6975 – Les hommes les plus dangereux du monde – par Patrick Lawrence – N°14 – 01.07.25 – Horizons & Débats


Les hommes les plus dangereux du monde 
par Patrick Lawrence – N°14 – 01.07.25 – Horizons & Débats
Président Trump & Netanyahou 2025

Guerre d’agression américano-israélienne contre l’Iran

17 juin 2025 – Il y a quelque temps, j’ai décrit Benjamin Netanyahou comme l’homme le plus dangereux du Proche et du Moyen-Orient. C’était à l’époque où nous entendions le récit de la menace du régime d’Assad à Damas, ainsi que les horreurs du «Belzébuth» absolu, également connu sous le nom de leader suprême de l’Iran, et d’autres personnages d’une méchanceté sans limite.
    Depuis les attaques choquantes, impitoyables et nihilistes qu’il a lancées contre la République islamique aux premières heures de vendredi dernier, le Premier ministre israélien est même devenu pour moi l’homme le plus dangereux du monde. Mais aujourd’hui [17juin], Benjamin Netanyahou a encore un concurrent dans ce sinistre classement. Si Donald Trump entraîne les Etats-Unis dans une guerre entre l’Etat sioniste et la République islamique, comme il l’a laissé entendre aujourd’hui, il passera du statut de soutien du Premier ministre israélien à celui de partenaire égal, et tous deux représenteront alors une menace non seulement pour le peuple iranien, mais pour l’humanité tout entière.

I – Une guerre lancée par des mensonges et l’arrogance du pouvoir

Netanyahou
Dans sa première annonce de l’opération «Rising Lion», Netanyahou a affirmé que l’Iran représentait une «menace existentielle» pour Israël et qu’il n’avait pas d’autre choix que d’ordonner une attaque. C’est un non-sens, mais nous devons prêter attention à ces dimensions de non-sens. Avec cette formulation très lourde,
Netanyahou a de fait donné à l’État sioniste l’autorisation d’utiliser une arme nucléaire si ses attaques ne parviennent pas à détruire tous les programmes nucléaires de la République islamique, ce qui est probable.
C’est la lecture que j’en fais. Et avec l’appel de Trump à la «capitulation inconditionnelle» de l’Iran dans les médias sociaux, et la menace d’assassiner le guide suprême du pays, nous nous sommes encore rapprochés du danger d’attaque nucléaire par Israël.
    Depuis vendredi dernier, il existe effectivement une menace existentielle à l’étranger. Mais elle s’étend bien au-delà de l’Iran, et même de l’Asie occidentale. Comme le montre clairement la longue et terrible histoire de l’«Etat juif», celui-ci ne semble pas reconnaître de limites à la violence qu’il inflige aux autres, à ses violations du droit international et des normes d’humanité, et aux risques qu’il fait courir au monde, motivés par un projet d’asservissement et de domination mené au nom de la religion. Et il s’avère aujourd’hui que le Washington de Donald Trump ne reconnaît pas non plus de telles limites.
    Résumons: la semaine dernière, le dirigeant fou d’un État doté de l’arme nucléaire, qui ne s’est jamais soumis aux conditions du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, a attaqué un État non-nucléaire qu’il a qualifié de danger mortel pour la survie d’Israël, parce que lui, l’Iran, en tant qu’État non-nucléaire, ne posséderait pas d’armes nucléaires.
    L’«Opération Rising Lion» est une allusion à la prophétie du livre de Balaam, un infidèle au bilan très mitigé, mais qui a impressionné les anciens Israélites par ses capacités exceptionnelles de prophétie.
Dans le 4ème livre de Moïse, 23, 24, il est dit:
«C’est un peuple qui se lève comme une lionne et qui se dresse comme un lion. Il ne se couche pas tant qu’il n’a pas dévoré sa proie et bu le sang de ses victimes.»
Netanyahou ne cesse de désigner, dans ce style de l’Ancien Testament et de la Torah, les Palestiniens comme les descendants des mauvais «peuples païens» que le peuple élu a dû exterminer par l’ordre de Jéhovah. Trump semble dorénavant partager cet objectif.
    Israël et l’Iran sont désormais en guerre. Selon les témoignages issus de Téhéran et reproduits par «New York Times», cela ne fait aucun doute.1 Cela change tout. Netanyahou a désiré cette guerre pendant des décennies, désir frôlant la psychose, par des mensonges sans fin et des scénarios construits de manière paranoïaque. Ces mensonges et la folie qui les engendre exposent l’humanité au danger imminent d’une confrontation mondiale.

Comment diable le président des Etats-Unis, même en tenant compte de son incontestable soumission au lobby israélien, peut-il approuver cette folie organisée?
    En tant qu’Américain, je ne peux que dire: «Maintenant, nous sommes tous des Iraniens».

II – «Remodeler le Moyen-Orient»

Désormais, personne d’entre nous ne devra plus se laisser tromper sur les véritables intentions du président Trump et sur la disposition de l’Amérique de risquer un embrasement régional, voire mondial. Contrairement à beaucoup d’autres personnes, je continue à insister sur l’évidence que l’État d’Israël, dirigé par des sionistes, doit être considéré comme un agent largement avantagé et non comme le maître à penser de la politique américaine. Il s’agit pour moi d’une dynamique complexe. L’État soumis aux impératifs du sionisme fait maintenant ce que l’Empire américain, a l’intention de faire dans son effort plus large de «remodeler le Moyen-Orient», conformément aux intentions de ses lobbies d’inspiration néoconservatrice avouée, qui dirigent la politique américaine. Comme je l’ai déjà dit ici, en utilisant le jargon des services secrets, «Israël fait le sale boulot de Washington»2 au Proche et au Moyen-Orient.
Les Etats-Unis vont-ils maintenant soutenir la nation qui les soutient? Telle est pour moi la question.

III – Rien que des mensonges

Comme de nombreux commentateurs l’ont fait remarquer à de nombreux endroits, c’est une pratique courante chez les Israéliens de mentir sur les événements, la politique, et surtout le comportement des forces de défense israéliennes. Tous les gouvernements mentent, comme l’a affirmé I.F. Stone à de nombreuses occasions, mais dans cette discipline, les officiels israéliens sont une classe à part.
La particularité de leurs maîtres est qu’ils continuent de mentir même lorsqu’un mensonge a déjà été démasqué. Netanyahou, un exemple vivant, réitère toujours la manière dont les milices du Hamas, qui ont attaqué le sud d’Israël le 7 octobre 2023, auraient violé des hommes et des femmes, décapité certains bébés et en auraient fait cuire d’autres dans des fours, et ainsi de suite. Tout cela a été démasqué comme étant faux, comme étant le produit de l’appareil israélien Hasbara, la machine en mouvement perpétuel produisant des rumeurs de propagande pour la consommation du public international. Mais cela n’empêche pas Netanyahou de répandre ces calomnies stéréotypées.

IV – Le danger nucléaire iranien est évoqué depuis 1992


Il en va de même pour son affirmation selon laquelle l’Iran serait, depuis la semaine dernière, sur le point d’avoir à disposition des armes nucléaires, et qu’il s’agirait donc d’une question existentielle pour Israël d’empêcher cela.


    Lorsqu’il a annoncé l’opération «Rising Lion», Netanyahou a déclaré: «Cela pourrait être dans un an, ou dans moins d’un an, dans quelques mois».
Il s’agit là d’un exemple instructif de pur alarmisme, qui ne contient aucun fait. Une telle affirmation n’a pas plus de substance que celles que Netanyahou diffuse depuis le début des années 1990.
Il sait que tous ses «pourrait» et «serait» ne tiennent pas la route, et proviennent des services secrets israéliens et de la Central Intelligence Agency. Désormais, ce mensonge transparent suffit à mener sa guerre sur deux fronts et à risquer une guerre à plusieurs.
    Le 11 juin, deux jours avant que les Israéliens ne lancent leurs frappes aériennes sur l’Iran, un compte de médias sociaux géré par les «Etats-Unis d’Israël» a publié sur X une chronologie des affirmations de Netanyahou selon lesquelles la République islamique était sur le point de franchir le seuil et de devenir une puissance nucléaire.3
Les 20 entrées sur le sujet commencent en 1992 et se terminent au début de cette année. En 1996, l’Iran était entre «quelques mois à un an» de la fabrication d’une bombe, en 2010, 14 ans plus tard, c’était «un an», en 2021, encore onze ans plus tard, il était question de «mois à un an», et ainsi de suite.
    Je ne suis pas familier avec les «Etats-Unis d’Israël» et ne peux pas me porter garant de chaque entrée, mais celles que je connais sont toutes correctes.
Je pense d’abord à l’année 2013, lorsque Netanyahou a montré devant l’Assemblée générale des Nations unies l’image si ridicule qu’elle en est devenue tristement célèbre d’une bombe en forme de boule de bowling munie d’une mèche.4 A l’époque, il y a une douzaine d’années, le pronostic était le suivant: un an jusqu’à ce que l’Iran devienne une puissance nucléaire.

C’était une semaine après qu’Hassan Rouhani, élu président réformateur de l’Iran en juin, se soit adressé à l’Assemblée générale et ait courageusement tendu la main pour proposer l’ouverture de pourparlers visant à régler les programmes nucléaires de son pays.5
Deux ans plus tard, Téhéran signait le Plan d’action global commun6 de mise en œuvre. C’était précisément ce que Netanyahou souhaitait le moins, et Donald Trump est allé dans son sens en dénonçant l’accord en 2018, un an après sa prise de mandat.

V – Netanyahou a créé une méta-réalité

Pour les lecteurs intéressés: The Intercept a publié il y a 10 ans un article confirmant nombre de ces données7, qui est aujourd’hui republié sous le titre original «La longue histoire des hurlements de loup de Benjamin Netanyahou sur les armes nucléaires iraniennes», un intitulé encore plus justifié aujourd’hui qu’en 2015.
    Au fil des années, Netanyahou a réussi à créer une sorte de méta-réalité qui est diffusée et qui prospère dans les médias grand public. Israël n’aurait pas d’autre choix que d’attaquer, a déclaré Bret Stephens, un ennemi de longue date de l’Iran, dans le «New York Times» du 13 juin:
«En clair, l’Iran a trompé le monde pendant des années tout en se donnant les moyens de construire plusieurs armes nucléaires.»8
David French, un autre éditorialiste conservateur du «Times», a quant à lui déclaré dans l’édition du 16 juin:
«La nécessité d’arrêter la marche de l’Iran vers la bombe est beaucoup plus évidente aujourd’hui qu’il y a encore trois ans»9.

VI – Une résolution de l’AIEA politiquement motivée?

Ces commentateurs et certains de leurs collègues accordent désormais une grande importance à un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA)10 qui accuse l’Iran de violer ses obligations au titre du Traité de non-prolifération nucléaire.

La aussi, il faut recourir aux faits: L’AIEA est un organe des Nations unies qui compte 35 membres. Elle s’est réunie pour voter sur une résolution de non-respect présentée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne.
Cette résolution11 a été présentée jeudi dernier, le 12 juin, un jour avant qu’Israël n’attaque l’Iran. Elle a été adoptée par 19 voix pour, trois voix contre (Russie, Chine, Burkina Faso) et 11 abstentions; deux membres du panel n’ont pas voté.
    Pourquoi quatre puissances occidentales, qui soutiennent unanimement Israël et rejettent l’Iran, ont-elles présenté cette résolution alors que, dès le jeudi précédent, des responsables américains et européens avaient mis en garde contre l’imminence d’une attaque israélienne?
Pourquoi 16 autres nations, dont beaucoup ne sont pas occidentales et dont certaines (Canada, Pays-Bas, Corée du Sud, Japon) sont des alliés des Etats-Unis, ont-elles refusé de soutenir la résolution?
Comme on s’en souvient, le jour du vote, le département d’Etat américain a retiré son personnel diplomatique de l’ambassade à Bagdad et a demandé aux familles des militaires de la région d’évacuer volontairement.

 Le Ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi,

 Le Ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi,
   a immédiatement interprété la réprimande de l’AIEA comme étant politiquement motivée, le prélude à l’opération des Israéliens le lendemain. Nous devrions être prudents sur ce point: cette vision des choses ne peut pas être vérifiée, mais elle n’est certainement pas à rejeter
AIEA – Rafael Grossi
    La réprimande de l’AIEA s’appuie sur le rapport de quatre pages publié le 12 juin. Il s’agit d’un document très technique qui traite de l’accès de l’agence aux installations nucléaires iraniennes et des présentations officielles faites par les Iraniens sur leurs programmes nucléaires dans le cadre de leurs contacts réguliers avec l’AIEA. Les points de désaccord entre l’Agence internationale et les Iraniens remontent à cinq ans, le plus récent datant de novembre 2024. Rien ne s’est produit la semaine d’avant, ni le mois précédent ou celui d’avant, qui aurait pu amener l’AIEA à réprimander les Iraniens.
    Voici un passage clé du document:
    «Notant avec préoccupation la conclusion du Directeur général, exposée plus récemment dans le document GOV/2025/25, selon laquelle ces questions découlent des obligations de l’Iran au titre de son accord de garanties TNP et que tant que l’Iran n’aidera pas l’Agence à résoudre les questions de garanties en suspens, l’Agence ne sera pas en mesure de donner l’assurance que le programme nucléaire de l’Iran est exclusivement pacifique.»
    Est-ce que cela se lit pour vous comme une déclaration selon laquelle l’Iran est au bord de la capacité nucléaire et doit être stoppé d’urgence?
Ou est-ce que cela se lit comme un rapport de plus dans une longue série de rapports intermédiaires, la base d’autres interactions du même type qui ont lieu de manière routinière depuis des décennies?
Ce passage ou un autre extrait de prose technique similaire soutiennent-ils les récentes prédictions de Benjamin Netanyahou citées plus haut?
Est-ce qu’ils consolident les commentaires de David French et Bret Stephens?
Placez le rapport à côté des affirmations de ces personnes, et vous aurez un copieux exemple de grossière distorsion.

VII – La «logique» de la dissuasion

— Rafael Grossi, director-general of the International Atomic Energy Agency (IAEA)

 

 


 

En réaction au rapport émis par l’AIEA, l’Iran a menacé de se retirer de l’Accord de non-prolifération nucléaire et de développer activement ses activités nucléaires. On peut interpréter cette décision de diverses manières, soit comme un scénario-catastrophe potentiel, ou comme l’ouverture d’une réflexion sur le principe de dissuasion.
Dans le cas de l’Iran, j’ai été partisan de cette seconde option pendant bien des années. Pendant les décennies de la guerre froide, la dissuasion était un concept stratégique très prisé. Je regrettais les circonstances qui conféraient sa logique à la dissuasion, mais je percevais également la finalité de cette stratégie.
Or, nous avons là désormais une nation dotée de l’arme nucléaire et dont les intentions dangereuses ont maintes fois été démontrées, qui menace un «État non nucléaire», selon la terminologie employée par l’AIEA pour qualifier l’Iran. J’en arrive donc au même constat.

Abbas Araghchi, Ministre iranien des Affaires étrangères

    Abbas Araghchi, Ministre iranien des Affaires étrangères, actuellement quelque peu inquiet, a joué un rôle déterminant dans les négociations qui ont abouti, il y a dix ans, au JCPOA (accord sur le nucléaire iranien). Le dimanche 15 juin, il devait se rendre à Oman pour poursuivre les discussions avec les Etats-Unis sur un autre accord nucléaire, destiné à remplacer celui que Netanyahou avait dénoncé avant même de le signer, tout comme Trump l’avait fait lui aussi au cours de son premier mandat. Pour des raisons évidentes, cette visite n’a jamais eu lieu.

VIII – «Capitulation sans conditions»

Ce qui nous ramène au cas de Donald J. Trump. Jusque-là, je n’avais jamais considéré le président américain comme quelqu’un d’aussi dangereux que Benjamin Netanyahou. Je ne refuserais pas qu’intellectuellement Trump n’égalise pas Netanyahou, mais il ne me semblait pas aussi dérangé. Du moins, c’était ce que je croyais. Comme je l’ai déjà dit, je considérais certes Trump comme un allié de Netanyahou, puisque c’était le rôle qu’il avait joué jusqu’à présent.

    On ne sait pas si Trump mettra à exécution les menaces qu’il a proférées cet après-midi (17 juin) sur les réseaux sociaux, mais je pense que ce n’est qu’une question de temps: il est impossible de détruire l’intégralité du programme nucléaire iranien sans utiliser des bombes «bunker buster» (qui pèsent dans les 13600 kg) et les bombardiers B-2 nécessaires à leur larguage, et Israël ne dispose ni des uns ni des autres. Je dois donc démentir mes propos: en exigeant une «capitulation sans condition», Trump se révèle encore plus dément que Netanyahou mais tout aussi dangereux.
    Les lobbies israéliens et ceux des divers partisans américains fortunés de l’Etat sioniste ont mis Trump dans leur poche, aussi profondément que n’importe quel autre politicien américain, à quelques exceptions près. Mais avec son soutien apparemment illimité à une opération aussi dangereuse que «Rising Lion» (le Lion se lève), Trump les a, me semble-t-il, tous surpassés. Il est totalement condamnable de soutenir un génocide par des livraisons d’armes illimitées, des appuis politiques et une protection diplomatique. On pensait qu’on ne pouvait pas faire pire.
Mais n’est-il pas encore plus inconcevable de cautionner une agression qui risque de déclencher un embrasement mondial?
Ce degré de cynisme me semble dépasser celui de Joe Biden, et j’avoue que celui-là n’était déjà pas mal.

IX – Tromperie dans un but meurtrier

Marco Rubio
24 heures environ après que le lion bien-aimé de Netanyahou ait commencé à se lever, Trump a envoyé Marco Rubio, son malheureux secrétaire d’État, devant les micros et les caméras pour annoncer au monde entier que les Etats-Unis n’avaient pas été tenus au courant des plans d’Israël et qu’aucun «avion américain» n’était impliqué. Il s’est avéré que Rubio ne faisait pas référence aux avions portant l’insigne «USAF» sur leur fuselage.
    Newsweek a rapporté, le jour même de l’attaque israélienne12, qu’Israël avait déployé une multitude d’avions de chasse de fabrication américaine – des F-35, F-16 et F-15 – contre les Iraniens. On pourrait se demander si cela revenait à un consentement tacite, mais ce n’est pas le cas. Les responsables israéliens, qui se vantent volontiers de l’approbation américaine envers toutes leurs malveillances, ont clarifié la situation.
    C’est ainsi qu’Antiwar.com, le site d’information libertaire, a rapporté le 13 juin qu’un haut responsable israélien avait révélé au «Jérusalem Post» que les gouvernements Netanyahou et Trump collaboraient « pour convaincre Téhéran que la diplomatie était encore possible après qu’Israël se soit déclaré prêt à attaquer l’Iran».
Le «Jerusalem Post» a rapporté:
«La série de négociations américano-iraniennes sur le nucléaire prévue dimanche faisait partie d’une manœuvre de diversion coordonnée entre les Etats-Unis et Israël visant à réduire la vigilance de l’Iran avant l’attaque de vendredi.»
    A ce sujet, il faut lire l’article de Dave DeCamp sur Antiwar.com13, celui du «Jerusalem Post»14, ainsi que celui du «New York Times», qui relate cette affaire sous le titre «Selon certains responsables, une erreur d’appréciation de l’Iran a été à l’origine des nombreuses victimes des attaques israéliennes»15. Quels idiots, ces Iraniens: ils ont fait confiance aux Américains!


    Pour compléter le tableau, Trump a passé tout son temps sur sa plateforme de messagerie Truth Social à texter ce genre de messages:
«Nous continuons à œuvrer en faveur d’une solution diplomatique à la question nucléaire iranienne! J’ai demandé à l’ensemble de mon gouvernement de négocier avec l’Iran. Ce pays pourrait redevenir magnifique pays, mais pour cela il doit d’abord abandonner tout espoir d’acquérir l’arme nucléaire. Merci de votre attention!»

X – Trahison diplomatique

Je ne souhaite pas m’étendre davantage sur la lâcheté dont font souvent preuve les Etats-Unis dans les affaires internationales. Cela a déjà été suffisamment démontré. Mais ce que les Etats-Unis ont fait subir à l’Iran la semaine dernière avec l’aide de leur Etat-vassal me semble être le summum de la trahison diplomatique. Je ne vois qu’un seul autre cas qui puisse lui être comparable.


    A l’époque, la crise ukrainienne était encore à ses débuts, et Vladimir Poutine en avait personnellement négocié le règlement.
en-2015-la-france-et-lallemagne-ont-signe-avec-nous-un-document-connu-aujourdhui-sous-le-nom-daccords-de-minsk

    Le président russe avait placé beaucoup d’espoir dans les deux Accords de Minsk, signés en septembre 2014 et février 2015, qu’il considérait comme une solution prometteuse aux divisions apparues en Ukraine après le coup d’Etat soutenu par les Etats-Unis à Kiev en février 2014.
Il s’est rendu compte par la suite que ni l’Ukraine, ni les puissances occidentales qui avaient garanti ces accords, à savoir la France et l’Allemagne, n’avaient jamais eu la moindre intention de les mettre en œuvre. Ces deux cas ont essentiellement trait à la confiance et à la violation de celle-ci. Un certain degré de confiance est fondamental dans les relations internationales. Sans elle, il ne peut y avoir de diplomatie constructive, que ce soit entre adversaires ou entre alliés, et son effritement laisse les nations se retrouver alors dangereusement proches d’une position hostile et du chaos potentiel
    Les Européens ont perdu la confiance des Russes lorsqu’ils ont renoncé aux Accords de Minsk immédiatement après leur signature. Trump vient de perdre la confiance des Iraniens. C’est une forme de dévastation – on pourrait aussi parler d’«art politique de la terre brûlée».
    Croyez-vous vraiment que personne ne s’en rend compte? Les Chinois, pour citer le cas le plus critique?

La semaine dernière, Trump et Netanyahou ont joué au «bon flic, mauvais flic» avec Téhéran.
C’est une variante de la duplicité dont fit preuve Biden en fournissant à Israël tout ce dont il avait besoin pour poursuivre son génocide à Gaza, tout en prétendant lutter «jour et nuit» pour un cessez-le-feu. Biden a trahi les Palestiniens, Trump les Iraniens. Tous deux nous ont tous trahis, nous aussi, et cela pourrait devenir encore plus dangereux.
    Netanyahou, Biden, et maintenant Trump: ces individus agissent par désespoir, telle est pour l’instant la conclusion qui s’impose à moi. Il nous appartient d’en comprendre la raison de tout cela et dans quel sens tourne la roue de l’histoire.

 


1https://www.nytimes.com/2025/06/13/world/middleeast/iran-israel-strikes-nuclear-talks.html 
2https://scheerpost.com/2024/11/11/patrick-lawrence-israel-does-the-wet-work/ 
3https://substackcdn.com/image/fetch/f_auto,q_auto:good,fl_progressive:steep/https%3A%2F%2Fsubstack-post-media.s3.amazonaws.com%2Fpublic%2Fimages%2Fab9b7775-7ff7-4f89-936e-57d81c99cfd3_567x679.png 
4https://www.timesofisrael.com/full-text-Netanyahous-2013-speech-to-the-un-general-assembly/ 
5https://www.c-span.org/clip/united-nations/user-clip-hassan-rouhani-addresses-the-un-general-assembly/4567701 
6https://2009-2017.state.gov/e/eb/tfs/spi/iran/jcpoa/#:~:text=On%20July%2014%2C%202015%2C%20the,program%20will%20be%20exclusively%20peaceful 
7https://theintercept.com/2015/03/02/brief-history-Netanyahou-crying-wolf-iranian-nuclear-bomb/ 
8https://www.nytimes.com/2025/06/13/opinion/iran-israel-strikes.html 
9https://www.nytimes.com/2025/06/14/opinion/israel-iran-russia-nuclear-weapons.html 
10https://www.IAEO.org/newscenter/focus/iran/IAEO-and-iran-IAEO-board-reports 
11https://www.iaea.org/newscenter/focus/iran/iaea-and-iran-iaea-resolutions 
12https://www.newsweek.com/us-air-weapons-show-dominance-israels-strike-iran-2085074 
13https://news.antiwar.com/2025/06/13/official-us-israeli-deception-gave-iran-false-security-ahead-of-attack/ 
14https://www.jpost.com/middle-east/iran-news/article-857608#google_vignette 
15https://www.nytimes.com/2025/06/13/world/middleeast/iran-israel-strikes-nuclear-talks.html Publication original: v. The Floutist du 17/06/2025
(Traduction Horizons et débats)


«Programme nucléaire iranien»: une fallacieuse rumeur de guerre?


hd. Tandis que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou justifie les bombardements menés depuis le 13 juin contre l’Iran en affirmant que Téhéran était sur le point de se doter de l’arme nucléaire, un différend majeur oppose donc, aux Etats-Unis, son président Donald Trump à la coordinatrice de ses propres services de renseignement Tulsi Gabbard.
    Lors de son retour précipité du sommet du G7 au Canada, une journaliste a rappelé à Trump les propos tenus par sa coordinatrice des services secrets lors d’une audience officielle au Congrès en mars 2025, dans ces termes:
    «Les services secrets restent convaincus que l’Iran ne développe pas d’armements nucléaires et que le guide suprême Khamenei n’a pas ré-autorisé le programme d’armement nucléaire suspendu en 2003. Les services secrets demeurent vigilants envers toute décision de Téhéran de reprendre son programme d’armement nucléaire.»
Depuis lors, la coordinatrice des services secrets américains n’a rien changé à son évaluation. Si ses déclarations ne devaient subir aucune modification, les voix critiques de la ligne belliciste au sein du Parti républicain estimeraient alors qu’il n’y a aucune nécessité urgente à «mener une action militaire contre Téhéran.»
    Leur opinion serait également basée sur les déclarations de l’Agence internationale de l’énergie atomique, basée à Vienne. Le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, a récemment déclaré dans une interview à CNN, à propos du nucléaire en Iran: «Nous n’avons trouvé aucune preuve indiquant des essais systématiques visant à obtenir des armes nucléaires. »
Source: Berliner Morgenpost du 18.6.2025
(Traduction Horizons et débats)

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https://www.zeit-fragen.ch/fr/archiv/2025/nr-14-24-juni-2025/die-gefaehrlichsten-maenner-der-welt