1 – La com, c’est la plaie !
2 – En politique, une image pour faire la différence

Il paraît que « la com à la papa, c’est fini » et qu’en 2017, l’heure n’est plus « aux spin doctors omniscients… mais à l’impro et à la créativité » (Le Parisien[1]).
Par Philippe Bilger – 31 janvier 2017
Mais dès lors que cette « impro » et cette « créativité » ne surgissent pas de l’être qui seul pourrait leur donner sens et authenticité, mais de la cellule en communication qui l’entoure, qui l’enserre, elles sont caduques et de fait, la plupart du temps, apparaissent moins comme l’expression d’une personnalité que comme la soumission à un verbe et à une cohérence venus d’ailleurs.
Le jour où la vie publique sera débarrassée de la communication institutionnalisée, où les cellules de communication ne viendront pas pour tout et n’importe quoi dicter aux élites, à des responsables politiques ou autres, dans tous les domaines du pouvoir, de l’autorité, de l’entreprise et de la culture, pour l’attaque aussi bien que pour l’apologie, ce qu’ils devront proférer, la démocratie s’en trouvera mieux. Et la morale. Et la capacité de convaincre.
Au hasard de mes rencontres professionnelles je suis tombé des nues quand on m’expliquait que par exemple des grands patrons avaient besoin d’intenses travaux préparatoires pour s’exprimer devant des assemblées générales. Même très peu de temps. Comme s’ils ne savaient plus penser par eux-mêmes – ou en tout cas sans le concours d’une « cellule de com » -et parler librement.
Quand je lis cette interrogation : « Anne Méaux sauvera-t-elle Fillon ? », immédiatement je crains le pire et de fait, depuis quelques jours, il est parfois advenu.
Je ne connais pas Anne Méaux dont la réputation est irréprochable et la place dominante dans son espace professionnel.
Pour ma part, et j’ai bien conscience d’ériger une piqure d’épingle en démonstration incontestable, je me méfie des célébrités et des compétences systématiquement vantées qui ne sont même pas capables, malgré leur infrastructure technique et d’assistance, de cette politesse élémentaire, pour qui prétend enseigner la bonne manière de communiquer, de l’accusé de réception pour les courriers et les messages reçus.
Je suis en effet obligé de constater que la communication du candidat Fillon qui avait dominé la primaire de la droite et du centre et suscité l’adhésion à la fin de « L’Emission politique » avec David Pujadas n’a pas été à la hauteur depuis la publication d’une charge du Canard enchaîné contre lui-même et son épouse.
Et je connais trop bien cette publication pour imaginer que son offensive va s’arrêter net alors qu’au contraire elle va être de longue haleine et s’en prendre, sous toutes ses facettes, à l’existence politique et personnelle de François Fillon.
Il faut donc se préparer à cet avenir et la meilleure des méthodes – je continue à le penser au risque d’apparaître pour un naïf – est de laisser le principal intéressé et son épouse – puisqu’ils ont été entendus déjà dans l’enquête ouverte par le Parquet national financier (PNF) – exprimer avec sincérité et sans calcul la vérité de leur proximité, de leur collaboration et de ses avantages de toutes sortes.
J’ai été effaré quand la première réaction de François Fillon, après la publication de l’article du Canard, a incriminé « le temps des boules puantes » et dénoncé « la misogynie ». Ce n’était pas le sujet et la riposte était totalement inadaptée. C’était de la com !
Ensuite il a heureusement rectifié le tir et sa prestation sur TF1 a été remarquable. Il était parfaitement capable à lui seul de répondre aux questions de Gilles Bouleau en mettant l’accent sur la manoeuvre politique, les éléments factuels du travail de son épouse et l’émotion de l’époux de la voir ainsi accablée. J’espère qu’il n’a pas eu besoin pour préparer ces quelques minutes de télévision de tout un « staff » auprès de lui venant lui présenter des idées et une argumentation infiniment banales pour qui se trouve dans la position d’un favori dénigré.
La manifestation de La Villette a été un succès considérable avec tout de même, dans l’ambiance enflammée, une ou deux considérations qui ne me semblaient pas opportunes. Il ne peut pas déplorer que son épouse soit dans le débat public alors que la polémique, à laquelle il oppose sa vigueur intellectuelle et son talent de contradicteur, la met forcément, avec lui, au cœur de celle-ci. Pas besoin de com pour comprendre cela !
Une équipe doit-elle réfléchir à la place de François Fillon, alors qu’il a auprès de lui l’aide précieuse du sénateur Retailleau, pour appréhender les divers niveaux de la dispute ?
Le légal, la réalité du travail, la décence du comportement, tous éléments qui ne seraient pas autant pris au sérieux si François Fillon n’avait pas réussi à imposer, dans une classe politique pas trop rigoriste, jusqu’à aujourd’hui une image de parfaite intégrité.
A-t-on besoin d’une cellule de com pour se pencher sur ce possible hiatus dont les conséquences pourraient être dévastatrices si sa bonne foi et son honnêteté n’étaient pas admises ?
Il y aura d’autres attaques. François Fillon ne devra pas organiser un symposium pour tenter de trouver la parade ! La plus belle, et en même temps la plus efficace, tiendra à l’affirmation de ce qu’il est, de ses forces et éventuellement de ses faiblesses. L’amour qu’il éprouve pour son épouse ne peut que toucher le citoyen. Un tel sentiment lui attirera les faveurs d’une majorité s’il ne se traduit pas de sa part par une volonté excessive et peut-être trop habile de mettre Pénélope à l’abri. D’aucuns sont choqués qu’elle ne prenne pas la parole. De fait, si elle s’exprimait, elle ne tomberait pas dans la vulgarité médiatique…
La com, c’est la plaie pour cette raison fondamentale que pour se justifier, ces cellules, ces équipes, ces collectifs ont besoin de faire croire à ceux qu’ils conseillent et inspirent qu’ils ne sauraient pas trouver eux-mêmes les mots et les idées. C’est absurde.
Et il y a encore plus grave.
Pour démontrer leur nécessité, ils cherchent à proposer des répliques, des argumentaires et des stratégies qui se doivent à toute force d’apparaître originaux, inventifs et parfois tellement décalés qu’ils tombent dans le ridicule.
Pour que leur « poulain » – leur protégé ou leur victime ? – ne puisse pas concevoir une seconde qu’il serait capable à lui seul de les élaborer, d’avoir l’imagination pour les concevoir. Il faut qu’il se ressente inférieur à ceux qui lui font croire que leur dictée est la bonne.
Et c’est la catastrophe. Face à un réel qui appelle des réponses claires, sans équivoque, adaptées à la joute, au lieu de privilégier sa parole, sa sincérité, sa bonne foi, l’homme ou la femme, se croyant en péril, va chercher hors de lui ou d’elle une matière qui sera maladroite, imprudente, biaisée et corsetée.
Puisque ce ne sera pas la leur, authentique et spontanée.
On n’a pas à travailler sur la vérité pour l’organiser ou la rendre présentable, on a à la dire. Et on gagnera sur les deux tableaux.
La com, c’est vraiment la plaie !

2 – En politique, une image pour faire la différence (14/03/2012)
Les hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui l’ont bien compris : l’image influence l’opinion, il faut donc la maîtriser pour l’utiliser à son avantage.
L’avènement de la télévision confère à l’élection présidentielle une importance accrue à l’image. Chez les candidats, rien n’est laissé au hasard et tout est réglé sur mesure : l’habillement, la posture, la forme et le contenu du discours.
Depuis 2008, un grand changement s’est opéré dans le mode de communication des politiques. La Direction de campagne de Barack Obama va se servir d’outils en ligne pour raconter l’histoire de leur candidat (e-storytelling), lui permettant ainsi de remporter la victoire aux élections présidentielles. Le cyber-candidat ou le Net-Président changera de façon indéniable les donnes du marketing politique de tous les futurs candidats de par le monde.
Désormais le marketing politique repose sur trois principaux outils :
- les médias,
- les réseaux sociaux,
- l’image personnelle et professionnelle.
Hommes politiques : la révolution de l’image
L’éloquence ne suffit plus pour séduire l’électeur : le look est devenu une composante essentielle du pouvoir masculin.
Le changement n’intervient vraiment qu’au début des années 80. L’heure du look a sonné.
En 1981, les Français élisent un socialiste, François Mitterrand, qui, à 65 ans, s’est enfin résolu à un petit limage des dents. Jack Lang fait sensation en costume Thierry Mugler, sans cravate mais avec col Mao.
La valorisation par l’image des candidats aux élections présidentielles prend toute sa dimension.
En 2007, le candidat de la droite Nicolas Sarkosy soigne son image jusqu’au moindre détail. Tout est soigneusement étudié : complet bleu nuit ou noir avec chemise blanche ou bleu ciel, parfois rose, couleurs froides et sobres très consensuelles tout en étant ancrées dans les codes traditionnels de la droite (rigueur, respect des valeurs et de l’autorité).
En 2012, l’ancien premier secrétaire du Parti Socialiste François Hollande pour se présenter comme candidat aux présidentielles revisite totalement son image et se prend en main pour lutter contre une image de mollesse qui lui collait étrangement à la peau.
Et les femmes dans tout cela ?
On constate une quasi-absence de modèles politiques féminins. Force est d’admettre que les femmes qui aspirent à gouverner ou gouvernent ne sont pas différentes de leurs confrères mâles. Et si ces qualités dites féminines avaient plutôt découlé du rôle qui leur était jadis attribué dans la société traditionnelle ? La discrétion, la modestie, la délicatesse, la réserve, la douceur correspondaient à l’image de la mère et de l’épouse telle qu’on la souhaitait.
La femme moderne, décomplexée, affranchie, ambitieuse, parfois en quête de pouvoir, a fracassé cette image de la féminité. En politique, on constate que seules les femmes changeant de groupe d’appartenance, en s’attribuant des qualités masculines, peuvent être reconnues comme pouvant accéder à un poste de pouvoir typé historiquement masculin, et ce d’autant plus que ce poste est haut placé. Dans cette hypothèse ne peut-on pas conclure que Ségolène Royal en tant que « femme prétendante au pouvoir suprême » en 2007 n’a pas pu l’obtenir du fait de son statut de « femme féminine ».
Quand à la parité homme/femme dans le milieu politique, on peut constater que l’on est loin du compte. Au classement 2010 du World Economic Forum, la France est en régression, occupant le 46ème rang au niveau de la parité politique, le 60ème pour les responsabilités économiques et… la 127ème place pour les écarts salariaux…
Les politiques doivent travailler leur image…
L’apparence appartient au vecteur de la communication non verbale qui est le plus significatif : 55%. Les autres vecteurs de la communication sont le para-verbal (la voix, le ton, l’intonation) : 38 % et le verbal (les mots) : 7%. Dans ce cadre, un simple bonjour vous coûte 93 % de votre communication !!
Quel que soit sa cible, la personne politique doit apprendre à :
– Mieux se connaitre et révéler sa personnalité et ses talents
– Gagner en crédibilité et en notoriété tout en restant authentique
– Comprendre les codes de la diversité
– Comprendre les impacts de leur image
– Maitriser les outils liés à l’image (coiffure, maquillage, vêtements & accessoires, couleurs et tendances, gestes et posture)
– Manager son image dans le cadre de la prise de parole en public
– Savoir être à l’aise avec la communication de proximité
– Utiliser et maîtriser son image à travers les réseaux sociaux : viadeo, linkedin, xing, facebook…. et identifier et contrôler son é-réputation
– Renforcer et affirmer son leadership et son charisme
– Travailler la notion d’ambassadeur dans le cadre des partis politiques.
…sans oublier le reste de sa communication
– Construire et préparer un discours
– Apprivoiser son stress et savoir utiliser ses émotions
– Travailler sa voix
– Travailler le langage
– Étudier et rédiger des supports de communication en adéquation avec ce qu’ils/elles représentent
– Bâtir des stratégies de campagne
– Formuler des messages clés
– Créer des chartes graphiques à l’image des candidats
Pour répondre à cet apprentissage, il est important d’avoir recours à des experts de l’image personnelle et professionnelle, qui accompagnent les politiques en toute empathie et avec un code de déontologie. Chaque politique reste acteur de son développement. Ce travail est bien plus qu’un travail sur le « look ». Il s’agit d’accompagnements sous forme de conseils ou de coaching, selon les besoins, dans le respect de la personne, qui peut se faire sous forme individuelle ou en groupe.
Le bilan d’image : un outil indispensable pour évaluer les forces et les faiblesses.
Le conseil ou le coaching d’image : une solution pragmatique.
L’atelier miroir : une façon de se valoriser.
Les formations : du catalogue au sur-mesure.
Les conférences : un moyen efficace pour sensibiliser.
En plus d’un marketing politique qui reste relativement récent, les femmes et les hommes sont amenés à construire leur image au travers d’un marketing personnel (personal branding), le tout devant être cohérent.
Cette construction doit s’appuyer sur une trilogie : je suis, je dis, je fais.
Une image globale est nécessaire entre les institutions et ses représentants pour véhiculer des mêmes valeurs auprès de citoyens qui deviennent de véritables clients. Ils ne doivent cependant par perdre de vu que pour un citoyen, l’image d’un homme politique repose sur les impressions subjectives qu’il ressent en le voyant. L’Électorat préfère des leaders proches d’eux.

En savoir plus sur http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2012/03/14/cercle_44542.htm#iOUQTpaGVCcDZsBQ.99
