1/-La France va mieux ? Le monde agricole au bord du suicide !
2/-Suicide, RSA en hausse… les agriculteurs n’en peuvent plus
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Quand François Hollande dit que la France va mieux, de quoi veut-il parler ? De la paix sociale ? De la guerre civile ? De l’invasion ? De l’éducation sinistrée ? Non : de l’économie. Les « voyants sont au vert », paraît-il. Sauf qu’on se moque du monde : l’agriculture est au bord du suicide, comme l’établissent les dernières données publiées par la MSA (voir l’article 2), la Mutualité sociale agricole.
23 juin 2016 par Pauline Mille
- La CGT, FO et les casseurs légitimés aux yeux de l’opinion par deux mois de grève contre la loi travail ;
- une vague de migrants qui sème le désordre de Calais à Menton ;
- un baccalauréat obtenu par des quasi analphabète en attendant que les enfants de CP apprennent l’arabe ;
- le directeur de la DGSI, Patrick Calvar, affirmant devant une commission d’enquête parlementaire que la France est au bord de la guerre civile : comment le président de la République peut-il dire que la France va mieux ?
C’est tout simple : en bon énarque élevé à l’économisme il a senti un léger ralentissement dans la catastrophe économique. Pour reprendre le vocabulaire des lecteurs du Monde, certains « indicateurs sont au vert ». Le chômage n’augmente plus uniformément. Et le moral des entreprises de taille intermédiaires (ETI) est « au plus haut depuis cinq ans. »
Le pouvoir empêche de mesurer comment va la France
Cela pose la question des indicateurs fiables, ou plus simplement et plus généralement de la mesure des phénomènes. Comment mesurer si la France va mieux, ou pas ?
Pour trancher une question de ce genre, il faut disposer de données certaines et significatives. Par exemple, si vous vous êtes gelés tout un printemps sous la pluie les pieds dans les inondations, le thermomètre à 34 degrés donne une mesure indiscutable qu’est revenu ce qu’on nomme à tort ou à raison chez nous le beau temps. La chose est simple et ne souffre pas de discussion.
A l’inverse, brosser une image acceptable de l’immigration en France est une tâche compliquée, en partie parce que notre pays, à la différence de la Grande Bretagne ou des États-Unis, n’autorise pas les statistiques ethniques et religieuses. Il faut beaucoup d’ingéniosité pour trouver des failles dans l’écran statistique placé par l’INSEE devant notre réalité sociale pour la masquer. La médecine peut en ouvrir : ainsi connaît-on la proportion des bébés venus du sud dans le total des naissances en France (35 %) grâce au test de dépistage d’une maladie rare, la drépanocytose, qui n’affecte que certaines populations, et qui est pratiqué sur 35 % des nourrissons nés aujourd’hui.
En France, l’industrie va peut-être un peu mieux
Quant à l’activité économique en France, François Hollande veut se persuader et nous persuader qu’elle va mieux parce qu’il en a fait la condition sine qua non de sa candidature en 2017. Il a exclu de se représenter si le chômage ne régressait pas et il semble qu’il ait régressé en mars et avril. Mais cette baisse est très faible, elle ne touche pas toutes les catégories de chômeurs, et elle peut être l’effet de la négligence des chômeurs à signaler leur situation. Cet indicateur n’est donc ni fiable ni significatif. On attend les chiffres de mai demain pour en savoir plus, mais quel que soit le résultat on n’aura rien de décisif.
Plus intéressant pour le pouvoir semble le baromètre BPI France Le Lab selon lequel « le moral des patrons des entreprises de taille intermédiaire est au plus haut depuis cinq ans ». Cocorico. Pour le coup, François Hollande paraît fondé à dire que la France va mieux. Une précision : une ETI emploie entre 250 et 4.999 salariés pour un chiffre d’affaire inférieur à 1,5 milliard d’euros. Il y en a 4.800 en France, dont un quart propriété étrangère, et la moitié de leurs salariés travaille dans l’industrie. Ce n’est donc pas négligeable, mais que nous dit l’information : que la majorité de leurs dirigeants trouvent que ça va mieux. C’est une déclaration, une impression, non un fait avéré. Sur quoi se fonde cette impression ? Sur des carnets de commandes qui font anticiper à 47 % des patrons d’ETI une augmentation de leur chiffre d’affaire et les portent à embaucher. Et aussi, pour être honnête, sur une restauration des marges dues en partie à la baisse du pétrole.
Le monde agricole appelle à l’aide
Dès que quelque chose va un peu mieux, on ne va pas cracher dessus, mais ce n’est tout de même pas ça qui va sauver la France. On ne sait si le mouvement esquissé est pérenne ni surtout s’il va s’étendre aux PME qui sont le vrai cœur économique du pays et le plus gros employeur de France. Pour mesurer sérieusement si notre pays va mieux ou non, mieux vaut chercher des données moins sollicitées. Et il nous en vient précisément du monde agricole, en l’espèce de la Mutualité sociale agricole, qui vient de publier des chiffres inquiétants lors d’une conférence de presse de son président, Pascal Cormery.
La MSA a lancé en 2014 une cellule téléphonique de prévention du suicide dénommée Agriécoutes. La moyenne mensuelle des appels étaient de 90 jusqu’en décembre 2015, elle est de 341 en 2016. Presque quatre fois plus. Jusqu’à présent, seuls les célibataires étaient désespérés, maintenant, les familles appellent elles aussi.
Cet épuisement moral se lit dans une autre donnée, les demandes de la prime d’activité, qui remplace le RSA activité et s’élève à 183 euros par mois : la Mutualité sociale agricole en attendait 60.000 en 2015, il en est venu 153.000, deux fois et demie plus. Et ce ne sont plus seulement les salariés agricoles qui les demandent, mais les exploitants. Comme le dit Pascal Cormery , « quand un exploitant agricole qui s’expose habituellement peu à demander de l’aide, demande 180 euros, c’est qu’il y a un problème ».
Comment la France et l’Europe ont tué le monde agricole
Et même un sacré problème ! En fait il s’agit de la mort programmée du monde agricole, que prédisait Henri Mendras voilà cinquante ans dans la fin des paysans. La terre qui ne ment pas, la production à l’ancienne, la nation française, tout cela devait être balayé par le productivisme à outrance, l’Europe, le mondialisme. Par une coïncidence qui attire l’attention, l’un des pères de cette mutation mortelle du monde agricole, Edgar Pisani, ancien ministre de l’agriculture et commissaire européen, est mort hier.
Dans son éloge funèbre, François Hollande a salué un « républicain détaché des querelles partisanes » : traduire, un représentant de la caste des technocrates, désignés aujourd’hui par le sigle UMPS, qui n’ont pas de conviction nationale : Edgar Pisani, né maltais et sujet anglais à Tunis, aventurier déguisé en grand commis de l’Etat, servit d’abord De Gaulle puis Mitterrand, avec le même élan technocratique, pro européen, tiers-mondiste, sans jamais avoir la fibre française ni bien sûr paysanne. Il fut le cacique du remembrement et de la PAC, la politique agricole commune.
La France trahie par ses élites
Il faudra bien faire un jour à ce propos un bilan de l’Europe de Bruxelles et des technocrates apatrides qui l’ont forgée.
- Le traité de la CECA a été conclu pour développer la sidérurgie européenne : elle est aujourd’hui anéantie en France et au Luxembourg, sinistrée en Allemagne.
- La PAC avait été conçue comme compensation laissée aux Français, qui en attendaient monts et merveilles. Las, le pays de Sully, des labourages et des pâturages, souffre le martyre, la Mutualité sociale agricole, qui n’est pas un organisme révolutionnaire, est forcée de le constater.
Le véritable fruit de l’expérience de Bruxelles, c’est la liquidation de la production industrielle et agricole européenne dans le cadre d’une spécialisation internationale du travail définie par les instances mondialistes. Sauf à la marge bien sûr Mercédès et le château d’Yquem. L’Europe musée, tourisme et produits de luxe.
Le suicide d’agriculteurs longtemps complices
Mais bien sûr la mort du monde agricole est aussi un suicide. Il fut longtemps le bénéficiaire addictif de l’usine à gaz de la PAC, donc le complice du système qui l’étrangle, la FNSEA, le puissant syndicat agricole, en sait quelque chose. Habitué aux subventions, aux montants compensatoires, aux primes d’arrachage, endetté à mort auprès du Crédit agricole, soutenu par l’État français et le super État bruxellois comme le pendu l’est par la corde, c’était un mort en puissance. Il suffisait de serrer le nœud coulant pour l’étrangler. Et c’est ce qui est en train de se passer. Dans le monde réglé par l’OMC et les grands traités transocéaniques, la notion d’indépendance alimentaire n’est défendue ni par Bruxelles ni par Paris : l’agriculture française ne sert donc plus à grand-chose, à part entretenir le paysage. Il est temps qu’elle disparaisse. Elle le sent bien. Elle se suicide. Parfois, elle téléphone avant. Ou elle quémande une prime pour survivre un peu.
Pauline Mille
source / http://reinformation.tv/monde-agricole-suicide-france-va-mieux-mille-56971-2/
2/-Suicide, RSA en hausse… les agriculteurs n’en peuvent plus
Flambée des appels à la permanence de prévention du suicide Agri’écoutes, envolée des demandes de la prime d’activité (RSA), cellules d’urgence préfectorales : les preuves de l’épuisement moral des agriculteurs se multiplient.
« On sent les gens épuisés moralement », a déclaré mercredi Pascal Cormery, président de la Mutualité Sociale Agricole (MSA), lors d’une conférence de presse où il a détaillé les immenses problèmes de toute un secteur. La MSA relève une « montée en charge » des appels d’agriculteurs en détresse à la cellule Agri’écoutes (cf lien 1), permanence anonyme 24/24H lancée fin 2014. Jusqu’à décembre 2015, Agri’écoutes recevait en moyenne 90 appels par mois, mais elle en a reçu 365 en janvier, 389 en février et 270 en mars. « Historiquement c’étaient plutôt des éleveurs isolés, célibataires, qui appelaient, aujourd’hui ce sont les familles qui sont en difficulté », a souligné le directeur général de la MSA Michel Brault. Le risque de dérapage vient surtout de ceux qui n’osent pas se confier et restent enfermés chez eux. La MSA de Normandie a donc mené une action de sensibilisation auprès des professionnels qui passent souvent dans les exploitations (techniciens, inséminateurs) pour qu’ils sachent distinguer les signes les plus significatifs de détresse.
Augmentation des demandes de la prime d’activité
Autre preuve de la précarité qui touche les agriculteurs : l’augmentation des demandes de la prime d’activité, qui remplace le RSA activité et représente en moyenne 183 euros par mois. « Dernièrement, un bon nombre de salariés agricoles étaient en difficulté, mais aujourd’hui ce sont également les exploitants agricoles » qui se manifestent, a également expliqué M. Cormery. La MSA a ainsi reçu 153 000 demandes de primes d’activité l’an dernier contre 60 000 attendues, dont 34% pour les non-salariés, a-t-il indiqué. « Quand des exploitants agricoles, qui s’exposent habituellement peu à demander de l’aide, demandent 180 euros, c’est qu’il y a un problème », assure-t-il.
Crise économique et sanitaire, intempéries
La MSA est également présente dans les cellules d’urgence créées dans les préfectures pour répondre à la crise de l’élevage, aux côtés de représentants des chambres d’agriculture, centres de gestion, banques, et de l’administration fiscale. Selon M. Cormery, une conjonction de facteurs fait que « les mois de septembre et octobre peuvent être à haut risque pour le monde agricole ». A la crise économique et sanitaire (fièvre catarrhale ovine et grippe aviaire) s’ajoutent aujourd’hui les intempéries qui ont encore plus fragilisé ceux qui l’étaient déjà et touché des professions qui ne l’étaient pas encore, comme les maraîchers.
30 millions d’euros/an d’aides d’urgence
La MSA a prévu un budget de 60 millions d’euros de prise en charge de cotisations pour l’année 2016, une somme financée sur le budget de la sécurité sociale. Le contrat d’objectif signé avec l’État pour 2016-2020 prévoit pour ces aides d’urgence un budget de 30 millions d’euros par an, dont 15 millions pour la MSA et 15 autres millions venant du ministère de l’Agriculture. Cependant, pour M. Cormery, « les mesures sociales ne peuvent pas compenser de manière intégrale des pertes économiques ». « Il faut peut-être que la profession ait une réflexion sur une assurance revenu ou une assurance récolte. Cela mettrait moins la pression à la MSA face aux difficultés économiques », assure-t-il.
Travailleurs agricoles et pesticides : la publication d’un rapport de l’Anses reportée
La publication d’un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides, prévue en juin après une présentation aux ministères de tutelle en mai, a été reportée, provoquant la colère des associations. « En tant que parties prenantes, nous avons été conviés à deux reprises, le 1er juin et le 22 juin, à une restitution de ces travaux, mais ces rendez-vous ont été annulés et nous nous interrogeons sur les raisons de ce report », a indiqué à l’AFP Nadine Lauverjat de Générations futures. « Le rapport contient-il des données sensibles que les pouvoirs publics ne veulent pas mettre entre les mains des parties prenantes, comme les ONG environnementales, les associations de victimes ou les médecins », s’interrogent dans un communiqué Générations futures, Phyto-victimes, le réseau Alerte des médecins sur les pesticides (AMLP) et WECF.
Une question de procédure
Interrogé par l’AFP, le tout nouveau directeur de l’Anses, Roger Genet, a confirmé le report en mettant en avant une question de procédure et s’est engagé à ce que la publication ait lieu « le plus tôt possible ». « Une note de commentaire rédigée par deux experts du groupe de travail est arrivée après la finalisation du report mais avant sa publication« , a-t-il expliqué. « Comment intégrer cette note, qui est un élément complémentaire mais ne change pas le rapport sur le fond », s’interroge t-il, en mettant en avant son attachement à « une traçabilité totale de tous les avis d’experts« . Ne pas tenir compte de cette note sous prétexte qu’elle est arrivée hors délai n’est pas souhaitable, selon Roger Genet, « pour garantir l’intégrité, l’indépendance et la qualité du travail de l’agence ».
De nouvelles recommandations attendues
« C’est une situation inédite et nous avons décidé de saisir notre comité de déontologie pour savoir comment nous pouvions procéder dans un tel cas », a-t-il ajouté. « Je ne veux pas prendre le risque de voir quatre ans de travail remis en cause », a-t-il insisté. Pour le comité de déontologie, qui vient juste d’être renouvelé, cette question sera « leur premier chantier« , assure le directeur de l’Agence, en espérant que ce soit « une affaire de quelques semaines ». Ce rapport de l’Anses sur l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides est le résultat d’une auto-saisine en 2011 qui doit produire de nouvelles recommandations. En 2013, une revue des études publiées réalisée par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a conclu à une « présomption forte » de lien entre la fréquence de certaines maladies (lymphomes non-hodgkiniens, myélomes multiples, maladie de Parkinson) chez certains professionnels (agriculteurs ou fabricants) et la manipulation de pesticides. Depuis 2012, la maladie de Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs
lien 1/-http://www.msa.fr/lfr/solidarite/prevention-suicide
source/http://www.midilibre.fr/2016/06/22/les-agriculteurs-n-en-peuvent-plus,1353913.php


