557 – L’appartenance ethnique, au fondement des sociétés

2016.03.28 ETHNIE2016.03.28 ETHNIE

L’ethnicisation de la société française,

ou le paradoxe de l’individualisme exacerbé

Cédric Bellanger, essayiste

♦ La conception française de la nation a longtemps mis sous le boisseau la question ethnique. L’idée d’une citoyenneté contractuelle, résultant d’une adhésion individuelle active, a relégué au rang des antiquités l’idée de communautés organiques à fondement ethnique, censées se dissoudre dans une modernité individualisante et émancipatrice.

L’appartenance ethnique, dans une perspective très évolutionniste, a ainsi pu passer pour un sentiment transitoire, censé s’effacer devant l’avènement d’une civilisation mondiale cosmopolite.


L’effacement de l’ethnique

Il est vrai qu’un survol de l’histoire contemporaine de la France accrédite l’idée d’un effacement de l’ethnique. Les mutations sourdes mais profondes ayant affecté la société française moderne ont mis à mal le maintien du référent ethnique. L’urbanisation a affaibli le rapport à la terre, qui est à la fois terre nourricière et terre des ancêtres ; sa traduction paysagère et géographique, le développement d’espaces périurbains toujours plus vastes, impersonnels, froids et uniformisés, défait quant à elle le lien affectif au terroir. Le salariat et l’Etat-providence se sont développés de façon concomitante ; avec eux furent mis en cause le lien à la famille et donc à la communauté, qui est devenue élective et affective, mais qui a perdu de son caractère de nécessité et par là sa force d’organisation sociale.

Ainsi délié, l’Homme moderne se pense en dehors des catégories de l’ethnique, devenues inopérantes. Les Lumières et leurs prolongements, qui se déploient parallèlement aux mutations que nous venons d’esquisser, accompagnent, approfondissent et justifient le mouvement : leur anthropologie réduite à l’individuel, et leur téléologie tendant à l’universel, ne laissent aucune place au fait ethnique. L’affirmation de l’État républicain a parachevé le processus en substituant la Nation – ou plutôt, une conception de plus en plus abstraite de celle-ci – aux communautés organiques : l’uniformisation de la langue et du droit, l’unification du marché et du territoire ont réduit les identités locales à un folklore festif et inoffensif. La mondialisation – dans son triple aspect technique, juridique et économique – agit aujourd’hui dans le même sens, mais à l’échelle globale.

Le glas en même temps que le triomphe

Ces pistes, sommairement évoquées, mériteraient de plus amples développements. Elles dessinent une réalité que nous ne contestons pas, ni ne critiquons en soi – l’Histoire est ce qui est advenu, pas ce qui aurait dû être. Dénoncer, déplorer, se lamenter n’est donc pas notre objectif ; nous souhaitons plutôt montrer que ce cycle historique, qui a défait l’appartenance ethnique comme réalité mais aussi comme représentation, touche aujourd’hui à sa fin – qu’il s’épuise, ayant atteint, en somme, le développement à partir duquel une tendance historiale, après avoir développé ses potentialités, se retourne contre elle-même, soit qu’elle se heurte à un obstacle irréductible, soit qu’au contraire, n’ayant plus rien à combattre, elle perde sa raison d’être et, partant, sa dynamique. L’idéal moderne du pur individu nous semble en être à ce stade de sa carrière : sa célébration, bruyante et frénétique, en sonne le glas en même temps que le triomphe.

Le glas en même temps que le triomphe, le fait est perceptible dans de nombreux domaines. Ce sont avant tout les minorités qui mettent en avant leur appartenance ethnique : lieux de sociabilité et commerces communautaires au sein de quartiers dits « ghettoïsés », langue saturée d’emprunts lexicaux et idiomatiques étrangers, prescriptions alimentaires et, plus généralement, modes de vie de plus en plus différenciés – tout cela en atteste. On l’observe aussi en négatif : les assaillants du 13 novembre savaient très bien qu’en visant un concert de metal et des terrasses de café, ils frapperaient une écrasante majorité de non-musulmans. On l’observe, enfin et surtout, dans la tendance spontanée à désigner un « nous » cohérent et exclusif : ainsi, « un Français » désigne implicitement, chez les Français d’origine extra-européenne, un Français ethnique (la très pudique expression « de souche » est pourtant répudiée par les principaux intéressés).

Renaissance des identités

La tendance est moins nette, mais non inexistante, chez les populations françaises autochtones. L’inertie idéologique est forte, sans cesse entretenue par un puissant discours déconstructiviste qui épargne les minorités : seule la culture de l’Autre, non suspecte de « racisme », peut être valorisée – les déconstructeurs ne mènent qu’un chantier à la fois, sans doute parce qu’ils se savent trop faibles pour tous les conduire simultanément. En s’attaquant aux sentiments identitaires de la seule majorité, ils laissent la porte ouverte à leur résurgence, dans la mesure où l’affirmation des identités minoritaires peut agir comme un puissant ferment réactif et défensif – l’opposition à l’autre étant le versant négatif et extérieur de toute identité positive et intérieure.

Ainsi, les populations autochtones, disions-nous, semblent malgré tout redécouvrir un ersatz de conscience ethnique, ne serait-ce que parce qu’elles sont désormais de plus en plus désignées elles-mêmes comme un groupe ethnique parmi d’autres. Des habitudes de vie autrefois perçues comme anodines se trouvent aujourd’hui chargées d’une valeur intrinsèque distinctive : alors qu’il y a peu un apéro saucisson-pinard identitaire était perçu comme une infâme provocation islamophobe, les attentats de 2015 ont fait de chaque « bobo », à son corps défendant, un défenseur objectif de l’esprit gaulois, fait d’irrévérence et de ripailles ; c’est en fait toute la sociabilité « gauloise » qui est un « apéro saucisson-pinard ».

D’autres exemples peuvent être mentionnés, d’autant plus révélateurs qu’ils sont triviaux, spontanés et largement inconscients. Il est facile de railler comme « folklorique », kitsch ou désuète la tendance patrimoniale qui se traduit par le goût de la généalogie, des fêtes dites médiévales, des produits du terroir ou des villages « de caractère » ; mais comment ne pas y voir un désir ardent de renouer avec un ancrage identitaire profond ? Évincé de l’École, de la presse et des débats politiques, le sentiment d’appartenance ethnique se manifeste où il peut, c’est-à-dire à la marge ; il affleure comme les herbes folles qui percent le bitume.

L’identité ethnique se préserve des agents dissolvants de la modernité en investissant des citadelles reculées. Dans le cinéma, la littérature ou les jeux vidéos, la mode de l’heroic fantasy ne se dément pas ; les univers pseudo-médiévaux qu’elle met en scène, où des personnages héroïques issus de grandes lignées, mus par des valeurs d’honneur, affrontent des puissances surnaturelles, au sein d’un monde pré-industriel hiérarchisé en castes et divisé en races, que sont-ils sinon des refuges ? Refuges au sein desquels se reconstitue un monde traditionnel, miroir inversé du monde moderne, qui offre au lecteur, au joueur ou au spectateur un échappatoire illusoire mais apaisant, qui peut aussi être dans le meilleur des cas – avec Tolkien par exemple, ou encore l’Excalibur de Boorman – un conservatoire des traditions et de la haute culture.

La nouvelle identité ethnique est un acte volontaire et réactif

Cette ré-ethnicisation des consciences n’est pourtant pas un pur retour à ce qui fut. Se sentir Français, Basque ou Provençal était un jadis, une évidence non questionnée, une attitude routinière et conformiste. C’était une inscription naturelle dans un temps et dans une géographie, d’autant plus forte qu’elle n’avait pas besoin d’être pensée, formulée ou affirmée. Au contraire, la nouvelle identité ethnique est un acte volontaire et réactif, fruit d’une adhésion individuelle : en cela, il ne s’agit pas d’un simple retour à la tradition, mais d’une réinterprétation personnelle et actuelle d’un héritage lointain et éparpillé qu’il s’agit de rassembler, d’agencer et d’orienter.

La ré-ethnicisation de la société française est donc le produit paradoxal de la modernité. L’individu libre et rationnel, conscient de la relativité des choses humaines et de la diversité des cultures, découvre en s’émancipant la vacuité et la froideur du monde dépouillé des oripeaux de la tradition ; cette découverte effrayante – c’est le XXe siècle ! – le conduit naturellement à voir dans la modernité une aporie, et donc à se réinventer une tradition particulière (c’est-à-dire, en pratique, une identité ethnique) à partir des strates profondes laissées par le passé et souvent préservées sous forme folklorique et muséifiée. Or, cette identité ethnique qui ré-émerge est d’autant plus forte qu’elle est le fruit d’un acte conscient, d’une démarche volontariste mais aussi rationnelle, car le sujet moderne ne se contente pas de croire : il lui faut aussi comprendre, étayer et organiser sa pensée de façon cohérente. L’homme traditionnel possédait une identité forte mais sereine ; l’Homme post-moderne, à l’identité fragile et incertaine, a quant à lui le zèle des convertis. Nous retrouvons, en somme, le même type de mutation qui a abouti à la Réforme (redécouverte et réinterprétation d’une tradition aboutissant à une création originale mais ancrée dans le passé). Telle est pour nous la dynamique de la modernité.

Ainsi, loin d’en déduire comme certains que le renouveau du sentiment ethnique en France est une démarche parodique, artificielle et par là vouée à l’échec, nous pensons qu’il s’agit d’une tendance lourde et sans doute inéluctable, car elle ne s’inscrit pas dans une démarche réactive et réactionnaire : elle est au contraire le fruit de la modernité, qu’elle dépasse et prolonge dialectiquement.

Cédric Bellanger
23/03/2016L’ethnicisation de la société française, ou le paradoxe de l’individualisme exacerbé


 

SOURCE/http://www.polemia.com/lethnicisation-de-la-societe-francaise-ou-le-paradoxe-de-lindividualisme-exacerbe/?utm_source=La+Lettre+de+Pol%C3%A9mia&utm_campaign=247dea7b32-lettre_de_polemia&utm_medium=email&utm_term=0_e536e3990e-247dea7b32-75085333


 

L’appartenance ethnique, au fondement des sociétés

 

Chaque société a ses tabous, surtout quand elle ne prétend pas en avoir. L’Occident hypermoderne a fort logiquement prohibé l’évocation de la question ethnique, qui est le démenti de son paradigme central, le triptyque rationalisme-individualisme-universalisme.

Pourtant, la vigueur, osons dire l’hystérie, qui anime les gardiens dudit tabou indique la fébrilité des Occidentaux face à une réalité qu’aucune formule magique, qu’aucun volontarisme ne parviennent à éradiquer.

Au fond, les simulacres de débats sur les questions dites de société comme la laïcité ou la délinquance ne sont que de longues et pénibles périphrases qui n’évoquent, tout le monde le sait, que la question ethnique, mais sans jamais prononcer le mot honni. L’admettre, même tacitement, c’est déjà reconnaître la nature et, partant, l’origine du problème.


Intellectuels, experts, spécialistes ou publicistes tournent autour du pot, effleurent la question et au dernier moment se ravisent, y compris les plus lucides. De temps à autres, un téméraire ou un naïf propos

e une connexion, une causalité, qui peuvent prendre le nom d’islam ou d’immigration, pour se voir rétorquer les mots magiques : « amalgame », «stigmatisation». C’est ainsi que se prolongent indéfiniment les palabres républicaines.

Les tabous, s’ils ont souvent leur utilité et leur raison d’être, voient parfois leurs fondements tellement sapés par la marche du Monde qu’ils deviennent un facteur de blocage potentiellement mortifère. Cette tendance à s’accrocher à des tabous obsolètes, à laquelle aucune civilisation ne peut prétendre se soustraire, s’explique aisément par la nécessité qu’ont les sociétés à élaborer un récit cohérent de leur devenir.

Chaque société se pense en effet dans un champ relativement clos. La formulation d’une vision du monde, si complexe soit-elle, implique nécessairement la négation d’une portion de réel – ainsi, le marxisme a pu nier l’autonomie du religieux ou du culturel, vus comme simples reflets d’un ordre socio-économique. Le monde est trop complexe pour être embrassé totalement ; aussi, lorsque nous le pensons, nous trions, rejetons puis nions l’existence des éléments entrant en contradiction avec nos représentations. Bref, penser le monde, c’est, par le biais d’une narration linéaire et souvent unidimensionnelle, évacuer une part plus ou moins importante de ses composantes pour le rendre intelligible et par conséquent vivable.

Indépassable limite de l’intelligence humaine !

En cela, l’hyper-modernité occidentale ne déroge pas au schéma d’ensemble.

Son moteur – le couple rationalisation/individualisation – suppose la négation de ce qui l’entrave : pas tant l’existence de groupes (la société au sens de Tönnies est avant tout perçue comme une association libre d’individus indépendants) que la survivance de communautés organiques, non choisies, qui s’imposent à l’individu car elles le précèdent, le déterminent et le perpétuent.

L’individu-maillon communautaire n’a pas sa place dans la grande mythologie hyper-moderne, qui porte aux nues l’individu émancipé de tous les déterminismes, à l’identité rhizome, dont l’horizon ne peut être qu’universel. Or, à l’épreuve des vicissitudes de l’histoire, la résilience de telles communautés, essentiellement définies sur des critères ethniques, nous paraît incontestable : des éléments structurels l’expliquent.

1/ L’ethnie, dans son principe comme dans sa réalité, ne se choisit pas et donc ne se défait pas.
On peut adhérer à un système de croyances ou de représentations, puis s’en détacher. Il peut alors ne rester aucune trace de cette adhésion ; l’individu ne s’en trouve pas ontologiquement affecté, et l’adhésion audit système de représentations n’aura été qu’un moment, achevé et non structurant, dans l’existence longitudinale de l’individu. Au contraire, l’identité ethnique, qui est factuellement un lien de filiation, peut être défaite en pensée mais pas effacée irrémédiablement. Un individu peut bien nier radicalement son identité ethnique, la potentialité d’un retour à celle-ci demeure toujours possible. Aucun cliquet ne rend impensable sa résurgence.

2/ L’ethnie est également prégnante car elle résiste aux mutations idéologiques. Elle n’obéit pas, contrairement aux religions et idéologies, à un régime de vérité : une foi ou une théorie peuvent tomber en déshérence, pas une filiation qui contient en elle toute sa vérité. Ainsi, elle survit au temps court de l’histoire, aux idéologies, aux utopies : soixante-dix ans de communisme n’ont pas éteint l’âme russe, et en soixante ans, c’est la Chine qui a absorbé le maoïsme – le retour à Confucius ou à l’orthodoxie (qui est un christianisme national à forte valeur identitaire) en témoignent.
Presque immobile du point de vue des sociétés historiques, l’appartenance ethnique est le seul ferment identitaire qui ne peut s’épuiser tant que le peuple vit biologiquement.

3/ C’est que l’ethnie correspond à un ensemble complet de référents qui intègre le corps et l’esprit : loin de se limiter à une noosphère éthérée, elle se lit sur la peau, sur le visage, dans l’ADN – autant de traces indélébiles qui, à défaut d’être structurantes en elles-mêmes (le sait-on vraiment ? peu importe) peuvent toujours être réactivées comme un signe incontestable et fixe (à notre échelle temporelle) d’appartenance. On observe la puissance de ce référent visuel qu’est le phénotype dans la tendance à l’ethnogenèse des minorités noires issues de l’esclavage dans le Nouveau Monde, coupées de leurs racines culturelles (langues, religions, systèmes de parenté…) mais qui re-forment un groupe ethnique (et pas seulement racial) par une appropriation détournée des codes sociaux majoritaires. D’où leur propension à se tourner vers une religion tout aussi minoritaire, comme l’illustre le succès des Églises évangéliques – voire d’un l’islam racialisé – chez les populations noires d’Amérique et des Antilles. Ici, la race (disons, le phénotype) va de pair avec l’ethnicisation, processus auquel le religieux semble soumis (car sur le fond, rien ne justifie, d’un point de vue théologique, l’existence de communautés religieuses « noires »).

4/ Aussi, l’appartenance ethnique conserve sa primauté car elle repose sur des liens de sociabilité plus solides que les autres, ayant pour cadre la famille (rappelons que l’appartenance ethnique est avant tout un fait de filiation). Les liens familiaux – parenté large ou étroite – ont comme force de ne pas relever d’un choix. On ne change pas de famille comme de parti. La famille est en outre une structure au fonctionnement relativement consensuel, dont l’organisation tend à atténuer la conflictualité inhérente aux relations sociales, ce qui la rend plus solide et durable. Bref, tant que la famille, sous des formes variées, reste la cellule de base de l’existence d’un peuple, l’identité ethnique n’est pas irrévocablement menacée, et peut toujours ressurgir.

5/ Enfin, on devine un trait commun aux quatre points évoqués, qui les explique, les résume et leur donne toute leur perspective : l’appartenance ethnique est prégnante, incroyablement résiliente, car elle se situe dans le domaine de l’immanence. Elle ne se définit pas donc ne se contredit pas ; en deçà et au-delà de l’intellectualité, elle ne peut être réfutée sur la base d’arguments rationnels. Les origines des peuples se dérobent à la connaissance scientifique ; il est donc parfaitement vain d’en railler le caractère mythique. Cette absence de définition notionnelle et empirique précise explique la grande plasticité du fait ethnique, qui lui permet de se fondre dans un moule et d’en changer quand celui-ci est brisé : un sentiment ethnique peut se loger dans une idée (nationale, religieuse, politique) jusqu’à paraître dominé par celle-ci, mais presque toujours il lui survivra. La succession des rhétoriques anti-impérialistes des anciennes colonies, tour à tour nationaliste, socialiste ou religieuse, l’illustre de façon implacable.

Par-delà les thématiques a perduré l’expression du particularisme ethnique de groupes qui ne veulent ni ne peuvent être dissous.

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Au final, si nous arrivons à la conclusion que l’appartenance ethnique prime sur les autres, et qu’elle contribue au maintien des solidarités organiques en dépit du processus d’atomisation sociale qui caractérise l’hypermodernité, c’est qu’elle définit un nous cohérent et un eux bien délimité. L’existence d’une frontière entre les deux entités est une nécessité anthropologique absolue ; pour reprendre la métaphore de Régis Debray, cette frontière, qui peut être visible ou invisible, est aux sociétés ce que la peau est au corps : une protection, un filtre et une interface.

L’hypermodernité prétend se passer de cette frontière et de son contenu comme éléments structurant la vie sociale ; un monde d’individus faisant société, harmonieusement, par des choix rationnels libres et consentis en est la finalité. Le spectacle du monde laisse perplexe quant à la réalisation de ce dessein.

Cédric Bellanger
28/02/2016


 

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