Comment l’Hôpital Foch embarque l’IA dans tous ses services.. des soins à la recherche clinique
Avec un effectif de 2.300 salariés, dont près de 300 médecins, 611 lits installés, 260.000 consultations hors maternité et urgences, et plus de 60.000 hospitalisations par an, l’hôpital Foch fait partie des plus importants établissements hospitaliers d’Ile-de-France. Alors, pour soulager ses différents services – de l’administratif à la recherche clinique – l’établissement a décidé d’embarquer l’IA partout où cela est possible.
Par Célia Séramour – 26.08.25 – L’UsineDigitale –
L’intelligence artificielle a progressivement fait son entrée à l’hôpital ces dernières années, avec de multiples champs d’applications : soutien aux tâches administratives, aide au diagnostic de précision, réduction des erreurs médicales, etc. Dans ce contexte, l’Hôpital Foch a décidé d’intégrer l’IA de manière concrète et progressive au sein de ses différents services, en s’appuyant sur des partenariats avec des start-up et des acteurs clés du secteur.
1°/Alléger la charge administrative
Grâce à un partenariat avec Microsoft, une cinquantaine de médecins de Foch sont devenus bêta-testeurs sur l’outil DAX Copilot, intégré à Power BI et Microsoft Fabric, et conçu pour aider les utilisateurs à rédiger, comprendre et optimiser des requêtes DAX (Data Analysis Expressions). Avec, il est donc possible de retranscrire automatiquement les échanges entre médecin et patient en compte-rendu médical structuré.
À ce jour, environ 1000 comptes rendus ont été produits et l’outil doit être perfectionné à l’aide des retours réguliers.
Dans le même objectif, l’optimisation des plannings est en phase d’expérimentation en partenariat avec la start-up Hopia. Un algorithme élabore des emplois du temps sur mesure, prenant en compte absences, contraintes réglementaires et disponibilités des professionnels de santé. A date, l’outil est déployé au bloc opératoire afin d’optimiser le temps de réalisation des plannings et ainsi libérer du temps pour les cadres de soins. Au-delà des outils pensés pour les soignants, l’IA permet aussi de fluidifier le parcours patient et de désengorger les services.
C’est pourquoi un chatbot dédié aux démarches administratives a été mis en production pour soulager le standard téléphonique.
2°/L’IA pour un diagnostic plus rapide et plus précis
Alors que le cancer est responsable de près de 10 millions de décès chaque année, et que le nombre de cas pourrait augmenter de 77% d’ici à 2050, l’Hôpital Foch travaille depuis plusieurs années à la détection précoce des tumeurs grâce à l’IA.
Son service d’imagerie médicale a initié des programmes de dépistage avec la société Incepto Medical (détection de fractures et luxation, détection de nodules pulmonaires et aide à l’interprétation des mammographie), pour un diagnostic plus rapide, et une mesure plus précise de leur taille. Selon les résultats, les patients sont orientés vers des parcours de soins coordonnés et adaptés à leur pathologie.
Philippe Boulogne, son DSI, précise par ailleurs qu’une expérimentation est en cours afin d’évaluer l’impact de l’utilisation en routine clinique d’une solution d’IA d’aide au diagnostic pour l’IRM de prostate.
« Ces éléments sont, sous contrôle du radiologue, intégrés au compte rendu radiologique. La même expérimentation sera lancée pour l’IRM du genou », indique-t-il.
Enfin, l’Hôpital Foch travaille avec Owkin depuis quelque temps sur les données et les échantillons biologiques afin de poursuivre ses travaux de développement de nouvelles thérapies et biomarqueurs grâce à l’IA.
3°/Soutenir la recherche clinique et la médecine de demain
Deux projets structurants sont également en cours avec la société Lifen, qui utilise l’IA pour faciliter la collecte de données multicentriques. D’abord, le projet « LUCC » dont l’Hôpital Foch est le deuxième centre d’inclusion en France à participer, et qui vise à constituer une base de données sur le cancer du poumon, avec près de 2000 patients inclus sur les 10 000 actuellement collectés.
D’autre part, « CUB », un projet porté par Foch qui vise à inclure d’ici la fin d’année 10.000 patients atteints de maladies bronchiques chroniques (BPCO, asthme), à évaluer l’efficacité des traitements et leurs facteurs de risques.
Des centres partenaires comme le CHU de Caen ou le CH de Toulon seront prochainement associés, précise l’Hôpital Foch.
Enfin, d’autres axes de recherche sont également à l’étude : la réduction des temps de saisie des dossiers de recherche, l’optimisation de la valorisation de la donnée, ou encore de nouvelles méthodologies d’études répondant aux attentes de l’industrie de santé.
4°/Un jumeau numérique pour une meilleure gestion des coûts
Dans un contexte de réduction des dépenses énergétiques, l’Hôpital Foch a également décidé d’embarquer l’IA sur ce terrain. Partant d’un objectif de réduction de sa consommation de 40% d’ici 2030, l’établissement travaille avec la société Foobot à la conception d’un jumeau numérique de ses infrastructures énergétiques.
Il s’agit ainsi de définir les scénarios optimaux pour chaque installation (chauffage, ventilation, climatisation), tout en tenant compte des éléments externes tels que la météo ou l’affluence. A terme, le projet devrait aboutir sur un pilotage automatisé de son réseau de chauffage.
5°/La sécurité, axe primordial dans un secteur aussi sensible
Afin d’accompagner ce virage technologique, l’Hôpital Foch s’est doté d’une gouvernance éthique solide autour de l’IA.
Cela comprend la mise en place d’un comité IA multidisciplinaire, constitué de professionnels de santé et de membres de la direction.
L’établissement s’est également rapproché d’Ethik-IA, qui fait office de tiers dans l’accompagnement des entreprises et organisations à la mise en conformité au règlement européen AI Act (applicable depuis le 1er août 2025 pour l’IA générative).
Enfin, des formations spécifiques sont disponibles pour les professionnels de santé.
Sans a priori 