12.03.2016
Le candidat controversé à l’investiture fait la course en tête et prend de l’avance sur ces concurrents dans tous les sondages. Difficile, désormais, de ne pas le voir triompher à la convention du parti républicain en juillet.

Mis à jour le 12/03/2016 | 07:13, publié le 12/03/2016 | 07:13
Seul contre tous, Donald Trump s’est hissé en tête de la course à l’investiture républicaine en vue de l’élection présidentielle aux Etats-Unis. Neuf mois après l’annonce de sa candidature depuis la Trump Tower, en plein cœur de Manhattan, le magnat new-yorkais de l’immobilier devenu star de la téléréalité domine désormais le paysage politique.
Si le processus de désignation du candidat républicain doit s’achever en juillet, lors de la convention du « Grand Old Party » (GOP) à Cleveland (Ohio), une victoire de la tornade blonde semble d’ores et déjà crédible, voire inévitable, pour certaines figures du parti, contraintes de se rallier à contre-cœur à cette candidature. Alors que de nouvelles primaires se tiendront samedi 12 mars, à Washington, Donald Trump peut-il être battu ?
Oui, son avance n’est pas (encore) insurmontable
Mathématiquement, Donald Trump n’est pas encore assuré de l’emporter. Pour obtenir l’investiture du parti, il doit, au fil des primaires et causus organisés jusqu’au mois de juin dans tous les Etats américains, obtenir le soutien de 1 237 délégués (sur un total de 2 472). Largement en tête avec 458 voix déjà dans la poche, il devance effectivement Ted Cruz (359 voix), Marco Rubio (151) et John Kasich (54). Cependant, la tendance peut encore s’inverser à l’occasion des primaires à venir, notamment mardi 15 mars.
Lors des primaires qui se sont tenues entre le 1er et le 14 mars, le vote s’est déroulé à la proportionelle, rappelle CNBC – en bref, obtenir 60% des voix garantit 60% des délégués. Mais à partir du 14 mars, les Etats peuvent appliquer la règle suivante : si un candidat obtient plus de 50% des voix, il peut rafler l’intégralité des délégués en jeu dans l’état en question. Cela tombe bien : huit primaires se tiendront le 15 mars dans des Etats-clés comme la Floride (99 délégués), dont Marco Rubio est le sénateur, la Caroline du Nord (72 délégués) ou encore les Etats de l’Illinois (69 délégués) et de l’Ohio (66 délégués), fief de John Kasich.
« Si nous perdons la Floride et l’Ohio, j’ai peur qu’il [Trump] ne devienne imbattable », a toutefois averti le sénateur républicain Lindsey Graham. Et pour cause, ce système peut également creuser l’écart entre Trump et ses concurrents. Les sondages le donnent d’ailleurs vainqueur dans les deux états, en dépit de l’ancrage local de deux de ses rivaux. Cela dit, si quatre candidats restent en lice, l’éparpillement des voix pourrait conduire Donald Trump à la convention républicaine sans les 1 237 délégués nécessaires à son investiture.
Oui, son propre parti pourrait ne pas l’investir
Même s’il obtient le nombre de délégués nécessaires à son investiture, rien n’empêche le parti républicain d’envoyer balader Donald Trump à la dernière minute, à l’occasion de la convention républicaine prévue en juillet. C’est le scénario dit de la « convention contestée ». Comme l’explique le Guardian (en anglais), les règles quant à l’attitude à adopter pour les délégués diffèrent d’Etat en Etat : en bref, tous ne sont pas tenus de voter pour le candidat arrivé en tête dans leur Etat.
Enfin, les délégués peuvent également être appelés à voter sur le déroulement même du vote, poursuit le quotidien britannique. Ils peuvent ainsi changer les règles à leur guise, explique le Guardian, ajoutant encore que 112 délégués indépendants (et donc imprévisibles) seront également conviés.
Non, ses adversaires sont vraiment mal barrés
Donald Trump est vivement contesté au sein du parti républicain, mais le GOP peine à s’accorder sur une alternative. Et pour cause, le principal challenger du milliardaire, le conservateur Ted Cruz, est profondément haï au sein de l’establishment républicains (autrement dit, les ténors du parti). Trois choix s’offrent donc à eux : soutenir Donald Trump à contre-cœur, façon Chris Christie ; faire barrage à Donald Trump en soutenant Ted Cruz, là aussi sans conviction, façon Carly Fiorina, ex-candidate aux primaires ; militer d’arrache-pied contre Trump, en soutenant coûte que coûte Marco Rubio et John Kasich, façon Mitt Romney.
Mal en point, des Républicains ont même appelé Paul Ryan à la rescousse, ancien co-listier de Mitt Romney en 2012 et l’un des rares à encore s’opposer clairement à Donald Trump. « Flatté », il a indiqué qu’il ne se lancerait pas dans la course. Autre espoir : une alliance entre les candidats pour faire barrage à Trump. Reste à savoir qui acceptera de sacrifier sa campagne : seuls les résultats des prochaines primaires pourraient en décider.
Profitant des divisions qu’il a lui même exacerbé, Donald Trump entend désormais se poser en rassembleur, rapporte Politico. Lors d’un nouveau débat, jeudi, le favori de la primaire a changé de ton. Finies les attaques à tout va et les polémiques : il a appelé le parti à « s’unifier ». « Soyez intelligents et unis », a-t-il ainsi déclaré en conclusion de ce débat, diffusé sur CNN. « Nous sommes tous dans le même bateau, a-t-il plaidé. Nous allons trouver des solutions, nous allons trouver des réponses. »
En tout cas, ils devront être beaucoup plus agressifs
Eh oui, Donald Trump remporte des électeurs (aussi) parce qu’il remporte des débats. Jeudi soir, il a triomphé haut la main lors de cette dernière confrontation entre les quatre candidats républicains. Non seulement il a arraché le temps de parole le plus important, il est également de moins en moins attaqué par ces adversaires, relève le Huffington Post (en anglais). Même quand les partisans de Donald Trump sont accusés de passer à tabacs des manifestants pendant ses meetings, vidéos à l’appuie, aucun de ces concurrent « n’a le courage » de condamner les faits, explique le site. Trop mous, ses adversaires ? Tétanisés ? Pour les observateurs du parti, ils ont perdu toute crédibilité lorsqu’ils ont tour à tour déclaré qu’ils soutiendraient Donald Trump en cas de victoire de ce dernier.
Oui, Trump peut encore se « trumper »
Et si le principal ennemi de Donald Trump était Donald Trump lui-même ? « Trump est allé jusque-là où aucun candidat n’avait osé aller, c’est-à-dire jusqu’à nous parler de la taille de son penis, explique un éditorialiste du New York Times (en anglais). Un jour, il ira trop loin (si ce n’est pas déjà fait) et nuira au rapport viscéral que ces électeurs entretiennent avec lui. »
Incitation à la violence et violence tout court dans ses meetings, soutien d’une figure du Ku Klux Klan, insultes à l’égard de ces interlocuteurs, provocations, déclarations polémiques suivies de retours sur ces déclarations… Si l’attitude de Donald Trump n’a fait pour l’instant que renforcer sa popularité, le candidat à la Maison Blanche pourrait, en bon « extrémiste », selon l’éditorialiste, finir par franchir la ligne rouge.
Chaos autour d’un meeting de Donald Trump
Du jamais vu aux Etats-Unis pendant une campagne présidentielle ! Le meeting du candidat républicain prévu vendredi soir à Chicago a dû être annulé pour raison de sécurité. Des bagarres ont éclaté entre partisans et opposants du sulfureux milliardaire.

Des fourgons et des policiers à cheval ont été dépêchés sur place. Photo AFP
Des fourgons et des policiers à cheval ont été dépêchés sur place. Photo AFP

Des manifestants anti-Trump ont réussi à se rassembler à l’intérieur du bâtiment où devait avoir lieu la réunion publique. Photo AFP
Le milliardaire Donald Trump a annulé vendredi à la dernière minute un grand meeting à Chicago, qui a été perturbé par des manifestants opposés au candidat républicain à la Maison Blanche.
«Je ne voulais pas qu’il y ait des blessés. J’ai rencontré les forces de l’ordre et je pense que nous avons pris la bonne décision d’annuler», a-t-il expliqué à CNN.
Des manifestants, en majorité noirs et hispaniques, avaient réussi à se rassembler à l’intérieur du bâtiment où devait avoir lieu la réunion publique, et des altercations les ont opposés à des partisans de Donald Trump à l’annonce de l’annulation de l’événement, forçant la sécurité à intervenir pour les séparer.
A l’extérieur, des bousculades ont éclaté à la sortie entre des manifestants et les forces de police.
Plusieurs personnes ont été arrêtées par les policiers. Des fourgons et des policiers à cheval ont été dépêchés sur place.
Les manifestants agitaient des pancartes telles que «Trump = haine» ou «Trump est un bouffon» et beaucoup, membres du mouvement «Black Lives Matter» (Les vies des Noirs comptent,NDLR), étaient venus dénoncer le racisme du candidat.
Tensions aussi à Saint-Louis
Un autre meeting, plus tôt dans la journée à St. Louis, dans le Missouri, avait été interrompu à de nombreuses reprises, comme il est désormais coutumier avec le candidat. 32 personnes y ont été arrêtées, selon la police de St. Louis, dont 28 à l’intérieur de la salle d’opéra où avait lieu le meeting. Toutes sauf cinq ont été relâchées sur place.
Ces scènes font partie intégrante des discours du milliardaire qui, tour à tour, s’en amuse, raille et houspille les perturbateurs. Il a le 1er février enjoint ses partisans à «cogner», promettant de payer leurs frais d’avocat.
«Quand on manifeste il n’y a plus de conséquences, avant il y avait des conséquences», a dit Donald Trump à St. Louis, en disant qu’il fallait que le pays «se durcisse». «Honnêtement, c’est plus amusant que d’écouter un discours, n’est-ce pas?» a-t-il aussi dit, alors que la police procédait à des arrestations.
Hillary Clinton et Bernie Sanders, les deux candidats à l’investiture démocrate, ont dénoncé les incitations à la violence du candidat Trump. «Donald Trump: cautionner la violence contre des manifestants et la presse à vos meetings est une vraie honte», a écrit Hillary Clinton sur Twitter, ou encore « La violence n’a pas sa place en politique ».
Sur le plan politique, le favori de l’investiture a appelé le parti républicain à se rassembler derrière lui, alors qu’une nouvelle personnalité de poids, le neurochirurgien à la retraite et ex-candidat des primaires Ben Carson, s’est ralliée à lui. Donald Trump mène dans la course aux délégués et veut triompher aux primaires de mardi prochain, en coulant à domicile le sénateur Marco Rubio dans son État de Floride, et le gouverneur John Kasich dans l’Ohio. Au total, cinq grands États voteront.
Partisans et opposants à Donald Trump s’invectivent
Primaires républicainesUn meeting à Chicago a dû être annulé par manque de sécurité. Des échauffourées ont éclaté entre partisans et opposants au candidat à l’investiture républicaine.
Un supporter de Donald Trump s’oppose à un manifestant, en marge d’un meeting prévu à Chicago. Des manifestants anti-Trump s’étaient rassemblés, vendredi, face à l’Université où Donald Trump était censé tenir un meeting qui a finalement été annulé. (Image – 11 mars 2016) Image: Reuters
Des échauffourées entre partisans et opposants au milliardaire américain Donald Trump ont conduit à l’annulation vendredi d’un grand meeting à Chicago du candidat à la primaire républicaine pour la présidentielle américaine. Plusieurs personnes ont été arrêtées.
Des manifestants ont réussi à entrer à l’intérieur du bâtiment où devait avoir lieu la réunion publique, et des altercations les ont opposés à des partisans de Donald Trump à l’annonce de l’annulation de l’événement, forçant la sécurité à intervenir.
Après avoir atterri dans la ville, Donald Trump a dit avoir rencontré les forces de l’ordre. Il a «décidé que pour la sécurité des dizaines de milliers de personnes rassemblées dans et autour de la salle, le rassemblement de ce soir sera reporté à une autre date».
A l’extérieur, des bousculades ont éclaté à la sortie à au moins deux endroits entre des manifestants et les forces de police, selon des images aériennes d’une télévision locale. Plusieurs personnes ont été arrêtées par les policiers. Des fourgons et des policiers à cheval ont été dépêchés sur place.
Le pays doit se durcir
Les manifestants agitaient des pancartes telles que «Trump = haine» ou «Trump est un bouffon» et beaucoup, membres du mouvement «Black Lives Matter» (les vies des Noirs comptent, ndlr), étaient venus dénoncer le racisme du candidat. Le gros de la foule semblait toutefois en passe de se disperser.
source/http://www.24heures.ch/faits-divers/Trump-annule-un-meeting-pour-raisons-de-securite-/story/31746713
Trump joue l’apaisement dans un débat sérieux
Primaires républicainesLes 4 candidats ont notamment débattu de politique étrangère dans le calme.
Les quatre candidats républicains à la présidentielle des Etats-Unis de novembre ont laissé les insultes à la porte lors d’un débat inhabituel jeudi. Ils se sont astreint à rester sur le fond de sujets graves comme le conflit israélo-palestinien ou les retraites.
Dans cet environnement apaisé, le sénateur de Floride Marco Rubio a pu faire valoir les qualités, qui lui avaient valu son ascension initiale, avant sa chute en grâce ces dernières semaines: une évidente connaissance des dossiers associée à une éloquence toute télégénique. Il a besoin d’un exploit lors de la primaire en Floride, mardi, une échéance en forme de couperet pour sa candidature à bout de souffle.
Donald Trump avait promis de bien se comporter et a tenu parole, apparemment désireux de projeter une image plus présidentielle. Il n’a pas interrompu ses rivaux de la soirée et débattu calmement, d’une voix posée et presque basse, négligeant même de répliquer à certaines attaques.
Soutien de Carson
Le favori des sondages a lancé un appel aux républicains inquiets de sa personnalité clivante et de son langage incendiaire, alors que les primaires de mardi prochain, dans cinq grands Etats, pourraient sceller son triomphe. «Nous sommes tous dans le même bateau», a-t-il plaidé. «Nous allons trouver des solutions; nous allons trouver des réponses».
Peu avant, le Washington Post et CBS ont affirmé que l’ex-candidat Ben Carson, neurochirurgien à la retraite, se rallierait officiellement à Donald Trump vendredi.
Le ralliement de Ben Carson doperait encore la cote de Donald Trump auprès des conservateurs, le docteur ayant connu une certaine popularité à l’automne dernier auprès des électeurs évangéliques et de ceux en quête d’un candidat «hors système».
Après bientôt six semaines de primaires, Donald Trump, 69 ans, est en tête du nombre de délégués récoltés, avec 461 sur les 1237 requis pour décrocher l’investiture à la convention de Cleveland en juillet, selon le décompte de CNN, devant le sénateur du Texas Ted Cruz (360), Marco Rubio (154) et le gouverneur de l’Ohio, John Kasich (54). (ats/nxp)
(Créé: 11.03.2016, 06h23)
source/http://www.24heures.ch/monde/trump-joue-apaisement-debat-serieux/story/30172625
