilité de Podgorica, les financiers chinois soutenant la « China Road and Bridge Corporation (CRBC) – 中国路桥公司 – zhongguo luqiao gongsi – », le maître d’œuvre public et un des plus puissants groupes de construction du monde, affirment, non sans raisons, que la nouvelle route et ses ouvrages d’art dans un terrain très accidenté, financés par des fonds publics et privés, partie de « routes de la soie », serait à la fois utile et rentable à terme.
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Adopté en mars dernier, sur le mode (Built Operate and Transfer – BOT-) d’une concession accordée à la compagnie chinoise qui l’exploitera durant 30 ans pour le rentabiliser à son profit avant de le restituer, le projet, disent les Chinois et les autorités de Podgorica, porte un potentiel de désenclavement de la Serbie et de cette partie de l’ouest des Balkans où voisinent l’Albanie et tous les États de l’ex-Yougoslavie.

Le président Milo Djokanovic, au pouvoir presque sans interruption depuis un quart de siècle, promoteur infatigable du projet espère que, grâce aux flux commerciaux qu’il générera, le nouvel axe apportera un élan économique à la partie encore très arriérée du pays limitrophe de la Serbie. Sans compter que l’autoroute dont tout le monde parle au Monténégro renvoyant à la mémoire de Tito, lui aussi adepte des « grandes œuvres » socialistes, est vu au somment de l’Etat comme un stimulant de la popularité du président.
L’implication de la Chine fait suite à plusieurs études de faisabilité toutes négatives par la société française Louis Berger au profit du gouvernement et par l’américain URS pour le compte de la Banque européenne d’investissements.
Selon eux, le trafic estimé inférieur d’au moins deux tiers à celui nécessaire pour générer des ressources rentabilisant le projet par péage, créerait d’importants déficits obligeant le gouvernement à s’engager lui-même pour des sommes allant de 35 millions à 77 millions, dans le pire des cas. Avant ces études, incapables d’apporter des garanties bancaires fiables, un consortium croate et un autre grec allié aux Israéliens avaient déjà jeté l’éponge.
La Chine s’implique à sa manière.
Ayant en tête d’autres priorités que les simples facteurs de rentabilité économique, l’Exim Bank chinoise 进出口银行 a recruté des universitaires monténégrins pour conduire des contre-études dont le détail n’a pas été publié, mais qui, à l’inverse des enquêtes précédentes jugèrent le projet viable. Pour Dejan Milovac spécialisé dans les enquêtes sur la corruption cité par Reuters, « il ne fait pas de doute que les donnée utilisées par le ministère des transports pour justifier la construction de l’autoroute étaient fabriquées ».
Zorana Mihajlovic, la première ministre serbe
Au Monténégro et en Serbie où la compagnie chinoise construit le tronçon nord de l’autoroute, les autorités nient la fraude et affirment que, contrairement à ce que pensent les sceptiques, le projet produira des bénéfices sociaux et économiques de long terme. « Certains investissements » dit Zorana Mihajlovic, la première ministre serbe, « pourraient ne pas être économiquement justifiables à court terme, mais il n’empêche qu’ils sont stratégiquement importants ».
Il est un fait que les six pays de l’ouest des Balkans (Albanie, Bosnie, Kosovo, Macédoine, Monténégro et Serbie), entourés de membres de l’UE souffrent d’un déficit chronique d’investissements ayant tenu la région dans un état économique fragile, tandis qu’échaudé par les difficultés de l’élargissement Bruxelles a retardé leur entrée dans l’ UE. Dans ce contexte, d’autres puissances en recherche d’influence comme la Turquie et la Russie ont tenté de combler le vide.
La plus active fut la Chine, agissant dans la région par le truchement de son projet 16 + 1, ciblant depuis 2012, 16 pays d’Europe Centrale et Orientale. L’ouest des Balkans positionnée sur le flanc sud de l’Europe et limitrophe de la Servie, vieille alliée de la Chine dans la région, constitue à ce titre une cible d’investissements privilégiés dont l’arrière-plan dépasse les simples intérêts économiques.
Mais les 809 millions d’€ couvrant 85% du coût de la première tranche des travaux prêtés par la Chine au taux de 2% sur vingt ans avec un début de remboursement en 2024, finançant un projet où s’activent plus de 2000 chinois formant 2/3 de la main d’œuvre du chantier, constitueront un poids considérable, dit Reuters, pour l’équilibre financier du petit état à seulement 620 000 habitants.
Plus encore, se lamentent les critiques, aux termes du contrat signé par le Monténégro, CRBC a réussi à imposer qu’en cas de litige commercial le droit d’arbitrage reviendrait à un tribunal chinois tandis que les matériaux et équipements importés au titre de la construction ont tous été exemptés de taxes. En attendant, comme il fallait s’y attendre puisque les contrats ne leur fixent aucune limite, les coûts augmentent.
Selon une société d’expertise américaine qui analyse les implications financières des projets des « nouvelles routes de la soie », le Monténégro fait partie des pays dont la situation est devenue vulnérable aux influences chinoises avec Djibouti, les Maldives, le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Pakistan.
Le Premier ministre du Monténégro Duško Markovic
Pourtant, le premier ministre Markovic affirme que les ¾ du projet restant à financer à hauteur 1,2 Mds de $ seront menés à bien coûte que coûte, et qu’il entend bien approfondir la coopération avec la Chine, avec des projets touristiques et la construction de barrages.
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Après ce tableau décrivant par le menu les stratégies chinoises à l’origine des lamentations européennes regrettant l’augmentation de l’influence chinoise au sein de la Vieille Europe, une réflexion vient à l’esprit.
Tant que Bruxelles et la bureaucratie européenne n’auront pas compris que la situation globale est en train de glisser hors du paradigme du droit pour entrer dans celui de l’influence culturelle éventuellement appuyée par la force, l’Europe qui n’a déjà plus grande influence court le risque de disparaître.
Aussi longtemps que la mise en valeur de régions aussi importantes culturellement et stratégiquement que les Balkans ne sera laissée qu’à l’appréciation des comptables, incapables de percevoir les implications ultimes de leurs calculs, les vieilles nations européennes courent le risque d’avoir à assister immobiles aux puissantes intrusions de Pékin dont l’objectif à long terme est une mise aux normes « aux caractéristiques chinoises ».
LIENS
- https://www.questionchine.net/en-europe-de-l-est-et-a-berlin-li-keqiang-manoeuvre-pour-desamorcer-la-crainte-du ;
- https://www.questionchine.net/les-vents-contraires-de-la-relation-chine-europehttps://sansapriori.net/2018/03/30/2654-les-vents-contraires-de-la-relation-chine-europe/
- https://www.reuters.com/article/us-china-silkroad-europe-montenegro-insi/chinese-highway-to-nowhere-haunts-montenegro-idUSKBN1K60QX
- https://www.questionchine.net/chine-allemagne-europe-le-grand-malentendu
source/https://www.questionchine.net/20ieme-sommet-chine-europe-a-pekin-la-marginalisation-de-l-union?artpage=3-3
Chine – monde
Chine – Allemagne – Europe. Le grand malentendu
27 juin 2012 – François Danjou – Question Chine

- Angela Merkel serre la main de Wen Jiabao
- À la fin d’une conférence de presse au Grand Palais du Peuple en février 2012. Photo David Gray/Reuters.
Il y a un mois (mai 2012) , le Think Tank européen « European Council on Foreign Relations – ECFR – » publiait un document sur le développement des relations économiques entre la Chine et l’Allemagne et leurs conséquences pour l’Union Européenne.
L’analyse vient à point nommé en ces temps où Berlin tient la barre économique de l’Europe en crise et tente d’y imposer sa vision politique, tandis que le couple Paris – Berlin donne des signes de fragilité, alors que Pékin semble considérer l’Allemagne comme le pays le plus utile à sa montée en gamme technologique, devenue pour la Chine, l’axe prioritaire de sa relation politique avec l’Europe. Bruxelles ne jouant plus qu’un rôle annexe dans l’esprit des caciques du Parti Communiste Chinois.

L’étude est l’œuvre de Hans Kundnani, éditeur en chef du Think Tank de l’ECFR, journaliste – auteur de « Utopia or Auschwitz. Germany’s 1968 Generation and the Holocaust » (Londres/New York, 2009)
Jonas Parello-Plesner
et Jonas Parello-Plesner, chercheur, ancien Directeur d’une ONG de développement, auteur de l’étude « The Scramble for Europe » avec François Godement et Alice Richard, 2011, qui plaidait pour une unité d’action de l’Union face à la Chine.
Elle pose la question des conséquences que les relations économiques de plus en plus étroites entre Pékin et Berlin pourraient avoir sur les intérêts stratégiques de l’UE que sont sa politique étrangère commune, ses approvisionnements en matières premières et en énergie, ses efforts contre le réchauffement climatique et pour la promotion des droits de l’homme.
Pour les auteurs, l’émergence d’une connivence spéciale entre Berlin et Pékin est à la fois une opportunité et une menace pour le reste de l’Europe. Elle vient à contre temps au moment où l’UE tente laborieusement de mettre en place un cadre stratégique à ses relations avec la Chine, articulé autour des intérêts communs des 27.
Le document explique que l’ampleur des investissements allemands en Chine pourrait créer une dynamique, dont toute l’Europe bénéficierait, mais il souligne également le risque que Berlin, tout à son redressement économique et à sa recherche de débouchés pour son appareil industriel, fasse passer ses intérêts économiques avant les priorités stratégiques de l’UE, créant une conjoncture néfaste qui handicaperait encore plus la difficile marche vers l’intégration politique.
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La symbiose Chine – Allemagne.
Depuis les réformes structurelles entreprises par Gerhard Schröder à la fin des années 90, les performances économiques et les capacités exportatrices de la machine industrielle allemande, vues comme un outil de politique étrangère, sont au centre des priorités de Berlin. Et la Chine, avec son marché gigantesque de machines outils et de voitures Volkswagen ou Mercedes en est une des cibles privilégiées.
L’intérêt chinois pour la voiture haut de gamme et la haute technologie, notamment celle des machines quelles qu’elles soient – traditionnelles ou à commandes numériques -, de toutes tailles, ajouté à la vaste relance financière décidée par Pékin en 2008 qui augmenta brutalement la demande chinoise, ont dessiné cette complémentarité presque parfaite : à la quête technologique de la Chine, appuyée par sa capacité financière, répond la production allemande, réputée solide, fiable et de qualité, prête à transférer son savoir-faire en échange de parts de marché.
Et la Chine en développement, à l’Est comme à l’Ouest, avide de se moderniser, est une destination de choix pour l’industrie allemande en plein rebond après les années de vaches maigres de la réunification et le coût social parfois très élevé des restructurations de l’ère Schröder.
A quoi s’ajoute le nouvel engouement chinois pour les technologies vertes et les énergies alternatives qui recoupent les priorités allemandes liées à l’abandon du nucléaire, tandis que des groupes chinois achètent des industriels allemands en difficulté, d’autant plus intéressants pour Pékin qu’ils sont à la tête de solides réseaux de clients et maîtrisent les technologies de pointe convoitées par les entreprises chinoises, toujours plus ou moins liées au pouvoir politique.
Résultat, c’est la Chine qui, en 2011, a été le premier investisseur en Allemagne. Juste retour des choses, puisque notre voisin d’outre-Rhin détient depuis longtemps le record européen des parts de marché en Chine. Avec 158 projets en 2011 – une multiplication par 10 en 4 ans -, la Chine a dépassé les Etats-Unis (110 projets), la Suisse (91 projets) et la France (53 projets).
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En janvier 2012, le groupe chinois Sany, fabricant de grues et d’engins lourds de construction, associé à CITIC a racheté l’Allemand Putzmeister, fabricant de pompes à béton pour une valeur totale de 500 millions de $, dettes de la société allemande comprises.
Pour donner une idée des différences d’échelle, la société allemande, n°1 mondial des pompes à béton high-tech, qui appartenait à son fondateur Karl Schlecht (79 ans) et à sa famille, emploie 3000 ouvriers et avait publié un bilan 2011 légèrement positif avec 1,5 million d’Euros de profits. En 2010 les revenus de Sany, qui emploie 70 000 ouvriers et techniciens étaient de 4 milliards de $.
Deux mois plus tard, le groupe Hebei Lingyun Industrial Group Corporation, filiale de NORINCO, produisant des armes et des équipements militaires, rachetait la firme allemande Kiekert fabricant de systèmes de fermetures pour automobiles.
Le commerce entre les deux pays, qui sont également les tous premiers exportateurs de la planète, a augmenté au même rythme. En 2010, 22% des exports allemand allaient vers la Chine contre seulement 2% en 2000, et l’Allemagne est aujourd’hui le premier destinataire des produits chinois en Europe avec 30% du total des ventes à l’UE en 2011.
Entre Pékin et Berlin qui se rapprochent aussi par l’importance de leur excédent commercial, le flux du commerce a été multiplié par 4 en 10 ans pour atteindre 144 milliards d’€, tandis que Wen Jiabao expliquait, à la fin avril 2012, qu’il envisageait que le commerce bilatéral atteindrait 220 milliards d’€ en 2015, soit 56% du commerce actuel entre la Chine et les États-Unis et la moitié des échanges de la Chine avec les 27 pays de l’UE.
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Différences de perception et malentendus.
L’impression générale qui se dégage de l’étude est un décalage entre d’une part les visions stratégiques de la Chine cherchant toujours un contrepoids aux États-Unis en même temps qu’un accès rapide aux hautes technologies qui lui manquent, et d’autre part l’intérêt allemand presque exclusivement économique et commercial.
Semblant anticiper l’émergence d’une Europe sous influence allemande, la Chine est tentée par un rapprochement exclusif avec Berlin, au détriment de Bruxelles. Pour elle, le raccourci est d’autant plus pertinent que l’Allemagne exporte précisément les produits high-tech dont elle a besoin pour son développement.
Mais le volontarisme de Pékin crée une fracture au sein de l’UE, ajoutant encore aux difficultés d’une Europe solidaire et cohérente sur la question chinoise.
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Plus encore, le rapport explique que, mesurant la dépendance chinoise de l’Allemagne, Pékin, a commencé – ou pourrait commencer – à utiliser les relations privilégiées avec Berlin et son influence au sein des 27 pour tenter d’infléchir la position européenne sur plusieurs sujets d’importance stratégique de la compétence de Bruxelles, tels que l’embargo européen sur les ventes d’armes, l’attribution du statut d’économie de marché, ou les questions de droits de l’homme, du Tibet et de Taïwan.
Schröder
De fait, l’approche allemande des questions sensibles se caractérise par une grande souplesse qui, selon les auteurs, est dérivée de « l’Ost Politik », de Willy Brandt qui spéculait sur les avantages du rapprochement économique comme chemin détourné vers la réunification. Une stratégie imaginée en 1963 par Egon Bahr, social démocrate, proche de Willy Btandt, résumée par « Wandel durch Annäherung » – « le changement par le rapprochement » – et mise en œuvre dans le même esprit par Schröder en Chine pour contourner la brutalité des questions politiques.
Le Parti communiste est reconnaissant à Berlin de son attitude mesurée dans les critiques sur les droits de l’homme et la question tibétaine. Pourtant, en Allemagne même, certains dénoncent l’hypocrisie de l’approche, uniquement motivée par la recherche de marchés en Chine. Tandis que d’autres mettent en garde contre la débauche de transferts de technologies et les infractions au droit de propriété qui nourrissent les concurrents chinois, mais que les industriels allemands, soucieux de ne pas fragiliser leur marché, ont parfois tendance à édulcorer.
Ainsi naît un décalage entre la réalité et les discours, tel qu’au bout du compte, ce ne serait pas l’Allemagne qui manipulerait habilement la Chine, mais l’inverse.
L’Europe, avec qui Pékin n’a pas de rivalité stratégique majeure, serait en effet un partenaire idéal pour la Chine dans sa conception d’un monde multipolaire.
Elle jouerait non seulement le rôle de contrepoids aux États-Unis, dans une conception où l’idée de l’alliance occidentale serait affaiblie, mais constituerait aussi un marché pour ses exportations et un réservoir de hautes technologies destinées à sa modernisation, en attendant que ses efforts d’innovation portent leurs fruits.
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Quelle correction de trajectoire pour l’UE ?
La Chine avance ses intérêts avec un puissant esprit pragmatique qui tient compte de l’évolution des situations. Après son entrée dans l’OMC, marquée par des négociations âpres avec les représentants de l’UE, Pékin, qui anticipait la naissance d’un nouveau pôle d’influence politique, avait multiplié les approches en direction de Bruxelles, publiant même en 2003 un Livre Blanc sur l’Europe, son premier document de politique générale traitant des relations avec un pays étranger.

Mais en 2005, les ratés du traité constitutionnel en France et aux Pays Bas incitèrent Pékin à faire marche arrière. Déjà, après le sommet Chine – Europe de décembre 2004 à La Haye, Li Zhaoxing, le ministre des affaires étrangères de l’époque, anticipant peut-être l’importance des problèmes internes à l’UE, avait indiqué que, si la cohésion politique de l’Union faisait défaut, Pékin continuerait à promouvoir ses intérêts auprès de chaque Etats membre.
Enfin, dernière étape du réajustement, la crise économique et financière, qui met à nu les fragilités des autres États membres de l’UE, renforce la position de l’Allemagne, donne un coup de fouet au commerce bilatéral Chine – Allemagne, et conforte Pékin dans sa stratégie privilégiant le point d’entrée de Berlin dans l’UE. Ce qui se traduit par une accélération des investissements chinois et de nouveaux achats de la dette allemande par le fonds souverain de Pékin.
De fait, les stratèges chinois croient percevoir deux perspectives à long terme, particulièrement intéressantes pour Pékin : une augmentation de la puissance de Berlin au sein de l’UE ; et une dépendance accrue de l’Allemagne à l’égard de la Chine.
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Selon les auteurs du document publié par l’ECFR, cette dynamique possède un potentiel déstabilisant pour les stratégies de l’UE, risquant même de remettre en cause à la fois sa cohésion et son projet politique. D’autant qu’elle s’inscrit à contrecourant de la philosophie européenne des relations internationales basée sur le respect du Droit international, alors que la Chine les voit comme une rivalité de sphères d’influence.
Catherine Ashton
Berlin qui a pris conscience des risques de sa trajectoire isolée, à la fois pour elle et pour l’Europe, a d’ailleurs exigé, sans grand résultat, de Catherine Ashton, une feuille de route cohérente et des initiatives concrètes.
Ayant identifié les faiblesses de l’UE 27 incapables de cohésion vis-à-vis de la Chine, en même temps que les risques du cavalier seul allemand, l’analyse propose
- d’une part un retour de Bruxelles par le biais des grands sujets stratégiques – prolifération , Iran, Moyen Orient, Syrie, droits de l’homme, controverses commerciales, changement climatique, matières premières –
- et d’autre part, l’intervention plus fréquente des « 6 Grands » européens (Allemagne, GB, France, Italie, Espagne, Pologne), dans des formats variables – 3, 4 ou 6 -, en fonction des sujets.
Le côté non consensuel et inégalitaire de la proposition peut choquer, mais les auteurs affirment que les dérives en cours exigent d’urgence des solutions originales et pragmatiques, qui seraient un juste milieu entre les stratégies bilatérales, dont Pékin tire avantage, et l’inertie, parfois même le désordre de l’UE 27.
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Commentaires.
La Chine joue logiquement son jeu de recherche d’influence, de marchés et de technologies, face à une Europe en catalepsie, plombée par le gonflement inconsidéré du nombre de ses membres et les réticences de la France et de la Grande Bretagne à avancer plus résolument vers l’intégration politique.
Pékin n’est d’ailleurs pas la seule puissance à ignorer Bruxelles. Washington également, dont l’intérêt se porte vers l’Asie, ne compte plus l’UE dans la liste des partenaires stratégiques pertinents. En Turquie, le pourcentage des opinions favorables à une intégration à l’UE est passé en quelques années de près de 80% à moins de 40%.
Dans le concert européen, Berlin est le seul grand pays à exprimer régulièrement un projet fédéral, il est vrai à ses conditions. Ce qui rend d’autant plus étrange l’actuel état de ses relations avec la Chine, donnant le sentiment que l’Allemagne s’est isolée du reste de ses partenaires européens.
En réalité, l’explosion des échanges entre la Chine et l’Allemagne, dans le contexte d’une Europe en grave crise de confiance, pose une nouvelle fois la question de la place et du rôle de Berlin en Europe. Si cette question n’est pas réglée en même temps que celle des institutions européennes, donnant à l’UE une légitimité politique réelle, il faut craindre que les mesures correctives proposées par l’étude n’auront aucun effet.
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BRÈVES.
Initiatives américaines en Asie.
Après la visite du secrétaire d’État à la défense à Cam Ranh au Vietnam, début juin 2012, et les rumeurs autour du retour américain à Subic Bay aux Philippines, ce sont les projets de la NASA d’une recherche atmosphérique dans les espaces Thaïlandais, Singapourien et Cambodgien, à partir de la base d’U-Tapao à 160 km au sud-est de Bangkok qui soulèvent des controverses en Thaïlande.
L’opposition reproche au gouvernement une initiative pouvant gêner les relations du Royaume avec la Chine. Pékin qui a récemment organisé un exercice militaire avec la Thaïlande dans la région de Canton n’a pas réagi. La sensibilité de la question à Bangkok, amplifiée par les querelles politiques internes entre « chemises rouges » et « chemises jaunes », renvoie à la lutte d’influence entre Pékin et Washington en Asie du Sud-est.
La Thaïlande a la particularité d’avoir développé des liens militaires avec la Chine en même temps qu’avec les États-Unis. En 2001, Bangkok fut le premier pays à établir des relations de haut niveau régulières avec l’état-major de l’APL. En 2005, les forces royales thaï furent aussi les premières de l’ASEAN à participer à un exercice interarmes avec la Chine. Récemment, pour la première fois depuis 15 ans, le ministre de la défense Thaï était à Pékin avec tous les Chef d’état-major des armées thaï.

Simultanément la Thaïlande qui a signé un accord de défense avec Washington – 1954 et 1962 – participe chaque année depuis 30 ans, à partir de Pataya – 50 km au sud de Bangkok, golfe de Thaïlande – à l’exercice Cobra Gold avec les États-Unis auquel se joignent le Japon, la Corée du Sud, l’Indonésie et Singapour.
Mise à jour le 30 juin 2012. Le 26 juin La NASA annonçait qu’elle annulait le projet de recherche atmosphérique suite à la décision du gouvernement thaïlandais de revenir sur son accord initial. La décision intervient après que le gouvernement ait été mis sous pression par l’opposition qui lui reprochait de ne pas avoir recherché l’aval du parlement, dans un contexte où certains à Bangkok craignent d’indisposer la Chine.

Yingluck Shinawatra
Le 28 juin, le Bangkok Post, plutôt proche de la mouvance américaine et de l’establishment de la capitale expliquait que les obstacles posés à la coopération avec la NASA avaient détruit une opportunité scientifique de haut niveau et démontré la faiblesse de l’actuel pouvoir politique exercé par Yingluck Shinawatra, sœur du premier ministre Thaksin en exil.
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Nouvelle controverse nord-coréenne.
Le journal japonais Asahi Shimbun affirme qu’en 2011 Pékin aurait vendu à la Corée du nord 4 véhicules gros porteurs capables de transporter des missiles balistiques.
Selon le journal, la firme chinoise Qingsong, opérant depuis Dalian serait liée à une société nord-coréenne de commerce d’armes, passible de sanctions économiques dans le cadre de la résolution contre Pyongyang adoptée par l’ONU en mai dernier.
La Chine dément et affirme qu’il s’agissait de véhicules utilisés pour le transport de grumes, mais refuse d’accueillir des inspections sur site par des experts mandatés par le Conseil de sécurité. Il est difficile d’apprécier la réalité de ce type d’information, dont la répétition ne contribue pas à l’apaisement de tensions sur la péninsule.
Chine – Amérique latine.
Wen Jiabao
En voyage en Argentine le 23 juin, après le Mexique, le Brésil et le Paraguay, Wen Jiabao a appelé les pays du Mercosur à envisager un accord de libre échange avec la Chine. La proposition a également été faite directement aux chefs d’état du Brésil et de l’Uruguay par vidéo conférence.
La Chine est le premier client de l’Argentine qui lui vend du soja et de l’huile de soja. Des accords ont été signés pour une coopération nucléaire civile (projet de construction de 4 centrales qui s’ajouteront aux 3 existantes) et la modernisation du réseau de chemins de fer argentin, appuyés par un prêt à faible taux de 2 Mds de $.
Il est également envisagé une participation financière chinoise dans l’industrie pétrolière locale après que Yacimientos Petroliferos Fiscales – YPF (littéralement « champs pétrolifères du trésor public) – la compagnie locale, ait nationalisé les parts espagnoles majoritaires. Ce qui a soulevé une controverse avec Madrid. Deux grandes sociétés pétrolières chinoises sont déjà sur l’affaire. En avril 2012 un journal espagnol faisait état d’une proposition de CNOOC de racheter YPF pour 9 Mds de $. Récemment le journal Caixin citait un banquier affirmant que SINOPEC préparait également un accord.
Les pays d’Amérique Latine sont partagés entre l’attrait des finances de Pékin et la nécessité de protéger les emplois locaux qui seraient mis à mal par la compétition des sociétés chinoises dans le cadre d’un accord de libre échange.
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Chine – OCS – Russie
La 12e réunion de l’Organisation de Coopération de Shanghai les 6 et 7 juin 2012 à Pékin – qui a accueilli l’Afghanistan comme observateur et la Turquie comme partenaire de dialogue – a été dominée par la question afghane et les conséquences du départ de l’ISAF et des Etats-Unis en 2014.
Les déclarations laissent présager une convergence d’intérêts entre Pékin et Moscou, notamment pour gérer le vide sécuritaire occasionné par le départ de l’ISAF et contrôler les éventuelles contagions terroristes vers l’Asie Centrale. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres. Il est en effet peu probable que dans la complexité des situations et des rivalités en cours, de réels progrès soient accomplis pour assurer de manière cohérente la sécurité de la région.
Les incertitudes sécuritaires en Afghanistan même gênent aussi les projets de développement et la traditionnelle politique chinoise de recherche d’influence par les affaires et les investissements. Une alternative aux forces de l’ISAF pourrait être une coopération militaire sino-russe sur le théâtre, dans le prolongement des exercices conjoints effectués depuis 2005 dans le cadre de l’OCS.
Mais ni Moscou, déjà échaudé dans cette région, ni Pékin ne paraissent décidés à sauter ce pas, dans un contexte de déclarations contradictoires, qui expriment à la fois l’intention de coopérer à la sécurité régionale, et le refus d’une alliance militaire sur le modèle de l’OTAN. Le problème reste donc entier alors que d’autres acteurs – observateurs de l’OCS, comme l’Iran, l’Inde et le Pakistan – ont manifesté leur intérêt pour l’Afghanistan et leur souhait de devenir membres à part entière de l’OCS.
Le sommet qui s’est entre autres opposé à toute intervention militaire en Syrie et à une attaque militaire contre l’Iran, a été suivi par l’exercice Peace Mission 2012 au Tadjikistan (2000 participants) auquel l’Ouzbékistan, toujours réticent et critique de la pertinence des exercices, n’a pas pris part, ce qui jette une ombre sur la cohésion réelle de l’OCS. – Tachkent n’a participé qu’une seule fois en 2007 à ce type d’exercice –.
Plus largement, les méfiances latentes existant entre Moscou et Pékin n’augurent pas d’une cohésion efficace à l’avenir. En Russie la grande question est en effet de se mettre en mesure de contrer efficacement l’évolution très rapide de la puissance chinoise qui tente graduellement de surpasser Moscou dans la sphère de la Communauté des Etats Indépendants (CEI).
Un des signes des contentieux rémanents est l’échec des négociations sino-russes pour la création d’une banque de développement de l’OCS, qui était pourtant une des priorités de la Chine, mais que Moscou qui craint la capacité financière chinoise considère avec la plus extrême méfiance.
Le désaccord renvoie à celui toujours latent sur le prix du gaz du projet Gazprom (70 mds de m3 de gaz acheminé en Chine par gazoduc depuis la Sibérie). Les Russes souhaitent lier le prix du gaz à celui du pétrole comme ils le font pour l’Europe, tandis que Pékin fait état de l’importance des livraisons pour exiger un tarif spécial. Si Gazprom et CNPC parvenaient à un accord les livraisons de gaz débuteraient en 2015.
Norvège. Pékin a la rancune tenace.
Liu Xiaobo in 1995. He dedicated his Nobel prize to the martyrs of Tiananmen Square
2 années après l’attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo, la Chine continue à exercer des représailles discrètes contre Oslo. La semaine dernière elle a refusé un visa à Kjell Magne Bondevik, ancien premier ministre, également pasteur protestant qui souhaitait participer à une réunion des églises chrétiennes organisée à Nankin.
Alors que le porte parole du Waijiaobu tentait de minimiser l’incident, un éditorial du très populiste et très nationaliste Global Times se réjouissait de la décision de Pékin : « le refus du visa envoie un signal clair aux Norvégiens qui doivent payer le prix de leur arrogance ».
Depuis 2010, Pékin exerce des représailles contre la Norvège. La Chine a en effet interrompu les négociations pour un traité de libre échange, et taxé les importations de saumon norvégien. Il n’est pas certain que ce type de représailles, qui envoie un message très négatif à d’autres partenaires potentiels soit dans l’intérêt de Pékin.
BEIJING, 8 avril 2017 (Xinhua) — La Chine et la Norvège ont annoncé vendredi un ensemble d’initiatives de coopération lors de la visite à Beijing de la Première ministre norvégienne, Erna Solberg, marquant la normalisation des relations bilatérales après six ans de froid.
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Conférence Chine – Ligue arabe.
La 5e conférence sino-arabe a eu lieu début juin 2012 à Hammamet en Tunisie. C’était la première réunion après la signature en 2010 d’un accord de coopération stratégique. On y a condamné le massacre de Houla en Syrie et demandé une enquête indépendante. Le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi a réitéré la position chinoise de neutralité et opposée à toute intervention militaire de l’OTAN en Syrie, privilégiant « une solution pacifique, librement choisie par le peuple syrien ».
La réalité est que Pékin craint une vaste déstabilisation de la zone nourrie par les rivalités entre Chiites et Sunnites qui heurteraient de plein fouet ses intérêts pétroliers en Moyen Orient. Le communiqué final vise aussi une augmentation des échanges qui devraient atteindre 300 Mds de $ en 2014, essentiellement des importations chinoises d’hydrocarbures. La Chine a également promis de former 5000 experts des pays arabes dans les domaines de l’informatique et de la santé.
Si les projections d’ici 2035 montrent que les importations de pétrole de l’UE, des Etats-Unis et du Japon baisseront parfois de manière de drastique, notamment pour les Etats-Unis (moins 45% par rapport à 2000) celles de la Chine seront multipliées par 10. Malgré les efforts de Pékin pour se libérer de sa dépendance au Moyen Orient (recherches en mer, investissements en Amérique Latine et en Afrique), ses importations venant du Golfe représentent aujourd’hui 50% du total de ses achats.
Il est peu probable qu’elles baissent notablement dans l’avenir. En 2011 la Chine a importé 1 million de barils/jour d’Arabie Saoudite, devenue son premier fournisseur (+ 30% par rapport à 2010). La présence chinois s’alourdit également en Irak.
source/ https://www.questionchine.net/chine-allemagne-europe-le-grand-malentendu?artpage=4-4
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