
La Norvège divisée sur son intégration énergétique à l’UE
Le ministre norvégien des Finances, Trygve Magnus Slagsvold Vedum, a déclaré qu’il serait « erroné de donner plus de pouvoir à l’UE » en matière d’énergie. [Photo by Thierry Monasse/Getty Images]
par Nikolaus J. Kurmayer – 28.01.25 – EURACTIV.com

Les responsables politiques norvégiens s’opposent aux tentatives de mise en œuvre de la législation européenne sur l’énergie, qui permettrait au pays de s’intégrer plus étroitement dans les marchés européens de l’énergie.
La région de libre-échange élargie de l’Union européenne (Espace économique européen, EEE), dont la Norvège est un membre clé, est secouée par la lutte d’Oslo pour son rôle en Europe à l’approche des élections de septembre.

Au cœur de la controverse : la mise en œuvre de la législation de l’Union européenne (UE) sur l’efficacité énergétique, le marché de l’électricité et les énergies renouvelables qui ont été proposées pour la première fois par la Commission européenne en 2019.
« Nous pensons que c’est une erreur de donner plus de pouvoir à l’UE, et que nous devrions plutôt aller dans la direction opposée », a déclaré lundi le ministre des Finances, Trygve Slagsvold Vedum, du Parti du centre.
Il a souligné que l’adoption de cette législation rapprocherait la Norvège du marché de l’électricité « dysfonctionnel » de l’Europe.
Le ministre norvégien des Finances, Trygve Magnus Slagsvold Vedum
Les politiques en matière d’électricité sont devenues plus courantes dans une Norvège fortement électrifiée, où le prix de l’électricité a un impact immédiat sur la vie quotidienne. Deux tiers des foyers sont chauffés par des pompes à chaleur et la quasi-totalité des nouvelles voitures vendues sont des véhicules électriques.
En décembre dernier, les prix de l’électricité ont dépassé les 100 euros par MWh, mettant le pays en émoi.
« Ces prix sont absolument merdiques », avait alors déclaré le ministre de l’Énergie Terje Asland, lançant un débat sur la question de savoir si les liaisons électriques de la Norvège avec l’Europe étaient à blâmer.
Dotée d’abondantes ressources hydroélectriques, la Norvège est un important exportateur d’électricité vers les pays voisins. Mais lorsqu’elle aide ses voisins à combler leurs déficits d’approvisionnement en électricité, ses propres prix augmentent en conséquence.
Terje Asland a promis de couper un câble vers le Danemark « s’il s’avère qu’il contribue aux prix élevés que nous connaissons actuellement ».
Le parti travailliste norvégien de centre gauche, principal partenaire de la coalition, souhaite quant à lui que les règles de l’UE soient adoptées.
Jonas Gahr Støre (Parti travailliste).
« Nous avons reçu des signaux de l’UE à différents niveaux selon lesquels un manque de mise en œuvre pourrait nuire aux accords que nous souhaitons », a déclaré vendredi le Premier ministre, Jonas Gahr Støre (Parti travailliste).
Elin Lerum Boasson
« Historiquement, la Norvège a été lente à mettre en œuvre les lois sur l’énergie et le climat », explique Elin Lerum Boasson, professeur de sciences politiques à l’université d’Oslo. Cependant, avec l’instabilité géopolitique croissante, la « mise en œuvre de la législation de l’UE, et donc un alignement plus étroit sur Bruxelles, est une priorité pour le parti travailliste ».
L’UE n’a pas encore officiellement pris position sur la non-adoption de sa législation par la Norvège.
La mise en œuvre des règles de l’UE en matière d’énergie est en passe de devenir un sujet de campagne avant les élections de septembre, Trygve Slagsvold Vedum souhaitant « reporter l’ensemble du paquet jusqu’après les élections ».
Entre-temps, le parti travailliste a commencé à mettre en œuvre des lois moins controversées sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
Mais la Norvège sera bientôt confrontée à d’autres lois européennes sur l’énergie, qui visent à renforcer l’intégration.
Les règles de 2019 ont déjà été réécrites pour s’adapter à l’objectif de l’UE de réduire les émissions de 55 %, et les règles du marché de l’électricité ainsi que les accords de gouvernance ont été révisés à la suite de la crise énergétique de 2022.
L’UE envisage de fixer des objectifs plus ambitieux en matière de câblage transfrontalier afin de faire baisser les prix de l’énergie dans l’ensemble de l’Union.


