Le rôle ambiguë de l’Arabie saoudite et le double jeu de la Turquie
13.11.2015 Nadia Lousi sur les guerres du Moyen-Orient :
L’AMBIGUÏTÉ SAOUDIENNE.
En 1945, à la suite de l’accord de Yalta organisant le nouvel ordre mondial, l’Arabie Saoudite signe un traité avec les USA. Les américains assurent la protection militaire des saoudiens. En échange, le Royaume, 1er producteur d’hydrocarbure, s’engage pour un approvisionnement illimité vers les États-Unis. Par ce pacte, la zone du Moyen-Orient passe sous influence géostratégique de Washington.
En 2010, un changement s’opère. Les saoudiens sunnites, premier opposant à la doctrine Chiite de l’Islam, prennent leur distance avec les américains. Pour cause, un rapprochement irano-USA, souhaité par Washington, émerge au cours de la négociation sur le programme nucléaire iranien. L’Iran chiite, appelé « l’axe du mal » par G. Bush, devient fréquentable pour les USA. Un second motif de mécontentement du Roi Saoudien; la montée du volume énergétique produit sur le sol américain. Rivalisant avec celui du royaume d’Arabie, la surproduction mondiale entraine une baisse des prix, défavorable à Riyad.
A partir de cette date, la position de l’Arabie saoudite devient ambivalente. Pour bien comprendre, il convient de rappeler la confrontation religieuse historique entre l’Arabie Saoudite, haut-lieu du sunnisme musulman (La Mecque) et l’Iran, capitale du Chiisme. La proclamation de Daech se déclarant État-nation luttant contre le Chiisme finit par emporter la sympathie de la dynastie saoudienne. Par suite, les autorités de Riyad s’abstiennent de prendre position contre les combattants djihadistes de l’État islamiste. De plus, selon les services de renseignements américains, Daech compte dans ses rangs près de 4000 Saoudiens.
Autre observation révélée le 25-10-2014 par « Le Huffington Post »; depuis la création de l’État islamique, un grande partie des fonds utilisés par les djihadistes proviennent des pays du Golfe. Le Royaume saoudien figure en première place.
Hélas, dès cette époque, on observe peu de réactions des pays occidentaux. Pour cause, les profits engrangés provenant des échanges commerciaux. Alors… <no comment> des USA, la France suit.
En 2015, à la surprise générale, le régime saoudien fait l’objet de plusieurs attentats attribués aux terroristes de Daech. Peu de compréhension sur les raisons de ces attaques. L’État Islamique défie la logique, sa vocation est de conquérir le Moyen-Orient, qu’importe le pays ou les moyens. D’autres sources de renseignement font état d’une provocation des USA. Elle pousserait Riyad à adhérer à la coalition occidentale contre Daech. Cause réelle ou pas, dans la même année, le Royaume saoudien accepte enfin de rejoindre la coalition.
Aujourd’hui, participant aux raids aériens contre l’EI, l’Arabie offre un visage plus convenable. Pour la Maison Blanche, c’est toujours un pays allié sûr. Jusqu’à quand ?
Quand à la démocratie politique Saoudienne, citons le dernier exemple ; l’Arabie s’apprête à décapiter un contestataire politique de 21 ans, Ali Al-Nimr. Sa seule faute ; avoir manifesté contre la monarchie.
Le 21 septembre dernier, une surprenante nouvelle ; L’Arabie Saoudite vient de prendre la tête du « Conseil des droits de l’homme » de l’ONU ! Aucune réelle protestation des Etats démocratiques, dont la France, pays des droits de l’Homme….
Pour François Hollande, rien de contestable. « Partenaire majeur », le monarque Saoudien vient d’acheter de l’armement pour plus de 10 milliards aux Français. L’an passé, près de 3 milliards d’armement ont été vendus au Liban, financés par l’Arabie Saoudite. Vous avez tout compris !
TURQUIE
Depuis la naissance de Daech, ce pays, membre de l’OTAN, se joue des occidentaux.
Le double jeu turc provient d’intérêts communs avec Daech. Comme l’État Islamiste, le président Erdogan, sunnite, combat Bachar el-Assad de tendance chiite, et plus encore, les kurdes du PKK. En outre, Ankara facilite les échanges avec les djihadistes. Comme exemple, achat de pétrole et vente de biens continuent de traverser sa frontière. Le transit autorisé des émigrants venant d’Irak ou de Syrie vers l’Europe est sans limite, les passeurs sont peu interpellés. L’arrivée de jeunes européens, futurs djihadistes, ne sont pas filtrés aux frontières, etc…- Pays adhérent à l’OTAN, donc <No comment> des USA, la France suit.
En juin 2015, on se souvient de la courageuse résistance kurde à Kobané contre l’encerclement de Daech. Le président Erdogan empêche alors les kurdes Turcs de franchir la frontière afin d’aider leurs frères combattants… Cette ambivalence avait amené le président Turc à refuser le qualificatif « terroristes » désignant les djihadistes de Daech. Pourquoi cette mansuétude des occidentaux ? <No comment> des USA, la France suit…. .
Juillet 2015, souhaitant faire oublier son double jeu, Ankara accepte d’ouvrir la base aérienne d’Incirlik aux avions de la coalition américaine. Cet accord masque une raison électoraliste. Profitant de cette apparente bonne volonté, le Président Erdogan entreprend des raids aériens visant le Parti des travailleurs du Kurdistan. La reprise du conflit avec le PKK, faisant oublier l’autocratie de son régime, lui permet de préparer sa réélection du 1er novembre. Bien joué ! Même constat, <no comment> des USA, la France suit….
Mieux encore ; Depuis 1974, l’armée turque occupe la moitié du territoire Chypriote. Aujourd’hui, cette partie grecque est appelée « République turque de Chypre du Nord ». A l’opposé, lorsque la Crimée proclame son indépendance avec l’aide des russes, les capitales occidentales se déchaînent. L’adhésion à l’OTAN permet-elle l’impunité ? Il semble bien que oui…
Pour finir, ne parlons pas de la reconnaissance du génocide arménien, sujet tabou pour la Turquie….
Дружественный (Amicalement)
Nadia Lousi
* Ma dernière page consacrée au Moyen-Orient traitera de la Syrie et de l’intervention de la Russie.
