98-Club de Nice sur l’UE & la Russie…

EUROPE – RUSSIE. GÉOPOLITIQUE

Le club

Club de Nice (site), fondé en 2002 à l’initiative de la Ville de Nice, réunit chaque année les dirigeants publics et privés des différents secteurs du monde de l’énergie (pétrole, gaz, électricité, nucléaire, énergies renouvelables) pour faire le point sur les questions de l’actualité énergétique mondiale et réfléchir sur les préoccupations franco-russes et les développements du partenariat énergétique Russie – Union Européenne.

Ce fin novembre les tables rondes et les présentations (assez techniques) sur les fluctuations des prix des énergies et de leurs enjeux (économiques, politiques et environnementaux) se sont succédé pendant 3 jours autour des thématiques principales :

  • La baisse du prix du pétrole et ses conséquences
  • La crise des relations Russie – Europe et ses conséquences dans le domaine énergétique
  • Énergies nouvelles / nouvelles technologies.

Il faut dire que malgré la question soulevée à plusieurs reprises, les relations Russie – Europe n’ont pas été débattues à proprement parler. Bien que de nombreuses vérités ont été dites en toute franchise.

 

France – Russie

Lors de l’ouverture des débats du XIVème forum Club de Nice, Bernard Asso (Maire adjoint délégué à la politique énergétique, Conseiller départemental des Alpes Maritimes, Professeur des Facultés de droit, Membre du Comité d’organisation du Club de Nice) a fait l’accent sur le fait que la Russie est la nation amie pour la France et notamment la ville de Nice, les relations particulières avec les Russes depuis toujours étant connues de tous. En cédant la parole aux conférenciers il ponctue : « Jamais il n’y a eu auparavant de crise équivalente à celle avec l’Ukraine. Comment redéfinir la politique énergétique Europe-Russie et ne pas céder à la pression des États Unis ? ».

Belle et à la fois étonnante rentrée en matière, à contrecourant des discours officiels auxquels nous avons été habitués depuis 2 ans. Les protagonistes des partenariats politiques et économiques entre l’Europe et la Russie étant massivement fustigés par les médias transatlantiques, depuis le début de la crise susmentionnée.

L’explication a été en partie et indirectement donnée par Jean-François Legaret (Maire du 1er arrondissement de Paris, Conseiller régional d’Ile de France, Président délégué de la SOFARIUS – Société Française des Amis de la Russie) ayant mis également le doigt sur le fait, martelé par les médias russes depuis les attentats du 13 novembre mais ayant du mal à faire son chemin dans le stream médiatique français : « les attentats du 13 novembre ont modifié la donne du dialogue avec la Russie ». Il rajoute dans son élocution : « l’incompréhension mutuelle est le mot-clé dans la crise diplomatique actuelle, mais les amis ne peuvent pas s’entendre sur tout ».

Pendant les 3 jours à plusieurs reprises et en provenance d’intervenants différents l’on pouvait entendre la vérité vraie, omise, voire oubliée, par les médias depuis quelque temps : la Russie et l’Europe sont amis et partenaires !

Contrairement à tout ce que l’on pouvait entendre et lire ces derniers temps dans les canaux de communication habituels, les politiques, les professionnels et les scientifiques présents ces 26-28 novembre 2015 à l’hôtel Westminster à Nice répétaient ostensiblement que la France et l’Europe doivent à tout prix renouer le contact au mépris des intérêts d’outre-Atlantique.

Pour les supporteurs de l’amitié franco-russe il serait intéressant de savoir que pendant cette XIVème édition, en vue des projets scientifiques et éducatifs franco-russes, un accord sur l’ouverture d’une antenne de l’Académie des Sciences de Russie à Nice a été signé par Christian Estrosi (maire de Nice), qui activement soutenait l’existence du Club dès le début de son existence, et Valéry Kostiuk (Premier Vice-Président de l’Académie des Sciences de Russie, Membre du Comité d’organisation du Club de Nice) qui a souligné lors de son intervention qu’en 14 ans ce fut la première réunion du club dans le cadre inédit « énergie / terrorisme ».

 

Europe – Russie

« la France et la Russie est un vieux couple infécond s’irritant au moindre désaccord »

La consommation des énergies et la croissance économique sont sur le point de se déplacer dans les pays en développement. En l’occurrence, après l’année 2015 la consommation énergétique essentielle devrait se déplacer en Inde, la Chine ayant ralenti sa croissance économique.

Youri Sayamov (Professeur, Directeur de la Chaire de l’UNESCO à la Faculté des processus globaux de l’Université d’État Lomonossov de Moscou) : « l’islam radical a été libéré, tel un génie sorti de sa bouteille. Mais l’idée de s’unir dans la lutte contre le mal semble traverser difficilement l’esprit des politiciens européens », en sous-entendant une fois de plus que Moscou depuis le discours de Poutine à l’ONU le 29 septembre 2015 appelle fermement les leaders européens à l’unité. Sayamov a souligné qu’en « prenant partie docilement aux jeux des autres, les gouverneurs européens ne se rendent pas compte des conséquences pour les habitants européens, y compris dans les questions énergétiques ».

Samuele Furfari (Conseiller du Directeur Général DG Energy, Fonctionnaire européen à la Commission Européenne) dit presqu’avec émotion : « La Russie fournie 1/3 du gaz et pétrole à l’Europe, 27% du charbon et 18% du nucléaire.  Dans ces conditions ce pays est clairement partenaire européen et il est illogique de supposer une réévaluation de ce statut ! L’interdépendance énergétique France-Russie est tout aussi évidente, 20% du gaz consommé en France étant russe ».

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« La Russie joue le rôle de modérateur sur les marchés mondiaux d’énergie et est une alternative au Moyen Orient », indique Christian Cleutinx (Expert EU-Russia Dialogue, ancien Directeur général Euratom, Chercheur principal chez Clingendael International Energy Programme à Hague).

Jean-Antoine Giansily (ancien député européen, Vice-Président du Centre international de formation européenne) ne mâche pas ses mots : « De facto, l’UE paie les factures du chauffage ukrainien en lui versant les aides financières pour solder ses dettes auprès du Gazprom. Une fois sur place (à Kiev), l’argent partiellement s’évapore et ne parvient pas jusqu’à ce dernier. Il serait presque plus logique de virer les fonds directement à Gazprom  […]  A terme, conclue-t-il, l’Ukraine va être alimentée en gaz de multiples façons, comme l’UE, en fonction des prix des hydrocarbures, ainsi que d’autres paramètres ».

 

Lire l’onglet “Energie”

 

Conclusions

En ce qui concerne la géopolitique sommairement débattue entre les cours du baril et les énergies nouvelles, le souhait commun et manifestement sincère de tous les participants du Club de Nice est l’amélioration des relations France / Russie, ainsi que UE / Russie dans les meilleurs délais. L’avenir proche nous montrera si la diplomatie européenne se sentira davantage concernée par le wild West ou par le bon sens.

Un des pires casse-têtes de l’humanité : comment répondre à la demande constamment croissante en énergie ? Constamment croissante à cause de la population mondiale grandissante et des habitudes de confort de plus en plus dépendantes des énergies et gourmandes en celles-ci (objets connectés, transport, électroménager, etc.).

Néanmoins, tout le monde s’accorde à dire qu’on est loin d’épuisement d’énergies fossiles, malgré l’idéologie alarmiste des dernières décennies sur leur épuisement imminent. Prédisant même des rebonds spectaculaires des énergies nucléaires et fossiles dans les décennies à venir. Or, l’industrie pétrolière (en l’occurrence) a encore de belles années devant elle, disent à l’unisson les professionnels du secteur énergétique au Club de Nice, et les jeunes donc peuvent y faire de belles carrières, bien que la prospection pétrolière soit sur le déclin.

Cela peut paraître insensé dans un monde où les écologistes et (certains) scientifiques font tout pour changer de paradigme énergétique et remplacer le combustible par le durable et le nocif par le vert. Ont-ils tort ? C’est peut-être pour cela que Samuele Furfari lance «  L’écologie, nouvel opium du peuple ? ». Ou est-ce le lobby pétrolier fait tout pour garantir sa pérennité au mépris de l’écologie et des générations futures ?

Une chose est claire, même pour le profane, nous ne savons toujours pas faire rouler une citadine électrique à plus de 500 km. Sans parler de faire décoller les avions de ligne et transporter des milliers de tonnes par navires maritimes grâce aux moteurs électriques. Mais nous savons accroître démesurément notre population et lui donner les habitudes énergétiquement luxueuses. Dorénavant, selon les prévisions, les pays en développement prennent la relève du besoin en énergie :

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L’édition 2015 du Club de Nice coïncidait avec le début de la COP21 à Paris. Les médias ont relaté dès son début l’intention de Mr Hollande de consacrer 6 Mrds € à l’électrification de l’Afrique (pays non-OCDE) et 2 Mrds € à ses énergies renouvelables. Il reste à connaître le mode de financement prévu par l’équipe politique en place de ce coquet montant avant 2020 par un pays endetté de 2 105.4 Mrds € (c’est-à-dire 97.6% de son PIB annuel).
• Fondateur de NEW POINT de VIEW • Conférencier et consultant en stratégie et intelligence interculturelle • Contributeur : Le Huffington Post, Les Echos Le Cercle