6168 – La guerre américaine en Ukraine – aux dépens de l’Europe entière – par Prof. Dr. Eberhard Hamer – n°11 du 4 juin 2024 – Horizons & Débats



par Prof. Dr. Eberhard Hamer – Mittelstandsinstitut Niedersachsen e.V. – n°11 du 4 juin 2024 – Horizons & Débats
Le fait que les conservateurs de la Chambre des représentants américaine aient approuvé le soi-disant plan d’aide de 61 milliards pour l’Ukraine est avant tout une question d’intérêt personnel.
L’argent ne va pas à l’Ukraine pour sa valeur nominale, mais à 80% à l’armée américaine et à l’industrie de l’armement, qui devraient ainsi bénéficier d’un renouvellement modernisé de leurs équipements obsolètes et autres anciens systèmes d’armement livrés à l’Ukraine.
En effet, la guerre en Ukraine a fait prendre conscience aux Etats-Unis des changements considérables intervenus dans la conduite de la guerre moderne. Ce ne sont plus seulement les troupes, les chars et l’artillerie qui sont les armes décisives de la guerre, mais de plus en plus les drones, les missiles, les systèmes de téléguidage, les armes laser et les avions.

 

Il faut donc réarmer l’armée américaine. Ce réarmement est désormais présenté comme une «aide à l’Ukraine», alors qu’il sert principalement à l’armée américaine. De plus, la majorité de l’aide à l’Ukraine, soi-disant désintéressée, n’est rien d’autre qu’une livraison d’armes à crédit.
Seule l’Allemagne fait don de cette «aide» – et de plus, pour un montant nettement plus élevé (43 milliards d’euros). En règle générale, les Etats-Unis ne livrent qu’à crédit, bien que l’Ukraine soit de facto en faillite, et le montant livré atteint plus de 1000 milliards d’euros.
    Or, les Etats-Unis ont déjà contribué à financer par des crédits le soulèvement de Maïdan et, par la suite, l’achat des deux tiers des terres noires ukrainiennes et de 70% de l’industrie ukrainienne.
Rien qu’à cette époque, George Soros a racheté plus de 600 milliards de crédit pour 25 milliards.1
C’est pourquoi l’Ukraine ne peut pas non plus se déclarer en faillite nationale, mais doit en principe être maintenue en tant qu’emprunteur afin que les créanciers américains n’aient pas à amortir les crédits. Les Etats-Unis ont aussi prévu en temps voulu le financement de la nouvelle «aide» à l’Ukraine: forts du nouveau «décret sur l’aide», ils ont adopté une loi autorisant le gouvernement américain à saisir et confisquer tous les biens et avoirs russes, à savoir quelques 200 milliards d’actifs russes aux Etats-Unis, en violation de toutes les règles du droit international et du commerce mondial.2


    Conscients de ce qu’un détournement d’investissements étrangers bafouerait toutes les règles internationales, violerait le droit international et déclencherait des réactions horrifiées dans le monde entier, les Etats-Unis entendent avant tout faire porter en amont la responsabilité de ce délit financier par l’Europe, afin de détourner sur elle le ressentiment mondial. En effet, ils poussent depuis longtemps déjà vue

    von der Leyen, ainsi que la Commission européenne, à débloquer les 220 milliards d’avoirs «garantis» russes (en réalité confisqués) pour l’Ukraine, afin de faire endosser à l’UE le remboursement des crédits américains.
Lorsque la communauté financière mondiale aura été consternée par cette violation de toutes les lois internationales et que les investisseurs internationaux auront fui devant l’injustice du système européen, les Etats-Unis se réjouiront de ce nouvel afflux de capitaux financiers.
    Enfreindre, même pour la première fois, les règles de la propriété au sein du système économique international revient à perdre la confiance du commerce international, des investisseurs internationaux et même de sa propre économie. Mais les vassaux de l’UE obéïssant aux Etats-Unis sans doute prêts à devenir, sous leur pression, les précurseurs de ce genre de violation des bases de la confiance monétaire la propriété; soit ils n’en voient pas les conséquences, soit ils s’en moquent (comme la Ministre Baerbock).


    Juste à temps, l’administration Biden a débloqué 370 milliards de dollars de subventions pour les délocalisations d’entreprises vers les Etats-Unis. La guerre en Ukraine n’est donc pas seulement une guerre militaire, mais aussi une guerre économique des Etats-Unis à l’encontre de la Russie et de l’UE.
Le principe de faire payer à l’UE les conséquences de la politique américaine à l’égard de la Russie a déjà déterminé les prétendues sanctions à l’encontre de la Russie. Les Etats-Unis n’avaient en effet très peu de relations commerciales avec la Russie et ne subissent donc pas les répercussions de ces sanctions, tandis que les Etats européens – en particulier l’Allemagne – sont ceux qui ont le plus d’échanges commerciaux avec la Russie et qui subissent donc les plus gros dommages en riposte, plus encore que la Russie elle-même.


    Le fait que les Etats-Unis mènent la guerre en Ukraine pour leur propre compte est également apparu dans le conflit énergétique.
L’Europe a été pénalisée par les sanctions et par les politiques européennes3 préférant accepter des dommages permanents (doublement des prix de l’énergie) plutôt que de désobéir à Biden, avec une énergie désormais trois fois plus coûteuse que celle des Etats-Unis.
Même un délit international sans précédent comme le dynamitage de nos pipelines d’approvisionnement (Nord Stream) par les Etats-Unis et l’OTAN a été accepté sans commentaire par notre gouvernement et le plus grand parti d’opposition, la CDU, – entièrement à l’instar de la chancelière Merkel ayant considéré comme normal que son téléphone portable soit mis sur écoute par les Etats-Unis.
En «luttant contre la dépendance énergétique envers la Russie» au profit d’une dépendance énergétique bien plus importante et deux fois plus coûteuse envers les Etats-Unis, notre industrie, dont les coûts énergétiques sont les plus élevés au monde, a subi un préjudice décisif dans la concurrence internationale.

Ce faisant, c’est aussi notre peuple tout entier – chaque famille – qui a été pénalisé par le doublement des coûts de l’énergie, en passant de la dépendance russe à la dépendance américaine. C’est ainsi que nos politiciens desservent les intérêts de leur peuple et de leurs électeurs. La guerre en Ukraine permet à l’Europe, «dans son combat contre la Russie», de trahir ses propres intérêts au profit des intérêts américains.
    Le fait est que:
  • Les Etats-Unis ont affaibli de manière décisive l’un de leurs concurrents économiques: l’Union Européenne.
  • Ils ont également rendu l’Europe moins attractive en tant que site d’implantation du fait de leur capacité à dicter les prix de leur énergie et moins compétitive face à la concurrence internationale, et ont forcé et attiré4 de nombreuses entreprises à s’installer aux Etats-Unis, où l’énergie est disponible à des prix plus modérés.
  • Cet affaiblissement de leurs vassaux européens a tout d’abord réduit ces derniers dans une dépendance économique encore plus grande vis-à-vis des Etats-Unis. Celle-ci a été suivie, après la relance de l’«OTAN en état de mort cérébrale», par le doublement des contributions à l’OTAN de ses satellites, puis par leur soumission au commandement militaire des Etats-Unis et ainsi par leur participation forcée à une guerre en Ukraine qui n’est pas dans l’intérêt de l’Europe, mais uniquement dans celui des Etats-Unis. Dans cette guerre, l’Europe, et en particulier l’Allemagne, s’est vu attribuer un rôle de «leader» et de financier de premier plan.
80 ans après que l’Allemagne se soit jurée de ne plus jamais faire la guerre et que le territoire allemand ne serait plus jamais pays d’origine à de nouvelles guerres, nous sommes aujourd’hui redevenus le plus fervent partisan et le plus ardent promoteur européen d’une guerre dans laquelle nous ne saurions avoir aucun intérêt propre, mais où nous ne ferions que subir des dommages.
Quel était donc le principe fondateur de l’OTAN: To keep the Russians out, the Americans in and the German down! Avec la guerre en Ukraine, l’OTAN se rapproche de manière décisive de cet objectif.

    Ce n’est pas un hasard si les Etats-Unis n’ont débloqué leur «aide à l’Ukraine» de 61 milliards de dollars qu’après que l’Ukraine ait durci sa loi sur la mobilisation. L’Ukraine a en effet déjà subi tant de pertes en vie humaine que les livraisons d’armes occidentales ne prennent sens que si l’Ukraine, après avoir perdu la moitié de son armée, «crée» à nouveau de toutes pièces de nouveaux soldats pour manier ces armes.
    Les Etats-Unis ont déjà par deux fois fait obstacle à des efforts de paix prometteurs et veulent continuer, semble-t-il, à pérenniser la guerre «pendant plusieurs années» (CIA) pour promouvoir encore leur industrie de l’armement en tirant des avantages économiques.
De plus, on pousse désormais les vassaux européens à envoyer non seulement des armes et des munitions, mais également des contingents de troupes considérables dans la guerre en Ukraine. Des milliers de Polonais y combattent depuis des années, avec le soutien récent de troupes françaises. Dès le début, les Anglais ont pris en charge la logistique de visée des missiles ukrainiens avec leurs propres spécialistes de l’armée, notamment lors de la guerre navale au large de la Crimée.
    Si Scholz n’y avait pas mis le holà, Strack-Zimmermann, Merz, Baerbock et consorts auraient envoyé des troupes allemandes en Ukraine depuis longtemps. Jusqu’à présent, elles n’ont été «autorisées» qu’ à avancer jusqu’en Lituanie.


    La guerre en Ukraine est donc une guerre qui compte peu de vainqueurs, mais beaucoup de perdants: le gros de l’argent va aux groupes d’armement américains et à l’industrie financière américaine. En revanche, c’est l’Europe qui doit se charger des frais, non seulement les dépenses courantes de la guerre, mais aussi les crédits américains contractés à cet effet. L’Allemagne a même pris en charge le paiement des pensions ukrainiennes pour cinq ans (22 milliards d’euros). Plus la guerre d’Ukraine dure, plus l’avantage des Etats-Unis est grand et plus les dommages et les charges pour l’Europe augmentent.
    Le plan des Etats-Unis est évident: par «sollicitude» pour l’Ukraine, la guerre doit apparemment durer en effet «jusqu’au dernier Ukrainien», afin que la super-puissance mondiale américaine soit ainsi débarrassée à long terme de deux concurrents (la Russie et l’Allemagne) et puisse ainsi se consacrer entièrement au conflit avec la Chine. •


1 Entre-temps, Soros en a retiré plus de revenus en intérêts que le montant de ses dépenses lié à ces achats.
2 Selon les recettes pratiquées déjà lors de leur confiscation des biens allemands pendant et après la Seconde Guerre mondiale.
3 Von der Leyen, Baerbock, Habeck, Merz, Lindner etc.
4 Par le biais de la loi sur la lutte contre l’inflation, les Etats-Unis encouragent de manière ciblée l’implantation d’industries européennes aux Etats-Unis à hauteur de 370 milliards de dollars.


https://www.zeit-fragen.ch/fr/archives/2024/nr-11-28-mai-2024/us-krieg-in-der-ukraine-auf-kosten-ganz-europas


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