1/–« Robots-conseillers » : la confiance n’est pas au rendez-vous – 03.03.2016.
2/– Uberiser les conseillers? 04.04.2016 –
3/– Robots-conseillers : cherchez l’éthique! – 28.04.2016
4/– Et si on faisait passer des examens aux robots? – 16.06.2016
5/– Combien ça coûte, un conseiller-robot? – 02.08.2016
6/– Les robots-conseillers ont-ils de l’avenir? – 05.10.2016
7/– Un guide des conseillers-robots au Canada – 17.10.2016
1/–« Robots-conseillers » : la confiance n’est pas au rendez-vous – 03.03.2016.
Bien que le sujet fasse les grands titres des journaux et que plusieurs start-ups soient en train d’en développer, les « robots-conseillers » ne sont pas aussi populaires qu’il y paraît, rapporte le site Wealth Management.com.
Selon un récent sondage mené aux États-Unis pour le compte de IMS Wealth Management auprès de 4 871 personnes habituées au monde de la finance (dont plus de 1 500 professionnels du secteur), la moitié seulement des répondants se disent en effet à l’aise avec ce nouveau concept.
L’enquête d’opinion montre aussi que 12 % à peine des sondés envisagent de l’intégrer cette année dans leur stratégie de placement. Et même parmi ces derniers, l’immense majorité reconnaît ne pas avoir suffisamment confiance dans un robot pour lui confier la gestion de plus d’un tiers de leurs actifs.
CERTAINES PROFESSIONS POURRAIENT DISPARAÎTRE
D’une manière générale, 42 % des particuliers ayant moins de 250 000 dollars d’actifs à investir étaient au courant de l’existence des robots-conseillers, comparativement à 57 % de ceux qui possédaient davantage. Parmi les investisseurs détenant plus d’un million à placer, cette proportion atteignait même 62 %.
Plusieurs articles récents publiés dans la presse spécialisée font état de progrès rapides en matière d’intelligence artificielle, notamment dans le secteur bancaire et financier, où certains emplois pourraient être occupés, à terme, par des robots.
Cette évolution pourrait d’ailleurs sonner le glas de nombreuses professions. Ainsi, Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, deux chercheurs de l’Université d’Oxford, estimaient dès 2013 que 47 % des emplois aux États-Unis étaient voués à être remplacés par des machines d’ici 20 ans.
UN ALGORITHME PLUTÔT QU’UN CONSEILLER?
Et si l’on en croit les résultats de leur étude, les conseillers en services financiers d’aujourd’hui ont plus d’une chance sur deux (58 %) d’être un jour remplacés par un algorithme, ce qui les situe au 379e rang des métiers les plus à risque d’être robotisés, parmi les 702 professions analysées.
Au pays, la Banque de Montréal serait sur le point de devenir la première institution financière à instaurer son propre service de conseiller-robot, mentionnait Conseiller.ca à l’automne dernier.
Interrogé à l’époque par le Globe and Mail, un porte-parole de la division de courtage BMO Nesbitt Burns avait alors simplement précisé que le groupe travaillait sur un « nouveau service pour les investisseurs canadiens ».
LE PHÉNOMÈNE EXISTE AUSSI EN EUROPE
Le concept de gestion automatisée des finances vient des États-Unis, rappelle de son côté le magazine belge Trends-Tendances, qui souligne que « plusieurs Robo Advisors connaissent déjà un certain succès », au point que l’un des plus connus, baptisé Wealthfront, « gère aujourd’hui deux milliards de dollars, après trois ans d’existence seulement ».
Le Vieux Continent n’est pas en reste, puisque dans plusieurs pays comme la France, le Royaume-Uni et la Suisse, notamment, des institutions financières travaillent sur des projets de ce type. En Belgique aussi le phénomène existe et Trends-Tendances rapporte que deux jeunes Belges viennent de lancer « le premier site Internet de gestion de portefeuille entièrement automatisée » dans le pays.
Intitulée Easyvest, cette fintech est « une sorte de banque privée low cost, qui espère franchir la barre des 100 millions d’euros de fonds sous gestion d’ici deux ans », précise le magazine.
http://www.conseiller.ca/nouvelles/robots-conseillers-la-confiance-nest-pas-au-rendez-vous-57616
2/– Uberiser les conseillers? 04.04.2016 –
Est-ce que les intermédiaires en services financiers seront uberisés? C’est la question qui est soulevée d’entrée de jeu dans le nouveau livre blanc produit par Equisoft le mois dernier et qui s’intitule « L’invasion des conseillers-robots : est-ce que la menace est fondée? »
La nouvelle génération de systèmes de placement robotisés possède bien des atours pour convaincre le consommateur. Du moins, c’est ce que croient les promoteurs de ces automates.
- Les outils informatisés conçus surtout aux États-Unis, mais qui font rapidement leur entrée au pays, promettent beaucoup.
- Ils sont pratiques et, en quelques questions, permettent à l’épargnant de s’ouvrir un compte.
- Il s’agit pour ce dernier d’inscrire ses coordonnées de base, son revenu, ses actifs et, au bout de quelques minutes, la machine lui présentera un portefeuille qui devrait s’ajuster à sa tolérance au risque.
- Une fois son compte établi, son portefeuille se rééquilibre automatiquement, les distributions de dividendes sont réinvesties spontanément et, si le compte du client est relativement important, la société financière qui opère la machine offrira alors de la gestion active pour s’assurer que le client maximisera ses économies fiscales.
L’offre est limpide et simple. Les échanges, concis et accessibles. Tout cela se passe au bout des doigts sur l’appareil ou l’interface de son choix, au moment et à l’endroit qui conviennent le mieux au client.
Pas besoin d’être devin pour voir à qui cette belle invention s’adresse : les fameux « milléniaux » ou Y. Mais si l’intention à la base était de séduire cette clientèle fugace, les firmes qui ont mis au point cette technologie ont réalisé rapidement que l’offre de services de placement automatisés avait beaucoup plus de potentiel que prévu.
Déjà, les conseillers-robots affichent clairement leurs couleurs : objectifs, économiques et surtout transparents. C’est un positionnement qui pourrait rejoindre de nombreux épargnants. Du moins selon les institutions qui se sont lancées dans cette aventure, et elles n’ont peut-être pas tort. Presque un client sur deux (45 %) dit que sa firme ne lui a fourni aucun détail sur les frais et autres commissions prélevés de son compte, si l’on en croit une toute récente étude de J.D. Power sur la satisfaction des clients des conseillers. De plus, les trois quarts affirment ne pas comprendre comment fonctionnent les frais et commissions qu’on leur impute.
Or voilà que toute cette indifférence au sort de la clientèle laisse beaucoup de place à cette alléchante technologie. Et d’autant séduisante que les nouvelles règles de divulgation du Modèle de relation client-conseiller – Phase 2 (ou MRCC 2) exigées par les autorités de réglementation risquent de venir exacerber encore davantage le sentiment de certains clients d’avoir été négligés, d’avoir payé trop de frais et de commissions, d’avoir eu leur portefeuille investi dans des produits maison qui convenaient peut-être plus à l’intermédiaire.
Les auteurs du livre blanc d’Equisoft, qui ont interviewé des dizaines de dirigeants et autres intervenants du secteur des services financiers, sont catégoriques :
« Les avancées dans ce segment pour optimiser l’expérience client en ligne, fournir une plus grande transparence et améliorer le rapport qualité-prix du rendement sur les placements pour le créneau de la clientèle de masse sont irréversibles. »
Et ils vont plus loin encore en prédisant que « les conseillers devront évoluer pour survivre et réussir dans ce nouvel environnement. Ceux qui ne s’adapteront pas vont rapidement se retrouver dans la vague massive de départs à la retraite initiée par la pression démographique et accélérée par le MRCC 2 ».
D’après une étude de la firme BlackRock, le marché canadien est mal servi par l’industrie du conseil : seulement 38 % des Canadiens font appel aux services d’un conseiller financier.
- La société californienne Wealthfront, fondée en 2007, utilise un système robotisé pour sa clientèle. Elle a d’ailleurs pris le taureau par les cornes dès le début et a fait des Y sa clientèle cible. Wealthfront croit fermement que ce segment démographique recherche et exige une nouvelle approche en matière de conseil en placement.
Qui sont ces fameux Y?
Ils sont nés dans les années 80 et 90 et ils constituent 36,8 % de la main-d’œuvre canadienne. Ils font tout en ligne. Acheter, vendre, s’informer, faire des transactions, payer leurs comptes.
Lorsqu’on sait qu’ils devraient hériter de 41 trillions de dollars américains d’ici le milieu du siècle, on comprend mieux pourquoi il est si important de les attirer le plus rapidement possible dans son giron. Et qui dit faire des affaires en ligne dit également planifier sa retraite en ligne…
Mais tout ne serait pas rose dans le domaine des conseillers-robots malgré leurs frais minimaux et leur simplicité d’utilisation.
- Comment, par exemple, ces robots iront-ils chercher leur clientèle?
- Par référencement?
La BMO, qui vient de lancer son service, a choisi comme stratégie de mettre en ligne un blogue qui décrit comment le système fonctionne du point de vue de l’utilisateur. Pour convaincre le client, il y aura certainement du travail à faire.
Pour l’heure, et contrairement à nos voisins américains, les robots canadiens qui offrent leurs services en ligne doivent fonctionner en mode hybride.
- C’est-à-dire que les sociétés qui les possèdent ne peuvent laisser la clientèle à elle-même avec ces machines.
- Les autorités réglementaires imposent l’intervention d’un conseiller humain à un moment donné dans la transaction pour valider le processus.
Mais combien de temps encore avant que les lobbies des grandes institutions financières ne convainquent les gouvernements du bien-fondé de leur technologie pour qu’on leur laisse le champ complètement libre?
Pour repousser l’échéance fatidique, il faudrait d’abord de la relève en chair et en os; et pour les conseillers qui sont déjà là, une offre de service impeccable, limpide, attrayante et surtout empathique. Ce que les machines ne surpasseront jamais.
Yves Bonneau, rédacteur en chef
yves.bonneau@objectifconseiller.rogers.com
3/– Robots-conseillers : cherchez l’éthique! – 28.04.2016
Michel Mailloux
L’auteur a souhaité réagir au dernier éditorial [2/– Uberiser les conseillers? 04.04.2016 –]de notre rédacteur en chef, Yves Bonneau.
Monsieur Bonneau,
Comme vous l’avez clairement démontré, les approches robotisées prendront une part de marché importante d’ici quelques années. Il serait inconcevable de s’opposer à ce changement de paradigme. Les nouvelles clientèles ont des approches différentes. La communication se fait autrement en 2016. Les robots sont là pour rester et prendre plus d’espace et nous devons nous adapter. Bref, la réalité change!
Cependant, la réglementation n’est pas alignée sur ces nouvelles réalités. Les régulateurs canadiens, comme vous le soulignez, ont exigé le mode hybride… pour le moment. Ceci devrait permettre aux conseillers de s’adapter à ce nouveau monde… sous peine de disparaître.
Au-delà de ces enjeux économiques très importants, il en existe au moins un autre trop souvent passé sous silence, j’ai nommé l’enjeu éthique. Plusieurs aspects éthiques sont en effet complètement absents des débats : la logique du robot, la connaissance du client ou encore la convenance. Prenons-en un fondamental, soit la logique du robot.
Un robot n’est pas neutre.
- On programme une certaine logique.
- Cette logique de base n’est pas autre chose que de l’éthique (ou de la morale).
Or, les règles de décision des robots ne peuvent pas seulement correspondre à des lignes de code avec des formules mathématiques, mais plutôt et avant tout à des choix philosophiques. Selon les critères moraux choisis par les concepteurs, les résultats « mathématiques » pourraient ainsi être différents pour le client.
Les choix « moraux » d’un robot
Il peut en fait y avoir plusieurs façons de concevoir la logique du logiciel. Pour illustrer le propos, prenons deux des différentes approches morales existantes :
- l’éthique des conséquences et l’éthique de la déontologie.
Intéressons-nous à Madame la cliente-investisseuse, jeune professionnelle dans la trentaine, qui déclare qu’elle ne veut pas subir de perte de capital pour ses régimes de retraite.
- L’aversion au risque et la perte éventuelle d’une partie du capital est l’une des questions classiques qu’on retrouve dans les profils d’investisseurs.
Si on développe un logiciel en fonction de l’éthique des conséquences, le logiciel choisira toujours l’option qui cause le moins de conséquences négatives pour l’ensemble des clients investisseurs.
- Dans le présent cas : ne pas perdre de capital. De manière stricte, ne pas perdre de capital veut dire… ne pas perdre de capital! Les réponses du logiciel seront donc des CPG ordinaires ou indexés aux marchés, ou encore des fonds distincts, pour ne citer que des produits simples. La logique morale du logiciel est appliquée : madame la cliente-investisseuse ne perdra pas de capital.
Mais est-ce le bon conseil pour autant?
Admettons maintenant que la logique de programmation choisie est l’éthique déontologique. Le concepteur du logiciel programme des règles professionnelles auxquelles les conseillers sont soumis. Ces normes sont celles qui déterminent les devoirs minimums exigibles. Reprenons l’exemple.
Si dans les règles de base du logiciel j’inscris que la base minimale est une approche de cycle de vie (approche reconnue dans le cadre des RVER), les choix d’investissement seront forts différents.
- Parce que l’investissement se fait sur plus de 25 ou 30 ans, les conseils du robot comprendront des investissements plus risqués. Ces investissements plus risqués sont dans ce cas un « bon » choix moral.
On pourrait multiplier les exemples, les rendre plus complexes, ajouter d’autres paramètres… et on parviendrait à des résultats tout aussi différents pour un seul et même profil. Un robot, ce n’est pas neutre!
Il existe bien d’autres variables à intégrer dans ces approches, comme le devoir fiduciaire, qui relève à la fois de l’éthique déontologique et de l’éthique de la vertu (dans laquelle l’intention de l’agent est primordiale pour juger si l’action est bonne ou non). Parlant de l’éthique de la vertu, Microsoft lançait le mois dernier son robot nommé Tay. Son rôle : interagir avec les internautes sur Twitter. Son intelligence artificielle devait en outre lui permettre d’apprendre au fil des conversations et d’adapter son discours. Ce fut un échec retentissant puisqu’en moins de 24 heures Tay était devenu… obscène et raciste.
En guise de conclusion, je dirais que si les modèles d’affaires sont à revoir pour les conseillers à une vitesse grand V, n’oublions surtout pas que les instruments et les robots doivent être conçus de manière éthique et que celle-ci doit être transparente. Les clients doivent demeurer au centre des préoccupations.
Michel Mailloux est expert en conformité financière et éthicien.
4/– Et si on faisait passer des examens aux robots? – 16.06.2016
16 juin 2016 | Priscilla Franken
De nombreux conseillers-robots sont déjà actifs au Canada et aux États-Unis, et toutes les grandes institutions financières semblent lancées dans une course irrésistible à l’intelligence artificielle. Alors que les organismes de réglementation ont accepté la présence de ces machines, bien des questions en matière d’éthique et de responsabilités restent sans réponse.
-
« Dans quel cadre déontologique un conseiller-robot évolue-t-il?
-
Comment va-t-il appliquer les normes provinciales, nationales et internationales qui lui seront « inculquées »?
-
Qui est responsable des suggestions qu’il fait aux clients?
-
Le conseiller?
-
L’employeur?
-
Le fabricant? »,
interroge Michel Mailloux, expert en conformité financière et éthicien, lors du Colloque en finance, qui s’est tenu mercredi à Laval.
À ses yeux, aucun doute : il est urgent de se pencher sur ces problèmes et de s’interroger sur l’éthique dont on veut doter les robots qui, un jour, feront du conseil au même titre qu’un conseiller en chair et en os.
Certes, le conseiller-robot présente plusieurs avantages : il ne coûte pas cher, il est dénué de « faiblesses » humaines et ne risque donc pas d’être tenté par des actes répréhensibles, par exemple (sauf si on a le programme pour ça!).
Il est également capable de traiter une importante quantité d’informations en peu de temps – il suffit de penser aux 5 000 fonds communs offerts sur le marché ou à la multitude de normes qui encadrent l’industrie financière pour comprendre l’intérêt de la chose.
LES ROBOTS NE FONT PAS ENCORE DE BLAGUES
Mais on aurait tort de croire que le conseiller-robot est infaillible en raison de ces capacités. Bien au contraire : Michel Mailloux rappelle qu’un robot ne peut pas (pas encore en tout cas) comprendre la finance comportementale, puisqu’il est dénué de jugement.
Il ne peut pas interpréter les propos d’un client non plus (subtilités langagières comme l’ironie ou l’humour, langage corporel, etc.), ou encore lui donner une rétroaction (feedback).
Les conseillers-robots qui sont actuellement implantés au Canada sont mis en contact avec les clients dans le cadre d’un processus d’affinage essais/erreurs.
« Pourquoi ne pas leur faire passer des examens, suggère l’éthicien. Les conseillers doivent en passer pour pouvoir exercer, suivre des formations, détenir des permis… Quid de ces obligations pour les robots? »
« Actuellement, les robots sont des programmes informatiques sans intelligence et sans jugement, poursuit Michel Mailloux. Leur logique est déficiente. Mais nous nous en allons vers l’émergence d’une réelle intelligence artificielle et il faut s’y préparer. »
Et de conclure que dans le match qui oppose déjà robots et conseillers, ces derniers ont encore de gros avantages – pour l’instant : leur expérience et leur jugement.
http://www.conseiller.ca/nouvelles/et-si-on-faisait-passer-des-examens-aux-robots-59053
5/– Combien ça coûte, un conseiller-robot? – 02.08.2016
Une nouvelle façon de gérer son argent commence à ébranler le secteur de l’investissement: les conseillers-robots. Parfaitement adaptés à notre monde numérique, ces gestionnaires de portefeuille en ligne sont conçus pour assurer une gestion professionnelle des avoirs à faible coût, même si la somme à investir est modeste.
L’incidence de ces plateformes émergentes sur la gestion du patrimoine a été immédiate. Les grandes banques et les autres joueurs importants de l’industrie en ont vite flairé le potentiel: rien n’est plus simple que de gérer ses comptes et de rééquilibrer son portefeuille quand tout se fait automatiquement et sans paperasse! Reste maintenant à savoir quelle part du marché ces robots réussiront à conquérir et comment la communauté financière traditionnelle ripostera.
Même si les conseillers-robots gèrent encore très peu d’actifs au Canada, au moins 11 sociétés utilisant ce type de gestion ont vu le jour depuis deux ans, dont Wealthsimple, Nest Wealth et le Portefeuille futé de la Banque de Montréal. Il y a fort à parier que les grandes banques et les autres courtiers exécutants ne se laisseront pas damer le pion par ces nouveaux joueurs. Ce qui est sûr aujourd’hui, c’est que le marché de l’investissement va changer et qu’il est temps que les investisseurs s’y intéressent.
«Ce sera tout un bouleversement!» assure Mark Yamada, président de la société PUR Investing Inc., qui propose un logiciel de planification financière
Simple, pas simpliste
Comment ces conseillers-robots fonctionnent-ils au juste? La réponse est à la fois simple et complexe.
- Ils automatisent partiellement le processus de placement, en plus de construire et de conserver un portefeuille diversifié, à faible coût, avec des fonds négociés en Bourse (FNB). Mieux encore, tout cela se fait sans paperasse, dans le confort de la maison ou, plus probablement, depuis un téléphone intelligent entre deux réunions.
- Impopulaire auprès des fournisseurs, mais bien ancrée dans l’usage, l’appellation «conseiller-robot» pour désigner ce nouveau genre de service prête à confusion, puisqu’il est aussi possible de s’adresser à un conseiller en chair et en os si nécessaire.
- Les conseillers-robots peuvent faire économiser environ 1 % en frais aux petits et moyens épargnants, une aubaine par rapport à l’ensemble des frais exigés pour les services habituels d’un conseiller financier privilégiant les fonds communs de placement.
- À la longue et avec le cumul, cela peut représenter des économies énormes.
Les gestionnaires robotisés proposent généralement un nombre limité de portefeuilles composés de FNB et judicieusement construits à partir d’un questionnaire en ligne qui évalue les objectifs et la tolérance au risque de chaque investisseur. Les portefeuilles sont automatiquement rééquilibrés lorsqu’ils s’éloignent de leur répartition d’actifs cible.
Normalement, tout se fait sans papier, même la signature lors de l’inscription. On peut accéder en tout temps à son compte en ligne ou en passant par une application mobile sur son téléphone ou sa tablette. Avec un investissement minimal de 5 000 dollars — et parfois il n’y a aucun plancher —, les petits épargnants sont les bienvenus. De plus, des conseillers humains qualifiés peuvent répondre aux questions et fournir des conseils de base en matière de placements par clavardage, courriel ou téléphone.
Même si ces options sont attrayantes pour les investisseurs de tous âges, elles conviennent particulièrement aux jeunes. «C’est un changement qui va transformer les mentalités, et il survient à un moment où les générations sont en transition rapide, pense Mark Yamada. Les Y n’investiront plus comme le faisaient leurs parents et leurs grands-parents.»
À l’heure actuelle, encore peu de clients au Canada font appel aux conseillers-robots. La jeune pousse Wealthsimple est l’une des premières sociétés de gestion financière en ligne au pays et elle est la seule qui publie ses chiffres à ce jour; en décembre 2015,
- elle comptait 10 000 clients et 400 millions de dollars en fonds sous gestion.
Et ces chiffres pourraient bien grimper rapidement, comme on a pu le voir aux États-Unis avec les pionnières Betterment et Wealthfront, qui détiennent chacune plus de trois milliards de dollars américains en actifs.
Désireux eux aussi de se faire une place au soleil, de nombreux nouveaux joueurs prennent d’assaut ce marché prometteur. En coulisse, plusieurs brassent des affaires et créent des partenariats. Déjà, la Corporation Financière Power a annoncé un investissement de 30 millions de dollars dans Wealthsimple.
Mais le plus grand coup d’éclat a sans doute été le lancement du très publicisé Portefeuille futé de la Banque de Montréal en janvier dernier, l’aboutissement d’un travail de sept mois. «Pour une banque, c’est une vitesse supersonique», plaisante David LeRiche, directeur chez BMO Gestion de patrimoine.
«Nous tenions beaucoup à atteindre cette position rapidement et en premier [parmi les grandes banques canadiennes]. Nous avons une occasion de devenir un leader dans ce nouveau secteur», ajoute-t-il. Aussi faut-il s’attendre à ce que d’autres banques et institutions financières emboîtent le pas. Comme le résume Mark Yamada: «Quand les banques s’aventurent sur un terrain, c’est qu’il est fertile.»
http://www.conseiller.ca/nouvelles/qui-sont-ces-conseillers-robots-qui-vous-concurrencent-59443
6/– Les robots-conseillers ont-ils de l’avenir? – 05.10.2016
Plutôt que de débattre du rôle des robots-conseillers, mieux vaut tenter de voir comment ils peuvent contribuer à améliorer le monde de l’investissement actuel, affirme Matt Johnson dans les colonnes du quotidien suisse Le Temps.
Responsable de la distribution pour la zone EMEA (Europe Middle East & Africa) chez le fournisseur de fonds négociés en Bourse Source, ce spécialiste des nouvelles technologies rappelle d’emblée que le terme de « robot-conseiller » est impropre, puisque, « techniquement ils ne prodiguent pas de conseils ».
Par conséquent, il dit lui préférer celui de « robot », bien adapté « pour décrire des services de gestion de fortune en ligne qui fournissent une assistance de gestion de portefeuille purement automatisée à approche algorithmique ».
LES AVANTAGES DES MACHINES…
Les robots doivent être intègres, croit Matt Johnson, puisque le système d’élaboration d’un portefeuille automatisé à partir d’algorithmes est « théoriquement impartial ». Ils doivent aussi représenter une solution peu coûteuse. Les frais des fonds qu’ils utilisent s’élèvent « généralement entre 0,20 % et 0,25 % », en moyenne.
Résultat, en comptant aussi les frais de gestion annuels des automates, qui varient de 0,4 % à 0,6 %, « le coût total de leurs portefeuilles revient à bien moins de 1 % » et, comparativement à d’autres solutions de placement diversifiées et sous gestion, cette avenue demeure avantageuse pour le client.
Les gestionnaires de fonds ayant tendance à privilégier les portefeuilles actifs, le coût total annuel qu’ils prélèvent dans cette sphère peut s’élever à 2,5 %. Dans ces conditions, « devoir générer plus de performance pour compenser ces 1,5 % de frais annuels supplémentaires peut s’avérer difficile, particulièrement sur les marchés à faible croissance », rappelle Matt Johnson.
…ET LEURS INCONVÉNIENTS
« Le prix, c’est ce que vous payez, la valeur, ce que vous gagnez. » S’appuyant sur cette citation de Warren Buffett, le gestionnaire de patrimoine réitère que, « pour qu’un portefeuille robot délivre de la valeur, il faut le choisir selon sa performance ». Malheureusement, l’arrivée de ces entités remonte à environ cinq ans et on manque du recul nécessaire pour dresser un bilan de leur efficacité réelle.
Les robots sont aussi critiqués « en raison du décalage potentiel entre le portefeuille et le profil de risque de l’investisseur », ajoute le spécialiste. Si la probabilité que cela arrive « dépend de la fiabilité du système de profilage du robot », il est vrai que « certains sont plus sophistiqués que d’autres », observe-t-il.
Insistant sur le fait que les robots « ne fournissent pas réellement de conseils d’investissement », Matt Johnson croit que « le niveau d’explications données à l’investisseur concernant les risques encourus et les hypothèses émises joue également un rôle essentiel » dans la bonne gestion d’un portefeuille. Et dans cette optique, rien ne saurait remplacer « un entretien face à face avec un conseiller personnel », insiste-t-il.
UN MODÈLE QUI VA SE RÉPANDRE
Sa conclusion? Au cours des prochaines années,
« il est possible que les conseillers financiers indépendants, les conseillers en retraite et d’autres intermédiaires aient recours aux outils en ligne de gestion de portefeuille pour proposer une solution à moindre coût qui corresponde aux résultats de leur propre profilage ».
Pour les intermédiaires qui font actuellement appel à des gestionnaires de fonds discrétionnaires afin de s’occuper des clients ayant des sommes importantes à placer, de tels services « pourraient présenter des avantages en matière de coût, d’efficacité et de contrôle », juge M. Johnson.
Répondre à une demande
Les conseillers-robots viennent à la rescousse des «mal-aimés du centre», comme les appelle Randy Cass, PDG de Nest Wealth, qui vient de lancer son service automatisé à l’échelle nationale.
Cette catégorie de gens se situe à mi-chemin entre
- ceux qui aiment tout faire eux-mêmes (et qui peuvent investir à moindre coût dans des comptes de placement autogérés, moyennant temps, efforts et connaissances)
- et ceux qui ont recours aux services complets de conseillers (qui peuvent offrir de solides conseils, mais dont les frais pour bâtir un portefeuille de fonds communs de placement totalisent souvent près de 2 %).
Les plus grands investisseurs ont d’autres options, comme faire appel à un courtier ou à un conseiller en placement, qui peuvent fournir d’excellents conseils pour moins cher; l’ennui, c’est qu’il faut investir au moins quelques centaines de milliers de dollars, et parfois plus, pour que les frais ne dépassent pas 2 %.
Les conseillers-robots, eux, sont une solution pour les investisseurs qui veulent éviter de se casser la tête tout en épargnant des sommes considérables en frais de gestion. Bien que ces frais varient selon les conseillers-robots, la plupart de leurs investisseurs paient au total moins de 1 %, même s’ils n’ont que quelques milliers de dollars à placer. Ces «frais totaux» comprennent ceux liés à l’utilisation de ce service automatisé et les frais de gestion des FNB. Notons que certains conseillers-robots demandent beaucoup plus pour de petites sommes investies.
Bien entendu, les investisseurs qui ont le temps, les connaissances et la volonté pour investir efficacement eux-mêmes dans des FNB sont assurés d’économiser encore plus.
En automatisant certaines étapes du processus d’investissement, les conseillers-robots gagnent en efficacité et limitent l’intervention humaine lorsqu’elle n’est pas nécessaire.
- Ainsi, si une société a des milliers de clients avec les mêmes besoins et la même tolérance au risque, pourquoi ferait-elle appel à différents conseillers de compétence inégale pour construire et entretenir des milliers de portefeuilles individuels (ce qui représente des coûts, sans compter que les résultats sont variables)?
- Au lieu de cela, un conseiller-robot élabore divers modèles de portefeuilles qui, comme les voitures, sont adaptés aux profils des clients. «Si la formule marche dans l’industrie automobile, pourquoi pas ailleurs?» demande Mark Yamada.
Les conseillers-robots proposent généralement de 5 à 10 modèles de portefeuilles de placement diversifiés qui couvrent les principales catégories d’actifs et qui sont composés de FNB;
- ils se distinguent par leur niveau de risque sur le marché et conviennent à toutes les stratégies de placement, de la plus prudente à la plus dynamique.
- Un portefeuille type inclut normalement des obligations, des actions (canadiennes, américaines, étrangères) et, parfois, d’autres genres d’actifs comme des fiducies de placement immobilier, des fonds de pays émergents ou encore des obligations à rendement élevé.
- Ces portefeuilles peuvent être détenus dans des comptes non enregistrés, des CELI, des REER, des FERR et, bien souvent, dans des comptes spécialisés comme les régimes enregistrés d’épargne-études (REEE).
Il va de soi que dès que le conseiller-robot a trouvé un portefeuille qui convient à votre profil, vous acceptez de lui en confier la gestion au jour le jour. Les conseillers-robots sont accrédités comme gestionnaires de portefeuille et doivent donc gérer vos placements en observant une obligation «fiduciaire», c’est-à-dire qu’ils doivent agir dans votre intérêt. Cette norme est plus stricte encore que l’obligation «d’évaluation de la convenance au client» à laquelle sont tenus la plupart des conseillers financiers et qui prescrit qu’on ne peut vous vendre des placements qui ne vous conviennent pas.
Idéal pour un monde numérique
Les conseillers-robots s’adressent certes aux clients de tous âges, mais ils sont particulièrement attrayants pour les jeunes investisseurs technophiles. Ceux-ci n’ont pas connu les conseillers en placement traditionnels de la génération de leurs parents et ont de trop petites sommes à investir pour intéresser ces experts.
«Nous nous adressons d’abord aux jeunes investisseurs», explique le PDG de Wealthsimple, Mark Katchen, âgé de 28 ans. «L’idéal, ce sont les 25 à 45 ans.» Le client cible de la société a des revenus à investir et sait qu’il doit faire fructifier son argent intelligemment, mais n’a ni le temps ni l’envie de s’atteler à cette tâche lui-même. «Ces gens accordent souvent une très grande importance à leur carrière, et le temps est ce qui leur manque le plus. Ils préfèrent confier ce travail à un professionnel de confiance qui l’effectuera correctement et à bon prix. Voilà notre clientèle première», précise-t-il.
Les conseillers-robots ne supplanteront pas définitivement les conseillers humains, mais il sera dorénavant plus difficile pour ces derniers de justifier leurs honoraires élevés s’ils se contentent de construire et de rééquilibrer des portefeuilles. «De nombreux conseillers qui, jusqu’ici, ont bien gagné leur vie en facturant des frais élevés ne pourront continuer à faire le travail qu’effectuent maintenant les conseillers-robots pour moins cher sans réorienter et bonifier leurs services», affirme Mark Yamada. Les conseillers peuvent y parvenir en se consacrant davantage à des activités comme la planification financière ou fiscale et les consultations par rapport au comportement de l’investissement. Et vous aurez tout de même à recourir à un conseiller humain si vous souhaitez participer activement à la gestion quotidienne de votre portefeuille mais avez besoin de l’avis d’un expert.
Les services-conseils automatisés pourraient même devenir un nouvel outil pour les conseillers traditionnels: nombreux sont ceux qui songent à intégrer les plateformes robotisées dans leur travail pour pouvoir se concentrer sur des activités plus rentables. «Nous venons en paix», ironise le PDG de Nest Wealth.
- Les REER collectifs ou les régimes de retraite à cotisations déterminées pourraient aussi tirer parti de ces services automatisés.
- Les employés qui cotisent à ces régimes font souvent des choix discutables en matière d’investissements, d’autant plus que les employeurs ont toujours rechigné à débourser d’importantes sommes pour des conseils d’experts.
- Qu’à cela ne tienne, Nest Wealth et Wealthsimple ont une stratégie pour attirer ces clients.
Pour l’heure, les conseillers humains répondent probablement mieux aux besoins des investisseurs plus âgés. Très souvent, ce groupe a des exigences complexes en matière d’investissements et de planification financière (qui requièrent des conseils poussés) ainsi que des sommes importantes à investir (ce qui permet de rentabiliser les frais de consultation). Mais les conseillers-robots ne sont pas en reste pour séduire cette part du marché. Déjà, WealthBar propose d’élaborer en ligne un plan financier complet comprenant une stratégie de décaissement des actifs à la retraite agencée au type de portefeuille et à la stratégie d’investissement de la société. «Nous pouvons nous charger de la plupart des plans de base», conclut Tea Nicola, la PDG de WealthBar.
Cet article a été adapté de MoneySense.
http://www.conseiller.ca/nouvelles/les-robots-conseillers-ont-ils-de-lavenir-60091
7/– Un guide des conseillers-robots au Canada – 17.10.2016
Le nombre de firmes offrant des conseillers-robots augmente et la compétition commence à avoir un impact sur les services, et surtout leurs coûts, rapporte le Globe and Mail dans son deuxième guide annuel sur ces automates de la finance.
Avec l’arrivée de nouveaux joueurs, les entreprises de conseillers-robots modifient certains aspects de leur modèle d’affaires. La plupart des frais de transactions sont dorénavant inclus dans leurs frais de conseil, et plusieurs optent pour des investissements à plus bas coût que l’an dernier pour construire leurs portefeuilles.
L’ARRIVÉE DES GRANDS
Parmi les nouveaux joueurs, l’arrivée de BMO avec Portefeuille futé BMO et la prise de participation de Power Financial dans Wealthsimple ont notamment été remarquées. Un signal clair que les grandes institutions financières n’entendent pas rester sur les lignes de côté. Preuve aussi qu’elles voient un potentiel intéressant dans ce marché.
Le guide 2016 recense 11 firmes, soit deux de plus que l’an dernier. Il s’agit de :
- Portefeuille futé BMO;
- Invisor;
- Justwealth Financial;
- ModernAdvisor;
- Nest Wealth;
- Portfolio IQ;
- Responsive Capital Mgt;
- RoboAdvisors+;
- Smart Money Capital Management;
- Wealthbar;
- Wealthsimple.
DISCIPLINE ET FRAIS ABORDABLES
Certaines firmes offrent un certain niveau de planification financière. C’est le cas
- d’Invisor,
- Justwealth Financial,
- RoboAdvisors+
- et Wealthsimple.
Mais les plus gros avantages des conseillers-robots, selon le Globe and Mail, demeurent la discipline qu’ils procurent aux épargnants et le faible coût de leurs frais. Le quotidien estime que les frais totaux qu’un épargnant dont l’investissement atteint 50 000 $ doit défrayer oscillent entre 375 $ à 500 $, soit entre 0,75 % et 1 %.
Le quotidien torontois note par ailleurs que les sites Internet de ces services devraient faire rougir de honte les autres institutions financières tant ils sont engageants et conviviaux.
La plupart des firmes construisent des portefeuilles basés sur des fonds négociés en Bourse (FNB). Typiquement, un portefeuille est constitué de sept ou huit FNB offrant une exposition aux obligations publiques et privées canadiennes et américaines et aux actions internationales. Certains ajoutent des fonds communs.
Au rayon des surprises : l’âge des clients. Alors que ces services visent le marché des Y, l’âge moyen des clients de ces firmes est de 43 ans.
http://www.conseiller.ca/nouvelles/un-guide-des-conseillers-robots-au-canada-60191