6197 – Le nouveau chef de l’OTAN à partir d’octobre 24… Mark Rutte… par Le Figaro & L’Observatoire de l’Europe – 26.06.24 –

I – Le Néerlandais Mark Rutte devient le nouveau chef de l’Otan – par Anne Rovan – le 20.06.24 – LE FIGARO



Par Anne Rovan – le 20.06.24 – LE FIGARO
Le premier ministre démissionnaire des Pays-Bas prendra ses fonctions le 1er octobre. La tâche qui attend «Mister Teflon» dans ses nouvelles fonctions est immense.
Le Néerlandais Mark Rutte est officiellement le nouveau chef de l’Otan. Sa nomination était acquise depuis que le Roumain Klaus Iohannis a annoncé, jeudi 20 juin 2024, qu’il se retirait de la course et apportait son soutien à son concurrent pour le poste. La Roumanie était, depuis le feu vert de la Hongrie annoncé mardi, le seul pays de l’Alliance à ne pas avoir approuvé la candidature de Mark Rutte.
Pour Jens Stoltenberg, la nomination de Mark Rutte est forcément un soulagement. Prolongé quatre fois depuis son arrivée à la tête de l’Otan en 2014, en raison notamment de la guerre en Ukraine, il quittera ses fonctions le 1er octobre prochain. Soulagement aussi à la Maison-Blanche, où l’on voulait boucler cette affaire avant le sommet de l’Otan à Washington, dans la perspective d’un éventuel retour de Donald Trump. Il s’agissait aussi pour les Américains d’éviter un télescopage avec les «top jobs» de l’UE actuellement en discussion.

«Mister Teflon»

Le poste de secrétaire général de l’Alliance est une sortie par le haut pour Mark Rutte, 57 ans. En poste depuis 2010, il est le chef de gouvernement à la longévité la plus longue aux Pays Bas. Plutôt jovial, très habile politiquement et redoutable négociateur quand il est question d’argent, il a longtemps été surnommé «Mister Teflon» dans son pays, en raison de son son élasticité politique et de sa capacité à se remettre en selle dans les situations les plus complexes et les contextes les plus périlleux. Jusqu’à l’an dernier, rien n’accrochait sur lui.
Mais son pragmatisme a fini par lui être reproché. Mis en difficulté par l’explosion du nombre de demandeurs d’asile, déjà affaibli par un scandale plus ancien portant sur les allocations familiales, il avait été contraint d’annoncer en juillet 2023 la convocation d’élections anticipées puis son retrait de la vie politique. Les élections en question ont débouché en fin d’année dernière sur la victoire le PVV de Geert Wilders, un parti d’extrême droite avec lequel la formation du très libéral Mark Rutte (le VVD) a finalement fait alliance.
S’il s’apprête à entamer une nouvelle carrière au siège de l’Alliance à Bruxelles – après avoir été cadre chez Unilever, dirigeant de la cinquième économie de l’UE et enseignant à ses heures perdues -, Mark Rutte est loin d’en avoir fini avec la politique. Elle se fera dans d’autres cercles et à un autre niveau. La campagne qu’il a menée pour obtenir l’assentiment de tous les Alliés lui a d’ailleurs donné un aperçu des interlocuteurs, qu’il lui faudra ménager dans ses futures fonctions. Notamment le Turc Recep Tayyip Erdogan et le Hongrois Viktor Orban, qui ont longtemps retardé sa nomination. «Ils voulaient être traités», résume une source de l’Otan.
Viktor Orban souhaitait aussi des assurances que la Hongrie ne participerait pas, et ne financerait pas, les activités de l’Alliance en Ukraine. Cet engagement lui avait été donné récemment par Jens Stoltenberg. Mark Rutte a dû les confirmer par écrit dans une lettre au premier ministre hongrois, rendue publique mardi.
«À l’Otan, la règle est celle de l’unanimité par consensus. Un allié peut décider de ne pas participer à une mission, mais ne peut se dissocier des décisions prises ensemble, ni politiquement, ni financièrement. Or, c’est ce qui va se passer avec la Hongrie sur l’Ukraine. C’est un précédent qui pourrait être invoqué par d’autres pays, même par Trump», s’inquiète un diplomate de l’Alliance.
Pour décrocher le feu vert de la Hongrie, Mark Rutte a aussi été contraint de passer l’éponge sur les entraves à l’État de droit qui se sont multipliées en Hongrie ces dernières années sous Orban, et qu’il avait lui-même critiquées en 2021. Dans ce même courrier, il s’engage ainsi à «traiter tous les alliés avec le même niveau de compréhension et de respect».

Le profil idéal

Le nom de Mark Rutte, proche d’Emmanuel Macron, membre de Renew comme lui, circulait depuis des mois lorsque lui-même s’est officiellement déclaré, fin 2023. Sa candidature avait très vite reçu l’assentiment des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne. Paris et Rome avaient d’ailleurs posé des conditions préalables : le futur secrétaire général devrait être issu d’un pays membre de l’UE. Face aux candidats qui se sont déclarés au fil de l’eau (le Britannique Ben Wallace, la Danoise Mette Frederiksen, l’Estonienne Kaja Kallas et le Roumain Klaus Iohannis), le premier ministre néerlandais cochait beaucoup de cases.
«Il a le profil idéal, estime Camille Grand, directeur du programme « défense et sécurité » du Conseil européen pour les relations internationales et ex-secrétaire général adjoint de l’Otan. Il vient d’un pays réputé atlantiste, qui a déjà donné trois secrétaires généraux à l’Alliance. Il a réussi à faire passer le budget de la défense de son pays à 2 %. C’est le candidat du point d’équilibre de l’Alliance. Il est ferme sur le soutien à l’Ukraine mais pas à l’autre bout du spectre comme les Baltes. Et il fallait un premier ministre de poids, capable de gérer Trump et de faire fonctionner une organisation à 32».
La tâche qui attend «Mister Teflon» dans ses nouvelles fonctions est immense. En plus de gérer l’ancien président des États-Unis s’il devait être élu, il devra inciter les Alliés à augmenter leurs dépenses en matière de défense alors qu’un tiers n’est toujours pas aux 2 % de PIB; et puis coordonner le soutien à l’Ukraine et notamment les systèmes de défense aérienne qui font cruellement défaut, ou encore gérer les états d’âme des alliés orientaux, à nouveau écartés du poste clé de secrétaire général.
Le futur chef de l’Otan s’est employé ces dernières années et plus encore au cours des derniers mois à montrer la voie. Sous sa direction, les Pays-Bas viennent tout juste de dépasser le seuil des 2 %. Ils fournissent à Kiev des avions de combat F-16, de l’artillerie, des drones et des munitions. La semaine dernière, lors du sommet sur la paix en Ukraine, Mark Rutte a promis que son pays continuera «à soutenir l’Ukraine de toutes les manières possibles. Aussi longtemps qu’il le faudra et avec tout le soutien nécessaire».

https://www.lefigaro.fr/international/le-neerlandais-mark-rutte-en-passe-de-devenir-le-futur-chef-de-l-otan-20240620


II – Mark Rutte sera le nouveau chef de l’OTAN à partir d’octobre – par Jean Delaunay – L’Observatoire de l’Europe –


Par Jean Delaunay* – 26.06.24 – L’Observatoire de l’Europe
Mercredi 26 juin, les ambassadeurs des 32 membres de l’OTAN ont officiellement nommé le Premier ministre néerlandais sortant Mark Rutte comme prochain secrétaire général. Mais qui est Rutte, l’homme derrière ce poste ?
Cela n’a pas été facile et cela a pris plus de temps que prévu, mais c’est désormais officiel : le Premier ministre néerlandais sortant Mark Rutte deviendra le prochain chef de l’OTAN.
Rutte, diplômé en histoire, est devenu Premier ministre des Pays-Bas pour la première fois depuis 2010 – mais a démissionné en juillet dernier après l’effondrement de sa coalition quadripartite sur la manière de freiner l’immigration.
Les Néerlandais prendront la tête de l’alliance de 32 nations à partir du 1er octobre, après une décennie à la tête de l’ancien Premier ministre norvégien Jens Stoltenberg.
« Je sais que je quitte l’OTAN entre de bonnes mains », a déclaré Stoltenberg sur son compte X (anciennement Twitter) après l’annonce officielle.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également félicité Rutte pour son élection au poste de nouveau secrétaire général de l’OTAN : « Votre leadership et votre expérience seront cruciaux pour l’Alliance en ces temps difficiles », a-t-elle déclaré.
Ce n’est pas pour rien que Rutte est surnommé « la marque Téflon ». Le dirigeant néerlandais est le Premier ministre ayant exercé le plus longtemps aux Pays-Bas et a toujours su éviter les scandales au cours de son mandat.
Il soutient l’Ukraine et son droit à se défendre depuis l’invasion à grande échelle du pays par la Russie en février 2022 – en fait, c’est l’une des raisons pour lesquelles il a initialement sollicité ce poste, a-t-il déclaré.
Plus tôt ce mois-ci, M. Rutte a également assisté au sommet ukrainien en Suisse, où il a promis que les Pays-Bas « continueraient à soutenir l’Ukraine de toutes les manières possibles. Aussi longtemps qu’il le faudra et avec tout le soutien nécessaire. »
Sous sa direction, les Pays-Bas ont promis du matériel militaire à Kiev – mais n’ont pas réussi à atteindre l’objectif de l’OTAN de consacrer 2 % de leur PIB à la défense.
Selon les estimations de l’OTAN, les Néerlandais devraient dépasser cet objectif cette année, en dépensant 2,05 % de leur PIB, contre 1,2 % environ il y a dix ans.
Une fois en fonction, Rutte exercera un mandat minimum de quatre ans.


Jean Delaunay
L’AUTEUR
*Jean Delaunay est le fondateur et le directeur de la publication de L’Observatoire de l’Europe. Titulaire d’un doctorat en sciences politiques et passionné par les enjeux relatifs à l’Union Européenne, il a décidé de créer ce forum pour partager sa passion et inciter à un débat éclairé et constructif sur le sujet. Avant de se consacrer à plein temps à ce projet, il a mené une carrière distinguée en tant que chercheur et professeur en Sciences Politiques dans plusieurs universités réputées, publiant de nombreux articles et ouvrages sur les institutions européennes et la politique de l’UE. Sa connaissance approfondie et son approche équilibrée font de lui une voix respectée dans le domaine des études européennes.

https://www.observatoiredeleurope.com/mark-rutte-sera-le-nouveau-chef-de-lotan-a-partir-doctobre_a30589.html


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