
1°/Rencontre avec Andreï Chibis, gouverneur de la région de Mourmansk – 24 novembre 2025 à 14h15 au Kremlin-Moscou
2°/Vladimir Poutine arrive à Bichkek – 25 novembre 2025 à 15h55 à Bichkek
3°/Les présidents russe et kirghize ont déposé des gerbes au pied de la Flamme éternelle. – 25 novembre 2025 à 17h05 à Bichkek
4°/Visite d’État au Kirghizistan – 26 novembre 2025 à 09H40 à Bichkek
5°/Rencontre avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko – 26 novembre 2025 à 14h30 à Bichkek
6°/Visite des yourtes de la résidence d’État d’Ala Archa – 26 novembre 2025 à 18h00 à Bichkek
7°/Sommet de l’OTSC – 27 novembre 2025 à 10 h 20 à Bichkek
8°/Rencontre avec le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon – 27 novembre 2025 à 13h00 à Bichkek
9°/Réponses aux questions des médias – 27 novembre 2025 à 17h10 à Bichkek

1°/Rencontre avec Andreï Chibis, gouverneur de la région de Mourmansk – 24 novembre 2025 à 14h15 au Kremlin-Moscou
Les discussions ont porté sur le développement de l’Arctique et d’autres questions régionales importantes.
24 novembre 2025 à 14h15 au Kremlin-Moscou
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Oblast Murmansk
PHOTO 5 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78529/photos |
Andreï Chibis a indiqué que, conformément aux instructions présidentielles émises à la suite du Forum international de l’Arctique de Mourmansk en mars, la Commission du Conseil d’État pour la Route maritime du Nord et l’Arctique a élaboré, en coopération avec le Conseil maritime russe, des propositions relatives au développement global de l’Arctique.
Il s’agit de créer un projet intégré unique pour le développement de l’Arctique et du corridor de transport transarctique, incluant la Route maritime du Nord. Le gouverneur a souligné que, bien que ne représentant que 2% de la population, l’Arctique contribue à hauteur de 10% au PIB du pays. La Russie est le leader incontesté de la région arctique, contribuant à hauteur de 46 % au PIB mondial de l’Arctique.
Le président a suggéré d’aborder les questions les plus importantes du point de vue de la région de Mourmansk. Andreï Chibis a relevé un défi majeur : les projets en cours ne garantissent la croissance du trafic de marchandises que jusqu’en 2035.
Passé ce délai, le risque d’une baisse significative du trafic de marchandises le long de la Route maritime du Nord est important. Les projets et gisements actuellement en développement seront épuisés d’ici là, et l’un des principaux défis consiste désormais à identifier des secteurs d’investissement rentables afin de maintenir l’approvisionnement continu en gaz.
La discussion a également porté sur le développement des infrastructures gazières, un enjeu crucial selon le gouverneur, car il est important non seulement pour les ménages locaux, mais aussi pour la structure économique de la région de Mourmansk. La transformation locale des produits locaux est essentielle. Par exemple, le concentré d’apatite est produit localement, puis transporté vers une usine de traitement éloignée. Il est ensuite transformé en engrais et exporté par les ports. La transformation locale permettrait de créer de la valeur ajoutée, de réduire les coûts et d’augmenter les recettes fiscales.
Andreï Chibis a sollicité le soutien du président afin de garantir que les prix du gaz pour les consommateurs industriels, conformément au programme d’approvisionnement régional, restent au niveau moyen des régions du nord-ouest du pays. Cette mesure créerait des conditions concurrentielles favorables au développement de nouvelles capacités industrielles dans la région.
Vladimir Poutine a également attiré l’attention du gouverneur sur le fait que la croissance industrielle aggravera inévitablement le problème des déchets, alors que la région en a déjà accumulé une quantité considérable.
Mr. Chibis a indiqué que des solutions techniques et des technologies appropriées étaient en cours d’élaboration, y compris pour les sites d’enfouissement vieux de plusieurs décennies. Des travaux sont en cours pour identifier les options de traitement et d’extraction des composants utiles qui, auparavant, ne pouvaient être récupérés en raison des limitations technologiques.
Le gouverneur a également noté que la région se classe actuellement deuxième au classement national de l’environnement. Néanmoins, les dommages environnementaux accumulés dans l’Arctique sont bien réels. Il existe des problèmes liés aux entreprises industrielles, un mouvement de bénévoles actif et, plus largement, un engagement global en faveur de la préservation de l’environnement arctique malgré le développement industriel.
Le président a par ailleurs souligné que les dommages environnementaux accumulés, et la protection de l’environnement en général, constituent un enjeu de santé publique.
Des problèmes nécessitent une attention particulière dans ce domaine, notamment compte tenu de l’augmentation des cas de cancer et d’autres maladies néoplasiques dans la région de Mourmansk.
Andreï Chibis a indiqué que les taux de diagnostic s’étaient nettement améliorés et que la construction d’une nouvelle aile du centre d’oncologie était presque terminée. L’établissement devrait devenir un centre médical de pointe. Il a également sollicité le soutien du Président pour le projet de construction d’un hôpital pour enfants, précisant que le site, les solutions techniques et les spécifications médicales et techniques étaient déjà prêts.
Le Président a également souligné la nécessité de moderniser les infrastructures sociales pour enfants, notamment les écoles et les jardins d’enfants, précisant que plus de 70 % de ces bâtiments dans la région nécessitaient d’importantes rénovations.
Mr. Chibis a assuré au Président que l’administration régionale s’attelait activement à cette question, avec la construction de huit nouveaux jardins d’enfants ces dernières années.
Cette année, un nouvel établissement scolaire moderne, le Lycée du Gouverneur, a ouvert ses portes, doté d’équipements pédagogiques de pointe. Ses principaux domaines d’études comprennent la Route maritime du Nord, les ressources minérales arctiques et les bioressources, offrant aux élèves une première orientation professionnelle dans ces secteurs. Ces domaines sont également développés à l’université régionale, où un campus de niveau international est actuellement en construction.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78529

2°/Vladimir Poutine arrive à Bichkek – 25 novembre 2025 à 15h55 à Bichkek
Le président russe est arrivé en République kirghize pour une visite d’État. Il participera également à une session du Conseil de sécurité collective de l’Organisation du traité de sécurité collective.
25 novembre 2025 à 15h55 à Bichkek

PHOTO 6 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78546/photos |
Sur le tarmac, Vladimir Poutine a été accueilli par le président du Kirghizistan, Sadyr Japarov. Les drapeaux des deux pays ont été hissés sur l’aérodrome, une garde d’honneur a été formée et une fanfare solennelle a retenti.
Dans le cadre de la cérémonie d’accueil, des danses traditionnelles ont été présentées, ainsi que des démonstrations de techniques de chasse traditionnelles kirghizes utilisant des aigles royaux et des chiens. À l’aéroport de Manas, un ensemble folklorique et ethnographique a interprété un court programme musical.

République kirghize
Paysage de la République kirghize
Au cours de sa visite d’État, le président russe s’entretiendra avec le président kirghize, Sadyr Japarov, afin d’évoquer le développement du partenariat stratégique et des relations d’alliance entre la Russie et le Kirghizistan dans divers domaines. Une déclaration conjointe des chefs d’État, ainsi que plusieurs accords intergouvernementaux et commerciaux, ont été préparés en vue de leur signature.
La session du Conseil de sécurité collective de l’OTSC permettra de dresser le bilan de la coopération au sein de l’organisation cette année et de définir les axes prioritaires d’amélioration du système de sécurité collective. Vladimir Poutine informera ses collègues des priorités de la présidence russe de l’OTSC en 2026.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78546

3°/Les présidents russe et kirghize ont déposé des gerbes au pied de la Flamme éternelle. – 25 novembre 2025 à 17h05 à Bichkek
Vladimir Poutine et Sadyr Japarov ont déposé des gerbes au mémorial de la Flamme éternelle, place de la Victoire à Bichkek.
25 novembre 2025 à 17h05 à Bichkek
PHOTO 5 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78547/photos |
Les présidents ont honoré la mémoire des défenseurs tombés au combat par une minute de silence ; ensuite, les soldats de la garde d’honneur ont tiré trois salves de fusil.
Le mémorial de la Flamme Éternelle a été érigé en 1985 pour commémorer le 40e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique. La composition centrale du mémorial présente une yourte symbolique et, à ses pieds, une sculpture représentant une mère attendant le retour de son mari et de ses fils.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78547

4°/Visite d’État au Kirghizistan – 26 novembre 2025 à 09H40 à Bichkek
Vladimir Poutine a effectué une visite d’État au Kirghizistan.
26 novembre 2025 à 09H40 à Bichkek
PHOTO 30 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78556/photos |
La cérémonie d’accueil officielle de Vladimir Poutine, organisée par le président kirghize Sadyr Japarov, s’est tenue au bâtiment gouvernemental d’Yntymak Ordo, suivie d’entretiens russo-kirghizes.
À l’issue de ces entretiens, les dirigeants ont signé une déclaration commune sur l’approfondissement des relations d’alliance et du partenariat stratégique.
Les présidents ont assisté à l’échange d’autres documents signés lors de la visite d’État de Vladimir Poutine au Kirghizistan,
notamment un protocole modifiant le Traité entre la Fédération de Russie et la République kirghize sur la promotion de la coopération militaro-technique, signé le 20 juin 2017, des accords intergouvernementaux relatifs à la coopération en matière de sécurité sanitaire et épidémiologique de la population, aux affaires intérieures et aux questions migratoires en Russie et au Kirghizistan, ainsi qu’aux modalités de construction d’un nouveau campus de l’Université slave kirghize-russe portant le nom du premier président russe, Boris Eltsine.
Par ailleurs, les deux parties ont signé des mémorandums d’entente interministériels sur la coopération en cardiologie et en planification stratégique.
Les deux présidents ont également fait des déclarations à la presse.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78556

5°/Rencontre avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko – 26 novembre 2025 à 14h30 à Bichkek
Vladimir Poutine a rencontré le président de la République biélorusse Alexandre Loukachenko.
26 novembre 2025 à 14h30 à Bichkek
PHOTO 5 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78560/photos |

Président de la République du Bélarus Alexandre Loukachenko : Tout d’abord, je vous remercie d’avoir tenu votre promesse. Nous avions convenu d’un rendez-vous à cette heure précise. Je sais que vous avez eu quelques jours chargés ; une visite officielle implique généralement une charge de travail considérable.
Néanmoins, comme vous l’avez justement souligné, il y a toujours des points importants à aborder. Nous devons examiner certaines questions avant de prendre certaines décisions. Ces questions sont de plus en plus nombreuses et complexes. Je suis prêt à discuter des problèmes urgents pour la Russie et le Bélarus.

Président de la Russie Vladimir Poutine : Monsieur Loukachenko, je suis également ravi de vous voir. Nous restons en contact ; nous nous sommes entretenus par téléphone il y a deux jours et avons programmé cette rencontre. Nous sommes en compagnie d’amis, la charge de travail ne sera donc pas trop importante.
Nous avons évoqué les relations bilatérales avec le Kirghizistan. Nos échanges commerciaux et économiques avec ce pays ne sont pas encore très développés, mais ils sont en pleine expansion.
Si l’on prend le cas du Bélarus, même si les chiffres des années précédentes étaient déjà bons, nous avons atteint un niveau satisfaisant de plus de 50 milliards de dollars d’échanges commerciaux, et la Russie est le premier investisseur dans l’économie bélarusse. Pour réaffirmer cette tendance, la dynamique est positive et, globalement, la situation semble évoluer favorablement au sein de l’Union économique eurasiatique (UEE), la tendance étant très encourageante.
Concernant les relations russo-bélarusses, je tiens à souligner les points les plus importants : outre la dynamique positive des échanges commerciaux et de l’économie, nous avons réalisé plus d’un tiers de nos objectifs d’amélioration et de construction de l’État de l’Union. C’est un point crucial. Les discussions se poursuivent de manière productive dans le secteur de l’énergie.
Il ne fait aucun doute que nous avons des points à aborder concernant la sécurité de l’État de l’Union. Vous m’avez informé par téléphone de l’état des relations avec vos voisins, et je me ferai un plaisir de vous tenir au courant des progrès réalisés en matière de recherche de résultats acceptables et souhaitables pour nous sur le dossier ukrainien, par des moyens pacifiques. Je sais que vous suivez la situation de près et que vous vous en préoccupez, et que vous faites partie de ceux qui souhaitent la fin de ce conflit. Nous nous souvenons de votre contribution au règlement de ce conflit. Dès le premier jour, les efforts déployés par le Bélarus à cet égard ont porté leurs fruits, et nos premiers contacts avec le régime de Kiev sur cette question ont eu lieu sur le sol bélarusse, avec votre participation directe. Je vous tiendrai bien entendu informé.

Alexandre Loukachenko : Si jamais vous décidez de revenir à Minsk, sachez que nous sommes toujours prêts à vous accueillir. Chaque fois que la question ukrainienne est abordée lors de mes conversations avec les Occidentaux, les Américains, et qu’ils expriment leurs inquiétudes, je leur demande invariablement : ignorez-vous que nous sommes frères et que nos actions sont juridiquement justifiées ? Nous sommes alliés. Ainsi, même les Américains – et je les en félicite – ne soulèvent jamais cette question, jamais. Nous avons abordé ce point une fois et l’avons clos, point final.
J’espère que tout se passera bien, comme on peut le supposer d’après les derniers développements, si les Américains (je vais maintenant dire publiquement ce que je leur ai dit en privé) agissent avec prudence et gardent pleinement conscience que cette question est complexe et exige des solutions élaborées.

Vladimir Poutine : Je pense que nous sommes parvenus à cet accord. Nous allons en discuter maintenant.
<…>
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78560

6°/Visite des yourtes de la résidence d’État d’Ala Archa – 26 novembre 2025 à 18h00 à Bichkek
PHOTO 6 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78563/photos |
Vladimir Poutine, accompagné des dirigeants des États membres de l’Organisation du traité de sécurité collective –
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le président du Bélarus Alexandre Loukachenko,
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le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev,
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le président du Kirghizistan Sadyr Japarov
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et le président du Tadjikistan Emomali Rahmon
– a visité les yourtes situées sur le terrain de la résidence d’État Ala Archa à Bichkek dans le cadre d’un court programme culturel.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78563

7°/Sommet de l’OTSC – 27 novembre 2025 à 10 h 20 à Bichkek
Une réunion ordinaire du Conseil de sécurité collective de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) s’est tenue à la résidence gouvernementale Yntymak Ordo à Bichkek.
27 novembre 2025 à 10 h 20 à Bichkek
PHOTO 24 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78565/photos |
Le sommet de l’OTSC a débuté par une réunion à huis clos après une cérémonie de bienvenue et une séance photo conjointe.
Ont participé à cette réunion
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le président russe Vladimir Poutine,
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le président biélorusse Alexandre Loukachenko,
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le président kazakh Kassym-Jomart Tokaïev,
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le président kirghize Sadyr Japarov,
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le président tadjik Emomali Rahmon
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et le secrétaire général de l’OTSC, Imangali Tasmagambetov.
Les consultations internationales se sont poursuivies en format élargi avec la participation des membres des délégations. Les participants ont examiné la coopération au sein de l’OTSC en 2025 et coordonné leurs plans d’amélioration du système de sécurité collective. Vladimir Poutine a présenté à ses homologues les priorités de la présidence russe de l’OTSC en 2026.
Plusieurs documents ont été signés à l’issue du sommet, notamment la Déclaration du Conseil de sécurité collective de l’OTSC et une déclaration sur la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Les documents signés comprennent
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les décisions du Conseil de sécurité collective de l’OTSC relatives à la stratégie de sécurité collective de l’OTSC,
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à la stratégie antidrogue des États membres de l’OTSC pour la période 2026-2030,
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aux mesures visant à promouvoir une image positive de l’OTSC et de ses États membres dans l’espace informationnel,
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au plan d’action pour le développement de la coopération militaire entre les États membres de l’OTSC pour la période 2026-2030,
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et à la modification de la décision du Conseil de sécurité collective de l’OTSC relative au système de commandement et de contrôle des troupes (forces collectives) de l’OTSC, approuvée le 15 septembre 2015.
En outre, les participants ont signé une déclaration du Conseil de sécurité collective de l’OTSC sur le renforcement de la coopération en matière de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants.

Discours prononcé lors de la réunion en format élargi du Conseil de sécurité collective de l’OTSC
Vladimir Poutine, président de la Russie : Chers amis,
Comme indiqué précédemment, la Russie assumera la présidence de l’OTSC le 1er janvier 2026. Sa devise sera : « Sécurité collective dans un monde multipolaire : objectif commun, responsabilité partagée ». La Russie mettra tout en œuvre pour assurer la continuité des principaux domaines d’interaction au sein de l’OTSC, en développant la coopération entre nos pays sur la base des principes d’une véritable alliance, d’amitié et de bon voisinage, du respect et de la prise en compte des intérêts mutuels, ainsi que de l’assistance et du soutien réciproques.
Au cours de la dernière décennie, l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) est devenue une structure régionale respectée. L’OTSC garantit efficacement la sécurité et la stabilité dans l’espace eurasien, tout en protégeant la souveraineté et l’intégrité territoriale de ses États membres. Dans un contexte de tensions géopolitiques, il est logique que la promotion des intérêts et des initiatives collectives des États membres de l’OTSC sur la scène internationale prenne une importance croissante.
À cet égard, la Russie souhaite proposer la tenue d’un forum international d’experts sur la création d’une architecture de sécurité égale et indivisible en Eurasie avant le sommet de l’OTSC de 2026 à Moscou. Nous entendons inviter non seulement les délégations des États membres, mais aussi des représentants de pays amis, d’organisations multilatérales et d’associations d’intégration.
Bien entendu, la Russie continuera de travailler en étroite collaboration avec ses alliés dans tous les domaines liés au renforcement des capacités militaires de l’OTSC, en concentrant ses efforts sur le renforcement de la capacité opérationnelle des forces nationales et l’amélioration du commandement et du contrôle des forces collectives.
Nous proposons de lancer un vaste programme d’équipement des forces collectives en armements et équipements militaires russes modernes, dont l’efficacité a été démontrée lors d’opérations terrestres. C’est dans cet esprit que nous prévoyons d’organiser une série d’exercices conjoints pour nos unités militaires et nos services spéciaux, notamment lors des prochaines phases de nos exercices réguliers d’interaction, d’échelon et de recherche. Nous estimons qu’une attention particulière doit être portée au développement des forces aériennes et du système de défense aérienne de l’organisation.
Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer les mécanismes de déploiement des forces de maintien de la paix. L’une des priorités essentielles de la présidence russe sera de développer la coopération entre nos États afin de garantir le leadership technologique de l’OTSC dans le domaine militaire, en mettant l’accent sur l’approfondissement de la collaboration entre les entreprises de l’industrie de défense.
La Russie facilitera également activement l’introduction des dernières avancées en médecine militaire au sein des forces armées. Nous continuerons, bien entendu, d’apporter notre assistance aux États membres en matière de santé et de sécurité sanitaire, contribuant ainsi aux efforts conjoints de prévention et de lutte contre les épidémies de maladies graves.
Nous comptons renforcer l’efficacité du Conseil de coordination de la biosécurité, créé au sein de l’OTSC à l’initiative de la Russie en 2021. Il nous semble opportun d’entendre un rapport de sa direction sur la situation dans ce domaine lors de notre prochaine réunion.
Durant notre présidence, nous prévoyons d’entamer une collaboration sur la nouvelle stratégie antiterroriste de l’OTSC. Nous mettrons tout en œuvre pour lutter résolument contre l’extrémisme. Avec nos partenaires au sein de l’organisation, nous poursuivrons notre travail d’identification et d’élimination des groupes terroristes internationaux et de leurs cellules, ainsi que de démantèlement de leurs circuits de financement.
Parmi les priorités majeures de l’organisation, je tiens également à souligner la sécurité de l’information. La Russie est résolue à coopérer étroitement avec ses alliés pour prévenir la propagation d’idées radicales parmi les jeunes. Nous estimons impératif de prendre des mesures supplémentaires afin de protéger notre espace informationnel commun contre de telles menaces.
Nous mettrons tout en œuvre pour renforcer notre coopération dans la lutte contre le trafic de stupéfiants. Nous poursuivrons l’opération antidrogue « Channel », avec la participation des acteurs internationaux intéressés.
À titre d’objectif d’avenir, nous envisageons de renforcer les capacités d’information et d’analyse de l’OTSC et d’étendre son réseau de mécanismes auxiliaires et consultatifs. Par exemple, nous estimons que le moment est venu de créer une Association des centres d’analyse des États membres de l’OTSC pour les relations internationales et la sécurité.
Il serait également judicieux de privilégier le développement de la coopération interparlementaire afin d’harmoniser les législations nationales des États membres de l’organisation.
Par ailleurs, compte tenu de l’ampleur croissante des tâches qui incombent au Secrétariat et à l’État-major commun de l’OTSC, nous proposons d’étudier activement les moyens d’améliorer l’efficacité de leur travail, de procéder à une optimisation structurelle, d’assurer une adaptation souple aux réalités modernes et, bien entendu, de créer les conditions propices à l’attraction de personnel hautement qualifié pour les initiatives communes.
En conclusion, je tiens à exprimer ma gratitude à Mr. Sadyr Japarov pour son accueil chaleureux et pour l’excellent travail accompli au sein de l’organisation sous la présidence du Kirghizistan.
Je souhaite également, une fois encore, plein succès au représentant du Kirghizistan qui a pris ses fonctions de secrétaire général de l’OTSC. Nous lui apporterons naturellement toute l’assistance nécessaire.
Il a été convenu que la prochaine session du Conseil de sécurité collective se tiendra à Moscou le 11 novembre 2026. Nous serons ravis de vous accueillir dans la capitale russe.
Je vous remercie de votre attention.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78565

8°/Rencontre avec le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon – 27 novembre 2025 à 13h00 à Bichkek
Vladimir Poutine a rencontré le président du Tadjikistan, Emomali Rahmon, en marge du sommet de l’OTSC à Bichkek.
27 novembre 2025 à 13h00 à Bichkek
PHOTO 9 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78567/photos |
Président de la Russie, Vladimir Poutine : Monsieur Rahmon, je suis très heureux de pouvoir vous rencontrer en privé en marge de notre événement de l’OTSC afin de discuter du développement futur de nos relations bilatérales.
Dans l’ensemble, les choses progressent conformément à nos plans, que nous avons coordonnés lors de ma récente visite. Je tiens à vous remercier encore une fois pour l’accueil chaleureux que vous nous avez réservé au Tadjikistan.
Des progrès sont réalisés et nos gouvernements travaillent sur tous les domaines prioritaires. Plus important encore, nos échanges commerciaux continuent de croître. Nous maintenons également un contact permanent sur les questions de sécurité régionale. Nous sommes pleinement conscients de la situation à vos frontières. Nos services de renseignement et nos ministères de la Sécurité coopèrent étroitement.
Il est donc tout à fait utile de profiter de cette occasion pour nous rencontrer en personne et d’aborder toutes les questions d’intérêt commun au Tadjikistan et à la Russie.

Président du Tadjikistan, Emomali Rahmon : Monsieur Poutine, je vous remercie beaucoup de cette opportunité de rencontre.
Je suis ravi d’accepter votre invitation à visiter Saint-Pétersbourg le 21 décembre. C’est une tradition entre amis de nous réunir chaque année avant le Nouvel An, une coutume désormais bien ancrée.
Nos relations bilatérales se développent progressivement. Le volume des échanges commerciaux a augmenté de près de 20 % par rapport à l’année dernière. Autrement dit, il n’y a aucun problème non résolu entre nos pays ; tout se déroule comme prévu. Nous nous sommes mis d’accord sur ce cadre lors de votre visite d’État et nous allons maintenant aborder tous les points inscrits à notre ordre du jour.
Je vous remercie encore pour cette rencontre.

Vladimir Poutine : Nous nous réjouissons de vous accueillir le 21 décembre. Je suis certain que cette rencontre sera agréable, productive et enrichissante.
Nous préparons un programme dense, qui, vous le constaterez, concerne chacune des républiques. Comme vous le savez, une grande partie du patrimoine culturel et historique de l’époque soviétique a été préservée pour tous les peuples de cet espace, et je suis certain que vous prendrez plaisir à le découvrir.

Emomali Rahmon : Lors de votre visite d’État, vous m’avez offert un cadeau des plus précieux : le livre intitulé « Les Tadjiks ».
Vladimir Poutine : En effet. Nous y trouverons encore quelque chose d’intéressant, quelque chose qui, j’en suis sûr, vous plaira.
Emomali Rahmon : Merci.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78567

9°/Réponses aux questions des médias – 27 novembre 2025 à 17h10 à Bichkek
À la suite de sa visite d’État au Kirghizistan et du sommet de l’OTSC, Vladimir Poutine a répondu aux questions des journalistes russes.
27 novembre 2025 à 17h10 à Bichkek
A Bichkek
PHOTO 8 SUR http://en.kremlin.ru/events/president/news/78571/photos |
Vladimir Poutine, Président de la Russie : Bonjour. Je suis à votre disposition.
Tout d’abord, je tiens à exprimer notre gratitude aux dirigeants du Kirghizistan pour l’organisation de cet événement et pour l’année écoulée durant laquelle le Kirghizistan a présidé l’OTSC et accueilli diverses manifestations, ce qui a sans aucun doute contribué à renforcer l’organisation.
Je suis convaincu que, dans le contexte actuel de turbulences, l’OTSC est un facteur majeur de stabilité dans notre espace commun. C’est important pour la Russie et très important pour de nombreux pays membres de l’OTSC.
Nous avons coordonné l’ensemble des points sans grande difficulté, c’est-à-dire toutes les propositions avancées par le Secrétariat. Tous les documents que nous avions prévu de signer l’ont été. Il n’y a eu pratiquement aucune divergence sur les sujets abordés. Chacun sait qu’il est nécessaire de renforcer notre coopération dans la situation actuelle. Nous ne menaçons personne, mais nous devons être prêts à répondre à toute action qui pourrait être perçue comme agressive envers nos pays.
Nous travaillons sur de nombreux autres sujets, et nous en reparlerons probablement maintenant. Nous avons accompli un travail concret et fructueux dans tous ces domaines essentiels.
Globalement, nous pouvons dire, premièrement, que nous avons atteint le résultat escompté. Deuxièmement, je vois de bonnes perspectives pour le développement futur de notre coopération au sein de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).
Comme vous le savez, la Russie a pris la présidence de l’OTSC et dirigera l’organisation pendant un an. J’ai exposé les priorités de notre présidence lors de la réunion au format élargi. Je pense que vous en êtes déjà informés, il est donc inutile de les répéter. Dans l’ensemble, nous sommes très satisfaits des résultats de notre travail commun.
Merci. Si vous avez des questions, ce dont je suis certain, je ferai de mon mieux pour y répondre.
1
Pavel Minakov : Bonjour, agence de presse Interfax.
Ma question porte sur nos priorités. Nous assurons la présidence de l’Organisation, et notre devise est « Sécurité collective dans un monde multipolaire ».
Pourquoi ce principe directeur a-t-il été choisi pour notre présidence ?
Pourriez-vous nous en dire plus sur nos priorités spécifiques à ce poste ?
Ma deuxième question concerne également la sécurité collective. Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a une nouvelle fois décliné l’invitation au sommet, alors même que l’Arménie mène des exercices militaires conjoints avec les États-Unis. La question est de savoir si cela constitue une menace pour notre unité dans le cadre de la sécurité collective de l’OTSC. Merci.

Vladimir Poutine : Je tiens à le réaffirmer : j’ai exposé les priorités lors de la réunion à format élargi. Cela a été fait ouvertement – vous y étiez probablement présents, ou du moins, nombre d’entre vous en ont entendu parler.
Les priorités sont nombreuses : renforcer notre coopération, comparer les capacités de nos industries de défense respectives. Comme chacun sait, depuis l’époque soviétique, cette coopération est très étendue. Nous accordons aux États membres de l’OTSC des conditions préférentielles pour l’acquisition de nos armements et équipements. Tout cela fonctionne de manière très efficace.
Il est parfaitement clair que, dans le contexte de l’opération militaire spéciale, nos capacités pour certains composants sont actuellement limitées. Autrement dit, elles sont substantielles, mais nous devons satisfaire nos propres besoins. Dans certains secteurs, nous y parvenons pleinement.
Je ne crois pas que nos capacités de production soient excessives, mais nous ne nous contentons pas de satisfaire nos propres besoins tout en continuant d’exporter nos équipements. Cela concerne principalement les technologies aéronautiques, notamment les avions et les hélicoptères. Nous avons récemment réalisé des progrès significatifs – une véritable révolution pour nous – dans le domaine des technologies sans pilote et des drones. Nous sommes prêts à partager ces avancées avec nos partenaires.
Un autre axe de coopération concerne l’amélioration de l’efficacité opérationnelle des organes de gestion de l’OTSC. Bien que cela puisse paraître bureaucratique, c’est un point important, car chaque pays a intérêt à minimiser ses dépenses et à optimiser la coordination.
Nous continuerons, comme auparavant, à mener des exercices conjoints dans tous les domaines. Cela concerne non seulement la coopération entre les forces armées, mais aussi le travail des services de sécurité.
Malheureusement, les menaces que représentent la drogue et le crime organisé persistent. Nous restons vigilants sur ce point. Nous entendons nous appuyer sur le travail entrepris par nos collègues du Kirghizistan, comme je l’ai mentionné. La continuité sera totale. Je suis convaincu que cela profitera à tous les États membres de l’OTSC.
Quant à la position de l’Arménie, elle est également bien connue. Nos collègues arméniens nous l’ont communiquée : « Nous soutenons toutes les décisions adoptées par l’OTSC, nous nous considérons comme membres de l’OTSC, mais pour l’instant, nous nous abstenons de participer aux réunions de l’Organisation.» C’est leur choix. S’ils estiment que cette voie est envisageable pour le moment, qu’il en soit ainsi. Nous sommes d’accord.
Puisqu’ils demeurent membres de l’Organisation, nous, la Russie, maintenons le contact avec eux. En tant que pays assumant la présidence de l’OTSC, nous maintiendrons, bien entendu, un dialogue constant avec eux en leur qualité de membres. Naturellement, les décisions que nous prendrons concernant chaque priorité seront également discutées et coordonnées avec eux.

2
Leonid Kitrar : Monsieur le Président, Leonid Kitrar, Centre d’information multimédia d’Izvestia. J’ai une question concernant les relations bilatérales avec le Kirghizistan.
Nous menons plusieurs projets, notamment dans le secteur de l’énergie. Cette année, Rosatom a déclaré être prête à construire une petite centrale nucléaire ici.
Ce projet a-t-il été abordé ?
Dispose-t-on de chiffres précis ? Quels sont les domaines les plus prometteurs dans nos relations bilatérales ?
J’ai une autre question rapide. Il y a peu de temps, des problèmes sont survenus concernant le transport de marchandises entre le Kazakhstan et la Russie.
Rencontre-t-on des difficultés similaires ici ?

Vladimir Poutine : Je commencerai par la coopération bilatérale.
Je remercie le Président du Kirghizistan de m’avoir invité à effectuer une visite de haut statut diplomatique et de l’hospitalité dont notre délégation a bénéficié.
Voici ce que nous avons déclaré lors de la conférence de presse qui a suivi la visite. Nos relations évoluent en effet de manière très positive et nos investisseurs sont de plus en plus actifs sur le marché kirghize. Comment cela est-il possible ?
Je l’ai brièvement évoqué précédemment, mais c’est essentiel : cela s’explique en partie par le fait que les dirigeants actuels du Kirghizistan ont su instaurer une situation politique intérieure stable, ce qui est toujours primordial pour les investisseurs potentiels, car chacun espère que les engagements pris par le pays bénéficiaire garantiront la mise en œuvre de tous les accords. C’est un point crucial. Les dirigeants kirghizes y sont parvenus. Nous leur souhaitons plein succès dans le renforcement de cette stabilité politique intérieure et, en tant que membre de l’UEEA et de l’OTSC, nous les soutiendrons et les assisterons dans cette démarche.
Nos relations couvrent de nombreux domaines, outre l’investissement, notamment les secteurs minier et énergétique. Pour rappel, le Kirghizistan bénéficie de nos ressources aux prix les plus bas et nos exportations sont exemptées de droits de douane. Naturellement, cela rend nos produits extrêmement compétitifs sur le marché kirghize et soutient fortement l’économie du pays. Cela inclut le pétrole et le gaz, mais nous ne nous limitons pas à ces ressources ; nous envisageons la construction de petites centrales nucléaires.
Pour rappel, la Russie est le seul pays au monde à réaliser de tels projets. Nombreux sont ceux qui se disent prêts à le faire, mais à ce jour, nous sommes les seuls à l’avoir fait. Si le Kirghizistan décide de poursuivre ce projet – nos collègues sont en contact –, nous le mettrons en œuvre.
Les secteurs de haute technologie se développent également dans le cadre de la coopération bilatérale. Je tiens à souligner que Yandex s’investit de plus en plus activement dans ce domaine. Espérons que cette dynamique se poursuive, car Yandex ne se limite pas à la livraison de repas, aux transports et aux services de taxi ; l’entreprise s’investit pleinement dans le développement de l’intelligence artificielle.
Il s’agit d’un domaine extrêmement important et prometteur pour nous tous. Certes, le Kirghizistan n’est pas un grand pays, mais il abrite une population instruite, notamment des jeunes bien formés, qui ont d’excellentes perspectives d’avenir. Et il est important pour nous de créer un espace commun dans ce secteur extrêmement prometteur. C’est pourquoi nous y travaillerons également.
Le Kirghizistan et la Russie considèrent qu’il est primordial de tout mettre en œuvre pour que la politique migratoire russe garantisse les intérêts des résidents de la Fédération de Russie, de nos citoyens et de notre économie, ainsi que ceux des citoyens kirghizes venant travailler en Russie. Ils doivent s’y préparer, y compris sur le plan humanitaire. Je veux dire avant tout leur maîtrise du russe, dès le plus jeune âge, dès l’école primaire.
À cet égard, comme vous le savez également, nous aidons les autorités kirghizes à promouvoir l’apprentissage du russe. Nous ouvrirons des écoles ici et œuvrerons dans le domaine de l’enseignement supérieur. De manière générale, les perspectives de coopération sont vastes. Au Kirghizistan, comme vous le savez, le russe a un statut officiel au niveau législatif, ce que nous apprécions beaucoup. Et nous poursuivrons notre action dans tous ces domaines.
Concernant le trafic de marchandises. Oui, en effet, un tel problème s’est posé. Quelle en est la cause ? Je ne vous cacherai pas que, sur mes instructions, le Comité des douanes – dans le cadre de l’UEEA, nos autorités douanières sont habilitées à mener de telles actions – a commencé des contrôles routiers aléatoires. Il s’est avéré qu’un nombre important de marchandises, un nombre important de ces camions, comme vous l’avez dit, franchissent la frontière russo-kazakhe sans aucun document. Oui, nous avons un espace douanier commun, un marché commun et la libre circulation des capitaux et des marchandises.
Mais chaque poids lourd, chaque camion de cette taille doit être muni d’un ensemble de documents convenus entre nous, entre les États. Ils ne sont pas nombreux, mais ils sont indispensables.
Il doit y avoir un document détaillant le contenu du camion et, au minimum, l’identité du destinataire. Le premier document indique clairement la valeur en douane, les droits de douane à payer par la personne qui franchit notre frontière avec ces marchandises, ainsi que la personne qui doit s’acquitter de la TVA à la réception. Dès le début des contrôles routiers, il s’est avéré qu’aucun document n’était présent. Il s’agit ni plus ni moins d’importations illégales, et, excusez mon langage, ces marchandises inondent notre territoire douanier. La Fédération de Russie perd des milliards, voire des dizaines de milliards de roubles de recettes budgétaires. Bien entendu, j’ai informé mes collègues de cette situation.
Nous avons abordé ce sujet avec le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev. Il a tout compris et n’a aucune question ni objection. Nous avons convenu de tout mettre en œuvre pour que ces nombreux camions, bloqués à notre frontière sur le territoire kazakh, poursuivent leur route vers la Fédération de Russie.
Nos services douaniers se sont entendus sur la déclaration de la valeur des marchandises transportées et l’indication du destinataire final. Nous autoriserons progressivement l’entrée de ces camions. Il n’y aura pas de file d’attente. En effet, tout se fera dans le cadre du corridor vert, à moindre coût ; ils devront au moins payer un minimum au départ. Dès l’année prochaine, nos douaniers exigeront tous les documents nécessaires lors de contrôles aléatoires. En cas d’absence de ces documents, les marchandises ne seront pas refoulées. Je pense que les autorités douanières parviendront à un accord, pouvant aller jusqu’à la confiscation.
Vous voyez, ces camions transportent toutes sortes de marchandises, des clous aux diamants en passant par les téléviseurs. Mais qu’ils inscrivent au moins le prix des lacets à cinq kopecks, qu’ils commencent à payer quelque chose, qu’ils déclarent le destinataire final pour que nous puissions percevoir la TVA, même modeste. Il faut juste que les choses soient en ordre.
Des milliers de camions sont déjà passés. Je pense que la file d’attente aura disparu d’ici la fin de l’année.

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Pavel Zarubin : Bonjour. Pavel Zarubin, chaîne Rossiya TV.
Le principal sujet d’actualité internationale de ces derniers jours a été le plan de paix de Trump. Naturellement, nous avons de nombreuses questions à vous poser.
Dans quelle mesure le projet initialement publié de manière officieuse tient-il compte de notre position ? Avons-nous reçu une version amendée du document suite aux négociations entre les États-Unis et l’Ukraine ?
Par conséquent, quand débuteront les négociations russo-américaines – qui, si nous avons bien compris, n’ont pas encore eu lieu concernant ce document ?
Quand Steve Witkoff vous rendra-t-il visite ?
Quelle est votre évaluation actuelle des perspectives d’un règlement pacifique ? Merci.

Vladimir Poutine : Concernant le projet d’accord, il n’y a pas eu de projet d’accord à proprement parler ; il s’agissait plutôt d’un ensemble de points proposés pour discussion et finalisation. J’en ai parlé à de nombreuses reprises. Avant ma visite aux États-Unis, avant mon voyage en Alaska, nous en avons discuté avec les négociateurs américains, et une liste de 28 points potentiels d’accord a ensuite été établie. Comme je l’ai déjà déclaré publiquement, elle nous a été transmise par certains canaux, et nous l’avons examinée.
Des négociations ont ensuite eu lieu à Genève entre les délégations américaine et ukrainienne. Si j’ai bien compris, ils ont décidé entre eux de diviser ces 28 points en quatre composantes distinctes. Ces informations nous ont été communiquées.
De manière générale, nous convenons que cela pourrait servir de base à de futurs accords. Cependant, il serait prématuré de ma part d’évoquer dès maintenant d’éventuelles versions définitives, puisqu’elles n’existent pas encore.
Certains points sont fondamentaux et, globalement, nous constatons que la partie américaine prend en compte, à certains égards, notre position – celle qui a été débattue avant Anchorage et après l’Alaska. Il existe incontestablement des domaines où nous devons nous réunir et engager des discussions approfondies sur des points précis, et toutes ces questions doivent être abordées dans un langage diplomatique approprié. Car, d’une manière générale, affirmer que la Russie n’a pas l’intention d’attaquer l’Europe est une chose. Cela nous paraît absurde, n’est-ce pas ? Nous n’avons jamais eu de telles intentions. Mais s’ils souhaitent une formalisation, faisons-le, sans problème.
Il s’agit simplement de la présence d’individus – je crois qu’ils ne sont pas tout à fait sains d’esprit ou qu’il s’agit d’escrocs – qui cherchent à tirer profit de la situation en affirmant publiquement à leurs citoyens que la Russie prépare une attaque contre l’Europe et qu’ils doivent renforcer d’urgence leurs capacités de défense.
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Soit ils servent les intérêts de l’industrie de la défense et des entreprises privées,
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soit ils tentent d’améliorer leur popularité politique intérieure face à la situation désastreuse de leurs économies et de leur société.
Il est difficile de cerner leurs motivations, mais de notre point de vue, c’est un non-sens absolu, un mensonge éhonté. Néanmoins, si ce discours s’est ancré dans l’opinion publique, s’ils ont effrayé leurs citoyens qui veulent désormais entendre que nous n’avons aucun projet, aucune intention agressive envers l’Europe, alors très bien, nous sommes prêts à le formaliser de la manière qu’ils jugeront appropriée.
Il y a peut-être même du mérite à cela, étant donné que nous souhaitons tous dialoguer, discuter et aborder les questions de sécurité paneuropéenne. Probablement ; nous l’avons nous-mêmes proposé à un moment donné. Si nos partenaires occidentaux – appelons-les à nouveau « partenaires » – le souhaitent, très bien, nous sommes prêts. Mais nous comprenons tous que cela exige une discussion approfondie, car chaque mot compte.
Par exemple, l’un des documents mentionne que nous devrions résoudre la question de la stabilité stratégique avec nos partenaires américains. Voyons, sommes-nous opposés à cela ?
C’est précisément ce que nous avons proposé, allant même jusqu’à suggérer à l’administration Obama de trouver un terrain d’entente sur certains points. La réponse fut un « oui, oui », puis, un mois avant le départ de l’administration Obama de la Maison-Blanche, tout s’est enlisé. Or, un autre traité – le traité New START – expire en février. S’ils ne veulent rien faire, qu’il en soit ainsi .
Ces documents montrent qu’il existe, globalement, une volonté de réexaminer ces questions. Cependant, chacune d’elles constitue un domaine distinct et très sérieux. Nous sommes tout à fait prêts à cette discussion sérieuse. Une délégation américaine est attendue à Moscou la semaine prochaine.

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Olga Matveyeva : Olga Matveyeva, stations de radio Mayak et Vesti FM.
Suite à la question de mon collègue, pourriez-vous nommer les principaux négociateurs russes ?
Et une dernière chose. Des informations font état de pourparlers en cours à Abou Dhabi. Cela signifie-t-il qu’un processus parallèle est en cours là-bas ? Pourriez-vous nous indiquer qui parle à qui et ce qui se passe ? Merci.

Vladimir Poutine : De toute évidence, le négociateur du côté russe est le ministère des Affaires étrangères.
Lorsque nous nous mettrons réellement à la table des négociations et que nous commencerons à discuter de fond et de détail de chaque point proposé, le ministère des Affaires étrangères
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de notre côté, au sein du Bureau exécutif présidentiel – Vladimir Medinsky, conseiller du président, est impliqué dans ce dossier depuis le début.
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J’ai également inclus mon conseiller, Youri Ouchakov, pour traiter les questions en cours et organiser tout ce travail. Il est en contact avec ses homologues américains.
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Mais il ne peut pas tout gérer seul ; le ministère des Affaires étrangères doit intervenir, et dans une certaine mesure, le Bureau exécutif présidentiel. Il s’agit d’un ensemble important de questions qui doivent être discutées, formalisées et clairement définies.
C’est ainsi que cela devrait se faire, je crois. Ce n’est pas que je le pense, mais on ne procède jamais autrement.
Concernant les pourparlers d’Abou Dhabi, j’ai effectivement entendu quelques rumeurs à ce sujet. Mais il ne s’y est rien passé d’inhabituel, rien de secret non plus. Nos services de renseignement, russes et ukrainiens, ont toujours été en contact, même dans les moments les plus difficiles. Et ils le sont encore aujourd’hui.
De quoi traitent-ils ? Ils règlent plusieurs problèmes humanitaires, principalement liés à l’échange de prisonniers de guerre. La plateforme d’Abou Dhabi est activement utilisée à cette fin.
Nous sommes très reconnaissants au Président des Émirats arabes unis pour les opportunités qu’il nous offre. Grâce à ses efforts, des centaines de nos hommes, nos héros, sont rentrés chez eux.
À l’initiative de la partie ukrainienne, une de ces réunions régulières a été programmée et s’est tenue à Abou Dhabi.
De notre côté, un responsable du FSB russe y a assisté.
Un représentant de l’administration américaine était également présent. C’était un peu inattendu pour nous, mais nous ne renonçons jamais au contact. Il a parlé avec le représentant russe et s’est demandé s’il ne vaudrait pas mieux ne pas attendre la semaine prochaine pour reprendre les contacts, mais plutôt organiser une réunion à Moscou cette semaine.
Je n’ai appris cela qu’à l’atterrissage de l’avion à Bichkek, mais j’ai néanmoins répondu que nous étions prêts et que vous étiez les bienvenus à tout moment. Cette question est tellement importante pour tous, et pour nous en particulier, que nous sommes disponibles à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit – nous pouvons arriver ce soir, nous reviendrons, et nous pouvons donc nous rencontrer jeudi, vendredi, samedi, dimanche – quand ils le souhaitent. Nous avions convenu que la décision nous appartiendrait, et que l’administration du président américain déciderait qui devait venir et quand.
J’ai appris hier que le président Trump avait finalement décidé, comme convenu précédemment – et un tel accord avait été conclu –, que la réunion proposée par la partie américaine se tiendrait à Moscou la semaine prochaine. Nous restons ouverts à cette possibilité.
Quant à savoir qui représentera les États-Unis, cela devrait, bien entendu, être déterminé par le président des États-Unis. Nous les attendons donc dans la première quinzaine de la semaine prochaine.

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Andrei Kolesnikov : Andrei Kolesnikov, quotidien Kommersant.
Monsieur le Président, allez-vous insister pour que la question territoriale, notamment dans le Donbass, soit réglée immédiatement et définitivement ?
Ou accepterez-vous de la reporter, pour ainsi dire, à des jours meilleurs ?
Une dernière question, si vous le permettez : accepteriez-vous de retourner au G7, au G8, comme le prévoit l’une des versions du plan de paix ? Autrement dit, de rejoindre ces pays ?

Vladimir Poutine : Quant au G7 ou au G8, nous n’avons jamais demandé à y participer. Nous y avons été invités une fois et nous y avons travaillé. C’était une plateforme de coordination de certaines positions. Je dois dire, et je vous prie de le noter, que même avant le début des événements tragiques en Ukraine, j’avais cessé de m’y rendre. L’aviez-vous remarqué ?
Remarque : Oui, en effet.
Vladimir Poutine : C’est pourquoi, lorsque les événements en Ukraine ont commencé, on nous a dit : « Nous ne vous attendons pas là-bas. » Et tant mieux… Je ne me souviens plus de qui c’était, je crois que c’était le Premier ministre qui s’y est rendu une fois.
La première fois, j’ai refusé, et je n’invente rien, c’était lors de la formation du gouvernement après mon élection à la présidence, je crois en 2012. Cependant, nous ne refusons jamais les contacts, nous sommes toujours ouverts aux échanges.
Premièrement, personne ne nous y invite, je n’ai entendu parler d’aucune proposition officielle ni reçu la moindre proposition.
Deuxièmement, nous savons que la grande majorité de cette association, appelée les Sept Grands – et je l’ai déjà dit, je ne comprends pas vraiment pourquoi on l’appelle ainsi : en termes de territoire, de population et de contribution au PIB mondial, leur influence ne cesse de diminuer. Enfin, peu importe, ce sont des partenaires importants de toute façon.
Dans la situation actuelle, je n’imagine pas comment nous pourrions interagir directement. Vous imaginez ? Bon, nous voilà arrivés, bonjour, et maintenant on va se regarder en coin, c’est ça ?
Je pense que cela devrait nous permettre de retrouver une certaine normalité. Peut-être que si nous mettons en œuvre toutes les propositions figurant sur la liste que nous avons reçue de l’administration américaine, les conditions d’un contact bilatéral ou multilatéral pourraient se présenter ; toutefois, il est prématuré d’en parler.
Andreï Kolesnikov : Et voici la deuxième question…
Vladimir Poutine : Vous savez, je vais vous l’expliquer très brièvement, je pense que vous comprendrez tout de suite de quoi il s’agit. Nous recevons encore des propositions de cessation des hostilités ici, là et là. Les hostilités cesseront lorsque les troupes ukrainiennes quitteront les territoires qu’elles occupent. Si elles ne partent pas, nous les y contraindrons par la force. Voilà.
Oui, je vous en prie.

6
Edmund Zhelbunov : Edmund Zhelbunov, de la chaîne de télévision NTV. Une question sur l’avancement de l’opération militaire spéciale.
Monsieur le Président, la dynamique positive sur les fronts se poursuit-elle ? Si oui, dans quelles directions observe-t-on la progression la plus active ? Merci.

Vladimir Poutine : La dynamique positive persiste dans toutes les directions. De plus, la progression de nos troupes dans chacune de ces directions s’accélère de façon assez notable. Je préfère ne pas donner de chiffre précis en kilomètres, car je peux me tromper, mais mois après mois, la superficie du territoire, pour ainsi dire, reconquis par nos forces dans toutes les zones clés augmente régulièrement. Autrement dit, notre progression s’accélère.
Cependant, le principal problème pour l’ennemi réside ailleurs : le fossé grandissant entre ses pertes et le nombre d’hommes qu’il peut engager sur la ligne de front. En octobre, je crois, il a subi plus de 47.000 pertes, soit environ 47.500. Par la mobilisation, ou plus précisément la mobilisation forcée, il a mobilisé environ 16.500 hommes, et 14.500 à 15.000 autres sont revenus des hôpitaux. Si l’on calcule ce chiffre au dixième près, le déficit net s’élève à environ 15.000. Le mois précédent, ce déficit était de 10.000. L’écart se creuse donc.
Il faut également prendre en compte les désertions. L’ampleur de ces désertions est considérable, comme en témoignent non seulement nos médias et les rapports du ministère de la Défense, mais aussi les médias occidentaux, qui ne peuvent pratiquement pas dissimuler cette information. Par conséquent, comme on dit, ils ne peuvent pas faire grand-chose.
En résumé, la dynamique reste positive dans tous les sens.
Oui, je vous en prie.

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Egor Piskunov : Yegor Piskunov, chaîne de télévision RT. Merci beaucoup.
Monsieur le Président, êtes-vous au courant de la fuite dans la presse des conversations téléphoniques entre Youri Ouchakov, Steve Witkoff et Kirill Dmitriev ? Qu’en pensez-vous ? L’Occident, et notamment de nombreux médias occidentaux, en a fait un scandale. Witkoff est pris pour cible. Qu’en pensez-vous ? Merci.

Vladimir Poutine : Vous savez, à propos de fuites, il pourrait s’agir d’une fausse allégation, ou peut-être qu’une conversation a réellement été interceptée. L’écoute clandestine est un délit. Du moins, dans notre pays, c’est illégal. Comme on dit, « on leur avait demandé d’espionner, mais ils ont fini par écouter aux portes ». Qu’ils s’occupent de leurs affaires. D’ailleurs, l’espionnage est aussi un art.
Je vais m’expliquer. Je ne sais pas de quoi il s’agit avec ces écoutes téléphoniques ou ces fuites. Voyez-vous, nous nous levons le matin et travaillons du matin au soir. Après la fin des événements, je vous ai rejoint. Voici, selon moi, le cœur du problème. Il ne s’agit pas de nous. Il s’agit du conflit d’opinions au sein du monde occidental, et plus particulièrement aux États-Unis, concernant la situation actuelle et les mesures à prendre pour mettre fin à la guerre et aux hostilités.
J’ai rencontré Mr. Witkoff avant le sommet d’Anchorage. Après cette réunion, je suis allé en Alaska pour poursuivre les discussions. Globalement – et je tiens à le souligner –, j’ai eu l’impression que nous nous entendions sur notre position respective et sur les mesures à prendre pour mettre fin aux hostilités.
Nous sommes ensuite repartis, car le président Trump et moi devions retourner dans nos capitales respectives pour réfléchir à la situation et consulter nos administrations, ministères, agences et alliés. Après cela, nous avons convenu de poursuivre les discussions.
Sergueï Lavrov et Marco Rubio se sont rencontrés à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies et ont discuté.
Aucun conflit n’a surgi entre la Russie et les États-Unis à ce sujet. Nous sommes restés sur la plateforme d’Anchorage. Soudain, les États-Unis ont imposé des sanctions à deux de nos compagnies pétrolières. Pourquoi ? Franchement, je n’en comprenais pas la raison.
Il n’y a donc aucune raison d’accuser M. Witkoff d’être trop poli avec ses homologues russes. Je lui ai parlé, puis nous avons eu cette réunion en Alaska, et ensuite – boum ! – des sanctions qui compromettent nos relations nous ont été imposées. Je le répète, nous ne comprenons pas le message que cela signifie. C’est le premier point.
Deuxièmement, il semblerait que Mr. Witkoff se rende à Moscou sur instruction du président Trump pour négocier avec nous. Il serait pour le moins étrange que, lors de ses conversations avec [Yury] Ushakov, il ait proféré des injures ou tenu des propos extrêmement grossiers à notre encontre, puis cherché à nous contacter pour améliorer sa position de négociation. C’est absurde. Sans compter que Mr. Witkoff est, semble-t-il, une personne courtoise ; il sait qu’il doit créer un climat propice à une communication interpersonnelle respectueuse. Cela va de soi.
Ceci m’amène au point le plus important. Je connais Mr. Witkoff depuis plusieurs mois. Sa relation avec le président Trump remonte à de nombreuses années, voire des décennies. Citoyen américain, il soutient la position de son président et de son pays.
Certes, notre dialogue est parfois difficile. Nous avons une conversation respectueuse. Nous ne nous insultons pas. Nous parlons comme des personnes civilisées, mais chacun défend sa position. Pour réaffirmer mon point de vue, Mr. Witkoff défend sa position, celle des États-Unis et leurs intérêts, tels qu’il les perçoit et tels que les perçoivent ceux qui l’ont mandaté pour négocier avec la Russie. Il ne s’agit pas seulement du président Trump. Je pense qu’il s’agit également de personnalités issues des sphères militaires, diplomatiques et administratives américaines, au sens large du terme.
Je vous en prie, continuez.

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Yelena Mukhametshina : Journal Vedomosti.
Les discussions concernant la confiscation des avoirs russes se sont intensifiées en Europe. Je voudrais savoir comment la Russie compte réagir. Partagez-vous l’avis du Premier ministre hongrois, Viktor Orban, selon lequel cette confiscation pourrait entraîner des litiges, de multiples procès et l’effondrement de l’euro ?

Vladimir Poutine : La Hongrie est membre de l’UE ; par conséquent, le Premier ministre d’un pays de l’UE est mieux placé pour savoir comment cela pourrait affecter la monnaie européenne.
De toute évidence, cela aura des répercussions négatives sur le système financier mondial, car la confiance dans la zone euro chutera brutalement. Dans un contexte économique difficile, où le moteur de l’économie européenne – l’Allemagne – est en récession pour la troisième année consécutive, je pense que cela constituera une véritable épreuve.
Sur mes instructions, le gouvernement de la Fédération de Russie travaille à un ensemble de mesures de rétorsion au cas où cela se produirait.
Il est clair pour tous, et chacun le dit sans ambages, que cela reviendrait à voler les biens d’autrui. À cet égard, une question se pose naturellement : qui influence qui ?
Soit l’élite ukrainienne, qui vole l’argent de ses contribuables et de ceux des bailleurs de fonds occidentaux – nous sommes désormais bien conscients du scandale de corruption à Kiev –, apprend des Européens, soit ce sont les Européens qui apprennent de l’élite ukrainienne. Dans les deux cas, il s’agit de vol. C’est notre opinion, et nous travaillons à des mesures de rétorsion. Le gouvernement les rendra publiques ultérieurement, si cela se produit.

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Anton Vernitsky : Anton Vernitsky, Percy Channel One.
Après que Donald Trump a admis la possibilité pour les États-Unis de procéder à des essais nucléaires, vous avez donné instruction, lors de la réunion du Conseil de sécurité, aux ministères et services de sécurité compétents d’étudier la faisabilité d’essais nucléaires russes. Une décision finale a-t-elle été prise ? Si oui, quelle est-elle ? Sinon, quand pourrait-elle l’être ? Merci.

Vladimir Poutine : J’ai donné des instructions pour recueillir des informations complémentaires sur les actions de la partie américaine, les analyser et me soumettre des propositions sur la marche à suivre. L’une des propositions que nous avons reçues est de travailler ensemble sur ce sujet ; c’est ce que nous retenons de ce que nous constatons. Et nous sommes prêts à examiner conjointement avec l’administration américaine toutes les questions relatives à la stabilité stratégique.
Anton Vernitsky : Cela pourrait-il être abordé lors des prochaines négociations, à Moscou la semaine prochaine ?
Vladimir Poutine : Oui, si cette question est soulevée. En réalité, même si elle ne l’est pas, nous l’évoquerons bien sûr, car les États-Unis et nous-mêmes sommes parfaitement conscients que les préparatifs d’essais nucléaires réels prennent du temps. Et nous ne pouvons absolument pas nous permettre de nous retrouver dans une situation où les États-Unis auraient procédé à un essai alors que nous nous y préparerions encore pendant un an et demi. Naturellement, nous devons y réfléchir. Ce n’est pas nous qui l’avons dit, mais nous devons être prêts à toute éventualité. Et je vous assure que nous serons prêts.

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Alexander Yunashev : Bonjour, Monsieur le Président.
Alexandre Yunashev, Life. Actuellement, lors de cette visite, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov ne vous accompagne pas…

Vladimir Poutine : Son absence vous pèse-t-elle ?
Alexandre Yunashev : Un peu. Bien qu’il ne soit pas en vacances, il n’a pas participé à vos déplacements internationaux depuis deux semaines. Les médias affirment qu’il est tombé en disgrâce, apparemment à la suite d’une conversation infructueuse avec Marco Rubio. Qu’en dites-vous ?

Vladimir Poutine : C’est absurde. Il n’est en aucun cas tombé en disgrâce. Il a son propre programme de travail, il m’a fait un compte rendu, m’a informé de ses projets et il les met en œuvre. Il prépare une rencontre avec nos partenaires américains.
Oui, je vous en prie.

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Anastasia Savinykh : Monsieur le Président, agence de presse TASS.
Permettez-moi de revenir au plan de paix. On a l’impression que les Occidentaux, en proposant des réunions aussi rapides et insistantes, exercent une certaine pression sur la Russie et sur vous personnellement. Naturellement, chacun souhaite parvenir à la paix au plus vite, mais il semble que de telles questions ne se prêtent pas à la précipitation.
À votre avis, existe-t-il un risque que, si un accord est conclu à la hâte ou dans la précipitation, la tentation de l’interpréter de manière trop laxiste puisse se présenter par la suite ? Vous venez de dire que chaque mot exige une discussion. Combien de temps cela prendra-t-il, en général ?

Vladimir Poutine : J’ai délibérément attiré votre attention sur le fait que chaque point mentionné dans les documents qui nous ont été remis revêt une importance capitale ; chacun est un sujet clé, vous comprenez ?
Par conséquent, cela requiert un examen approfondi. Il est probable que certains de nos partenaires souhaitent régler ces questions au plus vite.
Pourquoi ? Des collègues m’ont interrogé
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sur l’évolution de la situation le long de la ligne de contact,
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sur la position des négociateurs américains.
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Alors, que se passe-t-il ?
Prenons, par exemple, Kupyansk ; j’y reviendrai dans un instant.
Commençons par la zone de responsabilité de notre groupement Centre : où se déroulent les principales opérations ?
Sur le front de Krasnoarmeïsk et autour de la ville de Dimitrov. Krasnoarmeïsk et Dimitrov sont totalement encerclées, comme l’était Kupyansk en son temps. Soixante-dix pour cent de Krasnoarmeïsk est sous le contrôle des forces armées russes.
Dans la partie sud de Dimitrov, le groupement ennemi est coupé du reste de la ville et nos forces procèdent à son élimination systématique.
Alors, quelle est la suite ? Si vous regardez la carte, déplacez votre regard plus à l’est, au nord-est : vous voyez Komsomolsk, et au nord de Komsomolsk, Kupyansk, Slavyansk, et un peu plus au nord-nord-est, Seversk.
À Komsomolsk, les combats se poursuivent à l’intérieur de la ville, et un nombre important de bâtiments ont déjà été libérés par nos troupes, tandis que l’avancée se poursuit.
Quant à Seversk, qui, comme je l’ai dit, se situe plus au nord-est, nos forces ont approché la ville par l’est, le sud et le nord. De violents combats ont lieu dans la ville ; je crois que sur 8.000 bâtiments, 1.700 sont sous notre contrôle. Vous comprenez, s’ils ont approché par le nord, le sud et l’est, où tout cela va-t-il nous mener ? C’est une question très difficile pour les forces armées ukrainiennes.
Si l’on regarde vers le nord, la ville de Seversk compte 1.700 bâtiments détruits sur 8.000. Plus au nord encore (où opère notre groupe de forces Nord), Volchansk est presque entièrement sous notre contrôle, du côté de Kharkov.
Observons maintenant la situation dans la région de Zaporijia. L’ennemi y a passé les dix dernières années à construire une zone fortifiée – les travaux ont commencé en 2014 et n’ont cessé de la renforcer – qui fait désormais face à notre groupe de forces du Dniepr.
Il s’agit d’une zone lourdement fortifiée, et nos forces du Dniepr mènent des opérations actives contre elle. Dans plusieurs secteurs importants, grâce à l’héroïsme de nos soldats, les défenses sont en train de céder. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est que notre groupe de forces Est a percé les lignes de défense ennemies et progresse rapidement au nord de la région de Zaporijia, le long de la frontière entre les régions de Zaporijia et de Dnipropetrovsk. Je le répète : leur progression est très rapide. Ils se trouvent déjà à 1,5-2 kilomètres de Gulyaypole, un important nœud logistique. Qu’ils prennent la ville rapidement ou plus tard, leur progression se poursuivra sans aucun doute.
Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que le groupe de forces de l’Est encercle de fait toute la zone fortifiée des forces armées ukrainiennes par le nord. D’un côté, notre groupe du Dniepr les affronte, tandis que le groupe de forces de l’Est les contourne par le nord. Cela pourrait entraîner un effondrement du front dans ce secteur.
C’est là que réside la différence entre ceux qui, à l’Ouest, cherchent à instaurer la paix au plus vite, quitte à faire certaines concessions mutuelles, y compris de la part des Ukrainiens, et ceux qui privilégient une autre voie. Si les événements observés à Kupyansk se reproduisent dans les zones que je viens d’évoquer, l’effondrement du front sera inévitable.
Certains persistent à croire que Kupyansk… Je vous rappelle que le 4 novembre, le chef du régime de Kiev a déclaré que la ville serait aux mains des Ukrainiens dans les cinq à sept jours.
Nous savons désormais que les forces ennemies ont été complètement éliminées, que la ville est entièrement sous notre contrôle et que 15 bataillons supplémentaires – soit environ 3.500 hommes – sont encerclés sur la rive gauche de l’Oskol.
D’après certains de nos commandants, les soldats ukrainiens dans ce secteur ressemblent maintenant à des sans-abri. Ce n’est pas une plaisanterie. Imaginez ravitailler 3.500 personnes par drone : nourriture, uniformes de rechange, munitions. C’est impossible. Ils sont bloqués dans ces conditions depuis des semaines et sont désormais pratiquement immobilisés.
Ceux qui, en Occident, comprennent les implications de cette situation insistent sur la cessation des combats au plus vite, même si cela exige des concessions du régime de Kiev.
Ils comprennent : le front va commencer à s’effondrer sur plusieurs fronts et les forces armées ukrainiennes perdront alors toute capacité de combat, y compris leurs unités les plus opérationnelles, comme c’est actuellement le cas près de Krasnoarmeïsk. « Ça suffit ! Sauvons au moins le noyau dur de nos forces armées et notre souveraineté. Voilà ce qui compte », affirment ceux qui partagent cet avis.
Et puis il y a d’autres, ceux qui persistent à croire que Kupyansk est de nouveau sous contrôle ukrainien et qui insistent pour que les combats se poursuivent jusqu’à la mort du dernier Ukrainien. Voilà la différence entre leurs approches. Ceux qui s’en prennent à Mr. Witkoff sont précisément ceux qui partagent ce second point de vue, ceux qui veulent se joindre au pouvoir ukrainien pour détourner des fonds tout en prolongeant les hostilités jusqu’à la mort du dernier Ukrainien. Mais je l’ai déjà dit publiquement : en réalité, nous sommes préparés à cela.
Allez-y.

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Yekaterina Lazareva : Bonjour Monsieur le Président.
Yekaterina Lazareva, agence URA.Ru. J’ai une question complémentaire. Revenons aux plans de paix. Il y a le plan de paix de Trump et un plan alternatif proposé par l’Europe. Existe-t-il un accord sur les interlocuteurs avec lesquels il faudrait dialoguer, négocier et signer les documents finaux au nom des dirigeants politiques ukrainiens, ou peut-être, maintenant, des dirigeants militaires ?

Vladimir Poutine : Vous savez, signer des documents avec les dirigeants ukrainiens est inutile. Je l’ai dit à maintes reprises.
Je crois que les dirigeants ukrainiens ont commis une erreur fondamentale et stratégique en cédant à la peur et en choisissant de ne pas organiser d’élections présidentielles, ce qui a entraîné la perte de légitimité du président. La Russie est elle aussi en conflit avec l’Ukraine, mais nous avons organisé des élections, présidentielles et, très récemment, des élections municipales et régionales. Nous avons fait tout cela, alors qu’eux, pour une raison ou une autre, ne l’ont pas fait. Dès qu’un accord de paix sera signé, les hostilités cesseront et la loi martiale devra être levée immédiatement. Une fois la loi martiale levée, des élections doivent être immédiatement convoquées.
Cependant, aujourd’hui, les dirigeants politiques ukrainiens peuvent difficilement espérer remporter les élections sans les truquer.
C’est quasiment impossible, à mon avis. Cela me rappelle la célèbre phrase de Staline : « Peu importe qui vote pour qui ; ce qui compte, c’est qui compte les votes. » Personne n’a remis en cause le recours aux ressources administratives. Ils se trouvent néanmoins confrontés à une situation délicate.
Ensuite, la Constitution exige la tenue d’un référendum sur toutes les questions territoriales, lequel doit ensuite être validé par un arrêt de la Cour constitutionnelle.
Que se passe-t-il avec la Cour constitutionnelle ? Je l’ai déjà évoqué. Pour rappel, lorsque les dirigeants politiques ont demandé à la Cour constitutionnelle de confirmer les pouvoirs du président, celle-ci a refusé et a esquivé la requête. La Constitution prévoit un mandat unique de cinq ans. Point final. Il n’est pas renouvelable.
On pourrait s’attarder sur les détails et les subtilités juridiques, mais aucune prolongation n’est prévue, même sous la loi martiale. Seule la Rada peut étendre ses pouvoirs en temps de guerre, et non le président. Par conséquent, en tant que membre du Parlement, le président ne peut pas signer la loi. Il a besoin de la confirmation de la Cour constitutionnelle.
Mais lorsque la Cour a été sollicitée pour confirmer les pouvoirs du président et a refusé de le faire, savez-vous ce qui s’est passé ensuite ? Je ne suis pas sûr de l’avoir déjà mentionné, mais un événement surprenant s’est produit. Les services de sécurité lui ont interdit l’accès à son bureau. Il est arrivé au travail lorsqu’on a frappé à sa porte et qu’on lui a ordonné de partir. Il a fini par fuir le pays.
La Cour constitutionnelle est paralysée et son président purge une peine de prison pour corruption. Les responsables de la lutte contre la corruption sont eux-mêmes des corrompus de haut vol. Le président de la Cour suprême a été emprisonné pour corruption.
Entre-temps, le mandat des membres de la Cour constitutionnelle a expiré et de nouveaux membres ont dû être élus. C’est une procédure assez longue, vous voyez ?
Ainsi, dès la levée de la loi martiale, des élections présidentielles doivent être organisées, un référendum doit être tenu et une nouvelle Cour constitutionnelle doit être constituée. C’est une histoire sans fin.
Bien sûr, nous souhaitons parvenir à un accord avec l’Ukraine, mais c’est pratiquement impossible, juridiquement parlant, pour le moment. Que ceux qui, de leur côté, peuvent ou veulent dialoguer le fassent. Ce dont nous avons besoin, c’est que nos décisions soient reconnues internationalement par les principaux acteurs mondiaux. C’est tout ce dont nous avons besoin.
Cela est important, car il y a une différence entre les décisions reconnaissant le maintien de certains territoires sous souveraineté russe et la reconnaissance de leur souveraineté. Si ces accords sont violés, cela constituera une attaque contre la Fédération de Russie, avec toutes les représailles que cela implique. Ou bien, cela sera-t-il interprété comme une tentative de rétablir le droit sur le territoire ukrainien ? Ce sont deux choses différentes.
Il est indéniable que nous avons besoin d’une reconnaissance, mais pas de la part de l’Ukraine dans l’état actuel des choses. J’espère qu’à l’avenir, nous pourrons parvenir à un accord avec l’Ukraine. Il y a suffisamment de personnes sensées en Ukraine qui souhaitent construire des relations avec la Russie dans une perspective historique à long terme.

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Kira Latukhina : Bonjour. Je m’appelle Kira Latukhina et je travaille pour Rossiyskaya Gazeta.
Les médias hongrois ont annoncé que le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, se rendra à Moscou demain pour s’entretenir avec vous. Pourriez-vous confirmer la tenue de cette rencontre et nous indiquer l’objet de sa visite ? Merci.

Vladimir Poutine : Nous sommes en contact avec la partie hongroise concernant une éventuelle rencontre. Nous sommes toujours heureux d’accueillir en Russie nos partenaires, y compris nos collègues européens, malgré leur attitude généralement agressive à notre égard. Viktor Orban en particulier. Nous connaissons bien sa position. À mon avis, elle est tout à fait objective. Il est l’un des rares à évaluer la situation en fonction des réalités du terrain et à adapter sa position politique en conséquence.
Nous avons également des questions bilatérales à aborder. Notre coopération dans le secteur de l’énergie est vaste, sans parler de la centrale nucléaire de Paks. Certains points nécessitent des éclaircissements et une coordination plus poussée. Il s’agit notamment de l’approvisionnement en combustible nucléaire.
Par exemple, l’Ukraine a utilisé du combustible américain. Nous n’y sommes pas opposés en principe, mais en pratique, les assemblages de combustible ont dysfonctionné : les barres de combustible ont commencé à se déformer, provoquant une situation d’urgence. Par conséquent, tout dans ce domaine doit être mûrement réfléchi ; c’est une affaire très grave. Par ailleurs, nous avons de nombreuses autres questions bilatérales.
Si le Premier ministre Orban juge opportun d’accepter notre invitation, nous serons ravis de le recevoir.

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Valentin Alfimov : Puis-je, Monsieur le Président ?
Valentin Alfimov, Komsomolskaya Pravda.
Vous avez déjà partiellement abordé ce point, mais je souhaiterais clarifier l’aspect juridique concernant la Crimée et le Donbass. Le plan du président Trump stipule que ces territoires sont reconnus comme nôtres de facto, mais pas de jure. Comment est-ce possible ? En tant que juriste, comment analysez-vous cette distinction ? Comment quelque chose peut-il être reconnu de facto et non de jure ?

Vladimir Poutine : C’est précisément l’un des points que nous devons aborder lors de nos négociations avec la partie américaine.
Merci de l’avoir souligné. Vous avez raison, c’est un point essentiel.
Merci beaucoup.
Bien cordialement.
http://en.kremlin.ru/events/president/news/78571

