05.04.2016
| Richard Mills
Ahead of the Herd |
Les océans recouvrent 70% de notre planète – et 98% de l’eau disponible à la surface de la Terre se trouve dans les océans. Ce qui fait que 98% de l’eau dont nous disposons ne peut être bue ou utilisée pour irriguer les terres agricoles.
L’eau douce ne représente que 2% des réserves d’eau dont nous disposons sur la Terre.
La vaste majorité de ces réserves d’eau douce est gelée et prise au piège dans les calottes glaciaires, ainsi que la nappe glaciaire et les glaciers du Groenland. Une fois que cette glace fond, elle se trouve contaminée par l’eau de mer, soit en s’écoulant directement dans les océans, soit en se jetant dans un océan via un ruisseau ou une rivière.
Les réserves d’eau douce disponibles, ou 0,36% de l’eau disponible sur Terre, se trouve en souterrain dans des puits et des aquifères, et à la surface de la Terre dans les lacs et les rivières.
Lorsque les glaciers auront fondu et auront cessé d’exister, un grand nombre de lacs ne seront plus composés que de neige fondue – écoulements – et d’eaux de pluie. Leur alimentation ne dépendra plus que des précipitations, ce qui pour les climats les plus chauds n’est ni efficace ni durable.
« Dans de nombreuses régions du monde, et notamment dans les régions les plus sèches, il y a bien plus d’eau utilisée que d’eau disponible sur une base annuelle et renouvelable. Les précipitations, les fontes de neige et les rivières ne suffisent plus à alimenter la demande des sociétés en or. Parce que l’écart entre l’offre et la demande est souvent couvert grâce à des eaux de surface non-renouvelables, notamment en période de sècheresse, les plus gros aquifères seront vides d’ici quelques décennies. Le mythe des réserves d’eau illimitées qui a prévalu jusqu’à aujourd’hui doit prendre fin » – James Famiglietti, hydrologue au laboratoire Jet Propulsion de la NASA, dans Nature Climate Change.
Les aquifères d’eau douce sont aujourd’hui l’une des ressources naturelles les plus importantes du monde. Mais ces dernières décennies, le rythme auquel nous les utilisons a plus que doublé. Ces réservoirs souterrains sont essentiels à la vie sur notre planète. Ils alimentent les rivières, les marécages et les écosystèmes, et résistent à l’affaissement des terrains et à l’intrusion d’eau salée.
GRACE
L’expérience de la NASA, baptisée Gravity Recovery and Climate Experiment (GRACE), enregistre à l’aide de satellites les anomalies gravitationnelles de la Terre liées à l’évolution des réserves d’eau disponibles.
Des hydrologues ont combiné les informations relevées par GRACE à l’humidité des sols et à d’autres données diverses pour isoler les évolutions en matière de réserves d’eau souterraines. Ils ont établi un rapport de contrainte qui compare la vitesse de déclin des réserves souterraines à la durée nécessaire au réapprovisionnement des aquifères. Sur les 37 aquifères étudiés, 16 présentent des tendances positives, et 21 présentent des tendances de déclin.
21 des 37 plus gros aquifères du monde perdent plus d’eau qu’ils n’en gagnent.
Comptent parmi eux :
- Le système aquifère arabe, qui alimente l’Arabie Saoudite, la Syrie, l’Irak et el Yémen
- Le bassin du Murzuk-Djado, au nord de l’Afrique
- Le bassin Indus, qui alimente l’Inde et le Pakistan
- Le système aquifère de la vallée centrale, en Californie
Une majorité des aquifères qui présentent une tendance positive sont situés dans des régions couvertes de forêts et dans lesquelles il pleut beaucoup. Mais une majorité des aquifères soumis à une forte hausse de stress sont situés dans des régions de pâturages et de terres agricoles.
Sur les 21 aquifères dont les réserves en eau diminuent, huit sont soumis à un niveau de stress excessif et ne sont quasiment pas alimentés par des apports naturels, et cinq enregistrent des apports minimes.
- Le système aquifère arabe est une source d’eau importante pour plus de 60 millions de personnes, et est le bassin aquifère le plus compromis au monde.
- Le basin Indus, au nord-ouest de l’Inde et au Pakistan, est le deuxième aquifère le plus menacé.
- Il est suivi du Murzuk-Djado, au nord de l’Afrique,
- et du système aquifère de la vallée centrale, en Californie, largement utilisé pour l’irrigation.
Pour beaucoup, une planète sans eau douce
Nous sommes aujourd’hui 7,3 milliards de personnes à nous partager les ressources en eau de notre planète. D’ici à 2050, les Nations-Unies s’attendent à ce que la population du monde atteigne 9,7 milliards de personnes. En 2050, il faudra peut-être 50% d’eau supplémentaire pour nourrir toutes les bouches.
A l’heure actuelle, un milliard de personnes se couchent tous les soirs avec le ventre vide.
Dans les pays en développement, environ un enfant sur 15 meurt avant l’âge de cinq ans, généralement pour des raisons alimentaires. Quelqu’un meurt de faim quelque part dans le monde toutes les 3,6 secondes – et majoritairement des enfants de moins de cinq ans.
90% de la croissance de la population attendue d’ici à 2050 devrait être enregistrée dans les pays en développement.
Cela signifie que des centaines de millions de personnes supplémentaires souffriront des pénuries de ressources essentielles à leur survie – eau, nourriture et vêtements.
Conclusion
La vie humaine, sur notre planète, dépend de nos réserves d’eau douce.
Une majorité des aquifères indiens, comme l’aquifère de la plaine de la Chine du Nord, sont renouvelables. Lorsqu’ils se vident, le taux maximum d’extraction est automatiquement réduit pour correspondre au taux de remplissage.
Pour les aquifères fossiles tels que l’aquifère Ogallala, aux Etats-Unis ou l’aquifère saoudien, un épuisement force l’arrêt de toute activité d’extraction.
Les scientifiques ne savent pas quelles quantités d’eau sont encore disponibles dans les aquifères du monde – ils peuvent discerner des tendances mais ne peuvent pas déterminer les volumes existants.
Nous avons besoin d’efforts coordonnés pour déterminer quelles quantités d’eau il nous reste, quelles quantités nous pouvons utiliser chaque année et de voir mis en place un plan d’action global.
C’est du travail.
Mais les conséquences d’une indisponibilité d’eau douce pour un pourcentage majeur de la population mondiale et la possibilité d’un monde sans eau douce devraient tous nous inquiéter. C’est quelque chose que je suis de près, et vous ?



