476- PRIMAIRES USA – 09.03.2016

 

ÉLECTION USA – Le Super Tuesday a conforté Clinton et Trump comme grands favoris à l’investiture, mais rien n’est encore irréversible. Le fonctionnement des élections américaines est complexe, le processus très long.

[Mis à jour le 9 mars 2016 à 18h49] Mais qui sera donc le prochain président des Etats-Unis ? Ce qui est sûr avant les élections américaines de novembre 2016, c’est que la compétition à l’investiture se durcit. Des millions de citoyens se sont prononcés mardi dernier lors du Super Tuesday, dans 13 Etats, pour désigner qui sera le représentant de chaque camp à la présidentielle 2016. Comme les sondages l’avaient prédit, Donald Trump côté républicain et Hillary Clinton côté démocrate sont largement sortis vainqueurs de cette première vraie bataille électorale d’envergure, leur avance est désormais considérable sur les autres prétendants (voir ci-dessous le cumul des délégués élus dans chaque camp).

A ce stade des primaires américaines, 49 % des électeurs républicains souhaiteraient que Donald Trump soit le prochain chef de l’Etat (contre 16 % pour Marco Rubio, 15 % pour Ted Cruz) ; 55 % des électeurs démocrates souhaiteraient que le pays soit gouverné par Hillary Clinton (contre 38 % pour Bernie Sanders), selon le tout récent sondage de CNN.

L’ancienne secrétaire d’Etat de Barack Obama, Hillary Clinton, est ultra favorite de la bataille démocrate. Elle fait déjà la course en tête et estime qu’elle a enrayé la bonne dynamique créée par Bernie Sanders ces dernière semaines, notamment grâce à ses résultats lors du Super Tuesday. Du côté des républicains, Donald Trump est lui aussi le grand favori à l’investiture. Cependant, le processus n’en est qu’à ses balbutiements : les primaires ne s’achèveront qu’à l’été 2016.

Résultats des élections américaines : les scores des candidats

Tous les prétendants à la Maison Blanche doivent se plier à l’exercice des primaires et des caucus pour être investis par leur parti. Quel que soit le candidat qui sera élu le 8 novembre, sa campagne aura duré plus d’un an et sera marquée par de nombreuses échéances électorales, dont voici l’ensemble des résultats. Les cartes rendent compte du nombre d’Etats remportés par chaque candidat ainsi que les dates des primaires ou caucus. Le tableau permet de visualiser le nombre de délégués obtenus par tous les prétendants à l’investiture. Pour être choisi par les électeurs, le candidat démocrate doit obtenir 2383 délégués, le candidat républicain doit en recueillir 1237.

Résultat des candidats républicains

Résultat des candidats démocrates

Résultats et nombre de délégués obtenus par chaque candidat

Resultats par Etat
Nombre
de délégués

Républicains
Démocrates

Donald Trump

Ted
Cruz

Marco Rubio

John Kasich

Ben Carson

Hillary Clinton

Bernie Sanders
TOTAL
446
347
151
54
8
759
546
Iowa (1er février)
7
Win
8
7
1
3
23
21
New Hamphire (9 février)
Win
11
3
2
4
9
Win
15
Nevada (20 février / 23 février)
Win
14
6
7
1
1
Win
20
15
Caroline du Sud (20 février/ 27 février)
Win
50
Win
39
14
Alabama (1er mars)
Win
28
2
Win
44
9
Alaska (1er mars)
11
Win
12
5
Arkansas (1er mars)
Win
16
14
9
Win
22
10
Colorado (1er mars)
28
Win
38
Géorgie (1er mars)
Win
40
18
14
Win
72
28
Massachusetts (1er mars)

Win
22

4
8
8
Win
46
45
Minnesota (1er mars)
8
13
Win
17
31
Win
46
Oklahoma (1er mars)
13
Win
15
12
17
Win
21
Tennessee (1er mars)
Win
33
16
9
Win
44
23
Texas (1er mars)
48
Win
104
3
Win
147
74
Vermont (1er mars)
Win
8
8
Win
16
Virginie (1er mars)
Win
17
8
16
5
3
Win
62
33
Kansas (5 mars)
9
Win
24
6
1
10
Win
23
Kentucky
(5 mars)
Win
17
15
7
7
Louisiane
(5 mars)
Win
18
18
5
37
14
Maine
(5 / 6 mars)
9
Win
12
2
Nebraska
(5 mars)
10
15
Puerto Rico
(6 mars)
Win
23
Hawaï
(8 mars)
Win
10
6
Idaho
(8 mars)
10
Win
14
Michigan
(8 mars)
Win
25
17
17
57
65
Mississippi
(8 mars)
Win
24
13
29
4

Elections américaines : un fonctionnement complexe

Les primaires. Pour être candidat à l’élection présidentielle américaine, il faut être âgé d’au moins 35 ans, être citoyen américain de naissance et avoir vécu sur le sol des Etats-Unis pendant au moins 14 ans. Il faut ensuite recevoir officiellement l’investiture de l’un des deux partis qui structurent la vie politique américaine, c’est à dire concourir aux primaires démocrate ou républicaine. Pour cela, des votes sont organisés dans chacun des Etats au début de l’année de l’élection présidentielle. C’est dans les Etats de l’Iowa et du New Hampshire que les votes commencent. Sont alors désignés pour chaque parti, des « délégués » qui représentent un candidat et qui voteront officiellement pour la femme ou l’homme à investir lors des conventions nationales. Mais puisque l’on sait par avance le nombre de délégués acquis à la cause de chaque candidat, le nom des investis est généralement connu au mois de mars, bien avant les conventions.

L’élection. Le président des Etats-Unis n’est pas élu au suffrage universel direct, mais par un collège électoral constitué de 538 « grands électeurs », qui eux, sont élus au suffrage universel dans chacun des Etats du pays. Chaque Etat dispose d’un nombre fixé à l’avance de grands électeurs, en fonction de la population qui y réside, mais les plus petits Etats disposent d’un minimum de 3 grands électeurs. L’Etat le plus peuplé du pays, la Californie, désigne lors de ces élections 55 grands électeurs.

L’autre grande singularité des élections présidentielles américaines est qu’elles écartent de manière radicale la proportionnalité des votes. Car – excepté dans le Nebraska et le Maine – dans chaque Etat, toutes les voix sont apportées au candidat arrivé en tête, quelque soit le résultat. Il suffit donc, à titre d’exemple, de rassembler une seule voix de plus que son adversaire dans l’Etat de Californie pour s’assurer le soutien intégral de ses 55 grands électeurs. C’est ce qu’on appelle le système du « winner-takes-all ».

Le système électoral reposant sur la désignation de grands électeurs et sur « le winner-takes-all » crée de fait de grandes disparités entre le nombre de voix obtenues par un candidat de la part des citoyens et le nombre de voix obtenues de la part des grands électeurs. Il se peut qu’un président soit élu avec moins de voix de citoyens que son adversaire, ce fut notamment le cas en 2000 lors de l’élection de George Bush junior.

Les candidats à l’élection présidentielle américaine

La bipolarisation de la vie politique américaine, instituée notamment par le mode de scrutin électoral, exclut de la course les candidats qui ne sont pas investis par le parti démocrate ou par le parti républicain.

Les candidats du parti républicain

– Hillary Clinton (68 ans) : Elle demeure la favorite des sondages depuis qu’elle a annoncé officiellement sa candidature. L’épouse de l’ancien chef d’Etat américain pourrait être la première femme de l’histoire des Etats-Unis à concourir à cette élection avec le soutien d’un grand parti. En 2008, elle avait été battue par Barack Obama. Ce dernier lui a confié durant son premier mandat le Secrétariat d’Etat, c’est à dire la diplomatie américaine – autrement dite la charge du ministère des Affaires étrangères. Si le président actuel n’apportera pas de soutien « automatique » à Hillary Clinton, ne manque jamais de la complimenter. En avril 2015, Barack Obama avait déclaré à son sujet : « Elle a été une formidable candidate en 2008. […] Elle a été une secrétaire d’Etat exceptionnelle. C’est mon amie. Je pense qu’elle ferait une excellente présidente ».

Bernard (Bernie) Sanders (74 ans) : Le sénateur du Vermont croit en ses chances de l’emporter. Electron libre rallié au parti démocrate en 2015, cet homme de 74 ans se présente comme un « socialiste ». Ces derniers mois, il s’est imposé comme le principal rival d’Hillary Clinton grâce à une importante évolution de sa popularité et dans les sondages. Mais cet outsider se confronte à une problème de poids : il manque de soutiens politiques au sein du parti et surtout de financements pour faire campagne dans tous les Etats du pays.

– Martin O’Malley (52 ans) – s’est retiré début 2016 : Ancien maire de Baltimore, il fut de 2007 à 2015 gouverneur du Maryland, Etat qui autorisa sous son mandat le mariage homosexuel et qui abolit la peine de mort. A 52 ans, il faisait office de petit poucet démocrate face à ses concurrents.

Les candidats du parti républicain

Donald Trump (69 ans) : Le multi-milliardiare américain, magnat de l’immobilier, animateur de télévision, a décidé de se lancer dans la course en juin 2015, après avoir hésité en 2012. Impétueux, exalté, il multiplie depuis des mois les sorties aux relents misogynes et xénophobes, n’ayant pas peur de la dépense pour s’offrir « sa » campagne, qu’il axe essentiellement sur les thématiques de la sécurité et de l’immigration. En décembre 2015, il stupéfie jusqu’à son propre camp en annonçant dans un communiqué qu’il empêcherait l’entrée d’immigrés et de touristes musulmans aux Etats-Unis s’il est élu.

Ben Carson (64 ans) : Neurochirurgien de formation, Ben Carson est comme Donald Trump un homme politique qui a longtemps critiqué l’action du parti républicain avant de le rejoindre en novembre 2014. Les sondages le donnent régulièrement dans le trio de tête, malgré une campagne entachée par la révélation par les médias américains de plusieurs mensonges embarrassants sur sa jeunesse et ses diplômes universitaires. Ben Carson est l’un des candidats les plus conservateurs. Il a tenu à plusieurs reprises des propos clairement homophobes, doute de la théorie de l’évolution et s’affirme sans sourciller climato-sceptique.

– Ted Cruz (45 ans) : Sénateur de l’Etat du Texas, soutenu par le très conservateur Tea Party, il dénonce depuis des années la politique économique et sociale de Barack Obama. Les sondages font de lui un vrai prétendant à l’investiture : l’homme, charismatique, parvient à séduire une grande partie de l’électorat républicain, qui se retrouve dans la majorité de ses opinions : l’homme est favorable au port d’armes, à la peine de mort, opposé au mariage homosexuel, et ne cesse d’attaquer les habitudes de la classe politique, qu’il juge trop modérée. Il est par ailleurs un fervent chrétien et assure qu’un bon président américain doit absolument croire en Dieu pour bien gouverner.

Marco Rubio (44 ans) : Associé au mouvement Tea Party, Marco Rubio est sénateur de Floride. Il fut le favori des bookmakers, qui considèraient que sa jeunesse, son tempérament et son talent de communiquant sont des avantages susceptibles de séduire l’électorat conservateur.

Les autres candidats républicains : Se sont aussi lancés dans la course à la primaire républicaine, sans parvenir à décoller dans les sondages : Jeb Bush (gouverneur de Floride), Chris Christie (gouverneur du New Jersey), Carly Fiorina (ex-DG de Hewkett-Packard), Jim Gilmore (gouverneur de la Virginie), Mick Huckabee (gouverneur de l’Arkansas), John Kasich (gouverneur de l’Ohio), Rand Paul (sénateur du Kentucky), Rick Santorum (sénateur de Pennsylvanie).

En vidéo Portrait croisé de Donald Trump et d’Hillary Clinton :

Sondages (derniers chiffres) : les pronostics de l’élection américaine

Qui sera investi candidat démocrate ?

Côté démocrate, Hillary Clinton est en tête des intentions de vote depuis qu’elle a annoncé sa candidature. Elle bénéficie encore d’un confortable matelas d’avance sur Bernie Sanders. Martin O’Malley n’est jamais parvenu à percer dans les sondages. Selon Real Clear Politics, agrégateur de sondages américains très exhaustif, le 29 février 2016, Hillary Clinton recueille 49,6 % des intentions de vote, devant Bernie Sanders (40 %). L’ancienne Secrétaire d’Etat était le 2 décembre 2015 à 57,8 % d’intentions de vote, Bernie Sanders à 30,4 %.

Les sondages donnent encore Hillary Clinton gagnante © Real Clear Politics

Qui sera investi candidat républicain ?

Côté républicain, c’est Donald Trump qui fait la course en tête. Il a même désormais une bonne longueur d’avance sur tous ses adversaires. Le milliardaire a atteint le 29 février 2016 35,6 % d’intentions de vote. Ted Cruz bénéficie d’une dynamique importante ces dernières semaines, lui permettant d’atteindre les 19,8 % d’intentions de vote. Marco Rubio a fait une percée spectaculaire depuis le début des primaires, mais ne parvient pas à réellement décoller. Ben Carson, un temps au coude à coude avec Donald Trump, s’est effondré dans les sondages en fin d’année dernière.

Trump est le favori des sondages © Real Clear Politics

Qui sortirait vainqueur du duel Trump-Clinton ?

Les sondages sont pour le moment nettement favorables à Hillary Clinton, même ceux qui la placent candidate investie des démocrates face à Donald Trump. Mais l’écart s’est réduit ces dernières semaines. Ici, la courbe relevée le 17 février 2016.

Hillary Clinton semble être préférée à Donald Trump © Real Clear Politics

Dates des élections américaines : le calendrier

La campagne des candidats est déjà lancée et le marathon ne prend fin qu’au jour de l’élection : le 8 novembre 2016. Mais avant cela, plusieurs dates structurent la course à la maison blanche.

1er février 2016 : Caucus dans l’Iowa. Il s’agit de réunions publiques au cours desquelles des sympathisants débattent et désignent 99 délégués de comté, qui eux-mêmes éliront des délégués nationaux, chargés de voter lors de la convention nationale du parti.

9 février 2016 : primaires dans l’Etat du New Hampshire. Il s’agit de la première véritable « primaire » de l’année. Les électeurs se déplacent dans leur bureau de vote pour élire directement leur délégué national.

20 février 2016 : primaires en Caroline du Sud (des républicains), caucus dans le Nevada (pour les démocrates)

23 février 2016 : caucus dans le Nevada (pour les républicains)

27 février 2016 : primaires en Caroline du Sud (pour les démocrates)

1er mars 2016 : Super tuesday (« super mardi »), primaires (ou caucus) dans plusieurs Etats le même jour : Alabama, Alaska, Samoa américaines, Arkansas, Colorado, Géorgie, Massachusetts, Minnesota, Oklahoma, Tenessee, Texas, Vermont, Virginie et Wyoming.

Jusqu’à la mi-juin, tous les Etats américains organisent leurs primaires ou caucus (voir carte ci-dessous).

Du 18 au 21 juillet 2016 : convention nationale des républicains

Autour du 25 juillet 2016 : convention nationale des démocrates

Toutes les dates des primaires, Etat par Etat :

Primaires et caucus : comment ça marche ?

Les Etats-Unis ont développé au cours de leur histoire un mécanisme bien spécifique et assez complexe pour élire leur président. Dans un premier temps, chaque Etat organise la désignation du candidat démocrate et du candidat républicain qui ont sa confiance. Pour cela, il existe deux possibilités, soit un caucus, soit des primaires, qui permettent concrètement d’élire des délégués nationaux (qui font campagne pour un candidat républicain ou un candidat démocrate), qui eux-mêmes éliront le candidat officiel du parti lors d’une convention nationale. Primaires et caucus sont organisés de manière indépendante par les démocrates et les républicains. Aux termes de ce processus, qui ne figure pas du tout dans la Constitution américaine, deux candidats sont désignés pour s’affronter en novembre.

En vidéo – Caucus, primaires, c’est quoi la différence ?

Il faut par ailleurs savoir que chaque citoyen américain s’inscrit, sur les listes électorales, comme étant démocrate ou républicain.

Primaires américaines : qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’une élection classique, qui se déroule tout au long de la journée : les citoyens se rendent dans un bureau de vote, choisissent un bulletin de vote pour un candidat (même s’il désigne en réalité les délégués qui le représentent).

Primaires fermées (par défaut) : Seuls les citoyens inscrits sur les listes électorales comme démocrate peuvent voter pour la primaire démocrate. Réciproquement, seuls les citoyens d’obédience républicaine peuvent voter pour la primaire républicaine.

Primaires ouvertes : Un électeur républicain peut voter à la primaire démocrate et vice-versa. En revanche, il ne peut pas voter une seconde fois pour la primaire démocrate (et vice-versa).

Caucus américains, qu’est-ce que c’est ?

Lors d’une journée de caucus, des centaines de réunions de quartier, organisées par les partis, se tiennent dans un Etat. Là encore, le but est de désigner les délégués qui représenteront un candidat lors de la convention nationale du parti, mais pas en se rendant dans un isoloir. Dans un caucus, on discute, on débat, on argumente, pendant près de deux heures. Une fois que les mérites des différents candidats ont bien été exposés à tous, les assemblées votent à mains levées pour des délégués locaux, qui ont la charge d’élire les délégués nationaux lors des conventions de comtés.

Pourquoi le système des primaires et des caucus est-il décrié ?

Le mode de désignation s’étale dans le temps, sur plusieurs mois, selon un calendrier fixé à l’avance. Cela permet aux candidats de poursuivre leur campagne pendant des semaines et de s’adresser plus directement aux électeurs de chaqye Etat. Mais cela introduit également une vraie inégalité de traitement entre les citoyens puisque l’on connaît généralement le nom des gagnants à mi-parcours : dans les Etats qui votent en dernier, les voix ont donc moins d’importances que celles des électeurs des Etats votant en premier.

Donald Trump peut-il gagner l’élection présidentielle américaine ?

Le magnat de l’immobilier est un agitateur outrancier, peu apprécié des cadres des républicains. Il multiplie les sorties médiatiques provocantes, qui suscitent des vagues d’indignation, bien au-delà des frontières de son pays. L’été dernier, il a accusé les Mexicains clandestins d’apporter aux Etats-Unis « la drogue », la « délinquance » et d’être « pour la plupart » des « violeurs ». Quelques semaines plus tard, il taclait le sénateur McCain en affirmant qu’il n’était pas un héros de guerre. En décembre, il a écrit un communiqué pour affirmer qu’une fois élu, il mettrait fin à l’entrée des musulmans dans son pays. Pourtant, le milliardaire demeure populaire auprès de l’électorat conservateur. Il était pris pour un fanstasque clown il y a encore 6 mois, il demeure pourtant très haut dans les sondages.

Donald Trump ne fait donc plus rire les ténors du parti républicain. Tous espéraient que le milliardaire s’effondre dans les sondages, avec cette analyse : les Américains conservateurs feront tout pour que les démocrates perdent, ce qui implique de faire élire à l’issue des primaires un candidat solide, crédible et sérieux. En décembre 2015, le sénateur de Caroline du sud, Lindsay Graham annonçait qu’il se retirait de la course des primaires, regrettant que l’homme d’affaires soit encore favori à l’investiture. « Je crois que Donald Trump est en train de ruiner les chances des Républicains de gagner une élection que nous ne pouvons nous permettre de perdre », avait-il analysé.

Reste que le débat public se cristallise autour de son éventuelle arrivée aux responsabilités. Barack Obama a tenu a mettre en garde les électeurs, tout en affirmant que le milliardaire n’accédera pas à la Maison blanche. « Je persiste à penser que M. Trump ne sera pas président », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse mi-février, lors d’un sommet en Asie du sud-est. « J’ai foi dans le peuple américain. Être président est un métier sérieux. Ce n’est pas animer un talk show, ou une émission de téléréalité. Ce n’est pas de la promotion. Ce n’est pas du marketing. C’est difficile. Et beaucoup de monde compte sur nous pour le faire bien », a-t-il ajouté, regrattant les propos « anti-immigrés » et « anti-musulmans » tenus ces derniers mois.

Si Donald Trump est investi candidat, comment fera-t-il campagne alors qu’il n’a aucun soutien dans l’appareil de son parti ? Lui qui se targue de posséder une fortune de plusieurs milliards a par ailleurs un souci de poids : les lobbyings et les réseaux de donateurs qui font souvent une élection sont très réticents à le soutenir.

Plusieurs observateurs et journalistes amércains prédisent un éclatement à venir du parti républicain à la suite de cette campagne. Cette année, aucun candidat n’est issu de « l’etablishment », des hautes sphères de Washington. En revanche, les candidats novices, anti-systèmes, voire clairement populistes, attirent les électeurs, si l’on en croit les sondages. Si Donald Trump parvient à être intronisé candidat des républicains, c’est tout l’appareil du parti qui pourrait se fracturer.

Donald Trump plus présent qu’Hillary Clinton dans les médias

S’il fallait illustrer à quel point le magnat de l’immobilier marque dès à présent cette campagne électorale, il suffirait peut-être d’obserser l’enquête effectuée par le site The Atlantic sur la représentativité des candidats dans les médias américains. Ce dernier quantifie en temps réel le nombre de sujets – même minimaux – consacrés à tous les prétendants à la Maison Blanche, sur Aljazeera America, Bloomberg, CNBC, CNN, Comedy Central, FOX Business, FOX News, LinkTV, et MSNBC. Résultat : le nom de Donald Trump a été cité à la télévision 93 541 fois lors des 100 derniers jours, celui d’Hillary Clinton seulement 38 000 fois. Jeb Bush, qui semble désormais hors course, a été cité 23 479 fois.

Donald Trump truste les chaînes de télévision – Calcul effectué le 27 janvier 2016 © The Atlantic

Résultat des élections américaines : les chiffres de 2012

En novembre 2012, Barack Obama a été réélu président des Etats-Unis d’Amérique assez facilement, puisqu’il a obtenu 332 voix de grands électeurs. Son adversaire Mitt Romney n’en a recueilli que 206. L’écart est cependant bien plus faible si l’on s’en tient aux voix exprimées par les citoyens : 51,07 % des Américains ont choisi de voter Barack Obama, 47,21 % pour Mitt Romney.

SOURCE / http://www.linternaute.com/actualite/monde/1270466-elections-americaines-2016-date-sondages-resultats-primaires-usa/