7078 – France « Energies » Laquelle ?? Le rejet des projets éoliens… 3 articles … 26.08.25 – Le Figaro

I – Bernard Accoyer et Xavier Moreno: «Combien de Français savent que l’éolien et le solaire ont fait doubler leur facture d’électricité depuis dix ans ?» – Par Bernard Accoyer et Xavier Moreno – 23.06.25 – Le Figaro –

Bernard Accoyer
Par Bernard Accoyer et Xavier Moreno – 23.06.25 – Le Figaro –
TRIBUNE Une proposition de loi visant à instaurer un moratoire sur le développement de nouvelles installations photovoltaïques et éoliennes sera votée ce mardi 24 juin à l’Assemblée nationale. L’ancien président de l’Assemblée nationale et le président du Cérémé (think-tank) soutiennent cette initiative.
Les réactions au vote d’un amendement à la proposition de loi Gremillet suspendant temporairement les nouvelles autorisations de champs éoliens ou photovoltaïques, montrent à quel point la France est incapable de mener un débat démocratique rationnel sur un sujet certes technique mais qui touche directement le quotidien de chaque Français.
Les invectives les plus violentes sont échangées, comme dans une guerre de religion, sans le début d’une réflexion sérieuse.
Or combien de nos concitoyens et de nos responsables politiques savent que le parc déjà installé d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques a atteint en France une puissance de 50 GW, et atteindra dans deux à trois ans une puissance de 95 GW avec la seule addition des projets déjà autorisés et en cours de déploiement ?
Combien savent que le parc nucléaire en activité a une puissance de 63 GW, et donc que l’éolien et le solaire vont dépasser le nucléaire, sans besoin d’autorisations nouvelles, jusqu’à atteindre 1,5 fois sa puissance ?
Cela veut dire qu’aux heures où il y a du vent et du soleil on devra mettre à l’arrêt non seulement les barrages, mais aussi la quasi-totalité des centrales nucléaires, tout en continuant à payer pour ces dernières 90 % de leur coût, puisque l’uranium en représente moins de 10 %. Avec l’alternative d’exporter de l’électricité à un prix de plus en plus souvent négatif !

Prix garanti par le contribuable

Combien savent que cette politique énergétique, calquée sur celle de l’Allemagne, leur fait payer le coût de deux systèmes électriques, nucléaire et renouvelables intermittentes non pilotables, a fait doubler leur facture depuis dix ans, et n’a pas eu d’effet positif sur le climat puisque, à la différence de l’Allemagne, on remplace en France une électricité nucléaire déjà décarbonée par une autre ?
Combien savent que les producteurs éoliens ou solaires sont payés à un prix garanti par le contribuable, même quand on n’a pas besoin de leur électricité, et sont indemnisés quand on leur demande d’arrêter de produire pour protéger l’équilibre du réseau, tandis qu’EDF n’a pas d’autre choix que de répercuter sur le prix de l’électricité nucléaire les pertes subies quand les réacteurs sont ralentis, ou doivent être arrêtés, pour les mêmes raisons d’équilibre du réseau ?
Combien savent que l’électricité est très peu stockable à grande échelle, et donc qu’un réseau alimenté en forte proportion d’électricité intermittente est très coûteux à stabiliser, et court plus de risques de black-out ?
Beaucoup ont compris que derrière les slogans écologiques se cachent de puissants intérêts industriels et financiers, et qu’à la fin ce sont les Français qui paient, que ce soit à travers la fiscalité ou leurs factures d’énergie.

pipeline gaz russe


À l’inverse, beaucoup de nos concitoyens savent qu’une électricité plus chère les dissuade d’abandonner leur chaudière à fioul ou à gaz. Beaucoup se doutent que couvrir la France et nos côtes d’éoliennes ou nos champs de panneaux solaires n’est pas une voie évidente pour protéger le climat et l’environnement. Beaucoup constatent que l’administration de l’énergie, si elle lance de grandes consultations publiques, se garde bien de donner des études comparatives d’impact, social, environnemental, et économique, des différentes politiques énergétiques possibles.
Beaucoup ont compris que derrière les slogans écologiques se cachent de puissants intérêts industriels et financiers, et qu’à la fin ce sont les Français qui paient, que ce soit à travers la fiscalité ou leurs factures d’énergie.

Étude de situation énergétique

Beaucoup, enfin, par simple bon sens, se demandent si les grandes publicités pour ces énergies renouvelables, dépendant du soleil et de la météo, qui « vont fournir l’électricité nécessaire pour la consommation d’une ville de centaines de milliers d’habitants », suffiront à assurer leur éclairage et leur chauffage les soirs de grand froid sans vent !
En réponse à ces indignations devant un amendement parlementaire qui demande seulement de prendre le temps d’une étude sérieuse de la situation énergétique avant de poursuivre la fuite en avant aveugle qu’encouragent l’administration de l’énergie et son ministre, qui souhaitent voir publier sans délai le décret qui leur donnera les mains libres pour signer des dizaines de milliards d’euros de chèques tirés sur l’argent des Français, au seul bénéfice d’un lobby industriel privé, dans une totale impunité et irresponsabilité, est-il scandaleux de demander, comme l’Académie des sciences, une pause provisoire de douze à vingt-quatre mois ?
C’est au contraire un prérequis essentiel pour donner à nos concitoyens la matière nécessaire à tout débat démocratique : une étude indépendante, conduite par le haut-commissariat à la Stratégie et au Plan, sous le regard de l’Académie des sciences, comparant l’impact de plusieurs scénarios pour répondre aux besoins de la France en électricité, et incluant aussi les autres énergies renouvelables, décarbonées, non intermittentes et pilotables, si nécessaires pour atteindre la neutralité carbone en 2050.
Loin d’être un scandale, cette suspension temporaire est une nécessité démocratique.

https://www.lefigaro.fr/vox/economie/bernard-accoyer-et-xavier-moreno-combien-de-francais-savent-que-l-eolien-et-le-solaire-ont-fait-doubler-leur-facture-d-electricite-depuis-dix-ans-20250623

II – «Le rejet des projets éoliens dépasse les clivages politiques et sociologiques» – Par Paul Cébille – 08.07.25 – Le Figaro


Par Paul Cébille – 08.07.25 – Le Figaro
TRIBUNE – Les habitants consultés par référendum dans leur commune, qu’ils aient voté pour Emmanuel Macron ou Marine Le Pen au deuxième tour de l’élection présidentielle 2022, ont massivement refusé les projets éoliens, souligne l’analyste Opinion à l’observatoire Hexagone.
L’approvisionnement énergétique de la France s’impose comme l’un des enjeux majeurs des années à venir, que ce soit en raison des conséquences de la guerre en Ukraine ou, plus largement, du choix de sortir des énergies fossiles et de diversifier le mix énergétique national. Dans ce débat, les Français ont déjà exprimé clairement leurs aspirations, notamment au niveau local, tandis que les élus continuent de tergiverser, et alors même que la facture énergétique explose pour les ménages comme pour les entreprises.
 Bruno Retailleau
Pour Bruno Retailleau,
le choix est sans ambiguïté : il faut cesser de subventionner les énergies renouvelables, comme il l’a récemment affirmé dans Le Figaro .
Du côté de Renaissance, et notamment pour Emmanuel Macron, le maintien d’un mix énergétique combinant nucléaire et renouvelables reste indispensable pour atteindre la neutralité carbone.
Au-delà des choix budgétaires à arbitrer et des priorités politiques, le développement des énergies repose avant tout sur le consentement des populations locales aux infrastructures nécessaires à ces transformations. En effet, qu’il s’agisse du nucléaire ou des énergies renouvelables, leur déploiement se heurte fréquemment à l’opposition des communautés locales, motivée par des préoccupations liées à la sécurité, à l’impact environnemental ou encore à des considérations esthétiques.
Cette opposition est souvent résumée par le syndrome Nimby, « Not In My Backyard » ou « Pas dans mon jardin » en français.
Cet acronyme désigne un phénomène où des individus ou des communautés soutiennent le principe d’un projet, tout en refusant son implantation à proximité de chez eux. Ce phénomène complique l’élaboration des politiques publiques et freine la mise en œuvre de projets d’envergure, en particulier dans le secteur de l’éolien.

Refus massif

Des difficultés que résumait bien Catherine MacGregor, PDG d’Engie, qui déclarait en juin 2023 vouloir « faire aimer l’éolien à nos concitoyens ». Elle rappelait à cette occasion la nécessité d’accélérer la production d’énergie éolienne, affirmant même que certains projets sont « aimés des riverains ».

Certes, l’énergie éolienne jouit d’une image globalement positive auprès des citoyens.
Toutefois, au niveau local, l’installation concrète d’éoliennes, notamment à proximité des habitations, suscite davantage de réticences.
Un sondage Ifop de février 2021 illustrait bien ce paradoxe : si 77 % des personnes interrogées déclaraient avoir une bonne image des éoliennes, 53 % s’opposaient à l’installation d’un parc éolien près de chez eux.
Cette tendance générale se confirme très localement, dans les communes où les habitants ont été consultés par référendum.
Les communes opposées à ces installations ont aussi bien placé Marine Le Pen qu’Emmanuel Macron en tête lors du second tour de l’élection présidentielle de 2022
Ces consultations n’entrent pas toutes dans le champ de compétence des maires, qui les organisent néanmoins pour appuyer la position de leur commune face aux autorités de l’État, en s’appuyant sur la légitimité du suffrage universel.
Les résultats de ces votes sont toutefois sans appel : sur 80 référendums et consultations locales organisés depuis 2010 sur des projets éoliens, 74 se sont soldés par un vote « non ». Et ce refus est massif. Le rejet atteint en moyenne 78 %, quel que soit le taux de participation.
Dans les consultations où la participation dépasse 80 %, le « non » reste largement majoritaire, franchissant les 70 % à six reprises.
Pour autant, certaines populations ont accepté l’implantation d’éoliennes. C’est le cas, par exemple, à Brancourt-le-Grand dans l’Aisne, Aubigny-la-Ronce, en Côte-d’Or, ou encore à Saulzoir dans le Nord, où le maire avait consulté fin 2014 ses administrés bien en amont du projet.
L’objectif était de renforcer sa légitimité, désamorcer les oppositions et créer les conditions d’un dialogue constructif autour d’un projet de cette ampleur, en particulier dans une commune rurale où coexistent activités agricoles et pratiques de la chasse. Grâce à cette démarche prudente, le maire est parvenu à convaincre 77 % des votants de soutenir le lancement du projet.

Préoccupations communes

Cependant, ces quelques contre-exemples ne sauraient masquer la tendance générale au rejet des projets éoliens.
Un rejet qui dépasse les clivages politiques et sociologiques : les communes opposées à ces installations ont aussi bien placé Marine Le Pen qu’Emmanuel Macron en tête lors du second tour de l’élection présidentielle de 2022.
Ce consensus négatif traduit avant tout des préoccupations communes : la volonté de préserver un cadre de vie de qualité, souvent lié à des paysages naturels et traditionnels, ainsi qu’un rejet croissant des décisions perçues comme imposées par le haut, dans un pays où le centralisme est de plus en plus contesté.
Ces exemples, qu’ils soient favorables ou défavorables aux éoliennes, montrent néanmoins l’intérêt d’une méthode de concertation structurée. Celle-ci doit inclure une phase de consultation locale et permettre l’expression directe des citoyens, conditions essentielles pour faire émerger une acceptabilité sociale de la politique énergétique française.
Mais alors, les Français seraient-ils hostiles aux nouvelles sources d’énergie décarbonée ?
Pas si sûr. Jusqu’à présent, les projets de parcs photovoltaïques ont, par exemple, toujours été acceptés lorsqu’ils ont été soumis au vote. Cela a été le cas à Grignan dans la Drôme en 2020, avec 51 % de « oui », et à Colombier-Fontaine dans Doubs en 2023, avec un plébiscite de 87 % de « oui ».

Force du débat

Surtout, l’un des tout premiers référendums locaux en France a porté sur un projet emblématique :
l’implantation d’une centrale nucléaire à Flamanville, en 1975.
Le journaliste Jérôme Lefilliâtre est récemment revenu sur cette aventure dans son roman Les Falaises de Flamanville.
Il y décrit l’initiative du maire de l’époque, qui avait décidé d’organiser une consultation sur un sujet aussi sensible, une idée audacieuse, car l’issue du vote était loin d’être acquise.
Pourtant, bien que peu informée au départ, la population locale s’est progressivement emparée du sujet, jusqu’à accorder un large « oui » au projet (64 %, avec une participation de 82 %), donnant ainsi naissance à un pilier de la filière nucléaire française pour les décennies suivantes.
Un tel vote serait-il encore possible aujourd’hui ?
La défiance des Français envers les responsables politiques, et parfois même envers la science, est sans doute plus marquée qu’à l’époque. Toutefois, comme les habitants de Flamanville l’ont prouvé, on peut raisonnablement croire dans la force du débat et dans la capacité des électeurs à faire des choix éclairés.

https://www.lefigaro.fr/vox/politique/le-rejet-des-projets-eoliens-depasse-les-clivages-politiques-et-sociologiques-20250708

Stéphane Bern – «Les lobbys éoliens, avec la complicité de nos politiques, ont réussi à défigurer la France» – Par Stéphane Bern – 08.07.25 – Le Figaro –

TRIBUNE – Les éoliennes enlaidissent nos terres, des côtes de Bretagne aux pics des Pyrénées, tout en creusant le fossé déjà profond entre les villes et les campagnes, déplore le grand défenseur du patrimoine qui lance un appel aux sénateurs contre leur prolifération
Sur la route de vos vacances, vous n’échapperez pas à cette réalité : la France ne ressemble plus à ce pays de cocagne depuis que ses paysages naturels ont été défigurés par ces géants d’acier censés fournir de l’énergie supposément renouvelable.
Vu du ciel, le mitage est terrifiant tant les sites les plus spectaculaires – des côtes de Bretagne aux pics des Pyrénées – ont été tout simplement dénaturés par ces éoliennes qui produisent une électricité intermittente… mais lesquelles ne tournent plus en période de forte chaleur !
À la faveur de mes tournages pour « Le Village préféré des Français », depuis près de quinze ans, j’ai pu observer la manière avec laquelle les lobbys éoliens, avec la complicité de nos politiques énergétiques, ont réussi à défigurer la France.
Ainsi, dans le val de Loire, pourtant inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis vingt-cinq ans, le préfet d’Indre-et-Loire, obéissant aux consignes ministérielles, a voulu imposer un champ d’éoliennes porté par la commune d’Auzouer-en-Touraine qui impacterait durablement les vues sur le château d’Amboise. Beaucoup de maires me le disent : « Si on refuse, les promoteurs éoliens vont voir la commune voisine et nous aurons les nuisances visuelles et sonores, sans la manne financière. »
Certains me confient les pressions dont ils sont l’objet, voire les menaces, sans parler des réunions d’information publiques bâclées sans réelle publicité. Il faut avoir assisté aux réunions préfectorales du comité départemental des énergies renouvelables (CDENR) pour mesurer l’agressivité des promoteurs éoliens, certains prêts à mentir en affirmant qu’ils ont l’aval de la Fondation du patrimoine !

Séisme politique

Comment, au nom de l’écologie, peut-on en même temps vouloir zéro artificialisation des sols et injecter 400m3 de béton dans les terres agricoles pour implanter des socles qui supportent des éoliennes, lesquelles dépassent désormais les 200 mètres de hauteur ?
Ce sont les mêmes qui semblent peu se soucier des milliers d’oiseaux migrateurs, ou d’espèces protégées, déchiquetés par les pales des éoliennes, des pales non recyclables à ce jour, fabriquées en Chine avec des terres rares et qui finiront leur vie le long du fleuve Congo.
Belle leçon d’écologie !
Ont-ils seulement conscience qu’ils sont en train d’acter la plus grande fracture entre les villes et les campagnes, alors que les responsables politiques décident à Paris de l’emplacement des éoliennes dans la ruralité ou face aux plages de Bretagne et de Normandie ?
Il y a même un projet dévastateur d’installer un champ d’éoliennes face aux plages historiques du débarquement de juin 1944. On n’ose imaginer l’opération Overlord au milieu de ces éoliennes !
Quand on interroge les urbains, ils sont tous favorables au mix énergétique et applaudissent à l’implantation d’éoliennes. « Mais pas dans mon jardin ! », ajoutent-ils aussitôt
Stéphane Bern

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/stephane-bern-les-lobbys-eoliens-avec-la-complicite-de-nos-politiques-ont-reussi-a-defigurer-la-france-20250704