307-Etats Unis – Le collectivisme totalitaire

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Le collectivisme totalitaire – 8-02-2016

Source : Breaking All The Rules, le 26/02/2012

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

“La privatisation des services publics et de leurs fonctions témoigne de l’évolution constante du pouvoir de l’entreprise en quelque chose de politique, qui relève d’un partenariat intégral, voire dominant, avec l’État.”Sheldon S. Wolin

Le totalitarisme inversé et l’État corporatiste

Le déclin de la société traditionnelle, malade en phase terminale, est inévitable. Depuis des décennies, les institutions politiques qui ont favorisé une République fondée sur la liberté individuelle et la responsabilité, cette République n’est plus qu’un vague souvenir. Les défenseurs de tout ce qui fit l’Amérique comme un exemple brillant des libertés humaines sont attaqués et ridiculisés, car attachés à un système moral et éthique construit sur la dignité de chacun. La plupart des gens blâmeront pour cela les politiciens qui ont sciemment aguiché les masses avec leur nouvelle génération de programmes sociaux. Définir les politiciens comme des scélérats méritant la damnation semble naturel ; la source sous-jacente de la décadence qui affecte la culture vient de plusieurs directions.

Les tendances au despotisme sont visibles de tous. La plupart des gens préfèrent y rester aveugles parce qu’accepter cette réalité mortifère requiert un effort proactif. L’idée qu’un seul dictateur s’emparera du pouvoir et dirigera en tyran semble bien loin pour beaucoup de citoyens. Cependant, le flot des nouvelles quotidiennes apporté par les mass-médias corporatistes est construit sur l’absence de vrais reportages et sur l’ignorance de vérités fondamentales ; ce flot de nouvelles insignifiantes se substitue à des événements planétaires accablants.

De fait, la valeur du concept de “totalitarisme inversé”, comme défini par Sheldon S. Wholin, mérite attention.

“C’est toujours de la politique, mais de la politique non déterminée par le politique. Les querelles de partis sont occasionnellement offertes au public. Il y a une rivalité frénétique et continue entre les différentes factions d’un parti, des groupes d’intérêt, une compétition entre le pouvoir capitaliste et les médias rivaux. Et bien sûr, il y a ce moment culminant que sont les élections nationales, quand toute l’attention de la nation est requise pour un choix de personnalités plutôt qu’un choix d’alternatives. Le fait politique est absent et l’engagement pour trouver le bien commun se trouve confronté au tourbillon d’intérêts personnels, bien organisés et tenaces, qui cherchent les faveurs du gouvernement en court-circuitant la démocratie et l’administration publique avec un torrent d’argent.”

Regardez l’interview sur You Tube de Sheldon Wolin pour un résumé de son point de vue.

Pour une étude approfondie des idées de M. Wolin, revoir “Démocratie managériale et le spectre du totalitarisme inversé“. Il pose les questions suivantes :

“Est-ce que la ‘démocratie’ a un avenir à l’âge de la globalisation des réseaux de communication instantanée, et des frontières souples mouvantes ? La notion de démos comme seul corps compact avec une ‘volonté’ et une identité qui persiste dans le temps, est-elle possible ou peut-elle encore rester une notion même cohérente à l’heure des blogueurs politiques ? Y a-t-il de la place pour une politique plus authentique, plus en phase avec le caractère multiple de la réalité ?”

Il définit la démocratie de la façon suivante :

“La démocratie traite des conditions qui donnent la chance aux gens ordinaires de vivre mieux en devenant des êtres politiques et en construisant un pouvoir qui répond à leurs espoirs et besoins. Ce qui est en jeu dans une démocratie politique, c’est que femmes et hommes ordinaires reconnaissent que leurs intérêts sont mieux protégés et étendus dans un régime aux actions gouvernées par les principes de bien commun, d’égalité et de justice, un régime où la vie politique permet le partage de la vie en commun et la satisfaction des besoins de chacun. La démocratie ne signifie pas s’agiter ensemble, mais plutôt de tenir ensemble ces leviers de pouvoir qui affectent immédiatement et de façon significative les conditions de vie des autres et de soi-même.”

Le pouvoir influent des multinationales réduit toute conception idéaliste de la démocratie comme étant la voix du peuple. Le message de propagande déversé par les médias possède une énorme influence. L’économie des grandes firmes dicte les conditions du débat public. Le profane remplace le profond. Dépenser de l’argent conduit à une soif de consommation déraisonné et toxique. Le façonnage de la culture populaire n’est pas seulement censé avilir le public, mais également de normaliser l’acceptation de la banalité. Le dialogue sur la nature de l’homme et sur le rôle d’un gouvernement juste est rejeté et remplacé par une sorte de régime fait de “droits de la dépendance” et de “prestations”.

De Démocratie en perdition : Sheldon Wolin et l’observation détaillée, la citation ci-dessous offre un aperçu de la nature de l’apathie politique conduisant à accepter une culture pathologique dénuée de toute réalité.

« Au sein de l’économie politique qui se fait jour, Wolin distingue un mouvement “anti-politique” fusionnant le pouvoir corporatif et L’État vers Superpuissance – c’est-à-dire, “un pouvoir expansionniste qui n’accepte d’autres limites que celles qu’il se donne lui-même” (p. xvi). A mesure que cette économie politique “postmoderne” tend vers Superpuissance, ceux qui sont aux postes de pouvoir exigent une nouvelle forme de citoyenneté : la citoyenneté impériale. Sheldon Wolin nous rappelle les mots du président américain George W. Bush, dans les instants chargés de tension qui ont suivi le 11 septembre 2001, exhortant les gens à montrer leur civisme par la consommation : “unissez-vous, consommez, et prenez l’avion” (590). Cette préoccupation pastorale du président met en lumière la puissance postmoderne de l’économie politique, telle qu’elle recompose la “culture civique” à l’image d’un plan en deux dimensions, détaché de la structure dynamique d’une Superpuissance absolument souveraine dans sa gestion des affaires mondiales. Le mieux que les citoyens puissent faire est de montrer leur patriotisme en se soumettant à l’autorité des puissances établies sans la moindre manifestation de protestation ou de différence (d’où l’incitation à “s’unir”). Plutôt que de gaspiller inutilement son temps et son énergie à s’inquiéter des changements de la vie quotidienne – des réseaux qui nous lient à nos voisins, proches ou lointains – le citoyen postmoderne affronte la multitude de choix et d’exigences disponibles au Starbucks du coin, tout en faisant dérouler les dernières offres sur eBay, en écoutant de la musique sur son iPod, le tout en attendant que le dernier morceau disponible sur iTunes soit chargé sur son iBook. Avec tant de choses à faire, pourquoi s’inquiéter de ce que nos représentants sont payés à faire ? Voilà ce qu’est le citoyen impérial, selon Superpuissance – un sujet apolitique en roue libre, conduit par l’impulsion télévisuelle à naviguer de la sécurité du foyer à la perpétuelle satiété offerte par les centres commerciaux. “Superpuissance a besoin d’un citoyen impérial, nous dit Wolin, prêt à accepter la relation forcément lointaine entre les intérêts du citoyen et ceux des puissants, qui abandonne avec soulagement son devoir de participation, et fervent patriote.” (565). »

Le citoyen impérial est vraiment un benêt. La puissance souveraine imposant son carcan au citoyen désengagé est la dernière étape d’une escalade vers la servitude librement consentie, résultat final de l’État-corporation.

L’auteur et gourou progressiste, Chris Hedges ajoute son point de vue dans la vidéo “Totalitarisme inversé : la marque Obama et l’État-corporation“.

Le talent de Hedges à mettre en pièces l’État-corporation dans toute son horreur est bien connu. Néanmoins, sa voix claironnante ne trouve aucun écho dans les cercles de pouvoir. L’économie dicte quel marché est disponible à la vente. La publicité est le seul message qu’il soit convenu de croire. Et la limitation des capacités de tout un chacun à penser et agir de façon rationnelle est sous le contrôle du totalitarisme inversé de notre propre création.

Rejeter la faute des malheurs du temps sur des forces extérieures n’est qu’une pétition de principe. Tant que des individus passifs accepteront leur sujétion, les tyrans de la culture dominante saisiront toute occasion de tondre les moutons. Notre existence même justifie la résistance à toute forme de tyrannie qui se présenterait à nous. En dépit de ce droit humain et naturel fondamental, bien des citoyens succombent à ce lavage de cerveau encadrant les aspirations.

Les effrayantes implications de la société totalitaire reposent sur les épaules de chaque individu qui refuse d’affronter le système. Résister à une autorité injuste est votre devoir premier en tant que citoyen. Notre but déclaré est d’abolir l’État-corporation et la gouvernance mondiale qui réduit la planète en esclavage.

Le déphasage entre les progressistes gauchisants et le contexte historique du principe des droits naturels constitue la raison principale pour laquelle les coalitions antisystème échouent. Les rêves partagés doivent devenir une croyance concrète. Tant que les utopistes refuseront d’assimiler les leçons et d’admettre la validité d’une authentique philosophie conservatrice, la tactique du “diviser pour régner” du Nouvel Ordre Mondial perdurera.

L’implosion économique de ces dernières années est indéniable. La consolidation du pouvoir continue parce que le commun des mortels obéit à l’autorité répressive. Malheureusement, l’indifférence à l’égard de la notion de respect vis à vis de soi-même est le premier résultat de cette culture populaire pervertie. Le renoncement de la Civilisation Occidentale est presque complet mais n’est pas définitif. Le totalitarisme est un crime contre l’humanité. Il ne tient qu’à vous de faire votre devoir de désobéissance civile.

Source : Breaking All The Rules, le 26/02/2012

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.