2850 – Yémen … un « génocide » en cours pour une guerre « stupide » appuyée par les USA …

    1. Dernières Infos – Yémen … l’aéroport d’Hodeida aux mains de la coalition sunnite

    2. Guerre au Yémen… les Émirats arabes unis à la pointe de l’offensive

    3. Yémen – Les États-Unis donnent leur feu vert au génocide

    4. Yémen – L’attaque contre Hodeidah est le prélude d’un génocide

    5. Comprendre la guerre au Yémen … Des origines 2004 à maintenant 2018 …

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1- Dernières Infos/Yémen … l’aéroport d’Hodeida aux mains de la coalition sunnite

Reuters -16/06/2018

 

Les forces yéménites soutenues par la coalition formée par l’Arabie saoudite ont pris le contrôle de l’aéroport d’Hodeida, le principal port du Yémen toujours aux mains des miliciens houthis, a annoncé samedi le service de presse de l’armée.

« Les forces armées soutenues par la résistance et la coalition arabe ont libéré l’aéroport international d’Hodeida de l’emprise de la milice houthie »,

écrit l’armée sur Twitter, ajoutant que des équipes techniques étaient en train de déminer la zone. 
Deux représentants de l’armée yéménite et un habitant avaient annoncé à Reuters vendredi que les forces yéménites avaient pris le contrôle de deux entrées de l’aéroport, deux jours après avoir lancé la plus vaste offensive du conflit en direction d’Hodeida


SOURCE/ https://www.lorientlejour.com/article/1121215/yemen-laeroport-dhodeida-aux-mains-de-la-coalition-sunnite.html


2- Guerre au Yémen… les Émirats arabes unis à la pointe de l’offensive

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L’envoyé spécial des Nations unies Martin Griffiths est arrivé ce samedi 16 juin en Arabie saoudite. Il a été reçu à son arrivée à Sanaa par le ministre yéménite des Affaires étrangères. REUTERS/Khaled Abdullah

L’émissaire de l’ONU pour le Yémen Martin Griffiths a atterri ce samedi 16 juin dans la capitale Sanaa pour des discussions en urgence sur Hodeida, au quatrième jour d’une offensive des forces progouvernementales visant à reprendre aux rebelles ce port stratégique.

Les forces yéménites soutenues par la coalition formée par l’Arabie saoudite sont sur le point de prendre le contrôle de l‘aéroport d’Hodeida, le principal port du Yémen toujours aux mains des miliciens houthis. Depuis quatre jours une offensive meurtrière vise à chasser les rebelles de ce grand port sur la mer Rouge, principal point d’entrée d’une bonne partie des importations et de l’aide humanitaire dans le pays. A la pointe de cette offensive, les Emirats arabes unis qui étendent leur influence jusqu’à la Corne de l’Afrique.

 

Les Emirats sont engagés dans la guerre au Yémen depuis le premier jour. Ils ne cessent depuis d’étendre leur influence sur les côtes méridionales yéménites et le détroit de Bab el-Mandeb, point névralgique du commerce mondial et considéré comme le quatrième point de passage maritime le plus important en matière de transport du pétrole, et construisent des ports et des bases militaires dans la Corne de l’Afrique.

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En effet, c’est grâce à sa manne pétrolière et gazière, qu’Abu Dhabi finance une politique d’influence sur les côtes africaines, notamment en Erythrée et en Somalie. A l’extrémité sud de l’Erythrée, le petit port d’Assab a été transformé en base militaire stratégique pour appuyer les alliés yéménites contre les positions houthistes.

yemen ILE SOCOTRA PIQUEE PAR ARABIE SAOUDITE map Ce cours d’eau stratégique relie la Méditerranée à l’Asie du Sud-Est et à l’Extrême-Orient par le canal de Suez, ILE DE SOCOTRA APPARTENANT AU YEMEN .

Les Emirats ont également pris le contrôle de Socotra, un archipel hautement stratégique, situé à plus de 300 kms des côtes yéménites et qui permet de contrôler l’accès au golfe d’Aden.

ARABIE SAOUDITE Emirates Tours in Abu Dhabi, Tours to Jebel Ali port, Sheikh Zayed Mosque, Corniche, Heritage Village & Marina Mall. Emirates Excursions in Dubai $45c87d44d7ca0375385595  Emirates Tours in Abu Dhabi, Tours to Jebel Ali port, Sheikh Zayed Mosque, Corniche, Heritage Village & Marina Mall. Emirates Excursions in Dubai $45

Militairement, Abou Dhabi construit son empire maritime pour contrer la menace iranienne, mais aussi et surtout pour préserver la place charnière de son port de Jebel Ali, l’un des dix plus actifs au monde, au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie.

ARABIE SAOUDITE la place charnière de son port de Jebel Ali, l'un des dix plus actifs au monde, au carrefour de l'Europe, de l'Afrique et de l'Asie. port-focus-jebel-ali

3- Yémen – Les États-Unis donnent leur feu vert au génocide

Par Moon of Alabama – Le 11 juin 2018 – Le Sakerfrancophone.fr

Le génocide au Yémen [1] va commencer demain.

Huit millions de Yéménites sont [2] déjà au bord de la famine. Dix-huit millions de Yéménites sur vingt-six vivent dans le centre montagneux (en vert) qui est sous le contrôle des Houthis et de leurs alliés. Ils sont encerclés par les forces saoudiennes, les forces des Émirats arabes unis et leurs mercenaires. Il y a peu d’agriculture. La seule ligne d’approvisionnement en provenance de l’extérieur sera bientôt coupée. Les gens vont mourir de faim.

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Même avant la guerre, le Yémen importait 90% de son alimentation de base.

  • Trois années de bombardements saoudiens/EAU ont détruit les infrastructures et la production locales.
  • La guerre a déjà provoqué une famine massive et une grande épidémie de choléra.
  • La côte yéménite est bloquée par les forces navales saoudiennes et américaines.
  • Les seuls ravitaillements qui arrivent sont les livraisons de l’ONU et les livraisons commerciales par le port de Hodeidah sur la Mer Rouge (Al Hudaydah sur la carte).

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Les Émirats arabes unis lancent des mercenaires locaux [3] et des gangs islamistes [4] contre les Houthis et leurs alliés. Au cours des derniers mois, ces forces venues du sud ont remonté le long de la côte jusqu’à Hodeidah. Les combats sont féroces [5]

« De violents combats au Yémen entre les forces pro-gouvernementales et les rebelles chiites ont tué plus de 600 personnes des deux côtés au cours des derniers jours »,

ont déclaré lundi des responsables de la sécurité.

Demain, lorsque les médias seront occupés avec les photos [6] du sommet Kim-Trump, les forces des Émirats arabes unis lanceront leur attaque contre la ville.

yemen L'émissaire de l'ONU pour le Yémen Martin Griffiths 10c1e0a6e4adea2eafb05f34fa03bd39-1523979022  L’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths,

L’ONU, qui supervise la distribution de l’aide qui arrive à Hodeidah, a tenté de jouer les intermédiaires [7] entre les parties :

L’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, s’est rendu dans la capitale des Émirats arabes unis au cours du week-end pour tenter d’empêcher une attaque.
M. Griffiths avait conclu un accord avec les rebelles Houthis qui contrôlent Hodeidah pour permettre à l’ONU de gérer le port conjointement. Mais selon des sources bien informées, il y a peu de chance que les Émirats arabes unis acceptent l’offre ou retardent l’assaut prévu.

 

Les sources bien informées ne se sont pas trompées. L’ONU est en train d’évacuer [8] son personnel :

« Lundi, l’ONU évacuait son personnel de la ville portuaire yéménite assiégée d’Al Hudaydah, après que des pays membres de l’ONU ont appris qu’une attaque des forces dirigées par les Émirats arabes unis était imminente, selon deux diplomates. » (…)
« Le Comité international de la Croix-Rouge a retiré son personnel de la ville pendant le week-end. » (…)
« Les diplomates de la région disent qu’ils croient que seule une pression accrue de Washington pourrait empêcher l’assaut. »

 

USA Mike Pompeo 14635585lpw-14635940-article-usciadirectormikepompeospeaksattheamericanenterprisein-jpg_5197940_660x281       Mike Pompeo

Les États-Unis, par l’intermédiaire de leur secrétaire d’État Pompeo, viennent de donner le feu vert [9] aux Émirats arabes unis pour lancer leur attaque :

« Les États-Unis suivent de près l’évolution de la situation à Hudaydah, au Yémen. J’ai parlé avec les dirigeants émiratis et exprimé clairement notre désir de répondre à leurs préoccupations en matière de sécurité tout en préservant la libre circulation de l’aide humanitaire et des importations commerciales qui sauvent des vies. Nous attendons de toutes les parties qu’elles honorent leur engagement à travailler avec le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Yémen sur cette question, à soutenir un processus politique pour résoudre ce conflit, à assurer l’accès humanitaire au peuple yéménite et à tracer un avenir politique stable pour le Yémen. »

Ni les Émirats ni les Saoudiens n’ont intérêt à laisser entrer l’aide humanitaire. Ils sont absolument sans merci.

Plus tôt aujourd’hui, ils ont bombardé un centre de traitement du choléra géré par Médecins sans frontières :

MSF Yémen @msf_yemen – 10:29 UTC – 11 juin 2018 [10]

« L’attaque de ce matin contre un centre de traitement du choléra @MSF à Abs par la coalition saoudienne et émiratie dénote un manque total de respect pour les installations médicales et les patients. Qu’elle soit intentionnelle ou que ce soit une bévue, c’est totalement inacceptable. »

La semaine dernière, les Saoudiens ont intentionnellement bombardé [11] les installations du Conseil norvégien pour les réfugiés à Sanaa :

« Le CNR a fourni à toutes les parties du conflit, y compris à la Coalition dirigée par l’Arabie saoudite, les détails et les coordonnées de nos opérations afin d’assurer la sécurité de notre personnel. »

Hodeidah, avec ses 600 000 habitants et ses centaines de milliers de réfugiés, sera difficile à prendre.

yemen-vue-port-hodeidah           Vue de la ville portuaire de Hodeïdah, le 14 mars 2018. Photo : Reuters/ABDULJABBAR ZEYAD

Aucun ravitaillement ne transitera par le port tant que le combat se poursuivra. Si les forces des Émirats arabes unis prennent le port, elles ne laisseront pas l’aide entrer dans les zones contrôlées par les Houthis. Il y aura une énorme famine, des centaines de milliers sinon des millions de personnes mourront.

Il serait facile pour l’administration de Trump d’arrêter l’attaque des Émirats arabes unis. Les forces spéciales américaines sont sur le terrain au Yémen, travaillant en étroite collaboration avec les forces des Émirats arabes unis.

  • Les avions américains ravitaillent les bombardiers saoudiens et ceux des Émirats arabes unis.
  • Les renseignements américains sont utilisés pour le ciblage.
  • Les États-Unis fournissent les bombes.
  • Sans le ravitaillement en vol des États-Unis, les chasseurs des Émirats arabes unis ne pourraient pas soutenir leurs forces au sol.

SANS LES USA Ils ne pourraient pas lancer d’attaque.

Dès le début, l’administration Trump est extrêmement proche [12] des dirigeants israéliens, émiratis et saoudiens. Leur objectif commun est de contrer l’Iran. Mais l’Iran est peu impliqué [13] au Yémen :

« Il est très exagéré de prétendre que l’Iran a beaucoup d’influence sur les Houthis. Bien que les Houthis reçoivent un certain soutien de la part de l’Iran, il s’agit surtout d’un soutien politique, avec une aide financière et militaire minimale.

Cependant, depuis que les Houthis ont pris le contrôle de Sanaa, le groupe est de plus en plus souvent présenté comme étant ‘soutenu par l’Iran’ ou ‘chiite’, ce qui suggère souvent une relation sectaire avec la République islamique.

Pourtant, avant les bouleversements de 2011, le terme ‘chiite’ n’était pas utilisé par les Yéménites pour désigner des groupes ou des individus yéménites.

Les Houthis ne suivent pas la tradition du chiisme duodécimain prédominante en Iran, mais adhèrent au Zaydisme, qui dans la pratique est plus proche de l’islam sunnite, et n’a manifesté aucune solidarité avec d’autres communautés chiites. »

Les Saoudiens considèrent le Zaydisme comme un obstacle à leur influence au Yémen.

Ils veulent contrôler le gouvernement yéménite.

Les Émirats veulent contrôler le port d’Aden et les installations de stockage et de chargement du pétrole et du gaz du Yémen.

L’administration Obama avait soutenu l’attaque saoudienne contre le Yémen pour que les Saoudiens acceptent l’accord nucléaire avec l’Iran.

L’administration Trump soutient la guerre saoudo/UAE par ignorance. Elle croit au mythe iranien. Elle veut aussi vendre plus d’armes.

Des millions d’enfants [14] et de civils paieront cette décision étasunienne de leur vie.

Traduction : Dominique Muselet

LIENS

  1. http://www.moonofalabama.org/2018/06/yemen-the-attack-on-hodeidah-is-a-prelude-to-genocide.html (article original)
  2. https://www.yahoo.com/news/un-envoy-very-concerned-fight-key-yemen-port-115916522.html
  3. https://theintercept.com/2018/06/07/yemen-hodeidah-uae-saudi-arabia-houthis/
  4. https://jamestown.org/brief/securing-southern-yemen-for-the-uae-abu-al-abbas-and-the-battle-for-taiz/
  5. https://apnews.com/3bf53ffdfc754a25a4be13b857dfd87b
  6. http://foreignpolicy.com/2018/06/10/the-photo-op-summit/
  7. https://www.wsj.com/articles/u-n-pushes-to-avert-catastrophic-uae-attack-on-yemen-port-1528668213
  8. https://www.nytimes.com/2018/06/11/world/middleeast/yemen-attack-uae-saudi-arabia.html
  9. https://www.state.gov/secretary/remarks/2018/06/283116.htm
  10. https://twitter.com/msf_yemen
  11. https://www.nrc.no/news/2018/june/nrc-demands-investigation-of-sanaa-air-strike-near-nrc-facility/
  12. https://www.newyorker.com/magazine/2018/06/18/donald-trumps-new-world-order
  13. http://carnegieendowment.org/sada/67988
  14. https://twitter.com/BaFana3/status/1005408426032320512

SOURCE/ http://lesakerfrancophone.fr/yemen-les-etats-unis-donnent-leur-feu-vert-au-genocide


4- Yémen – L’attaque contre Hodeidah est le prélude d’un génocide


Par Moon of Alabama – Le 6 juin 2018Le Sakerfrancophone.fr

Une nouvelle catastrophe se profile au Yémen. Les Émirats arabes unis et les saoudiens veulent s’emparer d’Hodeidah, le port de la mer Rouge par lequel entrent la plupart des denrées alimentaires destinées au Yémen.

yemen Hodeidah, le port de la mer Rouge map20180613

Le port est déjà sous blocus et tous les navires sont strictement contrôlés. Les « inspections » saoudiennes des navires prennent déjà tellement de temps que certains aliments pourrissent avant d’atteindre la terre ferme. L’ONU alerte sur le manque de nourriture [1] au Yémen :

Le Yémen connait la pire crise humanitaire du monde, selon les Nations Unies, avec quelque 8,4 millions de personnes qui manquent cruellement de nourriture et risquent de mourir de faim. (…)
« Je suis particulièrement préoccupé par le récent déclin des importations alimentaires commerciales via les ports de la mer Rouge », a déclaré Mark Lowcock, coordinateur des secours d’urgence de l’ONU, dans la déclaration qu’il a lue à une réunion d’information à Genève vendredi. (…)
« Si les conditions ne s’améliorent pas, 10 millions de personnes supplémentaires seront dans la même situation d’ici la fin de l’année », a-t-il dit.

Dix-huit millions, sur les vingt-six millions d’habitants du Yémen, pourraient bientôt mourir de faim. Si cela se produit, ce sera un génocide.

L’ONU a averti que des combats pour prendre le port auraient des conséquences terribles. Dix-huit millions de personnes mourront probablement de faim si le port est bloqué ou si les routes reliant le port à l’arrière-pays sont détruites par les combats.

 

Depuis trois ans, les forces saoudiennes et les Émirats arabes unis tentent de déloger le mouvement Houthi du centre du Yémen et de la capitale Sanaa.

Les Saoudiens ont réussi à prendre les zones désertiques plates à l’est et les Émirats arabes unis ont pris la côte sud, mais toutes leurs tentatives pour occuper le centre montagneux de l’ouest du Yémen ont échoué.
Les forces saoudiennes et les forces des Émirats arabes unis sur le terrain sont maintenant principalement des mercenaires enrôlés au sud du pays, renforcés par quelques chars d’assaut et des troupes d’artillerie des Émirats arabes unis.

Carte via IWN – Pour agrandir

Les villes du nord où vivaient à l’origine les Houthis ont toutes été détruites par des attaques aériennes saoudiennes. Ils n’ont nulle part où aller et plus rien à perdre. Ils n’abandonneront pas.

L’attaque sur Hodeidah succède à des mois de combats qui ont commencé dans le sud du Yémen, puis se sont poursuivi le long de la côte sud-est. Les troupes soutenues par l’Émirat (flèche bleue) ne sont plus qu’à 20 kilomètres de Hodeidah.

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Au cours du week-end, l’envoyé de l’ONU Martin Griffiths a tenté de convaincre[2] les Houthis de remettre le port de Hodeidah aux mains des Nations Unies.

  • Mais comment l’ONU gérerait-elle le port ?
  • Qui gouvernerait la ville ?
  • Comment le ravitaillement du port d’Hodeidah pourrait-il traverser les lignes de front pour atteindre la capitale Sanaaa ?

Yemen L_envoyé spécial de l_ONU pour le Yémen, Martin Griffiths ,n82942535-72387633

L’objectif des Saoudiens et des Émiratis est tout simplement d’affamer le Yémen pour le soumettre. Ils se fichent pas mal du nombre de morts que cela fera. Ils se fichent pas mal de ce que peut dire l’ONU

Des officiels des gouvernements du Golfe qui connaissent bien les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont déclaré que, dans leur idée,
l’occupation du littoral bloquerait les lignes d’approvisionnement des Houthis et les obligerait à s’assoir à la table de négociation.
Riyad dit que les Houthis se servent d’Hodeidah pour introduire clandestinement des armes fabriquées par l’Iran au Yémen, accusations démenties par les Houthis et par Téhéran.
L’ONU a renforcé ses inspections des navires transportant de l’aide humanitaire afin de s’assurer qu’aucun article militaire n’est introduit en contrebande et d’accélérer l’acheminement des secours dont les habitants ont désespérément besoin.

 

Tout ce qu’on raconte sur l’Iran au Yémen ou sur les approvisionnements iraniens est absurde.

Les Saoudiens et les Émirats contrôlent les frontières. Les ports font l’objet d’un blocus saoudien et sont étroitement contrôlés. Il n’y a qu’une toute petite ligne de ravitaillement clandestin en provenance d’Oman.

La plupart des armes et des munitions utilisées par les Houthis ont été prises aux troupes saoudiennes pendant des raids.

Les Émirats arabes unis ont demandé aux États-Unis de soutenir leur opération au sol contre Hodeidah. Les États-Unis coordonnent déjà les renseignements pour l’opération saoudo/UAE au Yémen et fournissent les munitions ainsi que le ravitaillement en vol pour les opérations quotidiennes de bombardement.

Les États-Unis ne participeront pas officiellement aux opérations. Les EAU n’attaqueront pas la ville officiellement.

Mais tout cela n’est que poudre aux yeux.

Les mercenaires yéménites que les Émirats arabes unis ont engagés seront sur la ligne de front [3], mais les Émirats arabes unis et les États-Unis seront derrière.

Les forces terrestres des Émirats arabes unis sont à environ 20 km de Hodeida, et le gouvernement des Émirats arabes unis a dit aux responsables américains qu’elles n’iront pas plus loin. En même temps, cependant, les Émirats arabes unis déclarent qu’ils n’ont aucun contrôle sur les forces gouvernementales yéménites qu’ils ont entraînées et financées.

Aujourd’hui, des avions saoudiens ont largué des tracts [4] sur la ville qui vilipendent les Houthis et demandent à la population de partir. Hodeidah compte normalement 600 000 habitants. Mais en raison des trois années de guerre, beaucoup de monde a fui la campagne environnante, qui était bombardée et ne pouvait pas être approvisionnée en nourriture, et s’est réfugié dans la  ville. On pense que plus d’un million de personnes s’entasse à Hodeidah et elles n’ont désormais nulle part où aller.

Aujourd’hui, les Houthis ont réussi à retarder l’opération contre Hodeidah en attaquant la petite ligne de ravitaillement des agresseurs. Ils ont réussi à la couper.

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Il est peu probable que les Houthis puissent tenir cette position ou même détruire les troupes ennemies qu’ils ont coupées de leur approvisionnement. Les attaques aériennes saoudiennes les délogeront bientôt et l’attaque sur Hodeidah se poursuivra.

Les conséquences seront terribles pour le peuple yéménite. Hélas, aucune des entités habituellement si prêtes à s’indigner et/ou à intervenir « pour sauver la population » ne semble vouloir ou pouvoir empêcher cette tragédie.

 

Traduction : Dominique Muselet

LIENS

  1. https://www.reuters.com/article/us-yemen-security-un/u-n-urges-saudi-led-coalition-to-speed-yemen-imports-avoid-starvation-idUSKCN1IQ19C
  2. https://www.reuters.com/article/us-yemen-security/u-n-yemen-envoy-in-talks-with-houthis-to-cede-hodeidah-port-sources-idUSKCN1J02BE
  3. https://www.washingtonpost.com/gdpr-consent/?destination=%2fworld%2fnational-security%2fdespite-us-warnings-yemeni-forces-backed-by-uae-advance-toward-crucial-port%2f2018%2f06%2f04%2f08a1af40-6765-11e8-bf8c-f9ed2e672adf_story.html%3f&utm_term=.19b55c1e55dc
  4. https://twitter.com/YemeniFatima/status/1004266856344182784

SOURCE/ http://lesakerfrancophone.fr/yemen-lattaque-contre-hodeidah-est-le-prelude-dun-genocide


5- Comprendre la guerre au Yémen

21.03.2017 (mis à jour le 03/04/2018 à 14:30)

YEMEN AVANT ... vieille-ville-de-sanaa_620x465                 YEMEN … AVANT …

L’antisèche | Trois ans après le début de la guerre entre des rebelles yéménites chiites Houtis et une coalition de pays arabes menée par l’Arabie saoudite, le conflit s’enlise. Malgré les efforts de l’ONU, l’issue semble incertaine. En attendant, le pays s’enlise dans le chaos. Comment en est-on arrivé là ?

La guerre actuelle au Yémen était au départ un conflit tribal et confessionnel interne à ce jeune pays, créé en 1990. Mais désormais, l’enjeu est régional et implique deux puissances voisines : l’Arabie saoudite et l’Iran. Au milieu, le Yémen sert de champ de bataille et la population sombre dans la violence, la faim et les maladies, en particulier le choléra. Ce mardi, lors d’une conférence de donateurs, le secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, a insisté sur le fait que le Yémen connaissait « actuellement la pire crise humanitaire dans le monde » et que l’ONU avait besoin, pour ses programmes d’urgence dans ce pays, de 2,4 milliards d’euros pour cette année. Retour sur les moments importants qui ont structuré le conflit.

YEMEN Le gouvernorat de Saada 2162606

2004 : La rébellion des chiites de Saada

Dans le nord du pays, dans le gouvernorat de Saada, à la frontière avec l’Arabie saoudite, les chiites zaydites entrent en conflit avec le pouvoir central de Sanaa. Le Yémen est majoritairement sunnite, mais compte une forte minorité chiite : 40% de la population. Ces derniers estiment être mis à l’écart de la vie politique et économique du pays. S’en suivent des manifestations et des heurts avec le pouvoir central qui dénonce une rébellion. La police tue des dizaines de contestataires et en arrête des centaines.

Le meneur de la contestation, Hussein Badreddine al-Houthi, qui donne son nom aux rebelles (« houthistes »), est tué en septembre 2004 par les autorités. A cette date, le conflit connaît une inexorable escalade dans la violence.

2009 : Le conflit prend une dimension régionale

En cinq ans, les rebelles ont gagné du terrain, notamment le long de la frontière avec l’Arabie saoudite où le face à face avec l’armée saoudienne fait plusieurs morts de part et d’autre. L’armée saoudienne effectue ses premières frappes aériennes. Par ailleurs, l’Iran est soupçonné de participer au conflit en fournissant des armes aux rebelles.

2011 : La chute du président Saleh

Dans la foulée du printemps arabe en Tunisie et en Egypte, le Yémen connaît une série de manifestations populaires qui démarrent au début de l’année 2011. Les rebelles houthistes se joignent à la contestation lancée par des étudiants.

Malgré les annonces du président Ali Abdallah Saleh concernant l’organisation anticipée d’élections et une révision de la Constitution, les manifestations ne faiblissent pas et se terminent souvent par une répression sanglante. Il faut l’intervention des Etats-Unis et des pays du Golfe pour négocier le départ du président Saleh. Ce dernier accepte de céder le pouvoir dans le cadre d’un accord de transition. Début 2012, le vice-président Abd-Rabbo Mansour Hadi prend la tête du pays puis remporte les élections organisées dans la foulée.

Pendant cette période, Al Qaïda dans la Péninsule Arabique (AQPA) profite du chaos pour étendre son influence territoriale.

2014 : Les Houthistes rejettent le projet de Fédération

En janvier, l’instance chargée du dialogue national préconise de transformer le pays en Etat fédéral composé de six provinces. Le projet prévoit que le gouvernorat de Saada, fief des rebelles chiites, soit intégré à un territoire plus vaste au sud. Mais les Houthistes refusent : ils demandaient une région qui leur soit propre et un accès à la mer.

Dès l’été 2014, les rebelles reprennent leur offensive et étendent leur influence. En septembre, ils entrent dans la capitale Sanaa. En janvier 2015, ils assiègent le palais présidentiel. En mars, ils contrôlent Taëz, plus au sud. La troisième ville du pays.

2015 : Intervention de la coalition arabe

La situation en juin 2015La situation en juin 2015• Crédits : Visactu

En mars 2015, le président Hadi fuit Aden, où il avait trouvé refuge après le siège du palais présidentiel de Sanaa. Il rejoint l’Arabie Saoudite. Dans la nuit du 25 au 26 mars, l’armée saoudienne, à la tête d’une coalition arabe soutenue par les Etats-Unis, bombarde le palais présidentiel déserté, l’aéroport international, une base militaire et le bureau politique des rebelles. Le président iranien condamne une « agression militaire » et une « démarche dangereuse ».

A ECOUTER Mais que font l’Arabie saoudite et ses alliés au Yémen ? Du Grain à moudre. 16 septembre 2015

Mars 2017 : les ravages d’une « guerre oubliée »

Saida Ahmad Baghili, le visage de cette guerre oubliée, aux conséquences dramatiques• Crédits : StringerAFP

Après deux ans de bombardements et de combats, l’ONU estime que le conflit a causé la mort de près de 7 700 personnes, principalement des civils, et a fait plus de 40 000 blessées.

La communauté internationale s’inquiète aussi du nombre de bavures ou d’attaques intentionnelles de la part de la coalition contre des civils. Fin 2015, au moins 131 personnes, dont des femmes et des enfants, sont tuées dans le bombardement d’une salle où était célébré un mariage. En octobre 2016, c’est une cérémonie funéraire qui est visée. Bilan : plus de 140 morts.

à lire  Pourquoi le choléra est de retour au Yémen

Par ailleurs, l’ONU pointe le risque de famine. Selon l’organisation, 14 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire, dont sept millions d’insécurité alimentaire sévère. Dans certains gouvernorats, 70% de la population lutte pour se nourrir. Les enfants sont particulièrement touchés.

Action contre la faim, Handicap international, Médecins du Monde, Première Urgence internationale, Solidarités international, et CARE évoquent « l’une des plus graves crises humanitaires au monde« . Précisions de Bénédicte Robin, le 23 mars 2017 :

Écouter

Des ONG alertent sur la situation au Yémen

A ECOUTER Yémen : comment évaluer l’étendue et les conséquences de la guerre civile ? Les Enjeux internationaux. 23 décembre 2016.

Fin 2017 : la mort de l’ancien président Ali Abdallah Saleh

Après son départ du pouvoir, le président Saleh est revenu sur le devant de la scène yéménite en 2015 en rejoignant les rebelles houthistes pour reprendre le pouvoir. Cette alliance va durer deux ans : le 2 décembre 2017, l’ancien président a, de manière spectaculaire, décidé de se rapprocher du camp saoudien pour obtenir une levée du blocus à l’origine de la situation humanitaire désastreuse. Ce revirement est dénoncé comme une trahison par les houthistes qui sont engagés dans des combats avec des partisans d’Ali Abdallah Saleh. Le 4 décembre, des militants houthistes ont fait circuler sur les réseaux sociaux des images du cadavre de l’ex président. Sa mort a été confirmée par des cadres de son propre parti.

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Avril 2018 : l’ONU presse l’Arabie saoudite de trouver une issue à cette « guerre stupide »

10 000 morts, 53 000 blessés, et 22,2 millions d’habitants qui dépendent de l’aide humanitaire. Le bilan après trois ans de conflit est dramatique. « Il n’y a pas de solution humanitaire à des problèmes humanitaires » a dit le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres lors d’une rencontre avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Celui-ci venait de remettre un chèque 930 millions de dollars pour financer le programme de l’ONU en faveur du Yémen. « Pour mettre un terme à la souffrance au Yémen » a expliqué le secrétaire général de l’ONU « la solution est politique et nous sommes à votre disposition pour travailler afin de trouver une solution. »

ONU ARABIE SAOUDITE Antonio Guterres et le principe héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Le 27 mars 2018 à l'ONU.• Crédits - BRYAN R. SMITH - AFP738_000_13a8or
Antonio Guterres lors d’une rencontre avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane

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