Une fois sa victoire scellée, Pellegrini, un ancien membre du parti SMER-SD de Robert Fico, fondateur de son propre parti « HLAS-SD » en 2020, a assuré qu’il ne formerait pas d’opposition au gouvernement actuel de Fico. [EPA-EFE/MARTIN DIVISEK]
Peter Pellegrini
Peter Pellegrini, le partenaire de coalition du Premier ministre Robert Fico, est sorti vainqueur d’une élection présidentielle slovaque très disputée, signe d’une unité continue avec le gouvernement, mais qui suscite des inquiétudes à Bratislava, Bruxelles et Berlin quant à l’avenir de la démocratie slovaque au sein de l’UE.
Robert Fico – Premier Ministre
Bien que les sondages aient prédit une égalité parfaite, l’ukraino-sceptique Peter Pellegrini l’a emporté avec une marge de 6 %, remportant 53 % des voixcontre 47 % pour le diplomate pro-UE Ivan Korčok.
le diplomate pro-UE Ivan Korčok.
Le taux de participation à ces élections présidentielles a été le deuxième plus élevé de l’histoire de la Slovaquie, avec 61 %.
Une fois sa victoire scellée, Pellegrini, un ancien membre du parti SMER-SD de Robert Fico, fondateur de son propre parti « HLAS-SD » en 2020, a assuré qu’il ne formerait pas d’opposition au gouvernement actuel de Fico.
La Présidente Zuzana Caputova
« Le gouvernement n’a pas à craindre que le palais présidentiel devienne un centre opportuniste pour l’opposition, comme il l’a été ces dix dernières années », a déclaré le futur président, faisant référence à la présidente actuelle, Zuzana Čaputová.
« Le peuple slovaque a montré aujourd’hui qu’il reconnaît ce qui menace ce pays du côté des médias libéraux, des activistes, des ONG et des progressistes », a déclaré Mr. Fico, annonçant les changements à venir pour la Slovaquie.
Inquiétudes à Berlin
Les résultats de l’élection présidentielle slovaque n’ont pas manqué de susciter l’inquiétude de Berlin, de Bruxelles et de l’opposition de Bratislava, aujourd’hui découragée.
En Allemagne, Norbert Röttgen,
En Allemagne, Norbert Röttgen,le principal expert en politique étrangère de la CDU, le premier parti d’opposition, évoqué que si la Slovaquie suit les traces duPremier ministre hongrois Viktor Orban,elle devra choisir entre suivre la Hongrie ou rester dans l’Union européenne.
« Quiconque se range du côté de l’agresseur n’a pas sa place dans l’UE »,a-t-il affirmé, faisant référence à la rhétorique prorusse de Mr. Pellegrini.
PH Anton Hofreiter,
Anton Hofreiter, président de la commission des affaires européennes du Bundestag et membre des Verts, actuellement dans la coalition allemande, a soulevé la question de la suppression des fonds de l’UE à la Slovaquie.
« Il est important que le gouvernement slovaque reçoive un signal d’alarme clair de Berlin et de Bruxelles », a confié Mr. Hofreiter à Funke Mediengruppe.
Si Mr. Fico et Mr. Pellegrini« s’attaquent à l’État de droit slovaque et ouvrent les vannes de la corruption, les fonds de l’UE ne devraient plus être versés », a-t-il ajouté.
« Si Pellegrini est élu, plus personne ne se mettra en travers du chemin du Premier ministre slovaque, dont le grand modèle est Viktor Orbán »,a déclaré la semaine dernière à Euractiv Slovaquie l’eurodéputé slovaque de l’opposition Vladimir Bilčík (PPE).
« La victoire de Peter Pellegrini renforcerait également les forces extrémistes en Europe. Avec la rhétorique prorusse qu’il a intensifiée lors de la campagne présidentielle, il s’est attiré leurs faveurs. S’il gagne, ce sera aussi grâce à leurs votes », a-t-il ajouté.
Pour gagner, la campagne de Mr. Pellegrini a dépeint son rival, le diplomate pro-UE Ivan Korčok, comme un « belliciste »qui, en tant que président, enverrait des hommes slovaques se battre en Ukraine.
Ivan Korčok
Mr. Korčok a démenti ces accusations à plusieurs reprises, soulignant que le président slovaque n’a même pas ce pouvoir. En réalité, une telle décision reviendrait en effet au parlement et au gouvernement, dont Pellegrini est actuellement membre.
la présidente pro-UE Zuzana Čaputová
En Slovaquie, le rôle du président est essentiellement cérémoniel. Toutefois, comme l’a montré le cas récent de la présidente pro-UE Zuzana Čaputová, le chef de l’État peut effectivement ralentir ou s’opposer à la volonté du gouvernement sur certaines questions.
Par exemple, la réforme controversée du Code pénal, qui réduirait considérablement les peines, n’est pas encore entrée en vigueur uniquement à cause de Zuzana Čaputová. En février dernier, la présidente a contesté la réforme en saisissant la Cour constitutionnelle et en demandant qu’elle soit suspendue jusqu’à ce qu’un verdict soit rendu.
Pellegrini a critiqué la position de la présidente à l’époque, car il a lui-même voté en faveur de la réforme.
Le désarroi de « l’autre côté »
Ivan Korčok
Ivan Korčok a félicité Peter Pellegrini, mais il a néanmoins critiqué la campagne de son adversaire.
« Il s’avère qu’il est possible de devenir président de la République slovaque en répandant la haine. La campagne peut également être gagnée en faisant de moi un candidat de guerre », a souligné Mr. Korčok.
« Je veux exprimer ma conviction que Peter Pellegrini sera indépendant et agira selon ses propres convictions et sans ordres », a-t-il ajouté.
Le leader du principal parti d’opposition, Progressive Slovakia (PS), Michal Šimečka a exprimé ses regrets quant au déroulement des élections :
« Je suis vraiment désolé que cela n’ait pas marché, c’était très serré. Ivan Korčok aurait été un excellent président, » a-t-il admis, révélant que son parti envisageait une coopération politique plus étroite avec Korčok. « Nous en discuterons quand le moment sera venu ».
« Nous estimons qu’une partie importante de la Slovaquie et la majorité des jeunes sont déçus du résultat de l’élection présidentielle », a déclaré le parti d’opposition conservateur KDH, qui a également soutenu Ivan Korčok.