791 – Le journal positivé…

 

téléchargement [640x480]C’était il y a quelques jours, après la messe d’ensevelissement d’un parent âgé, au moment de la petite agape. Comme toujours, dans ces cas-là, on parle du défunt, on se rappelle des bons moments passés en sa compagnie. On regrette, on se culpabilise même de ne l’avoir plus trop côtoyé, surtout les derniers temps. On finit par ramener le tout à soi, à sa propre fin et au fait que, l’âge venant, dans la famille, on ne se voit bientôt plus que pour ce genre de circonstances, ce qui est fort dommageable…

Nous en étions à cette étape d’une discussion tripartite, lorsque l’un des intervenants, homme d’âge mûr, se mit à parler du suicide. Il était effaré par le nombre de Valaisans, généralement jeunes, qui décident d’en finir avec la vie ou tentent d’y parvenir, heureusement, pas toujours avec succès.

Rappelant sa jeunesse, il affirmait qu’autrefois, étant plus forts dans leur corps, les jeunes étaient également plus forts dans leur tête. La journée d’école, d’études ou de formation professionnelle terminée, on devait aller à la vigne, au verger ou travailler la campagne. C’était dur, disait-il. On passait moins de temps  à se regarder le nombril. On n’avait pas tout,  tout de suite. On était moins capricieux. Tout n’étant pas dû, les « petits plus » se méritaient. On percevait mieux la valeur des choses, en particulier l’importance du travail. On relativisait davantage. Les petites frustrations ne prenaient pas les proportions d’aujourd’hui.

Le deuxième intervenant, fraîchement retraité, y alla également de son couplet. Pour lui, la faute incombait indubitablement aux réseaux sociaux et à l’évolution trop rapide de la technologie et de la société en général. Il prétendait avoir vécu une jeunesse bien plus facile à supporter, beaucoup moins stressante qu’aujourd’hui et, si c’était à refaire, n’échangerait pour rien au monde celle du passé contre celle du présent. Les pressions médiatiques sont énormes et souvent insupportables, clamait-il. Il y ajoutait son incompréhension des personnes qui, sur la toile, dévoilent tout de leur vie privée, tendant ainsi le couteau par le manche à ceux qui vont les mutiler.

Et toi, l’instituteur, me lança  soudain l’un d’eux, t’en penses quoi ?

Je pense que vous avez tous deux en partie raison, bien que je vous trouve un peu trop catégoriques. Peut-on généraliser ? Chaque suicide est une histoire, le drame d’une vie particulière, privée, probablement unique. Les enfants que j’ai en classe sont tous différents, avec, parfois, un vécu familial traumatisant que bien des adultes auraient de la peine à assumer. Il est primordial que nous, qui avons la chance d’avoir une vie agréable et équilibrée, y soyons plus attentifs. A nous de déceler les signes précurseurs du mal de vivre de notre entourage. A nous de modérer parfois nos paroles et nos attitudes dont on ne perçoit pas toujours le ressenti et l’impact. Ce serait déjà un pas, bien que cela ne résolve pas tout.

Personnellement, je crois que la morosité ambiante est très anxiogène, donc déstabilisante. De nombreuses personnes ont une sûreté apparente qui n’est qu’une façade et qui cache un monde d’incertitudes et de doutes. Si l’on pouvait mettre en avant d’abord ce qui va bien, promouvoir en priorité les sommes de beau que l’être humain est capable de produire, plutôt que de s’épancher sur tout ce qui est négatif, il me semble que cela irait déjà beaucoup mieux.

J’imagine un Téléjournal, juste après le 19h30, qui ne montrerait que de belles et bonnes nouvelles.

On l’appellerait le « Journal Optimisé » ou le « Journal Positivé 

source/http://1dex.ch/2016/05/le-journal-positive/#.V0SBteRr-mw