La proposition de Vladimir Poutine en matière de limitation des armements: un avertissement d’urgence adressé à l’Occident belliciste
V.Poutine
km. «Start» signifie Strategic Arms Reduction Treaty (traité sur la réduction des armes stratégiques). Start-I, Start-II et «New Start» étaient ou sont des traités entre les Etats-Unis et l’Union soviétique ou la Russie visant à limiter les armes nucléaires stratégiques, c’est-à-dire à longue portée, intercontinentales (systèmes de lancement et ogives).
-
Start I est entré en vigueur en juillet 1991 après neuf ans de négociations,
-
Start II en 1993
-
«New Start» en 2010. «New Start» est le dernier traité bilatéral encore en vigueur visant à limiter les armes nucléaires.
D’autres accords très importants en matière de désarmement et de contrôle des armements, tels que le traité ABM sur l’interdiction des armes antimissiles, le traité FNI sur l’interdiction des armes nucléaires à portée intermédiaire ou le traité «Ciel ouvert» (Open Sky) sur la surveillance mutuelle de l’espace aérien, ont été résiliés par les Etats-Unis. «New Start» expire début février 2026, et son renouvellement ou sa prolongation est remis en question par l’escalade du conflit entre la Russie et les Etats-Unis.
Les craintes qu’avec l’expiration de «New Start» l’année prochaine, une course massive à l’armement commence également pour ces systèmes d’armes, et que le risque de guerre nucléaire augmente considérablement, sont justifiées.
Avec sa déclaration du 22 septembre, Vladimir Poutine a donné un nouveau signe de désescalade dans les relations russo-américaines. Et le fait que la porte-parole du Président américain ait vivement salué ce signal immédiatement après la déclaration du Président russe est également un bon signe.1 Dès juillet 2025, le président américain lui-même avait exprimé son intérêt pour la reconduction du traité.2 Comme le montre un article récent de Scott Ritter (page 2), cette position n’est pourtant pas garantie.3
La déclaration du président russe ne s’adresse pas uniquement aux responsables et à l’opinion publique américains. Elle constitue également un nouveau message à l’intention des Etats européens hostiles à la Russie:
vos formules de propagande selon lesquelles la Russie serait constamment provocatrice et serait un monstre russe agressif, impérialiste et menaçant pour toute l’Europe sont un fantasme! Vous êtes en grande partie responsables de la désastreuse situation actuelle. Ne continuez pas à alimenter cette escalade! Faites une pause! Revenez à la raison avant qu’il ne soit trop tard!
Il est étonnant de voir à quel point la situation a changé. Alors qu’il y a quelques années encore, la plupart des Etats européens misaient sur la désescalade et la détente dans leurs relations avec l’Union soviétique ou la Russie, tandis que les Etats-Unis alimentaient l’escalade de la violence, c’est presque l’inverse qui se produit aujourd’hui.
Il y a quelques jours, la deuxième chaîne de télévision allemande (ZDF) a diffusé le téléfilm historique «An einem Tag im September» («De Gaulle et le Chancelier», titre de la version en français, réd.)4.
Ce film retrace la première rencontre directe entre le président français de l’époque, Charles de Gaulle, et le chancelier allemand Konrad Adenauer, les 14 et 15 septembre 1958, dans la propriété de De Gaulle.

Charles de Gaulle, et le chancelier allemand Konrad Adenauer
Le film comporte de nombreux passages intéressants, notamment lorsqu’il montre comment il est possible de surmonter des fossés profonds, comme ceux qui existaient encore à l’époque entre la France et l’Allemagne, et d’établir de meilleures relations humaines et politiques.
Cela dit, le documentaire diffusé après le film a montré aussi comment, actuellement, les événements historiques sont détournés pour justifier l’escalade actuelle contre la Russie où le gouvernement allemand joue un rôle déprimant: en prétendant que le rapprochement franco-allemand de 1958 nous aurait menés directement à Emmanuel Macron et Friedrich Merz en ceux qu’ils partagent leur ligne belliciste anti-russe.
Les faits historiques nous amènent à d’autres constats:
bien que de Gaulle et Adenauer aient été de fervents détracteurs du communisme ne ménageant aucunement l’Union soviétique, trois points étaient essentiels, partagés de chacun des deux:
il fallait à tout prix éviter une escalade du conflit! Il fallait absolument poursuivre le dialogue! Et le désarmement réciproque était une priorité absolue!
Ces points peuvent être aisément retrouvés dans les mémoires d’Adenauer et de De Gaulle sur ces deux jours de septembre 1958.5
Les deux chefs d’État étaient des caractères différents mais se distinguant catégoriquement, chacun, de leurs homologues de nos actualités, Macron et Merz.
Mais faisant abstraction aux défauts du caractère, pour les hommes et femmes se trouvant au sommet de nos États, il serait aujourd’hui vital pour nos populations s’ils se prêtaient enfin à construire des ponts plutôt que de creuser des fossés.
Un nouveau livre présentant un échange de vues détaillé entre l’ancien homme politique du SPD Klaus von Dohnanyi et l’ancien général de la Bundeswehr et conseiller du chancelier, Erich Vad, montre que de tels projets serait toujours possibles – aujourd’hui même.6
|