1- May et Trump lancent les négociations – 29.01.2017 –
2 – Suisse : un accord avec Londres au plus vite – 29.01.2017 –
3 – Donald Trump à Theresa May: le Brexit va donner une « identité » au Royaume-Uni -27.01.2017 –
4 – Le nouveau président américain accueillera la Première ministre britannique pour mettre en place de nouveaux rapports entre les deux pays – 27.01.2017 –
5 -Brexit : après le discours de Theresa May, la presse anglo-saxonne s’inquiète – 18.01.2017 –
6 – Thérésa May présente son « Brexit dur » – 17.01.2017 –
1- May et Trump lancent les négociations

Commerce Selon le Royaume-Uni, Donald Trump a accepté d’entamer immédiatement des pourparlers.
Le président américain Donald Trump a accepté d’entamer immédiatement des pourparlers avec la Grande-Bretagne afin de conclure un nouvel accord commercial devant préserver les acquis actuels lorsque Londres aura quitté l’Union européenne, a annoncé samedi Downing Street.
Ces «pourparlers à haut niveau», qui ont été décidés vendredi lors de la visite de la Première ministre britannique Thérésa May à Washington, sont susceptibles de provoquer l’ire des dirigeants de l’Union européenne, qui ont averti la Grande-Bretagne qu’elle ne peut pas entamer des négociations avec d’autres pays tant qu’elle n’aura pas quitté l’UE.
Les pourparlers, qui prévoient des groupes de travail conjoints, visent à établir le cadre d’un nouvel accord commercial pouvant être signé dès que possible après le Brexit. «Le premier pas vers la réalisation de cet objectif sera (la conclusion d’un) nouvel accord de négociation commerciale (TNA) qui prévoit des discussions de haut niveau entre les deux pays, devant commencer immédiatement», a déclaré un porte-parole de Downing Street.
Comme au temps de Thatcher-Reagan
Cette décision a été prise au cours d’un dîner de travail ayant réuni le président Trump et Theresa May à Washington. Theresa May était le premier dirigeant étranger reçu par Donald Trump depuis son arrivée à la Maison Blanche, le 20 janvier. Lors d’un repas, Donald Trump a déclaré qu’il souhaitait que sa relation avec Theresa May soit encore plus étroite que celle entretenue par Margaret Thatcher et Ronald Reagan à l’époque de la Guerre froide, ont révélé des responsables britanniques.
Theresa May souhaitait tout particulièrement une décision sur le démarrage dès que possible de pourparlers en vue de la conclusion d’un futur nouvel accord commercial post-Brexit avec les États-Unis, dans le contexte d’une forte inquiétude en Grande-Bretagne concernant les conséquences économiques de la sortie de son pays de l’UE.
Des négociations à plusieurs étages
Selon Downing Street, Donald Trump a promis de faire en sorte que les accords commerciaux actuels entre les deux pays, dans le cadre de l’appartenance de la Grande-Bretagne à l’UE, seront toujours opérationnels après le Brexit.
«C’est le premier pas menant à un futur accord commercial avec les Etats-Unis, qui peut apporter à notre puissance économique d’énormes avantages ainsi que plus de certitude et de confiance aux entreprises», a déclaré Theresa May.
Les discussions visent également à supprimer les barrières aux exportations de produits alimentaires et agricoles britanniques aux Etats-Unis, et à la reconnaissance mutuelle de diplômes professionnels, afin de faciliter les relations d’affaires entre les ressortissants des deux pays. (AFP/nxp)
(Créé: 29.01.2017, 00h31)
SOURCE/ http://www.tdg.ch/monde/may-trump-lancent-negociations/story/31930752
2 – Suisse : un accord avec Londres au plus vite

Libre-échange : Après le Brexit, «il ne doit pas se passer un jour sans un nouveau règlement», dit Schneider-Ammann.
La Suisse doit conclure un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni dès la sortie de ce dernier de l’Union européenne (UE), estime Johann Schneider-Ammann. Cet accord devrait même entrer en vigueur le jour du Brexit, selon le conseiller fédéral.
«Mon objectif est clair. Il ne doit pas se passer un jour, après la sortie de la Grande-Bretagne, sans un nouveau règlement en vigueur», déclare le ministre de l’économie dans un entretien diffusé dimanche par le SonntagsBlick.
«Il doit être au moins aussi bon» que le présent accord, poursuit Johann Schneider-Ammann. Le ministre britannique du commerce Liam Fox s’est dit, lors du Forum économique de Davos (WEF), il y a dix jours à peine, très intéressé par un accord avec la Suisse.
Problème de calendrier
Londres ne peut en principe pas négocier de nouveaux accords commerciaux tant que le Royaume-Uni est membre de l’UE, les négociations officielles étant du ressort de Bruxelles. Selon le ministre PLR, des pourparlers sur les futures relations économiques doivent cependant être menés «en arrière-plan et en parallèle aux discussions de sortie» de la Grande-Bretagne.
«Ce serait certainement un signal positif et je serais personnellement très heureux, si nous étions l’un des premiers pays à conclure un accord de libre-échange avec la Grande-Bretagne post-Brexit», ajoute le Bernois. Les négociations de sortie du Royaume-Uni de l’UE devraient durer deux ans, jusqu’en 2019.
Dossier américain
Johann Schneider-Ammann est par ailleurs dans l’expectative quant à un accord de libre-échange avec Washington. «Nous attendons de voir ce qui va se passer avec l’accord de libre-échange transatlantique TTIP entre l’UE et les États-Unis».
La Suisse pourrait rejoindre l’accord. Si le TTIP n’aboutit pas, ce qui semble se dégager des déclarations du nouveau président américain Donald Trump, le Conseil fédéral décidera d’une nouvelle approche, note le ministre de l’économie. (ats/nxp)
(Créé: 29.01.2017, 09h03)
SOURCE/ http://www.tdg.ch/monde/suisse-accord-londres-vite/story/18179938
3 – Donald Trump à Theresa May: le Brexit va donner une « identité » au Royaume-Uni

Alors que les rapports diplomatiques se tendent entre Donald Trump et le Mexique, le président américain s’apprête à ouvrir le Bureau ovale au premier dirigeant étranger. Cet honneur revient à la Première ministre britannique Theresa May, qui sera reçue à la Maison-Blanche pour évoquer les liens commerciaux post-Brexit et donner une impulsion différente à « la relation spéciale » entre les États-Unis et le Royaume-Uni. Avec cette première rencontre, la Première ministre britannique réussit un coup diplomatique. Mais elle sait aussi que ses faits et gestes seront scrutés à la loupe par les alliés des États-Unis qui s’interrogent sur l’attitude à adopter face au nouveau président américain arrivé au pouvoir avec un slogan en bandoulière : « l’Amérique d’abord ».
Comme l’a montré l’entrée en matière, tendue et chaotique, de l’administration Trump avec le voisin mexicain autour du projet d’un mur à la frontière, la diplomatie américaine entre dans une ère nettement plus imprévisible. Les deux dirigeants s’exprimeront lors d’une conférence de presse commune à 13 heures qui sera aussi la première de Donald J. Trump en tant que président de la première puissance mondiale. « Parfois, les contraires s’attirent », a confié, dans une étonnante formule, Theresa May, fille de pasteur réservée, évoquant sa future rencontre avec l’exubérant et imprévisible homme d’affaires septuagénaire.
Une rencontre controversée
Sa décision de se rendre à Washington quelques jours après la prestation de serment du magnat de l’immobilier a suscité une controverse au Royaume-Uni où les propos de ce dernier sur les musulmans, les femmes ou encore l’usage de la torture ont du mal à passer.
Le Royaume-Uni espère que les discussions sur un futur accord commercial avec Washington démarrent rapidement, mais sa marge de manœuvre reste limitée tant que le divorce avec l’Union européenne n’est pas prononcé. Le Royaume-Uni peut « discuter » d’un éventuel accord de libre-échange avec un pays tiers, mais pas « négocier » tant qu’il reste membre de l’UE, lui a fermement rappelé la Commission européenne.
« Je n’ai pas encore de secrétaire au Commerce », a souligné jeudi Donald Trump, dénonçant l’obstruction de ses adversaires démocrates qui retardent la confirmation par le Sénat de son candidat, Wilbur Ross. « Ils veulent parler échanges, alors je m’en occuperai moi-même, ce n’est pas un problème », a-t-il ajouté, amusé. À la veille de son tête-à-tête avec l’homme d’affaires novice en politique, Theresa May a profité d’un discours devant les élus républicains rassemblés à Philadelphie pour poser quelques balises. Oui, il est impératif de réformer les Nations unies, mais elles restent « vitales ». Oui, les grandes organisations internationales, de la Banque mondiale au Fonds monétaire international, sont imparfaites, mais elles jouent un rôle central. Et l’Otan, a-t-elle souligné, reste « la pierre angulaire de la défense de l’Occident ».
Prudence avec Poutine
Mais c’est sur la Russie de Vladimir Poutine, pour lequel Donald Trump ne cache pas une forme d’admiration, que Theresa May a été le plus explicite. « Quand on parle de la Russie, il est sage comme souvent de prendre exemple sur le président [Ronald] Reagan qui, dans ses négociations avec son homologue russe d’alors Mikhaïl Gorbatchev, avait l’habitude de suivre cet adage : faites confiance, mais vérifiez. » « Avec le président Poutine, mon conseil c’est : coopérez, mais prenez garde », a-t-elle ajouté. La conférence de presse dans les salons de la Maison-Blanche sera, en elle-même, un rendez-vous de taille pour le nouveau président.
Grand adepte de Twitter, qu’il utilise quotidiennement, Donald Trump ne s’est plié à l’exercice qu’une seule fois au cours des six derniers mois. La dernière, le 11 janvier dans le lobby de la Trump Tower de New York, il s’en était pris avec virulence aux médias. Jeudi, c’est l’un de ses plus proches conseillers, Steve Bannon, qui s’est chargé de sonner la charge, avec une virulence rare. « Les médias ici sont le parti d’opposition. Ils ne comprennent pas ce pays », a-t-il affirmé dans un entretien au New York Times. « Les médias devraient être gênés et humiliés, ils devraient se taire et écouter juste un instant. »
Entretien à venir avec Hollande et Merkel
Le président des États-Unis Donald Trump s’entretiendra samedi par téléphone avec le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le président russe Vladimir Poutine, a annoncé vendredi son porte-parole. Le nouveau président républicain reçoit vendredi à la Maison-Blanche la Première ministre britannique Theresa May pour évoquer les liens commerciaux post-Brexit et donner une nouvelle impulsion à « la relation spéciale » entre les États-Unis et le Royaume-Uni.
5 -Brexit : après le discours de Theresa May, la presse anglo-saxonne s’inquiète
Les journaux britanniques et américains saluent la fin de la période de flou, mais craignent pour l’avenir économique et politique du Royaume-Uni.

Plus question d’entretenir le flou, la rupture entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE) sera « claire et nette ». Dans un long discours, mardi 17 janvier, la première ministre britannique, Theresa May, a lancé l’offensive d’un « Brexit » qu’elle veut « dur ». « Nous n’aurons pas un pied dedans, un pied dehors. Nous ne cherchons pas à garder des morceaux de notre adhésion », a-t-elle lancé sans détour, avant d’assurer que l’une de ses priorités était de « sortir du marché unique ».
Un discours « doublement déprimant » a commenté The Guardian, quotidien britannique de centre gauche qui s’était ouvertement prononcé pour le maintien du Royaume-Uni dans l’UE. Dans son éditorial, le journal écrit que l’intervention de Mme May a, d’une part, brisé tous les espoirs de ceux qui espéraient encore rester dans le marché unique et dans l’Union, et, d’autre part, rappelé que cette sortie mettait notamment « en péril les valeurs et les alliances » que l’UE avait tissées.
The Guardian note par ailleurs que la question de l’immigration – « soigneusement placée au milieu du discours pour ne pas paraître trop provocatrice » – a été « le point de départ » de cette décision politique. Selon Theresa May, le Brexit « doit signifier le contrôle du nombre de personnes venues d’Europe au Royaume-Uni ». C’est précisément la raison pour laquelle le pays va quitter le marché unique, estime The Guardian, puisque « la libre circulation est l’un des piliers de ce marché ».
Fin de « l’ambiguïté »
Un avis que le New York Times partage. Selon le quotidien américain, quitter le marché unique signifie « quitter la caractéristique centrale de l’effort historique qui a été fait pour éliminer toutes les barrières au commerce à travers l’Union et soutenir la libre circulation des biens, des services et – ce que seul le Royaume-Uni ne pouvait avaler – les gens ».
Toutefois, l’éditorial du journal souligne que ce discours aura eu le mérite de mettre fin à « l’indécision » et à « l’ambiguïté » affichées jusqu’à présent par la première ministre concernant le British Exit. « Il est essentiel de s’assurer que ce divorce extraordinairement complexe cause le moins de dommages possible aux relations économiques et politiques à long terme entre la Grande-Bretagne et le continent. Le discours de Mme May doit donc être salué pour avoir expliqué les intentions de son gouvernement sur cette question fondamentale avant de déclencher formellement le processus de sortie », qu’elle lancera au mois de mars et qui doit durer deux ans, fait valoir le New York Times, qui prévient : « Tout cela peut être difficile à accepter pour l’Union. »
« Un Brexit extrême, dommageable et antidémocratique »
Plus critique, The Independent écrit dans un éditorial que Theresa May « promet un Brexit extrême, dommageable et antidémocratique ». Le quotidien de centre gauche dresse un portrait noir de ce que deviendra le Royaume-Uni après le Brexit. « En une dizaine d’années, la ville de Londres, les industries automobile et pharmaceutique, l’agriculture et notre industrie agroalimentaire – pour prendre les exemples les plus flagrants – subiront une perte progressive d’investissements, une perte d’emplois, une perte de rentabilité et donc une perte de prospérité pour des millions de familles britanniques », déplore-t-il, avant d’asséner : « La Grande-Bretagne va essayer de devenir la Singapour de l’Europe. »
Pour l’hebdomadaire The Economist, Theresa May veut simplement sortir coûte que coûte de l’UE, quitte à ce qu’il n’y ait pas « de période de transition formelle. Il y aura, en fait, une sorte de falaise. Cela reflète deux réalités auxquelles les décideurs au Royaume-Uni et sur le continent doivent maintenant s’habituer. Premièrement, Mme May interprète sans équivoque le vote pour le Brexit comme un vote pour une immigration plus faible, même au prix d’une certaine prospérité. (…) Deuxièmement, (…) il semble que Mme May n’accorde pas une grande importance au résultat des négociations. Elle veut un accord de libre-échange global basé sur celui signé récemment entre l’UE et le Canada. Mais là où le “CETA” a pris environ sept ans pour se négocier, elle s’en permet deux ». Et le quotidien économique de conclure : « En bref, elle fera de son mieux, mais si les pourparlers arrivent à pas grand-chose ou à rien, qu’il en soit ainsi. »
« La nouvelle Dame de fer »
Le quotidien de centre droit The Times a de son côté choisi de mettre l’accent sur ce bras de fer qui s’engage entre Londres et Bruxelles, avec un titre provocateur : « Donnez-nous un bon accord ou soyez écrasés. » « Pas d’accord avec l’UE sera préférable à un mauvais accord », a en effet menacé Theresa May à la fin de son discours, en prévenant ceux qui voudraient « punir » le Royaume-Uni qu’ils commettraient un « acte calamiteux d’automutilation ». Avant de menacer : « La Grande-Bretagne pourrait réduire les taux d’imposition pour attirer des entreprises du continent, tandis que le manque de flexibilité de Bruxelles risquerait de “briser en petits morceaux” le projet de l’UE. »
Suffisant pour que le Daily Mail, tabloïd eurosceptique, choisisse de présenter sur sa « une » Theresa May comme « la nouvelle Dame de fer », piétinant la tête haute le drapeau européen sous un Union Jack flottant fièrement.
Seul l’hebdomadaire The Spectator se montre – un peu – plus optimiste : « Personne n’a jamais douté que le Brexit puisse offrir des avantages. La question est de savoir si ces avantages compensent les inconvénients du départ. Espérons qu’ils le fassent. »
6 – Theresa May présente son « Brexit dur »
Marie Dancer et Agnès Rotivel, le 17/01/2017 à 18h16
Mis à jour le 17/01/2017 à 19h13
Lors d’un discours très attendu, la première ministre britannique a fait valoir mardi 17 janvier sa décision de quitter le marché unique tout en prônant « un partenariat équitable ».

Theresa May a annoncé 12 objectifs prioritaires pour mener à bien le Brexit. / Paul Ellis/AFP
L’ironie de l’histoire a voulu que Theresa May réaffirme le 17 janvier la volonté du Royaume-Uni de quitter de façon « claire et nette » l’Union européenne dans le décor londonien de la Lancaster House, là même où l’ancienne première ministre Margaret Thatcher avait autrefois vanté les vertus du marché unique.
Dans un court préambule, la première ministre britannique a pris soin de rappeler les « valeurs communes » partagées avec l’Europe, mais aussi les différences de son pays, « mal à l’aise avec des institutions supranationales », une Europe « pas assez flexible ». Autrement dit, le Royaume-Uni veut retrouver sa liberté.
À ceux qui, chez elle, la priaient de maintenir une forme de partenariat avec l’UE, soit un Brexit « soft », en douceur, elle oppose un Brexit « hard », dur. Une sortie de l’Union qui devra répondre à douze objectifs égrenés tout au long d’un discours de près de 45 minutes. « Nous voulons un nouveau partenariat équitable (…), pas un statut de membre partiel ou associé de l’UE, qui nous laisserait à moitié dedans ou à moitié dehors. »
Un accord « sur mesure »
L’accord avec l’UE doit intervenir dans les deux ans après le déclenchement de l’article 50, d’ici à fin mars. Et le résultat des négociations de sortie de l’Union européenne doit être soumis au Parlement qui se prononcera par un vote. « Le gouvernement soumettra l’accord final à un vote des deux chambres du Parlement », a-t-elle précisé.
Il s’agit pour Londres de mettre en place un accord « sur mesure » avec le reste de l’UE, qui ne s’inspire d’aucun modèle existant et donnera au Royaume-Uni un accès au commerce avec le continent, sans barrières douanières ou autres obstacles. « Un accord dans l’intérêt mutuel », insiste la première ministre, « nous ne voulons pas d’un délitement de l’UE ». Le vote des Britanniques pour quitter l’Union ne « constitue pas un rejet des valeurs que nous partageons (…), ce n’était pas une tentative de faire du mal à l’UE », a-t-elle souligné. « Nous quittons l’Union européenne, mais pas l’Europe. »
Un partenaire « fiable », un « ami proche »
Theresa May a réaffirmé que son pays resterait un partenaire « fiable », « un allié volontaire et un ami proche » de Bruxelles. Au pouvoir depuis juillet, après que le Royaume-Uni a voté à 51,9 % pour quitter l’UE au référendum du 23 juin, elle ménage son ancien partenaire avec qui « nous continuerons de coopérer dans les domaines du crime, du terrorisme, du partage des renseignements pour conserver la sécurité du continent ».
Mais elle sait qu’au sein du Royaume-Uni, elle doit aussi ménager ceux qui ont manifesté le souhait de rester dans l’UE, tels les Nord-Irlandais, à 55,8 %, et les Écossais, à 62 %. « Nous affronterons l’avenir ensemble, dans un esprit d’unité… nous travaillerons à un Brexit pour tout le Royaume-Uni », leur a-t-elle promis.
D’ores et déjà, pourtant, le Parlement d’Édimbourg a annoncé qu’il se réunirait dans la foulée de ce discours, menaçant d’un référendum d’indépendance dans les plus brefs délais.
Chercher « le meilleur accès possible »
Reste que, comme l’a souligné Theresa May, le « diable se cache dans les détails », dans ces 12 objectifs prioritaires définis par la première ministre, et qui portent principalement sur les relations économiques entre Bruxelles et Londres. Sur ce point, ses propos ont levé le doute sur ses intentions, quant aux modalités de séparation d’avec l’UE.
Séparation qui doit être sans ambiguïté, souhaite Theresa May. « Je veux le dire clairement, ce que je propose ne peut pas signifier une appartenance au marché unique. » La raison : « Appartenir au marché unique signifie accepter la libre circulation des biens, des capitaux, des services et des personnes au sein de l’UE. » Or elle a rappelé que « le message du peuple a été très clair : le Brexit doit permettre de contrôler le nombre d’Européens qui viennent au Royaume-Uni ».
Pas question pour autant de tourner le dos aux Vingt-Sept et à son immense marché de quelque 500 millions d’habitants. « Nous chercherons le meilleur accès possible grâce à un accord de libre-échange global, audacieux et ambitieux », et qui accorde « le plus de liberté possible aux entreprises britanniques pour accéder au marché européen », a-t-elle déclaré. « Nous voulons vous acheter vos biens, vous vendre les nôtres, commercer avec vous de la manière la plus libre possible et travailler ensemble. »
Regarder « au-delà des frontières »
Cette nouvelle relation – qui « évitera au Royaume-Uni de contribuer au budget européen » – doit passer par « un nouvel accord douanier » entre le Royaume-Uni et l’UE, que la première ministre a appelé de ses vœux. Avec le souhait implicite que les droits de douane entre les deux parties soient fixés au plus bas niveau possible – dans le marché unique européen, dont bénéficie encore le Royaume-Uni, tous les tarifs douaniers sont à zéro.
La chef du gouvernement britannique a également fixé pour objectif à son pays de « regarder aussi au-delà des frontières de l’Europe » et veut conclure ses « propres accords commerciaux avec le reste du monde ». Mais le Royaume-Uni n’est pas juridiquement fondé à négocier des accords commerciaux en son nom propre, tant qu’il est encore membre de l’UE…
Theresa May n’a pas du tout mentionné l’avenir de la City. Elle s’est montrée en revanche désireuse de « garantir » au plus vite « les droits des travailleurs européens qui sont déjà installés chez nous » (comme des Britanniques vivant ailleurs dans l’UE), après avoir jusqu’ici laissé planer le doute sur le futur statut des Européens vivant outre-Manche.
Éviter la tentation de « punir »
Les Européens se montreront-ils ouverts à ses propositions ? « Économiquement, le rapport de force est incontestablement favorable à l’UE, décrypte Christopher Dembik, chez Saxo Bank, puisque les exportations européennes vers le Royaume-Uni représentent seulement 3 % du PIB européen alors que les exportations britanniques vers l’Union pèsent 13 % du PIB britannique. »
Mais Theresa May a mis en garde ceux qui voudraient « punir » le Royaume-Uni. Ils commettraient un « acte calamiteux », qui « punirait aussi l’UE et ses entreprises qui veulent investir ou exporter » outre-Manche, citant de gros secteurs tels la pharmacie, la pêche et l’agriculture, l’automobile…
En l’absence d’accord commercial satisfaisant avec l’UE, Londres serait libre de « changer les bases du modèle économique britannique (…) et nous aurions la liberté de fixer des taux d’imposition compétitifs », a-t-elle développé, en agitant la menace de dumping fiscal afin d’attirer des entreprises sur son sol.
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Les réactions européennes au discours de Theresa May
« Un accord sur un départ ordonné est un prérequis pour un futur partenariat. Ma priorité est d’obtenir le bon accord pour EU27 (les 27 États membres restants de l’UE, NDLR) », a écrit le négociateur européen Michel Barnier sur Twitter, après le discours de Theresa May.
Londres a « enfin apporté un peu de clarté sur les plans britanniques » concernant le Brexit, a jugé le ministre allemand des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
« Triste processus, des temps surréalistes mais au moins une annonce plus réaliste sur #Brexit », a commenté sur son compte Twitter le président du Conseil européen, Donald Tusk, assurant que l’UE à 27 était « unie et prête à négocier ».
source/ http://www.la-croix.com/Monde/Europe/Theresa-May-presente-son-Brexit-dur-2017-01-17-1200817932
