L’ANALYSE du PRÉSIDENT RUSSE
- Celui des djihadistes de Daech
- et celui des groupes armés, majoritairement islamistes, soutenus par « l’Alliance » (se reporter à mes publications précédentes).
Sur le plan international, toutes les guerres présentes dans cette zone orientale sont le résultat des actions géostratégiques et économiques menées par Washington. Elles englobent le conflit Israélo-palestinien jusqu’à la naissance monstrueuse de l’État Islamique.
Au Moyen-Orient, seule, la Syrie demeure le pays disposant d’une base logistique russe, ceci, depuis 1971. Sur la carte des influences mondiales, si le régime de Damas tombe, la Russie perd son dernier ancrage dans la région.
Or, les appétits rampants de l’OTAN, vécus actuellement à travers l’Europe de l’Est, constituent déjà, pour Vladimir Poutine, une menace d’encerclement héritée de la guerre froide.
LE CALENDRIER
En mai 2015, Bachar el-Assad fait part au Chef du Kremlin d’un péril éminent face à l’avancée de Daech. Il réclame une assistance militaire. Le Président russe jusqu’à là hésitant, décide d’intervenir en Syrie.
Quelles sont ses raisons ; outre ce qui est rappelé précédemment, les russes sont déjà confrontés aux islamistes, notamment au Daguestan et en Tchétchénie. Nombre d’entre eux ont d’ailleurs rejoint Daech. Le kremlin craint, par ailleurs, qu’une disparition du Président syrien n’entraine la venue d’un énième gouvernement islamiste non loin de ses frontières. De plus, les services de renseignements russes font état d’un probable enlisement aérien des américains en Syrie.
Dès lors, des entretiens diplomatiques ont lieu entre la Russie et l’Iran. Le but ; planifier l’engagement de Moscou. Ce pays, cœur de l’obédience Chiite, est le seul soutien au président syrien de même confession. En juillet 2015, dans le secret, Qassem Soleimani, haut responsable de la force des gardiens de la révolution iranienne arrive à Moscou. Une coopération avec le Hezbollah libanais chiite et une autorisation de survol du territoire iranien se mettent en place.
Selon des membres républicains du Congrès américain, depuis déjà plusieurs mois, la C.I.A. tient informé le Président américain des intentions russes. Trop heureux d’observer l’effondrement du Président Syrien, la Maison Blanche met en garde Moscou en avançant de faux prétextes : « les frappes russes vont renforcer l’État Islamique au lieu de l’affaiblir ». Le secrétaire d’État américain John Kerry renchérit : « Le soutien continu apporté par la Russie à Assad risque d’aggraver le conflit ». Bref, le maître du Moyen-Orient craint-t-il pour sa suprématie….
C’EST FAIT !
Le 28 septembre 2015. Le Chef de la Maison blanche s’entretient avec son homologue russe. Selon plusieurs conseillers du Kremlin, V. Poutine prend de court Obama en affirmant qu’il se passera de son « autorisation ». Finalement, les deux se séparent après avoir conclu discrètement une concertation permanente entre leur état-major aérien respectif.
A la fin du même mois, débarquent en Syrie des chars et de nouveaux types d’avions de combat.
Le 30 septembre 2015, déclenchement des premières frappes russes. Le débat international est clos.
Sur le plan diplomatique, les capitales occidentales, notamment Paris, constate une position moins combative du Président US. Tout indique que celui-ci est davantage à l’écoute de V. Poutine que ne l’a été François Hollande. En résumé, la disparition du Chef d’État syrien n’est plus à l’ordre du jour, seul compte la destruction de Daech. Le Président français doit s’y résoudre.
Le 5 octobre 2015, l’ancien chef de l’Agence du renseignement américain, Michael Flynn approuve la Russie. Il confie : « Nous, les américains, devons comprendre que la Russie a aussi une politique étrangère qui lui est propre, la Russie a une stratégie pour assurer sa sécurité nationale. Cela implique pour Moscou de garantir l’ordre au plan international ».
Le 21 octobre 2015, autre tonalité. L’ex Président américain Jimmy Carter approuve V. Poutine. Il va même lui transmettre des cartes indiquant les positions de l’État Islamique en Syrie. Quelques jours avant, Sergueï Lavrov , Chef de la diplomatie russe avait noté le refus des États-Unis de montrer à Moscou les cibles qui affaibliraient Daech…
POSITION DE LA FRANCE
Obama ne sera pas le seul à réduire sa voilure d’intimidation. Revenons un temps en arrière. Aux premières déclarations guerrières de Washington, la France élève la voix. Laurent Fabius, toujours prompte à suivre les sommations de Washington, est le seul à croire encore au mirage du Printemps arabe. Il claironne qu’une telle intervention « rendrait impossible la question de la transition politique locale ». C’est le même, qui, aujourd’hui, de concert avec le Président Français, n’envisage plus le départ du Président syrien. En clair, face à Daech, le chef du Quai d’Orsay a compris la nécessité de préserver Bachar el-Assad et son armée. Il était temps !
A noter, pour sa part, l’OTAN, bras armé des nostalgiques de la guerre froide, n’a rien assimilé, non plus. Le 8 octobre, le secrétaire général de l’Alliance atlantique déclare assister à une « escalade inquiétante ». La Russie rend encore « plus dangereuse » une situation très grave, précise-t-il. Pour enfin arriver au -pompon– : « l’Otan est prête à envoyer des troupes en Turquie en cas de dégradation de la situation… ». Ces vitupérations ont été peu relayées dans la presse internationale, devinez la raison ?
DEPUIS
Depuis le début des raids aériens russes, les entretiens diplomatiques entre Moscou, Washington et Téhéran se poursuivent.
Le 14 novembre 2015, une feuille de route est rédigée en vue de résoudre la situation politique en Syrie.
Le 9 décembre 2015, l’Arabie saoudite témoigne à nouveau de sa duplicité. Afin de négocier l’après Assad, Riyad reçoit les membres de l’opposition syrienne. Simplement, le monarque saoudien oublie d’inviter les représentants Kurdes, principaux combattants contre Daech. A l’inverse, sont conviés des groupes islamistes, opposants à Bachar el-Assad, notamment, Ahrar al-Sham, aussi puissant qu’ Al-Nosra (Al-Qaïda). Sans surprise, la Turquie, autre État tartuffe, est associée au débat, alors que se poursuit son commerce frontalier avec Daech. Aucune réaction de l’ « Alliance »…
Le 13 décembre 2015, un long entretien téléphonique se tient entre V. Poutine et le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, lequel est le principal allié des américains. Outre le domaine de l’armement, la coopération Irako-russe contre l’État Islamique est au cœur des discussions.
Épilogue. Dans ce texte et les précédents, j’ai tenté de retracer la réalité historique des conflits du Moyen-Orient. Libre à chacun de modifier l’image du Président Russe. Je pense à celle qui est caricaturée habituellement en Occident.
Из Московского, хорошего Рождественского празднования всего (De Moscou, bonne fête de Noël à tous)
Nadia
