En ces temps incertains, la lecture de Triangulation, de Michel Drac, présente le mérite de cerner les sujets clefs qui secouent le monde depuis de nombreuses années. En effet, l’auteur articule ses travaux autour de trois axes :
- le mondialisme,
- le contexte géopolitico – économico -financier
- la stratégie de la tension.
Dans le cadre du mondialisme, l’auteur reconnaît la complexité du sujet et les variantes qui en résultent. Rappelant que « les mondialismes [sont] les faux nez des impérialismes », Michel Drac considère que la substance profonde de l’Empire anglo-saxon, « c’est l’empire de la banque » travaillant à une politique d’expansion coloniale et/ou d’imposition aux autres pays des normes propres à la philosophie de la City de Londres. L’ouvrage décrit avec clarté que l’essence de ce monde repose sur le principe de l’argent-dette. Cette caractéristique permet d’assujettir et de vassaliser une quantité de pays sous la férule de l’oligarchie. Cependant, cette politique est confrontée à des rivaux (Russie, Chine) qui contrecarrent la prédation anglo-saxonne entraînée dans la spirale d’une dette toujours croissante. Les rivalités qui résultent de ces oppositions en faveur d’un contrôle complet des richesses conduisent en particulier les États-Unis à prendre une forme de plus en plus autoritaire afin de conserver le plus grand nombre d’États vassaux. C’est la recherche du maintien de la masse critique propre à tout empire. Cette politique repose sur des codes, des concepts et des valeurs appelés « les religions du mondialisme ». Cette expression permet à l’auteur de citer des influences diverses et agissantes (judaïsme, protestantisme, gnose, franc-maçonnerie, néopaganisme) sans pour autant l’inciter à désigner un acteur bien précis à l’origine du nouvel ordre mondial.
Michel Drac voit de nombreux acteurs s’affronter (États-Unis/Union européenne contre Russie/Chine) dans un contexte où les richesses à se partager se font rares. Or, l’auteur souligne ce point essentiel qui est, pour les intérêts oligarchiques, d’accentuer l’inégalité au sein des sociétés occidentales. La pauvreté croissante permet de limiter la consommation (l’énergie, par exemple) rendant possible une forme de gestion pérenne de la crise par les autorités. Cette crise se caractérise aussi par un euro incompatible aux intérêts économiques français dépendant des desiderata de l’Allemagne soumise à l’oligarchie anglo-américaine. Pour Berlin, « l’Europe fonctionne comme un grand projet politique de substitution », ce qui permet d’envisager une symbiose politico-économique euro/nord-américaine.

