2414 – Allocution et réponses aux questions du Ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov pendant l’Heure des questions au Conseil de la Fédération de l’Assemblée fédérale russe, Moscou, 15 décembre 2017

Note Sans a priori : l’allocution est intéressante on peut y voir toute la « science » diplomatique vis à vis des « adversaires » de la Russie … des partenaires de la Russie et des nouveaux pays s’alliant à la Russie , en avalisant la politique russe de non ingérence … L’allocution est à découvrir ainsi que les réponses aux questions (Plus longues que les résumés) la question 6 interpellera beaucoup le  » gouvernement Français » … A vous de découvrir …

Après l’allocution 13 questions, résumées ci-après :

1la frontière russo-kazakhe. Mauvaises infrastructures routières

2 le démantèlement des monuments en hommage aux guerriers soviétiques en Pologne

3coopération interrégionale entre la Russie et le Kazakhstan pour le fleuve Oural

4 – alliance se forme aujourd’hui entre la Russie, la Turquie et l’Iran

5 – procédures de visa, notamment pour le tourisme

6 – États qui ne souhaitent pas une amitié entre l’Ukraine et la Russie.

7 – sur la démocratie, les USA déclenchent des guerres civiles et détruisent des États entiers.

8 – la Maison de l’amitié? À Moscou

9 – développement des relations avec les pays du Moyen-Orient?

10 – organiser l’Exposition universelle Expo 2025 à Ekaterinbourg. ?

11 – Terrorisme – la menace potentielle qui grandit en Afghanistan?

12 – La Crimée … la 13 est en forme de remerciement

LAVROV au Conseil de la Fédération de l'Assemblée fédérale russe, Moscou, 15 décembre 2017 a4T2T1880

Chère Madame Matvienko*,

Chers collègues,

Je vous remercie pour cette invitation à prononcer une nouvelle fois un discours devant vous dans le cadre de l’Heure des questions.

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Madame Matvienko

Le Ministère russe des Affaires étrangères tient en grande estime la coopération étroite de longue date et, sans exagération, de camaraderie, établie avec les deux chambres de l’Assemblée fédérale et avec leurs commissions spécialisées. Nous apprécions votre intérêt pour l’activité du Ministère des Affaires étrangères. Nous saluons et soutenons les efforts de la diplomatie parlementaire pour assainir la coopération interétatique et renforcer l’amitié et l’entente entre les peuples.

Je voudrais souligner notamment le déroulement réussi, à Saint-Pétersbourg en octobre, de la dernière Assemblée de l’Union interparlementaire qui a été la plus représentative de l’histoire. Le niveau élevé et la composition des participants, qui étaient sans précédent, confirment la considération que portent les confrères étrangers aux organes russes du pouvoir exécutif – à juste titre. Je vous félicite pour cet événement effectivement très important.

Le travail cohérent et coordonné sur tous les axes visant à mettre en œuvre la ligne politique validée par le Président russe Vladimir Poutine acquiert aujourd’hui une importance particulière.

Le monde traverse une étape extrêmement difficile. Le potentiel conflictuel grandit, les anciennes crises se renforcent, de nouveaux défis apparaissent. Une profonde inquiétude naît des tendances dangereuses comme l’érosion des principes fondamentaux du droit international, ou encore les tentatives de dévaluer le rôle de nombreuses institutions et de les utiliser à des fins intéressées.

L’expansion de l’Otan, le renforcement de son potentiel sur le « flanc Est » et le déploiement de l’ABM américain en Europe sapent considérablement le principe de sécurité indivisible, qui est l’engagement politique pris par tous les chefs d’États de l’OSCE de ne pas renforcer sa sécurité au détriment de celle des autres.

De grands accords internationaux risquent d’être rompus, notamment sur le programme nucléaire iranien. J’espère que cela n’arrivera pas, mais si cela se produisait cela enverrait un signal très négatif à ceux qui espèrent régler le problème de la péninsule coréenne.

Nous le disons ouvertement à nos collègues, nous profitons de toutes les opportunités pour expliquer notre point de vue et réagir à leurs positions.

Il en était question il y a une semaine à Vienne pendant la réunion du CMAE de l’OSCE et durant de nombreux contacts en marge de la réunion, notamment avec le Secrétaire d’État américain Rex Tillerson.

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Rex Tillerson.

Nous sommes convaincus que la tension actuelle est due avant tout à la ligne égoïste et cynique de plusieurs pays, USA en tête. Croyant en sa propre supériorité et infaillibilité et habitué à ce que ses approches soient perçues comme la « vérité de dernière instance », ledit « Occident historique » tente d’empêcher le processus naturel d’établissement d’un nouvel ordre mondial polycentrique plus juste et démocratique.

Ceux qui ne sont pas d’accord font l’objet d’un large éventail de représailles, y compris de chantage, de mesures unilatérales et coercitives, et d’ingérence directe dans leurs affaires intérieures.

Vous voyez bien vous-mêmes que le développement dynamique de la Russie et le renforcement de ses positions sur la scène internationale suscitent une irritation et un rejet non dissimulé chez certains en Occident.

D’où le désir de nous punir pour notre politique étrangère indépendante et autonome. La ligne visant à réfréner notre pays englobe un très large éventail de domaines – de l’économie à l’énergie en passant par le sport et l’activité des médias russes. Les exemples sont bien connus, inutile de perdre du temps.

Nous nous efforçons de tout faire pour garantir la souveraineté et la sécurité nationale, pour protéger les droits de nos citoyens. Ce travail n’est pas mené à travers un renfermement sur soi-même, l’auto-isolement et sans adopter une défense circulaire:

au contraire la Russie participe activement à la formation d’un agenda international positif unificateur et avance des initiatives concrètes pour régler les problèmes internationaux d’actualité.

Notre ligne honnête s’appuyant sur les principes de vérité, de bon voisinage et de respect de la parole donnée est largement soutenue, ce qui permet de développer un dialogue mutuellement bénéfique et équitable avec la grande majorité de nos partenaires étrangers.

Nous accordons une attention particulière à l’union de la communauté internationale pour combattre la menace terroriste dans le cadre de l’initiative du Président russe Vladimir Poutine de former une véritable coalition antiterroriste globale pour faire face collectivement à ce mal sans aucun deux poids deux mesures.

C’est en grande partie grâce aux actions efficaces de l’aviation russe pour soutenir les efforts antiterroristes du gouvernement syrien qu’il a été possible de défaire entièrement les terroristes de Daech et d’autres structures extrémistes retranchées sur le territoire syrien.

L’élimination des terroristes et le fonctionnement des zones de désescalade mises en place dans le cadre du processus d’Astana créent les prémisses nécessaires pour passer à l’étape suivante: le processus de paix en Syrie en s’appuyant sur la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Les préparatifs du déroulement, à Sotchi, du Congrès du dialogue national syrien à l’initiative des présidents de la Russie, de l’Iran et de la Turquie, sont appelés à contribuer à cette tâche.

A l’ordre du jour:

  • la préparation de la nouvelle Constitution,
  • l’organisation des élections sous la surveillance de l’Onu,
  • le règlement des problèmes humanitaires
  • et l’élaboration d’un programme complexe de réhabilitation du pays à long terme.

La situation autour de la péninsule coréenne, comme je l’ai dit, est très alarmante.

Il n’y a pas d’alternative à la diminution progressive de la tension et au passage aux négociations: les tentatives de provoquer un scénario militaire dans l’espoir de régler la crise par la force conduiront à une catastrophe.

Il y a suffisamment d’analyses à ce sujet, y compris de la part de l’establishment politique occidental.

Avec nos partenaires chinois, nous avons préparé une « feuille de route » permettant d’éloigner la situation du seuil dangereux duquel elle s’approche. Le cercle de partisans de cette vision s’élargit.

Le conflit en Ukraine n’est toujours pas réglé.

Le gouvernement de Kiev sabote ouvertement le processus de paix.

Il refuse obstinément d’établir un dialogue direct avec Donetsk et Lougansk. Nous appelons les partenaires occidentaux, compte tenu de leur influence sur les autorités de Kiev, à en profiter pour pousser Kiev à la mise en œuvre pratique au plus vite des Accords de Minsk approuvés à l’unanimité par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Le renforcement de la coopération diversifiée dans l’espace postsoviétique fait partie de nos priorités absolues.

Notamment dans le cadre

  • de la CEI, bien sûr, dont la Russie est présidente cette année,
  • de l’OTSC,
  • ainsi qu’au sein de l’Union économique eurasiatique (UEE) que nous présiderons l’an prochain.

Nous contribuons par tous les moyens au renforcement des liens extérieurs de l’UEE, à la promotion du concept d’harmonisation des processus d’intégration pour déboucher à terme sur le Grand partenariat eurasiatique.

Les démarches se poursuivent pour relier l’UEE et l’initiative chinoise « La Ceinture et la Route »: nous avons notamment terminé les négociations sur la signature d’un accord de coopération commerciale et économique, actuellement en préparation.

Des « voies de négociations » ont été ouvertes sur la mise en place des zones de libre-échange entre l’UEE et l’Égypte, Israël, l’Inde, l’Iran, la Serbie et Singapour.

Nous continuons de renforcer le partenariat stratégique avec la Chine.

La coordination des approches de nos pays concernant les principaux problèmes d’actualité a prouvé son utilité en s’affirmant comme un facteur de stabilisation important dans les affaires mondiales.

  • Notre partenariat stratégique très privilégié s’approfondit avec l’Inde.
  • Les liens avec la grande majorité des autres partenaires en Asie-Pacifique se développent de manière dynamique, notamment avec le Vietnam et les pays de l’ANASE.
  • Le renforcement de nos positions en Asie-Pacifique apporte une contribution aux efforts communs pour le développement socio-économique de la Sibérie orientale et de l’Extrême-Orient.

Les relations avec la Turquie ont été rétablies, ce qui a été rendu possible essentiellement grâce aux efforts personnels des présidents Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan.

Le dialogue politique et la coopération pratique s’élargissent avec les pays d’Amérique latine et d’Afrique.

Nous continuons de coopérer étroitement avec nos partenaires dans le cadre d’unions comme les Brics, l’OCS et le RIC dont les ministères des Affaires étrangères se sont réunis il y a quatre jours à New Delhi.

Ce sont des unions d’un nouveau type, sans meneurs ni menés, sans diktat ni discipline de bloc, qui s’appuient sur le respect réciproque, le principe de consensus et de recherche de compromis comme le nécessitent les réalités du XXIe siècle.

Nous contribuons au développement du potentiel significatif du G20 – un mécanisme efficace de coordination des approches sur plusieurs problèmes majeurs de notre époque. D’ailleurs, le fait même de sa création signifie la reconnaissance de la polycentricité du monde contemporain et de l’impossibilité de régler les principaux problèmes des affaires internationales, l’économie et la politique sans la participation des nouveaux centres d’influence politique tels que les Brics.

Nous ne construirons notre dialogue avec les USA et l’UE que sur la base des principes de respect réciproque et d’équilibre des intérêts.

Comme l’a souligné à plusieurs reprises le Président russe Vladimir Poutine, notamment hier en conférence de presse, la Russie est ouverte à un travail constructif conjoint avec Washington.

Malheureusement, nous ne constatons aucun progrès du côté de l’administration américaine, qui a entrepris plusieurs nouvelles actions franchement antirusses. Je veux parler notamment de la loi sur la lutte contre les ennemis de l’Amérique dirigée contre nous par le biais des sanctions, la fermeture du Consulat général de Russie à San Francisco et la saisie de cinq sites diplomatiques.

Nous ne cherchons pas à attiser la confrontation mais, bien sûr, nous continuerons de réagir à toutes les démarches hostiles par la réciproque.

Les perspectives des relations avec l’UE restent otages de la ligne russophobe d’un groupe réduit de pays européens qui agissent, au fond, dans l’intérêt des USA et non de l’Europe.

La spirale de sanctions déroulée par la bureaucratie bruxelloise sur ordre direct de l’autre côté de l’Atlantique a déjà infligé un sérieux préjudice aux affaires européennes (notamment allemandes) qui ont perdu une partie de leurs positions sur le marché russe.

Les Américains, eux, n’ont pas subi de pertes. De plus, sous prétexte de la lutte contre la Russie, on veut forcer les Européens à acheter du gaz naturel liquéfié américain, coûteux, et à augmenter leurs dépenses pour la défense.

Dans quelle mesure en ont-ils besoin? C’est aux Européens d’en décider. De notre côté, nous développerons la coopération au rythme auquel nos collègues de l’UE seront prêts à le faire. Mais notre politique étrangère multivectorielle ne sera pas l’otage des « caprices » en UE.

Nous poursuivons un travail énergique pour protéger les chrétiens confrontés à de graves problèmes, surtout au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et les fidèles d’autres religions.

Au sein de l’OSCE, où a déjà été adoptée la Déclaration sur le renforcement des efforts pour combattre l’antisémitisme, nous cherchons à faire adopter des documents similaires pour la protection des chrétiens et des musulmans.

Dans le cadre des relations avec l’Organisation de coopération islamique (OCI) nous contribuons au dialogue intercivilisationnel et interconfessionnel réciproquement respectueux. Nous entreprenons des démarches actives pour défendre les idéaux spirituels et moraux indéfectibles qui sont communs aux principales religions et cultures mondiales.

L’un des principaux objectifs consiste à défendre les droits et les intérêts des citoyens et compagnies russes à l’étranger, de nos compatriotes, ainsi qu’à continuer de consolider le Monde russe multiethnique et multiconfessionnel.

La Conférence thématique mondiale des compatriotes « 100e anniversaire de la Révolution russe: s’unir pour l’avenir » qui s’est tenue cet automne à Moscou a apporté une contribution utile à ce travail.

Nous avons l’intention de continuer de profiter au maximum du potentiel du « soft power », de promouvoir les positions de la langue russe et de la culture russe, de renforcer le dialogue diversifié avec les ONG russes, les milieux scientifiques et la communauté d’affaires.

Bien évidemment, nous continuerons d’apporter toute la contribution nécessaire aux régions que vous représentez pour améliorer leurs liens internationaux et économiques extérieurs.

C’est notamment l’une des tâches du Conseil des dirigeants des sujets de la Fédération de Russie qui travaille efficacement auprès du Ministère russe des Affaires étrangères.

Toutes nos actions, au final, sont axées sur la mise en place de conditions extérieures favorables pour le développement pacifique de la Russie et l’augmentation du niveau de vie de nos citoyens. Le Ministère des Affaires étrangères part du principe qu’il ne sera possible de régler le plus efficacement nos tâches d’envergure et de trouver des réponses dignes aux défis de notre époque qu’ensemble, à travers l’approfondissement de l’interaction avec les législateurs russes et la société civile.

Nous défendrons la justice, la vérité, nous préserverons notre identité, nous nous appuierons sur notre culture, notre histoire, nos fondements spirituels et nos valeurs.

Merci pour votre attention, je suis prêt à répondre à vos questions.

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Kazakhstan la frontière entre les deux pays est située au nord du Kazakhstan 19c_Kazakhstan

1- Question:  Plusieurs questions se posent concernant la région d’Omsk en lien avec la loi fédérale sur la ratification du traité entre la Russie et le Kazakhstan sur la frontière russo-kazakhe.

  • Aujourd’hui, l’un des centres du district Roussko-Polianski ne possède qu’une seule route le reliant à Omsk. Une partie de cette route (10 km) a été attribuée au Kazakhstan. 800 millions de roubles sont nécessaires pour construire une route de déviation.
  • Le budget fédéral refuse d’allouer cette somme, mais la région d’Omsk ne pourra construire de nouvelle route que d’ici trois ans, soit fin 2020.
  • Un accord a été signé pour la circulation libre sur cette portion, mais jusqu’au 1er janvier 2019.

Peut-on convenir avec les autorités du Kazakhstan de prolonger cet accord jusqu’au 1er janvier 2021?

Sergueï Lavrov: Nous avons de très bonnes relations d’alliés avec le Kazakhstan. Pendant la préparation de l’accord sur la frontière, avant le début du travail sur le terrain, des questions sont apparues, par exemple sur le partage des gisements pétroliers et gaziers. Un accord a été conclu sur la délimitation et la démarcation futures de la frontière nationale.

Bien sûr, des questions telles que celle que vous avez mentionnée se posent. Si vous nous transmettez ces informations, je m’en occuperai. Nous nous adresserons à nos voisins kazakhs. Je pense que nous pouvons compter sur une réaction positive.

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2 – Question: Il est rare que je fasse des compliments, mais je trouve que nous avons de la chance avec le Ministère des Affaires étrangères en Russie, ce qu’on ne peut pas dire de certains de vos collègues. Par exemple, si vous étiez intervenu concernant le scandale de dopage aux Jeux olympiques, nous n’aurions pas connu une telle honte. Alors que Vitali Moutko aurait dû démissionner.

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2BIS – Il y a environ un mois, nous avons envoyé au Ministère des Affaires étrangères une note concernant le démantèlement des monuments en hommage aux guerriers soviétiques en Pologne. Nous comptions vraiment sur une réaction du Ministère des Affaires étrangères. Peut-être que je ne l’ai pas vue dans les médias. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir commenter cette situation. Après tout, cela enfreint l’Accord bilatéral sur la coopération amicale et de bon voisinage.

Sergueï Lavrov: Nous avons souvent et fortement réagi en n’appelant pas seulement à la conscience, ce qui ne marche pas toujours dans le dialogue avec nos partenaires européens, mais également à respecter l’accord que vous avez mentionné à la lettre.

Nos collègues polonais tentent de l’interpréter comme s’ils préservaient uniquement l’état des monuments et des tombes, et non seulement des monuments en hommage aux soldats soviétiques.

Ce n’est pas le cas. Les juristes qui ont analysé cet accord ont confirmé que tous les mémoriaux se trouvant sur le territoire de la Pologne et de la Russie sans exception, s’il est question des mémoriaux se rapportant à l’histoire de la Pologne et de ses citoyens, devaient être conservés en bon état.

Nous menons le dialogue avec eux mais vous comprenez probablement qu’avec le gouvernement actuel de Varsovie ce n’est pas une affaire très prometteuse. Ils sont imprégnés de russophobie. J’ignore pourquoi.

En ce qui concerne nos déclarations, elles n’ont pas été faites uniquement au niveau du Ministère des Affaires étrangères.

Dans le cadre de l’OSCE nous avons préparé une déclaration conjointe à ce sujet et l’avons diffusée pendant la session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’OSCE il y a littéralement une semaine à Vienne.

Nous avons proposé d’inscrire ces formulations dans le document collectif de l’OSCE. Malheureusement, nos collègues occidentaux ont esquivé, mais le thème reste d’actualité.

Nous essaierons de faire en sorte qu’en Pologne et partout où sont érigés des monuments aux héros qui ont libéré l’Europe, ces derniers soient respectés et préservés.

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Astana, la capitale du Kazakhstan

3 – Question: Le 4 octobre 2016 à Astana, la capitale du Kazakhstan, a été signé un accord intergouvernemental sur la préservation de l’écosystème du bassin du fleuve transfrontalier Oural dans le cadre du 13e Forum de coopération interrégionale entre la Russie et le Kazakhstan. Quand sera créée la commission russo-kazakhe à cet effet?

Sergueï Lavrov: Je suis certain que les délais sont fixés par l’accord. De notre côté, le coprésident a déjà été nommé. Il s’agit du vice-ministre des Ressources naturelles et de l’Écologie. Je ne sais pas si les autorités du Kazakhstan ont nommé leur coprésident, mais je vérifierai et je transmettrai cette requête au Ministère des Ressources naturelles qui supervise cette question.

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alliance  entre la Russie, la Turquie et l’Iran

4 – Question: Une alliance se forme aujourd’hui entre la Russie, la Turquie et l’Iran, ainsi que certains pays qui s’en rapprochent.

  • Pourrait-elle se transformer à terme en une structure politique sérieuse qui communiquerait sur la base de ses intérêts?

Dans votre discours, vous avez mentionné que plusieurs de nos compagnies énergétiques étaient touchées par les sanctions. A terme, si une telle alliance se formait, il serait possible d’aider nos compagnies dans le cadre d’une telle « fraternité orientale ».

Sergueï Lavrov: Je dirais que nous avons trouvé un « trio » en tant que format de coopération sur la Syrie et nous exploitons avec succès les possibilités de chacun des trois pays.

Comme l’a déjà dit plusieurs fois le Président russe Vladimir Poutine, nos objectifs et intérêts ne coïncident pas à 100% mais, dans la diversité des approches de chaque pays sur tel ou tel aspect de la situation en Syrie, nous nous appuyons sur une solidarité absolue dans la nécessité de vaincre le terrorisme, de préserver l’intégrité territoriale, la souveraineté de la Syrie, de garantir l’harmonie de tous les groupes ethno-confessionnels de sa population.

Cette communauté d’intérêts assure un travail efficace permanent dans le cadre du format d’Astana, et pour la première fois le trio Russie-Iran-Turquie s’est réuni en sommet à Sotchi. Pendant ce sommet, vous le savez, a été avancée l’initiative de réunir le Congrès du dialogue national syrien.

Je ne vais pas m’étendre maintenant sur la nécessité et l’utilité de former à partir de ce « trio » quelque chose de permanent, de structuré et de bureaucratisé avec un secrétariat et un appareil. Chaque chose en son temps. Mais, dans l’ensemble, les problèmes actuels dans le monde sont tels qu’ils ne demandent pas des formations bureaucratiques figées – plutôt des coalitions souples qui permettent de réagir aux défis de notre époque rapidement et efficacement.

Après tout, les Brics ne sont pas non plus une organisation mais une alliance qui ne dispose d’aucun secrétariat et dont le fonctionnement est assuré par un pays-président. Bien sûr, la Russie, la Turquie et l’Iran sont loin d’être au même niveau de coopération que les Brics. Mais ce n’est pas non plus une alliance figée.

Nous avons et nous aurons effectivement des intérêts économiques, énergétiques et financiers communs parce que, pour des raisons évidentes, les trois pays ne veulent pas dépendre du système monétaro-financier mondial actuel contrôlé par les USA, qui tentent par ce biais d’exercer un chantage sur tous les autres par leur position dominante.

Cela ne plaît à personne, Chine y compris. C’est pourquoi, dans nos relations économiques avec la Turquie et l’Iran, nous essayons notamment de chercher des formes de paiements dans nos devises nationales. Dans ce sens, la coopération énergétique sera également plus indépendante de la conjoncture imposée par Washington.

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5 – Question: Le Président russe Vladimir Poutine a fixé pour objectif de renforcer significativement les efforts pour que le secteur touristique représente jusqu’à 10% du PIB russe. Il est très difficile de remplir cette tâche sans régler les problèmes liés aux procédures de visa, notamment pour le tourisme entrant (qui rapporte une partie maximale des revenus).

Ce travail a lieu à Vladivostok et nous sommes reconnaissants envers ceux qui le mènent. Depuis le 8 août 2017, plus de 5.000 personnes ont déjà obtenu des visas. Le même travail commence à Kaliningrad. Que pensez-vous de ce processus?

Sergueï Lavrov: Tout comme vous, nous le trouvons positif. Le passage au visa électronique résulte d’un grand travail interdépartemental. Le Ministère des Affaires étrangères est loin d’être le seul à participer au règlement de ces questions. Il y a aussi le Service frontalier du FSB et le Service fédéral des douanes.

Je pense qu’à l’étape actuelle, le visa électronique pour tout le port libre de Vladivostok , qui est déjà utilisé par les citoyens de plusieurs pays – mais pas tous, pas tous les pays parmi ceux qui seraient intéressants pour la région – est une solution optimale.

La situation est la même à Kaliningrad où a été établie une liste de pays dont les citoyens pourront facilement venir avec un visa électronique, mais elle n’inclut pas tous les pays. C’est le principe de réciprocité qui joue ici.

Je pense que la Russie ne devrait pas s’ouvrir unilatéralement aux citoyens de pays où nous ne sommes admis qu’au prix de procédures de vérification très strictes.

Dans le même temps, on constate un progrès positif en ce qui concerne l’application des règles Schengen dans le cadre desquelles il existe un large éventail de possibilités – allant jusqu’à délivrer en quelques jours des visas à entrées multiples de 5 ans. Plusieurs pays de l’UE, l’Italie par exemple, promeuvent activement cette approche. Bien sûr, nous répondons par la réciproque. Cependant, nous ne pouvons pas adopter entièrement un régime sans visa avec les pays de l’UE qui restreignent l’entrée dans le leur avec des exigences de visa, même si nous sommes prêts à signer avec chacun des accords appropriés.

Jusqu’en 2013, un processus très intensif de préparation d’un accord sur les déplacements sans visa entre la Russie et tous les pays de l’espace Schengen se déroulait, en plus de l’accord sur la simplification du régime sans visa qui était en vigueur depuis longtemps – et l’est encore.

Nous voulions entièrement passer au régime sans visas pour une large catégorie de citoyens, notamment pour les sportifs, les touristes, les scientifiques et les hommes d’affaires. L’accord était prêt. Nous avions même organisé des consultations spéciales d’experts qui avaient permis à l’UE de s’assurer que nous aurions seulement des passeports biométriques, que nous pourrions travailler avec eux et que nous disposerions des équipements nécessaires. Un accord sur la réadmission a également été signé car l’UE craignait que nos citoyens puissent y élire résidence de manière permanente (comme les Ukrainiens aujourd’hui qui sont aujourd’hui près d’un million, je crois). Nous étions convenus de tout.

Toutes les préoccupations de l’UE ont été levées, ce que Bruxelles a confirmé. C’était peu de temps avant les événements en Ukraine, avant que l’UE ne se fasse mener par Washington et ne décrète des sanctions.

Puis ils ont essayé de présenter la situation comme si, en réponse aux affaires ukrainiennes, ils avaient gelé le travail sur cet accord. En réalité ils l’ont suspendu parce que certains pays russophobes de l’UE ont dit qu’ils ne soutiendraient pas, pour des raisons politiques, la signature d’un accord sur le régime sans visa avec la Russie tant que ce dernier ne serait pas étendu à l’Ukraine, à la Moldavie et à la Géorgie. Vous comprenez: c’est la politicaillerie qui a empêché d’adopter cet accord.

Mais notre but consiste à élargir le cercle des pays avec lesquels nous avons de tels accords.

Nous n’avons déjà plus de visas avec une grande partie de l’Amérique latine (à l’exception d’un seul pays), de nombreux pays en Asie, la Corée du Sud.

Nous sommes prêts à signer un tel accord avec le Japon, nous avons un régime préférentiel avec la Chine.

Nous voyons l’objectif mais j’espère que tout le monde comprend qu’un pays comme la Russie ne peut pas s’ouvrir unilatéralement, sans réciprocité.

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6 – Question: En Crimée nous avons toujours pensé que l’Ukraine ne pourrait devenir un État prospère qu’à condition de construire des relations absolument amicales avec la Fédération de Russie. Il est évident qu’à l’heure actuelle, l’Ukraine se trouve sous le contrôle extérieur d’États qui ne souhaitent pas une amitié entre l’Ukraine et la Russie.

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Mais, sur fond de résultats peu convaincants de Kiev dans ses aspirations européennes, est-ce que rien n’indique que le gouvernement actuel a conscience de la nécessité de normaliser les relations avec la Russie?

Sergueï Lavrov: Honnêtement, je ne vois pas de signes. Je suis d’accord avec vous sur le fait que le pays se trouve sous un contrôle extérieur, mais avec une précision: nous savons parfaitement que les pays comme la France et l’Allemagne qui participent au Format Normandie, d’autres pays de l’UE et même les USA reconnaissent sincèrement dans leurs discussions internes que ce régime ukrainien commence déjà à se comporter comme la « queue qui remue le chien ».

Ce qu’ils font aujourd’hui à Kiev, même par rapport au mécanisme recommandé et imposé par Washington pour la lutte contre la corruption, est un manquement à leurs engagements.

Étant donné que nos partenaires occidentaux se sont publiquement engagés à soutenir la révolution démocratique qui a eu lieu, à présent ils ne peuvent pas « manger leur chapeau » et revenir sur leurs propos pour dire qu’il s’agit d’une nouvelle expérience ratée après celle de Mikhaïl Saakachvili.

Le Président ukrainien Petro Porochenko en profite et le fera tant que l’Occident n’aura pas le courage de dire qu’il avait tort

  • en provoquant la révolution du Maïdan qui a renversé le Président légitimement élu et reconnu par tous,
  • quand il a laissé les radicaux arriver au pouvoir qui se sont attaqués à la langue russe,
  • quand il a ignoré les propos de Dmitri Iaroch qui a déclaré deux jours après le coup d’État que les Russes en Crimée ne glorifieraient jamais Choukhevitch et Bandera et que pour cette raison ils ne devaient pas y vivre.
    • Comme s’ils ne comprenaient pas que ces propos n’étaient pas des paroles en l’air.
    • Ces propos ont été prononcés à un moment fatidique.

Les Criméens et les habitants de l’Est de l’Ukraine ne pouvaient pas ne pas y réagir.

Malheureusement, je suis assez pessimiste en ce qui concerne la vision actuelle qu’ont les autorités ukrainiennes de l’avenir de leur État dans le contexte des relations avec la Russie.

La population voit ces choses de manière bien plus réaliste et comprend que les autorités actuelles tentent de presser au maximum leur pays et les relations avec l’Occident, mais ne représentent pas les intérêts du peuple ukrainien.

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7 – Question: Monsieur Lavrov, nous comprenons toute la complexité de votre travail. Nous vous remercions d’être au service de la Russie. Nous voyons comment, avec de belles paroles sur la démocratie, les USA déclenchent des guerres civiles et détruisent des États entiers.

  • Sachant que le « combustible » est recherché dans le pays-victime.
  • Il est peut-être temps pour nous aussi de participer à la lutte des Africains et des Amérindiens pour la préservation de leurs droits et de la démocratie en Amérique?
  • Je pense que de nombreuses femmes en Russie sacrifieraient leurs bijoux en or pour cette noble cause.
  • Peut-être qu’alors, les USA n’auraient plus le temps de s’occuper d’autres pays et se focaliseraient sur eux-mêmes?

Sergueï Lavrov: Il ne nous serait probablement pas bénéfique de nous occuper de ce genre de choses du point de vue de notre morale chrétienne orthodoxe et musulmane -dans la partie du pays ou vivent des musulmans – ainsi que de nos intérêts pragmatiques.

Je ne pense pas qu’il serait à notre avantage que de grands pays « sombrent dans le gouffre » de révolutions intérieures.

Mais c’est un fait qu’aujourd’hui l’histoire, entre autres des conquêtes, des guerres et des victoires, est activement utilisée comme un instrument de politique antirusse et non pour préserver la mémoire de différents événements.

Vous le savez, le thème le plus populaire est la Seconde Guerre mondiale – qui l’a commencée, quels sont ses résultats, si les décisions du procès de Nuremberg sont immuables et éternelles…

Nous sommes prêts à discuter à ce sujet mais nos partenaires sont troublés quand on leur rappelle simplement les événements qui ont eu lieu 15 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Colonisation_1938

ÉTAT DES COLONIES EN 1938

Je veux parler de la décolonisation et de tout ce qu’a fait le colonialisme dans le monde contemporain. Ce à quoi on nous répond que nous faisons de la propagande.

Autrement dit, réécrire les résultats de la Seconde Guerre mondiale n’est pas de la propagande selon eux.

Mais ils ne veulent pas dire ce qu’ils pensent vraiment de l’époque coloniale et de ses conséquences.

Or c’est également lié au traçage de frontières « à la règle » au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, à la « découpe » de groupes ethno-confessionnels qui sont aujourd’hui un ressort de déclenchement des conflits.

C’est pourquoi je pense que la conversation sur ces thèmes doit être ouverte, honnête et que personne ne doit l’esquiver.

Tous les six mois, je m’entretiens avec les ambassadeurs de toute l’UE. Ils ont de nouveau abordé le thème de la Crimée. J’ai expliqué que ceux qui voulaient voir comment vivaient aujourd’hui les Criméens et si les droits de l’homme étaient enfreints pouvaient le faire.

Par exemple, le représentant du Conseil de l’Europe Gérard Stoudmann s’est rendu en Crimée et a rédigé un rapport très honnête. De nombreux députés visitent la Crimée, et plusieurs observateurs étrangers ont assisté au référendum. C’est pourquoi aucune question ne se pose à ce sujet.

Carte des nouveaux états et date d'indépendance APR7S 1945 artoff14783

Carte des nouveaux états et date d’indépendance après 1945

J’ai demandé aux représentants de l’UE comment ils voyaient la situation des territoires d’outre-mer de l’un de ses membres, la France.

Quand, dans le cadre du processus de décolonisation sur décision de l’Onu et avec l’accord de la France, les îles Comores ont voté sur leur propre sort – devenir indépendantes ou rester au sein de la France en tant que territoires d’outre-mer – tout le monde a voté pour l’indépendance sauf Mayotte.

La condition du référendum était que la décision soit prise par une simple majoritési tous les autres votaient pour l’indépendance, Mayotte ferait également partie des Comores indépendantes.

Mais les Français ont dit « non ». L’entente initiale était différente mais puisque la population le souhaitait la métropole a décidé de conserver son autorité sur l’île de Mayotte.

Plusieurs résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies ont exigé que la France reconnaisse les résultats du référendum tel que c’était prévu avant le vote.

Mais les Français l’ont ignoré.

Au début du XXIe siècle, Mayotte est devenue un territoire d’outre-mer, une partie souveraine de la République française. J’ai cité cet exemple pour comprendre l’attitude de l’UE envers le respect, étant donné que sur la Crimée il a été dit que le référendum avait été organisé à la va-vite, ce qu’on ne peut pas du dire sur le référendum des Comores – pour lequel l’Onu avait fixé des conditions au préalable. L’Ambassadrice de France en Russie Sylvie Bermann s’est mise à dire que nous comparions l’incomparable. Je ne comprends pas pourquoi nos partenaires occidentaux n’aiment pas du tout comparer honnêtement leur comportement et celui de la Russie sur la scène internationale.

Je ne suggérerais pas à nos femmes de renoncer à leurs bijoux au profit de ce que vous venez de dire.

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8 – Question: Vous avez souligné à plusieurs reprises qu’actuellement le « soft power » était une composante importante des relations diplomatiques.

Vous savez aussi parfaitement que 135 associations d’amitié ne disposent pas d’endroit pour se réunir et enregistrer leur adresse juridique.

Après le décret de 1992 de Boris Eltsine avait été lancée la Maison de l’amitié sur la base de Rossotroudnitchestvo, mais depuis 1994 cette plate-forme n’existe plus.

Vous avez écrit plusieurs lettres au gouvernement russe et au maire de Moscou à ce sujet.

Des hauts fonctionnaires de Moscou me disent toujours: «Si le Ministère russe des Affaires étrangères le juge nécessaire, pourquoi n’alloue-t-il pas deux ou trois de ses propres locaux pour la Maison de l’amitié?»

Sergueï Lavrov: Deux ou trois locaux ne sont pas un problème, bien sûr. Je ne pense pas que cela suffira. Nous nous souvenons tous de la Maison de l’amitié, où elle se trouvait et à quel point c’était beau. Malheureusement, il est difficile de s’imaginer aujourd’hui pouvoir la remplacer. D’ailleurs, Rossotroudnitchestvo travaille aujourd’hui dans les locaux qu’on avait également essayé d’utiliser à d’autres fins. Pour l’instant nous l’avons empêché. Nous terminons les travaux de l’aile droite et il est prévu d’y faire déménager Rossotroudnitchestvo. J’espère vraiment qu’au moins un local de ceux qu’ils occupent aujourd’hui pourra être utilisé, entre autres, pour cela. Je le noterai et j’y veillerai. Ce n’est pas une question de jours. Il faut d’abord terminer les travaux.

Poutine-Moyen-Orient

Vladimir Poutine  en Égypte, en Syrie, en Turquie

9 – Question: Que pensez-vous des perspectives de développement des relations avec les pays du Moyen-Orient?

Sergueï Lavrov: En un mot, je les juge positives. Je vais essayer d’expliquer et de détailler ma pensée.

Nous avons des relations de longue date depuis que les troubles, la lutte pour l’indépendance et les différentes guerres ont commencé au Moyen-Orient.

A l’époque de l’URSS déjà, nous prenions le parti des Arabes dans leur guerre contre Israël, même si l’Union soviétique a été le premier pays à reconnaître l’indépendance et la souveraineté d’Israël immédiatement après sa création.

Puis quand, à la fin de la période soviétique, les relations avec Israël se sont normalisées, la Russie contemporaine s’est engagée sur ce qu’on appelle la « ligne multivectorielle » dans sa Conception de la politique étrangère de 2000 (cette tâche est toujours présente dans la dernière mouture de la Conception de la politique étrangère russe):

  • développer les relations avec tous ceux qui sont prêts à le faire sur une base équitable.

Depuis, nous avons pu créer un partenariat avec pratiquement tous les pays arabes, y compris ceux qui n’entretiennent pas de bonnes relations avec Israël.

En parallèle, nous avons développé nos relations avec un pays crucial pour la région: l’Iran.

Aujourd’hui, nous entretenons avec pratiquement tous les pays du Moyen-Orient de très bonnes et étroites relations politiques, commerciales, économiques et socioculturelles.

Nous défendons la justice, nous restons toujours fidèles à nos propos et ne changeons pas notre politique en fonction de la conjoncture internationale ou nationale: c’est là un grand facteur de la ligne que nous menons en principe sur la scène internationale.

Des dirigeants contestés dans le monde arabe

Quand le Printemps arabe a commencé et que nous nous sommes fermement opposés à ce que les pays occidentaux se sont mis à faire

en Libye, puis en Syrie, on nous disait (vous vous souvenez de ce qu’a dit Barack Obama?) que la Russie resterait du « mauvais » côté de l’histoire et qu’elle serait maudite par les peuples arabes pour son soutien aux dictateurs qui les opprimaient.

Que nenni!

  • Ni en Irak (tout cela a commencé en Irak quand nous nous sommes opposés à l’agression),
  • ni en Libye
  • ni en Syrie
  • ni ailleurs

aucun groupe politique, ethnique et confessionnel ne percevait la Russie comme un ennemi.

Il y a des solitaires comme ceux qui jusqu’à récemment étaient à la tête de l’aile radicale de l’opposition syrienne, des émigrés qui étaient financés avec des fonds étrangers. C’est leur fonction d’avancer des ultimatums – sinon ils perdraient leur travail en cas de règlement du conflit.

C’est pourquoi il me semble que c’est principalement le résultat de la ligne menée par le Président russe Vladimir Poutine depuis son premier mandat: une position multivectorielle et ouverte envers tous ceux qui sont prêts à mener les affaires avec nous gentiment et honnêtement.

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10 – Question: La Russie a déposé une demande pour organiser l’Exposition universelle Expo 2025 à Ekaterinbourg.

C’est un moment crucial – il faut faire la promotion de la requête et des intérêts de la Russie dans les pays qui sont membres du Bureau international des Expositions.

Dans ce processus, un rôle important incombe au Ministère des Affaires étrangères, bien sûr. Je voudrais que vous nous disiez à quel point aujourd’hui l’Appareil central du Ministère est actif à ce sujet, comment les ambassades de notre pays participent à ce processus.

Sergueï Lavrov: Les ambassades y participent depuis longtemps, depuis la proposition de la candidature d’Ekaterinbourg. Lors de mes entretiens avec les ministres de tous les pays, ce sujet est systématiquement évoqué, nous leur rappelons toujours notre requête.

Je peux dire que cela fait partie intégrante de tous les documents préparés pour le Président russe Vladimir Poutine dans le cadre de ses contacts internationaux. Il mentionne toujours ce sujet. Il reste moins d’un an avant le vote (ce sera au printemps 2018, je crois). Nous avons de célèbres concurrents – Paris, Osaka, Bakou. Bien évidemment, ils travaillent aussi pour promouvoir leur requête. Il est encore difficile de faire des pronostics mais nous suivons en permanence ce travail.

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11 – Question: La campagne militaire syrienne s’est terminée, nos militaires ont obtenu une immense expérience de coopération avec différentes unités syriennes, irakiennes, iraniennes et turques.

Le Ministère russe des Affaires étrangères et notre diplomatie ont obtenu une grande expérience de création d’associations de forces politiques au format d’Astana. Je pense que c’est un immense mérite, entre autres le vôtre.

Mais le terrorisme n’a pas disparu, il se déplace simplement en Irak. Nous voyons et recevons des informations de la part de nos partenaires afghans indiquant que des camps de Daech se trouvent au nord de l’Afghanistan. Comment le Ministère russe des Affaires étrangères travaille-t-il dans ce sens avec ses partenaires afghans? Comment jaugez-vous la menace potentielle qui grandit en Afghanistan?

Sergueï Lavrov: Nous voyons très clairement cette menace non seulement en Afghanistan, mais également dans d’autres régions. Vous avez dit à juste titre que Daech avait été vaincu en Syrie dans le sens où les foyers qui y avaient été créés et où Daech faisait sa loi ont été supprimés. Mais, bien évidemment, il reste des groupuscules disparates qui seront éliminés, cela ne fait aucun doute. La plupart sont partis à l’étranger, y compris en Irak, même si nous avions demandé plusieurs fois aux Américains et leur coalition de l’empêcher.

Il y a eu un épisode pendant lequel des terroristes de Daech ont fui de Syrie en Irak où nos forces aériennes n’ont pas de juridiction, mais les Américains oui.

Nous leur avons transmis l’information en disant qu’ils devaient éliminer ce groupe.

Ils ont répondu qu’ils ne le feraient pas parce qu’il s’agissait de prisonniers de guerre dont le statut est protégé par les conventions de Genève. C’était évidemment une position complètement inadmissible mais, malheureusement, elle est très profonde dans les approches américaines.

A l’époque de Barack Obama déjà, les Américains ont inventé le concept de lutte contre l’extrémisme violent qui est très simple en principe. L’extrémisme s’installe là où il existe un régime dictatorial qui étouffe la société civile.

C’est pourquoi, pour empêcher les manifestations extrémistes, la communauté mondiale doit, en contournant les régimes dictatoriaux, éduquer la société civile pour lui expliquer comment elle doit organiser la démocratie dans son État.

L’objet de la question est clair. Mais ce concept semble avoir encore un autre objectif. En introduisant le terme d’« extrémistes violents » ils tentent de ne pas présenter ces individus comme des terroristes mais comme une catégorie à part dans le but de pouvoir, à terme ou dès à présent, en jouant sur les mots, assimiler certains combattants aux terroristes qui doivent être éliminés, et d’autres à la catégorie des extrémistes violents qui peuvent encore être éduqués.

C’est une tendance dangereuse à laquelle nous nous opposons fermement. Notre approche est connue et elle est immuable.

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En ce qui concerne l’Afghanistan, nous sommes préoccupés par l’élargissement de la présence de Daech aux frontières de nos voisins d’Asie centrale.

Tout d’abord, ses combattants ont lancé une offensive vers le nord, ce qui laisse à penser que l’Asie centrale sera leur prochaine cible.

Nous travaillons dans le cadre de l’OTSC et de l’OCS – non seulement au niveau des ministres des Affaires étrangères, car il s’agit d’un problème complexe, mais aussi en réunissant les structures de force, les renseignements et les ministères de la Défensepour élaborer des plans concrets de lutte contre cette menace terroriste.

Qui plus est, il faut souligner l’activité du groupe de contact OCS-Afghanistan qui s’est réuni en octobre dernier à Moscou et se réunira la prochaine fois en Chine au début de l’année 2018.

La lutte contre la menace terroriste sera l’une, des questions principales de son agenda.

On a formé un mécanisme similaire au sein de l’OTSC qui a son propre groupe de travail pour l’Afghanistan visant notamment à adopter des mesures de prévention afin d’empêcher cette menace de s’introduire en Fédération de Russie.

Qui s’occupera de ce problème à l’intérieur de l’Afghanistan?

  • Les forces de sécurité afghanes,
  • les forces armées de l’Afghanistan.

Nous aidons activement à les équiper avec les armes nécessaires.

Malheureusement, les Américains qui sont présents en Afghanistan depuis 2011 en tant que leaders de la coalition de l’Otan – 120 000 militaires – se sont avérés incapables de mettre fin au terrorisme.

  • Ils n’ont pas supprimé la production d’opium alimentant financièrement le terrorisme, mais ils ont aussi tout simplement assisté à sa croissance rapide.
  • Cette année, on a constaté des records de production d’opium et d’héroïne.
  • Ils refusent de s’en occuper.
  • Concernant la lutte contre le terrorisme, aucune excuse n’est plus possible car cet objectif est stipulé par le mandat des forces de l’Otan.

Nous n’avons pourtant reçu aucune réponse concrète à nos questions concernant les mesures qu’ils entreprendraient.

Qui plus est, nous avions dans le cadre du Conseil Russie-Otan un projet très important de livraison et de maintenance d’hélicoptères russes en Afghanistan aux frais de tous les membres du Conseil Russie-Otan.

  • Ces hélicoptères sont une arme optimale pour combattre les terroristes.
  • Les Afghans savent conduire ces appareils qui sont très résistants.
  • Ce programme a été un succès.

Quand l’Otan a fermé tous les canaux de communication suite au coup d’État en Ukraine – qu’elle a soutenu – nous avons poursuivi ce programme au niveau bilatéral avec l’Afghanistan.

  • Les Afghans en étaient très contents.
  • Récemment, les États-Unis se sont mis à insister pour que l’Afghanistan renonce à ces hélicoptères et achète des appareils américains.
  • Ils ont également voulu que l’Afghanistan
    • mette hors service 50 000 fusils d’assaut Kalachnikov qui avaient été offerts gratuitement et avec les munitions nécessaires aux forces afghanes,
    • et achète des armes américaines.

Cela pose deux questions. Quel sera le sort de ces fusils d’assaut (nous l’avons déjà posée aux Afghans)?

Afghanistan Afghan forces, backed by the United States

Et quelles sont les raisons de cette volonté de torpiller la capacité de l’armée afghane à utiliser les armes habituelles et de lui imposer des armements nouveaux dont il lui faudra encore prendre connaissance?

La seule réponse est que les Américains tentent de créer des obstacles sur notre chemin parce qu’ils aiment cet « art ».       

***

Crimée au très riche patrimoine naturel et historique....1432716663

la superbe Crimée au très riche patrimoine naturel et historique….

12 – Question: Quelles sont les perspectives de victoire dans le conflit autour de la Crimée?

Sergueï Lavrov: La situation s’est normalisée. C’était déjà le cas pour nous après le vote des Criméens. Ce sont ceux qui ne peuvent pas accepter ce fait comme une réalité objective et un rétablissement de la justice historique qui doivent « se normaliser ». J’espère que tout le monde comprendra ce fait.

Dans tous les cas, nos collègues occidentaux qui viennent en Crimée comprennent tout de suite le caractère mensonger de la propagande insistant sur les persécutions des habitants et les violations des droits de l’homme.

Notre position est très honnête: venez voir vous-mêmes. Il est difficile de rejeter cette proposition.

13 – Question: Je voudrais vous remercier. Hier, lors de la conférence de presse du Président russe Vladimir Poutine, aucun journaliste étranger n’a posé de questions sur la Crimée. Grâce à vous. Je pense qu’ils ont entendu la position du Président russe Vladimir Poutine qui avait affirmé que la question criméenne était close.

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Sergueï Lavrov: Ils ont entendu le Président. Tant mieux.   

*

*Valentina Ivanovna Matvienko (en russe : Валентина Ивановна Матвиенко), née Toutina, est une femme politiquerusse, née le 7 avril1949 à Chepetivka (oblast de Khmelnitski, RSS d’Ukraine). Elle est l’actuelle présidente du conseil de la Fédération (Chambre haute).
Biographie
Considérée comme une « proche » du président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine, elle occupe, à partir du 5 octobre 2003, les fonctions de gouverneur de Saint-Pétersbourg … Valentina Matvienko a été citée par les médias comme susceptible (parmi d’autres possibles successeurs) de succéder à Vladimir Poutine, au printemps 2008, au poste de président de la Fédération russe.
En août 2011, Valentina Matvienko annonce sa démission du poste de gouverneur1. Elle est nommée par son successeur Gueorgui Poltavtchenko au Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement qui représente les sujets de la Fédération). En septembre 2011, elle est candidate pour l’élection au poste de président du Conseil de la Fédération et élue le 21 septembre2.
Elle est membre du comité honoraire du Centre international pour enfants disparus et sexuellement exploités.
Elle fait partie des personnalités politiques russes que l’administration de Barack Obama a suspendues de visa et dont elle a gelé les éventuels avoirs aux États-Unis, en représailles au rattachement de la Crimée à la fédération de Russie3, le 16 mars 2014. En réponse à cette mesure, elle déclare: « les sanctions contre de hauts officiels russes remplissant leurs fonctions d’État constituent en une décision sans précédent ; rien de tel ne s’est passé pendant la Guerre froide. Si l’on appelle cela par son nom, il s’agit d’un chantage politique. Les États-Unis sont bien conscients que je n’ai ni compte, ni actif, ni propriété à l’étranger. Je n’ai jamais eu d’affaires à l’étranger. C’est pourquoi je considère que ces mesures à mon encontre sont des tentatives de pression contre ma position de principe. »4. Le vice-président du Conseil de la Fédération, Sergueï Jelezniak, est également frappé des mêmes mesures, mais cette fois-ci de la part de l’Union européenne, pour le même motif. Suivant les États-Unis, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne frappent quelque temps plus tard Valentina Matvienko des mêmes sanctions.

&

Le Conseil de la Fédération  au nom complet de Conseil de la Fédération de l’Assemblée fédérale de la fédération de Russie (en russe : Совет Федерации Федерального Собрания Российской Федерации, Soviet Federatsii Federal’nogo Sobrania Rossiskoï Federatsii) est un des organes législatif du Parlement russe. En effet, l’Assemblée fédérale de la fédération de Russie est constituée de deux chambres : Le Conseil de la Fédération représentant la Chambre haute et la Douma d’État représentant la Chambre basse.
Le Conseil de la Fédération est composé de deux représentants pour chacun des 85 sujets fédéraux. Ainsi sont représentés 22 républiques, 46 oblasts (provinces), 9 krais (territoires), un oblast autonome, 4 districts autonomes et 3 villes fédérales.
Le Conseil de la Fédération reflète dans ses activités les intérêts et les points de vue des différents sujets de la fédération de Russie. Le Conseil tient ses séances dans le bâtiment principal de la rue Bolchaïa Dmitrovka à Moscou, une ancienne maison de l’Agence de bâtiment d’État soviétique (Gosstroï). On trouve aussi des bureaux et des salles du comité dans la rue Novy Arbat. Les deux Chambres de l’Assemblée fédérale sont physiquement séparées, la Douma d’État siégeant dans un autre lieu de la capitale. VOIR PLUS SUR –  https://fr.wikipedia.org/wiki/Conseil_de_la_F%C3%A9d%C3%A9ration_(Russie)

SOURCE/  http://www.mid.ru/fr/foreign_policy/news/-/asset_publisher/cKNonkJE02Bw/content/id/2992396