3202 – Les longues stratégies chinoises dans l’Arctique

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10 février 2019 –  Jean-Paul Yacine – Question Chine

Le pôle nord se réchauffe et ouvre des routes commerciales nouvelles. En mars dernier, un tanker destiné à l’Inde quittait le gisement de Yamal au nord de la Sibérie opéré par Novatek, avec à son bord un chargement de gaz liquéfié. Pour la première fois de l’histoire sa route empruntait la voie arctique par le détroit de Béring. Moscou ne compte pas en rester là. Un deuxième projet est prévu sur la péninsule de Yamal, avec en ligne de mire l’objectif de porter la production annuelle de gaz à 50 millions de tonnes en 2030. L’Inde et l’Arabie Saoudite clients du gaz russe sont intéressés. Leurs investissements pourraient rejoindre ceux du Chinois CNPC et du Français Total.

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S’il est une région illustrant la constance des stratégies de Pékin pour rattraper son retard, surmonter ses handicaps et augmenter son influence c’est bien la zone arctique.

Géographiquement très éloignée (Le Groenland est à plus de 4000 km de la frontière nord de la Chine), n’ayant aucune histoire commune avec la région, ni stratégique, ni culturelle, la Chine fait feu de tout bois pour augmenter son impact et son rôle y compris face aux nations riveraines membres permanents du Conseil arctique créé en 1996 pour la protection de l’environnement, (Russie, Suède, Norvège, Islande, Finlande, États-Unis, Danemark, Canada.)

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Alors qu’en 2013 elle a, avec l’Inde, le Japon, la Corée du sud et l’UE, obtenu le statut « d’observateur permanent » du Conseil, la Chine perçoit aujourd’hui l’urgence stratégique d’augmenter encore son influence depuis qu’en septembre 2008, pour la première fois les deux passages arctiques, canadien (Nord-Ouest) et russe (Nord-Est), reliant les océans Atlantique et Pacifique sont restés simultanément libres de glaces pendant quelques jours. (Les Echos du 28 mai 2014)

Les objectifs de Pékin sont doubles.

1) Rester dans la course de l’exploitation des ressources minières potentielles estimées (mais les chiffres restent à vérifier) à 160 milliards de barils de pétrole et 80 000 Mds de m3 de gaz, représentant près de 20% des réserves mondiales non explorées de pétrole et 1/3 des réserves de gaz. Il faut encore y ajouter d’excellentes perspectives de terres rares, d’uranium, de fer, de plomb, de zinc et de diamants, essentiellement identifiées au Groenland [1].

2) Remettre en cause avec d’autres le droit de contrôle des routes du pôle que se sont arrogé le Canada (route nord-ouest) et la Russie (route nord-est). A cet effet Pékin s’appuie sur la règle du « droit de passage innocent », établi par la Convention de Montego Bay de 1982.

Convention de Montego Bay de 1982.lextension-du-plateau-continental-audel-des-200-milles-marins-un-atout-pour-la-france-4-638

On notera que, sur la liberté de navigation dans l’Arctique qu’elle revendique au nom du droit de la mer, la Chine est exactement à front renversé des controverses en mer de Chine du sud où l’US Navy se réclame elle aussi du « droit de passage innocent » dans des eaux que Pékin s’attribue autour des îlots élargis, précisément en contradiction avec la Convention de Montego Bay.

L’Arctique s’ouvre à la navigation commerciale.

 

Une vue de LONGYEARBYEN sur l’archipel de Svalbard abritant les stations de recherche internationales où la Chine est installée depuis 2004.

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Anticipant une bascule du flux des transports par le Pôle Nord, facilitée par la fonte des glaces, la manœuvre chinoise vient de loin. Renforçant sa coopération avec les pays de la zone dont l’Islande, elle s’appuie sur un discours affirmant sa légitimité d’être partie prenante par la puissance de sa démographie, tout en valorisant une fois encore la « franchise planétaire » de ses projets « Une ceinture une route » en définissant « une route de la soie arctique ».

La stratégie s’appuie également sur une « diplomatie de la recherche et des sciences » qui dit mettre à la disposition de tous les acteurs l’expérience de ses universités et organismes d’études océaniques et arctiques. Pékin y ajoute la puissance de ses constructions navales produisant à la chaîne des grands navires brise-glaces, outils de ses nombreuses missions d’exploration, tandis qu’augmente la fréquence des passages de ses bâtiments de commerce en route vers l’Europe.

Notons que, même si en sous mains les rivalités sino-russes ne sont pas éteintes [2], l’actuelle proximité stratégique entre Pékin et Moscou constitue un avantage de taille pour la Chine, d’autant que la voie nord-est contrôlée par la Russie est plus dégagée et plus directe que la canadienne.

NORVEGE l’archipel norvégien des Svalbardcartefrancesvalbard

Question Chine le rappelait en 2012. En 2004, la Chine devenait le 8e pays à installer sur l’archipel norvégien des Svalbard, presqu’à mi-chemin entre Rotterdam et le détroit de Béring, une station de recherche scientifique baptisée « Fleuve Jaune », détachée du Centre de Recherche arctique de Shanghai.

CHINE DRAGON DES NEIGES W020170811590341497392  Le navire d’expédition Xuelong (Dragon de neige) a été mis en service en 1994. La Chine déploiera un nouveau brise-glace d’ici cinq ans.

Dans la foulée le « Dragon des Neiges – 雪龙 – Xue Long », le plus gros brise glaces non nucléaire de la planète, commençait un cycle de plusieurs expéditions arctiques dont une en Islande en 2011, tandis que l’institut océanique de Pékin 北京海洋研究院 – Beijing Haiyang Yanjiuyuan – et le Centre National de développement maritime de Qingdao 青岛中国海洋发展研究中心 s’attelaient à l’inventaire des potentiels et opportunités de la zone.

Avec la vision que l’arctique était un bien commun, en 2010, l’amiral Yin Zhuo ancien président de l’Institut de Stratégie Navale – 海洋战略研究所déclarait que « la zone arctique appartenait à tous les peuples du monde », et que « la Chine, qui abritait 20% de la population mondiale devait y jouer un rôle essentiel ».

Routes arctiques et branle-bas chinois.

Xue Long 2 est le premier brise-glace chinois entièrement construit en Chine. Livrable en 2019, il a été dessiné par la société finlandaise Aker Arctic et construit par les chantiers de Jiangnan à Shanghaï. Long de 122 m, pouvant embarquer 90 scientifiques et membres d’équipages, il naviguera à 3 nœuds dans une glace de 1,5 m d’épaisseur.

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7 ans plus tard, Pékin se donnait les moyens de ses ambitions. Après le 19e Congrès en octobre 2017, la machine administrative opéra un resserrement de ses structures de recherche dédiées à la zone arctique en créant un “Bureau de l’arctique et de l’antarctique” directement sous la responsabilité du ministère des ressources naturelles.

Simultanément, deux départements nouvellement créés, également responsables du « droit de la mer » et des « fonds marins », reçurent la charge de superviser la mise en œuvre des « stratégies maritimes, sous-marines et polaires. ».

Le 26 janvier 2018, était rendu public le premier « Livre Blanc » sur la politique arctique de la Chine exprimant officiellement ses intérêts et ses intentions dans la région, résumés en 4 points. Tous étaient placés sous les principes de la protection de l’environnement et de la recherche scientifique, dans le cadre d’une coopération internationale renforcée où Pékin entend être clairement partie prenante :

1) Prendre part au développement des routes maritimes du pôle nord en encourageant ses entreprises à participer à la construction des infrastructures qui y sont liées ;

2) En liaison étroite avec les pays arctiques, avec le souci de préserver l’environnement, contribuer à l’exploration et à l’exploitation des ressources gazières, minières géothermiques et éoliennes ;

3) Explorer le potentiel des ressources halieutiques et militer pour en règlementer l’exploitation ;

4) Développer et règlementer le tourisme.

Dans ce document, utilisant pour la première fois officiellement le concept de « routes de la soie arctique » développées en coopération avec Moscou membre du Conseil arctique et tout à leur intention d’installer Pékin comme partie prenante légitime de la mise en valeur du pôle nord, les rédacteurs présentaient la Chine comme un « État proche de l’Arctique ». 近北極国

Stratégie de l’influence par la science.

En 2018, la mission navale scientifique chinoise dans l’arctique sous l’égide de l’institut océanographique n°1 chapeauté par le ministère des ressources minières, avait pour missions :

  • 1) de jeter les bases d’un réseau chinois de stations d’observation de l’environnement
  • 2) de préparer l’installation d’une plateforme dédiée au stockage de données numérisées librement accessibles par le net sur l’état de la banquise, des océans et de l’atmosphère et dotée d’une capacité de prédictions météorologique par calcul mathématique.

Karholl 300 km à l’est de Reykjavikslide3  à Karholl 300 km à l’est de Reykjavik

Approfondissant la coopération chinoise avec les États de la région, le 18 octobre 2018 était inauguré un observatoire conjointement géré par la Chine et l’Islande à Karholl 300 km à l’est de Reykjavik. Fruit d’une coopération déjà ancienne, la station initialement prévue pour observer les aurores boréales, sera en charge de missions plus vastes, sur la climatologie, l’analyse des variations du champ magnétique dans la haute atmosphère, l’observation du soleil, de l’océan et de la banquise.

En investissant ainsi des moyens importants prodigués par l’Institut chinois de la recherche polaire dans des missions scientifiques et la collecte de données, Pékin affirme sa volonté d’être, malgré l’éloignement, intégré comme un État arctique à part entière.

Selon, Li Zhenfu directeur du centre de recherches polaires à l’université maritime de Dalian, il s’agit de se mettre en mesure de participer au « contrôle des routes du pôle nord reliant le Pacifique à l’Atlantique, en passe de devenir le nouvel axe de l’économie et des stratégies globales » où l’Institut de la recherche polaire prévoit que dès 2020 transitera 5 à 15% du commerce chinois.

S’ajoutant aux promesses de constructions d’infrastructures des « routes de la soie arctiques » en Norvège, en Islande, en Suède au Danemark et en Finlande, Pékin a aussi lancé une série de satellites d’observation du climat arctique, désignant la Chine comme un acteur important des questions écologiques et environnementales.

Exploration, constructions navales et transport maritime.

 

 

Le méthanier à capacité de brise-glaces Boris Solokov dédié au projet gazier Yamal construit par les chantiers navals de Canton. Lors du lancement flottaient les pavillons grec de l’armateur, russe pour Novatek et chinois pour le chantier naval.

 

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Les autres cartes maîtresses chinoises sont l’exploration arctique (depuis 1984, Pékin a conduit 30 expéditions polaires) et les constructions navales qui y sont dédiées avec, en septembre 2018, le lancement de Xuelong 2. Premier brise-glaces scientifique entièrement construit par la Chine, le navire jaugeant 14 000 tonnes sera capable de naviguer à 3 nœuds dans une banquise de 1,5 m d’épaisseur.

Plus encore, à l’été 2018, la presse ouverte chinoise laissait flotter la nouvelle d’une prochaine mise en chantier d’un brise-glaces nucléaire qui placerait la Chine au niveau de la Russie, seul pays opérant actuellement un brise-glaces à propulsion nucléaire.

Le potentiel de la zone attire aussi les initiatives dont l’affichage n’est pas officiellement étatique, mais dont on peut douter qu’elles soient entièrement privées.

Selon Xinhua, en 2017, la société « privée » de recherche océanographique « Rainbowfish – 彩虹鱼 – cai hong yu – spécialisée dans la recherche sur les fonds marins, a commandé un brise glaces baptisé « Hadal X » aux chantiers naval hollandais Damen Group.


En même temps, les chantiers navals chinois s’activent pour produire des navires commerciaux spécialement destinée à la navigation dans l’arctique.

Le 4 décembre dernier, les chantiers navals de Canton ont lancé le Boris Solokov, premier méthanier à coque renforcée à avoir été construit en Chine, dont les plans ont été dessinés par la société finlandaise Aker Arctic.

Livré à un armateur grec, le bâtiment, premier tanker de gaz liquéfié au monde à pouvoir naviguer dans les glaces, est dédié au projet gazier russe de Yamal, où est également investi le Français Total et que Pékin, présent par CNPC et le fonds des routes de la soie, a intégré dans ses projets de « routes de la soie arctique ».

Le tanker fait partie d’une série classifiée selon des normes internationales qualifiant la capacité des navires à évoluer dans des zones encombrées de glaces. Classé « Arc-7 », dans une échelle allant de « Arc-4 » à « Arc-9 » le Boris Solokov est ainsi capable de naviguer dans l’arctique à toutes les périodes de l’année.

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Selon Trym Aleksander Eiterjord étudiant à l’Université d’Oslo, à l’origine de la plupart des informations de cette note, le transport maritime chinois augmente la fréquences ses passages dans l’arctique.

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En 2018, les navires de COSCO, 3e armateur mondial devant CMA-CGM, derrière le Danois Maersk et l’Italo-suisse MSN, ont effectué 8 transits dans l’Arctique. Trois des navires étaient les vaisseaux à capacité arctique dont s’est doté COSCO en 2017 et 2017 : le « Tian Hui », le « Tian You » et le « Tian En ».

Construits à Shanghai, ils sont les premiers bâtiments commerciaux spécialement dédiés à la navigation arctique.Au même moment avaient lieu à Pékin 2 conférences organisées, l’une par l’agence chinoise de sécurité maritime, l’autre conjointement par des chantiers navals et l’Institut polaire. Séminaires d’échanges entre chercheurs et constructeurs navals, ils avaient pour but d’identifier et de promouvoir les progrès des capacités de navigation chinoises en zone polaire.

Le 3 octobre 2018, la Chine a également signé à Ilulissat, au Groenland avec 9 autres pays (Canada, Danemark, Groenland, Islande, Japon, Corée du sud, Norvège, Russie, États-Unis, UE) un moratoire interdisant la pèche dans l’Arctique pendant 16 années.

A cette occasion, ayant depuis 2016 dépassé la querelle sur le prix Nobel attribué à Liu Xiaobo (voir la Note de contexte), les représentants chinois et norvégiens eurent un échange sur le maintien du traité de Svalbard qui, entre autres, autorise les signataires à se livrer à des activités commerciales sur l’archipel et dans les eaux adjacentes.

CHINE FINLANDE Entretien entre le président chinois et le Premier ministre finlandais sur la coopération bilatéraleFOREIGN201704060823000035340303243  Entretien entre le président chinois et le Premier ministre finlandais, Juha Sipila sur la coopération bilatérale …

D’autres échanges avec les interlocuteurs majeurs de la zone eurent lieu, notamment la Finlande où le président Xi Jinping s’est rendu en 2017.

NORVEGE Borge Brende, le MAE norvégien en 2016, 0d7497f8dea3942c41e7f95d0aaad4b2_M Borge Brende, le MAE norvégien en 2016,

La visite officielle du n°1 chinois faisait suite à celle à Pékin de Borge Brende, le MAE norvégien en 2016, qui marqua la réconciliation entre Oslo et Pékin.

L’ensemble de ces stratégies justifie amplement la conclusion du Livre Blanc. Faisant la promotion des « solutions chinoises » pour faire face aux défis de la région par le moyen des « routes de la soie arctique » – concept à tout faire englobant toutes les politiques extérieures chinoises -, il affirme que Pékin est passé du statut d’observateur à celui de membre actif.

NOTE de CONTEXTE

Les 7 colonnes en marbre blanc provenant du Vieux palais d’été détruit en 1860 restituées à la Chine en 2014 par le musée d’art de Bergen. Le geste était une bonne volonté du gouvernement norvégien en « réparation » de l’attribution du prix Nobel au dissident Liu Xiaobo en 2010 que Pékin considérait comme une atteinte à sa souveraineté. Si la Norvège tenait à l’amélioration des relations pour écouler son saumon en Chine, Pékin dont la stratégie dans l’arctique ne peut pas se passer de la Norvège, était tout aussi disposé au retour normal des relations.

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CHINE 000_par3653677  Liu Xiaobo, l’opposant chinois lauréat du prix Nobel de la paix en 2010, est mort ce jeudi 13 juillet 2017 à 61 ans alors qu’il était hospitalisé pour un cancer

Lorsque Pékin et Oslo reprirent des relations normales après la querelle à propos du prix Nobel attribué à Liu Xiaobo, le ministre des Affaires étrangères Wang Yi avait enveloppé le pragmatisme de Pékin dans une leçon de contrition adressée à Oslo :

« La Norvège qui a profondément réfléchi aux raisons ayant heurté la confiance réciproque, a solennellement consulté la Chine sur les moyens d’améliorer la relation bilatérale ».

Rédigé avec la Norvège également intéressée par la relance d’un accord commercial avec Pékin notamment sur les exportations de saumon, le communiqué commun évoquait à la fois la querelle du prix Nobel et les « consultations nombreuses et méticuleuses », ayant permis de restaurer la confiance.

Oslo reconnaissait la position de Pékin, la « politique d’une seule Chine », et promettait des respecter la souveraineté de la Chine dont Pékin jugeait qu’elle avait été mise à mal par l’attribution du prix Nobel à Liu Xiaobo en 2010.

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Les relations Pékin Oslo commencèrent à se réchauffer à partir de 2014, quand le gouvernement conservateur norvégien élu en 2013, décida de restituer à Pékin 7 colonnes de marbre provenant de l’ancien Palais d’été détruit en 1860. Parties ,d’une collection de 2500 pièces, les colonnes avaient été données au musée de Bergen par l’officier de cavalerie norvégien Wilhelm Normann Munthe, entre 1907 et 1935.

NORVEGE Wilhelm Normann Munthe munthe2_sepia  Wilhelm Normann Munthe

Émigre en Chine en 1886, Munthe s’enrôla dans l’armée impériale chinoise durant la guerre contre le Japon.

Parlant le Chinois couramment, il servit comme instructeur de cavalerie sous le gouvernement Yuan Shikai dont il fut l’aide de camp entre 1902 et 1909. Promu général en 1911, après la chute de l’Empire il eut la charge d’organiser le quartier des légations à Pékin jusqu’en 1914.

Collectionneur et amateur d’art chinois, il avait accumulé une impressionnante quantité de peintures et de statues en marbre et bronze léguées à plusieurs musés dont celui de Bergen. Munthe avait épousé Alexandra Von Herder la veuve de Frederick William Grantham, officier britannique tué en 1915 en France et dont le fils Alexander Grantham fut gouverneur de Hong-Kong de 1947 à 1957.

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CHINE C'est l'un des hommes les plus riches de Chine. Huang Nubo, 60 ans, ancien « garde rouge »a2194fdfa7bc11c7852cece64fbb73d552898b32  C’est l’un des hommes les plus riches de Chine. Huang Nubo, 60 ans, ancien « garde rouge »

La restitution à la Chine des colonnes de marbre croise l’entremise d’un promoteur immobilier chinois Huang Nubo, que sa biographie publique classe parmi les 400 Chinois les plus riches.

Cultivé et original, garde-rouge déporté à la campagne par Mao, ancien fonctionnaire du département de la propagande (1996 – 1998) reconverti dans l’immobilier, Huang est un sportif, un esthète et un philanthrope. Diplômé de littérature, et écrivain, il a, entre 2005 et 2013 participé à plusieurs expéditions vers les 7 plus hauts sommets de la planète (Everest, Kilimanjaro, Mc Kinley, Elbrous, Vinson, Aconcagua, Carstensz).

En décembre 2013, pour faciliter la restitution des pièces du Palais d’été à la Chine, Huang avait donné 10 millions de couronnes norvégiennes (1,6 millions de $) au musée de Bergen.

Peu avant, l’Islande pièce majeure de l’échiquier arctique, à mi-chemin entre le Groenland et la Norvège au débouché sud des routes polaires vers l’Europe, avait rejeté son projet touristique de 100 millions de $ d’hôtels de luxe avec golf sur un vaste terrain de plus de 1000 km2.

L’occurrence qui s’accompagnait d’une autre proposition de Huang d’acheter 10 avions et de rénover la piste d’aviation de Grimsstadir à 350 km à l’est de Reykjavik, avait réveillé les craintes d’un improbable plan chinois visant à installer une base navale dans la zone.

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Ayant de la suite dans les idées, loin d’être rebuté par un premier échec, Huang négocie actuellement la solution d’une location longue durée des vastes terrains de son futur centre de loisir qu’il dit destiné aux Chinois fortunés en manque d’air pur et de silence.

Notes :

[1QC le signalait déjà dans un article en 2012, la compétition est lancée entre Exxon Mobil, Royal Dutch, Chevron, BP, GDF-Suez, Cairn Energy, Shell, BP, Maersk Oil, Vedenta (Inde), Statoil (Norvège) et Nunaoil, la compagnie locale du Groenland. En 2010, sept concessions ont été attribuées à différentes compagnies internationales (Shell, Statoil, GDF-Suez). Lire : Le « Grand Jeu » très encombré de l’Arctique. La difficulté des stratégies chinoises.

Mais l’élan est fortement contesté par les écologistes. Si le Français Total (20%), le Chinois CNPC (20%) et le Russe Novatek (50%) accélèrent leurs investissements dans le gisement russe de Yamal en bordure sud du cercle arctique (Le 8 décembre 2017, le terminal gazier est inauguré par V. Poutine et Patrick Pouyanné PDG de Total en revanche), en 2016 Shell a cédé ses droits en mer de Baffin, à un organisme de protection de l’environnement.

[2En 2010 l’amiral Vladimir Vyotsky commandant en Chef de la marine russe stigmatisait les stratégies obliques des pays non riverains, notamment de la Chine, affirmant que « la Russie n’abandonnerait pas un pouce de ses intérêts dans la zone arctique ». Sa déclaration exprimait des réticences anti-chinoises toujours actives au sein de l’appareil russe, mais aujourd’hui soigneusement mises sous le boisseau par l’obligation de connivence stratégique contre Washington.

Iles du Svalbard, archipel, paysages  Archipel du Svalbard – Norvège


SOURCE / https://www.questionchine.net/les-longues-strategies-chinoises-dans-l-arctique

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