6601 – UNION EUROPÉENNE… pour sa présidence tournante de l’UE… la Pologne définit ses priorités… la sécurité et l’immigration – 03.01.25 – Par Sandro Calderon – rtbfActus –

UNION EUROPÉENNE… pour sa présidence tournante de l’UE… la Pologne définit ses priorités… la sécurité et l’immigration –

 Le Premier ministre polonais Donald Tusk à Bruxelles, le 19 décembre 2024.
Par Sandro Calderon – 03.01.25 – rtbfActus –
La sécurité. La Pologne en a fait la priorité absolue de sa présidence du Conseil de l’Union européenne. Au cours des six prochains mois, « notre tâche consistera à convaincre les 27 États membres de l’UE que l’Europe peut continuer à être l’endroit le plus sûr et le plus stable de la planète », a déclaré le Premier ministre Donald Tusk ce mercredi 1er janvier. Mais sur sa route, il sera confronté à deux obstacles majeurs : le retour de Donald Trump à la Maison blanche dans trois semaines et la tenue de l’élection présidentielle en Pologne au printemps prochain.

Tusk et la Pologne au centre du jeu

La Pologne va assumer la présidence tournante du Conseil de l’UE tout au long du premier semestre de 2025. Et dans beaucoup de capitales européennes, c’est un soulagement. C’en est fini des provocations de la présidence hongroise, de la « mission de paix » non concertée du Premier ministre Viktor Orban qui a mis à mal l’unité européenne.
Le Premier ministre polonais prend le relais auréolé d’une image très positive. Ancien président du Conseil européen (il a précédé Charles Michel à ce poste), il connaît bien la machinerie européenne où il a appris le sens du compromis.
Il y a un an, il est revenu au pouvoir en Pologne à la tête d’une coalition centriste proeuropéenne, rejetant dans l’opposition les nationalistes ultraconservateurs du PIS. Il a redoré le blason de son pays, terni par des années de tensions avec l’Union européenne autour du non-respect de l’État de droit. C’est un des plus fervents soutiens de l’Ukraine face à la Russie et, avec une croissance au-delà des 3%, son pays se porte bien économiquement. À l’heure où le moteur franco-allemand est à l’arrêt, la Pologne a tout pour jouer un rôle central dans la politique européenne.

Priorités de la Pologne ou de l’Europe ?

Succédant à la Hongrie, la Pologne va jouer plus collectif et revenir aux fondamentaux d’une présidence tournante : faire avancer l’agenda politique européen en favorisant les compromis entre les États-membres, en jouant un rôle de « médiateur impartial » allant au-delà des intérêts nationaux.
Ça, c’est la théorie. La réalité sera plus nuancée. « On dit toujours que pour bien utiliser tes six mois de présidence tournante, tu dois prendre tes priorités nationales et les présenter comme des priorités européennes. C’est exactement ce que fait Donald Tusk, observe Dorota Bawolek, la correspondante à Bruxelles de la télévision publique polonaise TVP. Sa vraie motivation, c’est le fait d’être voisin de l’Ukraine et de la Russie. Donc, les priorités de la présidence polonaise seront les priorités de la Pologne« .
Voilà pourquoi, tout en haut de la pile des priorités, le Premier ministre polonais et sa coalition centriste ont placé la sécurité, déclinée sous toutes ses formes.
« L’Europe est aux prises avec les conséquences de l’agression armée de la Russie contre l’Ukraine et la nécessité de renforcer sa propre capacité de défense, soulignait Adam Szlapka, le ministre polonais des affaires européennes le 10 décembre dernier. Nous assistons à des tensions géopolitiques croissantes, à l’érosion de l’ordre international fondé sur des règles et à des attaques hybrides visant la démocratie et la sécurité européennes. \[…\] Par conséquent, la présidence polonaise soutiendra les activités visant à renforcer la sécurité européenne dans toutes ses dimensions : extérieure, intérieure, informationnelle, économique, énergétique, alimentaire et sanitaire. »
Le Premier ministre polonais Donald Tusk et le Président ukrainien Volodymyr Zelensky, à Lviv (Ukraine), le 17 décembre 2024.

Sécurité militaire face à la menace russe

Au cours des six prochains mois, Varsovie compte s’appuyer sur cette image de bon élève de l’Alliance atlantique pour demander à ses partenaires européens de continuer à soutenir l’Ukraine et à développer l’industrie européenne de défense, notamment via un endettement commun, comme lors de la pandémie de Covid-19.
Les Polonais « vont essayer de pousser les eurobonds, avance Dorota Bawolek. Il y a des pays comme les Pays-Bas qui y sont très opposés mais les responsables polonais sont concentrés sur cette idée d’endettement commun. J’ai entendu plein d’hommes politiques polonais en parler. C’est à l’agenda. Et peut-être que le commissaire polonais au budget européen, Piotr Serafin, va aussi jouer un rôle dans la discussion pour promouvoir cette idée. Ils sont très déterminés. »
Le Premier ministre polonais Donald Tusk inspecte des troupes dans le nord du pays, le 30 novembre 2024. Wojtek RADWANSKI / AFP

Contrer l’immigration venue de Biélorussie

Aux yeux de Donald Tusk, la sécurité passe également par la lutte contre l’immigration irrégulière venue de Biélorussie. Fin de l’année dernière, Varsovie a déjà reçu l’autorisation de la Commission européenne de limiter temporairement le droit d’asile en cas d’instrumentalisation des migrants. Et le gouvernement polonais attend en mars prochain la proposition législative de la Commission européenne pour faciliter les expulsions.
« Donald Tusk sait que le PIS a gagné les élections législatives en 2014 grâce à la crise migratoire. Entre-temps, la société polonaise s’est radicalisée sur la question. Donald Tusk a donc appris la leçon et a durci sa position depuis qu’il est de retour au pouvoir. Il sait qu’il ne peut pas jouer la carte Europe sur la question migratoire sinon il perdra le pouvoir dans son pays. »

Un avenir incertain

En attendant, le Polonais Donald Tusk prend la main à un moment plein d’incertitudes. Le 20 janvier prochain, Donald Trump va entamer son 2e mandat en tant que président des Etats-Unis. Et comme la majorité des pays européens, la Pologne craint les premières décisions du milliardaire républicain :
  • Va-t-il lancer une guerre commerciale contre l’UE ?
  • Va-t-il également se désengager d’Ukraine ?
  • Et si c’est son intention, Donald Tusk pourra-t-il le faire changer d’avis ?
« Si lui n’y arrive pas, personne n’y arrivera, affirme Dorota Bawolek. La Pologne est bien placée. Plusieurs élus m’ont dit que la présidence polonaise de l’UE tombait à un moment idéal parce qu’actuellement Varsovie est le plus grand allié, le plus grand ami des Etats-Unis en Europe. Par exemple, si Donald Tusk se rend à Washington, au nom du Conseil, ce serait très bien vu. Quand Viktor Orban l’a fait, il s’est fait descendre. Mais si Tusk rencontre Trump, tout le monde sera très content ».
Le Président américain Donald Trump et Donald Tusk, alors Président du Conseil européen, à Bruxelles, le 25 mai 2017. Emmanuel DUNAND / AFP

Reste une question. Donald Tusk va-t-il s’engager personnellement dans la présidence polonaise du Conseil de l’UE ?

La journaliste Dorota Bawolek pense qu’il va avant tout se concentrer sur l’élection présidentielle polonaise de mai prochain. Le scrutin est essentiel pour le camp pro-européen. Une victoire lui permettrait de mettre fin à une cohabitation délicate avec le PIS.
« Même s’il est profondément européen, Donald Tusk sait qu’il faut d’abord s’occuper de son propre pays. On ne peut pas être un leader européen si on n’est pas d’abord un leader dans son pays. Si tu veux vraiment garder le pouvoir, ce n’est pas avec l’Europe que tu vas te faire apprécier du peuple. C’est avec l’argent que tu consacres à ta population. »

D’ailleurs, Donald Tusk n’a pas hésité a coupé drastiquement dans le budget de la présidence polonaise de l’UE, le faisant passer de 304 à 96 millions d’euros. « C’est la meilleure preuve qu’un gouvernement pro-européen dans son cœur doit se montrer moins pro-européen à l’extérieur car il doit montrer que les écoles et les hôpitaux polonais sont plus importants que l’organisation d’un ‘spectacle en Europe’ ».


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