7249 – Etats-Unis – «Stop au renversement des régimes en place et à la reconstruction nationale faisant suite…» – par Helmut Scheben – N° 25 du 2 décembre 2025 – Horizons & Débats –
Etats-Unis – «Stop au renversement des régimes en place et à la reconstruction nationale faisant suite…»
Maison Blanche – USA
par Helmut Scheben – N° 25 du 2 décembre 2025 – Horizons & Débats –
Helmut Scheben, né en 1947 à Coblence (Allemagne), a été reporter pour une agence de presse et correspondant pour la presse écrite au Mexique et en Amérique centrale de 1980 à 1985. À partir de 1986, il a été rédacteur de l’hebdomadaire Wochenzeitung (WoZ) à Zurich, puis rédacteur et reporter à Schweizer Fernsehen SRF de 1993 à 2012, dont 16 ans au journal télévisé Tagesschau.
Tulsi Gabbard
La directrice des services de renseignement nationaux américains, Tulsi Gabbard, promet un changement radical dans la politique étrangère des Etats-Unis. De belles paroles, mais malheureusement vides de sens…
Le 31 octobre, Tulsi Gabbard – directrice des services nationaux de renseignement des Etats-Unis, a déclaré qu’il fallait mettre un terme à une politique étrangère qui, pendant des décennies, avait consisté à
«renverser des régimes, imposer notre système de gouvernement à d’autres et intervenir dans des conflits que nous comprenions à peine et qui, au final, nous ont valu plus d’ennemis que d’alliés».1
Selon Mme Gabbard, ceci n’a abouti qu’à
«des dépenses chiffrées en milliards, la perte d’innombrables vies humaines et, dans de nombreux cas, l’émergence de menaces plus importantes pour la sécurité, comme l’a été la montée en puissance d’organisations terroristes islamistes comme l’Etat islamique».
Cette analyse de la politique étrangère américaine, formulée sans détours, n’avait jusqu’à présent jamais été formulée aussi clairement, pas non plus par le «boss» de Gabbard à la Maison Blanche. Bien des historiens de par le monde souscriraient sans réserve à la déclaration de Gabbard.
Selon les données officielles du Congressional Research Service2 (comparable au Service scientifique du Bundestag allemand), les Etats-Unis ont effectué au moins 251 interventions militaires rien qu’entre 1991 et 2022, ce qui correspond à une moyenne de huit interventions militaires par an. Ces données ne tiennent pas compte des opérations de la CIA ni des tentatives de coup d’Etat (voir encadré, réd.).
Pour justifier ces interventions, les Etats-Unis invoquaient généralement la nécessité de lutter contre le terrorisme ou de venir en aide à des peuples opprimés afin de leur apporter liberté et démocratie. Gabbard a ajouté que le peuple américain avait éluDonald Trump pour que tout cela prenne fin.
Cette déclaration surprenante intervient alors que le Président Trump brandit la menace d’une guerre contre le Nigeria ainsi qu’ envoie des porte-avions et d’autres navires de guerre au large des côtes vénézuéliennes.
Il a fait couler dans les Caraïbes, suivant une routine hebdomadaire, des bateaux qui, aux dires des autorités, transportaient de la drogue. En ce qui concerne les équipages de ces navires qui ont été tués au cours de ces opérations, les juristes parlent d’«exécutions extrajudiciaires».
La pratique de la politique étrangère3 consistant à abattre les suspects au lieu de les emprisonner et de les traduire en justice est devenue doctrine gouvernementale établie à Washington après le 11 septembre. Le seul prix Nobel de la paix, Barack Obama, a approuvé plusieurs milliers d’«assassinats préventifs» par des drones, qui ont causé la mort d’innombrables civils, au titre de «dommages collatéraux».
I – Un nouveau «changement de régime» semble imminent
Dans le monde entier, il n’y a probablement aucun analyste politique ni aucun diplomate à non pas réaliser que le Président Trump ne se soucie que peu du trafic de drogue, mais cherche plutôt à provoquer un changement de gouvernement4 susceptible de refaire du Venezuela la station-service qu’il était autrefois pour les entreprises énergétiques américaines.
La demande mondiale en gaz et en pétrole risque d’augmenter dans les prochaines décennies. Lors du premier mandat de Trump, Washington affirmait déjà que le président vénézuélien Nicolás Maduro était lié aux trafiquants de drogue du «Cártel des los Soles».
Pino Arlacchi5, ancien directeur exécutif du Programme des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC), a qualifié cette affirmation de «fiction hollywoodienne». Selon lui, ce cartel mystérieux serait
«une entité aussi légendaire que le monstre du Loch Ness. Il sert à justifier les sanctions, les embargos et les menaces d’intervention militaire contre un pays qui se trouve être assis sur l’un des plus grands gisements de pétrole au monde».
Voilà plus de quarante ans que les Etats-Unis luttent sans le moindre succès contre le trafic de drogue en Amérique latine. Au début des années 90, j’ai accompagné la Drug Enforcement Agency (DEA) et les célèbres Bérets verts lorsqu’ils ont invité des journalistes à assister aux opérations spectaculaires qu’ils menaient dans les régions de culture de la coca au Pérou.
Je suis arrivé à la conclusion que les nombreuses bases militaires américaines implantées dans les pays andins ne servent qu’à donner l’illusion d’une lutte contre la drogue. En réalité, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un programme de contre-insurrection, c’est-à-dire du contrôle géostratégique de l’«arrière-cour» latino-américaine.
Dans les années 80, la CIA elle-même a d’ailleurs été présentée par des procureurs américains comme «le plus grand trafiquant de drogue des Etats-Unis».6 Depuis la guerre du Vietnam, les services secrets américains avaient déjà appris comment le commerce de l’opium pouvait aider à financer une guerre.7
Trump
Dès son premier mandat, Trump a déployé la marine militaire au large des côtes vénézuéliennes. Il a renforcé les sanctions que les Etats-Unis avaient instaurées deux décennies plus tôt, lorsque Hugo Chávez, ancien officier de l’armée vénézuélienne, avait été élu Président.
Avec son «socialisme du XXIe siècle», la nationalisation du pétrole et d’autres industries clés, son rapprochement avec Cuba, la Russie, la Chine et tous les courants de gauche du continent, Chávez était devenu l’ennemi juré des Etats-Unis.
Maduro – Trump 2018
Son successeur Maduro est considéré à Washington comme un dictateur communiste, au même titre que Kim Jong-un en Corée du Nord.
Tulsi Gabbard a raison lorsqu’elle dit que beaucoup d’Américains ont voté pour Donald Trump parce qu’il promettait de mettre fin à la politique militaire et interventionniste mondiale. Il est possible du reste que Trump ait sérieusement envisagé cette option.
Tout comme il est possible que certains de ses conseillers aient lu des ouvrages tels que «L’Occident en déclin»8de l’anthropologue et historien français Emmanuel Todd.
Comme beaucoup d’autres experts, Todd arrive à la conclusion que, craignant de perdre son hégémonie, l’Occident de l’OTAN préfère miser sur la force destructrice et risquer une apocalypse nucléaire plutôt que de rechercher un équilibre des intérêts avec la Russie et la Chine par la voie diplomatique et des accords économiques.
II – Le complexe militaro-industriel a le bras long
Trump 2025
Mais la question n’est pas de savoir si Trump souhaite réellement se détourner du rôle de gendarme mondial s’arrogeant le droit de fixer les règles du jeu et de les enfreindre à sa guise, mais plutôt si les structures du pouvoir solidement établies de long terme le lui permettront.
Le Président des Etats-Unis est considéré comme l’homme le plus puissant du monde, mais il évolue uniquement dans les limites de l’enceinte politique qu’il affronte lors de son entrée en fonction.
Cette enceinte est délimitée par un appareil dans lequel, comme l’a formulé un jour l’économiste Jeffrey Sachs,
«Wall Street contrôle le système financier, les grandes compagnies pétrolières contrôlent le système énergétique et le lobby militaro-industriel contrôle la politique étrangère».
Les services secrets sont étroitement liés à ces groupes d’intérêt, leur principal outil étant les médias.
Dès son premier mandat, Trump a dû se rendre compte que ses tentatives de mettre en place une nouvelle politique étrangèreavaient été sabotées par un tsunami médiatique orchestré par les Démocrates en collaboration avec les services secrets.
Les quelques initiatives prises par Trump pour apaiser les tensions avec la Russie et la Corée du Nord et réduire la présence militaire américaine dans le monde ont immédiatement été étouffées par un narratif baptisé «Russiagate».
Lorsque Wikileaks a publié en juillet 2016 vingt mille courriels issus d’un ordinateur du Comité national démocrate, les collaborateurs de la campagne électorale d’Hillary Clinton ont immédiatement déclaré qu’il s’agissait, «selon les informations des services secrets», d’une «attaque informatique russe». Et d’ajouter que Poutine voulait nuire à Clinton et aider Trump à remporter les élections.
Cette histoire a plongé les médias dans un véritable délire qui a persisté tout au long du premier mandat Trump.
L’idée que Trump était manipulé par Poutine a été régulièrerment alimentée par de nouvelles «révélations des services secrets», qui se sont toutes révélées être en grande partie fausses.
Mueller
L’ancien directeur du FBI, Robert Mueller, a été chargé d’une enquête qui n’a finalement révélé aucune preuve d’existence du mystérieux «Russiagate».
En mai 2017, des agents des services secrets, des entreprises de cybersécurité et des collaborateurs de Clinton, qui avaient tous affirmé disposer de preuves à l’appui du narratif Russiagate, ont été entendus sous serment devant le Sénat.Aucun des témoins n’a pu corroborer les prétendues preuves. A cela, le récit du Russiagate s’est ensuite effondré en silence.
Patrick Lawrence,qui a travaillé pendant des décennies comme correspondant en Asie pour de grands journaux américains, évoque dans son livre «Journalists and their Shadows»la façon dont il a été licencié de «The Nation» pour avoir critiqué l’hystérie autour du Russiagate et avoir affirmé que tous les indices techniques laissaient penser que cette cyberattaque était une opération secrète provenant de l’entourage de Clinton.
Sous la pression des Démocrates, les audiences du Congrès ont été tenues secrètes.
Lawrence commente le fait en ces termes: «On aurait pu penser que la presse grand public se précipiterait sur les résultats juridiques en mai 2017. Mais les grands journaux et les chaînes de télévision ont gardé obstinément leur silence. Il a fallu attendre avril 2020 pour que l’affaire soit au moins rapportée.»
Lawrence continue en disant que les dommages causés par les mensonges du Russiagate à la crédibilité des médias et à la démocratie américaine sont comparables aux dommages psychologiques causés par la guerre froide dans l’esprit des Américains.
Aux Etats-Unis et en Europe occidentale, la Guerre froide a été avant tout une guerre de désinformation, menée par les services secrets et dirigée contre leur propre population. Dans le bloc de l’Est, la situation était probablement identique.
III – Des journalistes formés par la CIA
En 1953,Allen Dulles, le frère de John Foster Dulles, Secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères,prit la direction de la CIA.
Allen Dulles
Sous Allen Dulles, la manipulation de l’opinion publique par la presse devint le principal levier politique. Des journalistes furent recrutés pour la CIA et diffusèrent des «informations» et des «commentaires» repris par d’autres médias au titre d’informations fiables.
Des agents de la CIA furent formés pour jouer le rôle de journalistes.
Les choses ont continué ainsi sans problème jusqu’à ce qu’il devienne impossible de dissimuler les indices montrant que la presse était infiltrée par des agents des services secrets.
W.Colby
Au début des années 70, le directeur de la CIA, William Colby prit les devants.
Il organisa une «fuite» dans les médias, dans laquelle la CIA annonçait avoir découvert des irrégularités internes.Trois douzaines de journalistes figuraient sur la liste des salaires des services secrets.
L’affaire fit grand bruit et donna lieu à une enquête qui prit le nom de son responsable, un sénateur de l’Idaho, le «Comité Frank Church».
Les résultats furent publiés en six volumesen 1976 en dissimulant plutôt la situation au lieu de l’éclaircir. On n’a pas imposé aux journalistes et éditeurs accusés de témoigner à la barre. Des recherches ultérieures menées par des journalistes indépendants ont révélé que ce n’étaient nullement «plusieurs dizaines» de journalistes corrompus seulement, mais plus de 400 journalistes acceptant de se montrer reconnaissants envers la CIA.
Harry Truman
En 1963,l’ancien Président américain Harry Truman écrivit que les services secrets avaient complètement déraillé, en déclarant: «Lorsque j’ai fondé la CIA, je n’aurais jamais pensé qu’elle pourrait être associée, en temps de paix, à de sombres complots criminels. Je souhaiterais […] que ses missions opérationnelles prennent fin» («Limit CIA Role to Intelligence», Washington Post du 22 décembre 1963).
IV – Attentat contre de Gaulle – l’ombre d’une suspicion légitime plane sur la CIA
Alors même que Truman écrivit ces mots, Charles de Gaulle, alors Président français, avait déjà été victime de plusieurs tentatives d’assassinat auxquelles il avait miraculeusement survécu.
De Gaulle était convaincu que les services secrets américains étaient derrière ces attentats. La presse française révéla alors l’existence de liens entre Allen Dulles et les putschistes français de l’OAS.
Les tensions diplomatiques devinrent si insupportables que Kennedy téléphona à de Gaulle pour l’assurer de son amitié et obtenir des renseignements sur les agissements de son propre chef des services secrets, Allen Dulles.
De Gaulle avait la vision d’une «Europe des patries», qui devaient coexister dans la coopération pacifique, de Londres à Moscou, mais en tant qu’Etats souverains.
Or, ce français têtu était une épine dans le pied des faucons à Washington.
Ces derniers, dès que De Gaulleeut conclu les accords aboutissant à l’indépendance de l’Algérie, tirèrent la sonnette d’alarme en propageant le conte absurde que le Président français voulait livrer l’Algérie au communisme.
Truman
Le président Truman n’aurait jamais imaginé l’ampleur que prendraient toutes ces guerres et ces coups d’Etat militaires, justifiés habituellement par la suite par les «informations émanant des services secrets occidentaux», ni à quel point on allait berner l’opinion publique.
En théorie, les services secrets permettent au gouvernement de protéger le pays contre les menaces extérieures. Mais ils peuvent aussi faire du tort à leur propre gouvernement. Il est certes simpliste et inexact de parler d’un «Etat profond», d’un «Etat dans l’Etat» ou d’un «complexe militaro-industriel» à la dimension d’un bloc de pouvoir statique et fermé qui tire les ficelles sans changer de méthode depuis des décennies.
Au sein des services secrets américains, du FBI et du Pentagone, il y a eu à plusieurs reprises des conflits et des controverses sur la ligne politique à suivre. Dans la guerre en Ukraine, par exemple, ce sont souvent les généraux du Pentagone qui, s’opposant aux partisans de la ligne dure des deux partis, ont refusé de fournir à l’Ukraine des missiles capables de pénétrer profondément dans le territoire russe.
G.W.Bush
Dans ses mémoires, le Président George W. Bush raconte comment il est entré en conflit avec ses propres services secrets9 lorsque ceux-ci sont parvenus à la conclusion, en 2007, que l’Iran avait interrompu son programme d’acquisition de l’arme nucléaire.
Président Obama
Lorsqu’une attaque au gaz sarin a eu lieu en 2013 pendant la guerre en Syrie,le président Obama a renoncé à une invasion militaire au dernier moment, car ses services secrets lui avaient fait savoir qu’ils n’avaient aucune preuve qu’Assad était responsable de l’utilisation de gaz toxiques.
V – L’«Intelligence Community»: un Etat dans l’Etat
D’un autre côté, si le bloc de puissance que l’on désigne souvent succinctement sous le nom de «deep state» se caractérise par des alliances changeantes et un profil variable, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’existe pas et qu’il est le fruit de fantasmes conspirationnistes ou de la paranoïa de Donald Trump. Il est indéniable que la devise cynique «armement-guerre-reconstruction»est l’un des moteurs les plus puissants de l’économie occidentale.
D.Trump
Il n’existe pas de grand groupe industriel ne s’enrichissant pas massivement grâce à lui. Cela est vrai en particulier dans le secteur des technologies récentes de l’information.
G.Andders
Le philosophe Günther Anders l’a formulé dans une juste remise au point quand il écrit: «Les armes ne sont pas faites pour les guerres. C’est la guerre qui est faite pour les armes.»
Le Project for a New American Century10 (PNAC) de 1997, qui prévoit le recours à la force armée pour défendre la domination mondiale des Etats-Unis, en est un exemple.
Il s’agit d’un projet de politique étrangère néocoloniale menée par les lobbyistes de l’industrie énergétique et de l’armement.
Publiée en 2019par la Rand Corporation, le groupe de réflexion par excellence du Pentagone, l’étude«Overextending and unbalancing Russia» montre que cette orientation générale n’a guère évolué.
Si de nombreux analystes utilisent le terme «deep state», c’est parce qu’ils sont convaincus qu’il existe un mécanisme qui est très souvent relié aux grands médias par des circuits secrets «souterrains» et qui peut, par l’intermédiaire de ces médias, pousser n’importe quel gouvernement à agir.
Que l’on appelle ce mécanisme «Etat dans l’Etat» ou «le coucou dans le nid», cela ne fait aucune différence.
Le Washington Post a rapporté en 2010 qu’il y avait aux Etats-Unis 854.000 personnes travaillant dans dix mille endroits différents à des niveaux de confidentialité élevés pour la «sécurité nationale».11
La vendetta féroce que Donald Trump a engagée contre ses services secrets n’est donc pas un événement isolé. Il s’agit d’un système qui remonte aux débuts de la guerre froide.
Kennedy & Allen Dulles le 23.07.1960
Allen Dulles détestait John F. Kennedy. Et vice versa. En apparence, les relations restaient formellement correctes, mais le chef vieillissant de la CIA constatait avec consternation que le jeune président n’était pas disposé à affronter l’Union soviétique et le communisme avec la dureté militaire sans compromis que Dulles jugeait indispensable.
Après son entrée en fonction, Kennedy fit des pas cruciales et pratiques en direction d’ une politique de cohabitation entre les deux blocs. Il voulait éviter une escalade militaire et une guerre nucléaire, mais il se laissa néanmoins entraîner dans le désastre vietnamien.
1961 – Fidel Castro
En 1961,la CIA lança une offensive contre la République communiste de Cuba dans le but de renverserFidel Castro.
Kennedy n’était pas enthousiaste de cette idée. Il aurait préféré que l’invasion soit présentée comme une opération menée par des rebelles anticommunistes cubains et nier publiquement l’aide officielle apportée par son gouvernement. Dulles, lui, avait insisté pour que les Etats-Unis mènent une intervention armée intense, ce qui lui avait valu les foudres de Kennedy.
Le chef de la CIA tenta donc d’utiliser la manière forte. Il laissa Kennedy dans l’ignorance des maigres chances de réussite de l’opération, espérant que si un échec se profilait, Kennedy serait contraint de faire appel à l’armée de l’air et à la marine afin d’éviter un désastre planétaire dommageable pour l’image des Etats-Unis. Kennedyne tomba pas dans le piège.
Mais en 1963il finit par payer de sa vieson opposition au bloc formé par ses généraux et la communauté du renseignement – c’est mon point de vue, du moins.
Le président américain Donald Trump. /Photo prise le 20 mai 2025/REUTERS/Kevin Lamarque
On peut voir en Donald Trump un bluffeur, un bonimenteur et un hâbleur invétéré, mais son parcours erratique en matière de politique étrangère ne s’explique pas uniquement par ce type de psychologie.
Comme tous ses prédécesseurs, Trump doit nourrir le coucou agressif installé dans son nid en jouant les gros bras militaires. D’où son slalom en matière de politique étrangère entre «America first» et intervention militaire.
Aucun président des Etats-Unis n’a jusqu’à présent pu échapper à ces contraintes. •