2604 – La Chine est-elle néolibérale ? … Chine … qui est réellement Xi Jinping ?

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 par Admin · Publication · Mis à jour
Nos médias, qui plaquent — souvent en toute bonne foi — leurs propres schémas occidentaux sur des pays étrangers à leur culture, interprètent généralement de façon si erronée les buts et politiques de la Chine  que des mises au point s’imposent. Par exemple, l’étiquette « néolibérale » (ou « turbo-capitaliste », une expression employée par le journaliste pourtant avisé Pepe Escobar dans un article récent[1]) s’applique-t-elle à la Chine ?

Certes, mais seulement en partie, et autrement que nous ne l’entendons.

Concrètement, c’est un pays-laboratoire où une élite politique et bureaucratique dirigeante, le PCC, a toute latitude pour employer sans aucune restriction les outils économiques

(plan quinquennaux [2] typiques du marxisme-léninisme, nationalisations d’entreprises locales ou étrangères, prises de participation par l’État, capitalisme, dérégulations, libre-échange ou à l’inverse protectionnisme, etc 216 PAGES)

qui, aux étapes successives de développement du pays, lui apparaissent les plus utiles à la poursuite de son progrès.

Une erreur de parcours ?

La réactivité et la flexibilité du système de gouvernance chinoise laisse les mains libres à ses officiels pour une intervention et un redressement rapides.

Même s’il n’est pas dénué de défauts, par exemple la corruption (qui ne nous est certes pas non plus inconnue ici, soit dit en passant), ce modèle politico-économique inédit en Occident, auquel Xi a donné l’appellation énigmatique de « socialisme avec des caractéristiques chinoises », s’avère non seulement viable, mais d’une redoutable efficacité.
Au moment où la Chine accède au rang de deuxième, voire de première puissance mondiale, et alors qu’après avoir été l’usine à bas coût de l’Occident, elle entame sa reconversion économique avec le lancement du méga-projet visionnaire Belt and Road (la nouvelle Route de la soie appelée à s’étendre à terme sur trois continents), n’est-il pas grand temps d’être beaux joueurs et de l’admettre ?

Par Kim Petersen
Paru sur Asia-Pacific Research [3] sous le titre Is China Neoliberal?


Le 2 mars dernier, The Real News a interviewé [4] Steve Cohn, auteur de ‘Competing Economic Paradigms in China’ (Concurrence des paradigmes économiques en Chine, Routledge, 2017). La journaliste Sharmini Peries a commencé par lui demander :

« Professeur Cohn, dans votre livre, vous analysez la transition de l’économie de la Chine du maoïsme à la politique du « bol de riz en fer » (la garantie du logement, de l’éducation, des soins médicaux et des retraites pour chacun) jusqu’à la politique néolibérale actuelle.

Quels facteurs intérieurs ont contribué à cette transition ? »

Un extrait de la réponse de Cohn a été :

« Je pense que le gouvernement chinois, à partir de Deng Xiaoping et jusqu’à maintenant, est arrivé à la conclusion que certaines politiques orientées sur le capitalisme étaient nécessaires pour augmenter le surplus social sous contrôle de l’État, et aussi pour que la Chine ne prenne pas de retard technologique. Ces leaders, je pense, ont senti que cette vision économique néoclassique était une théorie fiable qui faciliterait leur projet d’adoption de quelques techniques capitalistes, et ils l’ont soutenue très agressivement sur de nombreux plans… »

[Gras ajouté]

La Chine néolibérale ?

L’auteur ici présent a vécu épisodiquement dans plusieurs régions de la Chine depuis 2003.

Au début, j’étais sceptique sur le socialisme avec des caractéristiques chinoises, mais depuis, j’ai pu observer le développement de la Chine par moi-même, ainsi que la chute de son taux de pauvreté (qui se voit même dans les rues par la relative rareté des mendiants et des sans-abri).

Le Néolibéralisme

Qu’est-ce que le néolibéralisme ?

Pour commencer, il n’est ni nouveau, ni progressiste. Il est fondé sur la priorité du secteur privé sur la sphère publique ; c’est au dénommé libre-échange de le réguler. En conséquence, le rôle du gouvernement doit être minimisé, avec des privatisations, des coupes budgétaires dans les programmes sociaux, une dérégulation du secteur financier et une austérité imposée.

Peut-on dès lors attribuer un néolibéralisme à la Chine, avec ses entreprises d’État, ses banques d’État et ses programmes sociaux en expansion ?

Dans son livre Le profit avant l’homme’ (1999), le célèbre professeur Noam Chomsky s’est référé à un rapport de la Banque mondiale selon lequel la Chine n’appliquait pas de politiques néolibérales ; au lieu de quoi la Chine était présentée comme le pays « le plus interventionniste et manipulateur de prix au monde ».

Chomsky citait ensuite l’éminent historien Paul Bairoch, qui affirmait :

« Sans aucun doute, le libéralisme imposé aux pays du tiers-monde au XIXe siècle a été une des raisons majeures du retard de leur industrialisation. »

Étant donné le développement économique enviable de la Chine, le parti communiste chinois a eu de toute évidence raison de rejeter le néolibéralisme et de poursuivre sa propre route.

La journaliste Sharmini Peries a présenté ensuite une autre surprenante pépite en suggérant que les USA pilotent l’économie chinoise :

« Vous mentionnez des institutions internationales ou américaines comme l’American Economic Association, la Ford Foundation, la Banque mondiale et d’autres organisations que les Chinois ont démarchées pour influencer leurs politiques économiques et passer à l’économie capitaliste qu’ils ont adoptée. Le point intéressant est que cette influence a été invitée. Pourquoi est-ce que les officiels du gouvernement chinois acceptent ou souhaitent ce type d’influence ? »

Cohn a répondu :

« La chose la plus importante a été l’intégration des meilleurs étudiants chinois dans des programmes d’études d’économie américains. Mais vous ne vous contentez pas d’étudier l’économie néoclassique, vous devenez un économiste néoclassique. Je ne pense pas que les Chinois, même à ce jour, réalisent à quel point il y a une socialisation, en plus de la seule compréhension intellectuelle nécessaire à ces études.

Je pense donc qu’ils ont sous-estimé cet impact sur les étudiants et la difficulté d’en analyser tous les facteurs idéologiques et politiques… » (Gras ajouté] [1]

Cohn utilise des termes comme penser et ressentir pendant toute l’interview. Cela donne une impression d’hésitation à ses arguments.

Plus loin, Cohn ajoute :

« Vous pouvez voir ce qu’ils [le PCC] ont fait ; vous ne pouvez pas être sûr de ce qu’ils ont en tête. Ils ont eu de nombreux problèmes sociaux, environnementaux, d’inégalités en particulier, une fragilité financière, le problème des multiples crises de la dette en Chine. Mais je soupçonne que les leaders chinois ressentent que leur stratégie a donné du pouvoir à la Chine sur des fronts importants. Et je pense qu’ils ressentent probablement qu’ils peuvent traiter leurs problèmes environnementaux et autres effets secondaires de cette, etc. » [Gras ajouté]

L’intéressant en termes de concurrence de paradigmes sont les trajectoires…

Une trajectoire chinoise : l’élimination de la pauvreté

Quelles sont les trajectoires chinoises ?

Un exemple devrait suffire à réfuter un quelconque néolibéralisme en Chine : l’un de ses buts est l’élimination totale de la pauvreté.

Quel pays capitaliste se fixe de telles priorités ?

Un éditorial du Global Times expliquait :

« Dans un pays socialiste, ce serait terrible – et même déshonorant – de voir les élites rester oisives et ne pas tendre une main secourable aux nécessiteux ». [2]

Xinhua rapporte :

« La Chine a tiré 12, 89 millions de personnes rurales de la pauvreté en 2017 et progresse dans l’éradication de la pauvreté ». [3]

L’élimination de la pauvreté a été vérifiée par la Banque mondiale, qui chiffre à 753 millions le nombre des personnes tirées de la pauvreté entre 1978 et 2010 en Chine. La Chine est donnée en exemple au reste du monde pour sa méthode d’élimination du fléau de la pauvreté :

« La réduction de la pauvreté du pays offre des leçons aux autres pays… Son approche combine un leadership du gouvernement et un soutien de tous les secteurs de la société, avec les fermiers dans un rôle majeur, et intègre des politiques générales et spéciales favorables aux plus démunis, des programmes de soulagement de la pauvreté et des filets de sécurité sociaux. » [4]

La place Tiananmen

Dans l’interview de The Real News, on notait particulièrement des références aux « manifestations de la place Tiananmen » et à la « répression de la place Tiananmen ». Aucune mention n’a été faite d’un « massacre de la place Tiananmen », pourtant un thème incontournable des reportages des médias grand public.

Wei Ling Chua a écrit un exposé éclairant sur cette désinformation,

Le « massacre » de la Place Tiananmen ? Le pouvoir des mots contre les preuves silencieuses’, qui détaillait les nombreuses rétractations de journalistes occidentaux après leurs articles et reportages initiaux. [4]

Le contexte historique absent de l’interview de Real News

J’ai demandé à Wei, qui a aussi écrit ‘Democracy : What the West can learn from China’ (‘Démocratie : ce que l’Occident peut apprendre de la Chine’), son opinion sur l’interview de Real News.

Wei m’a répondu :

« Comme il y a trop de choses qui ne vont pas dans cette vidéo, je voudrais juste faire un commentaire rapide sur ce qui suit :

1. Les gens tendent à ignorer que Mao a été celui qui a posé les fondations de l’accès de la Chine au monde, ce qui a ensuite autorisé Deng à mener son intégration économique dans l’économie mondiale en 1978.

  • En 1949, la Chine était exsangue et ruinée au moment où Mao a pris le pouvoir ;
  • A cause de la Guerre froide, de la Guerre de Corée et de la Guerre du Vietnam, la Chine était sous sanctions économiques, financières, technologiques et bancaires de la part de l’Occident, et de sanctions technologiques de la part de l’URSS ;
  • Malgré ces adversaires, Mao a réussi à vaincre la coalition occidentale sous commandement des USA dans la Guerre de Corée et aidé les Vietnamiens à se défendre contre l’invasion américaine. Cela a fait de la Chine une puissance impossible à ignorer pour les USA ;
  • Mao a réussi à utiliser la relation complexe entre les USA et l’URSS, et à séduire les USA via la diplomatie du ping-pong, avec pour résultat un déplacement de Nixon en Chine, ce qui a a posé les fondations de l’accès de la Chine au monde ;
  • Le classement du monde de Mao en Premier monde (les pays occidentaux), Deuxième monde (l’URSS) et l’alliance de la Chine avec le Tiers-monde (l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie, etc) a fini par payer, après que la nouvelle relation avec Nixon ait été mise à profit et que suffisamment de votes aient été engrangés à l’ONU pour faire entrer la RPC dans le Conseil de sécurité des Nations-Unies. Sans toutes ces fondations, il n’y aurait pas eu de réformes sous Deng.
  • Au moment où Deng est arrivé au plus haut niveau de l’État en Chine, Mao avait déjà éliminé l’analphabétisme, doublé l’espérance de vie de la population, armé la Chine avec des technologies nucléaires et astronautiques, et bâti de nombreuses industries de base pour les produits de consommation. Sans tout cela, il n’y aurait pas eu de fondations sur lesquelles construire l’accès de la Chine au monde.
  • Ainsi, attribuer la prospérité de la Chine au seul capitalisme occidental manque d’objectivité.

 

2. L’auteur [Cohn] a également omis de mentionner le fait que la Chine s’est davantage inspirée du modèle économique singapourien que de celui de l’Occident. Bien que Singapour soit reconnue comme l’une des économies les plus libres au monde, 60% de son PIB provient d’investissements de son gouvernement ; de la même façon, en Chine, bien qu’elle soit ouverte à des financements privés et internationaux, l’État contrôle une grande partie de l’économie.

3. 30 ans après les réformes de Deng, la Chine a rencontré les mêmes problèmes que n’importe quelle société occidentale : les inégalités de salaires, l’accès au logement et le stress social, mais c’est la Chine qui tente d’y remédier au lieu de seulement en prendre note.

4. [Le Secrétaire actuel chinois] Xi Jinping ne prend que la part de la logique du marché qui récompense et motive les gens qui travaillent dur et innovent, mais il réprouve l’économie de marché dérégulée qui permet à des riches de finir par contrôler l’offre économique et les prix de tout ;

5. Au contraire de l’Occident qui cherche tout privatiser, Xi ne veut pas seulement renforcer et augmenter la taille des entreprises d’État, il a également introduit une politique : le gouvernement doit acquérir et posséder au moins 1% de toutes les entreprises enregistrées en Chine ; la loi établit qu’avec ce 1%, des officiels du gouvernement sont habilités à participer à tous les conseils d’administration et ont le pouvoir d’annuler toute décision contraire aux intérêts de la Chine.

 Conclusion

Pour ceux qui aspirent à un monde non soumis à l’extrême richesse et aux inégalités de revenus, la Chine est aux antipodes du capitalisme débridé. La Chine est socialiste. Le parti communiste chinois rejette aussi l’hégémonisme et la guerre. Ainsi, la Chine se pose en modèle alternatif au capitalisme agressif de l’Occident. Toutefois, il convient de noter que la Chine doit être analysée dans le cadre de sa trajectoire politico-économique, comme un pays en évolution. En ce moment, ses leaders affirment qu’elle en est aux toutes premières étapes du socialisme. Il faudra scruter sa trajectoire future pour s’assurer de sa loyauté à ses buts politiques et sociaux annoncés.


 

Traduction et note d’introduction Corinne Autey-Roussel pour Entelekheia
Photo Pixabay

LIENS

  1. http://www.atimes.com/article/xi-silk-road-stay/ & http://www.entelekheia.fr/route-de-soie-de-xi-dorenavant-verrouillee/
  2. http://en.ndrc.gov.cn/newsrelease/201612/P020161207645765233498.pdf
  3. https://www.asia-pacificresearch.com/is-china-neoliberal/5627736
  4. http://therealnews.com/t2/index.php?option=com_content&task=view&id=31&Itemid=74&jumival=21218
Notes :

1. NdT : L’idée d’envoyer des étudiants chinois étudier les doctrines économiques américaines s’enracine probablement en  fait dans la pensée des réformateurs de la Chine, au XIXe siècle, dont Sun Yat-sen, le père de la Chine moderne : Les Chinois devaient, selon eux, étudier les méthodes de leurs puissants ennemis occidentaux (à l’époque, les puissances coloniales installées dans le pays) pour s’en approprier les éléments potentiellement utiles à la Chine, mais non sans les siniser (c-à-d, les adapter aux coutumes et traditions du pays). Ce principe a gouverné la modernisation de la Chine dès le début.

2. Li Hong, “Shaking off poverty is an obligation for China,” Global Times, 14 janvier 2018.

3. Xinhua, “China brings nearly 13 mln people out of poverty in 2017,” Global Times, 1er février 2018.

4. Chengwei Huang, “Ending poverty in China: Lessons for other countries and the challenges still ahead,” Banque mondiale, 14 octobre 2016.

5. Voir review


SOURCE/ http://www.entelekheia.fr/la-chine-est-elle-neoliberale/


Chine … qui est réellement Xi Jinping ?

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par Admin · Publication · Mis à jour

Les caractérisations erronées de Xi Jinping par les médias occidentaux dont parle l’auteur de l’article ci-dessous ne sont pas tant dues à de « l’ignorance » ou à « des préjugés », comme il le pense, qu’à de l’intérêt : avec un système d’économie planifiée très différent de celui de l’Occident, la Chine est arrivée au rang de super-puissance mondiale de tout premier plan. Qu’est-ce que cela fait du libéralisme économique cher à nos dirigeants ?

Par Thomas Hon Wing Polin
Paru sur Counterpunch[1] sous le titre “Xi the Dictator:” a Myth Born of Ignorance and Prejudice


Le buzz dans les médias occidentaux a commencé il y a des années. Il a atteint un crescendo récemment, avec le 19ème Congrès du PCC qui a reconduit Xi Jinping pour un nouveau mandat à la tête du pays.
Le bavardage a tourné autour de Xi en tant que leader le plus puissant depuis Mao et Deng, ou même carrément juste Mao. Il a triomphé dans les luttes pour le pouvoir et arraché l’autorité à ses rivaux, raconte la propagande médiatique. Le dernier néologisme à la mode est « Xinomie », ce qui suggère qu’il a pris la barre de l’économie chinoise, en plus du reste. Les sous-entendus qui courent dans tous les articles de presse ont consisté en insinuations sur les dangers de la dictature, la concentration excessive du pouvoir et l’abus d’autorité, la répression, etc, etc.

Cette propagande occidentale n’est qu’une manifestation de plus de l’ignorance et des préjugés que ses créateurs entretiennent depuis longtemps sur la Chine. Pour comprendre la place de Xi, il est nécessaire de se pencher sur le système de gouvernance de la Chine actuelle, et comment elle est arrivée à l’adopter.

La Chine actuelle est une authentique entreprise de gouvernance collective et une méritocratie.

Ces deux caractéristiques ont commencé à prendre forme au cours de l’ère de Deng Xiaoping.

Pour Deng et ses camarades réformateurs, les excès dévastateurs de la période Mao avaient rendu clair comme de l’eau de roche que laisser la bride sur le cou aux plus hautes instances du pouvoir était dangereux pour la santé du pays. Deng a interdit toute idée de culte de la personnalité pour lui. De toutes façons, la présence d’autres révolutionnaires de première génération – comme Chen Yun et Li Xiannian – signifiait que Pékin n’était plus sous la coupe d’un seul homme.

Dès les débuts de l’ère post-Deng, la Chine s’est installée dans un système où le chef du Parti communiste partageait l’autorité avec des collègues du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois.

Ils ont commencé ensemble à institutionnaliser la méritocratie arrivée à maturité actuelle, en ressuscitant l’idéal de compétence de l’ancien système des examens impériaux comme mesure de l’aptitude a des fonctions élevées.

[Le système des examens impériaux perdure en Chine depuis des millénaires [2]. Il semble que, dans l’ex-empire du milieu, la modernité soit à la tradition ce qu’une mise à jour est à un logiciel et rien de plus, Ndt].

Au XXIe siècle, cela voulait dire de l’expérience et des réussites dans la gouvernance.

Le résultat : un parti confirmé et un gouvernement avec un actif à son bilan plus riche, plus impressionnant que n’importe laquelle de ses contreparties dans les démocraties.

Avec 85 millions de membres, le Parti communiste chinois lui-même est plus numériquement important que la plupart des nations de la terre.

La « dictature d’un seul parti » de la fantasmagorie ignare occidentale est, en fait, un ensemble de factions multiples, avec des intérêts divers, sous un même toit.

Les différences entre les factions sont plus importantes et notablement plus significatives que, mettons, celles des partis démocrate et républicain aux États-Unis. Les débats intra-PCC sur les politiques à mettre en œuvre sont fréquents et musclés. Au bout du compte, les questions non résolues sont tranchées par le Comité permanent du bureau politique.

Les meilleurs cerveaux de la nation débattent et décident des meilleures politiques de gouvernance pour le pays.

Il n’est donc ni étrange, ni accidentel que dans les dernières décennies, la Chine ait accompli ce qui est de plus en plus reconnu comme la plus grande amélioration de l’action sociale de toute l’histoire.

[Rappelons que Xi a annoncé au 19ème Congrès une éradication totale de la pauvreté en Chine [3] à la date-butoir de 2020 et que le programme a pris de l’avance sur l’agenda, Ndt].

C’est ce mécanisme gouvernemental qui a décidé, il y a plus ou moins dix ans, que Xi Jinping était la meilleure personne pour emmener la Chine dans la phase suivante de sa sortie d’un nadir politique.

Contrairement à ce que racontent les mythes et obsessions de l’Occident, Xi n’a pas « lutté » pour le pouvoir et ne l’a « arraché » à personne. C’était la méritocratie chinoise, évoluée sur plusieurs générations, qui a décidé de l’élever à son poste actuel, après qu’il ait passé tous ses systèmes de filtrage (examens, concours, etc) haut la main.

La méritocratie a choisi Xi pour surmonter une tâche immense.

Son défi est double :

  1. résoudre les problèmes accumulés sur des décennies de réformes rapides (une corruption endémique, une discipline militaire relâchée, une hostilité de plus en plus intense de la part de l’empire américain, etc),

  2. et porter le développement chinois à son étape suivante.

[Après avoir été l’usine à bas coût de l’Occident, il s’agit ni plus ni moins d’anticiper la relocalisation de la production occidentale ailleurs qu’en Chine (qui a augmenté les salaires), donc à terme, de reconvertir toute son économie.
D’où l’importance, entre autres nouvelles orientations, de la nouvelle Route de la soie/du développement du supercontinent eurasien[3] et des investissements dans de nouveaux outils comme la fintech, dont la Chine a récemment pris le leadership mondial[5], Ndt].

Et pour s’assurer de lui donner une bonne chance de réussite, le gouvernement collectif l’a investi d’une autorité égale à celle de Deng Xiaoping.

 

La prochaine fois que vous entendrez parler de « Xi le dictateur » ou « Xi l’intrigant qui a pris le pouvoir », gardez tout cela à l’esprit.

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Traduction et note d’introduction Entelekheia

SOURCE/http://www.entelekheia.fr/chine-reellement-xi-jinping/