325- Poutine en train de réussir son pari syrien et les « rebelles »pris en tenaille dans le nord de la Syrie

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Poutine en train de réussir son pari syrien

 

 

Les Turcs sont les grands perdants de l’offensive d’Alep.

Par Anthony SAMRANI

 

En Syrie, l’espoir vient une nouvelle fois de changer de camp. Un an après avoir échoué à reprendre Alep, neuf mois après avoir perdu la province d’Idleb, sept mois après avoir été obligé de se retirer de Palmyre, le régime syrien reprend goût à la victoire. Sous perfusion russo-iranienne, l’armée syrienne a retrouvé le moral et repris l’avantage sur le terrain. Elle est sur le point de sécuriser toute « la Syrie utile », dont plusieurs villes étaient sérieusement menacées avant l’intervention russe, et de couper les dernières lignes d’approvisionnement des rebelles dans la province d’Alep.

L’objectif est d’encercler la plus grande ville de Syrie, d’empêcher la Turquie et l’Arabie saoudite, les parrains de l’opposition armée, de ravitailler les zones tenues par les rebelles et de reprendre ainsi, à terme, la totalité de la ville.

Un tel scénario aurait des conséquences dramatiques pour l’opposition qui n’a jamais semblé aussi faible depuis le début de l’insurrection en 2011. Pris en tenaille entre les forces loyalistes, les Kurdes du PYD (parti de l’Union démocratique) et les jihadistes de l’État islamique (EI), les rebelles armés n’ont d’autre choix que d’attendre une réponse de la part de leurs allié

Ces derniers jours, l’Arabie saoudite, Ankara et Abou Dhabi ont laissé entendre qu’ils étaient prêts à intervenir sur le terrain syrien, dans le cadre de la coalition antijihadistes. Ce n’est pas la première fois que l’idée d’une intervention de Riyad et d’Ankara est évoquée, mais, compte tenu de la situation actuelle, cela apparaît assez peu probable.

  • Riyad est déjà empêtré dans sa guerre au Yémen, qui constitue la priorité du royaume wahhabite,
  • et Ankara doit gérer un conflit sur la scène intérieure avec les Kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan).

Aucun des deux ne semble avoir les moyens d’envoyer des troupes sur le territoire syrien, d’autant plus si les Américains persistent à ne pas vouloir s’engager en Syrie. Or même s’ils multiplient les déclarations dénonçant la stratégie de la Russie en Syrie, les Américains ne donnent aucun signe de vouloir s’opposer aux Russes sur ce terrain-là.

Missiles sol-air ?

Les Turcs sont les grands perdants de l’offensive d’Alep. Les forces du régime ne sont plus qu’à une vingtaine de kilomètres de la frontière, une nouvelle vague de réfugiés affluent en masse alors que la Turquie accueille déjà 2,7 millions de Syriens sur son territoire et les Kurdes du PYD, émanation syrienne du PKK, profitent de l’offensive du régime pour gagner du terrain dans le Nord.

  • Les Kurdes, qui ont le double soutien de Moscou et de Washington, cherchent à relier les trois cantons d’Afrin, de Kobané et de Jezireh, afin de réaliser une unité territoriale dans le but d’obtenir à terme leur autonomie.

Les Turcs pourraient être tentés d’essayer d’envoyer quelques troupes de l’autre côté de la frontière, mais l’intervention russe a fortement réduit leur possibilité.
À défaut d’intervenir,les Turcs et les Saoudiens peuvent toujours fournir davantage d’armes aux rebelles. La livraison de missiles sol-air permettrait aux rebelles d’atteindre les avions russes, mais les Américains, qui ont peur que les armes tombent entre de mauvaises mains, y sont pour l’instant opposés.
Alors qu’on leur prédisait un nouvel « Afghanistan », les Russes sont en train de réussir en tout point de vue leur pari syrien. Ils ont remis le régime en selle, lui ont permis de reprendre l’avantage sur tous les fronts et sont en train de réduire à néant l’opposition armée. Peu soucieux des conséquences humanitaires, qui ont des répercussions sur la Turquie et sur l’Europe, les Russes ne font pas dans le détail avec plus de 120 raids par jour depuis une semaine. L’objectif est clair : faire le vide entre le président syrien Bachar el-Assad et les groupes jihadistes sur le terrain pour arriver en position de force aux négociations. Et les Russes sont sur le point d’y parvenir. Si Alep tombe, il ne restera plus à l’opposition que la province d’Idleb, essentiellement tenue par le front al-Nosra – branche d’el-Qaëda en Syrie, la Ghouta, essentiellement tenue par Jaïch el-islam, et une partie de la province de Deraa, aux mains du front du Sud. Autant dire que si la guerre n’est pas pour autant prête de se terminer, les perspectives de victoire pour l’opposition s’amenuisent sérieusement.

http://www.lorientlejour.com/article/969330/poutine-en-train-de-reussir-son-pari-syrien.html


 

Les rebelles « pris en tenaille » dans le nord de la Syrie

L’armée syrienne a progressé lundi vers la ville de Tall Rifaat, un des trois derniers bastions rebelles dans le nord de la province d’Alep. Elle a infligé d’importantes pertes aux rebelles, qui ne cachent plus leur frustration devant l’évolution du conflit ces derniers mois. AFP / GEORGE OURFALIAN

OLJ/AFP/Rouba EL HUSSEINI
08/02/2016

 

« C’est la première fois depuis 2013 que le régime se trouve aussi près de la frontière turque dans la province d’Alep », affirme le directeur de l’OSDH.

Les rebelles syriens de la province d’Alep sont désormais « pris en tenaille » par l’armée du régime, les forces kurdes mais aussi le groupe État islamique (EI), qui cherchent tous à étendre leur influence dans cette région frontalière de la Turquie.

Une semaine après le début de leur offensive appuyée par les frappes aériennes russes, les troupes de Bachar el-Assad ont repris aux insurgés une série de localités de la province septentrionale et se trouvent désormais à une vingtaine de kilomètres de la frontière turque.

L’armée a progressé lundi vers la ville de Tall Rifaat, un des trois derniers bastions rebelles dans le nord de la province. Elle a infligé d’importantes pertes aux rebelles, qui ne cachent plus leur frustration devant l’évolution du conflit ces derniers mois.
« La différence entre eux et nous, c’est que nous ne bénéficions pas de l’aide de nos alliés (arabe et occidentaux) tandis que le régime reçoit toute sorte de soutien des siens », a déploré Haitham Hammo, porte-parole de Jabha Chamiya, un groupe rebelle actif dans la province. « Ceci explique l’effondrement des zones tenues par les révolutionnaires », selon lui.

Peur des frappes russes

Dans la partie nord d’Alep, il ne reste plus comme bastion rebelle que Tall Rifaat, Marea et surtout la ville d’Aazaz, située à 5 km de la frontière. L’armée en avait été chassée en 2012, soit un an après le début de la révolte contre le régime de Bachar el-Assad.

Les rebelles sont désormais « pris en tenaille par l’armée qui progresse vers le nord, les forces kurdes qui avancent du côté ouest, et l’EI qui domine l’est avec notamment la ville d’Al-Bab », explique M. Abdel Rahmane. « Le régime est parvenu à couper la continuité territoriale des rebelles entre le nord et l’ouest de la province », selon lui.

Dimanche soir, les Unités de protection du peuple kurde (YPG), principale force kurde en Syrie, se sont emparées des localités de Merenaz, Aqlamiya et Deir Jamal, quelques jours après avoir pris le contrôle de trois autres bourgs. « Les habitants ont demandé aux rebelles de se retirer par peur des frappes russes », selon M. Abdel Rahmane.
Sans combattre aux côtés du régime, les YPG bénéficient ainsi indirectement des frappes russes, qui visent presque exclusivement les zones rebelles selon les Occidentaux. L’objectif des Kurdes est de relier les trois « cantons » de leur administration autonome: Afrine, Kobané et Jaziré.

Encore des morts à Alep

Parallèlement, l’armée consolide ses positions au nord de la ville d’Alep, coupée en deux depuis 2012 et dont les quartiers Est tenus par les insurgés sont aujourd’hui quasiment assiégés. Ils contrôlent encore une route au nord de l’ex-capitale économique de Syrie mais celle-ci est sous le feu du régime.
Alep « peut tout à fait tomber si le régime mène à bien (…) sa stratégie de siège, de formation de poches étanches et de pilonnage intensif », estime l’expert français Stéphane Mantoux. « Seules une autre intervention militaire (en faveur des rebelles) ou des livraisons d’armes massives pourraient changer la situation », selon lui.

Environ 350.000 civils sont pratiquement prisonniers dans l’est de la ville, quotidiennement bombardé par les avions du régime et de la Russie. Lundi, 10 civils ont été tués par des raids dans le quartier rebelle de Salihine, selon l’OSDH.
« De quels pourparlers de paix parle-t-on alors que la machine de guerre du régime broie les gens? », lance en colère Abou Ahmad, un résident.

Les habitants de ces quartiers risquent de subir d’importantes pénuries, l’armée étant parvenue à couper la semaine dernière la principale route d’approvisionnement avec la frontière turque.
En revanche, les liaisons terrestres ont repris avec Damas pour les localités chiites de Nebbol et Zahra dont le siège depuis trois ans par les rebelles a été brisé récemment par les forces gouvernementales, a constaté un correspondant de l’AFP.

Alep n’est pas la seule province où les rebelles sont en difficulté. Ils reculent notamment dans le sud et près de Damas, où le régime encercle depuis dimanche Daraya. La Coalition de l’opposition a mis en garde lundi contre un « massacre imminent » dans cette localité située au sud de la capitale.

source : http://www.lorientlejour.com/article/969224/les-rebelles-pris-en-tenaille-dans-le-nord-de-la-syrie.html