
Vladimir Poutine a reçu les chefs des délégations des États africains au Palais de Constantin.
17 juin 2023 à 21h15 à Saint-Pétersbourg
1 sur 22 Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (à gauche) et l’assistant présidentiel Iouri Ouchakov avant la rencontre avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
2 sur 22 Avant la rencontre avec les chefs de délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
3 sur 22 Avant la rencontre avec les chefs de délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
4 idem

5 idem
Comme convenu précédemment, des représentants de sept pays africains sont arrivés à Saint-Pétersbourg pour s’entretenir sur les moyens possibles de résoudre la situation autour de l’Ukraine.
La délégation comprenait
-
le président de la Zambie Hakainde Hichilema,
-
le président de l’Union africaine et président des Comores Azali Assoumani,
-
le président de la République du Sénégal Macky Sall,
-
le président de la République sud-africaine Cyril Ramaphosa,
-
le Premier ministre de la République arabe d’Égypte Mostafa Mabdouli ,
-
le ministre d’État et directeur de cabinet du président de la République du Congo Florent Ntsiba,
-
et envoyé spécial du président de l’Ouganda pour des fonctions spéciales Ruhakana Rugunda.
Du côté russe, la réunion s’est déroulée en présence
du ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov
et de l’assistant présidentiel Iouri Ouchakov.
Après la partie officielle des pourparlers, les parties ont continué à communiquer dans un cadre informel : Vladimir Poutine et les chefs des délégations africaines se sont promenés autour de Peterhof, un complexe composé d’un ensemble de palais et de jardins sur la côte du golfe de Finlande.
* * *

Président de la Russie Vladimir Poutine : Président de l’Union Africaine, Président des Comores Azali Assoumani,
Président de la République du Sénégal, Mr. Macky Sall,
Président de la République sud-africaine, Mr. Cyril Ramaphosa,
Président de la République de Zambie, Mr. Hakainde Hichilema,
Premier ministre de la République arabe d’Égypte Mostafa Mabdouli,
Représentants de la République du Congo et de l’Ouganda,
Chers Amis,
Je suis vraiment heureux de vous accueillir tous à Saint-Pétersbourg.
Le développement intégral des relations avec les pays africains est une priorité de la politique étrangère russe. Nous avons toujours défendu la consolidation des relations traditionnellement amicales avec les pays africains et la principale association régionale – l’Union africaine – sur la base des principes d’égalité, de respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires intérieures.
Cette année, notre coopération avec nos partenaires africains s’est activement développée dans les directions les plus larges possibles. Des préparatifs complets sont en cours pour un événement marquant – le deuxième sommet Russie-Afrique qui se tiendra bientôt ici, à Saint-Pétersbourg. Je suis convaincu que de nouvelles orientations prometteuses de coopération dans les relations politiques, les liens commerciaux et économiques, la science et la technologie, les affaires humanitaires et d’autres domaines seront définies lors de cet événement.
Je voudrais souligner que la Russie a le plus grand respect pour la position de principe des États africains en faveur du maintien de la stabilité et de la sécurité mondiales et régionales, du règlement pacifique des conflits et de l’établissement d’un modèle plus juste de relations internationales.
Nous soutenons votre aspiration à poursuivre des politiques indépendantes, souveraines et pacifiques. Nous saluons l’approche équilibrée de nos amis africains face à la crise ukrainienne.
Chers amis, nous apprécions votre intérêt à rechercher des moyens de résoudre le conflit. Nous avons immédiatement accepté votre proposition de tenir des pourparlers sur la situation autour de l’Ukraine.
Je sais que vous avez des idées et des propositions précises dans ce contexte. J’ai discuté de cette question avec le président de la République sud-africaine à plusieurs reprises. Je lui suis reconnaissant d’avoir soulevé la question.
Permettez-moi de souligner une fois de plus que nous sommes ouverts à un dialogue constructif avec tous ceux qui veulent que la paix soit réalisée sur la base des principes de justice et de la prise en compte des intérêts légitimes des parties.
Et maintenant, je voudrais donner la parole au Président de l’Union Africaine, Président des Comores Azali Assoumani.
Et après cela, comme nous venons d’en convenir avant d’entrer dans la salle, nous écouterons les vues de tous les membres de votre délégation représentative, par ordre alphabétique, comme convenu.
Merci beaucoup.

8 sur 22 Le président de l’Union africaine et président des Comores Azali Assoumani lors de la réunion avec les chefs de délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
Président de l’Union Africaine, Président des Comores Azali Assoumani : Merci beaucoup.
Votre Excellence, Monsieur Vladimir Poutine, grand ami de l’Afrique, Monsieur le Président de la Fédération de Russie,
Chers collègues, Excellences, chefs d’État et de gouvernement de la mission africaine,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Je voudrais tout d’abord remercier Son Excellence le Président Poutine et le peuple russe pour l’accueil chaleureux dont nous bénéficions ici, à Saint-Pétersbourg, cette grande et belle ville légendaire.
Je tiens également à vous remercier d’avoir trouvé le temps de nous recevoir. Merci d’avoir cru en la volonté de notre délégation d’apporter sa contribution à la recherche d’une paix durable dans la crise qui oppose la Russie à l’Ukraine et qui dure depuis assez longtemps

10 sur 22 Le président de la République du Sénégal Macky Sall lors de la rencontre avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
Votre Excellence, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,
Je suis le président de l’Union africaine. J’ai pris ce poste en février. J’ai également assumé la responsabilité de poursuivre la mission de l’Union africaine : contribuer à promouvoir la paix et la stabilité non seulement sur le continent africain, mais à travers le monde.
Monsieur le Président, chers amis, comme vous le savez, les guerres ont toujours eu des conséquences désastreuses, et plus elles durent, plus leurs conséquences sont profondes et sans précédent. Nous ne vous apprendrons rien de nouveau à ce sujet, car votre pays a connu de nombreux événements douloureux dans le passé.
Cette crise existe aujourd’hui, et elle n’affecte pas seulement deux pays slaves amis et voisins, mais affecte également le monde entier. En particulier, elle affecte notre continent africain. Elle a causé des problèmes sans précédent dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la sécurité énergétique.
11 sur 22Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov (à gauche) et l’assistant présidentiel Iouri Ouchakov lors de la réunion avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Eugeniy Biyatov, RIA Novosti
Nous avons donc décidé de nous rendre dans votre pays en ce moment en tant que délégation représentant le continent africain, montrant ainsi notre amitié qui a toujours uni la Russie et l’Afrique. Nous sommes également venus vous écouter et, à travers vous, l’opinion du peuple russe. Nous voulons également vous encourager à entamer des pourparlers avec l’Ukraine afin de mettre un terme à cette épreuve.
Nous nous sommes lancés dans cette mission parce que malheureusement, en tant qu’Africains, nous avons été témoins de nombreux conflits. Et nous ne pouvons résoudre ces problèmes que par le dialogue et les pourparlers. Nous aimerions partager notre expérience avec vous pour trouver une issue positive, une sortie positive de cette crise. Notre frère le président Ramaphosa a fait une proposition en espérant qu’il parviendra à convaincre les deux pays, la Russie et l’Ukraine, d’opter pour le dialogue.
Comme vous le savez, nous nous sommes rendus hier en Ukraine pour rencontrer le président Zelensky et l’écouter, lui faire nos propositions pour trouver une solution à ce conflit.
12 sur 22 Le président de la République sud-africaine Cyril Ramaphosa lors de la réunion avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
Monsieur le Président, Excellences, Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de souligner que les efforts de médiation de l’Afrique seront une médiation au nom de la paix. Nous voudrions vous rappeler que dans le monde globalisé dans lequel nous vivons, si un pays ou une région est touché par une crise – quelle que soit sa nature, et nous en savons beaucoup sur ce sujet – toute la communauté des pays fait face à une menace. C’est pourquoi nous devons tout mettre en œuvre pour prévenir de telles crises.
C’est le cœur du message que nous voulions vous livrer, Excellence, ainsi qu’au peuple russe. La paix entre vos deux peuples frères demeure l’élément clé de la stabilité dans votre région et dans le monde en général, ainsi que pour l’Afrique, compte tenu des excellentes relations que nous avons toujours entretenues avec la Russie.
Nous, chefs d’Etats africains, représentants du continent africain, espérons que vous opterez pour un règlement pacifique. Nous sommes prêts à vous soutenir, prêts à soutenir deux pays amis dans les efforts que vous ferez à cet égard.
Merci pour votre attention.
9 sur 22 Lors de la rencontre avec les chefs de délégations des États africains. Photo : Eugeniy Biyatov, RIA Novosti
Vladimir Poutine : Merci beaucoup pour vos paroles, cher ami.
Nous aurons une discussion à part entière, puis j’en profiterai pour exprimer ma position, et nous échangerons des avis, y compris sur les résultats de votre voyage d’hier.
Et maintenant, je voudrais donner la parole au Président de la République du Sénégal Macky Sall.
13 sur 22 Lors de la rencontre avec les chefs de délégations des États africains. Photo : Eugeniy Biyatov, RIA Novosti
Président du Sénégal Macky Sall (retraduit) : Merci, Monsieur le Président Vladimir Poutine.
Votre Excellence, cher Vladimir, tout d’abord, je voudrais vous remercier pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé, ainsi que pour avoir trouvé du temps dans votre emploi du temps pour nous rencontrer.
Vous avez toujours été à l’écoute de l’Afrique et vous nous avez toujours écoutés chaque fois que nous vous parlions de nos préoccupations. Cela démontre le bon niveau des relations entre la Russie et l’Afrique. Ces relations se sont encore améliorées depuis le premier sommet. Bientôt, nous tiendrons le deuxième sommet Russie-Afrique ici à Saint-Pétersbourg ; ça se passera en juillet.
Monsieur le Président, je profite de l’occasion pour vous remercier encore une fois de nous avoir accueillis dans une atmosphère aussi conviviale.
Merci également de nous avoir accueilli le 3 juin 2022. À cette époque, j’étais venu en Russie en tant que président de l’Union africaine et, à l’époque, je vous avais transmis un message de paix et de désescalade.
Nous étions particulièrement préoccupés par le problème de l’approvisionnement en nourriture et en engrais en provenance de Russie et d’Ukraine. Vous nous avez écouté attentivement et avez montré que vous étiez prêt à nous soutenir pour débloquer ce conflit. Grâce à vous et à d’autres parties, telles que la Turquie et l’ONU, nous sommes parvenus à un accord – l’accord sur les céréales.
Nous vous retrouvons aujourd’hui, Monsieur le Président, dans le cadre de notre nouvelle mission de médiation. Le président de l’Union africaine a déjà parlé de cette mission. Nous sommes des médiateurs dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Je tiens à souligner que cette initiative est une mission de bons offices, qui est là pour traduire les bonnes intentions du continent africain dans cette guerre majeure à grande échelle. Nous voulons résoudre les problèmes humanitaires et créer les conditions qui permettront de rétablir la confiance et le dialogue entre les parties à ce conflit.
14 sur 22 Le président zambien Hakainde Hichilema lors de la réunion avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
Hier, nous nous sommes rendus à Kiev, où nous avons transmis ce message, parlé de nos bons offices et écouté le président Zelensky. J’ai noté que le dialogue restait une option, ce n’était pas exclu, bien que certaines conditions aient été évoquées, dont le respect de la Charte des Nations Unies. Je suis convaincu que la Russie, qui est l’un des fondateurs des Nations unies et un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, respecte également cette Charte. Et aujourd’hui, nous aurons l’occasion de discuter de certaines questions, dont mon collègue d’Afrique du Sud [Cyril Ramaphosa] parlera.
Monsieur le Président, nous insistons sur le fait qu’en dépit de la situation sur le terrain, sur le plan militaire, il est néanmoins important de maintenir des canaux de dialogue, de discussion, afin qu’au moins les questions humanitaires deviennent notre priorité et que tous les autres aspects de la réconciliation puissent être discuté. Il me semble que les efforts humanitaires devraient être intensifiés, en particulier en ce qui concerne les échanges de prisonniers de guerre et les problèmes touchant les civils. Je pense que nous pouvons avoir une discussion détaillée de ces questions.
Je voudrais saluer la libération par la Russie des prisonniers de guerre ukrainiens le 9 juin. Je pense que c’était une très bonne décision sur la voie d’un accord sur la libération des prisonniers de guerre.

15 sur 22 Avec le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors de la rencontre avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Eugeniy Biyatov, RIA Novosti
Monsieur le Président, nous sommes également venus vous écouter et vous dire que l’Afrique veut la paix entre la Russie et l’Ukraine. Nous sommes convaincus que la paix est possible grâce au dialogue et au compromis.
Merci pour votre attention. Merci.
Vladimir Poutine : Merci beaucoup.
Président de la République d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, s’il vous plaît.
16 sur 22 Le Premier ministre de la République arabe d’Égypte, Mostafa Mabdouli, lors de la réunion avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
Président de la République d’Afrique du Sud Cyril Ramaphosa : Merci beaucoup. Je tiens à vous saluer, Monsieur le Président Poutine, Président de la Fédération de Russie, et, en effet, à adresser à nouveau mes salutations à mes collègues chefs d’État ainsi qu’à nos autres collègues qui sont chefs de gouvernement et envoyés des présidents qui ne peut pas être ici.
Permettez-moi de dire que nous tenons à vous remercier d’avoir accepté de nous rencontrer. Nous sommes une initiative de paix de sept nations africaines, et nous sommes essentiellement en mission de paix pour essayer de promouvoir la paix entre la Russie et l’Ukraine dans ce conflit.
Nous avons une dizaine de points que nous voudrions soulever. Notre proposition s’articule en fait autour de dix éléments.
La première, bien sûr, c’est que nous voulons écouter. Nous sommes ici pour écouter, comme nous avons écouté hier le président Zelensky. Il nous a exposé un certain nombre de problèmes, et nous lui avons dit que nous vous rencontrerions, où nous écouterions également votre point de vue sur cette guerre. Nous voulons écouter avec respect et aussi avec reconnaissance les points de vue que vous nous présenterez. Mais nous reconnaissons également les nombreuses autres propositions qui ont été avancées par un certain nombre d’acteurs clés dans le monde, qui ont présenté des propositions de paix. Nos propositions ne sont pas en concurrence avec les autres propositions qui ont été avancées.
Le deuxième point que nous voudrions soulever, un élément clé de nos propositions générales, est que nous croyons fermement que cette guerre doit être réglée, et elle doit être réglée par des négociations et par des moyens diplomatiques.
La guerre ne peut pas durer éternellement. Toutes les guerres doivent être réglées et prendre fin à un moment donné. Et nous sommes ici pour communiquer un message très clair que nous aimerions que cette guerre se termine. Nous le disons parce que cette guerre a un impact négatif sur le continent africain et même sur de nombreux autres pays à travers le monde.
En tant que continent, nous sommes négativement affectés en termes de nos économies, les prix des matières premières ont augmenté, en particulier les céréales et les engrais. Les prix du carburant ont également augmenté. Et c’est une conséquence de la guerre qui est en cours. C’est pour cette raison que nous sommes ici aussi : c’est dans notre intérêt collectif que la guerre prenne fin.
Le troisième point que nous voudrions mettre en avant est que nous aimerions voir une désescalade du conflit. L’escalade du conflit des deux côtés ne renforce pas le processus de paix. Nous aimerions donc voir le conflit se désamorcer à mesure que nous trouverons un chemin vers la paix.
Le quatrième point, qui a également été couvert dans un certain nombre d’autres propositions, est que nous reconnaissons la souveraineté des pays aux termes de la Charte des Nations Unies. Et oui, en termes de cette Charte, nous croyons que nous devrions tous travailler en termes de principes internationalement reconnus, et c’est pour cette raison que nous voudrions soumettre que nous reconnaissons la souveraineté des pays en termes de cette Charte.
Le cinquième point que nous voudrions soulever est qu’il doit y avoir une garantie de sécurité pour tous les pays. Cette question a été soulevée de toutes parts, que toutes les parties veulent des garanties, et nous sommes d’accord avec cela.
Le sixième point que nous voudrions soulever concerne ce qui affecte nos pays, et nous voudrions appeler à l’ouverture du mouvement des céréales à travers la mer Noire, afin que, quels que soient les blocages, ils soient ouverts, et les céréales et les matières premières doivent être ouvertes aux marchés.
Le septième point que nous voudrions mettre en avant est que nous devrions veiller à ce qu’il y ait un soutien humanitaire pour ceux qui sont dans le besoin et pour ceux qui souffrent à cause de ce conflit.
Le huitième point a également été soulevé par le président Macky Sall en ce qui concerne la libération des prisonniers de guerre des deux côtés. L’autre problème lié à cela est celui des enfants qui ont été pris dans ce conflit. Ils doivent également être renvoyés là d’où ils viennent, dans leurs foyers.
Le neuvième point pour nous est que, comme toute guerre mène à la destruction, il devrait y avoir une reconstruction d’après-guerre, et nous devrions soutenir la reconstruction qui doit avoir lieu au-delà de cette guerre.
Le dixième point, Monsieur le Président Poutine, est que nous aimerions voir de nouveaux engagements concernant les processus qui mèneront à la fin de cette guerre.
Nous avons articulé ce point spécifiquement avec le président Zelensky, et il a convenu que oui, en tant que continent africain et en tant que pays africains qui sont ici, nous pouvons jouer un rôle.
Nous voudrions donc demander instamment qu’au-delà de cet engagement aujourd’hui, il devrait y avoir d’autres engagements, car mettre fin aux guerres a tendance à nécessiter un certain nombre de réunions et d’engagements.
17 sur 22 Lors de la rencontre avec les chefs de délégations des États africains. Photo : Eugeniy Biyatov, RIA Novosti
Et en tant que continent africain, représenté par les sept pays qui sont ici, nous pensons que nous pouvons apporter une contribution. Et nous apportons cette contribution dans le plus grand respect pour les deux pays, en respectant les positions qu’ils ont mises en avant, mais en croyant aussi qu’il y a une position commune qui peut émerger, une position qui peut conduire à la paix.
Un certain nombre de propositions qui ont été avancées nous semblent jeter les bases d’une paix à trouver, et c’est précisément ce que nous voudrions explorer, afin que nous puissions tous ensemble contribuer à mettre fin à cette guerre.
Tels sont, Monsieur le Président Poutine, les éléments clés de nos propositions que nous avons soumises au Président Zelensky, et que nous vous proposons également maintenant. Nous pensons que le moment est venu pour les deux parties de négocier.
Négocier la fin de cette guerre parce que cette guerre cause beaucoup d’instabilité et de mal à divers pays du monde, et nous, en tant que pays africains, ressentons l’impact de cette guerre.
C’est ce que nous sommes venus partager avec vous et je voudrais terminer en disant qu’il s’agit d’une mission historique. Le continent africain, représenté ici à travers sept pays, n’a jamais vraiment été impliqué dans une mission de ce genre. Nous voudrions donc dire que nous avons franchi cette étape en croyant que oui, nous pouvons contribuer. Nous voudrions vous remercier de nous donner le temps d’écouter ce que nous avons à dire, mais, plus important encore, nous voulons également vous écouter. Merci beaucoup de nous accueillir.

18 sur 22 Le ministre d’Etat et directeur de cabinet du président de la République du Congo Florent Ntsiba lors de la rencontre avec les chefs de délégations des Etats africains. Photo : Eugeniy Biyatov, RIA Novosti
Vladimir Poutine : Monsieur le Président, chers amis,
Comme nous en étions convenus, je vais maintenant, avec plaisir et intérêt, donner la parole au chef de chaque délégation. Mais, après les remarques de trois de nos estimés invités, permettez-moi de dire quelques mots sur la raison pour laquelle nous sommes réunis ici et sur ce dont nous discutons aujourd’hui.
D’abord. Vous savez bien, j’en suis convaincu, que tous les problèmes en Ukraine ont été conçus après un coup d’État armé et sanglant inconstitutionnel en Ukraine en 2014. Ce coup d’État a été soutenu par des sponsors occidentaux. En fait, ils ont été assez ouverts à ce sujet. Ils ont même précisé le montant dépensé pour les préparatifs et l’exécution du coup d’État. Et ce coup d’État est la source du pouvoir des dirigeants actuels à Kiev. C’est la première chose.
Deuxièmement, après le coup d’État, une partie de la population ukrainienne ne l’a pas soutenu et a déclaré que la population de ces régions ne se soumettrait pas au peuple arrivé au pouvoir après l’événement. La Russie a été obligée de soutenir ces personnes, compte tenu de nos liens historiques avec les régions et des liens culturels et linguistiques avec les personnes vivant dans ces régions.
Pendant longtemps, nous avons essayé de rétablir la situation en Ukraine par des moyens pacifiques. Si vous avez entendu, vous devez avoir entendu quelque chose à ce sujet, des accords correspondants ont été signés entre les parties opposées dans la capitale de la Biélorussie – Minsk. De cette manière, le soi-disant processus de règlement de Minsk a été lancé.
Il s’est avéré que les pays occidentaux et les autorités gouvernementales de Kiev nous menaient simplement par le bout du nez, puis ils ont déclaré pratiquement publiquement qu’ils n’adhéreraient pas à nos accords pacifiques et ils se sont en fait retirés de ce processus pacifique.
C’est après cela, mes amis, que la Russie a été forcée de reconnaître les États indépendants qui s’étaient formés en Ukraine, que nous ne reconnaissions plus depuis huit ans : la République populaire de Lougansk et la République populaire de Donetsk.
19 sur 22 L’envoyé spécial du président de l’Ouganda pour les fonctions spéciales Ruhakana Rugunda lors de la réunion avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Sergueï Bobylev, TASS
Je passe maintenant à l’aspect juridique international de cette affaire.
Question : avions-nous le droit de reconnaître l’indépendance de ces territoires ? Nous l’avons fait, dans le plein respect de la Charte des Nations Unies, car conformément aux articles correspondants de la Charte des Nations Unies, ces régions avaient le droit de déclarer leur indépendance. Cela nous a donné le droit de les reconnaître et nous l’avons fait.
Ensuite, après avoir signé le Traité d’amitié et de coopération [et d’assistance mutuelle], nous avons eu le droit de leur prêter assistance dans le plein respect de la Charte des Nations Unies.
Parce que le régime de Kiev a fait de nombreuses tentatives pour résoudre le problème en utilisant des armes et, en fait, a lancé des actions militaires en 2014 en utilisant l’aviation, des chars et de l’artillerie contre des civils. C’est le régime de Kiev qui a déclenché cette guerre en 2014. Et conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies, nous avions le droit de leur prêter assistance en invoquant la clause de légitime défense.
C’est pourquoi, chers collègues, la logique que je viens d’exposer est irréprochable au regard du droit international et de la Charte des Nations unies, tant à mon avis qu’à celui de mes collègues et experts. C’est la première chose.
20 sur 22 L’assistant présidentiel Iouri Ouchakov lors de la réunion avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Eugeniy Biyatov, RIA Novosti
Le deuxième sujet, qui nous préoccupe tous, est sans aucun doute lié à l’économie mondiale, à l’alimentation et à tout ce qui s’y rapporte, à l’inflation, etc.
Je voudrais souligner que la crise sur le marché alimentaire international n’a pas été causée par l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine. Il a commencé à se développer bien avant la situation en Ukraine et a émergé parce que les pays occidentaux – à la fois les États-Unis et les pays européens – ont commencé à imprimer de l’argent d’une manière injustifiée, non justifiée économiquement, pour faire face à leurs problèmes causés par le COVID- 19 pandémie.
Et en imprimant cette énorme somme d’argent – aux États-Unis, je pense que cela s’élevait à environ neuf billions de dollars américains et à environ cinq billions d’euros en Europe – ils ont aspiré tous les biens de base du marché mondial, à leur profit, tout comme un aspirateur, abusant de leur position monopolistique et désavantageant les pays en développement. Je n’entrerai pas dans les détails mais c’est, comme on dit, un fait médical, une évidence.
J’aimerais maintenant passer à l’accord sur les céréales. Oui, nous comprenons sûrement que quoi qu’il arrive, malgré les problèmes liés au conflit en Ukraine et au conflit entre la Russie et l’Ukraine, les pays en développement, y compris les pays africains, qui ont besoin de nourriture, ne doivent pas souffrir.
Nous ne pensons pas que l’approvisionnement en céréales ukrainiennes sur les marchés mondiaux résolve les problèmes de pauvreté et de faim. Non, ce n’est pas le cas. Néanmoins, nous avons cédé aux propositions du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et fait tout notre possible pour, comme il l’avait dit alors, assurer l’approvisionnement en céréales ukrainiennes, en premier lieu, des pays africains les plus pauvres. Nous avons accepté cela.
Quel est le résultat, mesdames et messieurs ? Permettez-moi de citer les chiffres. Les chiffres sont secs et impartiaux.
Au 15 juin, 31,7 millions de tonnes de produits agricoles ont été exportées des ports ukrainiens avec notre aide et l’aide de la Turquie – le président Erdogan y a consacré beaucoup d’efforts ; 31,7 millions de tonnes – tout un chiffre.
Seulement 976.000 tonnes sur 31,7 millions ont été expédiées vers les pays africains nécessiteux, à savoir Djibouti, la Somalie, le Soudan, la Libye, l’Éthiopie. Ce n’est que 3,1%, mesdames et messieurs, mes amis. Ces puissances néocoloniales européennes, techniquement les États-Unis, ont une fois de plus trompé la communauté internationale et les pays africains dans le besoin : 31,7 millions de tonnes ont été exportées et seulement 3% ont atteint les pays africains nécessiteux.
N’est-ce pas tromperie ? Ils se sont habitués à mentir au monde entier pendant des siècles et ils continuent de le faire aujourd’hui. Pendant ce temps, 38,9% – 12,3 millions de tonnes – ont été expédiés vers les États de l’UE, 11% vers la Turquie et le reste vers d’autres pays.
C’est pourquoi j’attire votre attention sur ceci : l’approvisionnement en céréales ukrainiennes sur les marchés mondiaux ne résout pas les problèmes des pays africains qui ont besoin de nourriture. Je reviendrai là-dessus.
Quant aux pourparlers , maintenant….
Monsieur le Président Ramaphosa, chers amis,
La Russie n’a jamais rejeté les pourparlers. Je voudrais souligner qu’avec l’aide du président Erdogan, comme vous le savez, la Turquie a accueilli toute une série de pourparlers entre la Russie et l’Ukraine pour élaborer des mesures de confiance, que vous venez d’évoquer, et rédiger le texte du traité . Nous n’avons jamais convenu avec la partie ukrainienne que ce traité serait confidentiel, mais nous ne l’avons jamais montré à personne ni commenté.
21 sur 22 Lors de la rencontre avec les chefs de délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
Le projet de traité a été paraphé par le chef du groupe de négociateurs de Kiev – il l’a signé. Ça y est, ça existe. Il s’appelle : Le Traité sur la neutralité permanente et les garanties de sécurité de l’Ukraine. À savoir, les garanties, dont vous avez parlé, cher ami, président de l’Afrique du Sud, 18 articles.
De plus, il y a des addenda. Vous savez – je ne m’attarderai même pas là-dessus – ils s’occupent des forces armées et d’autres choses. Tout est écrit : jusqu’aux unités d’armement et au personnel des forces armées. C’est le document, et il a été paraphé par la délégation de Kiev. Il porte la signature.
Mais après que nous ayons retiré nos forces de Kiev, comme nous l’avions promis, les autorités de Kiev, comme le font habituellement leurs maîtres, l’ont jeté dans la poubelle de l’histoire, disons-le doucement, j’essaierai d’éviter toute expression grossière. Ils ont rejeté cela. Où sont les garanties qu’ils ne se retireront pas d’autres accords ? Mais même dans de telles circonstances, nous n’avons jamais refusé de tenir des pourparlers.
Chers Amis,
Ce n’est pas nous, ce sont les dirigeants ukrainiens qui ont annoncé qu’ils ne tiendraient aucun pourparler. De plus, le président ukrainien en exercice a signé un décret correspondant interdisant tout pourparler. C’est pourquoi je comprends vos inquiétudes, les partage, et bien entendu nous sommes prêts à étudier toutes vos propositions. Mais nous n’avons jamais rejeté les pourparlers – c’était la partie ukrainienne, ils ont même publié un décret. Que veulent-ils de nous ?
Concernant les prisonniers de guerre. Ceci est un processus continu. Je suis très reconnaissant que vous ayez mentionné cela. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ainsi que nos autres partenaires et amis y ont consacré beaucoup d’efforts. Nous sommes prêts à poursuivre ce processus.
Quant aux enfants, les enfants sont une priorité sacrée. Nous les avons évacués de la zone de conflit, leur sauvant la vie et protégeant leur santé, c’est ce qui s’est passé. Personne n’allait les séparer de leurs familles. Nous avons évacué des orphelinats entiers, et cela a été fait légalement parce que les directeurs de ces orphelinats étaient les tuteurs légaux des enfants. Nous n’avons jamais été contre la réunion des enfants avec leurs familles, si, bien sûr, leurs proches se présentent. Il n’y a jamais eu d’obstacles à cela et il n’y en aura jamais. Je veux vous assurer de cela.
C’est ce que je voudrais dire au milieu de notre discussion. Je m’excuse d’avoir pris votre temps.
Continuons et je donnerais volontiers la parole au Président de la République de Zambie, Mr. Hakainde Hichilema.
S’il vous plaît.

22 sur 22 Le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors de la réunion avec les chefs des délégations des États africains. Photo : Pavel Bedniakov, RIA Novosti
http://en.kremlin.ru/events/president/news/71451

